• Aucun résultat trouvé

Le burnout chez les soignants : facteurs prédisposants et moyens de prévention

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Le burnout chez les soignants : facteurs prédisposants et moyens de prévention"

Copied!
150
0
0

Texte intégral

(1)

L E BURNOUT CHEZ LES SOIGNANTS : FACTEURS PRÉDISPOSANTS ET MOYENS DE PRÉVENTION

Travail en vue de l’obtention du titre de Bachelor of science HES-SO en soins infirmiers

Par :

Marlisa Orquidia Pereira Tavares Promotion 2005-2009

Sous la direction de : Nicole Nadot

Haute école de santé, Fribourg, Filière soins infirmiers

Le 6 Juillet 2009

(2)

1. I

NTRODUCTION

D’après Freudenberger (1974), le burn-out ou épuisement professionnel est un état de détresse. Il a été défini par Maslach (1998), comme « un syndrome d’épuisement physique et émotionnel, qui conduit au développement d’une image de soi inadéquate, d’attitudes négatives au travail avec perte d’intérêts et de sentiments pour les patients » (cité par Canouï, 1998, p. 10). Delbrouck (2003), met en évidence les trois phases du burn-out : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et le sentiment d’incompétence (p. 32).

Cette pathologie touche toutes les professions et vu nombre considérable d’études réalisées à ce sujet, nous pouvons dire que c’est une thématique très importante. En effet, au Canada le taux de burn-out est estimé à 20% de la population active (Chevrier

& Renon-Chevrier, 2004). Quant aux données de la Suisse, une recherche menée récemment (2007) par Deschamps F. sur le burn-out dans la population en suisse romande a démontré que, 43.5% des personnes interrogées ont déjà eu un épisode de burn-out. Par ailleurs, une recherche citée dans une revue de littérature, menée au Canada démontre avec un taux de 53% que l’épuisement professionnel est plus présent chez les médecins, suivi du personnel soignant avec 37%, puis des secrétaires avec 30%

(Grunfeld et al., 2000, cité par Schraub & Marx, 2004). De plus, les ergothérapeutes ont un taux d’épuisement professionnel non négligeable selon l’étude menée par Brown &

Pranger, (1992). Cependant, Barbier (2004), affirme que le burn-out concerne plus particulièrement les soignants parce qu’ils sont les témoins directs de la souffrance, la misère, le malheur, la maladie et la mort.

L’analyse des facteurs favorisant l’épuisement professionnel a permis de constater que ce syndrome est principalement lié à un stress chronique, dont l’origine peut provenir d’agents stresseurs individuels ou institutionnels (Canouï & Mauranges, 1998). Une étude de l’Office Fédéral de la Statistique [OFS] réalisée en 2007, met l’accent sur le fait que 41.3% des employés avouent être soumis à un stress constant au travail. Étant donné les chiffres indiquant un grand pourcentage d’infirmières en épuisement professionnel, et connaissant ses symptômes, nous pouvons nous poser la question suivante : comment les professionnelles touchées par cette pathologie peuvent-elles assumer leurs responsabilités ? En effet, selon le code déontologique du Conseil

(3)

International des Infirmières [CII] (2005)1, l’infirmière a quatre responsabilités essentielles : promouvoir la santé, prévenir la maladie, restaurer la santé et soulager la souffrance. Par conséquent des recherches ont été effectuées sur le retentissement du stress des soignants sur les patients. Une de ces études démontre que, les services où les soignants sont soumis à un plus grand stress, les dommages causés aux patients sont aussi plus importants (Dugan., Lauer, Bouquet, Dutro, Smith & Widmeyer, 1996). Le CII a aussi mis l’accent sur la santé des infirmières, en disant que « la sécurité des conditions de travail dans le secteur de la santé est un facteur important pour la sécurité des patients. » (p. 1). La connaissance du burn-out est d’autant plus importante, que notre système est en constante évolution, d’après la revue de littérature de Duquette., Sandhu,.-K & Beaudet, (1994). Selon C. Maslach (1998), les six caractéristiques qui peuvent mener une personne au burn-out sont : la charge de travail, le sentiment de contrôle, la reconnaissance, la communauté, la justice, le respect ainsi que les valeurs.

Les auteurs se sont aussi intéressés aux différents modes de prévention existants : Truchot (2004) distingue trois niveaux de prévention : Tout d’abord, la prévention primaire, consistant à éliminer ou à réduire les sources de burn-out, ensuite intervient la prévention secondaire qui repose sur le soulagement des tensions que l’individu peut ressentir. Pour terminer, le mode de prévention tertiaire concerne le traitement des symptômes de burn-out. À ce dernier stade ce n’est plus à proprement parler de la prévention mais plutôt une sorte de remède. À chacun de ces niveaux de prévention nous pouvons avoir une action sur l’individu (dans ce cas-ci, sur le soignant), sur l’interaction de l’individu avec ses patients, sur l’organisation personnelle et sur l’organisation institutionnelle. (p. 215) La prévention semble être un sujet qui n’est pas énormément pris en compte. En effet en 2006, seulement 3% des coûts pour la santé lui étaient destinés. (Bouquet, 2006)

Le burn-out, outre les dommages causés au niveau personnel et professionnel, a aussi un impact sur le plan financier. Il est intéressant de constater qu’aux États-unis, selon Chevrier & Renon-Chevrier, (2004), 54% des journées d’absentéisme sont dues à des problèmes de santé mentale. En Europe, les journées d’absentéisme ayant comme étiologie le stress oscillent entre 50 et 60% du temps d’absentéisme total.

1 Voir annexe A : « Le code déontologique des infirmières selon le CII » p. : 53

(4)

Financièrement, il y a une grande répercussion sur l’économie suisse étant donné que les coûts s’élèvent à plusieurs milliards de francs par année. (Peters & Mesters, 2007, p.155-156). Le Secrétariat d’État à l’économie [SECO] les estime, en tenant compte uniquement du stress, à au moins quatre milliards de francs. D’après une étude menée par Strodeur, Vandenberghe & D’hoore, en 1999, le burn-out a pour conséquences un mal-être, et une détérioration de la santé des travailleurs. Au niveau organisationnel, cette pathologie réduit la satisfaction au travail, l’implication dans l’organisation et la performance ; elle augmente le désir de changer d’emploi ainsi que l’absentéisme.

Ces différentes données sur le burn-out ont suscité un questionnement quant aux causes et moyens de prévention du burn-out chez les infirmiers en soins psychiatriques, palliatifs et aigus. De ce questionnement est ressortie la question de recherche suivante :

De nombreuses recherches ont été réalisées au sujet de l’épuisement professionnel.

De ces études, quels sont les facteurs prédisposant au burn-out ? Quels sont les moyens de prévention possibles ?

Afin de répondre à cette question, les principales thématiques analysées par le biais de recherches seront les facteurs prédisposant au burn-out. De plus, dans le but d’apporter de nouvelles pistes d’actions pour la profession d’infirmière, une seconde partie de e travail se concentrera principalement sur les moyens de prévention de l’épuisement professionnel.

Le but de cette étude est donc de faire un état des lieux des connaissances présentes à ce sujet, ainsi que des recherches réalisées jusqu’à ce jour. De ce recueil de données ressortiront les facteurs prédisposant au burn-out et les moyens de prévention. Pour terminer, un lien entre l’épuisement professionnel et l’activité d’infirmière sera présenté dans l’objectif d’obtenir des pistes d’actions utilisables dans la pratique.

(5)

2. C

ADRE DE RÉFÉRENCE

Pour une meilleure compréhension des résultats ainsi que des thèmes sous-jacents au sujet de recherche, il semble important de définir le cadre de référence ayant trait au thème abordé. Le chapitre de discussion reprendra ces concepts afin de faire un lien entre les résultats trouvés et la théorie écrite par les auteurs.

2.1 BURN-OUT

Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out est une pathologie relativement récente.

Ce fut Bradley en 1969 qui, suite à l’observation d’un stress lié au travail, mit en évidence le syndrome de burn-out (Truchot, 2004, p. 7). Ce terme a ensuite été repris en 1974 par Freudenberger, psychanalyste américain, qui en observant les soignants de la clinique psychiatrique où il travaillait, remarqua un état de détresse. Il proposa alors une première définition : « L’épuisement professionnel est un état causé par l’utilisation excessive de son énergie et de ses ressources, qui provoque un sentiment d’avoir échoué, d’être épuisé ou encore d’être exténué » (Freudenberger 1974, cité par Canouï

& Mauranges, p.10). Pour imager ce concept le psychanalyste américain a, en 1980, utilisé la métaphore de brûlure interne en déclarant :

« Je me suis rendu compte au cours de mon exercice quotidien que les gens sont parfois victimes d’incendie tout comme les immeubles ; sous l’effet de la tension produite par notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action de flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte » (Freudenberger 1974, cité par Canouï & Mauranges, 1998, p. 6).

Ce phénomène a ensuite été étudié par Maslach (1982), chercheuse en psychologie sociale, auprès d’une population de soignants, de travailleurs sociaux, d’enseignants et d’avocats. Cette dernière définit le burn-out comme « un syndrome d’épuisement physique et émotionnel, qui conduit au développement d’une image de soi inadéquate, d’attitudes négatives au travail avec perte d’intérêts et de sentiments pour les patients » (Cité par Brissette, Arcand, Bonnet, 1998, p. XII).

(6)

Suite à ses recherches, Maslach relève trois éléments autour desquels s’articule le syndrome d’épuisement professionnel :

• « L’épuisement physique et/ou émotionnel : il est généré essentiellement par une demande de soutien psychologique excessive chez des professionnels en situation de relation d’aide. C’est la composante clé du syndrome.

• La dépersonnalisation : elle se traduit par une perte d’empathie, un détachement excessif dans les rapports interpersonnels pouvant aller jusqu’au cynisme, une plus grande routine des soins avec une tendance à traiter le patient comme un objet.

• Le manque d’accomplissement personnel : plus le sujet fait d’efforts pour faire face, plus il s’épuise, plus il perd son efficacité, plus il se démotive, installant par là même une sorte de cercle vicieux où il finit par douter de ses propres capacités, baisse les bras et éprouve un réel manque d’accomplissement. » (ibid p. XII)

Maslach & Jackson, 1986, développèrent un moyen de mesure de l’épuisement professionnel : Le Maslach Burnout Inventory.2 « Le MBI est constitué de 22 items : neuf pour mesurer l’épuisement émotionnel, cinq pour la dépersonnalisation et huit pour l’accomplissement personnel. » (Truchot, 2004, p.15)

Le burn out est une pathologie qui touche principalement les personnes travaillant dans le milieu médical. Comme le dit Barbier, dans La Presse Medicale (2004) : « Le Burn- out touche plus spécifiquement tous ceux qui ont choisi d’aider autrui et qui ne le font pas seulement dans un but égoïste. Il concerne particulièrement les soignants, parce qu’ils sont en prise directe avec la souffrance, la misère, le malheur, la maladie et la mort. » (p. 349). Comme cité précédemment dans le travail, l’épuisement est composé de trois symptomatiques principales ; la composante de dépersonnalisation est principalement retrouvée chez les soignants (Canouï & Mauranges, 1998, p.11).

Le burn-out survient suite à une exposition à un stress prolongé. Celui-ci est un facteur essentiel dans la prédisposition de l’individu au burn-out, il est donc primordial de définir ce terme.

2 Voir annexe B : « Maslach Burnout Inventory » p. : 56

(7)

2.2 STRESS

Plusieurs essais de définitions ont été composés. Pour ce travail, celle qui a été retenue est celle de Soly Bensabat (élève de Hans Selye): « Le stress est un résultat spécifique de toute demande imposée au corps, que l’effet soit mental ou somatique » (cité par Boissières, 2003, p. 36). Cette définition est considérée comme la notion moderne du stress. Le stimulus peut être de nature physique, psychologique, émotionnelle ou sensorielle.

Le stress existe depuis très longtemps. En effet, c’est ce phénomène qui a permis à l’être humain de s’adapter aux différentes conditions de vie. Le stress peut être positif (annonce d’une bonne nouvelle) ou négatif (annonce d’une mauvaise nouvelle). Le fait que l’être humain puisse s’adapter aux différentes conditions de vie fait appel au syndrome général d’adaptation de Hans Selye. Ce modèle comprend les trois phases suivantes :

• La phase d’alarme : manifestation de symptômes différant d’un individu à l’autre, elle dépend de la personnalité de chacun.

• Le stade de la résistance : Mobilisation d’énergie pour faire face à l’évènement menaçant. L’équilibre peut être maintenu grâce à la mise en route de mécanismes d’autorégulation.

• La phase d’épuisement : se produit lors d’un stress prolongé. L’individu devient fragile, développe des pathologies physiques (ulcères gastriques, tachycardie).

Suite à ces manifestations physiques peuvent suivre des complications psychologiques telles que l’épuisement émotionnel. La personne n’a plus d’énergie ni de force pour lutter contre le stimulus. (Stella & Jacques Choque, 2005, pp. 7-11)

Au niveau physiologique, lorsque nous percevons une situation stressante, un signal est envoyé à la glande surrénale. Cette dernière va produire de l’adrénaline qui à son tour forme du cortisol. Ces deux hormones seront utilisées pour réagir au stress et le diminuer. Si ce stress est continu, il y aura une accumulation de l’adrénaline et du cortisol déclenchant le burn-out. Pour des informations plus détaillées à ce sujet un tableau ainsi qu’une explication est présentée en annexe C : « Le stress » p. : 60.

(8)

Par ailleurs, il existe plusieurs moyens de faire face au stress. Ces mécanismes de défenses sont les différents types de coping définis par Lazarus et Folkman qui seront expliqués dans la partie ci-dessous.

2.3 COPING

Ce chapitre est basé sur une étude menée par Webb, (2001).

Le modèle de coping, mis au point par Lazarus et ses collègues, semble offrir un fort potentiel. Celui-ci est fondé sur la conviction que la façon dont les gens font face au stress affecte leur bien-être physique, psychique, psychologique et social.

En situation de stress les gens essayent de gérer leur environnement afin de faire face à la situation. Tout d’abord la personne va évaluer le stress de deux façons :

• L’évaluation primaire : la personne évalue si le stress est réel et estime son ampleur. À ce stade, des facteurs de personnalité entrent en compte.

• L’évaluation secondaire : la personne réfléchit aux moyens d’actions qu’elle peut utiliser pour gérer la situation. Elle doit prendre en considération les options, les contraintes et les ressources disponibles incluant le soutien social.

Il en résultera de ces évaluations un comportement de coping qui a deux fonctions : traiter le problème (coping centré sur le problème) et réguler les émotions (coping centré sur l’émotion). La recherche a démontré que les personnes dans une situation stressante ont tendance à utiliser les deux types de coping.

Il existe plusieurs sortes de coping : confrontation, fuite-évitement, distanciation, self- control, recherche de soutien social, acceptation de responsabilité, résolution de problème planifiée, réévaluation positive et auto-culpabilité.

Lors d’agressions à une personne qui nous est chère nous avons tendance à réagir par une attitude de confrontation, ou de fuite-évitement. Cependant lorsque notre santé physique court un risque la recherche de soutien social ou fuite-évitement sera préférée.

Si notre estime est menacée, il y aura une association entre le coping de self-control et la confrontation ou l’acceptation de la responsabilité.

(9)

Contrairement à nos éventuelles attentes, la stratégie de coping ne semble pas être influencé par l’âge et aucune différence de sexe n’a été constatée dans le coping centré sur l’émotion (Folkman & Lazarus, 1980).

Une partie de cette revue de littérature sera axée sur la prévention de l’épuisement professionnel. Il est donc intéressant de comprendre exactement ce que signifie ce terme. Dans la partie qui suit une définition des différents types de prévention existants sera exposée.

2.4 PRÉVENTION

En 1948, l'Organisation Mondiale de la Santé [OMS], distingue trois stades successifs de prévention, allant des moyens à mettre en œuvre pour empêcher l’apparition de pathologies jusqu’à leur thérapeutique, en préparant éventuellement la réinsertion des malades.

• « La prévention primaire : Ensemble des actes destinés à diminuer l'incidence d'une maladie, c'est-à-dire, réduire l'apparition des nouveaux cas. En agissant en amont, cette prévention empêche l'apparition des maladies, par le biais de l'éducation et de l'information auprès de la population.

• La prévention secondaire : Ensemble d'actes destinés à diminuer la prévalence d'une maladie, donc à réduire sa durée d'évolution. Elle intervient dans le dépistage de toutes les maladies et comprend le début des traitements de la maladie.

• La prévention tertiaire : Ensemble des actes destinés à diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans la population, donc à réduire les invalidités fonctionnelles dues à la maladie. Elle agit en aval de la maladie afin de limiter ou de diminuer ses conséquences et d'éviter les rechutes. Dans ce stade de prévention, les professionnels s'occupent de la rééducation de la personne et de sa réinsertion professionnelle et sociale. »

Trickey (1993), suite à une adaptation de Monnier et al., (1980) a utilisé les mêmes types de prévention pour définir ce concept.

(10)

3. M

ÉTHODE

Afin de répondre à la question de recherche : « De nombreuses recherches ont été réalisées au sujet de l’épuisement professionnel. De ces études, quels sont les facteurs prédisposant au burn-out ? Quels sont les moyens de prévention possibles ? » Le devis d’une revue de littérature a été retenu comme méthode de recherche pertinente étant donné les nombreux écrits présents à ce sujet. Par ce biais il sera possible de se rendre compte des écrits réalisés précédemment à propos de cette thématique.

Plusieurs revues de littérature ont été réalisées auparavant mais aucune ne porte sur la même thématique : facteurs prédisposant au burn-out et moyens de prévention de ce dernier chez les infirmières travaillant en soins psychiatriques, soins aigus et soins palliatifs. Parmi ces revues de littérature, les facteurs prédisposant personnels seront plus développés car l’évaluation de cette composante est plus complexe par des types d’études composées d’enquêtes. Ces informations encouragent l’auteure à inclure dans ce travail, non seulement des devis de recherches quantitatives, qualitatives mais aussi des revues de littérature.

Pour réaliser cette revue de littérature, il est important, dans un premier temps, de rechercher des informations dans des ouvrages publiés sur le burn-out. Cette recension des écrits a permis une meilleure compréhension du thème abordé ainsi que l’élaboration des différents cadres de référence. Après avoir recueilli les informations nécessaires sur la thématique, une recherche a été effectuée, à partir d’octobre 2007 jusqu’à mai 2009, sur les banques de données suivantes : PubMed, Banque de données en santé publique et Institut de l’information scientifique et technique.

Les participants dans les études recherchées seront exclusivement des personnes oeuvrant dans le domaine médical, principalement des infirmières qui travaillent dans le milieu des soins palliatifs, soins psychiatriques et/ou soins aigus. Les recherches impliquant des médecins, ergothérapeutes, aides soignants et des secrétaires médicales seront uniquement prises en compte si ces professionnels travaillent dans un des types de services cités auparavant et si les études considèrent un grand échantillon de personnel infirmier.

(11)

Les premières études concernant le burn-out, réalisées en 1982, ont été prises en compte afin de comparer l’évolution de la pathologie au fil des années. Cependant, la moyenne des années de réalisation des études analysées se situe en l’an 2000.

Par ces recherches, il sera possible de trouver des éléments permettant de répondre à la question de recherche initiale.

Afin d’obtenir des études correspondant aux besoins de l’auteure, il a été tenu compte de critères d'inclusion et d'exclusion, émis par celui-ci.

3.1 CRITÈRES DINCLUSION

• Recherches traitant du thème souhaité « burn-out chez les infirmières » afin d’éviter de partir dans d’autres sujets parents.

• Langue : français et anglais. Ce sont des langues comprises par l’auteure.

• Revues scientifiques et médicales 3.2 CRITÈRES DEXCLUSION

• Recherches ne traitant pas le thème recherché, par exemple des recherches traitant le burn-out exclusivement chez les médecins.

• Recherches qui ne sont pas scientifiques telles que des articles de vulgarisation.

• Études publiées dans des langues qui sont inconnues à l’auteure comme par exemple le turque, le russe, etc.

Les mots-clés employés pour trouver les études souhaitées ont été : Burn-out, épuisement professionnel, infirmières, facteurs prédisposant, prévention, nurs*, predictors, prevention, stress et coping. Les termes MeSH3 n’ont pas été utilisés étant donné la quantité suffisante d’informations trouvées par les mots-clés choisis.

Les différentes stratégies de recherche sont présentées dans les tableaux suivants.

3 Mots en anglais permettant de limiter les recherches tels que AND, OR, NOT,…

(12)

3.3 STRATÉGIES DE RECHERCHE

Dans cette partie sont exposées, sous forme de tableau, les stratégies de recherche utilisées pour l’obtention des divers articles. Dans un premier temps, les textes rédigés en français ont été favorisés, puis les écrits en anglais ont été pris en compte. La bibliographie de certaines études a permis de trouver d’autres recherches ayant un intérêt pour répondre au questionnement motivant ce travail. Les recherches concernant les médecins, les ergothérapeutes, les aides soignants et les secrétaires médicales seront uniquement prises en compte si ces soignants oeuvrent dans les types de services cités auparavant et si les études considèrent un grand échantillon d’infirmiers.

3.3.1 PREMIÈRE STRATÉGIE

Moteur de recherche : PubMed

Mots clés Limites

Nombre de recherches obtenues

Nombre de recherches retenues

Référence bibliographique des recherches retenues.

Burnout predictors psychiatric

Langue : français et/ou anglais

25 1 (commandée par après sur Subito)

Brown GT, Pranger T.

(1992). Predictors of burnout for psychiatric occupational therapy personnel

Burnout nurses

Langue:

français et/ou anglais Articles de libre accès

45 1 Imai H., Nakao H., Tsuchiya

M., Kuroda Y.& Katoh T.

(2004). Burnout and work environments of public health nurses involved in mental health care.

burnout prevention nurses

Langue : Français et/ou Anglais

Articles de libre accès.

8 1 Poncet M-C., Toullic P.,

Papazian L., Kentish-Barnes N., Timsit J-F., Pochard F., Chevret S., Schlemmer B. &

Azoulay E.(2006). Burnout syndrome in critical care nursing staff

(13)

3.3.2 DEUXIÈME STRATÉGIE

Moteur de recherche : Banque de données en santé publique

Mots clés Limites

Nombre de

recherches obtenues

Nombre de

recherches retenues

Référence bibliographique des recherches retenues

Burn-out infirmières

Langue : français et/ou infirmières

4 1 Courtial J.P. et Huteau S. (2005). Le burn-out des infirmières en psychiatrie : de la recherche à l’hôpital.

Épuisement professionnel soins

Langue : français et/ou anglais

1 1 Martel,(1991). Concept de soins et outillage infirmier : Ont-ils un rapport avec l’épuisement professionnel des infirmières ?

Épuisement professionnel prédicteurs

Langue : français et/ou anglais

1 1 Stordeur S., Vandenberghe C., &

D’hoore W.(1999). Prédicteurs de l’épuisement professionnel des infirmiers : une étude dans un hôpital universitaire.

Stress coping

Langue : français, anglais

18 2 Webb, C. Concepts, stress, coping.

(2001). Prise en charge, guérison, coping : vers un modèle intégré

Pronost A.-M (2001). Concepts, stress, coping. La prévention du burn-out et ses incidences sur les stratégies de coping

3.3.3 TROISIÈME STRATÉGIE

Moteur de recherche : Institut de l’information scientifique et technique

Mots clés Limites

Nombre de recherches obtenues

Nombre de

recherches retenues

Référence bibliographique des recherches retenues

Burnout soignant

aucune 15 1 Agoub, M., Elyazaji M., Battas

O. (2000). Épuisement professionnel et sources de stress au travail chez les soignants.

(14)

3.3.4 QUATRIÈME STRATÉGIE

Moteur de recherche : Google scholaar

3.3.5 CINQUIÈME STRATÉGIE

Base de départ : références bibliographiques des précédentes recherches puis recherche dans les articles de revues accessibles depuis la bibliothèque cantonale de fribourg.

Également issues des bibliographies des articles précédents, quatre études ont été commandées sur easypresto :

Duquette A., Sandhu, B.-K, & Beaudet L., (1994). Factors related to nursing burnout. A review of empirical knowledge.

Constable J.-F., & Russell D.-W., (1986). The effect of social support and the work environment upon burnout among nurses.

Mots clés : Limites

Nombre de

recherches obtenues

Nombre de

recherches retenues

Référence bibliographique des recherches retenues

Prévention Burn-out soignant

Langue : français Puis sélection des articles récents

80 2 Bonnin-Scaon, S. et Colombat, P.

(2008). Démarche palliative et prévention de la souffrance des soignants.

Schraub S., Marx E. (2004). Le

syndrome d’épuisement professionnel des soignants ou

burn out en cancérologie

Références bibliographiques

Lisandre S., Abbey-huguenin H., Bonnin-Scaon S., Arsene O., &

Colombat P. (2008). Facteurs associés au burn-out chez les soignants en onco-hématologie

Mokslas S., (2007). The relations among empathy, occupational commitment, and emotional exhaustion of nurses

(15)

Jones G. J., Janman K., & Rick T. J., (1987). Some determinants of stress in psychiatric nurses

Dugan J., Lauer E., Bouquet Z., Dutro B.-K., Smith M. & Widmeyer G., (1996).

Stressful Nurses : the effect on patient outcomes.

Parmi ces recherches, quatre sont des revues de littérature. Ces dernières ont été prises en compte dans le but de participer à la recension des écrits. Elles traitent le burn-out en général chez divers travailleurs dans le monde des soins. De plus, ces revues de littérature présentent des éléments intéressants quant aux facteurs prédisposant au burn- out, qui sont peu abordés sur les autres devis de recherches. Les références bibliographiques de ces études n’ont pas été utilisées dans le but de trouver d’autres études pour effectuer ce travail.

Après avoir sélectionné les recherches et fait une première lecture, ces études ont été analysées à l’aide d’une grille basée sur celle de Fortin. Les résultats détaillés sous forme de tableaux sont présentés en annexe D : « Analyse des recherches » p. : 62.

4. R

ÉSULTATS

Suite à l’analyse des études obtenues, il est possible d’établir l’existence de facteurs internes et externes aux professionnels, prédisposant au burn-out. Il en va de même pour les moyens de prévention. Cependant dans les recherches analysées il y a plus de données concernant les éléments collectifs qu’individuels. Il en résulte aussi qu’il n’y a pas de différences significatives entre les divers types de services (soins palliatifs, soins aigus et psychiatrie) quant aux facteurs favorisant le burn-out ainsi qu’aux moyens de prévention.

4.1 FACTEURS PRÉDISPOSANT AU BURN-OUT

Le facteur prédisposant au burn-out qui semble faire un consensus est le stress. Celui-ci peut avoir plusieurs étiologies. Dans la partie qui suit, les facteurs prédisposant au burn- out bénéficieront d’une explication plus approfondie.

(16)

4.1.1 FACTEURS COLLECTIFS

CHARGE DE TRAVAIL

La charge de travail accrue est le facteur le plus important engendrant le stress, qui peut ensuite faire place au burn-out. En effet dans un grand nombre de recherches cette problématique est évoquée. Une revue de littérature élaborée en 2004 a mis en évidence l’étude menée par Rodary & Gauvain-Piquard en France (1993). Cette dernière mentionne que le burn-out est lié à un stress occasionné par une surcharge de travail dont plusieurs études relèvent la problématique. (Stordeurs, Vandenberghe & D’hoore, 1999 ; Courtial & Huteau, 2005 ; Webb, 2001 ; Mokslas, 2007 ; Poncet et al., 2006). De plus, une insuffisance de temps pour effectuer les soins dans leur globalité a aussi été signalée comme un agent stressant par certaines recherches. En cancérologie, une des causes de burn-out est liée au manque de temps personnel. (Schraub & Marx, 2004 ; Pronost, 2001) Une autre cause de stress ayant dans certains cas un lien direct avec la charge de travail ressentie par les professionnels est le type de pathologies traitées, en d’autres mots, la « lourdeur des cas ».

TYPE DE PATHOLOGIES

Suite à la charge de travail importante viennent les types de pathologies rencontrées.

Plusieurs recherches ont démontré par leurs résultats que le type de pathologie influence le burn-out. En psychiatrie, le fait de travailler avec des personnes atteintes de schizophrénie a été relevé comme usant pour le soignant du à la chronicité de la maladie et les différentes rechutes. (Brown & Pranger, 1992). Quant au domaine de l’oncologie, plusieurs études ont démontré la corrélation directe entre la prise en charge de pathologies infectieuses/chroniques et le burn-out. (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000 ; Duquette, Sandhu & Beaudet, 1994 ; Dugan et al., 1996 ; Lisandre, Abbey-huguenin &

Bonnin-Scaon, 2008 ; Mokslas, 2007). Ces pathologies sont difficiles à vivre, tant pour le soignant que pour le patient et son entourage. Elles apportent souvent des moments de souffrance et parfois même, le décès du patient. Ceci est un autre élément influençant le stress chez les infirmiers.

(17)

CONFRONTATION À LA SOUFFRANCE ET À LA MORT

Le soignant qui s’occupe de personnes en souffrance peut être renvoyé à sa propre personne. Ainsi, le fait de voir un corps souffrant va le sensibiliser, le fragiliser et à long terme l’épuiser. Dans plusieurs recherches, la confrontation à la souffrance et à la mort a été indiquée comme un facteur de stress (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000 ; Pronost, 2001). Pour les unités de soins palliatifs, les infirmières ayant reçu une formation spécialisée disent moins se sentir touchée par la souffrance et la mort en tant que facteur de stress. En revanche, dans les unités de soins aigus où il n’y a pas toujours la possibilité de suivre des formations, le stress se fait d’avantage ressentir en présence de patients en souffrance. (Schraub & Marx, 2004 ; Poncet et al., 2006) Au niveau psychiatrique, aucune donnée ne nous est présentée à ce sujet.

Une étude menée dans un hôpital universitaire en Belgique, a montré que la souffrance et les décès multiples n’influenceraient que peu l’épuisement professionnel.

L’hypothèse pouvant être émise pour comprendre ce phénomène est qu’il est peut être dû au fait que cette enquête a été réalisée dans un hôpital universitaire. En effet, dans cet établissement les médecins sont en permanence présents dans les services. De plus la formation que les infirmières ont reçue concernant la prise en charge de personnes en souffrance et celles en fins de vie, peut aussi être un facteur qui tend à diminuer l’impact de ces situations sur le burn-out (Stordeurs, Vandenberghe & D’hoore, 1999).

Face à ces situations riches en émotions, les infirmières peuvent parfois sentir un manque de valorisation de leur travail auprès de la personne malade. Parfois certains patients sont très exigeants face au corps médical et demandent beaucoup d’attention (Schraub & Marx, 2004).

SENTIMENT DE NON RECONNAISSANCE

Les infirmières se retrouvent dans des situations délicates et difficiles pour lesquelles elles s’engagent dans le but de soulager les souffrances des patients. Ces professionnelles ressentent aussi le besoin de sentir leur travail reconnu aussi bien par les supérieurs hiérarchiques que par ses collègues (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000 ; Lisandre et al., 2008). Une étude s’est principalement concentrée sur les soutiens externes au lieu de travail c'est-à-dire la famille et les amis. Ces derniers se sont montrés peu influents quant à l’épuisement professionnel (Duquette, Sandhu & Beaudet, 1994).

(18)

La reconnaissance, selon une des recherches effectuées, peut aussi intervenir à travers le revenu (Brown & Pranger, 1992). Les infirmières peuvent également se sentir non reconnues pour tout le coté technique qu’elles exécutent. En effet, ce sont pour la plupart du temps des gestes de précision qui demandent une grande dextérité et un important savoir-faire. De plus, avec le développement perpétuel et la recherche de nouvelles technologies, il y a constamment des changements techniques à assimiler afin d’améliorer la qualité des soins (Martel, 1991). Étant donné l’avancement technologique, les nouvelles techniques de soins, les nouveaux concepts et les spécificités, le manque de formation continue a été identifié comme un défaut à une bonne santé au travail. Lorsque le professionnel a le sentiment de ne pas être reconnu pour ses efforts, il pourra développer des attitudes négatives envers son entourage. Ceci risque de provoquer une autre source de stress : les perturbations dans l’environnement de travail.

ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

Une étude démontre que les perturbations dans l’environnement de travail sont souvent associées à une recrudescence d’épuisement professionnel (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000). Dans ce chapitre, nous allons prendre en compte l’ambiance qui règne au sein de l’équipe de travail, le type de service, les infrastructures, ainsi que la pression exercée par le travail sur les soignants.

D’une part, il a été constaté que le fait de travailler dans une ambiance tendue, sous un stress constant est un facteur qui favorise les conflits entre le personnel. Ces conflits au sein des collègues et des médecins sont liés à un burn-out accru (Stordeurs, Vandenberghe & D’hoore, 1999).

Le domaine de la psychiatrie, en termes d’environnement de travail, est jugé comme dangereux pour le soignant. Ce dernier peut être atteint psychologiquement ou physiquement. Il y a également davantage de présence de conflits entre soignants et patients ou entre l’équipe même des professionnels. Cet environnement chargé de stress et périlleux serait propice au burn-out (Jones, Janman & Rick, 1987).

Néanmoins, une étude démontre que ce n’est pas nécessairement dans les unités de soins réputées stressantes, dans lesquelles, la charge émotionnelle est intense ou la charge de travail est importante, que les infirmières souffrent le plus de burn-out

(19)

(Stordeurs, Vandenberghe & D’hoore, 1999). Par exemple ce n’est pas aux soins intensifs qu’il y a le plus grand taux de burn-out mais en oncologie.

Par ailleurs, au niveau des infrastructures, il semblerait que dans un grand hôpital la collaboration entre les différentes disciplines soit parfois perturbée. Ceci diminuerait la satisfaction au travail pouvant engendrer un épuisement. Par la même occasion, travailler dans un environnement bruyant influence positivement le taux d’épuisement professionnel (Ibid, 1999 ; Duquette, Sandhu & Beaudet L., 1994).

Le manque de supervision dans les équipes est un autre facteur influençant le burn-out considéré parmi les plus importants (Constable & Russell, 1986).

De plus, une pression au travail est ressentie dû au manque de temps et aux ambiguïtés face au rôle professionnel. Les demandes des patients envers les soignants peuvent, par la même occasion, accentuer le stress ressenti (Ibid, 1986). Ce manque de temps peut aussi entraver la communication entre les professionnels et les patients, entre l’équipe soignante et entre les infirmiers et la famille (Lisandre, Abbey-huguenin & Bonnin- Scaon, 2008).

DIFFICULTÉ DE COMMUNICATION

La communication est un élément essentiel dans le milieu des soins. Cet environnement est en grande partie composé de relations interpersonnelles. C’est pourquoi, les difficultés relationnelles avec les patients et leur famille représentent un facteur de stress (Duquette, Sandhu & Beaudet, 1994). La difficulté de relation avec la famille peut être mise en relation avec une difficulté de gestion des proches qui est un facteur prédisposant au stress et au burn-out (Lisandre, Abbey-huguenin & Bonnin-Scaon, 2008). Une étude menée par Poncet, et al en 2006, a relevé que le personnel ayant une mauvaise relation avec les familles, patients ou collègues risque davantage de développer un épuisement professionnel.

DURÉE DE TRAVAIL, ROTATION

Une enquête descriptive, menée par Brown & Pranger, 1992, indique que le nombre d’heures travaillées est une cause de burn-out. Cette recherche affirme que le temps travaillé dans un même service peut influencer positivement l’épuisement professionnel.

Les résultats de cette étude conseillent aux « anciens » travailleurs d’une unité à

(20)

diversifier leurs tâches, à changer de type de service. La rotation, selon cet écrit, serait donc un facteur de prévention du burn-out. A contrario, dans une recherche menée par Poncet, et al en 2006, la rotation serait une conséquence du burn-out. Le professionnel attribuant la cause de son mal-être au lieu de travail, chercherait à changer de poste afin de trouver un, qui pour lui serait plus motivant. Cette recherche met aussi l’accent sur les heures de travail effectuées comme élément influençant l’épuisement professionnel.

Une autre recherche accorde plus d’importance aux heures supplémentaires de travail en psychiatrie considérées comme facteur prédisposant à l’épuisement professionnel. (Imai et al., 2004). La rotation demande à l’infirmier chef une organisation parfois difficile. Si celle-ci est défaillante, elle peut être la cause d’épuisement professionnel chez ce dernier.

ORGANISATION

L’organisation est une composante très importante dans les soins étant donné la multitude de tâches à accomplir dans le temps de travail imparti. Une équipe présentant un des membres en burn-out, aura besoin de se réorganiser car ce membre sera absent afin de se soigner. Cette réorganisation n’est pas toujours facile du fait que la charge de travail sera toujours la même, mais pour une équipe avec un membre en moins. Si l’organisation dans le service est adéquate, les travailleurs ressentiront à peine le changement. Cependant, si tel n’est pas le cas, ceci pourra susciter des mécontentements de la part du personnel, pouvant à long terme, les mener à changer de service (Stordeur, Vandenberghe & D’hoore, 1999 ; Lisandre, Abbey-huguenin & Bonnin-Scaon, 2008).

L’organisation peut aussi être défaillante au niveau personnel. Cette partie sera développée dans le chapitre suivant.

4.1.2 FACTEURS INDIVIDUELS

Le versant personnel dans les facteurs influençant le stress présente autant d’importance que le collectif. Cependant, il est plus difficilement quantifiable. « L’influence du stress personnel et de la personnalité des soignants dans la survenue de l’épuisement professionnel est parfois difficile à évaluer en raison essentiellement de problèmes méthodologiques (difficulté d’imposer un nouveau questionnaire, intrusion dans la vie privée…) » Malgré les difficultés d’investiguer ce domaine-là, il reste tout de même important (Schraub & Marx, 2004). Toutefois, selon Imai et al., 2004, le burn-out

(21)

représente un problème dans le milieu de travail, plutôt qu’un problème interne à l’homme. Pour mieux comprendre les facteurs individuels agissant sur le burn-out, nous allons tout d’abord approfondir les caractéristiques socio-démographiques.

DONNÉES SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES

La culture joue un rôle non négligeable dans l’épuisement professionnel. Par exemple, aux États-unis le taux de burn-out est plus élevé qu’en Suisse. Le jeune âge est aussi considéré comme un facteur influençant ce syndrome. En effet, les jeunes infirmières semblent être plus touchées par ce phénomène (Schraub & Marx, 2004 ; Duquette, Sandhu & Beaudet, 1994).

De plus, les problèmes privés externes au travail sont positivement corrélés avec le taux élevé d’épuisement professionnel. Le stress qu’une infirmière subi en dehors du travail peut influencer sa capacité à exercer les soins. En effet, si cette dernière est préoccupée par des éléments externes au travail elle sera moins disponible pour celui-ci voire surchargée. Cette surcharge va à long terme influencer le burn-out (Shimizu, Feng &

Nagata, 2005). Un autre facteur pouvant mener à l’épuisement professionnel est la personnalité du soignant.

PERSONNALITÉ

Une des causes du burn-out est l’individu lui-même avec son caractère, ses valeurs et son être (Lisandre, Abbey-huguenin & Bonnin-Scaon, 2008). En contrepartie, une revue de littérature menée par Courtial & Huteau, 2005, arrive à la conclusion que « … le burn-out n’est pas un problème lié aux personnes elles-mêmes, mais à l’environnement social dans lequel elles travaillent ».

Les infirmières énormément impliquées dans leur travail, et ayant peu de ressources externes ont un plus grand risque de développer un burn-out (Brown & Pranger, 1992).

D’autre part, les ressentis des infirmières jouent aussi un rôle dans l’épuisement professionnel.

(22)

ÉMOTIONS

Le sentiment de manque d’autonomie dans ses actes et décisions peut prédisposer une infirmière au burn-out. Une recherche a démontré que les infirmières travaillant dans un service où il n’existe que peu d’encouragement à l’autonomie, sont plus exposées au burn-out (Constable & Russell, 1986).

Les professionnels travaillant principalement dans des services de pathologies lourdes, comme par exemple, en cancérologie, se sentent parfois impuissants face à la maladie.

Ce sentiment est très difficile à vivre car il peut les amener à se sentir en échec. Ces sentiments risquent d’être accentués par les demandes des patients et familles cités précédemment (Schraub & Marx, 2004). De plus, les professionnels se sentiront probablement frustrés par la pression sociale qui leur est imposée (charge de travail élevée) ainsi que par le manque de moyens à disposition pour exercer leur métier correctement. Cette frustration peut les conduire à un épuisement professionnel.

(Martel, 1991)

Une étude menée par Mokslas en 2007 sur les relations entre l’empathie, l’engagement professionnel et l’épuisement professionnel arrive à la conclusion que l’empathie est bénéfique pour les patients mais pas pour les soignants. En effet, l’empathie serait considérée comme un facteur prédisposant au burn-out. Cette dernière augmenterait séquentiellement avec le nombre d’années d’expérience et l’engagement professionnel.

Les soignants ont parfois envie d’en faire trop en peu de temps. Ils se fixent donc des buts irréalistes. Puis, lorsqu’ils se rendent compte qu’ils n’arriveront pas à atteindre leurs objectifs, ils peuvent s’en trouver frustrés (Brown & Pranger, 1992). Cette problématique des buts irréalistes peut faire allusion à un défaut d’organisation personnelle.

ORGANISATION

Si le professionnel a des difficultés à organiser le travail de sa journée, il se sentira très vite débordé et épuisé. C’est pourquoi, une organisation défectueuse induit une diminution de la qualité des soins offerts (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000 ; Lisandre, Abbey-huguenin & Bonnin-Scaon, 2008).

(23)

GESTION DU STRESS

Le coping peut apparaître comme une variable modératrice du burn-out. Selon le type de coping utilisé, il peut atténuer ou augmenter le stress ressenti pouvant mener à l’épuisement professionnel (Stordeur, Vandenberghe & D’hoore, 1999).

Une recherche, menée par Pronost en 2001, se centre sur l’influence de la formation sur le coping comme moyen de prévention du burn-out. Cette recherche montre que les infirmières formées ont plus de facilité à analyser les situations et à adopter des stratégies de coping positives. Les professionnelles démontrent aussi, de part leur analyse, une plus grande conscience des facteurs pouvant mener à un épuisement professionnel.

4.2 MOYENS DE PRÉVENTION DU BURN-OUT

Après avoir énuméré les facteurs créant une prédisposition au burn-out, il est intéressant de savoir comment le prévenir. Le principal mode de prévention se trouve au niveau collectif. À ce niveau, il existe des moyens de prévention portant sur l’environnement de travail, la formation, la charge de travail et la supervision. « La prévention du burn- out commence avant tout par l’anticipation » (Schraub & Marx, 2004). Pour cette partie, outre les recherches utilisées auparavant, figureront des citations d’un document explicatif, de Bonnin-Scaon & Colombat, 2008, dont la procédure d’analyse est identique aux autres études. Ce document mentionne les moyens de prévention possibles.

4.2.1 PRÉVENTION COLLECTIVE

ENVIRONNEMENT

Le domaine dans lequel il y a une plus grande capacité d’action est l’environnement professionnel. Une recherche effectuée par Agoub, Elyazaji & Battas, en 2000, rapporte qu’il faut « promouvoir un environnement de travail où règnent la reconnaissance, l’autonomie, la souplesse, l’écoute le soutien moral, la valorisation et l’estime de soi. » Un grand nombre de recherches ont un point commun en disant que le fait de rendre de l’autonomie aux professionnels peut contribuer à la prévention d’un épuisement professionnel (Ibid ; Stordeur, Vandenberghe & D’hoore, 1999 ; Dugan et al., 1996 ;

(24)

Courtial & Huteau, 2005 ; Martel, 1991). Le soutien ne permet pas de diminuer le stress mais aide à y faire face (Constable & Russell, 1986). Dans le but d’améliorer leur estime de soi, il faudrait accorder plus de pouvoir aux infirmières dans leur pratique (Dugan et al., 1996 ). De plus l’encouragement des anciens travailleurs dans l’unité à diversifier leur travail, pourrait limiter l’apparition du burn-out. (Brown & Pranger, 1992). L’accomplissement de nouvelles tâches, demandera au professionnel un besoin de formation.

FORMATION

La formation apparaît comme deuxième moyen de prévention du burn-out, le plus cité dans les recherches analysées. La formation continue permet de garder l’enthousiasme pour le métier et de mettre à jour régulièrement ses connaissances par rapport à l’évolution des soins. Elle est interne à l’établissement et interdisciplinaire. Elle permet l’acquisition de nouvelles connaissances et le partage des perceptions de chaque professionnel. Chacun se réapproprie les informations reçues en fonction de son champ de compétences (Bonnin-Scaon & Colombat, 2008). D’après Martel, 1991, qui dans sa recherche s’est plus focalisé sur l’outillage des soins infirmiers en lien avec le burn-out, affirme que la formation permet d’apprendre de nouvelles techniques et d’acquérir de nouvelles compétences afin de prodiguer des soins adéquats. La formation peut aussi intervenir au niveau des stratégies de coping ; apprendre quelles stratégies de coping utiliser selon le type de situation. Pour le domaine des soins palliatifs, le but de la formation est le changement des comportements et des attitudes face à la mort. Elle permet à l’infirmière de se sentir moins en échec face au décès des patients (Pronost, 2001).

Dans ces moments de formation, plusieurs thèmes peuvent être abordés. Une thématique susceptible d’être traitée est la communication ; elle semble être un besoin d’apprentissage important. Celle-ci permet non seulement d’éviter un certain nombre de conflits mais aussi de les gérer (Dugan et al., 1996 ; Poncet et al., 2006). Le professionnel à également la possibilité d’apprendre à se relaxer, à réduire le stress ressenti, à connaître les différents types de coping existants et à en utiliser les plus efficaces.

(25)

De plus l’élaboration d’un projet comme moyen d’apprentissage peut aussi être une piste pour prévenir l’épuisement professionnel. Ce projet porte sur une problématique ressentie en équipe à laquelle il faut essayer de trouver des pistes de solutions. La participation à ce travail permettrait à chacun de se sentir valorisé et impliqué dans l’évolution et l’amélioration du service. La réalisation de ce projet procurerait un sentiment de cohésion d’équipe et sa finalité conduirait à une amélioration des conditions du « vivre ensemble » (Poncet et al., 2006 ; Bonnin-Scaon & Colombat, 2008).

Les superviseurs devraient être formés pour pouvoir rapidement identifier un professionnel qui devient épuisé. Dans la même optique, il pourrait aussi agir, en conséquence, en lui enseignant des stratégies de coping individuel afin d’éviter un burn- out qui est si dévastateur (Bonnin-Scaon & Colombat, 2008).

SUPERVISION

Un haut niveau de support de la part des superviseurs peut directement diminuer le sentiment d’épuisement émotionnel, composante du burn-out (Constable & Russell, 1986). Il faut donner la possibilité aux professionnels qui s’occupent de patients ayant des dossiers médicaux « complexes », de pouvoir s’exprimer sur leurs vécus, leurs ressentis et leurs doutes. Cet instant d’échanges leur permettra d’avoir l’avis des collègues qui ont un peu plus de recul face à la situation (Brown & Pranger, 1992). Ces moments de supervision doivent être fixés à l’avance et pour un meilleur résultat, il serait judicieux que ces rencontres soient régulières. Dans ce but, les moments d’échanges seront choisis selon les disponibilités des membres de l’équipe soignante (Bonnin-Scaon & Colombat, 2008).

CHARGE DE TRAVAIL

La diminution du nombre de cas lourds pour un même soignant permettrait d’alléger sa charge de travail, tout en prévenant le burn-out. Pour cela, il suffirait de réadapter la planification du travail selon les degrés de lourdeur des patients de façon à avoir un équilibre dans le service. La diminution des heures de travail supplémentaires aiderait fortement à la prévention de l’épuisement professionnel. Le fait d’organiser la planification du travail en fonction des types de patients pourrait permettre d’éviter ces heures additionnelles (Brown & Pranger, 1992).

(26)

Tous ces points donnent lieu à une amélioration des conditions de travail permettant ainsi une meilleure satisfaction au travail et une meilleure prévention du burn-out.

4.2.2 PRÉVENTION INDIVIDUELLE

FORMATION À LA GESTION DU STRESS

La participation à un programme de gestion du stress permettrait d’acquérir des moyens pour lui faire face de façon convenable. Dans ces moments de formation, le professionnel peut découvrir les différents types de coping existants et identifier quels moyens appliquer selon les situations. Par la suite, il aura aussi la possibilité de mieux analyser les situations vécues dans le but de réussir à prendre du recul. Tout ce processus d’adaptation au stress aide à prévenir le burn-out (Pronost, 2001).

RÉFLEXION PERSONNELLE

Le fait de s’accorder un temps de réflexion nous permet d’avoir un autre regard sur la situation. Suite à cette réflexion et à ce travail personnel, le professionnel parviendra, avec un certain recul, à accepter les situations qui, jusqu’ici lui ont causé difficulté. Tout ce travail de réflexion demande une grande honnêteté intérieure. C’est par cette réflexion que le professionnel prendra conscience qu’il a quelques difficultés au travail.

Cette prise de conscience peut mener le soignant à consulter le médecin du travail, le psychologue,… (Schraub & Marx, 2004). Le soignant en détresse recherchera du soutien social auprès de professionnels (Constable & Russell, 1986 ; Courtial & Huteau, 2005).

5. D

ISCUSSION

Ce chapitre, s’emploiera dans un premier temps à analyser la qualité des résultats.

Ensuite figureront une exposition du compte rendu des résultats obtenus ainsi que des liens établis entre ces derniers et la littérature.

(27)

5.1 QUALITÉ DES ARTICLES CHOISIS4

Cette revue de littérature englobe seize recherches scientifiques et deux documents explicatifs. Parmi celles-ci, douze sont de type quantitatif, deux de type descriptifs et deux autres sont des revues de littérature. Les dates de réalisation de ces études sont comprises entre 1986 et 2008, la moyenne se situant autour de l’an 2000. Afin de réaliser les revues de littérature étudiées pour étoffer ce travail, cinquante-trois écrits scientifiques ont étés nécessaires. Des seize recherches scientifiques utilisées, onze concernent uniquement les infirmières.

Les recherches d’ordre quantitatif et qualitatif ont comporté au total 5’435 infirmières participant aux enquêtes. Le nombre de médecins présents dans les recherches réalisées est au nombre de cinquante-neuf. Une étude a été réalisée principalement sur les ergothérapeutes, cette dernière comprend quatre-vingts professionnels (Brown &

Pranger, 1992). Malgré le fait qu’elle ne concerne pas directement la population souhaitée, elle a tout de même été prise en compte, étant donné ses apports intéressants pour cette revue de littérature. Dans certaines recherches, les aides-soignants, et autre personnel ont été considérés. La totalité des personnes autres qu’infirmières, médecins ou ergothérapeutes s’élève à 230. Le taux de réponse moyen aux questionnaires est de 40%. Pour chaque questionnaire présenté aux professionnels, une demande d’accord de participation a été préalablement réalisée. Lors de cette demande, les auteurs ont explicité la thématique de leur étude ainsi que les objectifs. Plusieurs de ces études ont mentionné une demande à une commission d’éthique, qui ont été approuvées. Ceci révèle que les recommandations éthiques ont été respectées.

Par ailleurs, de nombreuses études ont utilisé plusieurs types de questionnaires. Le Maslach Burn-out Inventory [MBI], décrit dans le cadre de référence du burn-out chapitre 2.1, fut le questionnaire employé par la majorité des auteurs pour évaluer le taux d’épuisement professionnel, à raison de onze recherches. Le MBI avait été auparavant évalué par divers auteurs. « Dans l’ensemble tous les auteurs accordent une bonne validité convergente au MBI, même si beaucoup font remarquer qu’elle n’est pas véritablement établie pour l’accomplissement personnel. » (Truchot, 2004, p. 201).

4 Un détaillé de l’analyse de la qualité des études est présenté en annexe E : « Analyse de la qualité des études ». P. :137

(28)

Après le MBI, l’échelle la plus utilisée, selon la littérature, est le Burnout Mesure de Pines possédant elle aussi une bonne validité scientifique. Elle comprend 21 items.

Parmi ces 21 points, aucun ne fait explicitement référence à l’environnement de travail.

De cette critique-là, nous pouvons affirmer que le questionnaire de Pines est plus fortement corrélé avec l’épuisement émotionnel qu’avec les deux autres dimensions du burn-out (Truchot, 2004, p. 208). Parmi les études choisies pour réaliser ce travail, une seule utilise le questionnaire de Pines. Les autres échelles utilisées ont été l’échelle toulousaine sur le coping, le test général health et le work environment scale. Tous ces questionnaires ont été, bien évidemment, remplis de façon à garder l’anonymat total des participants.

Quant au domaine de recherche, cinq études ont porté sur les soins aigus, quatre sur les soins en psychiatrie, quatre sur les soins palliatifs/oncologie et une recherche a été menée sur les infirmières œuvrant à l’armée. Dans la recherche de Strodeur, Vandenberghe & D’hoore, 1999, le type de service d’analyse n’a pas été précisé.

Dans certains écrits, plusieurs pays d’analyse ont été pris en compte afin de les comparer. La France et les États-Unis ont été les pays les plus représentés. En effet, au total, douze recherches se sont intéressées à ces pays. Deux études se sont centrées sur le Japon. Enfin, le Canada, la Lituanie, l’Angleterre, le Maroc et la Belgique n’ont été cités qu’une fois dans les recherches consultées.

5.2 FACTEURS PRÉDISPOSANT AU BURN-OUT ET MOYENS DY PALLIER

Inspirés de la littérature, les auteurs des recherches ont classé les facteurs prédisposant en deux catégories : les facteurs externes et ceux qui sont internes à la personne. Ces éléments présentés dans les études avaient été auparavant identifiés par des auteurs tels que Maslach, décrits dans la partie du cadre de référence de ce travail. Néanmoins, avec les recherches effectuées sur le terrain les facteurs prédisposants ont été plus détaillés.

5.2.1 FACTEURS EXTERNES

Concernant les facteurs externes, le stress a été cité comme élément principal dans toutes les recherches. C’est pourquoi, plusieurs recherches portant sur les éléments stresseurs que peut ressentir un professionnel de la santé dans son lieu de travail se sont

(29)

succédées. D’après les recherches les agents stresseurs du point de vue collectif sont : la charge de travail, le nombre d’heures travaillées ainsi que l’ancienneté du poste, le type de pathologies rencontrées, la confrontation à la souffrance et à la mort, le sentiment de non reconnaissance ainsi que le manque d’autonomie et l’environnement de travail avec les difficultés de communication entraînant parfois des conflits.

Tout au long de ce chapitre, suite à la présentation d’éléments prédisposant au burn-out, les moyens de prévention pouvant éviter ces problématiques seront exposés. Comme le dit Deschamps, F. « La prévention permet de préserver son capital humain » (in Temps présent : Burn-out : Quand le travail ce n’est pas la santé5). Or, selon la définition proposée dans le cadre de référence, il est intéressant de relever que ici la prévention est essentiellement primaire, voire secondaire, c'est-à-dire qu’elle touche tout le monde.

Puis dans un deuxième temps, elle vise principalement les soignants prédisposés d’avantage au burn-out.

Par ailleurs, la charge de travail est ressortie comme un facteur important de stress dans la majorité des recherches. (Agoub, Elyazaji & Battas, 2000 ; Brown & Pranger, 1992 ; Schraub & Marx, 2004 ; Stordeur, Vanderberghe & D’hoore, 1999 ; Duquette, Sandhu

& Beaudet, 1994 ; Jones, Janman & Rick, 1987 ; Courtial & Huteau, 2005 ; Poncet et al. 2006). En effet, dans notre société, la tendance générale est de faire plus et toujours plus vite, la thématique qui émerge de cette façon de penser est la concurrence (Vasey, 2000). D’après l’émission « A bon entendeur : Vous souffrez ? Pour l’opération repassez dans 6 mois »6, il y a de plus en plus de personnes demandant des soins, notamment des soins gériatriques. Cette problématique peut être due en partie au phénomène communément appelé « vieillissement de la planète ». Les pathologies, ainsi que le dossier médical des patients, ont tendance à se complexifier et à demander plus de présence et d’actes infirmiers ce qui alourdit considérablement la charge de travail. De plus, étant donné la crise actuelle que vit notre société, et parfois pour des soucis économiques, les équipes se retrouvent en sous-effectifs, la charge de travail peut

5 Voir annexe F : « Prise de notes de : Temps Présent « Burn-out : Quand le travail n’est pas la santé » » p. : 144

6 Voir annexe G : « Prise de notes de : A Bon Entendeur « Vous souffrez ? Pour l’opération repassez dans 6 mois » » p. :148

(30)

s’en trouver de ce fait majorée. Le progrès de la technologie contribue à des tensions d’ordre psychique car tout va plus vite. Le même manque de temps influence aussi la charge de travail. La société demande aux professionnels de faire vite, bien et pour pas cher ; trois éléments impossibles à concilier (De Gueuser, F. in Temps présent : Quand le travail c’est pas la santé). De nos jours, les infirmières n’ont plus le temps pour prendre en charge correctement tous les patients, elles ne peuvent plus écouter la souffrance intérieure des patients comme autrefois. Comme moyen de pallier aux impacts de la charge de travail, il faudrait, dans un premier temps, accorder une plus grande importance à l’organisation institutionnelle du service, puis du soignant même.

Au niveau institutionnel, les personnes chargées des ressources humaines devraient s’arranger à qu’aucune équipe ne soit en sous-effectif. Aussi, la gestion des lits pourrait veiller à distribuer les patients le plus équitablement possible selon les services et selon le degré de dépendance de ceux-ci. Par exemple, dans une unité donnée, il faudrait éviter de mettre tous les cas « lourds » dans un seul service mais les répartir. Au niveau de l’équipe, il est essentiel de se partager équitablement la charge de travail, afin d’éviter des inégalités de travail. Le respect des demandes d’horaires peut aussi influencer la motivation des professionnels. Quant à l’organisation personnelle, la façon dont l’infirmière est capable d’organiser ses soins influence le niveau de stress qu’elle ressentira. Il faut qu’elle puisse demander de l’aide si besoin est. En résumé, si l’organisation est bien gérée, le niveau de stress ressenti dû à la charge de travail peut en être diminué et ainsi éviter les heures de travail supplémentaires qui sont considérés comme facteurs prédisposant au burn-out.

Le nombre d’heures travaillées ainsi que le temps travaillé dans un même service semblent être un facteur influençant l’épuisement professionnel. Une étude, menée par Brown & Pranger, propose comme solution à ce phénomène de changer de service assez régulièrement. Cette rotation permettrait, selon eux, de garder un certain intérêt pour le travail effectué et ainsi de prévenir l’épuisement professionnel. En contrepartie, une autre étude nomme la rotation comme facteur prédisposant au burn-out. Elle justifie cette affirmation par le besoin de réadaptation constante de la soignante et de l’équipe soignante (Poncet et al., 2006). Il existe un besoin de se réadapter aux nouvelles techniques de la prise en charge de pathologies récentes.

(31)

Le type de pathologies peut également être une source de stress selon les articles consultés. Cette cause a été citée dans nombreuses des recherches effectuées. En psychiatrie, le fait de travailler avec une population composée principalement de patients atteints de schizophrénie, connue pour ses diverses rechutes, est considéré comme facteur stressant (Brown & Pranger, 1992). Nous pouvons aussi supposer que les autres pathologies ayant tendance à avoir des rechutes, telles que les dépendances sont tout aussi épuisantes pour le soignant. En oncologie, l’accompagnement de personnes atteintes de pathologies graves avec un traitement lourd, peut prédisposer le soignant au burn-out. En milieu palliatif, ce serait davantage la problématique de la confrontation à la mort qui, à long terme, peut devenir « usante » pour le soignant. La confrontation à la mort et la souffrance ont été relevée comme une autre source de stress.

Le fait de travailler à long terme avec des personnes en souffrance est souvent difficile à supporter. La confrontation fréquente à la mort peut conduire à un burn-out. Les professionnels côtoyant fréquemment des cas de décès doivent constamment faire des deuils, caractéristique qui engendre un stress chez le soignant. Malgré les cours reçus pendant la formation, le soignant peut se sentir démuni face à la mort et à la souffrance d’autrui. Ces éléments-là vont le toucher allant dans certains cas jusqu’à des symptômes de burn-out. Ici, la prise de distance connue comme symptôme du burn-out peut être comprise comme un mécanisme de défense utilisé par le soignant. La distanciation peut être un type de coping comme cité dans le chapitre 2.3 de ce travail. Face à cette souffrance, la formation a démontré de bons résultats sur les soignants. En effet, une recherche, menée dans une unité de soins palliatifs présente que les infirmiers ayant reçu une formation disent se sentir moins stressés face à la confrontation de la mort (Schraub, Marx, 2004). Devant ces pathologies difficiles et ces moment riches en émotions tels que les décès, la supervision peut aider à parler de ce qui se passe. Le manque de supervision a été signalé dans les études comme étant un facteur prédisposant au burn-out (Constable & Russell, 1986). Ces moments d’échanges, avec un animateur formé dans le domaine aident les soignants à partager leurs vécus, leurs soucis et à trouver des solutions ensemble. Ces temps de supervision devront être fixés selon les disponibilités de l’équipe afin que le plus grand nombre de soignants puisse y participer et que ceci se fasse avec une certaine régularité. Lors de ces moments d’échanges, chaque participant amènera une situation de soins qu’il estime difficile, qui

(32)

lui pose problème ou qu’il souhaite partager avec ses collègues. Chaque situation sera décortiquée afin que tous les participants la comprennent, que tout le groupe puisse y réfléchir, trouver des pistes d’action et de compréhension (Bonin-Scaon & Colomb, 2008). Cette analyse commune en plus de soulager le soignant permet une amélioration de la qualité des soins prodigués. Les professionnels pourront se sentir écoutés et soutenus face à leurs doutes et leurs difficultés. Le superviseur devra savoir détecter les personnes qui sont fortement à risque de développer un épuisement professionnel afin de pouvoir faire de la prévention secondaire. Pour ce faire, lorsqu’il remarque qu’une personne présente des difficultés dans le lieu de travail, il la prendra seule en entretien pour lui proposer d’en discuter. Cette discussion peut mener le professionnel à réfléchir sur ses motivations pour son travail, sur ses idéaux mais aussi à faire le point sur sa situation professionnelle. (Temps présent : Burn-out : quand le travail c’est pas la santé, 2006) Suite à cette remise en question, le soignant pourra, s’il en ressent le besoin, s’adresser au médecin du personnel ou à un psychologue. Pour que le soignant puisse franchir toutes ces étapes, il devra être soutenu et rassuré vis-à-vis des craintes qu’il pourrait avoir sur les conséquences de son mal-être : peur d’être licencié, peur qu’on le trouve faible, peur de laisser tomber ses collègues,…

Le manque de reconnaissance est un autre facteur de stress influençant le burn-out chez les soignants. Le principal besoin de soutien est celui venant des supérieurs hiérarchiques (Lisandre et al., 2008). Les infirmières ont besoin de reconnaissance non seulement pour le coté psychique de leur métier mais aussi pour tout le coté technique.

En effet, avec le développement technologique les diverses pathologies et les nouveaux traitements, ces dernières doivent sans cesse se réadapter à de nouvelles techniques de soins, à du nouveau matériel, etc. Cet aspect technique, demande une grande précision et une certaine dextérité. Réquisitions qui ne sont pas toujours faciles à acquérir. Les infirmières doivent aussi, suite à la complexification des dossiers médicaux des patients, utiliser plusieurs connaissances et observations en même temps. Pour cela, les infirmières ont également un besoin de reconnaissance. La valorisation de leur travail leur permet de se sentir reconnues et utiles. Ce sentiment d’utilité leur permettra un plus grand engagement dans leur pratique et une autre motivation. Le fait que l’infirmière se sente écoutée par ses collègues peut contribuer au sentiment d’avoir une place dans l’équipe et ainsi à se sentir mieux intégrée au sein du groupe. Cela lui procurera un sentiment de bien-être.

Références

Documents relatifs

Les conditions et la charge de travail, l’exposition à la souffrance et à la mort, le manque de soutien, la rupture de l’idéal et le sentiment de non-reconnaissance sont

Elle peut aussi être financière dans le sens d’un sentiment de dignité pour conserver un salaire à la hauteur de l’engagement personnel, de l’amplitude des horaires, ou

Dans un premier temps, le stress provoque soit une diminution de l’accomplissement personnel soit l’épuisement émotionnel, qui à son tour entraîne la dépersonnalisation pour

Les symptômes du « Burn out» peuvent s’exprimer de différentes manières, comme par exemple sous forme de tensions musculaires, de problèmes pectoraux, abdominaux ou de

Lorsque le médecin soupçonne un épuisement professionnel, il prescrit tout d’abord un arrêt de travail de courte durée qui permet à son patient de se reposer et de prendre

prendre  des  plantes  aux  propriétés

Le fait même d’avoir été conte- nant des souffrances de l’Autre le place à une distance 13 telle qu’il lui devient impossible de maintenir avec ses patients des relations

L’état de stress chronique est une réponse de notre corps à une situation de stress qui s’inscrit dans la durée : c’est le cas quand, tous les jours au travail, nous