In Memoriam
Eugène DUCHESNE
(1895-1973)
Membre fondateur et trésorier honoraire de la Société géographique de Liège
Bulletin de la Société géographique de Liège, N° 9, 9e année, décembre 1973, pp. 5-8.
In Memoriam - Eugène Duchesne
(1895 - 1973)
Membre fondateur et trésorier honoraire de Ja Société géographique de Liège
C'est avec une douloureuse surprise que les membres de notre Société apprenaient le décès, le 27 avril 1973, de leur trésorier honoraire, Eugène Duchesne.
Nous savions que sa santé laissait quelque peu à désirer au cours des dernières années. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'en 1971 il demanda à être déchargé de son mandat de trésorier. Toutefois nous ne nous attendions pas à le voir disparaître aussi brusquement. Toujours assidu à nos séances, il était connu de tous et unanimement estimé.
N'a-t-il pas été le trésorier de notre Société pendant 43 ans et ce depuis la fondation, en 1928, du « Cercle des Géographes liégeois», l'actuelle Société géographique de Liège? Et qui ne se rappelle ses rapports finan- ciers aux assemblées générales, rapports concis et précis, mais teintés d'un humour quelque peu caustique, ou bien ses rappels aux membres qui
« oubliaient » de payer leur cotisation annuelle? Car c'est avec beaucoup de dévouement qu'Eugène Duchesne s'est adonné à la tâche de comptable de notre Société, tâche parfois très ingrate quand il s'agit d'assurer l'équi- libre d'un budget à l'actif souvent bien maigre.
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*Eugène Duchesne est né à Liège le 11 janvier 1895. Dès sa sortie de l' Athénée de Liège, il s'inscrivit à la section de Géographie de l'Uni- versité de sa ville natale. Il se destinait à la carrière de géographe, à une époque où, faute de débouchés, presque personne ne songeait à entre- prendre de telles études, puisque c'étaient les historiens qui enseignaient la géographie dans les athénées et les écoles normales. Mais il avait de qui tenir: son père, professeur d'histoire et de géographie à !'Athénée et à l'Ecole normale de l'Etat à Liège, était le co-fondateur d'une célèbre collection de manuels de géographie et d'atlas scolaires, qui, mise à jour, complétée, remaniée, existe toujours. A peine a-t-il terminé sa candida- ture, que la guerre éclate. Il s'échappe du pays occupé presque entièrement par les Allemands, en franchissant clandestinement la frontière néerlan- daise et il s'engage comme volontaire dans l'armée belge. Versé dans le 1er régiment des grenadiers, il est au front de l'Yser dès le début de l'année 1916 et il quittera les armes, la guerre terminée, avec le grade
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de lieutenant de réserve. Rentré à Liège, il reprend ses études universi- taires et obtient en 1920 le diplôme de licencié en Géographie, puis, en 1921, celui de docteur après soutenance d'une dissertation sur « La Hesbaye, étude de géographie humaine ». Il devient ainsi le cinquième géographe diplômé de l'Université de Liège.
Déjà à la fin de 1920 il est désigné pour occuper le poste de pro- fesseur de géographie à l'Athénée de Liège, où son enseignement dyna- mique est très apprécié par ses élèves. En 193 7, il est nommé préfet des études à l'Athénée de Chênée, qui vient d'être créé. Atteint par la limite d'âge, il prend sa retraite en 1955. Mais cette retraite n'est pas synonyme de repos. Car depuis 1922, Eugène Duchesne est aussi professeur de géographie économique à l'Ecole des Hautes Etudes commerciales et consulaires et il y poursuit son enseignement jusqu'en 1966, tandis qu'à l'Athénée de Chênée il continue à diriger le service du prêt des livres, œuvre qu'il avait fondée.
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La géographie doit beaucoup à Eugène Duchesne. Certes, il n'était pas à proprement parler un chercheur, quoiqu'on puisse déplorer que sa remarquable étude sur la Hesbaye n'ait pas été publiée. C'était plutôt un professeur et un excellent organisateur. Avec son Maître, Joseph Halkin, plus tard aussi avec J. Tilmont, il participa à la rédaction de plusieurs manuels scolaires de la collection à laquelle est attaché le nom de son père. Très cultivé, il lut beaucoup, suivit de près l'évolution des sciences géographiques, avec le souci constant d'améliorer les cours dont il avait la charge.
D'une nature nerveuse et énergique, il cachait un grand cœur sous un dehors un peu rude. Sa vie, il l'a consacrée toute entière, avec le plus grand dévouement, à ses élèves, ceux de l' Athénée de Liège, ceux de l'Athénée de Chênée, ceux de l'Ecole des Hautes Etudes. C'était un modeste, parlant peu de lui-même, jamais des années terribles qu'il avait passées dans les tranchées de l'Yser. Il était titulaire de nombreuses distinctions, mais la seule à laquelle il tint vraiment était la médaille de volontaire combattant.
Ceux qui ont eu l'occasion de le fréquenter aimaient sa cordialité, son caractère droit et loyal, sa vivacité d'esprit... Beaucoup parmi nous ont perdu en lui un véritable ami.
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Que Madame Duchesne soit convaincue que nous avons tous parti- cipé à sa grande peine et que le souvenir de son mari ne s'estompera pas de si tôt.
F. DussART
