ESSAI D’UTILISATION D’UNE MÉTHODE MATHÉMATIQUE
D’INTERPRÉTATION QUANTITATIVE DES SÉPARATIONS
ÉLECTROPHORÉTIQUES INCOMPLÈTES
CI. LABOUCHE
Institut
d’Élevage
et de Ilédecine vétérinaire des Payst y opicaux,
Laboratoire national de Recherches vétérinaires, Dakar
(Sénégal)
SOMMAIRE
Une méthode
mathématique
de calcul des courbes de Gauss, basée sur la mesure des coordon- nées de deuxpoints
autres que le sommet a étéappliquée
àl’interprétation
quantitative des sépara-tions
électrophorétiques incomplètes.
Celle-ci se heurte, enpratique,
aux erreurs de détermination des abcisses de ces points, compte tenu d’unphénomène
dedéplacement
latéral des sommets observélorsque
deux courbes de Gauss viennent à se chevaucher.- - - - . -. --.-
Nous avons
précédemment exposé
les basesmathématiques
d’une méthode per- mettant de reconstituer une courbegaussienne
et d’en déterminer lasurface, lorsque
sont fournies les coordonnées de deux
points pris
en dehors du sommet,(L ABOUCHE , 19
6 2
c). Appliquée
auxélectrophorégrammes
du sérum des Ruminantsdomestiques
pour
lesquels
on sait que laséparation
des constituantsprotéiques
est souvent in- suffisante(1,ABOUCHE, 19 6 2 b, Rapport
Lab. nat. Rech. vét.Dakar, 1959/ 6 0 ),
cettetechnique
devraitpermettre,
enprincipe,
lareconstitution,
deproche
enproche,
descourbes de Gauss dont la succession et les chevauchements déterminent les contours du
diagramme densitométrique.
1
° PRINCIPE
On
peut envisager l’exploitation
de cesdiagrammes
de la manière suivante(figure I ).
La mesure des coordonnées
(U i , Z,)
et(U 2 , Z,) permet
de tracer la courbe(A)
et de déterminer les ordonnées
Ui et Ul des points
d’abcisseZ’ et
Z.Si’
onappelle E
l
etE 2
les ordonnées despoints correspondants
del’électrophorégramme,
on aura :a, et a2 étant des ordonnées des
points correspondants
de la courbe(a),
dont ondéterminera les abcisses par
rapport
aupic
P. On pourra alors dessiner la courbe(!).
On pourra de même
préciser
les limites des courbes(!)
et( Y ).
Remarquons
lapossibilité
departir
des coordonnées de deuxpoints
G et G’ pour déterminer les courbes(y) puis (p).
Enfait,
on utilisera sumultanément les deux pro- cédés pour le calcul de la courbe(p)
dans les cas où les trois courbes(x), ((3); ( Y ) vien-
draient à se chevaucher.
2° INFLUENCE DE LA PRÉCISION DES MESURES SUR CELLE DES RÉSULTATS OBTENUS
a)
Mesure des ordonnéesNous avons
déjà
montré que la méthode s’accommode d’une erreur dans la mesuredes ordonnées
qui peut parfois dépasser
celle que l’on effectuenormalement
dans la déterminationpratique
deslongueurs
sur unpapier
millimétré(L ABOUCHE , 19 6 2 c).
Il
importera cependant
des’assurer, qu’au
niveau despoints U,, U 2 ,
il n’existe pas de chevauchement des courbes.Prenons un
exemple,
la courbe(x) empiète-t-elle
sur la courbe A au niveau despoint U I
etU 2 (figure i).
Pourrépondre
à laquestion,
il suffit de calculer l’ordonnéedes
points (x)
d’abscisseségales respectivement
à(A
-!-Z l )
et(A
+Z 2 ), A
étant ladistance entre les sommets de
(A)
et de(x).
Cependant
nous ne connaissons pas lesparamètres
k et 12 de la courbe(x), qui
nous
permettraient
d’effectuerrapidement
le calcul. Par contre, onpeut
déterminerk
l
et ni pour la courbe de sommet P.Celle-ci, provenant
du chevauchementpossible
de A et de oc
(peut-être
dep)
sera de sommetplus
élevé et de formeplus
évasée que lacourbe
(x).
De sorte que s’il estprouvé
queU l
etU 2
ne sont pasperturbés
par(P) ;
il sera
prouvé
afortiori qu’ils
ne sauraient l’être par(oc).
Les conditions danslesquelles
les
paramètres
de(P) peuvent
être déterminés ont étéexposées
dans une note anté-rieure I!ABOUCHE
Cl., 1962 a).
Remarquons
la nécessité de l’individualisation dupic
P pour effectuer la véri- fication ci-dessus. Celle-ci nepeut
être obtenue si ce sommet n’est pasapparent.
In- versement, si onpostule
que lespoints U l
etU 2
ne sont pasperturbés
par(x),
onpeut déduire,
dans des conditionsexposées plus loin, l’emplacement
réel du sommet dela courbe
(x).
b)
Mesure des abscissesHabituellement cette mesure ne
présente
pas de difficultélorsque
lesdiagram-
mes sont
reportés
sur unpapier
millimétré. Il suffit deprendre
lespoints
se trouvantà l’intersection de deux
lignes
dequadrillage
pour obtenir avec uneprécision
suffi-sante, la distance
séparant
le sommet de lacourbe,
despoints
choisis.(Le
sommetétant lui même centré sur une
verticale.)
On
peut
néanmoins se demander dansquelle
mesure cette distance est bienégale
à l’abscisse. Autrement
dit,
le sommet S de la courbe(A)
est-iltoujours
sur la mêmeverticale que le sommet
correspondant S!
del’électrophorégramme ?
S’il n’en était pasainsi,
la mesure deZ,
etZ,
seraitsystématiquement
entachée d’erreur et lapré-
cision de la méthode serait à reconsidérer
(fig. r).
Or nous avons incidemment
signalé
dans un travail antérieur(L A13OUCHE , 19 6 2 b)
que le chevauchement de
plusieurs
courbespouvait
provoquer undéplacement
latéralplus
ou moinsimportant
du sommetapparent.
L’attention
desexpérimentateurs
neparaissant
pas avoir été à notre connais-sance, attirée sur ce
point particulier,
nous l’illustrerons d’unexemple numérique
tiré de la
figure
i.Les ordonnées U des
points
d’abscisse Z de la courbe(y) (kn
=i53 ;
k n =7 ),
aux
approches
du sommet sont mentionnées dans le tableau ci-dessous.Supposons
maintenant que la courbe(3) (nk
=112 ,8 ; kln
=8,6)
se superpose à(y)
de telle manière que le sommet de(y)
en soit rehaussé de 8 mm. Les ordonnéesprécédentes prennent
alors les valeurs U’ mentionnées dans lapartie
droite du tableau ci-dessus. Le sommetapparent
se situe alors à Z = ― 2 mm.Il devient donc
indispensable
ici derepérer
laposition
réelle du sommet. Onpeut
y
parvenir
connaissant 3points
de la courbe et la différence de leurs abscisses(fig. 2 ).
Soient
( U , Z l), ( U , Z 2 ) ’ (UoZ!)
ces troispoints
avec :( Z o Z i )
=(Z o Z 2 )
= z,longueur
connue. le
problème
revient à calculerZ,.
Nous avons
déjà
vu(I,nsoucx! 19 6 2 ,
a,b)
que :Une suite de calculs
simples permet
de déduire :expression qui
sesimplifie
enprenant
z = 2 mm. :Détermination de l’erreur maxima
susceptible
d’intervenir dans le calcul deZ o : Z
o
est fonction des variablesindépendantes U I , U 2 , U o qui
sontrespectivement
déterminées à
dU l , dU,, dU o près. Z o
sera donc connu àdz o près ;
onpeut
montrer que l’erreur relative surZ o
estégale
à :en
supposant,
poursimplifier,
quedU,
=dU,
=dU o
= e.Mais si dans cette
expression,
onremplace
lessymboles
par deschiffres,
on voit alorsapparaître
des valeursimportantes
pourl’erreur,
même pour une bonneprécision
dans la connaissance des ordonnées.
Ainsi,
pour une courbe detype (!) (k!a
=112 ,8 ; n/k
=o,m6 3 ),
tracée surpapier millimétré,
nous avons relevé les coordonnées suivantes :Les valeurs réelles des
ordonnées,
telles que les donne le calcul étaient respec- tivement22 , 9 6
mm,y ,o8
mm, 12,04 mm. Les variationsdU,, dU o , dU 2
étaientégales
alorsà + 4 . 10-2
mm ; - 8 ! 10-2 mm, - 4 . r o-2 mm. Le tout a entraîné une erreurrelative sur
Z,
de 15,4 p. 100 soit undécalage
du sommet de1 ,86
mm,comparable
à la déviation latérale
qu’aurait
pu provoquer un chevauchement de courbes.CONCLUSION
Réalisable en
théorie, l’interprétation mathématique
desséparations
électro-phorétiques incomplètes achoppe
sur la détermination exacte des abscisses de réfé-rence en raison de l’erreur effectuée sur la mesure des ordonnées.
Pourrait-on sensiblement améliorer la
précision
de ces dernières estimations?Le
problème
reviendrait à mesurer deslongueurs
à jo-2 mm.près
au moins. Celaparaît,
apriori,
difficilement réalisable enpratique,
tandisqu’il
n’est pas du tout assuré que la sensibilité et lafidélité
des densitomètrespermettent
l’obtention de tracés à 10fLprès.
Les méthodes habituelles
d’exploitation,
ainsi que lesmathématiques
sont doncimpuissantes
à déchiffrer les fractionnements insuffisants. Il faut donc serésigner,
ànotre connaissance et en l’état actuel des
choses,
à n’accorderqu’une
valeur très appro- ximative auxélectrophorèses quantitatives
effectuées sur le sérum des ruminantsdomestiques.
- enparticulier
au niveau des fractions et(3.
’
Reçu pour
publicalion
en mai i96a.SUMMARY
TRIALS WITH A METHOD OI· QUANTITATIVE MATHEMATICAL INTERPRETATION OF INCOMPLETE ELECTROPIIORETIC SEPARATIONS
The mathematical bases of a method which
permits
there-plotting
of a Gauss curve and thecalculation of its surface when the co-ordinates are known for two
points
situated away from thepeak
of the curve havealready
been described(L ABOUCIIE ,
1962 C).Applied
to theelectrophoretic diagrams
of domestic ruminant serum, the separation of theprotein
constituents of which is known to beinadequate
(LABOUCIIE r96z b ; Report Nat. Lab. Vet.Res., Dakar,
1959/ 6o),
thistechnique
should, inprinciple,
permit thegradual replotting
of theGauss curves, of which the succession and the
overlapping
determine the contours of the densi- tometricdiagram.
In fact, the present
study
shows that, for mathematicalinterpretation
to bepossible,
it isnecessary to determine with
precision
the trueposition
of the curvepeaks.
But, there is sometimesan
important displacernent
between the apparentpeak
on theelectrophoretic diagram
and theposition occupied
by thepeak
of thecorresponding
Gauss curve(figure I ).
The trueposition
canbe determined
precisely by
calculation ; but the ordinates must be known up to almost 10-2 mm.Such
precision
can not be obtained inpractice.
Hence,incomplete electrophoretic separations
cannot be
interpreted mathematically
and theelectrophoresis
of domestic ruminant serum will fur- nishonly
veryapproximate quantitative
data.RÉFÉRENCES BIBI,IOGRAPHIQUES
L
ABOUCIIE Cl., 1962a. Méthode mathématique d’interprétation quantitative des électrophorèses sur papier.
Ann. lnst. Pasteur., 102, 56’-566.
LasoUCttE Cl., 1962 b. Calcul d’erreur dans l’interprétation quantitative des électrophorèses de sérum des bovidés. Ann. Biol. Anim. Bioch, Biophys. (sous presse).
L
ABOUCHE Cl., r96z c. Bases mathématiques d’une interprétation éventuelle des séparations électrophoréti-
ques incomplètes. Ann. Biol. Anini, Bioch Biofihys. (sous presse).
Rapport sur l’activité du Laboratoire national de Recherches vétérinaires de Dakar-Hann, 1959- ig6o.