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POSIDONIES
Y Gautier
To cite this version:
Y Gautier. SUR L’ELECTRA PILOSA DES FEUILLES DE POSIDONIES. Vie et Milieu , Obser-vatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1954, 5 (1), pp.66-70. �hal-02572612�
SUR UELECTRA PILOSA
DES FEUILLES DE POSIDONIES
par Y. GAUTIER
J'ai maintes fois observé, sur les feuilles de Posidonies du golfe de Marseille, des colonies d'une espèce du genre Electra et que j'ai détermi-nées jusqu'ici comme Electra pilosa (Linné) 1766.
Lors d'un séjour à Dinard en 1951, je les ai comparées aux échan-tillons des côtes françaises de Bretagne et j'ai pu remarquer qu'il existait entre les deux types, des différences, notamment dans le port des colonies, ce qui m'a amené à penser que l'espèce qui vit sur les Posidonies était peut-être distincte de celle que l'on rencontre en abondance sur diverses Algues (Fucus, Rhodymenia) de la zone intertidale bretonne.
Mais je pensais alors que j'avais affaire à Marseille à un « type médi-terranéen » ne présentant pas une analogie absolument rigoureuse avec le « type atlantique », comme cela arrive souvent, et que, de plus, la nature du substrat devait avoir une influence sur le port des colonies. Toutefois, j'ai été étonné de ne jamais rencontrer en Méditerranée cette espèce ailleurs que sur les Posidonies et ceci d'autant plus que
CALVET (Sète) la signale « sur les Algues, les Posidonies, les coquilles
et les pierres ». C'est pourquoi j'ai eu dès le début mon attention attirée sur cette Electra, à l'habitat très strict.
L'idéal aurait été de disposer d'échantillons provenant de la même station, les uns sur Posidonies et les autres sur un autre substrat, afin de pouvoir éliminer l'incidence de facteurs physico-chimiques et écolo-giques.
J'ai entrepris la présente étude parce que j'ai eu la chance d'observer des spécimens remplissant les conditions précédentes : ils m'ont été rapportés de Castiglione (Algérie) par mon collègue et ami J. PICARD qu'il
m'est agréable de remercier ici.
Quelques colonies étaient établies sur une feuille de Posidonie arrachée parmi des souches mêlées à un herbier de Cymodocea nodosa,
sur les feuilles desquelles étaient également fixées de nombreuses colonies ; au premier abord, ces dernières avaient un port bien différent de celui qui affectait les colonies établies sur la feuille de Posidonie.
De plus, j'ai retrouvé dans ma collection quelques petites colonies encroûtant une Cymodocée récoltée dans la calanque d'Encrine (golfe de Marseille). Des échantillons provenant de Porquerolles, de Marseille, de Sicile, et de Dinard m'ont permis de compléter cette étude.
De l'examen de ce matériel il ressort que YElectra des feuilles de Posidonies est une espèce distincte d'Electra pilosa, et pour laquelle je propose le nom à Electra posidoniae.
Voici résumées dans un tableau les différences morphologiques
générales les plus remarquables : Electra pilosa
— Opésies coalescentes.
— Zoécies subrectangulaires ser-rées les unes contre les autres. — Sillons interzoéciaux peu nets. — Zoécies souvent disposées, dans un même lobe, sur une même rangée transversale.
— Tendance à recouvrir la totalité de la surface disponible.
Electra posidoniae
— Opésies non coalescentes. — Zoécies ovalaires allongées
éta-lées largement sur le support. — Sillons interzoéciaux très nets. — Zoécies toujours disposées en
quinconce ce qui relève d'un mode de bourgeonnement diffé-rent.
— Des rameaux coloniaux étroits, traçants, mais pas de larges plaques.
En somme nous avons affaire ici à deux espèces biologiques et physiologiques plutôt qu'à deux espèces morphologiques. C'est leur comportement vis-à-vis du substrat qui permet, mieux qu'aucun autre critère, de les différencier au premier coup d'œil.
Les figures i, 2, 3, 4 représentent des colonies d'Electra posidoniae de diverses provenances.
Le nombre d'épines et la taille des zoécies n'ont pas une grande valeur spécifique. On peut s'en persuader en comparant la figure 4 qui montre une disposition tout à fait analogue à celle de la figure 2 mais en miniature. La larve s'est égarée et, fait absolument anormal, elle s'est développée sur une Cymodocée et non une Posidonie; elle est parvenue à donner naissance à une colonie mal développée dont le métabolisme du Calcium est visiblement troublé (substance cornée brune particulièrement abondante). De plus, cette colonie ne recouvre pas toute la feuille de Cymodocée (cf. Electra posidoniae sur Posidonie), tandis que les colonies d'E. pilosa des Cymodocées de Castiglione (fig. 5) recouvrent complètement le support et le contournent (remarquer les zoécies de profil à droite et à gauche).
Sur les Electra méditerranéennes, je n'ai jamais rencontré la grande épine médiane cornée qui existe très fréquemment (fig. 6), mais pas constamment (fig. 7 cf. var. dentata de HINCKS) sur les colonies de la
Manche et qui a fait donner à l'espèce son nom.
Fig. 1-4. — Electra posidoniae nov.sp. — r, Lobe colonial bisérié établi
sur Posidonie, Castiglione (gross. 29 diam.) (chambre claire). — 2, Lobe colonial plurisérié. Sur Posidonie. Castiglione (gross. 29 diam.) (chambre claire). — 3, Lobe colonial trisérié. Sur Posidonie. Porquerolles (gross. 29 diam.) (chambre claire). — 4, Portion de colonie. Sur Cymodocée. Calanque d'Encrine (gross. 29 diam.) (chambre claire).
Fig. 5-7. — Electra pilosa (L.), 1766. — 5, Portion de colonie recouvrant
complètement une Cymodocée. Castiglione (gross. 29 diam.) (chambre claire). — 6, Portion de colonie montrant à gauche des zoécies disposées sur mêmes lignes transversales et à droite des zoécies disposées en quinconce. Sur Fucus. Dinard (gross. 29 diam.) (chambre claire). — 7, Portion de colonie sur Rhodymenia. Dinard (gross. 29 diam.) (chambre claire.)
Répartition géographique :
i° CALVET [Sète (2) Corse (3) Monaco (4)] signale E. pilosa sur des
Posidonies. Ce doit être E. posidoniae. Mais, en l'absence de dessins ou de précisions quant au substrat, on ne peut tenir compte des signalisations de la plupart des auteurs méditerranéens.
Les figures de BARROSO (I) (fig. 1 a, 2 a, 3 a, 4 a et 5 a) représentant
une portion de colonie établie sur des Zostères des Iles Baléares, sous le nom d'E. monostachys, semblent ne pas sortir de la gamme de variabi-lité d'E. posidoniae. En particulier ces figures montrent l'existence de pores sur le gymnocyste de la zoécie, pores qui manquent entièrement sur les dessins de HINCKS (5) figurant Membranipora monostachys.
J'ai rencontré E. posidoniae sur les Posidonies des côtes de Sicile. L'espèce paraît exister donc dans toute la Méditerranée occidentale (Marseille, Monaco, Villefranche-sur-mer, Gênes, Corse, Sicile, Casti-glione, Iles Baléares).
20 Electra pilosa, que tous les auteurs s'accordent à qualifier
d'essen-tiellement cosmopolite, ne se trouve signalée avec précision que sur les côtes orientales et occidentales de l'Atlantique Nord depuis la Mer blanche
(GUÉRIN GANIVET) jusqu'au Maroc (CANU et BASSLER) d'une part,
et depuis le Groenland (BORG) jusqu'à la région de Woods Hole (M.-D.ROGICK), de l'autre.
Il faudrait ajouter les côtes Sud de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande
(E. verticillata), Aden, et entre Bombay et Aden, mais ces signalisations
demandent à être confirmées.
On peut aisément expliquer la présence d'E. pilosa sur les côtes d'Algérie, par l'existence d'un courant côtier de provenance atlantique et de direction Ouest-Est, qui y aurait entraîné des larves cyphonautes de cette espèce et ceci d'autant mieux que les larves cyphonautes ont une longue vie planktonique.
Pour les échantillons recueillis à Sète, sur « divers supports », l'expli-cation paraît plus osée : le courant Est-Ouest des côtes Nord méditerra-néennes étant atténué, dans cette région, par des vents contraires, per-mettrait ainsi la remontée jusque vers Sète d'eaux atlantiques (dont on sait qu'elles dépassent les Iles Baléares). L'embouchure du Rhône entre Sète et Marseille, pourrait jouer le rôle de barrière limitant l'extension de ces eaux vers l'Est.
BIBLIOGRAPHIE
(1) BARROSO (M.-J.), 1919. — Notas sobre Briozoos espanoles. Bol. R. Soc. Esp.
H. N., t. XIX.
(2) CALVET (L.), 1920. — Bryozoaires marins de la région de Cette. Trav. Inst.
Zool. Univ., Montpellier, 2E s., mém. n° II.
(3) CALVET (L.), 1902. — Bryozoaires marins des côtes de Corse. Trav. Inst.
Zool. Univ., Montpellier, 2E s., mém. n° 12.
(4) CALVET (L.), 1927. — Bryozoaires de Monaco et environs. Bull. Inst. Oc, 503.