J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS
V. T URQUAN
Résultats statistiques de neuf années de divorces
Journal de la société statistique de Paris, tome 35 (1894), p. 201-203
<http://www.numdam.org/item?id=JSFS_1894__35__201_0>
© Société de statistique de Paris, 1894, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Journal de la société statistique de Paris » (http://publications-sfds.math.cnrs.fr/index.php/J-SFdS) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute uti- lisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infrac- tion pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la pré- sente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
— âOl
in.
BÉSULTATS STATISTIQUES DE NEUF ANiNÉES DE DIVORCES.
Voilà bientôt dix ans que le divorce est rétabli en France, et la statistique a re- cueilli les résultats des jugements accueillant les demandes de divorces, depuis neuf années ; nous allons examiner succinctement ces résultats, année par année, pour la France entière, puis pour l'ensemble de toute la période, dans chaque dé- parlement. Il n'y a pas eu, en neuf ans, moins de 38,940 divorces enregistrés par la statistique de l'état civil.
Il y a lieu toutefois de faire une réserve pour le chiffre des divorces prononcés en 1884. Les divorces prononcés pendant les derniers mois de cette année, relevés par la statistique judiciaire, ne l'ont pas été par les statistiques de l'état civil, four- nies par les mairies, et le chiffre produit par le ministère de la justice (4,657 divor- ces dans les 4 derniers mois de 1884) a été pris tel quel, par le bureau de la sta- tistique générale. Un certain nombre de jugements de divorce* prononcés en 1884 et transcrits sur les actes de l'état civil Tannée suivante, ont dû être comptés deux fois.
Sous le bénéfice de cette observation, voici quels ont été les nombres annuels de divorces.
1884. . . 1,657 divorces (quatre mois), ce qui eût donné pour Tannée entière une proportion de 66 divorces pour 100,000 ménages.
Années.
Nombre Proportion
A P0 U T d e 8 100,000 divorces, ménages.
Années.
Nombre Proportion des P°u r a e s 100,000 divorces. ménages.
1885;
1886, 1887.
1888.
4,217 2,970 3,636 4,708
57 40 50 60
1889.
1890.
1891.
1892.
4,711 5,457 5,752 5,772
61 73 77 77
La fréquence des divorces, d'abord très grande dans les premières années, en raison de la multiplicité des demandes tendant à convertir d'anciennes séparations de corps, avait diminué jusqu'en 1886, mais une loi du 18 avril de cette dernière année, ayant simplifié la procédure en matière de divorce, le nombre de jugements a pris une allure si rapidement croissante qu'ils ont presque doublé depuis cette même année.
Nous avons réuni dans un seul nombre pour chaque déparlement les chiffres an- nuels de divorces, et nous avons comparé ces totaux au nombre moyen des ména- ges existant dans chacun de ces déparlements, en prenant pour base de comparaison 100,000 ménages.
Voici le tableau de ces opérations.
— 202 —
Nombre de divorces prononcés par départements.
î 2 3 4 5 6 7 8 9 LO 11 12 1 ! 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
DKPARTKMKNTfl.
A I N A I S N E A L L I E R
A L P E S ( B A S S E S - ) . . A L P E S ( H A U T E S - ) . A L P E S - M A R I T I M E S . A R D È C H E
A R D E S N E S . . . . A R I K G E
AU RE A U D E AVKYRON B O U C H E S - D U - R H Ô N K C A L V A D O S . . . . C A N T A L
C H A R E N T E . . . . G H A R E N T E - I N F É R . . C H E R
COKRKZE C O R S E
C Ô T E - D ' O H . . . . C Ô T E S - D U - N O R D . . C R E U S E
D O R D O G N E . . . . D O U B S
D R Ô M E H U R E
EuRE-EI-LoiR. . . F I N I S T È R E . . . . G A R D
G A R O N N E ( H A U T E - ) G K R S
G I R O N D E H É R A U L T
I I , L E - E I - V I L A I N E . . Ï N D R I
I N D R C - E I - L O I R B . . I S È R E
J U R \ L A M > E S
Loifc-1/l-ClfKR. . . L O I R E
L O I R E ( I U U T R - ) . . L O I K E - I N F É R T E U R K . L O I R E T
LOT
des diTtrees.
184 974 140 94 24 247 89 408 47 59b 147 56 1,202 587 42 360 349 112 36 97 355 55 45 100 205 233 776 338 134 397 398 119 1,333 341 124 71 327 499 135 40 182 375 51 273
•224 78
P10MRTI0I drs divorces
poar
m,m
•éaages.
252 809 157 420 128 465 129 577 108 956 208 946 Obi 101 315 32b 146 5:»
240 424 71 87 101 397 381 935 533 124 442 410 189 800 323 120 112 409 44*
263 102 288 324 92 240 280 143
RUMII0S
d'ordre.
47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87
D & P A B T B K B H T S .
L O T - E T - G A R O N N B . . . L O Z È R E
M A I N E - K T - L O I R K . . . M A N C H B
M A R N E
M A R N E ( H A U T E - ) . . . M A Y E N N E 4
M E U R I H E - E T - M O S E L L K M E U S E
M O R B I H A N N I È V R E N O R D O I S E O R N E
P A S - D E - C A L A I S . . . P U Y - D E - D Ô M E . . . . P Y R É N É E S ( B A S S E S - ) . P Y R É N É E S ( H A U T E S - ) . P Y R É N É E S - O R I E N T . . T E R R I T . D E U E L F O R T . R H Ô N E
S A Ô N E ( H A U T E - ) . . . S A Ô N E - E T - L O I R E . . . S A R T H E
S A V O I E
S A V O I E ( H A U T E - ) . . S E I N B
S E I N E - I N F É R I E U R E . . S E I N E - E T - M A B N H . . . S E I N E - B T - O I S E . . . . S È V R E S ( D E U X - ) . . . SOMME
T A R N
T A R N - E T - G A R O N N E . . V A R
V A U C L U S B V E N D É E V I E N N B
V I E N N E ( H A U T E - ) . . V O S G E S . . . . • . ..
Y O N K B
T o t a l . . . . France (sans la Seine)
280 15 314 207 675 140 71 472 301 110 157 1,460 658 302 590 282 72 73 121 49 1,292 229 405 486 36 70 11,314 1,219 510 1,330 130 797 128 126 365 301 51 102 U S 282 302
«•roiTtei des dïTorees
pour ue.iee
•étages.
38,94t>
27,626 382
71 2S2 209 709 258 1.5 556 5 »0 133 214 452 400 390 242 106 179 29o 302 772 403 320 493 83 164 1.830 707 623 990 176 609 170 243 591 613 58 135 159 357 363
510 394
La moyenne générale est de 510 divorces pour 100,000 ménages, soit \ pour 200 ménages, dans l'ensemble de la France, et par an, 1 pour 2,000 ménages.
Mais le département de la Seine, qui compte pour 39 centièmes du total, pèse beau- coup sur celte moyenne générale. La France, sans la Seine, aurait compté 394 di- vorces sur 100,000 ménages.
Les départements où le divorce est le plus en honneur sont :
TABLEAU.
203 —
Numéro, W o m b r e P r oPo r t , o n d 0 r d r e' divorce. nage*.
1 La Seine 11,314 1 830 2 Seine-et-Oise. . . . 1,330 990 3 L'Aube 595 956 4 Les Bouehes-fljhRhèm . . 1,202 946 5 L'Eure 776 935 6 L'Aisne 974 809
Numéros d'ordre.
Département*.
Nombre Proportion do» P °u r 9m 1,000 mé- divorces. nages.
7 Le Rhône 1,292 772 8 La Seine-Inférieure . . 1,219 767 9 La Gironde 1,333 800 10 L'Oise 658 717 11 La Marne. . . • . . 675 709
C'est donc surtout à Paris et dans ses environs, et dans le bassin de la Seine que Ton divorce le plus. Viennent ensuite les départements où se trouvent Lyon, Mar- seille et Bordeaux.
Les déparlements où Ton compte le moins de divorces sont les suivants :
Départements.
Nombre Proportion . pour
a r 8 100,000 divorces, ménages.
Départements.
Nombre Proportion des p o u r a § 100,000
La Corrèze. . . . La Vendée. . . . La L o z è r e . . . . Les Côtes-du-Nord.
L'Àveyron. . . . La Savoie . . . .
36 51 15 55 56 36
55 58 71 71 77
La Creuse
La Haute-Loire . . . Le Cantal
La Dordogne. . . . Les Landes . . . . Les Basses-Pyrénées.
divorces.
45 51 42 100 40 T2
ménages.
87 92 101 101 102 106
Ces départements se trouvent principalement dans le centre de la France, dans les montagnes, ou à l'Ouest. Dans quelques-uns d'entre eux l'on compte dix fois moins de divorces que dans l'ensemble de la France, et quarante fois moins qu'à Paris.
Il est à remarquer que le divorce est beaucoup plus fréquent dans les pays à fai- ble natalité, et qu'il est très rare dans les régions qui ont la plus forte natalité.
L'on ne saurait cependant inférer de là que le divorce est l'un des facteurs de la dépopulation, car dès les premières années du divorce l'on a remarqué que la moitié des familles divorcées n'avaient pas d'enfants, la stérilité était donc déjà acquise aux ménages séparés ; et les moralistes diront avec raison que la présence des enfants est une garantie pour la paix du ménage.
V. TURQUAN,
