ECTROMÉLIE ET OTOCÉPHALIE HÉRÉDITAIRES
EN RACE FRANÇAISE FRISONNE PIE NOIRE
J. J.
LAUVERGNEP. CUQ
Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches
9 ootechniques, Jouy-en-Josas (Sei*ie-el-0ise) ;
Laboratoire d’Anatomie, École nationale vétérinaire,
Alfort (Seine)
SOMMAIRE
Une anomalie est apparue à
plusieurs reprises,
en raceFrançaise
Frisonne Pie Noire, dans lazone d’un Centre d’Insémination du Nord de la France.
Chez tous les
sujets
atteints l’absenceplus
ou moinscomplète
des membres(ectromélie)
s’accom-pagne de malformations de la tête
(otocéphalie).
Les anormaux naissent mort-nés à la suite d’une durée degestation plus
courte que la normale.L’hypothèse génétique
laplus
vraisemblable - admise d’ailleurs dans la littérature - est quece caractère est conditionné par un facteur autosomal récessif.
Les
pères
des monstres que nous avons étudiésproviennent
de Frise et ils sontapparentés
à untaureau
qui,
auxPays-Bas,
a donné des veaux« amputés
». Il y a donc lieu de penser que l’anomalieévoquée
est uneréapparition
de l’ectromélie récessive associée àl’otocéphalie,
latente en race PieNoire Frisonne : « acroteriasis
congenita
» de WplEDTet 3IoiIR.INTRODUCTION
I,’anomalie étudiée dans ce mémoire a été
signalée
au début de l’annéeig6i
en race
Française
Frisonne Pie Noire dans le cadre de la zone d’action d’un Centre d’Insémination Artificielle du Nord de la France.Il
s’agissait
de monstres non viables dont lescaractéristiques principales
étaientla réduction des membres à l’état de
moignon
et l’absenceplus
ou moinscomplète
de mâchoire inférieure.
Dès
l’apparition
despremiers
monstres, la direction du Centre aentrepris
une
enquête
sur les descendants de ses taureaux Frisons à naître entreseptembre 19
6
1
et février19 62.
Cette
enquête
a révélé l’existence de 26 anormaux dont ladescription
extérieureet la
généalogie
ont pu être données dans un certain nombre de cas.Un de ces animaux a été
disséqué
au laboratoire de la Chaire d’Anatomie del’École
vétérinaired’Alfort,
cequi
apermis
depréciser
la baseanatomique
desmonstruosités observées.
Les liaisons de
parenté
entre lespères
etgrand-pères
des anormaux ont été établiesd’après
lespedigrees
du Herd-Book de la racefrançaise
Frisonne Pie Noire(HBFFPN)
et du Herd-Book Frison[Friesch
Rundvee -Stamboek(FRS)]
de Leeu-warden
(Pays-Bas).
Les informations en provenance de ces trois sources
(enquête, dissection, pedi- grees)
serontprésentées
dans l’ordre suivant :-
Sexe, viabilité,
durée degestation
des anormaux.-
Description morphologique.
- Données de
parenté
des anormaux.RÉSULTATS
I. -
SEXE, VIABILITE,
DUREE DE GESTATIONDes 26 monstres recueillis lors de
l’enquête,
10 étaient de sexemâle,
deux desexe femelle et 14 de sexe non
précisé.
Tous les anormaux étaient mort-nés ou mouraient peu
après
la naissance et dans deux cas au moins la mort était intervenuelongtemps
avant la mise bas carle foetus était
décomposé.
Les durées de
gestation
étaient connues avecprécision
dans 15 cas( 7 çfçf, 2!!,
six animaux de sexe non
précisé).
Elles s’étalaient entre 250 et 277jours
avec unemoyenne calculée pour l’ensemble de
2 6 5 , 7 jours
±4 ,6.
Cette moyenne estsigni-
ficativement inférieure aux durées de
gestation
moyennes observées en race Fri-sonne Pie Noire et
dérivées, qui
sontcomprises
entre27 8
et 2c!2jours (S IGNOR E T
et
al., 195 6).
II. - DONNEES MORPHOLOGIQUES
A. - Lésions observées
par
lesenquêteurs
du C. I. A.Neuffoisil n’est fait mention que de la mise bas d’un
«amputé»
inviable. Seizefiches,
par contre,comportent
dessuppléments
d’information sur la forme de latête,
des membres ou du tronc.Au niveau des membres les
enquêteurs
notentcinq
fois « absence totale de ment-bres
» (ectromélie
totale desquatre membres) ;
une fois « absence de membres antérieuravec réduction des
postérieurs
à desmoignons
»(ectromélie
totalethoracique
ethémimélie
pelvienne) ;
trois fois lesquatre
membres seprésentent
sousl’aspect
de«
moignons
terminés par des rudimentsd’onglons » (hémimélie quadruple) ;
une foissous
l’aspect
de «moignons
à l’avant n(ectromélie thoracique)
et de « membres pres-que
complets
en arrière» (ectromélie
distalepelvienne) ;
une foisenfin,
sontsignalés
a
quatre
membres courts terminés par des rudimentsd’onglons
»(ectromélie
atro-phique).
Pour la
tête,
lesexpressions
suivantes ont été utilisées : neuf fois « tête depho-
que » ; une fois « tête de lièvre » ; une fois tête en « museau de
cochon » ;
trois fois tête « en forme detrompe
». Toutes serapportent
manifestement à des variétésd’otocéphalie
dont ledegré
est malheureusement difficile àpréciser.
Un
enquêteur signale
une fois « reincassé » ; expression qu’il
faut vraisembla- blementrapporter
aux lésions vertébrales relevées sur l’animal examiné à Alfort.B. -
Étude spéciale
de l’iiii des monstresUn monstre femelle fut
disséqué
en novembre19 6 1
àl’École
nationale vété-iinaire d’Alfort. Les lésions suivantes ont été relevées :
1
°) Conformation
externe. Elle est caractériséepar trois
groupes de malformationssiégeant
au niveau desmembres,
de la tête et du tronc(fig.
r).a)
Membres. - Lapartie
libre des membres antérieurs faitcomplètement
défaut(ectromélie totale).
I,es membrespostérieurs
sont considérablement réduits(hémi- mélie) ;
legauche
seprésente
sous la forme d’un courtmoignon
mobilede
5 cm environ dont l’axesquelettique
est de consistancecartilagineuse ;
ledroit,
en unmoignon
d’une dizaine decentimètres,
orienté en haut et endehors ;
il laisse recon- naître à lapalpation
deux élémentssquelettiques :
l’unproximal
etfixe,
l’autre distal et mobile.b)
Tête. - Les malformationscéphaliques présentent
le caractère commun de résulter de troubles dudéveloppement
desbourgeons
de la face(fig. 2 ).
- L’arrêt du
développement
desbourgeons
maxillaires inférieurs se traduit par unebrachygnatie
accuséeaccompagnée
des lésions consécutivesclassiques : atrophie
de lalangue qui
se trouve réduite à sonbourgeon pharyngien ;
atrésiedes
choanes ;
tendance aurapprochement
et à la fusion des oreilles sous laface, traduite, ici,
par leurposition
en dessous et en arrière des commissureslabiales ;
les yeux se trouvent eux-mêmesreportés
vers lebas,
au niveau de ces commissures.Cette série de malformations
correspond
à celles <l’un monstreotocéphale
du genresphénocéphale (G EOFFROY S AINT -Hir,AIRE, 1 8 32 - 1 8 3 6).
- La soudure
incomplète
desbourgeons
naseaux internes se traduit par un bec de lièvre médian.- La soudure
incomplète
des lamespalatines
par une fissurepalatine.
c)
Tronc. -- Les malformations du tronc sont constituées par des déviations.complexes
de l’axerachidien, compliquées d’ankylose.
Elles donnent à la moitiépostérieure
du corps de l’animal une orientationspiralée.
Nous pouvonsdécomposer
.de la
façon
suivante ces lésions rachidiennes :01:)
lordosecervico-dorsale,
p) cyphose
lombo-sacrée combinée à une scoliose à concavitégauche.
2
°)
A l’ouverture ducadavre,
les seules malformations observées serapportent principalement
aux os desmembres,
des ceintures et durachis,
secondairementaux
muscles,
aux vaisseaux et aux nerfscorrespondants (fig.
3 et!).
a)
Au membre antérieur droit : lescapulum
est réduit à sa seuleportion élargie.
’Son col et son
angle
inférieur font défaut. Il estdépourvu d’épine
acromienne. Sonangle
cervical est refoulé en dedans. Ilprésente
à son extrémité inférieure deux lamesosseuses orientées dans le
plan
vertical etdirigées,
l’antérieure en bas et en avant, lapostérieure
en arrière etlégèrement
en dedans(fig. 3 ).
b)
Au membre antérieurgauche :
lescapulum
estcomplet,
concave par sa faceinterne,
convexe par sa face externe. Il estdépourvu d’épine
acromienne etd’apo- physe
coracoïde. Ilprésente
au1/3
moyen de son bordpostérieur
une lame osseuseorientée en arrière et en
dedans, comparable
à la lame osseusecorrespondante
duscapulum
droit.L’humérus
gauche
n’estreprésenté
que par son extrémitésupérieure ;
celle-cicomposée
d’une surface articulaire et d’untrochin,
semblecorrespondre
au noyau interne de l’extrémitéproximale
de l’humérus( f ig. 3 ).
c)
La ceinturepelvienne
est trèsincomplètement développée.
Lespalettes
iliales sont normalement constituées mais ne
possèdent
pas de col. Elles sont indé-pendantes
du reste des coxaux et ne s’articulentqu’avec
le sacrum(fig. q).
Les ischiums
présentent
chacun une tubérosité biendéveloppée.
I,eur brancheantéro-interne
paraît
normale et s’unit en avant aupubis.
Leur branche antéro- externe ou acétabulaire est courte,oblique
en avant et en dehors et s’articule dista-lement avec un rudiment de fémur.
Le
pubis
al’aspect
d’une lame transversale fixée comme la barre d’un T à l’extrémité des branches ischiales antéro-internes.d)
Le fémurgauche, rudimentaire, cartilagineux
est solidement fixé paranky-
lose à l’extrémité de la lame acétabulaire de l’ischium
gauche.
Ilreprésente
à luiseul le
squelette
du membre(fig. q.).
e)
Le membrepostérieur
droit est constitué par un fémur fixé à l’extrémité de la branche acétabulaire de l’ischiumcorrespondant.
Onpeut distinguer,
à son extré-mité
supérieure,
une tête et un trochanter. Aucun relief ne caractérise son extrémité inférieure(fig. 4).
Le tibia droit est
représenté
par une formationostéocartilagineuse,
courte ettrapue,
mobile sur l’extrémité inférieure du fémur sansqu’aucun
élément articulairepuisse
être identifié aupoint
de contact.f )
Les vertèbres dans lesrégions
déviées sont déformées par tassementréciproque
et soudées les unes aux autres.
C. - Conclusion
Un
comparant
les caractèresprésentés
par les 26 monstresprécédemment
étu-diés,
nous pouvons constaterqu’à
desdegrés
divers deux malformations se retrouvent constamment : l’ectromélie etl’ otodfthalie.
L’une et l’autrepeuvent
êtrerapportées
à des troubles du
développement
desbourgeons embryonnaires
des membres et de l’arc mandibulaire. Des variationsquantitatives expliquent
les différences observées d’un monstre à l’autre dans lalongueur
desmoignons
etl’aspect
de la face.A ces deux caractères
principaux
sont associés la mort£natalité et le yaccouycis- sement de la durée de;,estratiott.
III. - Dl)NXI&dquo;11.lS SUR LA l’ARHXT)’: DES ANORMAUX
Tous les
renseignements
existant sur l’identité despères
et desgrands-pères
maternels des 26 anormaux de
l’encluête
sont contenus dans le tableau i.On voit que les
pères
et lesgrands-pères, lorsque
leur identité est connue sonttous des taureaux Frisons du
Centre,
dont les noms etl’origine
sontprécisés
dans letableau 2.
Il existe entre ces taureaux des relations de
parenté qui
sontprésentées
dansla
figure
j.I,es mères des anormaux sont des vaches
Française
Frisonne Pie Noire(inscrites
ou
non)
de la zone du Centre.Beaucoup
sont nées d’insémination mais on neconnaît avec certitude leur
père
<lue dans unpetit
nombre de cas(tableau il.
Le tableau i montre :
ca)
que 207(J ANTJE ’ S
PIET EDUARD N° FRS33 3 6 2 )
aproduit
des anormaux, enparticulier après
croisement avec une de ses filles.b)
que 060(J!r,suM!R
ATHt,t!!T POIA!;1) N° FRS 472 25 )
croisé à des filles de 027 aproduit
des anormaux des deux sexes.1
>
e
la
figure
5 il ressort que 027( N° FRS 33 5 6 2 )
est le neveu de o60(N° FRS !7 225).
L’explication
laplus simple
pour rendrecompte
de ces faits est que 027et 060 sonthétérozygotes
pour un facteur récessif autosomalresponsable
de l’anomalie.De même 033
(N!
FRS42 6 97 ),
045(N O
FRS45 950 )
et 044(N O
FRS46 788)
seraient aussi
hétérozygotes.
Leurproche parenté
avec o27 et o6o rendplausible
cette
hypothèse (cf. fig. 5).
Toutefois comme ces trois taureaux ne sontsignalés
chacunque par un seul cas d’ectromélie dans leut
descendance,
on ne saurait conclure définitivementquant
à leurgénotype ;
les erreurs depaternité
en insémination artificiellepouvant dépasser
10 p. Ioo : vachespleines réinséminées,
erreurs detranscription...
I,’anomalie
que nous étudionsprésente
donc vraisemblablement une hérédité monofactorielle detype
autosomal récessif dont lapénétrance
nepeut
êtreprécisée.
Tous les taureaux
suspects d’hétérozygotie
sont nés en Frise et inscrits au Herd-Book Frison
(PRS).
REVUE DE LA
LITTÉRATURE
I. ASPECT
TJ;RATOI,OGI Q UE
A. - Chez d’autres
mammifères
De nombreux cas d’ectromélie ou
d’otocéphalie
sontsignalés
chez les animauxdomestiques
et chez l’homme. Les travaux relatifs à l’association des deux caractères sontplus
rares.Miss LYON
(IC!63) signale, parmi
les souris de sonélevage,
une ectromélie totale des 4membres, accompagnée
demicrognathie.
Les animaux atteints meurent avant la naissance.J OHNSOX
,
en 1940, observe chez le porc I5cas d’ectromélie totale des 4membres,
dont certains sontcompliqués
de fissurepalatine
et d’atrésie de l’anus.HA NH A R
T
( 1950 )
trouve chez l’homme une ectromélie distale(péromélie)
associéeà la
micrognathie (forme
la moins sévère del’otocéphalie).
B. - Chez les bovins
L’ectromélie a été étudiée par DUZG UKESet ÏUNCAY
(IC!62)
en race Brune desAlpes
et par WpiEDT et JVIOHR
(IC!28),
GOTINK(I(!54)
GOTINK et Cll.( 1955 ),
SCHINDI,ER(1956),
D
VRENDAHL et IIAI,I,GRhN
( 195 6)
et FISCHER( 1959 )
en race frisonne Pie Noire.En
Turquie
DUZGUKESet TUNCAY( 19 6 2 )
ont examiné 3 veaux atteints d’ectro- méliesimple,
2 des veaux étaient mort-nés mais le troisième a pu vivre normalement.W
RITDT et i!TOHR
( 192 8)
décrivent un veau mâle de race Frisonne Pie Noirede
Suède, qui présente
degrandes analogies
avec nos monstres, et dont ils classent ainsi les lésions :atrophiac
mandibulae et *naxillae(Perognathia) !alatum fissum ;
,.peromelia
anterior(abraclaia) ; peromelia posterior (adactylia) ; Ay!oc!A!MS.
Col-lectant des cas
identiques
ilsproposent
le terme d’acroteriasiscongenita,
pourdésigner
l’association des anomalies de la tête et des membres.D YRR ,,
NDAHL et HaI,I,GR1~N
( 195 6)
ont retrouvé en race Frisonne Pie Noire de Suède 3cas d’une anomalie tout à fait semblable à celle décrite par WItIEDTet lBIOHR( 192
8) :
ectromélie etotocéphalie.
Dans un cas ces auteurs ont observe une dévi- ation de la queue. Les trois veaux étaient venus à terme, vivants.GOT IN
K
(1 954 ),
Go’rmx et al.( 1955 )
décrivent auxPays-Bas
des anormaux sem- blables à ceux de WRIEDTet 1BIOHP. Ces veauxprématurés
et mort-nés ont le corpsplus
ou moins couvert delongs poils.
Lesappellations
locales sont « veau loutre »,« veau
phoque »,
« veauamputé
!·. Ilsn’apparaissent qu’en
Pie Noire.SC IIINDI ,T
R
( 195 6)
en race Frisonne Pie Noired’Israël,
décrit trois veauxpré-
sentant aussi de
l’ectromélie,
del’otocéphalie
et del’hydrocéphalie ;
deux d’entreeux étaient mort-nés avant terme.
F ISC lIE
R
(rg 5 g),
enIndonésie,
observe un veau Frison Pie Noire atteint de micro-gnathie,
fentepalatine,
ectromélie ethypertrychose.
Ils’agit
d’un fœtusprélevé
sur une vache morte 3 semaines avant son terme.
Ces observations
jointes
à la nôtre mettent en évidence la troublantefréquence
de la monstruosité en race Frisonne Pie Noire.
II. ASPECT HÉRÉDITAIRE
A. - Chez d’autyes
mammifères 1
0
)
Ectrométiesimple.
Chez
l’homme,
les nombreux cas d’ectromélie héréditaire résumés par Tou-RAINE
( 1955 )
sontdus,
selon les auteurs, à des mutations dominantes ou récessives.MA UD E R E
R
( 1939 ),
chez lecheval,
montrequ’une
ectroméliethoracique
bila-térale apparue dans
l’élevage
allemand de chevaux à sang froid était due à un fac- teur récessif.Chez le
chien,
GEOFFROY SAINT-HILAIRE( 1 8 32 - 3 6) signale
une ectromélie dont le caractère derépétition évoquait, déjà
àl’époque,
un mode de transmission héré- ditaire. Le cas étudié par Lisi( 1909 )
semblecorrespondre
à une hérédité récessive.HÔ
HN
( 1942 )
a montré que lespedigrees
des 25 moutonsadactyles qu’il
observeremontent à un même ancêtre et, dans douze cas, par les deux
parents.
Il conclutà la monofactorialité récessive de l’anomalie et fait un
rapprochement
avec la mêmeanomalie apparue en Hollande et décrite par Kpoo,,! et Pl,aw
(rg 3 2).
Dans les deuxcas le
gène
défavorable aurait été introduit par des béliers venus de France avant 191 4.
2
°)
Ectrométie etolocéphalie.
Pour autant
qu’on
sache l’anomalie observée par Miss Lvox chez la souris est transmise héréditairement sur le mode monofactoriel recessif autosomal àpénétrance complète.
J
OHNSON ( 1940 )
a constaté que les filles d’un verrat A croisées a un verrat B don- naient 25amputés
sur 232naissances, rapport
fortproche
dei/8
attendu si A et B étaient tous les deuxhétérozygotes
pourl’amputation
récessive.Or,
A et B sont trèsproches parents. Joxxsow
conclut à l’action d’un allèle récessif de l’allèle normal.Chez l’homme Hn:!HnRT
( 1950 )
n’a pupréciser
si l’anomalie était héréditaireou non.
B. - Chez les bo7,iiis
1 0
)
L!ctvoméliesimP l e.
Un race Brune des
Alpes
deux des anormaux observés par 1 )uzGUwrs et TuxCAY( 19 6 2
)
étaient issus d’un croisementpère
Xfille,
le troisième d’un croisementgrand- père
Xpetite-fille,
le taureau étant le même dans les trois cas. Les auteurspensent
que l’anomalie est récessive.
2
°)
7:.’C!OMM/<f !otocéphalie.
En race Frisonne Pie Noire de
Suède,
BB’RŒDT et MoHR(i 9 2S)
ont trouvé quetous les
parents
des anormaux avaient comme ancêtre commun le fameux taureau Gallus 31. 77 né en Frise orientale en1 800
introduit en Suède. Gallus eut 44fils,
250petits-fils
et 319 arrièrepetits-fils qui
furent utilisés commereproducteurs
dans le
troupeau
Frison Pie Noire local. Les anormaux ont commencée àapparaître lorsque
l’on apratiqué
de laconsanguinité
avec les descendants de Gallus, vers rg2o.Rassetnblant les données de croisements
père
Xfille oit lepère
étaitsuspect
d’hété-rozygotie
les auteurs trouvent 13amputés
pour 115 naissances. Cetteproportion,
très
proche
durapport théorique
de1/ 8
dans le cas de monofactorialitérécessive,
les conduit à
adopter
cette conclusion.Les trois anormaux de DvRENDAHj. et H .1,LIGREN’
(i 95 6)
avaient lemême père : 8
5
qui
avait lui-même pourgrand-père
106 K. Or, 106 K estpère
d’une mère d’unanormal et
grand-père
des mères des deux autres. Comme dans lepedigree
de 106 Kle taureau Gallus
figure
9 fois en 8e et9 e générations,
les deux auteurs concluentqu’il s’agit
d’uneréapparition
de l’anomalie étudiée par WRIEDT et lIoHR,toujours
sur le mode récessif.
Deux des 3 anormaux de SCHINDLER
( 195 6)
en race Frisonne d’Israël résultent de croisementpère
X fille avec le même taureau. Lesrenseignements généalogiques manquent
pour letroisième ;
ScHmvr,!x conclut à un facteur récessif.Ni GOTINK et al.
( 1955 )
en race Frisonne desPays-Bas,
ni FiscHER( 1959 )
enrace Frisonne
d’Indonésie,
ne fournissent de données sur l’ascendance des anormaux.DISCUSSION
L’anomalie française présente
donc de trèsgrandes analogies
avec celle que WRIEDTet MOHR, DVRENDAHL et HALLGREN, GOTINKet
al.,
ScHmDr,Ex et FISCHERont décrites :
a) l’aspect tératologique
est le même :ectromélie, otocéphalie,
mortinatalité et mise bas avant terme.7 )
letype génétique monofactoriel,
autosomal et récessif semble êtreidentique
à ceux que WRIEDT et MOHR en
Suède,
et SCHINDLER en Israël mirent en évidence et que 1-)YR£NDAHi, et HALLGREN ont confirmés.c)
dans tous les cas ils’agit
de la race Frisonne Pie Noire.Comme Gallus les
cinq
taureauxfrançais suspects
sont nés en Frise et inscritsau Herd-Book Frison
(FRS).
Les communications de GoTrrrA et GOTINK etal.,
prouvent
la latence de l’anomalie en race Frisonne Pie Noire desPays-Bas. Mieux,
trois taureaux du Centre ont pour ascendant commun
Ru2 J r’s
EIH:.!Rj) II(N!
FRS31
f>!6) (cf. fig. 5 )
connu en Hollande pour avoirproduit
des «amputés
», POUTIER(
10 6 3
).
Parmi ces trois taureauxfigurent
les deux mâles(FRS 33 5f!2
et 47225 )
dont
l’hétérozygotie
est attestée parplus
d’un descendant ectromèle.Nous
regrettons
que ScHmn,W et FISCHER n’aient pas donné les identités de leurs taureaux, et, d’autre part,qu’il
ait étéimpossible
de rechercher les liens deparenté
éventuels entre Gallus et les taureauxsuspects d’hétérozygotie.
Il n’en restepas moins que comme celle de WxWV2 et XIOHRen Suède et,
probablement,
commecelles de ScmxDLER en Israël et FISCHER en
Indonésie,
l’anomaliefrançaise
sembleprovenir
de Frise.I,a récessivité
apparaissait complète d’après
les travaux de BVRŒDT et 3IOHR( 102
8),
nos données ne nouspermettent
pas depréciser
cepoint.
CONCLUSION
La monstruosité que nous
décrivons,
apparue en raceFrançaise
Frisonne PieNoire,
se traduittératologiquement
parl’ectromélie, l’otocéphalie,
la mortinatalité et la mise bas avant terme.Génétiquement,
ellepeut
êtrerapportée
à une héréditémonofactorielle,
autosomale et récessive.Ces caractères la
rapprochent
d’anomalies semblables observéesparmi
ladescendance de
géniteurs
de race Frisonne Pie Noire dans divers pays.Reçu pour
pziblicalioti
enjuillet
i963.SUMMARY
HEREDITARY ECTROMELIA AND OTOCEPHALIA IN « FRANÇAISE FRISONNE PIE NOIRE n
BREED OF CATTLE
An
anomaly
hasrepeatedly appeared
in the « Française Frisonne Pie Noire breed of cattle within the zone of an Insemination Centre in the North of France.In all the affected cases, more or less
complete
absence of limbs(ectroruelia)
isaccompanied by
malformations of the head(otocephalia).
The abnormal animals are still-born after a shorter than normallength
ofgestation.
The most
probable genetic hypothesis,
one that is accepted inpublished
work, is that the cha- racteristic is conditionedby
an autosomal recessive factor.As the sires of the
prodigies
which we have studied come from Friesland, and sincethey
arerelated to a bull which, in the Netherlands, has
given
«amputated
x calves, there is cause to thinkthat the
anomaly
which has arisen is a reappearance of recessive ectromelia associated with otoce-phalia,
latent in the Black Pied Friesian breed : the acroteriasis congenita n of ifiRIEDT and iVIoHR.RÉFÉRENCES 131BLIOGRAPHIQUES
DuzGL’KES 0., TuNCAY A., i<)62. Thé antputated condition in brown swiss catt)e. y. //f)’<-f/., 63, 226.
D YEENDAUL
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