Don et prélèvement d’organes
2021
Coordination Hospitalière de prélèvement Céline DUPASQUIER
Institut de formation En soins Infirmiers
DIJON
Le don d’organes : un enjeu de santé publique
Constat
• L’échec le plus important aujourd’hui n’est pas une complication de la greffe mais l’absence de greffe …
• Les patients décèdent plus en liste d’attente (sans avoir été greffé)
que des conséquences de la greffe ( 698 en 2019)
Déficit de greffons
1959 : les neurologues français décrivent pour
la 1
èrefois « le coma dépassé »
Années 60 : greffes de rein en routine suite à la mise en
application des compatibilités HLA
1968 : circulaire Jeanneney sur la mort encéphalique (critères cliniques, signature de 2 médecins)
Puis greffe
cardiaque (1968), foie (1972), cœur- poumons (1981)
1952 : 1
èregreffe de rein à partir d’un donneur vivant (Necker)
Des questions nouvelles
• Information/consentement du donneur ?
• Information/consentement du receveur ?
• Principe de gratuité
• Principe d’anonymat
• Puis les donneurs décédés…
Historique du don et de la greffe en France
Que dit la loi ?
Loi du 22 Décembre 1976, dite loi Cavaillet Loi de bioéthique de 1994, révisée en Août 2004 Loi de bioéthique de Juillet 2011 et janvier 2016
Anonymat
Ni les proches du donneur, ni le receveur ne connaitront l’identité de l’un ou de l’autre ( aucune information n’est transmise que ce soit le lieu où l’organe a été greffé ni le sexe ni l’âge).
Cependant, les proches du donneur peuvent avoir de brèves nouvelles de l’état de santé des receveurs en contactant la coordination de prélèvement.
D’un autre côté, le ou les receveur(s) peuvent transmettre une lettre de remerciement aux proches du donneurs, si tant est qu’ils le
souhaitent (Cette lettre sera bien sûr anonyme).
Que dit la loi ?
Loi du 22 Décembre 1976, dite loi Cavaillet Loi de bioéthique de 1994, révisée en Août 2004 Loi de bioéthique de Juillet 2011 et janvier 2016
Gratuité
Aucune compensation financière n’est donnée aux proches du
donneur, de même que les receveurs ne paient aucunement pour
recevoir un organe, c’est le principe d’égalité.
Le consentement présumé
Un principe fondateur depuis 40 ans
Comment signifier que l’on est opposé au
prélèvement (au don) ? Principalement par l’inscription sur le Registre National des Refus
RNR
par écrit dans un document confié à un
proche Expression orale
du refus devant un proche
Ecrit
Oral
« Ainsi, toute
Personne majeure
est considérée
comme consentante
au don d’organes et
de tissus après sa
mort dès lors qu’elle
n’a pas fait
connaître de son
vivant son refus d’un
tel prélèvement. »
Registre national des refus
C’est le moyen principal d’exprimer son refus au prélèvement.
L’inscription se fait soit par internet
(
https://www.registrenationaldesrefus.fr/#etape-1)
soit par courrier postal.
Révocable à tout moment
Toute personne âgée
d’au moins 13 ans , sans passer par
l’intermédiaire d’un tiers
Refus à des fins thérapeutiques et/ou d’autopsie médicale et/ou de recherche scientifique.
NB: Il n’est pas possible de s’opposer à une autopsie
médico-légale qui est ordonnée par un procureur ou un juge.
Interrogation
obligatoire avant
tout prélèvement
Quels organes et tissus greffe t’on?
Parmi les organes il y a
(du+
greffé au–
greffé)
: Reins, Foie, Cœur, Poumons, Pancréas (très rarement intestins).
Les tissus sont:
• La cornée:
(lentille de l’œil) qui n’est pas l’œil entier!!!
• L’épiderme:
partie
superficielle de la peau.
• Valves cardiaques
• Vaisseaux : artères et veines
• Tendons
• Os
• Ligaments
Types de donneurs (organes et tissus)
Patient en mort
encéphalique
Arrêt circulatoire suite à un arrêt des
thérapeutiques Arrêt circulatoire et respiratoire persistant
(Tissus seuls)Donneur Vivant
Donneur Décédé
Donneur Vivant
Que peut on donner?
Seuls une partie du foie (qu’on appelle lobe) ou un rein peuvent être donnés de son vivant.
En effet, pour une personne en bonne santé, il est tout à fait viable de vivre sans une partie de son foie (qui se régénère) ou avec un unique rein.
Qui peut donner?
Toute personne majeure ayant la qualité de :
• Père, mère, frère, sœur, fils, fille, grands-parents, oncle, tante, cousin, cousine,
• Toute personne apportant la preuve d’une vie commune d’au moins 2 ans
• Toute personne apportant la preuve d’un lien affectif, étroit et stable depuis au moins 2 ans
• Possibilité de don croisé*
Quelques chiffres 2019
• 508 greffes rénales
• 19 greffes
hépatiques
Les donneurs décédés
La classification de Maastricht
(1995, révisée en 2013)
Les personnes qui font un arrêt cardiaque en dehors de tout contexte de prise en charge médicalisée, déclarés décédés à la prise en charge
Les personnes qui font un arrêt cardiaque en présence de secours qualifiés, aptes à réaliser un massage cardiaque et une ventilation mécanique efficaces, mais dont la réanimation ne permettra pas une récupération
hémodynamique
Les personnes hospitalisées pour lesquelles une décision d’un arrêt des traitements est prise en raison de leur pronostic
Les personnes décédées en mort encéphalique qui font un arrêt cardiaque irréversible au cours de la prise en charge de réanimation
Maastricht I
Maastricht II
Maastricht
III Maastricht IV
TYPE de DONNEURS
Maastricht I : DDACP
Donneur Décédé après Arrêt Circulatoire Persistant
Cornées
Peau
Vaisseaux
Valves Cardiaques
Os
Maastricht I : DDACP
Arrêt circulatoire et respiratoire persistant
Personne décédée présentant un arrêt cardiaque et respiratoire persistant : Ce sont des
prélèvements qui s’effectuent
uniquement en chambre mortuaire
Donneur de tissus mais pas d’organes
Beaucoup de contre indications : le bénéfice/risque n’est pas le même que pour les organes. La greffe de tissus n’est pas considérée comme une urgence vitale immédiate
contrairement à une greffe d’organe où il a plus de bénéfices attendues.
Exemple: Le risque de greffer une cornée d’un donneur porteur du Covid 19 est + important que les bénéfices attendus tandis que les bénéfices de greffer un cœur Covid 19 sont plus
importants. Le receveur de cornée peut attendre, le receveur cardiaque beaucoup mois…
Cela n’empêche pas que pour tout
donneur(tissus ou organes) la sécurité
sanitaire est assurée.
Quelques chiffres 2019
5601
donneurs de
cornées
395
donneurs de vaisseaux 266
donneurs de peau
265 donneurs de
valves cardiaques
98 donneurs
d’os
Maastricht III
Arrêt circulatoire lié à un arrêt des thérapeutiques
Personne décédée suite à une décision d’un arrêt des
traitements prise en raison de leur pronostic.
« Une décision[…]de limiter ou d'arrêter les traitements dispensés, au titre du refus d'une obstination déraisonnable, est prise à l'issue d’une procédure collégiale (article R.4127-37-2 du code de la santé publique)
Prélèvements possibles:
Poumons, Foie,
Reins et tissus
Grands principes
*ATA: Arrêt des Thérapeutiques Actives
La décision d’arrêt des thérapeutiques actives doit être indépendante de
la possibilité de don d’organes
Etanchéité des filières réanimation/coordination
Délai entre l’information des proches sur la décision d’ATA* (équipe de réanimation) et celle du projet de don (équipe de coordination)
Les arrêts des thérapeutiques ne sont pas nouveaux et sont
malheureusement réguliers. Cependant cette situation offre désormais (depuis 2015) la possibilité de permettre un don d’organe . Il est essentiel que les deux informations aux proches (ATA et don) soient
distinctes et effectuées d’une part par la réanimation et d’autre part par la coordination, afin de ne pas leur apporter de la confusion
quant à la légitimité de l’arrêt des thérapeutiques.
En d’autres termes, qu’ils ne pensent pas que la réanimation arrête les soins pour prélever les organes.
Le processus de prélèvement ne doit en rien causer ou accélérer le décès.
La démarche du don d’organes ne doit pas modifier les pratiques du service quant à l’arrêt des soins. Ce qui se fait habituellement ne doit en rien changer si un prélèvement d’organes est organisé.
Les soins de fin de vie incluent
l’opportunité de donner ses
organes et ses tissus si telle est la
volonté du patient
1er bilan de qualification Séro HIV, HCV,
AgHbs, HTLV Rx thorax
Biologie
Echo abdomino-pelvienne
Entretien famille Projet de don
Recherche d’une opposition patient Information des examens de qualification
2ème bilan de qualification TDM TAP
Typage HLA Biologie
Entretien famille Modalités du don Préparation donneur Contraintes de temps Possibilités de non aboutissement
ATA
Préparation préservation des organes
Désilets
Procédure «Maastricht III » Synopsis pré-ATA
Etanchéité entre réanimation et coordination
RE ANIMA TI ON C OORDINA TI ON
Si pas de contre- indication retrouvée, abord
du don envisagé
Si pas
d’opposition du patient
Décision médicale collégiale d’ATA
Information de la CHP
Information de la famille de la décision et des
modalités d’application de
l’ ATA
Maastricht III
Le prélèvement d’organes sur un donneur décédé après une limitation de soins est une
processus complexe car il y a des contraintes de temps à respecter et des intervenants multiples.
Pourquoi des contraintes de temps?
Parce que le prélèvement va se faire sur cœur arrêté et dès que le sang ne circule plus (ischémie) tous les organes et cellules de notre corps cessent de fonctionner et donc les organes commencent à se détériorer.
L’enjeu ici sera de limiter cette détérioration en rétablissant une
circulation sanguine au niveau des organes qui vont être prélevés par la pose d’une Circulation Régionale
Normothermique (image à la diapositive suivante). C’est une circulation extra corporelle qui va être posée après arrêt du cœur et qui va assurer la perfusion des organes qui vont être prélevés.
Une image à titre
INDICATIF qui illustre
toutes les contraintes de
temps
Circulation Régionale Normothermique (CRN)
Perfusion
des reins et
du foie
uniquement
Greffes à partir de donneurs décédés
après arrêt circulatoire de type Maastricht III
35 centres autorisés au prélèvement Maastricht III en 2019
La mort encéphalique...
Atteinte cérébrale
diffuse
Augmentation du volume du
contenu intracrânien
Pression intracrânienne (PIC) supérieure
la pression à artérielle
Arrêt du flux sanguin cérébral
Disparition des fonctions
cérébrales
Destruction totale et irréversible des cellules cérébrales
Arrêt de la circulation sanguine dans
le cerveau et le tronc cérébral
C’est quoi ?
Causes
• Accidents vasculaires cérébraux : 57,4 %
• Traumatismes crâniens : 22 %
• Anoxie : 17,5 %
La mort encéphalique...
La mort encéphalique...
1. Diagnostic clinique
2. Confirmation paraclinique
Texte législatif du code de la santé publique : Décret n°96-1041 du 02/12/1996
NB: Seul décès légiféré par décret
Diagnostic
Diagnostic clinique….
ATTENTION aux
PIEGES
Eliminer les facteurs confondants
• Hypothermie < 35°C
• Bas débit (hypotension artérielle)
• Médicaments dépresseurs du système nerveux central
• Médicaments myorelaxants (curares)
• Troubles métaboliques sévères (Na, Ca, Glycémie)
= Tout facteur qui pourrait engendrer un coma d’une cause non cérébrale
Coma aréactif et hypotonique
=
Score Glasgow 3
Abolition de tous les réflexes du
tronc cérébral
épreuve d’hypercapnie
provoquée
1
3 2
• Plus de réaction aux aspirations endotrachéales
Absence de toux
• Absence du réflexe photo moteur contraction de la pupille par stimulation lumineuse
• Absence du réflexe cornéen
Le réflexe cornéen est la réponse motrice brève, instantanée et involontaire de l'œil, provoquée par le contact d'un morceau papier, de coton, ou le coin d'un mouchoir sur la cornée
• Absence du réflexe oculo-vestibulaire
la rotation de la tête ne s’accompagne pas de mouvement oculaire
• Absence du réflexe oculo-cardiaque
diminution de la fréquence cardiaque après compression des globes oculaires
• L’abolition de la ventilation spontanée.
L’épreuve d’hypercapnie permet de vérifier l’absence de ventilation spontanée chez un patient ventilé mécaniquement. La ventilation
spontanée est la dernière fonction qui disparait lorsqu’une personne passe en mort encéphalique, son absence confirme cliniquement la mort cérébrale.
A ce stade, le patient sous respirateur artificiel, n’est plus capable de respirer de façon autonome. On le débranche donc du respirateur pendant 10 à 15 min ce qui va provoquer une
augmentation du taux de Co2 dans le sang.
En temps normal, notre taux de Co2 (hors pathologies respiratoires) dans le sang est comprise entre 35 mmHg et 45 mmHg (=PaC02 pression partielle en C02). Lorsque ce taux augmente rapidement et atteint 60mmHg (ou +20mmHg) le cerveau détecte et enclenche une respiration réflexe (exactement ce qui se passe lorsqu’on se met en apnée et que nous ne pouvons nous empêcher de respirer).
En l’absence
de ce réflexe, le patient est cliniquementmort
.Ouverture des Yeux (Y) Réponse Verbale (V)
Réponse Motrice (M)
6 Exécution des ordres simples
5 Cohérente, orientée Adaptée, orientée à la douleur
4 Spontané Confuse En flexion (évitement)
3 Sur ordre Inapproprié Décortication
2 A la stimulation douloureuse Incompréhensible Décérébration
1 Absence Absence Absence
Echelle du Score de Glasgow (GCS) GCS le plus bas = 3 GCS le plus haut = 15
Diagnostic clinique….
Diagnostic para-clinique
Vascularisation cérébrale visible
Absence de vascularisation cérébrale
EEG plat Angioscanner
cérébral
ElectroEncephaloGra mme (EEG)
OU
C’est l’examen le plus courant. Il s’agit d’un scanner
cérébral avec injection de produit de contraste dans le
but d’objectiver une non opacification des artères et des veines cérébrales internes synonyme d’arrêt circulatoire cérébral. Le sang ne perfuse
plus le cerveau.
C’est une méthode d'exploration cérébrale qui
mesure l'activité électrique du cerveau par des électrodes placées sur
le cuir chevelu.
Pour une confirmation d’une mort cérébrale, il est obligatoire d’en effectuer 2
à 4 heures d’intervalle chacun sur une durée de
30 mn
Si l’angioscanner cérébral ou l’EEG ont confirmés la mort cérébrale, un Procès verbal de constat de mort est signé par 2 médecins concomitamment au certificat de décès
Le patient est officiellement mort.
Cliniquement, le patient est décédé. La particularité de cette
mort est qu’elle est légiférée par un décret
(Décret n°96-1041 du 02/12/1996)
et doit être confirmé par un examen
paraclinique
complémentaire.
Certificat de décès
Procès verbal de constat de mort
Le prélèvement d’organes…
Les acteurs
Lorsqu’un prélèvement d’organe est envisagé chez un patient en réanimation, 2 acteurs rentrent en jeu: la Coordination Hospitalière de Prélèvement d’Organes et de Tissus
(CHP ou CHPOT)et l’Agence de la BioMédecine
(ABM).D’un coté la CHP, comme son nom l’indique, coordonne toute la procédure de don d’organe sur le site où se trouve la patient. D’un autre côté l’ABM en recevant toutes ces informations, qualifie les organes prélevables et les attribue à un receveur (elle gère la liste des receveurs).
La CHP et l’ABM sont indissociable lors d’un prélèvement d’organes.
Prélèvement greffes
La coordination hospitalière de prélèvement CHP
Recensement des décès et des patients en état de mort encéphalique et
Maastricht III
Tous ces patients sont évalués pour détecter des donneurs potentiels
Organisation des prélèvements d’organes et de tissus
De l’évaluation en réanimation d’un potentiel donneur à l’arrivée en chambre mortuaire après
prélèvement, la coordination est toujours présente
Participation au fonctionnement du réseau bourguignon de prélèvements d’organes
En bourgogne (comme dans toutes les autres régions) plusieurs établissement peuvent ou sont autorisés au prélèvement d’organes et une coordination est rattachée à chaque. Ces coordinations sont affiliées à une « tête de réseau » qui est en soutien pour tout besoin (logistique, matériel, etc…). Ex: Dijon est la tête de réseau de Macon, Chalon-sur-Saône, Nevers et
Auxerre.
Formation du personnel paramédical et médical
IFSI, IFAS, IFA, Fac de médecine, etc…
Information du grand public Collèges, lycées, toute structure ou association
qui souhaite être sensibilisée.
Ses Missions
Agence de la biomédecine
Pl an 2 0 1 7 -2021
Pour la greffe de cellule souches hématopoïét
iques Pl
an 2 0 1 7 -2021
Pour la greffe d’organes et de tissus
Pl an 2 0 1 7 -2021
Pour la
procréation, l’embryologi e et la
génétique humaine (PEGh) Gère les activités liées à l’utilisation
des produits du corps humains
- Gestion de la liste nationale des malades en attente de greffe(s)
- Gestion du registre national des refus au prélèvement - Élaboration des règles de répartition des organes - Répartition et attribution des greffons en France et à
l’international
- Coordination des prélèvements d’organes
Les contre-indications absolues
SIDA
Rage Tuberculose
active
Creutzfeldt Jakob Quelques cancers
Tous les cancers ne contre- indiquent pas un don d’organe.
Logiquement, un cancer actif est contre indiquant, sinon cela
dépend du cancer. Il faut obligatoirement une rémission
>5 ans et un bilan d’extension initial ne rapportant pas de
métastases.
Qui peut-donner ?
TOUT le MONDE
Il n’y a pas de « pré- requis » pour être donneur que ce soit
notre origine, notre orientation sexuelle,
notre âge, notre morphologie, etc…
« Qui je suis » n’est pas un argument
d’inclusion ou d’exclusion au don
d’organe car tout donneur potentiel
passe par une évaluation médicale
approfondie.
NB: Il n’y a pas (plus) d’âge limite au don d’organes. On est donneur de 0 à 120ans…
Evaluation du donneur
Etude approfondie du dossier médical à la recherche d’éléments pouvant contre indiquer le prélèvement.
Appel du médecin traitant à la recherche des antécédents et habitus. Si besoin: recherche de compte-rendu de médecins spécialisés, de compte-
rendu d’anatomopathologie.
Evaluation de la qualité fonctionnelle des organes :
• Bilan sanguin complet
• Bilan virologique et parasitologique
• Groupes sanguin et tissulaire
• Bilan bactériologique et mycologique
• Scanner corps entier, ECG, coronarographie, fibroscopie
bronchique, etc…
Entretien avec les proches
annoncer le décès
informations sur la mort encéphalique collaboration :
réanimateur et IDE
coordinatrice JAMAIS SEUL!
Rechercher l’opposition du défunt vis-à-vis
du don Expliquer le
prélèvement
Répondre aux questions, formalités administratives
Dans un espace adapté, au calme, prendre le temps qu’il faut…
RESPECTER la décision, ne jamais juger et
toujours accompagner la
famille
La réanimation du donneur…
Passage d’une réanimation d’un patient à « une
réanimation d’organes »
Aussi choquant que ce terme puisse être, le donneur est décédé et
l’objectif n’est plus de le réanimer (dans le but de le sauver) mais
bien d’optimiser les futurs organes greffés.
Bénéfices attendus non plus pour le patient mais pour plusieurs patients en attente d’une transplantation
Donneur = patient instable de réanimation
Le donneur ayant un cerveau qui ne fonctionne plus, tout l’organisme est perturbé et nécessite une vigilance accrue afin d’assurer l’homéostasie.
La qualité de la réanimation
(d’organe) va influer la
reprise des greffons après
transplantation
Conséquences physiopathologiques de la mort encéphalique
Mort cérébrale
Ventilatoire
Métaboliques et hormonales
Thermiques Hémostase
Hémodynamique
œdème pulmonaire cardiogénique ou neurogénique, encombrement bronchique, atélectasie, etc…(dus au séjour en
réanimation) Perte des mécanismes
centraux de contrôle et régulation cardiovasculaire entrainant une vasoplégie
(donc hypotension artérielle).
Destruction du centre régulateur hypothalamique et par conséquent plus de thermorégulation.
Diabète insipide par absence de sécrétion de
l’ADH (Hormone anti-diurétique), pertes d’ions
(Hypokaliémie+++++, hypernatrémie, hypomagnésémie, hypophosphorémie,
hypocalcémie)
Ischémie pituitaire hypophyse entrainant entre autres:
chute du cortisol, chute de T3, T4 et TSH,
baisse de l’insuline (donc hyperglycémie)
coagulation intravasculaire disséminée CIVD
Objectifs de réanimation
Pression Artérielle Moyenne (PAM) >
65 mmHg
Diurèse entre 1 et 1,5 ml/kg/h
Hémoglobine >
7,5g/dl
PaO2 >
80mmHg
Température >
35,5°C
Lactate artériel normal
C’est une pression qui maintient une perfusion de tous les organes (sauf le cerveau).
Soutien par remplissage vasculaire et/ou catécholamines
Surveillance biologique avec +/- transfusion
Surveillance d’un apport en oxygène des organes, modification possible Fi02
Couverture chauffante ++
Surveillance biologique L’objectif est d’éviter une oligurie
(voir anurie) afin d’assurer la fonction rénale et d’éviter une
polyurie (perturbations métaboliques
Conditionnement du donneur
Voie Veineuse
centrale
Pression artérielle par voie sanglante
Sonde thermique
Pousse seringue électrique
Sonde gastrique
Sat02
Sonde
urinaire
Cristal Donneur
Tous les éléments recueillis (bilans, antécédents, examens, etc…) sont transmis à
l’ABM principalement (soutien téléphonique aussi) et obligatoirement par le portail
internet qui s’appelle « CRISTAL Donneur ». Toutes les données, une fois le dossier
validé, seront visibles par les équipes de greffes de façon anonymisées « CRISTAL
Receveur »
Qui va recevoir ?
?
Recherche par l’Agence de Biomédecine d’un receveur en consultant la liste d’attente de greffe
La recherche d’un receveur est une combinaison de plusieurs facteurs qui sont complexes mais voici quelques règles :
Age Morphologie
Compatibilité* Degré
d’urgence
l’ABM fait correspondre (dans les limites du possible) l’âge du donneur et l’âge du receveur. Ex: Un rein d’un donneur de 80 ans ne sera pas attribué à un
receveur de 20 ans.
Ex: un rugbyman de 110Kg ne pourra pas donner son cœur à un
enfant de 10 ans.
Dans le cadre d’une transplantation d’organes et de tissus, la compatibilité entre donneur et receveur est nécessaire au niveau du groupe sanguin et du groupe
tissulaire (Cf. diapositive suivante)
Des receveurs peuvent être inscrit sur la liste d’attente en tant que
« Super Urgence (SU) » car leur vie est menacée à court terme s’ils ne sont pas greffés. Ces personnes passent en priorité ainsi que les receveurs pédiatriques (sous réserve des compatibilités déjà
mentionnées).
Qui va recevoir ?
Groupe tissulaire
HLA
Le HLA (pour « human leukocyte antigen ») est le groupe de marqueurs génétiques de la
compatibilité tissulaire humaine. Le système HLA est ce qui permet au système immunitaire, c'est-à-dire aux globules blancs, de distinguer ses propres tissus de ce qu’il considère comme étranger, c'est-à-dire les virus, bactéries…les organes ! Ainsi, tout corps étranger ou cellule qui ne présente pas les « bons » codes HLA à sa surface est attaqué par le système immunitaire.
Donc, pour qu’une greffe classique prenne, et éviter le rejet l’organe transplanté et l’organisme du receveur, il est préférable de trouver la plus grande compatibilité HLA possible, chaque individu possède un code HLA qui lui est propre et qui se retrouve à la surface de ses cellules.
On estime que 10 à 30 % des personnes vivantes possèdent un code HLA qui leur est entièrement propre et qu'aucun autre être humain dans le monde ne partage !
*Compatibilité
Qui va recevoir ?
Groupe tissulaire
HLA
*Compatibilité
Groupe sanguin
ABO
Le groupe ABO doit être compatible avec celui du receveur (le groupe rhésus n'intervient pas). L’ABM privilégiera en première intention une compatibilité identique (isogroupe) dans la mesure du possible. Si il n’y a pas de
receveur en isogroupe, les mêmes règles de transfusion s’appliqueront. Les compatibilités ABO sont les suivantes :
O A B AB
O
sinonA-B-AB A
sinonAB B
sinonAB AB
Donne à
Le Bloc opératoire…
« L'activité de prélèvement d'organes à finalité thérapeutique est une activité médicale à part entière. Sa réalisation doit
bénéficier de la priorité dédiée aux actes médicaux et chirurgicaux d'urgence. Ayant pour objet la greffe, elle constitue une mission
de santé publique et une priorité nationale
(art. L. 1231-1-A du CSP)»
L’intervention chirurgicale…
L’intervention chirurgicale où les organes seront explantées est l’aboutissement de tout ce processus du
don. Chaque organe prélevé est un organe attribué, aucun organe n’est prélevé sans receveur défini.
Compte tenue de l’instabilité du donneur et de la dégradation possible des organes, cette
intervention rentre dans le cadre des urgences chirurgicales.
C’est une intervention réalisée par plusieurs équipes chirurgicales en même
temps. Selon l’organe, c’est une équipe chirurgicale (composée d’un chirurgien senior et d’un interne) spécialisée qui prélève. Ex: c’est une équipe cardiaque qui
va venir prélevé le cœur.
De même c’est l’équipe chirurgicale du receveur qui vient sur le site du donneur afin de prélever l’organe. Ex: le receveur en attente de poumons est à Rouen, l’équipe thoracique de Rouen vient jusqu’à Dijon prélever les
poumons.
En découle une logistique précise afin que toutes les équipes arrivent plus ou moins en
même temps (Il existe un ordre d’arrivée et de départ des équipes bien défini)
L’intervention s’effectue dans des règles d’asepsie rigoureuse, comme une opération standard
La coordination s’assure de la parfaite restitution tégumentaire, c’est-à-dire que la
fermeture (sutures et agrafes) doit être complète, hermétique et esthétique (tout
comme une opération sur vivant). Le
respect
ducorps
est unepriorité
.Déroulement d’un bloc PMO
Prélèvement Multi-Organes
Cœur Poumons Foie/Pancréas Reins
1. L’exploration
La première phase du bloc est l’exploration: chaque équipe chirurgicale explore l’organe qu’il va prélever. Concrètement, le chirurgien enlève la graisse autour de l’organe, identifie les vaisseaux afférents et défèrents et (très important) évalue visuellement l’organe.
Le chirurgien préleveur peut juger du caractère « non greffable » de l’organe et ne pas prélever, c’est lui qui a le dernier mot.
Les équipes n’explorent pas tous en même temps, il y a un ordre défini. à titre
indicatif:
La coordination s’assurera de programmer l’arrivée des équipes aux bons moments
Déroulement d’un bloc PMO
Prélèvement Multi-Organes
Cœur
4HPoumons
4-6HFoie/Pancréas
8-12HReins
+/- 24H2. Le clampage
La deuxième phase est le clampage aortique: c’est le moment crucial du
prélèvement. Le cœur s’arrête (dans le cas d’un donneur en mort encéphalique) par le clampage de l’aorte, le sang ne circule plus et c’est à partir de ce moment (à la minute exacte) que les organes passent en ischémie. Les délais pour la greffe de chaque organe seront calculés en fonction de cette « heure de clampage ».
Dès le clampage, les organes sont refroidis in situ par un liquide de réfrigération, de la glace stérile et du sérum glacé afin de diminuer les dégâts causés par l’ischémie.
En effet, les dégâts causés par l’ischémie sont ralentis à cette température
3. L’explantation
La troisième phase s’appelle l’explantation: les organes, rendus accessibles par l’exploration, sont explantés (=prélevés) et conditionnés pour le transport Encore une fois il y a
une ordre d’explantation qui a été défini en fonction du délai pour
greffer. Dans l’ordre (avec les délais pour
greffer)
Si des tissus sont prélevés, ce n’est qu’après que tous les organes soient explantés que cette étape à lieue car les tissus ne sont pas soumis aux mêmes délais de greffe. La dernière étape d’un prélèvement est la restauration tégumentaire
où comme déjà mentionné, une fermeture parfaite est réalisée ainsi que la toilette mortuaire.
Déroulement d’un bloc PMO
Prélèvement Multi-Organes
Le caractère d’urgence
d’un prélèvement multi organes nécessite une organisation précise et
une logistique performante. C’est pourquoi, les équipes chirurgicales viennent et partent du site de
prélèvement par le moyen le plus rapide
accessible: jet privé, ambulances, transporteur privé et
TGV
Machine à perfuser les reins Les organes, une fois explantés, et jusqu’à la greffe doivent rester à 4°C et nécessitent un conditionnement adapté: ils sont
conservés dans un liquide de conservation (liquide avec une composition particulière qui assure la viabilité ex vivo des organes) à 4°C et dans des vitalpacks. Certains organes peuvent être conditionnés dans des
machines spécifiques qui optimisent
l’organe avant la greffe (Poumons, reins,
machine pour le foie en étude)
Don d’organes : dimension éthique incontournable …
Admettre que la mort puisse être source de vie
…
Don ou prélèvement ? Don = solidarité
collective
Prélèvement = atteinte à l’intégrité corporelle,
amputation
Impératifs techniques et respect du deuil
Cette mort devient une richesse pour les patients en attente de greffe…
Trilogie: « Donner, recevoir, rendre » M.
Mauss
La trilogie: « donner, recevoir, rendre »
M.Mauss
« Il n’est certes pas plus facile de recevoir que de donner, car celui qui reçoit contracte une dette qui le met en position de rendre, voire de devoir
rendre, même s’il ne s’agit pas
d’une obligation de retour »
Quelques chiffres pour la France en 2019
17477
patients en attente de greffe au 1
erjanvier 2019
8322
nouveaux patients inscrits sur
l’année 2018
3484 donneurs en état de mort cérébrale recensés
30 %
d’opposition au don
1729
donneurs prélevés
5897 greffes réalisées dont
527 à partir de donneurs vivants (reins 508, foie 19)
+ de
57000
personnes
vivent grâce
à une greffe
Questions fréquentes
Si j’ai une carte de
donneur, pas besoin de voir mes proches?
Les proches s’opposent au
don, vous le faites quand
même?
Comment ça se passe la recherche d’opposition chez
un mineur?
Et le don du corps à la science…?
La carte de donneur n’a jamais eue de valeur légale (et n’est plus distribuée d’ailleurs). Une recherche d’un témoignage d’opposition sera obligatoirement effectuée. Cependant la carte de donneur pourra être une aide pour les proches quant aux volontés du défunt concernant le don.
Si le défunt n’a pas témoigné son opposition au don (RNR, écrit ou oral), la loi nous autorise à effectuer le prélèvement. Dans la réalité c’est extrêmement compliqué de l’appliquer. Si une opposition persiste malgré un/des échange(s) avec les proches
(concernant la procédure), il est difficile d’aller plus loin.
Donner son corps à la science relève
d'une démarche bien différente. Le don de corps sert aux établissements d'enseignement et de recherche et non à la greffe d'organes. Seuls les adultes peuvent faire don de leur corps à la science en faisant une démarche auprès de la faculté de médecine.(démarche payante!) le don d'organes et de tissus chez un mineur ne
peut avoir lieu qu'à la condition que chacun des titulaires de l'autorité parentale ou le tuteur y consente par écrit. Cela n’empêche pas de rechercher une opposition du mineur
s’il est âgé de plus de 13 ans.
Ex: Si un donneur de 14 ans n’était pas inscrit sur le RNR et qu’il avait dit être pour le don mais que ses parents y sont opposés, il n’y aura pas de don.