Les écrits professionnels de l’EJE C. LAMBERT 27/05/2020
TABLE RONDE ECRITS PROFESSIONNELS EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS
Ecrire, et pourquoi ?
Quand on choisit de faire profession de fréquenter les jeunes enfants au quotidien, ou bien de pratiquer, pour raison personnelle, l’impossible métier de parent, il est une période dans l’aventure éducative aussi riche que sensible, la période dite du « pourquoi ».
Alors, écrire, et pourquoi ?
Pour laisser trace. Et pourquoi laisser trace? Pour raconter, témoigner, inscrire, durer, être compris, être repris. Et pourquoi pas parler plutôt ? Parce que ce n’est pas pareil. « Faire mieux que parler, c’est par exemple écrire, mais c’est bien plus fatiguant (Nicolas JOURNET) ». Mais aussi parce que si les paroles s’envolent, les écrits restent. Et pourquoi, parce que c’est écrit, c’est vrai, et pour que ce soit vrai, il faudrait que ce soit écrit ? Et ceux qui ne savent pas écrire alors, on ne les croit jamais ? Pourquoi?
Et c’est là, à bout de souffle, d’arguments et de patience que tombe l’aussi pitoyable que définitif « parce que... » qui constitue pour le questionné la plus cuisante des défaites et pour le questionneur la plus douce des victoires…
Ecrire, parce que…
Certes, et on peut à l’occasion le déplorer, l’écrit aujourd’hui règne et fait suprématie, se déploie, s’immisce et s’impose, se boit et s’alimente et parfois se vide en se multipliant. Mais l’écrit, le vrai engage, légitime, assoie, reconnaît. L’écrit responsabilise car il est prise de risque. Avec ou plus souvent sans filet. Si chanter, comme dit le poète, c’est lancer des balles, écrire, c’est se jeter dans le vide. Au pire la chute, au mieux l’ivresse des profondeurs.
Dans le domaine si coloré de la petite enfance, pas ou peu d’écrits obligatoires. Sans doute est-ce là une des raisons premières du timide enthousiasme rencontré chez les professionnels face à la page blanche. Et pourtant, pourtant tous ces cahiers de transmissions, carnets, fiches et tableaux, combien de couches souillées et de cuillères avalées, petits et gros mots, projets et règlements vus et vécus comme empreintes incontournables d’une journée ordinaire. Ni corvée ni sanction, ni exercice ni pensum, mais juste cette distance et cette distance juste qui va du cerveau au stylo. Ecrire sur les enfants, avec les enfants, aux enfants de cette écriture qui prend et donne du sens.
Dans cette fonction au parfum éminemment maternant, l‘évidence n’est pas d’écrire. Ici on chante, on danse, on joue, on crie, on pleure et on rit dans un rapport de grande proximité, de corps à corps le plus souvent. A quoi bon alors cette mise à distance imposée que constitue l’écrit ?
A donner place à l’autre en respectant la sienne. Au prix d’un équilibre précaire, d’un balancier délicat, qui oscille entre enfance et professionnalisme, indispensable pour pouvoir se hisser à la hauteur de chacun…
L’éducateur de jeunes enfants qui se revendique en toute légitimité porte -parole de l’infans, celui qui ne parle pas, doit pouvoir en assumer aussi la charge de porte-plume.
Les écrits professionnels de l’EJE C. LAMBERT 27/05/2020 Pour donner aux mots de l’enfance le poids qu’ils méritent...
Du pluriel au singulier, quelques généralités :
• Survol historique
Ecrire est issu du latin scribere « tracer des caractères, composer (une œuvre) », qui s’apparente à des termes indo-européens signifiant « gratter, inciser », ce qui rappelle l’origine matérielle de la plupart des écritures, gravées sur pierre ou incisées. (Dictionnaire historique de la langue française)
Depuis la nuit des temps l’Homme a ressenti le besoin impérieux de laisser des traces, signes d’expression et de communication, dessins, représentations, peintures, gravure, messages, etc.…Mais l’écriture telle qu’on la conçoit ne s’est pas faite en un jour. De la narration dessinée (Lascaux) à la narration par signes symboliques (Egypte) il s’est écoulé 30 000 années. Sur l’origine de l’écriture plusieurs versions divergent. Les premières traces ont été relevées sur des lieux où se trouvaient des terres cultivées, dans un contexte de sédentarité. On pense ainsi que l’écriture a été inventée par un peuple agriculteur pour dénombrer ses ressources et ses troupeaux. D’autres y voient un instrument de pouvoir, ou encore un moyen de communication avec les Dieux. On pense que l’écriture en tant que système organisé a été inventée à peu près en même temps par les Chinois et les Egyptiens. Sur des modes différents : soit à partir du sens, représentations par hiéroglyphes et idéogrammes, soit à partir du son, phonétiquement.
D’innombrables types d’écriture ont traversé l’Histoire et existent encore de nos jours qu’ils soient rattachés à un système alphabétique, syllabique ou logographique : Maya, Aztèque, cunéiforme (assyrien, mède, perse), grec, arabe, hébraïque, gothique, cyrillique (russe, slave, serbe…), asiatique (coréen, japonais, chinois) ou plus spécifique comme le Braille, la sténographie, voire aujourd’hui l’écriture numérique.
Notre écriture pratiquée en France est alphabétique, nos caractères sont romains, nos signes des lettres assemblées en mots, juxtaposées en phrases, rythmées par la ponctuation pour composer des textes.
« Ecrire, c’est peindre la parole et fixer par des traits cette voix fugitive » Paul -Louis COURIER
• Définitions Ecrire : Verbe transitif
I.1. Tracer les signes d’un système d’écriture, les assembler pour représenter la parole ou la pensée.
2. Orthographier 3.Informer par lettre
II.1. Exprimer sa pensée par l’écriture.
2. Utiliser les signes graphiques
3.Laisser une trace, en parlant d’un instrument destiné à l’écriture (ex.mon stylo écrit mal).
(Le Petit Larousse)
• Synonymes
Le Dictionnaire des Synonymes répertorie 71 mots ou expressions pour signifier l’acte d’écrire, liste non exhaustive qui va d’accoucher à traduire en passant par crayonner, gribouiller, marquer, pondre
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et ponctuer, produire et tartiner, scribouiller et noircir du papier, quand ce n’est pas pisser de la copie, autant d’analogies illustrant avec force et couleur l’immensité et la diversité de l’écriture !!
Ecrire en Educateur de jeunes enfants
«J’entends par écrit professionnel dans le secteur social et médico-social tout type d’écrit concernant directement les usagers accueillis dans les institutions, rédigé intégralement ou partiellement par les travailleurs sociaux dans l’exercice de leur fonction, c’est à dire par ceux qui sont au contact direct des publics en question...L’écrit professionnel renvoie ici à des documents où l’usager et les travailleurs sociaux qui l’accompagnent sont au cœur même des processus d’écriture et constituent le vif du sujet.(E.EJZENBERG)»
S’il n’existe pas à priori d’écrit propre et spécifique à l’Educateur de Jeunes Enfants, c’est bien l’exercice de la fonction qui va en déterminer la définition et les objectifs selon les contextes institutionnels et les positions statutaires.
Les EJE exercent dans différents secteurs d’intervention : social (EAJE, établissements et services sociaux, aide à domicile), sanitaire, médico-social, assistance éducative (protection de l’enfance), loisir, de la culture et de l’animation, éducation. Leur employeur peut être une collectivité territoriale publique ou bien de type privée, association à but non lucratif ou entreprise commerciale. Il peut être en fonction de direction, ou dans l’équipe encadrante, ou membre d’une équipe pluridisciplinaire «de terrain ». L’éventail des écrits à produire est donc particulièrement large et diversifié.
La réforme de 2018 du Diplôme d’État présente ainsi le métier d’Educateur de Jeunes enfants : « L’éducateur de jeunes enfants est un professionnel du travail social et de l’éducation. Il exerce dans le cadre d’un mandat et de missions institutionnelles. Il accompagne des jeunes enfants, dans une démarche éducative et sociale globale en lien avec leur famille.
L’éducateur de jeunes enfants intervient dans une démarche éthique, dans le respect de l’altérité et de la singularité de l’enfant, de ses représentants légaux et du groupe. Il instaure une relation éducative en adoptant une posture réflexive, c’est-à-dire qu’il questionne sa posture et son intervention et s’inscrit dans une analyse partagée de sa pratique professionnelle. »
Son intervention se construit autour des fonctions suivantes, définies dans l’arrêté :
• Instauration de la relation et accompagnement du jeune enfant en coopération avec sa famille et dans son environnement social
• Elaboration et mise en œuvre du projet social, éducatif et pédagogique en direction du jeune enfant en coopération avec sa famille
• Conception et conduite de l’action éducative au sein d’une équipe pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle
• Elaboration de l’action éducative en lien avec les cadres institutionnels et les partenaires
• Contribution à la compréhension et à l’évolution du domaine éducatif et social de la petite enfance
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En résumé, la profession d’EJE se définit aujourd’hui par ces trois axes spécifiques qui donnent à la profession ses principales dimensions :
La prise en charge du jeune enfant dans sa globalité en lien avec sa famille :
L’éducateur de jeunes enfants est porteur de la socialisation de l’enfant en dehors du contexte familial, mais en lien avec lui. Ceci suppose une éthique, des connaissances et des techniques spécifiques, mais aussi une articulation avec le contexte social et culturel de la famille.
Un positionnement particulier dans le champ du travail social :
Il a pour mission de lutter contre les risques d’exclusion et d’assurer un accompagnement parental adapté aux contextes familiaux.
Une fonction d’expertise éducative et sociale de la Petite Enfance :
Il est un acteur des politiques sociales. Etant en lien avec l’ensemble de l’environnement de la Petite Enfance, il peut être amené à recenser et formuler des besoins et à être force de propositions pour répondre aux évolutions.
Ces différentes missions impliquent un travail en équipe, de participer au projet d’établissement, de développer des partenariats, ce qui donne à la pratique de l’écrit une place capitale dans l’affirmation d’un positionnement éducatif et d’une identité professionnelle forte et reconnue.
Les différents écrits professionnels
Dans le secteur spécialisé, les écrits produits par l’éducateur de jeunes enfants vont répondre à la réglementation en cours, à caractère obligatoire d’un point de vue législatif, mais aussi aux exigences particulières du service et de ses missions, suivant son schéma organisationnel: projet personnalisé, dossier, rapport, synthèse, compte rendu, suivi, observation, et légitimés de sa place et avec son expertise professionnelle, en complémentarité avec les autres intervenants institutionnels et leur regard éducatif, médical, pédagogique, social, etc.
Dans les Etablissements d’Accueil du Jeune Enfant (EAJE) où il est majoritairement présent l’EJE, par sa formation, sa capacité d’analyse et d’observation, son questionnement et ses qualités de distanciation prend une place prépondérante dans l’écriture, parfois reconnue hiérarchiquement ou plus souvent tacite au sein des équipes. Outre la fonction de direction qu’il est amené à occuper, et qui nécessite une production d’écrits de « directeur à caractère généraliste et aussi administratif, l’EJE, souvent en position centrale dans l’équipe, est à la fois acteur et moteur du travail d’élaboration collectif et d’actualisation du projet d’établissement obligatoire dans le cadre de l’agrément de fonctionnement.
• Le projet d’établissement :
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Le Décret 2010-613 du 7 juin 2010 qui régit les établissements et services d’accueil régulier ou occasionnel non permanents d’enfants (EAJE), crèches collectives, familiales, parentales, micro- crèches, haltes-garderies, service d’accueil familial, jardins d’enfants, multi-accueil, impose à ces établissements ( art.R.2324-29) d’élaborer un projet d’établissement ou de service qui comprend les éléments suivants :
1. un projet éducatif précisant les dispositions prises pour assurer l’accueil, le soin, le développement, l’éveil et le bienêtre des enfants
2. Un projet social, précisant notamment les modalités d’intégration de l’établissement ou du service dans son environnement social et les dispositions prises ...dans le cadre de l’action sociale et des familles
3. Les prestations d’accueil proposées…
4. le cas échéant, les dispositions particulières prises pour l’accueil des enfants présentant un handicap ou atteints de maladie chronique
5. La présentation des compétences professionnelles mobilisées
6.Pour les services d’accueil familial, les modalités de formation continue des assistant(e)s maternel(le)s, du soutien professionnel qui leur est apporté, et du suivi des enfants au domicile de ceux et celles-ci.
7. Les modalités d’implication et de participation des familles à la vie de l’établissement ou du service 8. Les modalités de relation avec les organismes extérieurs.
Par-delà son caractère obligatoire, le projet d’établissement « porte en lui un dialogue entre des valeurs, entre une théorie et des pratiques. Il permet le questionnement et le cheminement d’une équipe, au service de l’accueil de l’enfant » (S.Valentim)
Il s’agit bien là d’un écrit posé comme acte éducatif et collectif, construit, élaboré et rédigé par une équipe professionnelle qui jette en avant (pro-jet) les fondements d’un quotidien à vivre et à questionner au service du jeune enfant et de sa famille.
Le projet social et le règlement intérieur qui viennent compléter le projet d’établissement sont également les traces et l’expression concrète d’une réflexion, d’une analyse et d’une prise en compte par la collectivité des besoins particuliers de chaque famille. Si comme il a pu être dit, le projet est « catalyseur d’énergie collective », l’EJE y trouve alors la quintessence même de sa fonction.
Mais outre cet écrit obligatoire, l’EJE est très souvent chargé d’élaborer, de construire, et donc de formuler par l’écrit toute forme de projet en lien avec la structure et son activité : projets partenariaux, dans le contexte local et institutionnel, mais aussi projet de médiation éducative (PME), projet éducatif et d’accompagnement personnalisé (PAE), projet d’accueil individualisé (PAI), au gré des lieux d’intervention et des publics accueillis. Chacun de ces projets sera spécifique et nécessite donc, dans sa construction autant que son expression, une approche à la fois collective et individuelle, une vision globale et circulaire des objectifs, des moyens et des différentes phases de mise en place.
Partagé généralement en équipe, le projet est cependant porté et soutenu plus particulièrement par le professionnel en charge de son écriture, acte qui l’engage et l’identifie.
• Autres écrits
✓ Les transmissions :
« Introduit en français comme terme de médecine en parlant de la circulation des humeurs, le mot s’est répandu dans l’usage pour désigner généralement l’action de trans mettre et le résultat de cette action » (Dictionnaire historique de la langue française).
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La place des différentes transmissions est particulièrement importante dans les établissements d’accueil où le quotidien est porteur d’une infinie variété d’informations et d’observations à prendre en considération dans l’accompagnement de l’enfant. Dans ce va et vient entre parents et professionnels mais aussi au sein même d’une équipe, transmettre, c’est-à-dire « faire parvenir, communiquer ce que l’on a reçu, et agir comme intermédiaire » (Larousse) est une tâche incontournable et permanente qui allie la forme écrite à l’échange oral. L’enfant accueilli en bas âge n’a pas acquis le langage, et l’adulte responsable aura la charge de faire vivre et maintenir les liens nécessaires entre ses différents interlocuteurs.
Arrivée du matin et départ du soir, séparation-retrouvailles, déroulement de la journée, repas, sommeil, soins, anecdotes et évènements, informations particulières feront l’objet de traces, écrites d’abord puis transmises à l’oral avec la famille. Quel que soit le support, cahier, classeurs, fiches, dossier, la transmission écrite se doit d’être à la fois concise et précise, discrète et respectueuse, mais comme tout écrit reste un acte qui engage et responsabilise son auteur.
L’EJE évidemment n’en a pas l’apanage dans une structure, mais il est parfois mis à contribution dans le cas de situations de transmission nécessitant une approche personnalisée et étayée. Le cahier de transmissions est donc à la fois un outil professionnel mais aussi un témoin officiel et légal de la vie de la structure.
✓ Les rapports
Situé aux carrefours des informations et des interrelations, l’EJE est généralement celui qui « rapporte
», chargé de « faire le récit de ce qu’on a vu et entendu » (Larousse). Ecrit tourné vers l’action et l’avenir, le rapport permet de « comprendre une situation donnée pour en tirer des conséquences concrètes». Il sera ainsi un élément d’information aidant à la prise de décision, qui implique par conséquent son auteur par un engagement personnel et efficient.
C’est ainsi que l’EJE pourra rédiger les différents rapports d’activités, annuels, ponctuels, évènementiels, les rapports d’évaluation qualitative, rencontres, situations d’enfant, demandes spécifiques judiciaires, sociales, synthèse, tout écrit présentant à la fois des données précises et pertinentes, une analyse fine et argumentée de la situation et des préconisations ainsi justifiées. Le « je » est de rigueur et la signature identifie son auteur.
✓ Les comptes rendus
L’EJE est souvent chargé également de rédiger les différents comptes rendus, « écrit destiné à restituer fidèlement une information à partir d’une réalité ou observée ». Parfaitement objectif, le compte rendu ne contient aucun commentaire ni ressenti personnel, et s’adresse toujours à un destinataire. Toujours daté, il rend compte en temps et en heure de la teneur de propos ou de la nature de l’évènement relaté. Pour l’EJE il s’agira en majorité de compte rendu de réunions, de rencontres, de visites, d’entretiens, de situation ou de manifestation précises, dans leur déroulé et leur contenu qui concerne l’établissement qu’il représente ou l’enfant accueilli. Une place particulièrement importante est donnée au compte rendu d’observation où l’EJE offre toute son expertise et sa justesse de regard au service de l’enfant.
✓ Les contrats :
« Document écrit qui traduit un engagement entre une ou plusieurs personnes », le contrat vient valider «sur le papier» un accord conclu librement suite à une négociation préalable. Dans le cas des EAJE, il s’agira essentiellement du contrat de réservation par lequel la structure s’engage à assurer
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une place à un enfant que la famille s’engage de son coté à honorer. Si le caractère administratif et financier est évident, accueillir un enfant en collectivité traduit un engagement éducatif et social qui s’inscrit dans les missions premières de l’établissement. En cela l’EJE garant du développement et de la socialisation de l’enfant est acteur privilégié du respect, du maintien et de la conformité du contrat d’accueil.
En sa qualité de professionnel de la petite enfance, l’EJE est aussi amené à assurer des fonctions de formation, chargé de présenter et de transmettre ses savoirs faire et être à des futurs professionnels dans des conditions établis et validés par contrat ou convention. Tuteur ou référent, accompagnant professionnel, représentant et porte-parole du site qualifiant, il aura en charge la rédaction des différents écrits liés à la formation, évaluation de stagiaire, liens divers avec les centres de formation, dans cette fonction de trait d’union et de passeur entre une pratique au quotidien et la construction d’identité professionnelle en devenir.
Enfin des échanges ponctuels ou pérennes peuvent s’établir avec des institutions ou partenaires spécifiques sur différents projets, sorties, animations, utilisation de locaux, interventions, dont les modalités sont fixées entre les parties par contrat ou convention. L’EJE est généralement l’interlocuteur de la structure, initiateur et signataire de ce type d’accord.
✓ Ecrits du quotidien
La liste des écrits dans lesquels baigne l’environnement d’une structure d’accueil ne saurait être exhaustive tant les messages, informations, indications, traces et témoignages sont abondants, variés, reproductibles et évolutifs. Chaque lieu suivant son projet et son histoire aura sa manière propre d’écrire, reflet et expression d’une culture interne à mi-chemin entre l’intime et le professionnalisme, la maison et la collectivité. De par sa position centrale et fédératrice au sein de l’équipe, l’EJE va être particulièrement sollicité et chargé de cette fonction de « passeur », porte-parole et témoin qualitatif et engagé dans la gestion écrite des questions « domestiques ».On pourra distinguer les écrits purement internes, qui restent entre les murs et en tracent le cadre, signalisation, affichages ,consignes, informations, mais aussi dossiers, projet d’accueil individualisé (PAI) archives, réglementation, administration, gestion du personnel et des ressources humaines, journal de bord, de vie, d’équipe, etc. D’autres écrits vont faire circulation entre la structure et l’usager, tout ce qui fait lien entre les sphères privées et professionnelles, écrits de l’échange et du partage, entre professionnels mais aussi avec les parents et les enfants, patrimoine commun d’un moment de vie à inscrire dans la mémoire et la durée. Enfin les différents écrits officiels, courriers hiérarchiques, élus, tutelles, financeurs, demandes d’autorisation ou informatifs, articles, presse, communication, adressés à l’extérieur pour assurer, concrétiser et rendre compte de l’action quotidienne d’une équipe et de la déclinaison d’un projet au service de l’usager, ici le jeune enfant et sa famille.
En guise de ponctuations
« Tous les peuples ont écrit leur histoire dès qu’ils ont pu écrire ». Voltaire
« Quand on écrit, on parle de soi ». Carole LAURE
« C’est la Vie qui écrit l’Homme ». Xavier FORNERET
« L’homme construit des maisons parce qu’il est vivant, mais il écrit des livres parce qu’il se sait mortel ». Daniel PENNAC
« On écrit parce que personne n’écoute ». Georges PERROS
« Il y a entre le dit et l’écrit un abîme sans fond ». Agatha CHRISTIE
« Celui qui parle, celui qui écrit est essentiellement un homme qui parle pour tous ceux qui sont sans voix ». Victor SERGE
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« C’est sérieux les mots qu’on emploie. Il faut chercher le mot juste afin d’être bien sûr de penser selon une vérité profonde. Les mots aident à la découvrir ». Marguerite BEAUDRY
« Sans la parole, sans l’écrit et sans les livres, l’Histoire n’existe pas, pas plus que la notion d’humanité ». Hermann HESSE
« J’ai écrit parce que c’était la seule façon de parler en ce taisant ». Pascal QUIGNARD
Témoignages d’EJE
• « Ecrire c’est vouloir partager, tout en acceptant paradoxalement de ne pas toujours savoir ce que le lecteur en fera ».
T. EJE en crèche
• Le papier, c’est...bon, la première chose qu’on fait c’est de regarder le cahier de transmissions quand on arrive, c’est automatique ».
Stagiaire EJE 2eme année
• « J’ai d’ailleurs remarqué que pour faire un écrit professionnel, il est nécessaire d’avoir des observations, du contenu. Les juges attendent de nous un écrit clair et précis de la situation de l’enfant, afin qu’ils puissent l‘orienter vers quelque chose qui est juste et protecteur pour lui. Il faut que nous soyons synthétiques, clairs en y mettant une description très précise de l’enfant. J’ai pu durant ce stage faire des écrits professionnels. Le premier m’a été fastidieux, car je n’avais pas la méthodologie pour le faire, je m’éparpillais dans tous les sens et je n’avais pas réellement d’observation... »
Extrait de rapport de stage EJE 3eme année
• « Tant que les professionnel(le)s ne verront pas que l’écriture professionnelle peut être belle, que l’acte même d’écrire peut-être source de plaisir et de création, ils n’écriront pas. Et tant qu’ils n’écriront pas, ils manqueront probablement de stature, d’épaisseur, et partant, de reconnaissance ».
Véronique TIBERGE, EJE, responsable de formation.
Pour conclure (l’après confinement)
« Sur mes cahiers d’écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom
Liberté ! » Paul ELUARD
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