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Article pp.132-133 du Vol.4 n°2 (2014)

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Texte intégral

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CAS CLINIQUE /CASE REPORT

Pares thés ies au re tour des trop iques

Paresthesia after traveling in a tropical area P. Hantson · D. Moerman

Reçu le 18 novembre 2013; accep le 23 décembre 2013

© SFMU et Springer-Verlag France 2014

Introduction

L’apparition brutale de paresthésies et de dysesthésies chez une femme jeune est souvent le signe annonciateur d’une pathologie neurologiqueinflammatoire, dontlaformela plus sévère est représentée par la sclérose en plaque ; son diag- nosticrepose sur unfaisceau d’arguments cliniques et surla réalisation d’examens complémentaires démontrant l’at- teinte inflammatoire cérébrale. Il existe cependant d’autres étiologies plus inhabituelles, notammenttoxiques, pour les- quellesil n’existe pas detest diagnostique. Nousrapportons une observation récente quiillustreles risques potentiels de réaction neurotoxique après une exposition à des éléments de la faune marine lors de séjours dans les pays tropicaux, tout en reconnaissant le caractère présomptif de cette étiologie.

Cas clinique

Unejeunefemme de 26ansse présenteaux urgencesavec des plaintes de paresthésieset de dysthésiesaffectantles membres supérieursetinférieurs. Lesantécédents dela patiente permet- taient deretenir un purpurarhumatoïde en poussée àl’âge de 4 et 12 ans, ainsi que de fréquentes consultations pour urti- caire et eczéma. À noter également la survenue quatre ans auparavant d’une borréliose cutanée démontrée sérologique- ment et traitée de façon appropriée par antibiothérapie. La symptomatologie actuelle débute lors d’un séjour en Répu- blique Dominicaine. Lors d’une plongée enfaible profondeur,

la patiente remarque l’existence d’une minime lésion au niveau del’index gauche et du gros orteil gauche. Unrappro- chement estfait avecla présence d’oursinsrencontréslors de cette activité. Leslésions sonttrès discrètement érythémateu- ses et modérément douloureuses. Àl’exploration,il n’yaque de minuscules fragments éventuellement compatibles avec des débris d’aiguillons d’oursins. L’examen dans un dispen- saire local n’objective pas de fragments résiduels. Dans les heures etjours quisuivent, des paresthésies apparaissent dans les membressupérieurs etinférieurs, detopographie distale et accompagnées de douleur à caractère de pression dans les quatre membres pendant plusieurs minutes. Lorsque la patiente se présente aux urgences au huitième jour, elle signale queles paresthésies et dysesthésies se produisent par crises de plusieurs minutes ou plusieurs heures danslajournée ou mêmela nuit. Les douleurs ne sont pas soulagées par les antalgiques ni parles anti-inflammatoires classiques. Il n’ya aucun déficit moteur. L’examen neurologique est strictement normal ; il n’y a pas de signe de Lhermitte ni de troubles sphinctériens. Différentes investigations sont proposées. La sérologie pourBorrelia burgdorferimontre une positivité pour les IgM selon les techniques Elisa et Western blot, les IgG étant positives en Elisa mais négatives en Western blot. Toutes les autres sérologies (auto-immunes,…) sont négati- ves. Untraitement par doxycycline est proposé pendanttrois semaines, même s’il n’y pas de notionrécente de morsure de tique. La symptomatologie persiste cependant avec toujours ces épisodes de crises douloureuses dansles quatre membres qui peuvent durer plusieurs heures;les crises ne sont cepen- dant plus quotidiennes. Un traitement oral par sulfate de magnésium (3 g/j) semble apporter un certain soulagement. La patiente est revue en consultation de neurologie au deuxième mois. Lasérologie pourla borrélioseestinchangée, sansapparition d’IgGen Western blot. Une ponctionlombaire révèle unliquidestrictement normal;larecherche de Borrelia par PCR est négative. L’électromyographie estsans particula- rité, de même que l’imagerie par résonance magnétique nucléaire del’encéphale et durachis. Les crises douloureuses s’espacent progressivement et au quatrième mois la patiente est pratiquement asymptomatique.

P. Hantson (*) · D. Moerman Département des soins intensifs,

universi catholique de Louvain, cliniques Saint-Luc, avenue Hippocrate, 10, B-1200 Bruxelles, Belgique e-mail : philippe.hantson@uclouvain.be

P. Hantson

Louvain Centre for Toxicology and Applied Pharmacology, universi catholique de Louvain, cliniques Saint-Luc, avenue Hippocrate, 10, B-1200 Bruxelles, Belgique Ann. Fr. Med. Urgence (2014) 4:132-133

DOI 10.1007/s13341-014-0409-3

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-afmu.revuesonline.com

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Discussion

L’apparition brutale de paresthésies et de dysesthésies dans les membres chez une jeune femme sans antécédents parti- culiers orientele plussouvent vers une pathologie organique de type inflammatoire. La possibilité d’un syndrome de Guillain-Barré pouvait être écartée sur la base de l’atteinte quasi simultanée des quatre membres, ainsi que par la conservation des réflexes ostéotendineux etl’absencetotale d’atteinte motrice. Enfin, nila ponctionlombaire nil’électro- myographie n’apportaient d’éléments concordants. L’autre diagnostic générateur d’anxiété est celui d’une sclérose en plaque (SEP) débutante. Les paresthésies peuvent égale- ment figurer à l’avant-plan, même de façon isolée. La patiente ne présentait aucun signe de syndrome pyramidal, de névrite optiquerétrobulbaire. Le diagnostic de SEP débu- tante n’était pas compatible aveclesrésultats dela ponction lombaire et de l’IRM. De même, le diagnostic de neuro- borréliose paraissait peu probable en dépit d’une sérocon- version pour les IgM (absence de réaction inflammatoire et PCR négative dans le liquide céphalorachidien, négativité del’IRM cérébrale). Par défaut,l’hypothèse d’une neuropa- thie d’origine toxique a refait surface et on a tenté d’établir unlien avecles circonstancesinitiales. Dans nos contrées,la plupart des échinodermessontinoffensifs pourl’homme[1]. Plusieurs espèces d’oursins peuvent bien sûr infliger des blessures etla persistance de débris d’aiguillons peut aboutir à la formation de lésions inflammatoires ou infectieuses, parfois à distance (arthrite) [2]. Cependant, sous les tropi- ques,lerisque estréel detrouver des espèces d’oursins véri- tablement venimeux (genresToxopneustesetTripneustes) [3,4]. Ces échinodermes tropicaux peuvent provoquer des envenimations parfois mortelles lors de simples contacts cutanés, avec sensation de brûlure, vomissement, paresthé- sies puis paralysie pouvant aboutir à une détresse respira- toire [3,4]. L’appareil venimeux est constitué d’épines et de pédicelles situés entre les épines. Plus de 50 espèces d’échinoïdes ont été répertoriées à Haïti et en République Dominicaine [5]. Parmi elles, la présence de Tripneustes ventricosusest attestée en République Dominicaine [6]. La composition du venin des oursinstropicaux est mal connue. Des protéines basiques ont été identifiées à partir des pédi-

celles deToxopneustes pileolusetTripneustes gratillaet se sont montrées létales chez la souris [7].

La faiblesse de cette observation est évidemment que le type d’oursins n’a pas pu être identifié ni photographié. Une relation causale entre l’exposition aux oursins et la symptomatologie neurologique n’a pas pu êtreformellement démontrée. Néanmoins, cette observation permettrait d’atti- rerl’attentionsurlerisque decertaines manifestations neuro- toxiques encore peu documentées. La possibilité d’unetoxi- cité saisonnière (notamment en période de reproduction) ne peut être exclue. Enfin, la durée inhabituelle de la sympto- matologie peut paraître surprenante ; cependant, d’autres neurotoxines animales, commela ciguatoxine, peuvent éga- lement exercer une action prolongée.

Remerciementsau Docteur Luc de Haro (Marseille) pour ses conseils cliniques etson expertise entoxinologie marine. Conflit d’intérêt :les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt.

Références

1. Jouglard J, De Haro L, David JM, Arditti J (1996) Experience of envenoming at the Marseille’s Poison Centre. In: Bon C, Goyffon M. Envenomings and their treatments, Ed. Fondation Marcel rieux, Lyon p 37-48

2. Dahl WJ, Jebson P, Louis DS (2010) Sea urchin injuries to the hand: a case report and review of the literature. Iowa Orthop J, 30:153–6

3. Geistdoerfer P, Goyffon M (1991) Animaux aquatiques dangereux. Encycl Méd Chir Toxicologie–Pathologie professionnelle 16078 C10: 14p

4. Bédry R, de Haro L (2007) Envenimations ouintoxications parles animaux venimeux ou vénéneux. V- Invertébrés marins venimeux. Med Trop 67:223–31

5. Herrera-Moreno A, Betancourt L (2013) Recent echinoderms from Hispaniola. In: Alvaredo JJ, Solís-Marín FA. Echinoderm research and diversity in Latin America, Springer-Verlag, Ed. Berlin Hei- delberg, p 425-36

6. Miloslavich P, Díaz JM, Klein E, et al (2010) Marine biodiversity in the Caribbean: regional estimates and distribution patterns. PLoS One 5: e11916

7. Kuwabara S (1994) Purification and properties of peditoxin and the structure of its prosthetic group, pedoxin, from the sea urchin Toxopneustes pileolus (Lamarck). J Biol Chem 269:26734–8

Ann. Fr. Med. Urgence (2014) 4:132-133 133

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