Elise FREINET
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IJ'rrnnée en r11111éc, nous nou.~ averceuo11s que l'expression "l'1\rt ù L'Ecole"
devient. por trop lim'ilnliue. No/.re e.cpéricncc, en cf{el, a débordé rlepuis long- lcm.71s les mnrs de l'école el ries milie11.r; enseignants, et tend à. gagner, rlé.rnnnqi,ç, le 11olJlc i:l!antier de /'Ar/.
Qurwd, dnns nos rlasses-arlislcs, nos en/anis poracltève11/ leurs œuvres, avec lant d'amo1ir, c'est par une sorte dr~ point d'honne.nr : il.~ savent qu'eltes seront œuvres spécialisées, destinées ù u.i1 vos te public cl, délibcrément, ils en af}(l1t- rlon 11enl la paternil<!, heureuJ;, simplement, qllc "cc soit beau". Les élèves de Saint-Benoit (î'icnne). rie Nellblan.1· (Jura), de quelque:s écoles d:u Nord et du Midi 7Jarticipe11l chaque année ri la vaste e:c17osWon des peintres régionau.r. oti il.\ sont reÇlLS non pris scnlement /HU' .~i11171le bienveillance, 1nctis uussi auec 1.ln inlh'rt mP/é rie i-11riosilé cl quc/quefuis uvec des égard.s.
Qui 710111T11il r11 effet mieu.r comprenllre nos rnfanls-arli.~lr., qur le.~ yrantts arlisles, commr eu.1: i11ve11/curs rl'inuiges, t'èvenr11• el poèlcs, (faspillew·s de temps el r/r joies, confiants /ou.jours en la vie ?
f'crlrs, rlrs sro/11~1iq11rs lwbit11és ri j11yrr l'rnfnnl dt• /111ul 1•/ tir r1111rl, pru1•t•11/
encore s'attarder t1 suspecter la légitimité de L'art e11fa11li11 cl nous faire reproche rie 7n·e11rlrr rw sél'ieux une nctivilé gratuite qui éclv11111c â leur co11lrôle el à lem· r111torisntio11. Lr fnil q11e rclte pflx.~io11 dit clessÏll c/1e~ /'1°11f111t/ soit so11ucnl i1ri:sisliblc, rrjetér, pnr leur frwle, dans 1111c c/rmdesli11ilé coupnblr, ne leur 011.u1·c même plts le.~ !JCLU.
Cl po11r/a11t, l'rnlréc r11 lisse de /'art c11frmli11 (sans souci clr coinpétition, b.ic11 s1ir) peut d'ores el déjri rire considérée comme un événement nouveau su~ce71ltble d'influencer l'Atl tout court. Non pas que l'artiste aclullr uil fot'céme11/ <les l1!çons â rece1rnir de l'c11fcinl, mais indiscutablement, ii aura toujours â appte1111.re
1·11 obscri-r111t les démarc/11·s éton11011tcs ct:u11c sensibililr uicryc pleine d'élo11
cl d'r111dnr:1>. .\11ssi llie11, 011 71e11l acfmt•llre qtie lu profu.sio11 el l'éclat des œuvrru r·rtf1wli11rs p1ti.~sr11l rfc11cnir foclettrs cwssi llélermi11c111ts par leur i11f/11e11cf' que li; f111ïntl le.ç s1·1t11itul'r•x nègres à l'oufJc (111 Fo111Jisme.
/.1• yra11rl G1;~111111r - qui fut
an
commcncemenl tir to11tc 110lre épo_quc mo_derne - xu/1.ç/ituoil r) f(I uisinn olljectil r :sn "petite sensrition·· dont il fuisr11t le pomt de tléparl cl'tme conscicmrieu.sc rcch~rchc. C'élai[ d111111u tri 11tésc11ce ci ces rlon:s cle sensibilité et tl'im11ginritio11 dont les grands ModernPs uiuront el qui dépassent les do1111f>1•s pri11t11i1'i's rie l'uf1j1•r·1i11it1: vi:s11clle waifiéc 11 l'1171pnreil pllotoara- 71/1iq111• ri ri la 711'is1• de Vil('.L'enfant, lui, n 'est p<Ui ti
111 recherche d' une "tietite sensation" .
llesL co11&tellé d'impressions vives car son clav ier est prodigieusement élttrgi.
JI 11esaurait
.~·entrainer d
fair e des arpèges mét/wctiqucs ;
il yv a cm rément,
deses deux mai11s, de ses dix doigt s, sans souci de fa1LSse:> no ies, de tumulte ou de désordre.
El
pou1·ta111, 11a 11w11ique si profuse et
ucha lrn/1111te
11flou s 1 ·etienl, nous nrrète, 11ous étonne, et 11ous cl1 ercllo11s d comprendre.
La majorité tle nos camarades sont arrivés --- µar leu/' co11t11ct avec l'enfant créateur --
cicelle périocle de surprise inlerruyativc et aussi tl'utLe11Le et de charme qui précède la compréhen sion.
Jlifr.ssa11enl de briser le cercle des limi- tation s d'une culture primaire, pour passer
del'i11tuitio11 globale
àla ju.stifi- catton cuUnrclle, pourrait-on dire, cles amv re& cLe 11• 111·11 élèves, fertile s et e11vall is sa11 tes.
C'est pour
euxqu e nou-s ouv ron s
celtr•rubrique.
Nous donnons aujourd'ht1i
dans ce~colonnes une
puflied 'ua e 11i11cère
ele:tigeanle m édilalion
clenotre je1we cauwrade f,e Bo/tee
(C.-d1t-N.) Deua:points u mblent m ériler
/11discuss ion :
- En
]1arlir.1tlie1 -, cell e pa rt du Maitre
qui rt'sle11ot1 e plt1 s
yrunclsouci
d'édu1:atet1rs.
- La
nécessité cl'1111e culturearlisliqnc
qui' 1w1is aimerio11.~ 11oirdé gagée
detoute emprise livresque.
Vous
ave~clone la parole, chers camarades.
LE BOHEC:
Petite analyse d'un f ait nouveau : L'ART A LltOLt ( 1 )
(nouveau s 1tr tout par son ampl C1t1 prése nte et f 1itttre)
Pom qu ' une ana
lysed' w1 fa it au ssi complexe soit utile,
ilra udra il qu' il
!>Oil
abordé sous des a ngles diver s ; je me hornemi !lirnplem l'11 t
~\con sidérer :
1° Le rôle ùc l'instituteur;
2° Le comportem ent ùes enfan ts ; 3° La va
leur des œu\'res créées·
4°
L'aspect social ; '
5° Les d anger s et les per s pecti ves d' a venir dt' l'Art à l 'école.
t'INSTJTUTEUR
- Pourquoi commen cer par lui, alors
4u'il n'est question que d'art enfan·
l
in? Tout si111pl erneot p a r ordre chronologique. E n effet, qui esl à
l'origin e de l' activité a rti stiqu e des élèves, sinon
le maitre? Sonac tion est dé termin ante :
ya-t-il
llllart à l'école possible sans que soient fourni s a ux enfants couleurs, iiinceaux, place e t temps?
-
Comment l' instituteur se déci de-t-il à intro duire cett e technique d ans son ens eign ement ?
Il
a assisté à des exposition s, pa rticipé à des s tages, vu des a
lbums ; ila lu des arti cles de rev ues ;
iJa bavardé avec des camar ades et, peu à peu, est né en lui le sentimen t qu'
ildoit se mett re en cor e un p eu plus a
uservice de ses enfants. (Ce tte n otion de devoir, de r espon sabilité, esL lrès courante dans
(1) Il s'agit plus exactement d'art enfantin.