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PROTECTION RAPPROCHÉE ET SÉCURITÉ ENTREPRISE

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Academic year: 2022

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Questions contemporaines

Q Questions contemporaines

Q Questions contemporaines

Q Jacob Étienne

PROTECTION RAPPROCHÉE ET SÉCURITÉ ENTREPRISE

Des nouvelles normes à l’international

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PROTECTION RAPPROCHÉE ET SÉCURITÉ ENTREPRISE

Des nouvelles normes à l’international

P RO T E C T IO N R A P P RO C H É E E T S É CU RI TÉ E N T R E P RI S E

Depuis le développement du marché de la sécurité privée, les stars du show- business et du cinéma ont contribué à la croissance de la demande des gardes du corps en même temps qu’elles ont valorisé l’image de cette profession. Par ailleurs, les engagements de l’armée américaine en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003, ont entraîné dans ces confl its un affl ux massif des forces privées dont une grande partie était investie des missions de sécurité, en particulier la protection armée des VIP, des hauts dirigeants d’entreprise, des autorités civiles et militaires, des sites, des convois, etc.

En raison des craintes que suscitent les menaces asymétriques au niveau international, les gardes du corps sont de plus en plus sollicités dans les zones sensibles, non seulement par des entreprises privées, mais également par des représentants des médias, des instances diplomatiques, des milieux d’affaires et des particuliers ; leurs missions requièrent de nouvelles compétences qui sont en rupture avec les normes du mercenariat qui prévalaient durant la période de la guerre froide. D’où l’émergence d’une nouvelle typologie de gardes du corps qui opèrent au profi t des entreprises dans les zones critiques. De même, dans leur stratégie de développement à l’international, les grandes entreprises occidentales ont compris la nécessité d’intégrer de nouveaux paradigmes dans leur management des risques environnementaux notamment dans les pays du Sud.

Jacob Étienne a travaillé dans la sécurité industrielle après une expérience de sous-offi cier dans les troupes de marine de l’armée de terre. Il est titulaire d’un doctorat en sociologie et poursuit des recherches sur la sécurité des entreprises à l’international et plus particulièrement en Afrique.

ISBN : 978-2-296-99764-6

24 €

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Questions contemporaines

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Protection rapprochée et sécurité entreprise

Des nouvelles normes à l’international

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Questions contemporaines

Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Jacques ARNOL-STEPHAN, Entreprendre dans un monde en mutation, 2013.

Françoise HAY, Christian MILELLI, Yunnan SHI, avec la collaboration de Joëlle LE GOFF, Faut-il encore investir en Chine ? Opportunités, risques et logiques économiques, 2013.

Andreea ZAMFIRA, Une sociologie électorale des communautés pluriethniques, 2012.

Eric LAFOND et Vincent BELEY, Emploi, ne pas renoncer, 2012.

Geneviève GUILPAIN, Les célibataires, des femmes singulières.

Le célibat féminin en France (XVIIe-XXIe siècle), 2012.

François DI SALVO, La Grèce à l’heure du décrochage européen, 2012.

Grégory CARTEAUX, Eva Joly et les affaires financières. Analyse du discours télévisuel, 2012.

Alain CHEVARIN, Fascinant/Fascisant. Une esthétique d’extrême droite, 2013.

Marcelo BIDINOST, La ville comme paysage du sentiment, Le sentiment urbain à Buenos Aires aux XIXe et XXe siècles, 2012.

Gérard SAINSAULIEU, Les trottoirs de la liberté. Les rues, espace de la République, 2012.

Jean-Christophe TORRES, Les enseignants. Quelle reconnaissance pour un métier en crise ?, 2012.

Gérard LEFEBVRE, Les chemins du silence, 2012.

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Jacob Étienne

Protection rapprochée et sécurité entreprise

Des nouvelles normes à l’international

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© L'Harmattan, 2013

5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99764-6

EAN : 9782296997646

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7 Préambule

L'agression contre le président de la République française, Nicolas Sarkozy, le 30 juin 2011 à Brax (Lot et Garonne), a fait l’objet de nombreux commentaires dans les médias en France et à l’étranger. Afin d’éclairer l’opinion publique sur cet évènement, des spécialistes des institutions publiques et privées qui s’occupent de la sécurité ont été invités par les médias à donner leurs avis sur cette attaque qui semblait d’autant plus surprenante que la protection rapprochée du premier personnage de l’État relève des attributions de deux structures étatiques qui sont spécialisées dans ce domaine : le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), qui est constitué de policiers et le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) qui fait partie de la gendarmerie. Par ailleurs, la qualité du travail et les compétences des intervenants de ces deux entités sont reconnues au-delà des frontières de l’Hexagone.

Plus connu sous l'appellation de garde du corps, le métier d’agent de protection rapprochée (APR) fascine une grande partie de l’opinion publique en raison du statut social des bénéficiaires de cette activité notamment des stars, des hautes personnalités politiques ou des entreprises, des vedettes du show- business, etc. Dans la mesure où il concerne la sécurité physique des personnalités qui, par leur statut social privilégié, se trouvent exposées à des risques, le métier de garde du corps se révèle d'autant plus délicat en termes tactiques que les auteurs d'agressions physiques et d'autres actes illicites contre des célébrités sont de mieux en mieux organisés et disposent des moyens techniques modernes.

Longtemps considérée comme une activité marginale occupée par des individus prompts à transgresser les règles de la légalité pour répondre aux aspirations de leurs clients, la profession de garde du corps a évolué favorablement dans l’opinion publique aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada et en France depuis les années quatre-vingt en raison du développement du marché de la sécurité privée dont elle fait partie tant les acteurs économiques qui investissent dans ce domaine consentent des efforts pour améliorer la qualité de leurs prestations en essayant de rompre avec les mauvaises habitudes antérieures aux années quatre-vingt-dix. En outre, les nouveaux risques auxquels se trouvent exposées les entreprises à l’international participent à la légitimation de la profession de garde du corps.

Devant l'impact économique croissant de la sécurité privée dans les sociétés occidentales et les écarts de conduite des agents qui opèrent dans ce secteur, la plupart des gouvernements des pays occidentaux exigent que les opérateurs qui évoluent dans cette branche d'activité reçoivent une formation adéquate et soient imprégnés des règles d'éthique dans leur travail pour éviter les comportements déviants de leurs salariés.

Le rôle socio-économique de ces hommes et femmes qui font le choix de se mettre en danger pour protéger d’autres personnes en échange d’une rémunération a donné lieu à de nombreux reportages télévisés et dans la presse

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écrite en France depuis les années quatre-vingt-dix. De plus, à la même période, le cinéma américain a rendu un hommage à la profession de garde du corps à travers des films à succès. Le garde du corps est devenu un personnage important dans l’environnement des stars notamment féminines pour lesquelles il devient à la fois l’homme ou la femme de confiance et le rempart qu’il faut franchir dangereusement pour atteindre sa protégée.

La médiatisation des stars et des vedettes du show-business participe également à la valorisation de tout ce qui se trouve incorporé dans la construction de leur image comme des éléments qui sont devenus utiles dans leur environnement, en particulier les individus qui s'occupent de leur sûreté, c'est-à-dire leurs gardes du corps. Autrement dit, le pouvoir symbolique du bénéficiaire d'une protection rapprochée s'étend par conséquent sur ses protecteurs. Ainsi, en France, au XVIIIe siècle, les gardes du corps de la Maison du roi étaient courtisés par des membres de la noblesse dans le dessein d’accéder dans les espaces de proximité de sa Majesté.

La présence des gardes du corps dans l’entourage des célébrités a contribué à l’élaboration d’un type idéal favorable de cette activité dans l’opinion publique en raison certainement des avantages illusoires qu'il projette comparés aux risques minorés qui en résultent. Cependant, les conflits asymétriques récents (Irak, Afghanistan, Côte d'Ivoire, Libye...) préfigurent un nouveau rôle social qui est accordé à la sécurité privée, et créent par conséquent des nouvelles perspectives pour le métier de garde du corps notamment dans les zones dangereuses pour des missions de défense qui leur sont imparties et que les enseignements des opérations militaires de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan permettent d'entrevoir.

Dans la guerre américaine en Irak, qui débuta en 2003, les observateurs ont assisté à une complémentarité entre les forces conventionnelles et les acteurs de la sécurité privée dont le rôle indispensable à l’arrière a contribué à l’efficacité opérationnelle des combattants sur le terrain (analystes, logisticiens, etc.). De même, les retours d’expérience des forces militaires des États-Unis engagées sur le théâtre de guerre irakien ont enrichi le savoir sur le management de la sécurité dans les zones où les risques demeurent élevés et, ils ont favorisé également un élargissement des offres de prestations des entreprises de sécurité privée. En raison de son implication dans des missions de défense, le secteur privé de la sécurité est parvenu à élaborer des programmes de formation destinés à combattre les menaces asymétriques, et que fréquentent des membres des unités spéciales de l’armée américaine. Autrement dit, les conflits asymétriques récents dénotent l’existence d’un partage des compétences entre l’institution militaire et le secteur privé de la sécurité dont l’impact économique ne cesse de croître notamment à l’international. Aussi, les entreprises de sécurité privée assistent des gouvernements des pays du Nord et du Sud en matière de gestion de la violence urbaine ; ce qui devient un enjeu majeur pour lequel les institutions étatiques de sécurité, au même titre que les autorités politiques, n'ont pas toujours des réponses adaptées à l'ampleur du phénomène compte tenu de la persistance des normes de perception dominantes qui ne leur

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permettent pas d'appréhender les changements sociétaux dans le contexte de la mondialisation.

Dans les zones hostiles, les entreprises occidentales apprennent à s’adapter en réexaminant leur stratégie de développement ; elles tendent à privilégier de nouveaux modes opératoires dans leur management de la sécurité par une approche globale dans laquelle se trouvent intégrées les aspirations des forces sociopolitiques de leur environnement. Ainsi, durant la guerre américaine en Irak, les entreprises occidentales qui se trouvaient engagées dans la reconstruction bénéficiaient d’une surveillance qui était assumée par des gardes du corps armés qui relevaient des effectifs des sociétés de sécurité privée dont la plupart étaient américaines. Dans les zones dangereuses, le garde du corps devient un acteur important dans le cycle de production de l’entreprise occidentale dans lequel lui sont dévolues des compétences élargies dans la gestion des risques dont l’efficacité s’appuie sur l’intégration des nouveaux paradigmes en matière de sécurité à l’international1. De même, la qualité du management des risques environnementaux à l’international devient un facteur de compétition non seulement entre les prestataires de la sécurité privée mais également entre les entreprises de diverses nationalités. Ainsi, au cours de la guerre américaine en Irak, les sociétés de sécurité privée étaient soumises à une concurrence très vive, celles qui faisaient preuve d’innovation dans la qualité de leurs prestations avaient la préférence du Department of Defense-DoD (Département à la Défense). Si les guerres américaines en Irak et en Afghanistan ont surpris de nombreux observateurs par le volume et le rôle accru occupé par les forces privées qui étaient engagées sur le terrain, elles ont eu un impact économique significatif sur les fournisseurs des prestations de sécurité qui ont été contraints de revoir la qualité de leurs services pour qu’elle soit en adéquation avec les nouvelles exigences du capitalisme néolibéral post- guerre froide.

Dans les zones sensibles, les gardes du corps sont de plus en plus sollicités, non seulement par des entreprises privées, mais également par des représentants des médias, des milieux d’affaires et des particuliers pour des missions de protection qui exigent des compétences paramilitaires que leurs employeurs sont obligés de leur dispenser s’ils veulent défier la concurrence.

Aussi, le développement du marché de la sécurité privée suscite de nouvelles normes de compétence qui sont en rupture avec celles qui prévalaient durant la période de la guerre froide où l’exercice de cette activité n’était pas soumis à une réglementation rigoureuse.

1BAKER (D.P.), To Whom does a Private Military Commander Owe Allegiance, in New Wars and New Soldiers, Ashgate Publishing Company, Burlington, USA, pp.181-198.

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CHAPITRE I

LE NOUVEL ENVIRONNEMENT DE L’ENTREPRISE

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Section 1. La croissance des menaces asymétriques 1. Le terrorisme en milieu urbain

En France, et dans d’autres pays de l’Europe occidentale, depuis les années soixante-dix, de nombreuses personnalités qui appartenaient aux milieux politiques et des entreprises ont été victimes d'attentats terroristes qui les visaient personnellement. Ces actes étaient commis le plus souvent par des individus qui revendiquaient leur appartenance à des mouvements idéologiques, et ils croyaient que seules des actions de cette nature engendreraient des changements révolutionnaires dans les sociétés capitalistes. Les services de police ont noté l'existence des liens étroits entre les différentes organisations terroristes en Europe. Ce type de terrorisme a été réduit dans sa forme brutale d'autant plus facilement que depuis la fin des années soixante-dix, les sociétés industrialisées subissent un ralentissement de leur croissance économique ; ce qui induit par conséquent la remise en cause des idéologies que décrivait Herbert Marcuse2. Toutefois certains pays occidentaux sont confrontés à un terrorisme qui s’appuie sur des revendications identitaires.

Mais, parallèlement à cette montée du terrorisme régional, il s'est développé dans les grandes métropoles occidentales des phénomènes de violence multiformes qui sont liés à l'évolution des structures socio-urbaines dans lesquelles intervient un ensemble de variables comme le chômage, la désocialisation, les bandes, le trafic des stupéfiants, la corruption, etc. On comprend alors le climat d'insécurité qui caractérise un grand nombre de villes en France et contre lequel les services de police sont parfois démunis malgré le dévouement des policiers qui doivent recourir à des moyens de plus en plus performants sur le plan technique et user de qualités humaines exceptionnelles.

Mais l'action de la police et d’autres forces publiques en général se trouve limitée dans le temps et dans l'espace en raison des contraintes matérielles qui réduisent leur capacité d’intervention. Cependant, les réseaux qui incitent à la violence urbaine se multiplient en même temps qu'ils effrayent par les signes de reconnaissance qui les caractérisent ; leurs conséquences socio-économiques sont néfastes, en particulier sur certaines entités institutionnelles qui ont une forte valeur symbolique comme l’école, les transports publics et les espaces d’habitation à loyer modéré.

En France, des salariés de grandes institutions ouvertes au public (des banques, des bureaux de poste, des centres de Sécurité sociale, etc.) subissent fréquemment dans le cadre de leur activité professionnelle des agressions verbales et physiques venant des usagers aux comportements de plus en plus violents. Ainsi, après une agression d’un personnel de la Régie autonome des transports parisiens (Ratp) dans l’exercice de sa fonction, il est fréquent que ses collègues témoignent à la fois leur mécontentement et leur solidarité avec la

2 MARCUSE (H.), L’Homme unidimensionnel : essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée, Paris : Seuil, 1970.

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victime ; ce qui peut se traduire par une grève partielle pour une meilleure sensibilisation de l’opinion publique et susciter des actions concrètes de leur employeur et des autorités de l’État. Par ailleurs, l’accroissement de la violence dans les zones urbaines constitue un facteur qui décourage les investisseurs potentiels à s’engager dans des quartiers où l’insécurité reste élevée en raison de la morphologie sociospatiale des lieux.

Si à la fin du XIXe siècle, de nombreuses cités ouvrières dans les banlieues des grandes villes attiraient des entreprises qui pouvaient y trouver une main-d’œuvre locale déracinée qui venait de différentes provinces françaises ou des zones rurales, aujourd’hui, la donne a changé et, de nombreuses zones populaires de la périphérie des grandes métropoles se caractérisent par un accroissement du décalage culturel par rapport à la norme, c’est-à-dire celle qui est socialement dominante. La violence symbolique dont ces quartiers sont affublés entraîne des réponses équivalentes, et parfois amplifiées tant elles participent à un mode de régulation sociale endogène.

Les établissements scolaires sont également l’objet d’une violence résultant pour une grande part des comportements déviants de certains élèves qui sont à l’origine d’actes d’incivilité dans leur établissement : dégradations de matériels, insultes, agressions physiques, vols, rackets, etc. Toutefois, certains auteurs constatent que l’étude des conduites déviantes des élèves doit être appréciée également dans le cadre d’une vision globale qui prend en compte la violence intra-institutionnelle qui intervient dans la régulation des interactions entre les différents acteurs qui coexistent dans les lieux. Aussi, le responsable de la sécurité d’un établissement public ne peut faire l’économie de la gestion des paradoxes intra-institutionnels qui régissent le comportement des différents acteurs qui y cohabitent.

2. Vers une nouvelle lisibilité des risques

Le 11 septembre 2001, les États-Unis ont connu l’acte terroriste le plus meurtrier de leur histoire contemporaine. Des individus bien organisés, agissant au nom d’une organisation terroriste ont mené des opérations suicides à l’aide des avions de ligne américains dont ils avaient pris le contrôle en les pilotant eux-mêmes pour les écraser volontairement contre des édifices qui symbolisaient la puissance de l’Amérique comme le Pentagone, siège du ministère de la Défense, et le World Trade Center à New York, qui se trouvait dans l’un des plus grands quartiers affairistes du monde.

D’après les services de renseignement américains, les auteurs de ces attentats sont des extrémistes, membres d’un réseau terroriste appelé Al-Qaïda, dont le centre opérationnel se trouvait en Afghanistan, un pays doté d’un régime politique contrôlé par des islamistes radicaux qui étaient honnis par les puissances occidentales. Certes, les réseaux terroristes liés à Al-Qaïda étaient connus des services secrets américains qui ne semblaient pas avoir cerné toutes leurs stratégies compte tenu de cette amplitude que leur confèrent au niveau

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international les ressources financières importantes dont ils disposent. De plus, et d’après des spécialistes américains du renseignement, certaines entreprises, en particulier quelques banques, auraient servi involontairement de relais à des capitaux liés à des organisations terroristes.

Ces attentats, qui étaient chargés de scènes d’horreur et d’une violence amplifiée par l’importance du nombre de victimes, ont révélé aux Américains les limites de leur puissance quant à leur hégémonie mondiale tant ils se trouvent confrontés désormais sur leur territoire à un ennemi (le terrorisme international) dont ils avaient sous-estimé les capacités de nuisance. En outre, cet ennemi insaisissable emploie des méthodes qui défient les principes de la stratégie militaire classique parce qu’il n’est pas possible de le combattre uniquement par la voie des armes ; d’où la nécessité pour les forces conventionnelles de sécurité des États-Unis d’élaborer de nouvelles logiques de lutte contre cette menace dans le cadre de ce que les stratèges américains désignent par la guerre non conventionnelle (Unconventional Warfare) à laquelle leurs armées s’étaient préparées avant la fin de la guerre froide3. Par conséquent, les actions terroristes de grande envergure interpellent les responsables politiques et militaires américains quant à la nécessité d’engager des opérations militaires qui complètent les initiatives de leurs services de renseignement4. Aussi, depuis les attentats de 2001, les États-Unis n’ont pas cessé d’adapter leur dispositif de lutte anti-terroriste au niveau du renseignement combiné à l’ajustement d’unités opérationnelles conséquentes.

3. Des nouveaux défis pour l’entreprise

Aux États-Unis, les membres des services de renseignement ont été l’objet de nombreuses critiques dans la presse et dans l’opinion publique qui leur reprochaient leur imprévoyance en matière de prévention contre la menace terroriste. D’ailleurs, depuis les attentats du 11 septembre 2001, les services de renseignement des pays occidentaux ont compris la nécessité d’élaborer une stratégie de communication destinée à leurs concitoyens en entreprenant par exemple des opérations concrètes de police avec un support médiatique pour démontrer l’efficacité de leur lutte contre le terrorisme. Pourtant, les actions terroristes aggravées contre les intérêts américains dans le monde avaient fait l’objet de nombreux rapports de spécialistes du renseignement auxquels s’ajoute une littérature abondante sur ce danger aux États-Unis depuis les années quatre-vingt-dix. En fait, les organisations terroristes ont atteint un degré élevé dans la sophistication de leurs moyens d’action au même titre que les organisations criminelles ; ce qui implique que les responsables politiques des puissances démocratiques, en premier lieu, les États-Unis, ont décidé d’engager

3YARBOROUGH (W. P.), Unconventional Warfare: One Military View, Annals of the American Academy of Political and Social Science, Vol. 341, (May, 1962), pp. 1-7.

4TALEN (B.), Paramilitary Terrorism: A Neglected Threat, HOMELAND SECURITY AFFAIRS, VOLUME IV, NO. 2 (JUNE 2008), pp. 1-13.

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des opérations militaires d’envergure et en profondeur dans les sanctuaires des

« forces du mal5 » à l’aide de moyens techniques performants et de groupes de commandos entraînés pour des missions spéciales. En outre, ces unités sont rompues aux nouvelles exigences des combats modernes en zones hostiles où l’ennemi est d’autant moins saisissable et difficile à identifier qu’il bénéficie des supports locaux et externes ; d’où l’importance du renseignement intégré. Les organisations terroristes ou criminelles ont des moyens financiers qui leur permettent de pénétrer les réseaux d’informations amis. Toutefois, les stratèges et les décideurs politiques aux États-Unis admettent que l’on ne peut aboutir à un niveau de sécurité acceptable sur le terrain qu’à la condition qu’il s’accompagne d’engagements socio-économiques et politiques conséquents.

Contrairement aux autres démocraties occidentales, les États-Unis tolèrent sur leur territoire, au nom de la liberté de pensée, des groupes d’individus puissamment armés et bien organisés qui défient l’État fédéral. Certes, ces groupuscules sont clairement identifiés par les services de sécurité de l’État qui peuvent les infiltrer et les neutraliser dans leurs projets d’exaction. D’ailleurs, les États-Unis ont eu à déplorer sur leur territoire depuis les années quatre-vingt de nombreux attentats qui émanaient de groupes terroristes nationaux.

Aux États-Unis, depuis la fin de la guerre de sécession, des groupes de miliciens se sont enracinés dans certains États autour de courants idéologiques qui prônent la haine et la violence comme modes de pression sociale dirigés contre l’autorité fédérale6. Bien qu’ils fassent l’objet d’une surveillance par les services secrets américains, certains de ces groupes en rébellion ont déjà utilisé des méthodes terroristes sur le territoire des États-Unis ; de plus, ils entretiennent des liens étroits avec des organisations malveillantes étrangères dans les différents pays occidentaux qui partagent leurs idéologies notamment à travers le réseau Internet7.

On peut se demander si le terrorisme international n’aura pas un effet d’emballement sur la culture de la violence aux États-Unis, en particulier celle dont certains groupes d’activistes sont porteurs. Paradoxalement, et au regard des évènements mondiaux, il semble que les actions les plus dangereuses auxquelles les pays démocratiques se trouveront affronter dans les années à venir ne seront pas forcément celles qui s’appuient sur le radicalisme religieux, mais plutôt des organisations criminelles et mafieuses qui occupent les espaces des affaires illicites qui drainent des flux financiers importants et difficilement contrôlables. Parce qu’elles parviennent à infiltrer les instances du pouvoir politique des pays démocratiques, les organisations criminelles constituent une menace pour la souveraineté des États faibles ; elles étendent leurs sphères d’influence par une extension de leur territorialité au point qu’en 1994, les

5 Dans la philosophie politique américaine, ce qualificatif s’applique à toutes les actions contraires aux valeurs morales qui sous-tendent la démocratie. La lutte contre les menées malfaisantes revient à l’État, comme force de réaction orientée vers les producteurs des contre-valeurs.

6BECK (A.T.), Prisonniers de la haine, Paris : Masson, 2002, pp. 173-191.

7HOME-GROWN RADICALS, Intersec, May 2010, pp. 12-14.

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Nations unies attiraient l’attention des dirigeants des différents pays du monde sur le danger que représentait cette menace8. Avec la mondialisation, les réseaux criminels s’étendent à tous les pays par la corruption des douaniers et des représentants des institutions étatiques9 ; ils investissent les marchés hors la loi incluant le trafic de stupéfiants et la traite des êtres humains (prostitution, travailleurs clandestins, les faux titres d’identité, la fausse monnaie, les trafics d’influence, etc.) ; ces deux secteurs d’activité évoluent vers « l’économie grise10» : celui des enlèvements d’expatriés des entreprises françaises, des journalistes ou des représentants des organismes non gouvernementaux et la piraterie maritime. Si ces pratiques illicites sont l’œuvre d’individus isolés, qui agissent le plus souvent dans le cadre des réseaux ayant des ramifications au niveau international, les services de police ont noté qu’une majorité de ces malfaiteurs opérait dans le cadre des groupes organisés et protégés par des technologies de l’industrie de la sécurité assistées par des agents de sécurité privée.

Les organisations criminelles consentent des prêts, des emprunts et des recouvrements de créances par des hommes de main qui agissent par la violence et la corruption11 ; elles interviennent également dans le trafic de la main-d’œuvre en Afrique selon une méthode qui rappelle la période de l’esclavage. D’après de nombreux spécialistes, ces criminels fonctionnent en réseaux et, dans le cadre de la mondialisation, ils se distinguent par leur transnationalité. La contrefaçon, qui représente 5 % à 9 % du commerce mondial, constitue également un domaine où excellent les réseaux criminels qui disposent par ailleurs des relais dans toutes les capitales occidentales12. Ainsi, on sait que le marché de la contrefaçon, qui génère des pertes importantes pour les entreprises françaises, est contrôlé par des organisations mafieuses qui n’hésitent pas à utiliser la violence contre les autorités légales.

Des convergences d’intérêts régissent les rapports entre les différentes branches du crime organisé. Ainsi, les trafiquants d’armes alimentent autant le grand banditisme, que les cartels de la drogue, la piraterie maritime et les organisations mafieuses. Les spécialistes soulignent le caractère mouvant des organisations criminelles, l’élargissement de leur sphère d’influence et leur adaptation à l’évolution socio-économique et technologique. Ces organisations malveillantes accumulent des moyens financiers qui leur permettent d’étendre leur influence dans les différentes sphères des pouvoirs dans la société, notamment politiques, économiques et judiciaires. Par conséquent, elles constituent une menace réelle pour les entreprises sur lesquelles elles peuvent exercer des pressions.

8 HOUGH (P.), Understanding Global Security, Routledge, 2004, pp. 225-223.

9WEBER (O.), Les Etats contre les réseaux criminels, Revue MONDES, N°1, Automne 2009, (Les Cahiers du Quai d'Orsay).

10 PONS (N.), Economie criminelle : vielles ficelles et ruses insolites, Pouvoirs – 132. 2010, p. 32.

11 FERRAND (S.), Ibid., pp. 49-114.

12 PONS (N.), Ibid., p.32.

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Section 2. Les engagements militaires des États-Unis 1. La guerre globale contre le terrorisme

En 2001, les États-Unis décidèrent d’engager une guerre globale contre le terrorisme qui menaçait leurs intérêts dans le monde, en commençant par déclencher une guerre préventive contre l’Afghanistan dans la même année parce qu’il abritait le centre opérationnel du groupe radical islamiste Al-Qaïda qui serait à l’origine des attentats du 11 septembre 2001, mais également de ceux qui ont été commis contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya le 7 août 1998 et qui firent près de 300 morts et 4000 blessés. Selon les services de renseignement américains, cette même organisation terroriste serait responsable également de l’attentat contre un destroyer des États-Unis dans le port d’Aden au Yémen en 2000, et qui fit 17 morts et 35 blessés parmi leurs soldats. Paradoxalement, ces actes terroristes ne semblent pas dirigés directement contre le modèle de civilisation occidentale ou le capitalisme, mais ils visent le leadership américain dans les affaires du monde et surtout dans la forme qu’il revêt. Cette prédominance du capitalisme américain se heurte à des oppositions au sein même du bloc des pays occidentaux. Ainsi, les intérêts de certaines puissances européennes, et l’approche des problèmes mondiaux par leurs dirigeants divergent en beaucoup de points de ceux des États-Unis. Par exemple, les différents pays de l’Europe communautaire ont une position évolutive quant à leurs rapports avec des pays que les États-Unis considéraient, sous la présidence de G. W. Bush, comme des foyers de menaces potentielles pour leur stratégie hégémonique. Toutefois, on constate un changement de méthode de l’administration du président Obama qui prône une nouvelle gestion du leadership américain visant à rallier les ennemis d’hier aux valeurs de liberté que préconise et défend la démocratie américaine. Cependant, l’un des changements significatifs de la nouvelle géopolitique de l’administration américaine qui a succédé à celle du président G. W. Bush, est son refus de soutenir des régimes politiques répressifs, mais elle accepte d’aider ceux qui choisissent la voie démocratique ; d’où les crises qui se sont produites dans les pays arabes au printemps 2011 et qui ont surpris de nombreux observateurs en Europe occidentale. En fait, à la différence des pays européens, les États-Unis, par leur histoire et la dimension de leur puissance économique et militaire, sont les artisans de la mondialisation, au même titre que d’autres pays anglophones.

Le capitalisme industriel américain est porteur de valeurs triomphantes et conquérantes dans le cadre de la mondialisation.

L’affirmation du leadership américain dans les domaines économiques et militaires préfigure une nouvelle configuration des États périphériques qui se trouvent plus ou moins contraints de s’aligner sur le modèle américain ; il s’agit par conséquent d’une nouvelle exigence du capitalisme néolibéral. Certes, les États-Unis ont réagi contre ces attentats répétitifs, qui visaient leurs intérêts

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dans le monde, par des opérations militaires ponctuelles, par exemple en lançant des missiles de croisières sur des sites stratégiques des pays qui apportaient leur soutien au réseau Al-Qaïda, ne serait-ce que parce qu’ils hébergeaient des membres de cette organisation. Dans cette guerre antiterroriste menée en Afghanistan, et parallèlement aux bombardements aériens des objectifs militaires de ce pays, les États-Unis distribuaient des vivres aux populations afghanes de plus en plus misérables et des tracts pour leur expliquer les raisons de leurs actions qui consistaient, selon l’administration américaine du président G. W. Bush, à les libérer d’un régime oppressif pour lui substituer un État démocratique.

Cette nouvelle logique de guerre dite de libération du début du XXIe siècle d’une superpuissance de la plus grande économie capitaliste du monde contre un pays périphérique du Sud a besoin de s’appuyer sur une certaine légitimité que la puissance dominante suscite par des actions de générosité visant à socialiser la guerre comme une opération de justice aux côtés des organismes de secours de l’Organisation des Nations unies. La campagne militaire américaine en Afghanistan en 2001 et celle de l’Otan dans les Balkans en 1995 ont eu lieu au nom de la défense de certaines valeurs humaines notamment les droits de l’homme dans une perspective démocratique. D’ailleurs, le nom des opérations militaires américaines contre le réseau Al-Qaïda était : « Justice sans limite » pour devenir quelques jours plus tard : « Liberté immuable ». Cette guerre contre le terrorisme préfigure une nouvelle lisibilité du capitalisme quant à ses modes opératoires dans le monde à travers les entreprises multinationales qui devront se démarquer de plus en plus des systèmes politiques qui génèrent la corruption et le terrorisme.

Le recours aux valeurs religieuses aux États-Unis comme supports d’engagement politique au niveau international fait partie des actions contre le terrorisme. Mais paradoxalement, la dimension religieuse intervient également dans la dynamique de la stratégie de certains groupes terroristes, en particulier ceux qui se réclament d’un islam radical. A des moments critiques de leur histoire, on constate que des forces économiques et politiques de nombreuses nations occidentales ont utilisé des valeurs religieuses comme fondements de leur stratégie d’expansion hégémonique. Ainsi, au XVIIe siècle, le christianisme a été utilisé par la bourgeoisie mercantile européenne comme une référence pour ses conquêtes coloniales en Amérique et dans le monde. De même, les valeurs du protestantisme restent dominantes dans les entreprises américaines et, depuis les années quatre-vingt-dix, on assiste à une réactivation des rites des évangélistes aux États-Unis, par exemple des temps consacrés à la prière dans les entreprises et dans les établissements scolaires. Ce renouveau du protestantisme américain dans l’espace de travail s’étend également à d’autres cultes au nom de la liberté religieuse qui est inscrite dans la constitution des États-Unis. La prégnance du religieux dans l’économie intervient dans la conduite des affaires au niveau international et constitue de plus en plus un critère de concurrence tant il sous-tend les règles d’éthique par exemple sur des marchés où certaines entreprises peuvent être tentées de s’adonner à la

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corruption ou n’entreprennent pas localement des actions sociales. Il en résulte que les valeurs antidémocratiques dans les sociétés en développement s’accordent difficilement avec la philosophie politique américaine. Selon Huntington, le protestantisme reste un élément fondamental de l’identité américaine et : « les deux grandes religions missionnaires, l’islam et le christianisme, rivalisent dans le monde pour gagner des convertis et y parviennent 13».

Pour un grand nombre de spécialistes, la guerre intense que mènent les États-Unis contre le terrorisme, depuis la tragédie du 11 septembre 2001, résulte principalement des activités violentes des fondamentalistes musulmans dont les valeurs s’opposent à la culture anglo-saxonne protestante américaine.

Par conséquent, la dimension religieuse devient prépondérante dans ce conflit car : « l’hostilité musulmane encourage les Américains à définir leur identité en termes religieux et culturels14 ».

Les défenseurs de l’islam radical assimilent les interventions militaires américaines dans un pays musulman à celles des croisés européens qui allèrent conquérir la ville de Jérusalem au Moyen Âge (de 1095 à 1291), alors que cette ville symbolique de la foi chrétienne en consolidation était le théâtre des invasions des différents peuples de la région notamment des pays de confession musulmane.

2. Le recours aux valeurs religieuses

Le terrorisme constitue une menace pour l’expansion du capitalisme et, en prenant l’engagement de le combattre partout dans le monde, les États-Unis veulent générer un nouvel ordre mondial pour sécuriser les marchés des capitaux et, en même temps, conforter leur hégémonie. Si depuis les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis montrent leur détermination à combattre indubitablement le terrorisme dans le monde, en particulier celui qui menace leurs intérêts, ils semblent lutter également contre les régimes qui ne respectent pas les règles de la démocratie. Autrement dit, les dirigeants des systèmes politiques africains par exemple qui ne se conforment pas aux normes de la démocratie parce qu’ils s’appuient sur la duplicité de certains pays qui s’en accommodent sont contraints d’évoluer selon la logique du capitalisme moderne dont les États-Unis assument le leadership.

Le président G. W. Bush et les acteurs des Think Tanks, dont il s’inspirait de leurs analyses pour ses prises de décision, concevaient les troubles sociopolitiques dans les pays périphériques, et les guerres civiles qui en résultent, comme la conséquence d’une absence de règles démocratiques dans les États concernés ; ce qui constitue par conséquent un contexte favorable au

13 HUNTINGTON (S.P.), Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures, Paris : Éd. Odile Jacob, 2004, pp. 347-353.

14 HUNTINGTON (S.P.), Ibid., p. 348.

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développement du terrorisme15. En fait, corrélativement à la lutte contre le terrorisme, des chercheurs américains dans des disciplines diverses, en particulier de la science politique, réexaminent depuis la fin de la guerre froide le rôle de leadership des États-Unis dans le contexte de la mondialisation. Ainsi, dans leur vision des crises sociopolitiques dans les pays périphériques, ils établissent un lien entre les élites politiques qui sont maintenues arbitrairement au pouvoir dans ces sociétés dans une relation de dépendance économique avec certaines firmes et la majorité de leurs populations qui n’ont pas accès aux richesses16, d’où le climat de violence qui s’accompagne d’actes de terrorisme.

Il s’agit d’une évolution conceptuelle d’une grande partie de l’élite politique et des milieux d’affaires américains dans leur approche des sociétés extra- occidentales qui n’est pas nouvelle puisqu’elle apparaissait déjà dès la fin des années quatre-vingt dans les réflexions de nombreux auteurs17.

Pour l’administration du président G. W. Bush, la dimension religieuse intervient dans la guerre contre le terrorisme puisqu’il s’agit de lutter contre

« des puissances sataniques » dans le monde. Cette allusion aux « forces du mal » était utilisée également par Ronald Reagan, l’ancien président des États- Unis de 1984 à 1988 pour désigner le système soviétique. Autrement dit, cette lutte antiterroriste, qui s’appuie sur des fondements éthiques du puritanisme protestant, intègre des considérations humanitaires qui coïncident avec la logique de profit du capitalisme. Mais paradoxalement, les terroristes que combattent les États-Unis utilisent également des valeurs religieuses fondées sur l’islam pour dynamiser leur motivation en acceptant de se sacrifier. Les différents lobbies financiers, marchands et industriels plus ou moins apatrides, qui constituent des vecteurs principaux du capitalisme moderne, ne peuvent s’accommoder de marchés restrictifs.

Selon la doctrine politique du président des États-Unis, Georges W. Bush, et de son équipe, l’invasion de l’Irak pour y instaurer un régime démocratique produira des effets bénéfiques dans d’autres pays en développement. De nombreux responsables politiques américains adhèrent à la thèse selon laquelle l’absence de démocratie dans un pays crée des conditions favorables pour le développement du terrorisme et provoque par conséquent l’instabilité non seulement dans l’État concerné, mais également dans les pays voisins ; ce qui constitue par conséquent une menace directe pour les intérêts américains18.

Les partisans de la morale protestante qui régit le fonctionnement du capitalisme moderne mènent une lutte contre certaines pratiques irrégulières des entreprises dans le jeu de la compétition économique à l’international. On assiste néanmoins à un déplacement des opérations malveillantes dans les relations commerciales vers des réseaux d’influence qui regroupent des

15 SUSKIND (R.), La guerre selon Bush, Plon : 2006, pp. 257-274.

16 ROGERS (P.), Global Security and the War on Terror, London and New York, Routlege, 2008, pp. 83-103.

17 REICH (R.), L’économie mondialisée, Dunod, 1993.

18 JERVIS (R.), Understanding the Bush Doctrine, Political Science Quarterly, Vol. 118, No. 3 (Fall, 2003), pp. 365-388.

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responsables d’entreprise ; ces structures échappent de plus en plus au contrôle des services de sécurité industrielle qui sont chargés notamment de la défense du patrimoine national. Ainsi, des organisations plus ou moins fermées et sectaires constituent des lieux de pouvoir et d’influence qui peuvent affecter l’économie de l’entreprise car l’entraide et la solidarité régissent les relations entre les acteurs de ces réseaux ; ce qui peut constituer une menace réelle pour la sécurité de l’information de l’entreprise. Comment les secrets de fabrication d’une entreprise peuvent-ils être protégés si des membres de sa strate directionnelle adhèrent à des réseaux fermés dont les adeptes sont recrutés en fonction de leurs ressources et de leurs croyances ? Dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme international, le gouvernement américain se heurte à la difficulté de contrôler les flux financiers de certaines entreprises qui peuvent être utilisées par des terroristes ou leurs sympathisants. Cependant la crise financière de 2008 a conduit les pays les plus riches (G7, G10 et G20) vers une meilleure coopération au niveau mondial dans la lutte contre le terrorisme et le blanchiment de l’argent qui provient des pratiques illicites19.

3. L’influence du protestantisme américain

Après les attentats terroristes qui frappèrent les États-Unis le 11 septembre 2001, les médias ont montré un peuple américain très uni en dépit des barrières sociales. La population américaine de toutes origines ne s’attendait pas à vivre une telle tragédie qu’elle n’appréhendait qu’à travers des films de fiction hollywoodiens. Ainsi, des valeurs qui ont contribué depuis toujours aux fondements de la nation américaine, c’est-à-dire celles qui proviennent du christianisme d’obédience protestante et le patriotisme, ont été réactivées.

Partout aux États-Unis, des citoyens américains formaient des assemblées de prières non seulement dans leurs différentes églises, mais également dans des lieux informels des espaces urbains en brandissant leur drapeau national. En France, les églises catholiques et protestantes s’étaient associées à ces mouvements de prières pour les victimes de ces attentats et leurs proches.

Aux États-Unis, les drames sociaux de grande ampleur s’accompagnent généralement d’une implication active des forces religieuses. Autrement dit, les églises protestantes ont toujours tenu un rôle important dans la société américaine, en particulier dans les instances politiques et économiques. Aussi, ce n’est pas un hasard si des pasteurs américains ont été à la tête de nombreux mouvements pour les droits civiques ou des organisations de défense d’un certain ordre moral. Dans ses observations sur la nouvelle démocratie américaine, Tocqueville constatait que la religion, qui est de plus en plus reléguée à l’arrière-plan en France, reste toutefois concomitante de la liberté

19 FOOT (R.), WALTER (A.), China, the United States, and Global Order, Cambridge University Press, 2011, pp. 229-273.

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