Dormance des bourgeons apicaux
du frêne (Fraxinus excelsior L.) :
évaluation du pool des nucléosides triphosphates
et éventail des températures actives
surle débourrement des bourgeons
enpériode de dormance
P. BARNOLA,
Suzanne LAVARENNE, M. GENDRAUDavec la collaboration
technique
de Nicole JALLUTavec la collaboralion
technique
de Nicole JALLUTUniversité de Clerntont 1/, Laboratoire de
Phytoiîiorplio, ? eiièse
U.A. 45 C.N.R.S., 4, rue /.c</<-tf, F 6î038 Clermont-Ferrattd CedexRésumé
La dormance des
bourgeons
desvégétaux ligneux
est étudiée habituellement à l’aide de la technique des boutures de nœuds isolés. Elles sontplacées
dans des enceintes climatisées dont les températures s’échelonnent de 5 "C à 30 "C. Plus unbourgeon
est dormant plus l’éventail des températures où il manifeste de la croissance est fermé. Il n’est ouvert qu’aux températures élevées. La sortie de dormance est caractérisée par son ouverture vers les températures fraîches et basses. Cette notion conçue par VECts (1964) s’est révélée fructueuse dans l’étude de la dormance des arbres et des buissons. Mais la technique biologique employée est critiquable. L’une des critiques, la plus importante, est que la durée des essais est suffisamment longue pour induire dans la bouture un état physiologique nouveau, différent de l’étatphysiologique
au moment duprélèvement.
Nous proposons une technique biochimique nouvelle basée sur les modifications de la
régulation de l’énergétique cellulaire, en rapport avec l’état de dormance. L’analyse consiste à mesurer l’aptitude du matériel
végétal
à augmenter sa teneur en nucléosidestri-phosphates
non adényliques (NTP) à la suite de
l’apport
d’unprécurseur exogène
de l’ATP, l’adénosine.Les résultats de cette étude sont que les conceptions de VECts, pour la
première
fois, sontdévcloppécs
biochimiquement. Les optimums de température de croissance des bourgeons apicaux de frêne à la fin de la période de dormance sont mieux précisés ce qui n’ajamais
étéfait
jusqu’à présent.
1. Introduction
Il est
classique
d’évaluer la dormance desvégétaux ligneux
en observantl’apti-
tude à croître d’une
population
debourgeons
isolés avec unfragment
de l’axequi
les
porte.
Lavigne (H UGLIN , 1958 ; PouGET, 1963 ;
NICOND,1967),
lepommier (C
R A BB
É, 1968 ; S OCHET ,
1973 ;Z ANETTE , 1981),
le merisier(ARIAS
&CaAE3É,
1975), lepeuplier (Soumi, 1976 ; J OURDAN , 1980 ; R EGNARD , 1984),
lefrêne,
le tilleul(L
AVARENNE
, Ctt AM p AGNAT , B ARNOLA , 1976),
leframboisier,
la ronce, le sureau, le noisetier(B ARNOLA , 1976),
la bourdaine(M ENG -HoRN, 1975),
le noyer(M AU C ET , 1976),
lepêcher (M ONET -B ASTARD , 1971 ; R AGEAU , 1978),
lechâtaignier (S OLIGNAT , 1977 ;
St-MoHa,MED, 1983),
l’abricotier(L!,cnvE, 1980),
le chêne(CROCHET, 1984)
ont été étudiés par cettetechnique.
Il est admisqu’un bourgeon
est d’autantplus
dormantque la gamme des
températures auxquelles
il croît estplus
restreinte. Aux moisd’octobre,
de novembre et dedécembre,
seules lestempératures
de 22&dquo; à 30 &dquo;C per- mettent une croissance dont lapremière
manifestation décelable est legonflement
du
bourgeon
suivi de son débourrement. A la fin del’hiver,
aux mois de févrieret de mars, le débourrement est
possible
à destempératures plus basses,
8&dquo;C,
12 °Cou 15 °C selon les
espèces.
En d’autres termes, l’éventail destempératures compatibles
avec la croissance s’est ouvert au cours de la levée de dormance. La notion d’éventail de
températures
en relation avec lacroissance,
due à VEGIS(1964), appliquée
auxvégétaux ligneux,
s’est révéléeremarquablement
fructueuse. Elle apermis
de montrerque l’intensité de la dormance des
bourgeons
devégétaux ligneux
des climatstempérés dépend
de leurposition
sur l’axe(C RABB É, 1968 ;
BARNOLA,1970).
Lebourgeon apical
est le
plus
dormant.La
technique
des boutures de nœuds isolés n’est pasexempte
decritiques ((intmoLA,
1976 ;C HAMPAGNAT , 1983 ; R E G NARD , 1984).
Le critère de croissancepris
encompte,
ledébourrement,
estimprécis
et la durée desessais, qui peut
atteindre1
mois,
est suffisammentlongue
pour induire dans la bouture un étatphysiologique
nouvcau, différent de l’état
physiologique
au moment duprélèvement.
La dormance dubourgeon
est évaluée sur une bouture comportant unfragment
d’axe et non surun
bourgeon
isolé de toute corrélation. Ilapparaît
donc souhaitable de recourir à une autre méthode d’étude de la dormance desbourgeons.
L’analyse
des modifications de larégulation
del’énergétique cellulaire,
enrapport
avec l’état de
dormance,
est utilisée chez letopinambour (G ENDRAUD , 1977),
le frêne(LAVnae!rtvs et al., 1982), l’embryon
depommier (THOMAS et al., 1985).
Cetteanalyse
consiste à mesurer
l’aptitude
du matérielvégétal
àaugmenter
sa teneur en nucléosidestri-phosphates
nonadényliques
(NTP) à la suite del’apport
d’unprécurseur exogène
de
l’ATP,
l’adénosine. Les nucléosidestri-phosphates
nonadényliques
sontindispen-
sables aux
biosynthèses
liées à lacroissance,
telles que lessynthèses
d’acidesnucléiques,
deprotéines,
decomposés
membranaires etpariétaux.
Une élévation de lateneur en NTP consécutive à un traitement par l’adénosine révèle une
capacité
accruedu matériel à orienter son
énergie
vers les processus de croissancecaractéristiques
dela non dormance.
La
présente
note a pourobjet
de montrer, d’unepart, qu’il
estpossible
parun test
biochimique
depréciser
la notion d’éventail destempératures
de VEGIS(1964)
et, d’autre
part d’apporter
desrenseignements
nouveaux sur l’évolution desbourgeons pendant
la dormance.2. Matériel et méthodes
2.1. Matériel
végétal
Les
bourgeons apicaux
de frêne(Fraxinus
excelsiorL.)
sontprélevés
dans lanature aux mois de
septembre,
de décembre et de mars, de telle sorte quepuissent
être étudiés les stades de
pré-dormance,
de dormance et depost-dormance (V EGIS ,
1964 ; PO UGET , 1963).
2.2. Test
biologique
Lors de
chaque prélèvement,
des boutures de noeuds isolés constituées dubourgeon
et dufragment
d’axequi
leporte, coupé
à unelongueur
de 5 cm, sontplacées
par groupe de 20 en terrines contenant unmélange
tourbe-sable( 1 /2-1 J2)
maintenu constamment humide. Les terrines sont mises en chambre climatisée obscure à 8
&dquo;C,
16 °C et 25 °C. Lesbourgeons
sont observésquotidiennement
et ledébourrement éventuel de chacun d’entre eux est noté.
2.3. Test
biochimique
Il suit immédiatement la récolte des
bourgeons.
Dix-huitbourgeons séparés
detout
fragment
d’axe sontplacés pendant
12 h à8 °C,
16 °C ou 25 &dquo;C à l’obscuritéau contact d’une solution d’adénosine 10 mM. Les échantillons témoins sont incubés dans les mêmes conditions sur de l’eau distillée. A la fin de
l’incubation,
les écaillessont éliminées et le matériel
végétal
est traité selon la méthode de KEPPLER et al.(1970) adaptée
aux conditionsexpérimentales.
Toutes lesopérations
sont effectuées à 2&dquo;C ;
les tissus sontbroyés
dansHC10 4 0,3
H(100 fl l
pour 10 mg de matièrefraîche)
etl’ensemble est
centrifugé
à 12 000 gpendant
2 minutes. Lesurnageant
acido-solubleest recueilli et neutralisé par
KHC0 3
cristallisé.Après
une nouvellecentrifugation,
le
surnageant
acido-soluble neutralisé constitue l’extraitbiologique
danslequel
sontdosés l’ATP et les NTP.
Le
dosage enzymatique
de l’ATP enprésence
dusystème
luciférineluciférase estréalisé
d’après
PRADET. Le milieu réactionnel d’un volume final de 200P 1
renferm2une
quantité
d’extraitbiologique apportant
entre 0 et 10picomoles
d’ATP diluéedans un
tampon tris-H 2 SO. 1
40mM, pH 7,5, MgS0 4 3,5 mM, K2S0 4
25mM,
EDTA0,55
mM additionné d’ADP(250 picomoles/200 pl).
La réaction de bioluminescenceest déclenchée par
l’injection
de 50pl
d’unmélange
luciférine-luciférase(Boehringer ATP-CLS)
et l’intensité lumineuseémise
est mesurée à l’aide d’unphotomultiplicateur
« pico-ATP
». Un témoin interne renfermant unequantité
d’ATPsupplémentaire
etconnue est
toujours
réalisé.Les NTP sont dosés
enzymatiquement grâce
à l’addition au milieu réactionnelprécédent
de nucléosidedi-phosphate
kinase(Boehringer
25iàg
pour 200d
de milieuréactionnel).
L’émission de lumièreaprès
addition dumélange
luciférine-luciférasepermet
ledosage
de la teneur totale en nucléosidestri-phosphates (ATP
+NTP)
del’extrait. La teneur en NTP est alors calculée par différence.
Les résultats sont
exprimés
enpicomoles
de nucléosidestri-phosphates (ATP
ouNTP)
par mg de matière fraîche. Ils’agit
danschaque
cas de valeurs moyennes pourlesquelles
sontprécisées
les étendues dedispersion.
Lesexpériences
ont étéfaites deux années successives. Les teneurs en nucléosides ne sont pas exactement les mêmes pour deux
cycles
de dormance consécutifs mais les différences entre8 &dquo;C,
16 &dquo;C et 25 °C subsistent. Aussi seule estreprésentée
l’évolution allant du mois deseptembre
1983 au mois de mars 1984.3. Résultats
3.1.
Bourgeons prélevés
au mois deseptembre
Le test des boutures de nœuds isolés
(fig. 1 a)
révèle que seulsquelques bourgeons placés
à 25 &dquo;C(3
sur20)
débourrentaprès
untemps
de latenceimportant.
A 16 &dquo;C et8 °C,
aucune évolutionmorphologique
n’est décelable.L’évolution du
pool
des nucléosidestri-phosphates
desbourgeons
consécutive à l’incubation sur adénosinedépend
essentiellement de latempérature
àlaquelle
est effectuée l’incubation
(fig. 2) :
- dans les
bourgeons placés
à 25 &dquo;C au contact dunucléoside, l’augmentation
du
pool nucléotidique
concerneuniquement
l’ATP(figure 2a).
Ilapparaît
même unediminution de la teneur en NTP. Si l’incubation est réalisée avec des
bourgeons partiellement
carencés par unséjour préalable
de 5jours
surpapier
filtre imbibéd’eau,
le résultat est tout à fait différent
puisque
lepool
de NTP s’accroît alors notablement(figure 2b).
Ce résultat est àrapprocher
de celui de GENDRAUD(1977),
obtenu avecle
topinambour. L’interprétation
donnéesuggère qu’une température
d’incubation élevée nepermet
pas l’accumulation des NTP par suite de leur utilisation trèsrapide
dans les processus de croissance. La carencepréalable
aurait pour effet deréduire suffisamment ces processus pour révéler l’accumulation de
NTP ;
- dans les
bourgeons placés
à 16 &dquo;C sur la solutiond’adénosine,
les résultats obtenus confirment ceux de LA VARENNE et al.(1982).
Lespools
d’ATP et ne NTPaugmentent
et cetteaugmentation
est immédiatement visible car latempérature
d’incubation limite la croissance
(figure 2c) ;
- à
8 °C,
aucune modification des teneurs en nucléosidestri-phosphates
n’estprovoquée
par le contact avec le nucléoside(figure 2d).
nmol ATP .
mav
de coïdS fraisSelon les critères
adoptés
pourl’interprétation
du testbiochimique (G ENDRAU D, 1977 ;
LnvauENNE etal., 1982 ;
THOMAS etal., 1985)
ilapparaît qu’au
mois deseptembre,
lesbourgeons apicaux présentent
desaptitudes énergétiques
à la croissance à 25 °C et 16 &dquo;C bien que celle-ci ne se réalise pas, ou de manièresporadique,
sur lesboutures de noeuds isolés.
3.2.
Bourgeons prélevés
au mois de décembreA 25 &dquo;C, 16 &dquo;C et 8 &dquo;C aucun
bourgeon
appartenant aux boutures de noeuds isolés effectuées au mois de décembre ne manifeste le moindresigne
de débourrementpendant
les 30jours
que dure le test(figure 1).
Les teneurs desbourgeons
enNTP, après
incubation sur la solution d’adénosine à 25&dquo;C,
16 &dquo;C ou 8 &dquo;C ne sont pas modifiées parrapport
aux témoins et une carencepartielle préalable
à l’incubationne modifie pas notablement ces résultats
(fig. 3). Enfin,
lespools nucléotidiques
sontmoins
importants
que ceux des échantillons du mois deseptembre.
Pour lesbourgeons
récoltés au mois de décembre les données
fournies
par les deux testsbiochimique
et
biologique
concordent etindiquent
uneincapacité
totale àcroître,
révélant ladormance
profonde
dubourgeon apical.
Y
3.3.
Bourgeons prélevés
au mois de marsDans les conditions naturelles la
période
deprélèvement précède
de 4 à 5 semainesle débourrement. Placés en boutures de noeuds
isolés,
lamajorité
desbourgeons
débourre aux trois
températures
choisies(fig. 1).
Letemps
de latence estplus
lentà 8 &dquo;C
qu’à
16 &dquo; et 25&dquo;C,
et à cette dernièretempérature, l’irrégularité
de lapente
de la courbe de débourrement ainsi que le nombre debourgeons ayant débourré,
inférieurs au maximumpossible,
laissent supposer uneperturbation
dans laphysio- logie
des échantillons.A 25 &dquo;C, l’incubation des
bourgeons
sur l’adénosine neproduit
que peu ou pas de modification dans lepool nucléotique
et la situation n’est pas améliorée parune carence
partielle préalable (fig. 4b).
A 16 &dquo;C et 8 &dquo;C au contraire cette carencepermet
de mettre en évidence une fortecapacité
du matériel à accroître l’ensemble des teneurs en nucléosidestri-phosphates (fig. 4d),
la différenceenregistrée
entreles résultats obtenus à 25 °C d’une
part
et auxtempératures plus basses,
d’autrepart,
mérite d’êtresoulignée.
Ainsi,
au mois de mars, la dormance desbourgeons apicaux
est levée bien que, dans la nature, le débourrementn’apparaisse qu’au
moisd’avril ;
il estpossible
que ce retard soit lié à
l’approvisionnement
en eau des territoiresaptes
à croître(COTTIGNIES, 1983).
4. Discussion et conclusions 4.1. Eventail des
températures et
dormanceSur bouture de noeuds isolés la
capacité
de croissance desbourgeons apicaux
de frêne
dépend
de la date de leur récolte dans la nature. Très réduite au mois deseptembre,
nulle au mois de décembre elle est restaurée au mois de mars. L’éventail destempératures permettant
la croissanceapparaît déjà
relativement fermé àl’automne, période
d’entrée en dormance. Il estlargement
ouvert auprintemps,
4 à 5 semaines avant le débourrement sur l’arbre. A cette
époque
la dormance estéliminée et le frêne se trouve en situation de
post-dormance (V EGIS ,
1964 ;PoucET, 1963).
Une telle évolution est commune auxvégétaux ligneux
desrégions tempérées
comme le montre
l’analyse
des résultatsrappelés
en introduction.Les
conséquences
d’une incubation desbourgeons
sur une solution d’adénosinedépendent
elles aussi de la date duprélèvement
dans la nature. Au mois deseptembre,
elle entraîne l’accumulation de NTP à 25 &dquo;C et 16 &dquo;C mais non à 8 &dquo;C. Au mois de
décembre,
le traitement est inefficace alorsqu’au
mois de mars son action nette à16 &dquo;C et 8 &dquo;C est réduite à 25 &dquo;C. En d’autres termes la réactivité des
bourgeons
àl’automne,
à l’entrée endormance,
est située dans l’éventail allant de 16 &dquo;C à 25 &dquo;C.Elle est nulle en
hiver,
au maximum de ladormance,
et auprintemps,
enpériode
depost-dormance,
elle estimportante
à 8 &dquo;C et 16 &dquo;C. Enphase
depré-dormance,
aumois de
septembre,
l’éventail destempératures auxquelles
le métabolismenucléotidiqu!
peut
être modifié par l’adénosine est ouvert sur des valeursélevées,
alorsqu’en post-dormance,
au mois de mars, cette ouverturecorrespond
à destempératures
moyennes ou fraîches. Il est
possible
que les différencesenregistrées
dans lesmodalités de débourrement des
bourgeons
enpré
etpostdormance
aient leurorigine
dans les
caractéristiques
membranaires du matérielvégétal
et lespossibilités d’échanges
à courte
distance ;
cepoint
devra êtreapprofondi.
Les résultats fournis par les deux tests,
biochimique
etbiologique,
ne sont pas exactementsuperposables,
surtout au mois deseptembre,
mais tous deuxpermettent
de mettre enrapport
une gamme detempératures
et une réaction dubourgeon.
Anotre
connaissance,
les données du test nucléotideprésentées
dans cette noteconstituent la
première
vérificationbiochimique,
sur unvégétal ligneux,
des concep- tions de VEGIS(1964).
Les
avantages
de latechnique biochimique
mis en oeuvre concernent essentielle-ment deux
points : 1)
il estpossible
de connaîtrequelques
heuresaprès
la récoltedu matériel
végétal,
doncbeaucoup plus rapidement qu’avec
les boutures de nceudsisolés, l’aptitude
desbourgeons
à lacroissance ; 2) l’analyse
porte sur lebourgeon seul, dégagé
de toute corrélation avec l’axe dont le rôle modulateur de la croissance est connu (MEMG-HoRN et al., 1975).Cependant
latechnique biochimique,
tellequ’elle
est actuellementemployée,
manque encore de
précision.
Chez lesvégétaux ligneux,
elle nepermet
que la déterminationqualitative,
et nonquantitative,
del’aptitude
d’unbourgeon
à croître.Par ailleurs, un bourgeon
est un ensemble complexe
et les variations de teneur en
NTP n’ont pas forcément
toujours
la mêmesignification ;
il estpermis
de supposer que, selon les cas, la modification observée du métabolismeénergétique
concerneles ébauches
foliaires,
ou lesjeunes entrc-nœuds,
ou le méristème lui-même ou lebourgeon
dans son entier. Il faut remarquer que latechnique
des boutures de noeudsisolés
présente
le même typed’imprécision,
car la détermination des débourrements tellequ’elle
est faite nepermet
pas dejuger
del’aptitude
à la croissance des divers territoires dubourgeon.
Un
grand progrès
sera fait dans la connaissance de la dormance desbourgeons
de
végétaux ligneux lorsque,
comme cela a pu être déterminé dans le tubercule de crosne duJapon (TORT
&L AGARDE , 1981 ; TORT, 1977)
on pourrapréciser
lesoptimums thermiques
de croissance des diversesparties
d’unbourgeon
au cours del’évolution de sa dormance.
4.2. Données nouvelles sur la dormance des
bourgeons apicaux
dufrêne
Les différences entre les résultats fournis par les deux tests,
biochimique
etbiologiques,
ontdéjà
étésoulignées.
Il convient maintenant de les discuter. Au mois deseptembre
lepool nucléotidique présente
unerégulation
detype
non dormant à16 °C et à
25 °C,
alors que lesbourgeons
des boutures de noeuds isolés ne débourrent pas à 16 °C et débourrent très mal à 25 &dquo;C. Tout se passe comme si lefragment
d’axeporteur
dubourgeon
exerce un effet inhibiteur sur la croissance de celui-ci(LavnaFNN! et al., 1982).
Cette inhibitionqui
entraîne le reposapparent
au mois deseptembre
et, en conditionscontrôlées,
lors du reposapparent long
de 15 mois defrênes
placés
à 25 &dquo;C ou 12 °C sous unjour long (L AVARENNE -B ARNOLA , publication
en
cours).
Ilapparaît
que les corrélations entre l’axe et lebourgeon
sont de laplus grande importance
et leur caractérisationbiochimique
est actuellement à l’étude chez lechâtaignier (P EZET , publication
encours).
Au mois de mars, la gamme des
températures compatibles
avec la croissance desbourgeons
estajustée
auxcaractéristiques thermiques
duprintemps
desrégions tempérées.
Le débourrement desbourgeons
des boutures de noeuds isolés est meilleur à 8 °C et 16 &dquo;Cqu’à
25 °C et les résultats du testbiochimique indiquent
une meilleureréactivité pour les deux
premières températures, après
carencepartielle
du matérielvégétal. L’interrogation majeure
concerne ledécalage
entre la date d’élimination de la dormance et celle dudébourrement,
dans les conditionsnaturelles,
si laphysiologie
de l’eau dans
l’apex (C OTTIGNIES ) peut
êtreinvoquée,
il estprobable
que d’autres modifications interviennentpendant
cettepériode
depost-dormance,
chacune rendantle débourrement
plus
imminent. Des variations depH intracellulaires, postérieures
àla levée de
dormance,
antérieures audébourrement,
ont été récemment mises enévidence
(L AV A RENNE , BA R NO L A, publication
encours).
Ellespourraient
contribuerà restituer au
bourgeon apical
sescaractéristiques
de «puits (B ARNOLA . LnvnuFN!rE, publication
encours).
De nombreuses études réalisées sur les
végétaux ligneux
ont eu pourobjet
ladescription,
au cours de l’évolution de ladormance,
depools
de métabolites enparti-
culier de
glucides (vigne : B OUARD , 1966 ; peuplier : JotrRnnN, 1980 ; B ONICEL , 1985).
Les variations
enregistrées
sont mises enparallèle
avec les différentesphases
de ladormance du
végétal
étudié. L’étude de larégularité
du métabolismenucléotidique présentée
dans cette note ne relève pas de cettestratégie puisqu’elle
faitappel,
pourchaque période
de ladormance,
àl’analyse
de la réaction dupool nulcotidique
à unprécurseur exogène. Cependant
les mesures réalisées sur lesbourgeons
témoinspeuvent,
avecquelques précautions,
être un reflet de l’état dupool
des nucléotidesau cours de l’évolution de la dormance. Vue sous cet
angle,
lapériode
de dormancecorrespond
à une contraction dupool
descomposés
riches enénergie
dubourgeon.
Il serait alors intéressant de connaître la
composition
de l’ensembledésigné
par NTP et connaître les teneurs enUTP, CTP, GTP,
etc., enpériodes
depré-dormance,
dedormance et de
post-dormance.
En
conclusion,
les résultats obtenus sur lesbourgeons apicaux
defrêne,
montrentqu’il
estpossible
chez unvégétal ligneux
de raisonner dormance et éventail detempérature
selon VECis sur descaractéristiques biochimiques
comme sur des critèresphénologiques.
Lacomparaison
destechniques biochimiques
etbiologiques permet
de faire lapart
despropriétés intrinsèques
dubourgeon
et du rôle des corrélations dans le contrôle du débourrement.Reçu
le 16juillet
1985.Accepté
le llfévrier
1986.Summary
Apical
buddormancy of
ash(Fraxinus
excelsior.L) :
an evaluationof
the nucleotidetriphosphate pool
and the rangeof temperatures
acting
on budopening during dormancy
The dormancy of buds of
woody plants
isusually
studied using cuttings of isolated nodes. They areplaced
in controlled environment chambers where the temperatures are raisedprogressively
from 5 &dquo;C to 30 &dquo;C. The more dormant thebud,
the greater the range of temperatures within whichgrowth
is inhibited. Itonly
opens athigh
temperatures. Thebreaking
of dormancy is characterised by itsopening
at low temperatures. Thisidea,
put forwardby
VEGIS (1964) hasproved
fruitful in the study of dormancy in trees and shrubs, but thebiological technique
used isquestionable.
The most important criticism, is that thelength
of the trial issufficiently long
that a newphysiological
state could arise in thecutting, different from that
prevailing
when it was sampled.We suggest a new, biochemical
technique
based on thechanges
in cellular energyregulation,
in relation to the state of dormancy. Theability
of the plant material toincrease its non-adenylated nucleotide triphosphates
(NTP), following
the introduction of anexternal precursor of ATP,
adenosine,
was measured. The results of this study are that the ideas of VEGIS can beexpressed biochemically
for the first time. Theoptimum
temperatures for thegrowth
of theapical
buds of ash at the end of aperiod
ofdormancy
are definedmore
clearly
than ever before.Key
words : Ash-tree, do;mfinc», nucleofide triphosphate pool.Références
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