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BTR n°39 - Christian ou Histoire d'un sevrage

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Academic year: 2022

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(1)

ISSN 0154-2524

PÉdAGOGÎE fREÎNET

~ift1i51bl'f~i1i DE TRAVAIL ET DE RECHERCHES

au n° t3 de L'EDUCATEUR de mai 1980

ts Nos par an : 94 F

avec son supplément : t4B F

Christian

ou

Histoire d'un sevrage

Auteur: R. Laffitte

Témoin et critique·: Module Genèse de la Coopérative : - C. Audoury

- J.-C. Colson - M. Cottereau - M. Marteau - J.-L. Maudrin - F. Oury - C. Pochet - P. Robo

(2)

Sommaire

SEPTEMBRE : Un enfant trop sage

• Il m'apparaît comme un enfant trop sage

Il va falloir aller le chercher loin

Il ne se pilote pas

Le miracle d'OCTOBRE

NOVEMBRE : Coups et critiques

• Les couleurs de niveau

• Coups

• Projection o Re-coups

Le vivarium

Critiques

DÉCEMBRE : Les textes

• La visite médicale («J'ai eu 37»)

• Le copain Mohamed

• Premier sociogramme

• Le conseil

JANVIER : Je m'appelle Christian

Il joue comme les autres

• Couverture du journal...

... et page «Notre vie»

e Repères

• Rentrée et sortie de la grand-mère

Perturbation de l'équipe

Blagues («J'ai eu Bl») ...

• Histoires de fous

Je m'appelle Christian

FÉVRIER : Les rêves

Enfants sans lois

• Les copains

• Conseil et agressivité

Les rêves

Intermède

Elu 1

• Christian et l'échange

MARS : Les albums

• «J'en peux plus»

• Lettre au correspondant

Nouvelle équipe

• Deuxième album : les robots

AVRIL: Repères («Je rencontre un homme»)

Il retrouve son chemin

• Mohamed Io remplace

MAI : Nos affaires

Rupture avec Denis

Deuxième sociogramme

• Exit la grand-mère

JUIN : Au revoir et merci

L'équipe de Mohamed

«Je choisis Mohamed»

• Les progrès des autres

• Au revoir et merci

NOTES

P.S. N° 1 (Fernand Oury)

P.S. N° 2 (René Lattitte)

2

2 5

6

7

9

12

14

14

15

17 19 21 24

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hristian

ou

Histoire d'un sevrage

Auteur: R. Laffitte

Témoin et critique : Module Génèse de la Coopérative : C. Audouy

J.C. Colson M. Cottereau M. Marteau J.L. Maudrin F .. Oury C. Pochet

P.

Robo

Quelques abréviations utilisées dans le texte

BTR : Bibliothèque de Travail et de Recherches (supplément à L'Educateur).

BEM : Bibliothèque de !'Ecole Moderne.

VPI : Vers une pédagogie institutionnelle.

CCPI : De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle.

QCC : Oui c'est le conseil ? Doc ICEM : Document de l'ICEM.

Ed n° ... : Educateur n° ...

(Se reporter à la bibliographie en fin de B.T.R.).

A la fin de la B.T.R., se trouvent aussi des «Notes», auxquelles renvoient les numéros inscrits dans le cours du texte.

(4)

Septembre ·

Un enfant trop sage

Dans la classe de perfectionnement où il vient d'arriver, Christian se trouve avec treize autres enfants - huit garçons et cinq filles - de 9 ans à 13 ans, étiquetés débiles.

Le 23 septembre: Il m'apparaît comme un

«enfant trop sage»

• C'est la grand-mère qui le garde, et lui lit les brochures B.T.J. (1), qu'il prend, le soir, à la maison, alors qu'il sait très bien lire. Quand il me le dit, je lui fais remarquer que sa grand-mère peut lire les B.T.J. «pour elle», et que lui peut se débrouiller seul.

Ce grand garçon de 12 ans, vient d'un C.M.1 de Sète où il ne pouvait pas suivre. Comme un «bon élève», il lève souvent le doigt pour répondre, et mon approbation lui procure chaque fois, semble-t-il, la satisfaction de «la bonne réponse». Vu le niveau de langage/vocabulaire de la classe, il fait figure de savant. Toujours prêt à obéir pour faire plaisir à l'adulte.

• Pataud et maladroit, il ne se défend pas quand il est battu, pendant la récréation.

• Sur le terrain, derrière la classe, nous jouons au béret.

Apparemment, il ne comprend pas la règle du jeu, ni le but. Dès que l'autre approche, il reste pétrifié, et le regarde partir avec le mouchoir. Ou bien, il prend le mouchoir avec des gestes saccadés, sans se soucier de

l'adversaire, qui le touche sans peine. Les autres (son

équipe) réagissent et l'engueulent. Lui, semble désolé, mais ne comprend pas.

Le 28 septembre : Il va falloir aller le chercher

loin ·

• Au basket, il joue inexorablement contre son camp, garde la balle contre lui, ignorant sourdement les règles et

les autres. Son équipe ne le ménage pas de remarques

peu amènes.

• Sa façon de foncer, à certains moments, sans éviter les obstacles, me rappelle sa façon de s'exciter brusquement, dès que la situation n'est plus classiquement scolaire. Il semble avoir une quantité appréciable d'énergie, qu'il ne sait comment employer. Ses brusques blocages, ses pétrifications soudaines, ne me montrent que trop, son monde d'interdits. Je me dis : «Celui-là, il va falloir aller le chercher loin». Je· ne suis pas inquiet, mais Christian me paraît mal en point.

Le 30 septembre: Il ne se pilote pas

• Ça se confirme : Dès qu'il se croit hors du regard du maître, il taquine ou rigole. Je ne suis pas méconten.t, mais je me demande dans quel monde chaotique de barrières incohérentes, est enfermé ce garçon, qui peut-être ne demande qu'à grandir, et quelles sont les retombées de l'éducation de cette grand-mère.

• Pendant les récréations, il court dans tous les sens, 'même en arrière, comme grisé. Sous le regard étonné des autres, il rencontre parfois un poteau, souvent un élève. Comme s'il ne se pilotait pas.

Le miracle d'octobre

Le 2 octobre

• Nous faisons gymnastique. A part le poirier, il arrive à faire toutes les figures et exercices : échelle, roulade avant, arrière, chandelle etc. Sans rien dire, j'en suis vraiment surpris. «Ouais 1 » exulte-t-il, à chaque fois, levant les bras, en signe de victoire. Mais au 50 mètres, il est incapable de rester dans le couloir. Il court en zigzaguant.

Le 7 octobre :

• Pendant le match, il court encore dans n'importe quel sens, en avant, en arrière, incliné à droite ou à gauche.

J'essaie de tempérer les réactions de son équipe, bien que je les comprenne.

• Mais dans la classe, il n'est pas seul : si les autres l'accablent, quand il joue en équipe, ils se réunissent aussi en conseil, où Christian a sa place. Déjà, il utilise

largement la causette (2), et apprend à parler en public, à

écouter, à demander la parole. Ravi d'être écouté, il ne se prive pas. Il n'est donc pas surprenant qu'il se plaigne au conseil (3) : «On me bat, à la récréation» Christian n'est pas tout seul, on l'écoute, on l'entend. Mais le groupe réagit : c'est lui, qui se fait critiquer : «Il embête les petits». Il entend aussi le maître dire : «Prenez-le pour jouer. C'est peut-être parce qu'il est tout seul, qu'il embête les petits».

Le 15 octobre :

• Ça devient rituel : au conseil, Christian se plaint d'être battu, et on le critique, car il embête les petits. Président, j'essaie d'enrayer le mécanisme : «Essaie de ne plus embêter, on écoutera alors tes plaintes. On passe».

(5)

Le 16 octobre. :

• Au plan de travail (4) des ateliers, Christian a choisi

«Encre de Chine». Il a un projet. Comme à d'autres, je lui

donne des conseils : ·

«Tu devrais couper ta feuille, elle est trop grande». La réponse arrive péremptoire ...

- Non, je la veux comme ça I». Ce «non» au maître, sur ce terrain-là, est loin de me déplaire.

«Bon, très bien, c'est ton affaire».

Le 26 octobre :

• 17 h 30. Veille des vacances de Toussaint. La grand-mère vient me voir, accompagnée de sa fille : la mère de Christian. Elles paraissent rayonnantes et excitées : miracle !

Christian a changé. C'est incroyable : il parle, il devient actif, il est heureux d'être dans cette classe, comme jamais ça ne lui était arrivé. «On aurait dû le mettre là depuis longtemps».

Je laisse passer le flot d'enthousiasme. Je suis surpris. A part le fait qu'il devient plus taquin, je n'ai rien remarqué, comme changement spectaculaire. J'ai l'habitude de voir des enfants sages et inhibés en septembre, se mettre à parler et à devenir remuant.

• Mais autre chose m'intéresse : j'apprends tout un pan de l'histoire de Christian, dont je ne m'étais guère soucié,

~·ayant pas de dossier sur lui (je n'en aurai jamais, d'ici la fin de l'année) et ayant bien d'autres choses à faire et à penser, en ce début d'année de démarrage. C'est essentiellement la grand-mère qui parle :

- A trois ans, brusquement, il cesse de parler.

- A quatre ans, il se remet à parler, mais uniquement pour répéter ce que disent les autres, comme un perroquet.

- Le couple parental tient un co1nrnerce. Le père est d'une famille riche. Ce sont les «bonnes» qui s'occupent de Christian.

- Sur le conseil d'amis, ils font voir Christian à un neuroiogue, qui prescrit une psychothérapie.

- Survient le divorce. Christian adorait son père. «Il

est

devenu comme fou» précise la grand-mère. Les bonnes ne pouvaient plus le tenir.

- La thérapie a cessé. A suivi une période d'apathie, de repli complet sur soi. Il ne sort plus, ne joue plus, n'a plus de copains, a peur de tout.

- Ne peut suivre en C.M.1. La mère, seule, continue le commerce. La grand-mère décide de prendre chez elle, un Christian devenu «tenable», avec sa petite sœur. Christian vient alors, dans ma classe.

• Christian est là. Il écoute, il entend sans rien dire. Il regarde sa mère et sa grand-mère, puis moi, sans que je puisse déterminer l'expression de son regard : impression qu'il comprend, mais reste en dehors. Décidément, cette grand-mère qui parle, interrompt sa fille, lui dit ce qu'il faut dire, me rendrait vite agressif : partagé entre l'envie de l'interrompre, et celle d'écouter pour apprendre.

Mais Christian est là. Il a entendu ce que j'ai vécu comme une sentence : «Christian est fou». Sa grand-mère a parlé de lui, sur lui. Sa mère n'a pas de parole. Lui est un objet.

11 faut que je dise quelque chose qui le réinsère dans le circuit, dans un circuit. Il faut que j'interrompe cette voix qui envahit tout pour la re-situer à sa place : un avis parmi d'autres. Et je n'ai pas le temps de méditer.

« - Vous, vous avez pensé : Christian est malade. Moi, en classe, je n'ai rien remarqué. Bien sûr, Christian pose quelques problèmes mais il n'est pas le seul et le conseil est là pour en parler. Ce qu'il fait, il ne le fait pas mal.

Nous avons le temps, Christian fera des progrès comme tout le monde. Puisqu'il parle et agit à la maison, c'est très bien, laissez-le faire et donnez lui des responsabilités.

Quand il le veut, il est capable d'en assumer.

S'il devient trop remuant, tant mieux. Ça prouve qu'il est en vie. C'est quand un enfant ne bouge pas qu'il faut s'inquiéter. En classe, il y a tout un tas de choses à faire, et puis, il y a les copains.

Et toi Christian, qu'est-ce que tu en penses 7».

Christian ne sait que sourire et acquiescer. Le matin même, que nous avons passé au stade, Christian, grand, a été parmi les meilleurs en saut en hauteur. Il a été applaudi, ainsi que d'autres. Il explosait littéralement de joie.

• Les deux femmes me remercient pour ce que j'ai fait.

Je réponds que je n'ai rien fait de spécial pour Christian(*) et que de toute façon je suis payé pour ça.

Elles sortent. Dans le couloir, j'entends la mère : «Eh bien, j'aurais jamais cru ça possible ! ».

(*)

C'est vrai. Je peux difficilement croire au miracle. Je ne vois qu'une explication plausible, au fait que Christian se mette

à

parler : pour donner la parole et permettre d'être écouté, la causette et le conseil, sont plus efficaces que ma seule empathie.

Christian l'a bien compris. Voici ce qu'il a pu

y

dire.

(Je reprends les notes de mon journal de bord du premier trimestre où j'avais noté ce qui se disait

à

la causette et au conseil).

- Du 1 519 au 2019 : ne dit rien, répond aux

questions.

(6)

- Le 2019, intervient pour la première fois à la causette:

- J'ai attrapé un lézard. Je l'ai mis dans un bocal, et if est mort.

Pourquoi est-il mort ?

- fi a été étouffé. Il ne peut vivre enfermé.

- Où trouve-t-on des lézards ? Pourquoi aiment-ils la chaleur? (sang froid).

- Conseils pour attraper des lézards : ne pas le faire les mains nues.

- Le 2319 : premier conseil de classe : comme Alex, il veut se plaindre, rron me bat I» mais il ne s'est pas fait inscrire quand on a dit ((Critiques ?JJ. rrTu en reparleras mardi» (5). Par contre, est félicité pour avoir porté des chiffons, utiles pour l'impri- merie.

- Le 2819: causette : rrJe suis allé au club après le catéchisme (Io prêtre fait de l'animation culturelle dans le quartier, qui jouera un rôle non négligeable dans les relations de Christian avec ses copains). On a fait du baby foot et du billard». C'est quoi le billard ? etc.

- Le 2919 : causette : Sa grand-mère revient du marché. Ça faisait 66 F. Le monsieur s'était trompé.

Elle est allé voir le patron, et il lui a fait un cadeau.

Conseils quand on fait les courses : prévoir, vérifier.

o Apportez vos rrnotesJJ pour faire des problèmes.

- Le 3019 : conseil : Christian est élu ((responsable de /'appe/JJ. Nous disons ((responsable des absentsJJ (Tiens, le vote n'est peut-être pas un hasard).

- Le 3110: chez son papi (paternel), a vu une machine qui fait des semelles. J'ai mis du carton dessus. On lui poso des questions : Comment c'est fait les semelles, en quoi elles sont ? etc.

- Le 5110: causette: mon papi a gagné à la loterie (1/10°), c'est le 6 qui est sorti. Il a gagné 2 millions. (Est-ce vrai ?).

Manuela : C'est au bureau de tabac qu'on achète les billets.

Karine : Où a-t-il mis ces 2 millions ? {// les a pas encore).

- Le 6/10: A vu Goldorak à la télé. Le raconte avec l'aide des autres.

- Le 7110: Conseil : Critique Denis (coups de pied) et Véronique. La critique est inscrite (6) mais la classe réagit : il attaque les petits. Critiqué à son tour.

Décision : ceux qui veulent, prennent Christian pour ne pas qu'il soit tout seul.

- Le 9/10: causette : Avec «son copaimJ (6 ans) qui s'appelle aussi rrDenis» a ramassé trois kilos de pommettes (azerolles). (En classe nous avions fait de la gelée). Il a ((racontéJJ la recette à sa grand-mère, qui a fait de la gelée.

((Tu peux faire un texteJJ (li le fera et le lira tout à l'heure au choix de textes (7). Il n'obtiendra qu'une voix : celle du maître).

- Le 10110:

Re-raconte les semelles chez son rr PapiJJ. Mais cette fois, pas de questions. La causette n'encou- rage pas les redites. Par contre, elle s'intéresse au self-service oti Christian a mangé.

Pose des questions à Denis (dont le père est détartreur): A quoi ça sert le tartre ? (Cette discussion débouchera sur un exposé).

Coi1seil : se re-plaint rrOn me bat à la récréationJJ.

Mohamed : Denis, moi et Gino (trois leaders), on le défend. Mais les C.M.2 sont forts et nombreux, et ils oous attendent à la sortie.

Décision : Quand les autres tapent Christian sans raison (si on est pas les plus forts), on va (en cachette) avertir M. Laffitte. Véronique (petite taille, est choisie pour cette tâche). Moi, je n'ai rien eu à dire, quant à la procédure.

Le 12110 : Ne dit rien à la causette.

- Le 13/10: A vu Goldorak à la télé, mais ne peut le raconter (ceux que ça intéresse peuvent Io regarder: Christian précise l'heure et la chaîne).

- Le 15110: conseil: Avec Firmin et J. Marc, il embête Mohamed (qui le défend, pourtant). Est critiqué. Critique à son tour Gli10 et Firmin. Ça s'éternise. Défenseurs et avocats s'affrontent. Je signale que le cas Christian a été évoqué. On lui a demandé d'essayer de ne pas embêter. Quand il y arrivera 011 discutera de ceux qui /'embêtent à lui.

Au prochain conseil, on demandera : ((Qui se plaint do Christian ?JJ. On comptera (8).

- Le 17110:

causette : Raconte la kermesse rrdu pèreJJ.

Beaucoup emboîtent le pas. Faites des textes. On fera un album.

Conseil : Demande quand on pourra re-jouer avec les sarbacanes (que le responsable avait renfer- mées: non respect des règles de vie).

- Le 19/10: causette : A vu Scoubidou, est allé au club, a joué avec rrson copainJJ et après... et après ... : Il se fait couper la parole. rrOn ne dit qu'une ou deux choses importantesJJ ... d'autres ont à parler, et on ne va pas rester là toute la matinée.

(7)

- Le 21110: conseil:

Un seul critique Christian («C'est très bienJJ) : c'est Mohamed - Je jouais, il jouait, il m'a cogné.

Pas fait exprès. Excuses. On passe.

Christian se plaint d'Alex, qui lui a déchiré le pull (Mohamed témoin). Alex est critiqué.

Se fait critiquer : oublie de faire son métier.

- Le 23110: Obtient deux voix à son texte sur la kermesse.

- Le 24110:

Est remercié par Karine (avec Denis et Alex) pour avoir bien tiré son texte.

Re-re-parle des semelles. On parle de /'emporte- pièces. On lui conseille d'en faire des textes et on passe.

Rien d'extraordinaire, /à-dedans. (Je n'avais même pas senti la nécessité de le retranscrire dans le dossier où je gardais les <<documentsJJ de Christian).

Et pourtant ! Par là, il a pu parler (de) son univers, être écouté, exister, et il peut se douter que les autres existent aussi.

• Ce sont les vacances. Christian, déjà remarqué dans la cour, par les élèves et les collègues, devient un peu <rnn cas» malgré moi, puisque je pense : «Je pourrai peut-être écrire son histoire». Mais (heureusement), je n'ai pas que ça à penser. La classe qui se construit, capte autrement mon attention et mes soucis. Et puis Christian a l'air heureux d'être là. Tant mieux.

Novembre : Coups et critiques

le 3 novembre : Les couleurs de niveaux

• Deux stagiaires C.A.E.I. sont en classe pour quinze jours. Mise en place du travail individualisé pour l'entrainement. En fonction des «couleurs» de niveau (9) : un «programme» de travail, pour changer de niveau, est distribué. Christian est dans la moyenne supérieure (de la classe).

le 7 novembre : Les équipes

• Pour la première fois fait l'appel sans que j'aie à le lui rappeler.

• Au conseil, critique calmement Manuela (sauvageonne gitane, qui fait peur à beaucoup par ses réactions) pour ses retards : «Après il faut que je la barre». Après discussion et déplacement de l'heure d'appel, il maintient sa critique et demande qu'elle soit inscrite (10). Accord.

Manuela encaisse.

• Responsable occasionnel d'une équipe (tirage pochoir).

Tiràge impeccable, sans histoire.

• La classe est partagée en équipes. Elles pourront être modifiées. Mais pour les premières, c'est moi qui les mets en place (ratifiées par le conseil). Christian est dans l'équipe Denis avec Mohamed.

Le 9 novembre : Coups

• Le jeudi matin, au stade, il y a quatre classes de perfectionnement de deux écoles différentes. Un élève de l'autre école, tape Christian, Gino, très petit mais agressif, intervient : «Tu le laisses ?». Karine, une grande de la classe est témoin : «C'est lui qui a commencé, qu'il se débrouille».

Le 10 novembre : Projection

• On projette son histoire, dessinée sur diapositives. Il commente. Histoire complexe, incompréhensible, où beaucoup de choses explosent. Des fusées qui prennent le départ.

Pour lui, tout cela semble logique, et il s'y retrouve très bien. Il fait observer que certaines diapos ne sont pas dans l'ordre. On ne s'en était pas aperçu (*).

Le 16 novembre : Re -coups

• Au stade, Alex aussi grand que lui (cf. pull déchiré du 21 /10) le taquine. Christian lui envoie un coup de poing.

Alex capitule.

Le 17 novembre : Le vivarium

Avec ce même Alex, sous la direction des deux stagiaires, participe à la construction d'un gros vivarium pour la classe. Il a quelques difficultés pour visser. Un stagiaire croit utile de l'aider. Il se fait repousser sèchement : «Je le ferai tout seul» (et il le fait).

(*) Ça fait penser à Goldorak, dont Christian a déjà parlé le 6/10 et le 13/10 ... sans le succès qu'il en attendait. (On pourrait, à ce sujet, faire un petit topo sur «Christian et la répétition JJ : les semelles de Papi, le curé, thèmes de rêves. et de textes - cf.

plus loin). Bref, ce spectacle n'était-il pas une projection (!) de «Christian-GoldorakJJ (voir le ramassis de mythologies connues que ça trimballe ... avec en prime, la toute puissance du père, dans ce feuilleton «plus fort que la mort>>!). (Note de M.

Cottereau).

(8)

Le 21 novembre : Critiques

• Conseil :

- Il intervient en tant que responsable (à l'essai) d'une équipe imprimerie. Manuela (la sauvageonne), a fait jouer la petite Véronique en nettoyant les caractères. C'est Manuela qu'il critique (parce que c'est la plus grande).

Habile en manipulations Manuela se défend. Christian ne cède pas. La critique est inscrite.

- La «bande à Gino» l'accepte pour jouer, à condition qu'il respecte leurs règles et ne soit pas brutal.

Le 28 novembre :

Mais les brutalités ne cessent pas pour autant. Pour prendre contact, il taquine et ne se maîtrise pas. Se fait de plus en plus critiquer, et devient une vraie calamité. On se passerait aisément de Christian et je dois intervenir, parfois, pour ne pas que le groupe ne l'écrabouille.

Ça m'embête, car on n'arrive pas à lui faire comprendre qu'il a le droit de se défendre mais pas celui de casser les pieds. Lui, ne sait trop que faire. Il critique beaucoup, aussi les responsables qui font mal leur travail (lui, s'est fait enlever son métier : l'appel).

• Au conseil, Christian est élu responsable «des remercie- ments» (tiens !) : quand quelqu'un (parent, ami ... ) a donné quelque chose à la classe, il remplit un formulaire tiré à l'imprimerie et l'envoie.

Décembre · Les textes

Le 2 décembre :

Denis, nouveau responsable des absents est ... absent.

Christian de son équipe, demande spontanément à relever le nom des absents à sa place.

Le 6 décembre :

Au stade : «M'sieur, il m'embête (un grand d'une autre classe)». Je le vois, c'est vrai. «Ben, défends-toi. Là, tu peux lui envoyer un pied aux fesses».

Le 7 décembre: La visite médicale («J'ai eu

37»)

Il commence à écrire des textes par séries. Certains sont inventés. Il me les donne à lire. Il en lit certains à la classe. Ils ne sont pas élus. Voici la première série : - A Paris : Voyage en famille situé le 28 juin, mais

apparemment, H s'agit de Pâques (Christian achète une

«clocheJJ et son père «est allé chercher une poule chez un monsieurn).

- La classe de neige : Est allé en classe de neige avec son anèienne école. L'horaire est très précis.

- Le jardin des merveilles : Texte surprenant. Ce sera le seul dans ce genre.

Une petite fille ramassait des fleurs pour sa maman. Il y en avait de toutes les couleurs. Le printemps arrivait. La petite fille était heureuse, elle avait fait un gros bouquet.

Parmi ces textes, un, en particulier m'accroche :

La visite médicale

<<

Mercreçli après-midi , j e suis allé à la visite

m édicale, on m 'a déshablÏlé et p esé. On m 'a fait faire pipi dans un b ocal. Ils m'ont vérifié. J 'ai le pipi rouge. J 'ai eu de la fièvre. J e sui s allé au lit sans manger. C'é tait sur le carnet. J 'ai bu un bouillon chaud. J e dois encore y aller.

L e 15 décembre après-midi, j'ai vu Mohamed à la visite. On lui a fa it une piqure au dos. Il fallait pas que j'aille à l'école. Il fallait que je reste au lit p arce que c'é tai t très douloureux. M ami m'a fait la température. J 'ai eu 38, 5 de fièvre. J 'étais fatigué. Le docteur m'a dit que je prenn e des pilules le matin et le soir et samedi j e sui s allé à l'école. J'ai eu 37. C'était b on. J 'a vais pri s deux pilules».

Ce texte me parle :

Il a parlé, ce matin, de «sa» piqûre. On a parlé du vaccin, du B.C.G., du sérum, etc. (Il a vu, au dispensaire, M. R.

l'ancien maître de la classe, avec son fils).

«Ils m'ont vérifié»; «J'ai le pipi rouge»; «C'était sur le carnet» ; «Il fallait pas que j'aille à l'école» ; «Mami m'a fait la température, j'ai eu 38,5» ; «Je suis allé à l'école.

J'ai eu 37, c'était bon». Il me rappelle un certain 26 octobre au soir. «Vous avez pensé Christian est malade. Moi je n'ai rien remarqué».

Puis cette piqûre : on la fait à Mohamed. Elle est

douloureuse pour Christian. C'est a posteriori que ça paraît vraiment intéressant : Mohamed n'est pas n'im- porte qui pour Christian ... cf. sociogrammes du 18/12 et 10/5. cf. le 9/12 -18/1 - 20/6. cf. «Christian et les autres».

,.

(9)

le 9 d écembre : Le copa in Moham ed

Quatre le critiquent au conseil. Bizarrement, Christian attaque ceux qui le défendent (Denis et Mohamed de son équipe à qui la classe a plusieurs fois demandé «d'aider/

d'endiguer Christian»). Je pense : «Il n'aime pas ces protecteurs qui l'infantilisent».

« - Veux-tu, oui ou non, rester dans cette équipe ? - Oui !».

C'est net et sans hésitation.

La classe parle de lui : il est le souffre douleur des petits, à la récré. «Il se défend pas». Mais en cette période, «les perfs» en général, ont des démêlées avec les autres.

Décision : «Nous prendrons les récréations à part, dans le terrain derrière l'école». Ils sont contents à cette idée.

Christian n'est donc pas seul. Il est un élément non négligé (et non négligeable ! ) d'un ensemble : la classe.

De plus un premier copain apparaît dans la classe : Mohamed, 12 ans.

le 18 décembre : Sociogramme

• Nous faisons un sociogramme ( 11)

Sur le journal de bord, commentant le sociogramme, j'écris : «Equipe Denis-Mohamed-Christian. Denis et Mohamed aiment travailler ensemble. Leur coopération, en effet, est très efficace. Christian, l'isolé, aime travailler avec Denis et jouer avec Mohamed «son» (nouveau) copain. Mais il ne les mentionne pas à «obéir». (Il choisit Karine et Ginette, deux «grandes»). Mais au conseil, il a dit : «Je veux rester dans cette équipe». Apparemment, ça peut continuer».

Le conseil

• Le soir je revois la grand-mère qui est d'accord pour lui faire faire du judo (avec Mohamed, qu'elle appelle

«Mahomet»). Puis elle ajoute : «Il faut que je vous raconte ... » l'histoire de sa fille, mariée avec un fils de riche, divorcée, qui revit avec un autre homme, lequel n'aime pas Christian. J'apprends aussi quelque chose qui me paraît plus important, encore : «Samedi dernier, le grand-père paternel, voulait emmener Christian en voyage. Christian a refusé absolument :

«Non, le samedi, y 'a l e apr ès, j e sa urai plus o ù j' e n

le 19 décembre :

conseil, s uis /))

Nous prenons les vacances de Noël. Rangement de la classe

+

goûter

+

pièces de théâtre

+

chants. Christian heureux, rit et chante comme les autres.

Janvier :

Je m'appelle Christian

le 5 janvier: Il joue comme les autres

Nous jouons à des jeux d'équipe pas faciles, nécessitant une stratégie. (Drapeau collectif, chasse à courre ... ). Mais on ne remarque plus Christian : il joue comme les autres.

le 8 janvier : Couverture du journal .. .

Au lieu de la causette, nous choisissons (en retard) la couverture de «Notre moulin n° 2». Un beau père Noël, sur un char décoré, est élu. Dessous, au milieu, en gros, le nom du dessinateur : Christian. Il fait donc partie des meuniers (12). Il en est très heureux et le montre.

le 9 janvier: Et page «Notre vi e»

Nous rédigeons ensemble, la page «notre vie» du journal.

On note «ce qui s'est passé d'important dans la classe».

Christian rappelle : la construction du vivarium, pour laquelle il a été félicité, avec Alex, au conseil.

le 12 ja nvie r : Repères

A la causette, il décrit une promenade avec une précision extrême (on verra réapparaître le nom des rues, dans un texte) :

La promenade

<<Mardi

après-midi~ à

2 heures, on est allé se promener a vec mon p épé. On a pris la rue des Cygnes. A la rue Paul Ricard, on a pris un petit chemin pour aller

à

la Plantade. Après on est reparti>>.

Le texte rappelle étrangement, la première sortie que la classe avait faite, en septembre, dans «notre quartier», dont nous avions témoigné dans notre Moulin n° 1 et qu'on avait intitulée : «Chez nous» (Rue des Cygnes, les docks, la Plantade, etc.).

• Dans plusieurs textes de Christian, on peut noter une obsession du détail (cf. La classe de neige, le voyage à Paris, etc.).

• L'après-midi, en mosaïque, il réalise la cathédrale Saint- Nazaire de Béziers. A ce sujet, il me demande des détails si précis, que je ne peux les lui donner. Je pense : «Est-il en train de se retrouver et rebâtir son monde, dans sa ville d'adoption ?».

(10)

Le 18 janvier : Rentrée et sortie de la grand- mère

Sa mère vient en coup de vent pour le dossier de bourses, voir la directrice. Elle ne reste qu'un quart d'heure. Elle vient en classe avec la grand-mère pour voir Christian. La grand-mère me demande, si je peux le laisser sortir. Christian n'a pas l'air très enchanté (ce qui a l'air d'enchanter la grand-mère). Elle parle fort publiquement :

«Il faut pas le forcer, à ce petit. S'il veut pas, il faut le laisser (à sa fille). Tu veux, Minou, ou tu veux pas ? (à Christian).

(A sa fille) Tu vois, son meilleur copain ? Là, le frisé (Mohamed) ... ».

Ça me gêne. Est-ce que ça gène Christian ? Cette grand-mère commence à m' ... De plus, en cette fin de journée, on n'avait pas besoin de ça (mauvaise après- midi). La mère a-t-elle un jour eu la parole ? Elle ne dit rien, sourit, supporte, subit etc. Je m'assure que Christian dit bien «non», et je les évacue toutes les deux. Christian semble soulagé. J'ai quand même appris, entre temps, que Christian pleurait quand il fallait qu'il manque la classe.

Le 19 janvier: Perturbation de l'équipe

Hier, Alex, (autre rejeté et «ennemi» de Christian, cf. sociogramme

+

pull déchiré), est allé dans l'équipe Christian. Denis et Mohamed s'était proposés pour soulager l'équipe Gino où Alex faisait du ravage. De plus, Christian gênait bien moins depuis quelques temps.

J'apprends, après-midi, qu'il n'a pas mangé. Il était pâle, tendu et n'a même pas pu pleurer. A refusé de dire ce qu'il avait. C'est Mohamed qui m'apprend ça, et ce sera confirmé par une visite ultérieure de la grand-mère. Je ne peux m'empêcher de relier cela avec la venue d' Alex dans l'équipe. Mais j'attends que Christian en parle lui-même au conseil (ce qu'il ne fera pas).

Le 22 janvier: Blagu es (J' ai eu B1)

Il écrit beaucoup de textes qu'il ne lit pas à la classe. Il me les montre. Je ne peux les lui corriger tous comme il me le demande. Je ne veux pas trop savoir ce que véhiculent ces textes, ni ce que re-joue et/ou re-cherche Christian en les écrivant et en me les montrant. Deux m'accrochent, cependant :

Le premier :

Au lycée

«J'ai eu B 1(* ) sur le contrôle de math. J'ai eu le breve t d'écriture. On m'a félicité au conselÏ sur les problèm es. J e suis vert, j'ai eu 50 mots iustes sur 60 m o ts, ça m 'a fait B 1 , j'ai passé bleu > >. ·

Le second :

Blague

5 heures : une poule pond un œuf.

8 heures : Tiens, tiens, la poule dit: Oui c'est qui m 'a pri s m on œuf ?

Le f ermière dit: C'es t moi qui te l'a pris pour l e manger.

Imbéci le : Y'a un poussin>>.

Le «e» de fermière a été rajouté après.

Qu'est-ce qui pourrait naître ? En tout cas, je vais lui rendre ses textes, en lui disant que c'est à la classe qu'il doit les lire. Et j'éviterai de lui demander de me faire lire des textes qu'il ne lit pas au choix de textes. (Je prends connaissance de ces deux textes et les recopie un jour oü Christian est absent).

Le 27 janvier : Histo ires de fous

• Hier, il m'a encore remis une série de «Blagues». Je lui fais remarquer que c'est à la classe qu'il doit les adresser, s'il le veut «C'est pour me les corriger». Je les recopie, et les lui redonne, corrigés. Dans ces textes, Christian donne libre cours à la fantaisie, et ils m'apparaissent fortement marqués symboliquement (cf. Le fou -J'ai eu 37 - J'ai eu 81 ... ).

(*} Il existe un système d'épreuves 81, 82, 83, en écriture. Christian a eu dernièrement un 81 et 82 (il a su recopier impeccablement deux textes de huit lignes chacun}. Mais il n'existe rien de comparable en math et en orthographe. Or, Christian est très au courant de ces institutions. Pourquoi mélange-t-il tout ? Peut-être, simplement, pour adapter la réalité à son désir de réussir, de grandir... Pourtant, ce texte porte autre chose qui fait résonance : ce «j'ai eu 81 », n'est pas sans me rappeler le «J'ai eu 37 de fièvre. C'était bonJJ. (cf. 28111. La visite médicale}.

(11)

En voici certains :

«Trois petits garçons disent la même chose : 48-49-50

Y'a n'a un qui dit: 50- 49- 48 Tu as le cerveau

à

l'envers)).

«Trois petits

à

une dame : Vous me donnez 3 f, je vous rend 1 F 50. La dame dit : tu es tombé de la tête. C'est mon prof d'anglais qui me la dit)).

Blague:

Une poule fait un œuf. Le fermier dit: il est dur.

Parce que j'ai de la force.

Conte:

Une sorcière vivait dans une maison ou y'avait un loup enragé.

Maintenant elle fait réapparaÎtre.

Conte:

Blanche-Neige était parti dans les bois. Elle rencontre le loup, lui di t où tu vas comme ça.

Il fait nuit. E lle dit : j e vais rapporter de la nourriture pour ma grand-mère. Les 7 nains mangea une tartine car il avait un peu faim. Il se disa où est Blanche-Neige. Puis elle arriva. Les 7 nains dorma .

Une histoire d'inattention :

L'enfant confond le pain et le chocolat avec le pain au chocolat. La mère est en colère.

Reprise dans celui-ci :

«Totoche dit : je vais faire un goûter (*). Je chie, je le mets dans mon pain. Totoche goûta, il dégueula(**)».

Je m'appelle Christian

Aujourd'hui, le seul (après Mohamed), me critique au conseil :

(*) La grand-mère organise des goûters à la maison pour attirer les amis de Christian.

(**) En quoi est transformé le cadeau-nourriture de la grand-mère ?

«Je signale au maÎtre que 1e ne m'appelle pas Firm in, mais Chris - tian»

A vrai dire, je ne me souvenais pas l'avoir confondu ces jours-ci, mais il est vrai, que pendant un certain temps, je les ai confondus, tous les deux. Mais Christian lui, s'en souvenait ; le 30/9, sur mon classeur, j'avais commencé à noter «toujours en train de taquiner»... Sur la page de Firmin, au lieu de celle de Christian (la phrase est barrée mais reconnaissable).

• S'est fait critiquer car «il prend et détériore les affaires des autres». Alex («par hasard») suggère de l'isoler.

«Attention, si tu continues, tu risques de te retrouver seul».

Février : Les rêves

Le 5 février: Enfants sans loi

• Je suis parti une semaine au centre C.A.E.I. (Regroupe- ment des maîtres recevant des stagiaires). Pendant mon absence, la classe a fait parler d'elle. Bagarres, disputes, insultes... La directrice s'est faite traiter de c... par Manuela qui, une chaise à la main était (re)devenue une furie. La maîtresse de service s'est faite insulter par J.Marc, et la remplaçante, à bout, n'a pu enrayer le mécanisme. Elle n'oubliera pas cette semaine. Dans ce climat, Christian s'est battu avec Manuela, devenue terreur pour tout le monde (y compris certains adultes).

Paraît-il qu'à la récréation, elle n'a pas eu le dessus, avec lui.

• A la causette, j'entends, sans entendre : «Denis et J.Marc sont venus, on est allé s'amuser ... ». Ainsi, il n'y a plus seulement Mohamed qui commerce avec Christian.

(Mohamed que la grand-mère amadouait - habits, gâteaux ... - pour qu'il vienne à la maison).

Le 8 févri er: «Commission Educat ive»

Parents, instituteur, directrice, psychologue scolaire, se réunissent pour examiner les cas d'enfants devant quitter

la classe de perfectionnement (à 12 ans). Cette commis-

sion communique ses souhaits et propositions à la Commission de Circonscription de !'Education spécialisée, qui statue en tenant compte ou pas de l'avis de la Commission Educative.

• La grand-mère et la mère de Christian sont là. Christian aussi.

(12)

• Il est devenu <<Un cas». J'avais préconisé un an de plus en classe (la grand-mère en semblait ravie). Le psycho- logue précise qu'avec 87 de Q.I. (j'apprends là, le Q.I. de Christian), cet enfant ne devrait pas être ici, qu'on s'est trompé d'orientation. De plus, Christian ne pose pas de problème majeur à la classe. (J'entends plus ou moins :

<dl a perdu un an» - Il ne vient à l'idée de personne, qu'entre septembre et février, il ait pu changer).

Sont évoqués la S.E.S. (le psychologue lui, propose C.P.P.N., vu le Q.I. élevé), la classe «normale», un placement à Montpellier où Christian pourrait bénéficier d'une psychothérapie (cris de la grand-mère : il a besoin de moi 1 ). Le psychologue est d'accord pour donner la parole à Christian :

«Je veux a ller au lycée (S.E. S.) avec mes copa ins»

(Je pense : «Je veux grandir comme les autres»).

On s'en tient donc là, pour le moment. Je suis content que la parole de Christian coupe court aux spéculations qui risqueraient de parasiter «l'histoire» qu'il amorce cette année (et que finalement, je ne fais que soupçonner).

Le 12 février :

• Je le vois arriver tranquillement, le matin, avec J.Marc et Mohamed. En texte libre, il raconte ses journées avec ses copains (de la classe), et j'ai tendance à oublier à la période où (à la causette entre autres) son univers se limitait aux goûters de mami «au» copain de 6 ans, et aux semelles de papi.

Le 13 février: Conseil et agressivité

• Au con'seil : «Je critique Manuela. Je lui ai donné un coup de poing». Tout le monde le regarde surpris. Il continue : «Oui, elle est allée le dire au maître. On n'a pas à cafarder. On le dit au conseil, c'est fait pour ça».

• Mais Christian commence à fatiguer tout le monde. En classe, il parle, travaille, produit parfois, mais ses taquineries et brutalités exaspèrent Denis, Mohamed, les autres ... et moi. De plus, certains (Gino, Alex etc.) le provoquent en douce.

• Mais le plus important est son attitude (nouvelle) vis-à-vis des affaires des autres. Il «prend» («Moi je dis que c'est du vol» précise Alex) gommes, stylos, règles etc. refuse de les rendre, ou les détériore parfois quand on les lui prète.

Les critiques pleuvent. Gare à l'exclusion de l'équipe.

Décision : «On ne prète plus rien à Christian pour une

semaine de plus (la décision avait été prise au précédent conseil»).

On pourra ainsi, voir Christian, errer pour se faire prèter des feutres, puis, résigné, faire son dessin avec ses crayons de couleurs.

Les rêves

• Causette : Il raconte son rêve de la nuit passée :

«J'étais au lit. Au grenier y'avait une dame : Pomme rouge. Puis c'était comme une gare.

Une dame à l'en trée m'a donné deux feuilles de papier. E lles m'ont dit: «Cache- les)). Mon papi, derrière moi, m'a dit: Tiens-toi droit (j'avais caché les feuille s dans les manches). Puis, dans une salle de dentiste, une dame soignait l'autre.

La machine pour soigner les dents, elle parlait)).

Les questions des copains ne permettent pas d'éclaircir.

Le rêve est raconté avec des détails, mais très confusé- ment. Christian a vraiment rêvé cela, semble-t-il. Je suis président-secrétaire de la causette à cette époque. Je ne pense pas que, cette situation soit bonne pour poser des questions sur ce genre d'intervention. Je conseille à Christian d'en faire un texte libre.

Le 24 février

Christian me donne une série de textes-rêves écrits, à lire.

Je reprécise que ça m'intéresse mais que c'est pour la classe qu'on écrit les textes, donc je les lui redonnerai.

(orthographe respectée).

Mon rêve : (ortho respectée)

J 'ai rêvé que je discuter avec J. Marc. Le lendemain de l'école, à la récréation, j'ai jouér au bille avec Firmin puis, à 12 heure j'ai jouer au tas avec Jean. Après, j'ai manger et on a fait un concours de bi lle avec CarguloS)).

2 (Texte du rêve raconté le 13/2)

J 'ai rê ver que j'était dans mon lit puis je suis

aller voir dans mon g renier. Il y avait une vieille

dame qui s'appelait pomme rouge. Un peu plus

tard, à l'entrée d'un grand magasin, une dame

m'avait donné 2 feuilles. Puis 2 dames so nt

venus qui me disaient prend les feuilles et

cache-les parce que mon papi , si le savait. Il

(13)

était arrivé. Puis, je l'ai quitté. J 'a i vu un dentiste que la machine parlaient.

3 (Le père apparaît pour la première fois en tant qu'interlocuteur de Christian)

J 'ai rêvé qu'un samedi, j'allais chez mon papi.

Puis, 114 d'heure plus tard mon père étaient arrivé et il me disait : tu viens te promené.

Lundi, à l'école à la récréation on a joué aux bH/es. A 12 H on est allé manger. Je mettais des soldats et des bH/es, pour l'école. Le lendemain mon maÎtre est absent. Je vais dans une classe ou il

y

a qu'une élève de 6 ans. Puis

à

12 h, je vais

à

la maison. Je monte au grenier, ie vois plein de soldats, de billes. Y'avait ma mère et en 114 d'heure, Baptiste

(*)

arrive il nous mène faire une commission. Moi je pleurais qu'il voulait pas que j' aille

à

l'école.

4 Mon rêve (Ce texte lu à la classe et élu, sera imprimé sous le titre «Mon plus beau rêve»).

Vendredi soir, j'ai rêvé que j'étais devant l'école.

Les autres était sorti plus tard. Puis j'ai vu J.

Marc après, il

y

a un petit qui est venu m e donner une giff le, et

mOJ~

je lui ai donné un coup de poing, que je lui ai cassé ses lunettes.

Ma mami m'a grondé . Puis on est rentré

à

la maison. Puis ma mami avait fait des crêpes.

C'est moi qui lui avait dit. Puis, J. Marc est venu chez

mot~

il a mangé des crêpes. Le lendemain, on a jou é a la rosali dans le garage, avec mes copains. Moi, avec la rosali , j'ai descendu 2 marches d'escali ers. Et aussi, on iouait à conduire sans regarder . Puis, le lende- main, à la récréation de l'école, aux billes, je

fa isais tirer des pièces de 20 c. Mais il y en avait des trop belles, que je voulais pas les faire tirer.

1

Christian

(*) Ce texte n'a pas été lu à la classe. Je n'ai pas posé de question pour savoir qui était «Baptiste JJ.

Je présume qu'il s'agit du deuxième mari de la mère de Christian.

5 Chez mon papi.

Mercredi matin, je suis allé chez mon papi. O n a écouté des cassettes puis, le vendred i après midi, on est allé au cinéma voir les gendarmes et les extra-terrestres, avec Louis de Funès. A l'en. tr'acte on a· mangé un miko. Puis ma mami est venue nous chercher pour all er ch ercher Zizou au vétérinaire à 6

h.

Intermède

Je suis heureux, pourquoi ne pas le dire, que Christian parle de son père. Sensation d'avoir (avec la classe) rendu possible quelque chose. Le père (re)apparaît en tant qu'acteur, je traduis : progrès.

Je suis si content que je me laisse aller à en parler à la récréation, à un collègue, un copain avec qui je peux parler de ces choses-là, sans trop provoquer de réactions de défense.

Il s'intéresse, on parle responsabilités, action de la coopérative. Il pense essayer quelque chose avec son C.E., l'an prochain. Il pose des questions auxquelles je réponds. Mais hélas, pas à voix basse. Un autre collègue, voisin, a entendu ce discours qui, au départ ne lui était pas adressé, mais qui lui a (trop) «parlé» semble-t-il.

Faussement goguenard :

- Je me demande où tu vas chercher toutes ces conneries ! Tu te les inventerais pas, des fois, non ? Tes gosses, je les vois, ils se battent comme les autres. Y a des gosses cons et d'autres intelligents, y a rien à faire.

Ton Christian est con et il restera con. Un point c'est tout.

A quoi bon répondre ? Tout essai de justification m'enfoncerait et renforcerait la défense. Je m'en sors par mon statut de collègue «à part».

- Oui, il fait partie des cons. C'est comme certains instits. Excuse-moi, j'ai à faire.

Décidément, je suis vraiment «bizarre>1, je ne suis pas causant. La directrice a raison qui conseillait aux stagiaires de novembre : «Ne le suivez pas, il est un peu fou» !

Le 26 fé vrier :

Elu

Lu à la classe, le texte «Mon plus beau rêve» est élu.

C'est le premier. Christian sourit, semble satisfait, mais ne manifeste pas de joie exubérante. Apparemment, je suis plus content que lui. Je pense : «Il fait vraiment partie des meuniers».

(En fait, ce n'est pas tout à fait le premier. Christian avait

(14)

écrit une «blague» plus ou moins issue d'un livre (cf.

textes du 27-1) et l'avait passée à Mohamed qui l'avait lue et avait été élue. J'avais repéré la chose. La blague a été imprimée et signée : «Christian d'après une histoire»).

Christiari et l'échange

A cette époque, il n'échange d'ailleurs pas, que des textes. Il est un fervent adepte, depuis janvier/février de la mode du moment : les billes qui servent à «déquiller» des soldats. Occasions de disputes, mais surtout d'échanges, d'évaluations.

Il semble que Christian entre en relation, négocie, adapte sa relation à l'autre d'une manière vivable : avec des médiateurs, des symboles, grâce à l'échange. 11 ne détériore plus. La mode des billes passée, il sera le seul, pendant longtemps à continuer de rechercher . des partenaires pour jouer. Cette importance des billes, apparaît nettement dans ses textes libres. Christian apprend ainsi à évaluer, supporter que l'autre existe, accepter la loi, à ne pas se faire rouler.

En juin,· sera un des plus fervents adeptes du «marché», quand la monnaie intérieure sera introduite. Il vendr~ ou tentera de vendre une foule de choses : soldats, billes, stylos, etc. Je m'apercevrai alors ( ... mais un peu tard), du rôle éducatif et thérapeutique qu'aurait pu avoir pour Christian, cette monnaie intérieure, si elle avait été introduite avant.

Mais en classe, Christian a d'autres occasions de (ne pas) donner.

- Son histoire (causette - texte).

- Ses notes, factures, idées pour les problèmes (c'est lui

qui en porte le plus), ..

- Du matériel ou des ingrédients pour notre cuisine coopérative.

- Son travail dans l'équipe ou pour la classe.

- Son dessin ou texte pour le journal. Son album pour la classe.

En échange, il reçoit des avis, des appréciations, des critiques, des félicitations, des remerciements, des qualifi- cations (brevets), des responsabilités, de la liberté, du pouvoir ... Bref, une certaine «densité d'existence».

Mars · Les albums

Le 2 mars

• Causette : «J'ai rêvé que mon père m'accompagnait au marché. Je prenais la bagnole pour aller à Narbonne. Je

vois ma cousine sur le bord de la route. J'ai sauté le fossé avec la bagnole».

- Mohamed : T'étais fort, alors ...

- Christian : oui ! ».

La discussion va bon train. Christian donne des précisions que j'ai du mal à noter. Parmi elles : .

«Mon père m'avait donné des cigares. Je ne les a1 pas voulus, je les lui ai redonnés».

• Hier 1er mars Christian a présenté, comme les autres, des

d~ss ins

: c'étaient des attitudes de personnes (parmi elles, sa grand-mère). Des croquis, précise-t-il. Admiration de la classe : je lui ai proposé de faire un «Album (13) Attitudes».' Cet après-midi, il a dessiné. Le soir, les dessins traînent : «Tu n'en fais rien, de ces dessins ? - Non ! - C'est bête de les jeter. On les met dans ton dossier ?» (Les élèves sont au courant : le maître garde les brouillons, dessins, etc. inutilisés, pour voir nos progrès. On peut consulter son dossier, refuser de m~tt~e

quelque chose etc.). Parmi ces dessins ramassés, celu1-c1 : Repassé au feutre orangé, le reste est au crayon noir

Ou., t<1

...tt..c.. ? 1l- ~ ~

~'tvi~ a, )L &&..~

• Au conseil de mardi (27/2) a été encore critiqué : donne des coups sans raison, malgré plusieurs avertisse- ments. Décision : son texte, élu, est en attente à l'imprimerie. (Pour rentrer dans la classe et le journal, il faut respecter le conseil. Son texte sera, bien sûr, imprimé plus tard).

e Continue à donner des textes aux copains (J. Marc et Mohamed). A la lecture, je les repère et les refuse. Ces textes sont à Christian. J. Marc et Mohamed sont très capables d'en écrire.

Le 12 m ars : J'en p eux plus !

• La grand-mère vient me voir, inquiète, perdue : Christian est trop pénible pour qu'elle le garde :

(15)

\

1

- J'en peux plus ! Il taquine sa petite sœur, refuse d'obéir, etc. Le 8 février, lors de la commission éducative, avait été évoquée une école de Montpellier. (Internat : Centre d'Observation et de Psychothérapie). L'idée de se séparer de Christian, n'est plus une chose horrible. La commission officielle (C.C.E.S.) où je n'étais pas invité, lui a aussi proposé une C.P.P.N. (Christian n'est pas un élève de S.E.S., son Q.I. élevé etc.).

Puisque la grand-mère me demande mon avis, je peux peut être profiter de son désarroi, pour éviter qu'une c ...

ne soit faite. J'explique comme je peux, en dramatisant les risques (Christian est parti jouer avec ses copains) : - Il a besoin d'un homme pour modèle. (Ce qu'elle me dit de son mari, confirme ce que je savais déjà : il ne compte pas).

S'il reste uniquement avec des femmes, ça peut devenir catastrophique etc.

Christian revient chercher sa grand-mère. Ça tombe bien.

Je lui demande son avis : il n'est pas catastrophé d'aller à Montpellier. Je dis donc clairement que s'il ne peut aller avec ses copains, en S.E.S. (comme il l'avait demandé), il faut choisir Montpellier, et refuser les autres propositions.

• J'apprends au cours de la discussion :

- Christian parle beaucoup de l'imprimerie (en classe pour l'impression de son texte, il a demandé à passer son brevet de correcteur).

- Le 26 février, est arrivé rouge, essouflé, excité, il pouvait à peine parler :

«Mami I Mami I Ça v est, ils m'ont

choisi, ils m'ont mis dans le jour- nal I

>>

- Il craint le conseil : il a été très heureux le jour où son équipe (au conseil) lui a «donné une chance». C'est la grand-mère qui parle : J'ai l'impression qu'elle aussi

«craint» le conseil.

Lettre au correspondant

Il lui parle d'un chien mort, de ses jeux au club, du conseil, de son texte élu, mais ne répond pas à ses questions. Je le lui fais remarquer, lors de la correction de la lettre, et l'invite à rédiger les réponses.

- Non, ça va bien comme ça.

L'autre existe-t-il ? (cf. les affaires qu'il «prend» comme si elles étaient à lui). Je ne peux pas ne pas réagir :

- Si tu ne t'intéresses pas à ses lettres, à lui, à ses questions, il ne s'intéressera pas aux tiennes. Pour recevoir il faut donner etc.

Il acceptera finalement de répondre aux questions d' Aziz.

le 17 mars : Nouvelle équipe

Le conseil décide un changement d'équipe : Christian et Danielle (une grande hébétée) permutent.

Denis Karine

Mohamed Véronique

Alex

========= ==========

Danielle

Christian 4;

le 27 mars : Deuxième album : Les robots

• Au conseil, sept se plaignent de ses brutalités.

• Il travaille activement à son album «Attitudes» (il dessinera ses copains, sa grand-mère, son grand-père, une copie de dessin de disques, et une tête inconnue. (Il discutera l'adjectif «inconnu» quand on cherchera le titre pour cette tête, puis l'acceptera).

• Il projette un autre album de «Robots inventés». Il en a fait un à l'intérieur duquel se trouve tout un tas de mécanismes. Je pense, en voyant le dessin : Il s'intéresse à «comment ça se passe là-dedans».

le 2 avril:

• Album «Attitudes» terminé. Certains l'ont pris à la maison pour le montrer (comme on fait pour tout album).

• Il a commencé l'album des robots, mais les méca- nismes ont disparu. Comme pour l'album d'Alex, sur les voitures inventées, beaucoup emboîtent le pas et des- sinent des robots, en les donnant à Christian. Il est déclaré responsable de cet album. Avec mon aide, il en viendra à bout. Deux robots seront reproduits dans Notre Moulin n° 4.

(16)

Avr il : Repères

(Je rencontre un homm e )

Le 20 a vril: Il re trouve son c hemin

• Causette : J'ai dit à ma mère : «Je vais me promener».

Je me perds vers la poste et les halles. Je rencontre un homme en voiture. Je lui demande : «Vous m'emmenez à la route de Murviel» ? Je suis retourné chez moi.

• L'après-midi : Pendant les ateliers, je circule, aide, dépanne et à l'occasion, on bavarde. Avec Christian, ça porte sur ses responsabilités. Je lui dis, un peu sur un ton de plaisanterie : «Maintenant que tu as retrouvé ton chemin, tu vas devenir un bon responsable». Christian sourit, acquies'ce. Il a compris l'allusion. Il a reçu récemment son brevet de correcteur à l'imprimerie.

Le 2 1 avril : Mo hamed le remplace

Conseil : Dans sa nouvelle équipe, il gêne la petite Véronique (cf. son attitude envers les «petits»).

Décision : revient dans l'équipe Denis, et c'est Mohamed son copain, qui va dans l'équipe Karine.

Destitué de sa responsabilité tableau (les effacer), il est élu responsable des textes de lectures (classer les textes imprimés reçus par la classe, dans des chemises selon le niveau de lecture du texte, déterminé par le maître, surveiller, éviter qu'ils soient détériorés).

Au résultat du vote, il exulte et lève les bras.

Denis Alex

Karine Véronique Danielle

Mohamed

- - - -- - - -- - - - -+

Christian

Mai : Nos affa ires !

• Difficilement supportable. Il ne pose, en fait, aucun problème majeur, mais il perturbe tout : il «joue» toujours pour rentrer en contact avec les autres. Mais ses jeux, ses plaisanteries, ses taquineries sont souvent des coups brutaux. On dirait qu'il ne sait toujours pas régler la distance.

Denis capitule. Et je ne suis pas pour rien, dans cette capitulation.

Denis, choisi par Christian pour l'aider, s'occuper de lui, devenait un peu trop zélé. «Son» Christian lui cassait les pieds, et il répondait par des coups.

Décision du conseil : Denis ne s'occupe plus de Christian.

Christian se débrouille seul.

• Deux jours après Christian lit à la classe :

«Le petit lapin

Un jour un petit lapin se promena dans la forêt.

Il rencontra un gros ours qui poursuiva le p etit lapin. Son cœur battait de peur , et il tr emblait. Il alla dans un trou de h érisson qui r e joignai t dans une ca ve pleine d'araignées. Un monsieur entra.

Il se cache. Il trouve des carottes crues. Il les mange, et d'un coup il s'endort parce qu'il

y

avait de la poudre sur l es carottes.

10 minutes après, le monsieur d'après voit le lapin et le prend avec lui. Dans la nuit , ils s'échapèren t au fond d'un trou, il tomba et se faisa mal à la jamb e arrière. Puis il continua à marcher en boÎtant, jusqu'à la r en contre d'un loup, et le loup morda le lapin, et dans la forêt, le lapin était plein de sang>>.

Au dos de la page, un début de texte «Un loup et un

lapin. Un lapin avait mal à la jambe. D'un coup le loup

grogna». Un trait. Sous le trait : Denis (titre) dessous : il est ...

Un autre trait, de toute la ligne. Dessous, une tête et trois signatures : C. (le nom de Christian). Ces traits, appuyés, ce visage, rappelle celui de Denis.

• Le texte est élu.

Christian est heureux.

• Le lendemain, en sport : course et saut. «Le petit lapin» court normalement dans le couloir, et devient deuxième sauteur en hauteur, de la classe.

Le 10 mai : Deuxième socio gramm e

Deuxième sociogramme. Toujours rejeté par les mêmes (15). Par contre, est choisi par Denis, pour jouer, et il choisit d'obéir à un couple (Karine-Denis a.u lieu de deux filles (Karine-Ginette) comme au premier sociogramme).

Christian toute l'année, a taquiné, pris des affaires, posé

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