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A propos de pétrole... d'une exposition temporaire... et de la région genevoise

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Academic year: 2022

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A propos de pétrole... d'une exposition temporaire... et de la région genevoise

SCHROEDER, Jean-William LANTERNO, E. (Collab.)

SCHROEDER, Jean-William, LANTERNO, E. (Collab.). A propos de pétrole.. d'une exposition temporaire.. et de la région genevoise. Musées de Genève , 1956, vol. 13, no. 1, p. 2-7

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:154749

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Jean-W. SCHROEDER

A propos de pétrole ...

d'une exposition temporaire ...

et de Ici région genevoise

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Avant-propos

Les récents succès de la recherche pétrolière en Europe (Lacq, Aquitaine ; Parentis-en-Born, Landes; Briod, Jura; Alsace; Plaine du Pô ; Sicile et Bavière), et l'intérêt que celle-ci soulève depuis quelque temps dans notre pays nous ont incité à organiser au Musée une- exposition tem- poraire consacrée au pétrole'. Soulignons ici que l'organisation de cette dernière nous a été grande- ment facilitée .par le concours de l'Union des chambres syndicales de l'industrie du pétrole (France) et celui des compagnies Esse-Standard et British Petroleum que nous remercions encore bien vivement. Tous nos remerciements vont aussi à un ami de notre Musée, le

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J . W. -Schroeder, géologue pétrolier de grande expérience, pour le don au Muséum de sa magnifique collection personnelle de roches pétrolifères. Ainsi en- . couragé et soutenu , nous avons essayé de pré- senter, sous une forme restreinte et schématique imposée par un manque de place toujours plus angoissant, quelques aspects de cette passion- nante aventure humaine que sont la recherche et l'exploitation du pétrole. Une remarquable série d'échantillons montrera plus particulièrement la façon dont se présente le pétrole dans les roches . .

E. Lanterna Conservateur de Géo- logie et Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle de Genève.

' Exposition temporaire sur le pétrole organisée au Muséum d'Histoire naturelle de Genève de janvier à mars 1956.

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Aborder le sujet du pétrole dans un article du Muséum d'histoire naturelle peut paraître bien hors de propos. Il est pourtant facile de montrer que l'exploration scientifique des gisements de pétrole peut dépendre des collections de musées et cfu travail de leurs conservateurs. En effet, la recherche du pétrole et son exploitation où sont engagées des fortunes colossales s'appuient pour une bonne part sur la palé- ontologie ou science des fossiles sans laquelle la géolo- gie ne pourrait fixer l'âge relatif des couches de terrains rencontrées. C'est alors que les collections de fossiles ordonnées dans les innombrables tiroirs que recèle un musée deviennent précieuses et plus spécialement les collections de types indispensables à la déter- mination précise des fossiles récoltés par le géologue.

Bornons-nous à un exemple. S'il est une spécialité qui peut sembler au profane parfaitement vaine du point de vue économique, c'est bien celle de feu Pierre Revilliod, ancien directeur du Musée de Genève : l'étude des chauves-souris fossiles. Et pourtant, cette étude a une application presque directe dans les problèmes de la prospection pétrolière en Suisse. En effet, les dents minuscules de chauves-souris fossiles que l'on retrouve dans le terrain d'altération continen- tale appelé Sidérolithique ne peuvent être déterminées que par le seul spécialiste dont les indications per- mettront d'attribuer un âge relatif au terrain dans lequel ces restes d'organismes auront été découverts . Or, comme on sait par expérience en géologie pétro- lière que les structures anciennes d'un bassin donné réunissent plus de chances d'avoir drainé les· éventuels hydrocarbures, liquides ou gazeux, que les structures plus récentes, il est de toute importance de connaitre l'âge relatif de la formatio~ de ces structures, ce que permet de dire, par exemple, dans le cas précis qui nous occupe, l'étude des chauves-souris fossiles. On pourrait encore citer à propos de la molasse de notre canton et du plateau suisse 1 'importance des petits mammifères fossiles dont la connaissance était aüssi familière à Pierre Revilliod. Ainsi donc, la science d'un

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spécialiste de musée peut jouer un très grand rôle en prospection pétrolière.

Parmi les échantillons présentés dans le cadre de l'exposition temporaire organisée par le Musée, on pourra voir des roches-mères, des roches-magasins et des roches présentant des indices. Une roche-mère est un sédiment contenant à l'origine de la matière organique (d'origine végétale ou animale), transformée en hydrocarbures dont une partie est libre, c'est-à-dire qu'elle n'est pas fixée de façon immuable à la roche à laquelle elle est liée génétiquement. Une roche- magasin est une roche poreuse et perméable dans laquelle s'est accumulé le pétrole ayant émigré à partir de la roche-mère. Enfin, les échantillons présentant des indices sont des roches sur les fractures desquelles on observe des enduits de pétrole ou des produits asphaltiques dérivant d'un gisement situé en général plus profondément.

Le pétrole émigre donc de la roche-mère dans la roche-magasin . La migration est attestée par la pré- sence parfois en surface de véritabl.es sources de pétrole, par le fait qu'en profondeur les trois fluides habituels (pétrole, gaz et eau salée) d'un gisement sont ordonnés suivant leur densité - gaz en haut, formant chapeau, puis en descendant le pétrole et, en dessous et latéralement, l'eau salée. La présence de gisements dans des roches (schistes cristallins) du socle continental formant la bordure d'un bassin sédi- mentaire pétrolifère (champs de Edison en Californie, de Sidi Fili et Oued Beth au Maroc) démontre pareille- ment la migration des hydrocarbures ; en effet ceux-ci ne peuvent se trouver in situ dans des roches méta- morphisées. La distance de la migration peut être minime. En revanche, dans le cas des sables asphal- tiques de !'Athabasca au Canada, par. exemple, elle aurait atteint 650 km latéralement.

On se demande souvent comment se présente un gisement de pétrole en profondeur. A cet égard , l'exposition contient quelques échantillons très rares provenant de la mine de Pechelbronn en Alsace, mine aeusée dans un gisement peu profond qui avait été

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épuisé précédemment par forages. Les échantillons ont été récoltés dans les galeries de mine cre_usées à même la roche-magasin exploitée auparavant par sondages à partir de la surface. Ces grès imprégnés ne diffèrent pas des échantillons de grès récoltés ailleurs en surface dans un niveau imprégné qui serait un gisement si l'érosion ne l'avait pas atteint (grès molas- sique de Dardagny p. ex.). Les autres échantillons de roches-magasins (grès, calcaires vacuolaires, cal- caires crayeux, calcaires fissurés) sont tous des témoins d'anciens réservoirs crevés par l'érosion.

Les échantillons exposés au Musée suffiront, pen- sons-nous, à enlever l'idée malheureusement très répandue qu'un gisement pétrolifère se présente comme une espèce de .lac souterrain remplissant d'énormes cavernes. Le pétrole ne forme pas de nappe.

Bien au contraire, il imprègne des interstices, des pores, des anfractuosités, des vacuoles, des fissures dont la roche est affectée et qui lui confèrent le carac- tère de roche-magasin. Il va de soi qu'un gisement se constitue dans une roche-magasin lorsqu'une roche- mère est présente aux environs et lorsque cette roche- magasin est coiffée, couverte, entourée · de plusieurs côtés par une roche imperméable qui arrête la migra- tion et de ce fait« piège » le pétrole.

Dans un gisement de pétrolE;\ ordinaire, les hydro- carbures sont le plus souvent sous pression. Celle-ci provient soit d'une pression hydrostatique, soit de la pression exercée par les gaz dissous dans le pétrole liquide. Ainsi lorsque par forage le « couvercle»

imperméable du gisement est percé, le pétrole monte de lui-même à la surface exactement comme dans le cas de l'eau d'un puits artésien (pression hydro- statique) ou bien pour la même _raison que jaillit le liquide d'une bouteille de champagne une fois celle-ci débouchée (pression des gaz dissous).

Qu'en est-il maintenant brièvement de la région genevoise?

La géologie pétrolière du canton ne peut pas s'-élu- cider uniquement par l'étude des documents publiés, ni même seulement par l'étude du canton . Il est donc

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nécessaire d'étudier aussi les conditions géologiques des départements français voisins. C'est pourquoi par exemple le Musée expose des roches imprégnées, témoins d'anciens magasins crevés par l'érosion, provenant du Jura (Divonne, Sergy), du Vuache (Pont des Douattes près de Frangy), du Val de Fier (gorge -du Fier près de Seyssel), de la mine de calcaire asphal- tique de Lovagny (en dessous du château de Mon- trottier près d'Annecy) , et enfin du Salève lui-même (carrière des Esserts près de Mornex) ..

L'abondance des indices dans notre région est extraordinaire. C'est pourquoi chacun se persuadera facilement que pour nous il est cocasse de lire , au sujet d'une campagne sismique récente : « Il est pos- sible que notre canton recèle du pétrole » ... !

En 1769, Jean-Philippe Horneca (dit Horngacher), seigneur de Dardagny, cherche à former une com- pagnie pour exploiter le bitume du Mandement. En 1770, dans un discours qu 'il prononce à la ~ête des Promo- tions académiques, le grand géologue genevois Horace-Bénédict de Saussure attire l'attention de ses concitoyens sur les matières bitumineuses de Dardagny.

Plus près de nous, à la fin du siècle dernier, des industriels genevois font exécuter trois forages dans la région de Dardagny-La Plaine .

Par la suite, sous l<;i direction de Henri Lagotala, le regretté professeur de Géologie du pétrole de notre Université, de nombreuses études géologiques sont accomplies.

Enfin, durant la dernière guerre, de petits forages de reconnaissance furent exécutés dans .les environs de Dardagny, de même qu'un sondage relativement profond (300 m) près du village de Peissy.

Ainsi, la probabilité de la présence de pétrole dans le sous-sol de notre canton est soulignée depuis bien- tôt deux siècles par les hommes de science genevois.

Il serait donc très souhaitable que l'exploration de notre petit territoire s'accomplisse sérieusement d'ici peu , pour donner enfin une solution au problème du pétrole dans la région genevoise.

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Esquisse tectonique et indices de pétrole de la région de Genève

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