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Energies (Offshore Pétrole et Gaz, renouvelables), ressources minerales, algues : la mer, un gisement d'avenir?

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Academic year: 2022

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Energies (Offshore Pétrole et Gaz, renouvelables), ressources minerales, algues :

Maurice BOUTECA, Directeur, IFP Energies nouvelles Pierre CALLEJA, Président-directeur général, Fermentalg Jean-François MINSTER, Directeur scientifique, TOTAL Hervé MOULINIER, Président, Pôle Mer Bretagne Pierre PARVEX, Directeur pôle ENR, Groupe GDF SUEZ

Xavier DEBONTRIDE, Journaliste : Nous ouvrons cette table ronde avec une entrée en matière un peu globale sur les problé- matiques énergétiques. Hervé MOULINIER, aidez-nous à y voir plus clair !

Hervé MOULINIER, Président, Pôle Mer Bretagne :

L’exploitation durable des ressources marines est vraiment au cœur de plusieurs théma- tiques des deux Pôles Mer et c’est d’ailleurs là que sont les gisements de croissance les plus importants, les autres thématiques étant finalement plus en accompagnement (comme la Sécurité/Sureté Maritimes ou l’environnement) ou en mutation qu’en crois- sance (comme le naval-nautisme).

Je vais l’illustrer par des projets concernant les ressources énergétiques, minérales ou bio- logiques, mais rappelons d’abord comment les deux Pôles agissent. Leur rôle c’est de sti- muler, puis d’accompagner vers le financement et le marché des projets collaboratifs inno- vants réunissant leurs membres (650 à eux deux dont 450 PME) ; les deux Pôles ont ainsi labellisé en 7 ans plus de 300 projets de R&D représentant plus d’un milliard d’euros d’investissement total dont 30 % de financement public, c'est-à-dire 70 % d’investisse- ments privés, ne l’oublions pas.

Les Pôles interviennent aussi dans la mise en place de projets structurants : que ce soient des programmes fédérateurs comme sur le navire du futur, les EMR ou la pêche durable, mais aussi des centres d’essais en mer, Abyssea pour l’offshore profond en Paca, Sea test base en Bretagne en petits fonds.

Et surtout, ils ont été un acteur déterminant dans la mise en place de deux Instituts d’Excellence en Energie Décarbonnée, je veux parler de France Energies Marines et de Greenstars qui, l’un, vise à stimuler et accroitre la compétitivité de la filière émergente des EMR en France, et l’autre la filière des microalgues.

A travers le Programme Investissements d’avenir, c’est entre 300 et 500 M€ d’euros qui vont aussi être investis en partenariat public privé (PPP) sur les thématiques maritimes des deux pôles dans les 8 prochaines années.

Venons-en aux exemples et aux projets que j’aborde par ordre de maturité décroissante.

Offshore Oil & Gas : sur ce sujet plus mature que les autres et pour lequel le CITEPH et la fondation franco-norvégienne offrent déjà une organisation de soutien à des projets innovants, le rôle des deux Pôles est plus d’accompagner les PME à l’exporta- tion, par exemple au Brésil, pays où la croissance est très forte. Nous avons néanmoins des projets en robotique et en modéli- sation.

Biotechnologies bleues : je laisserai P. Calleja de Fermentalg illustrer plus complètement la thématique microalgue. Parmi les sujets de valorisation de la biomasse, les microalgues font l’objet d’un engouement particulier en raison de leur débouché énergétique.

Rappelons les 4 grandes priorités de Greenstars : l’étude des souches de façon à disposer des algues les plus productives en fonction de l’application visée ; les systèmes de culture à haut rendement (produire le plus pour le minimum d’espace d’éner- gie et d’intrants) ; la récolte et la bio-raffinerie, exploiter l’ensemble des substances issues des microalgues, et enfin un pro- gramme transverse sur l’ACV et la modélisation.

Cette bio-raffinerie est la clé de la compétitivité ; il faut pouvoir exploiter l’huile, les protéines et plus généralement l’en- semble des principes actifs.

Les microalgues sont aussi une des solutions pour l’aquaculture durable pour éviter la pêche minotière, je pense particulière- ment à un projet de crevetticulture à fort rendement que nous avons labellisé récemment.

En rebond, la bio-raffinerie de la ressource halieutique est aussi une voie très intéressante pour rendre supportable économi- quement la contrainte du débarquement des déchets et prises accessoires ; des projets de valorisation énergétique ou alimen- taire (oméga 3 et 6) sont déjà en cours.

Les applications des principes actifs de molécules issues du milieu marin sont extrêmement vastes : à un point que le com- mun des terriens ne peut pas imaginer au-delà de ce qui est déjà connu et continue de se développer en cosmétique et bien- être.

la mer, un gisement d'avenir ?

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Je vous citais l’année dernière les applications thérapeutiques de l’hémoglobine des vers marins dans la conservation d’organe ou encore de la lutte contre le cancer à partir des testicules de roussette, mais je ne peux pas passer sous silence le succès du groupe Roullier dans la commercialisation de fertilisants issus de molécules marines qui stimulent l’absorption d’azote au bon moment, en bonne quantité, permettant ainsi de diminuer à la fois les quantités d’engrais et de rejet dans l’environnement et, bien sûr, d’accélérer la croissance de la plante ; cette ligne de produit a permis, dès sa première année, de viser un CA de 50 M€ et d’annoncer l’embauche de 600 personnes à travers le monde dont 120 en France afin de commercialiser cette innova- tion.

Energies Marines Renouvelables : à côté de l’éolien posé qui mobilise les attentions du public et des investisseurs à court terme, les projets phares de démonstrateurs sont en cours dans les deux Pôles : dans le domaine de l’hydrolien Sabella, Orca, Blusteam, dans l’éolien flottant avec Winflo et Vertiwind, dans le houlomoteur avec Bilboquet ou dans l’énergie thermique des Mers le projet Espadon.

Cet effort sur les démonstrateurs est nécessaire mais pas suffisant ; il s’accompagne de projets relatifs à la sécurité, aux tech- niques de pose ou de maintenance, au raccordement et au transport d’électricité, à la logistique, à la cogénération en mer ou au stockage, aux techniques de pêche d’aquaculture et d’algoculture dans les champs, et à la surveillance environnementale, un champ thématique très vaste qui concerne tous les membres des deux Pôles.

Stimuler l’innovation à tous les étages et expérimenter en mer est nécessaire pour amener les technologies non seulement à maturité mais aussi au seuil compétitivité. C’est l’objet de France Energie Marine. Dans l’attente des aides de l’Etat, nous avons néanmoins démarré car la concurrence n’attend pas. L’institut disposera aussi d’un centre de ressources notamment pour la dissémination des connaissances sur tous les verrous non technologiques ; il s’appuiera pour les technologies de matériaux et d’assemblage sur l’IRT Jules Verne.

Ressources minérales profondes : je suis impatient d’entendre ce que les autres participants de cette table ronde ont à dire sur le sujet ; nous n’avons pas encore de projet labellisé, mais la mobilisation des deux plateformes du Centre d’essai en Mer Profonde ABYSSEA 1 300 m et 2 400 m est acquise et, bien sûr, avant de parler du marché de l’exploitation, le marché de l’ex- ploration, de l’instrumentation et de la robotique est à l’évidence un sujet sur lequel nous allons solliciter nos membres pour faire émerger des projets.

Xavier DEBONTRIDE : Resserrons maintenant notre approche avec l’état des lieux et les perspectives du maritime dans la tran- sition énergétique.

Maurice BOUTECA, Directeur, IFP Energies nouvelles :

L’offshore est un élément majeur de la transition énergétique !

Pour ma présentation, je partirai de la demande énergétique à l’horizon 2035. Trois scéna- rios sont envisageables :

 si les politiques en vigueur restent inchangées ;

 si de nouvelles politiques prennent en compte les engagements généraux et les plans d’action annoncés par les pays, notamment sur la réduction des gaz à effet de serre et les arrêts ou diminution des subventions accordées aux énergies fossiles ; ce sera notre le scénario de référence ;

 si une politique cohérente est menée pour limiter la concentration en gaz dans l’at- mosphère à 450 ppm de CO², avec une hausse de la température moyenne à la surface de la terre ne dépassant pas 2° C.

Selon le scénario de référence, à l’horizon 2035, 50 % de la demande énergétique sera couverte par les hydrocarbures. Dans ce scénario, en 2035, la part du gaz augmentera de 55 % par rapport à 2009 et elle sera équivalente à celle du charbon ; la part des énergies renouvelables sera de 18 % (incluant le nucléaire pour 7 %) ; les énergies renouvelables autres que l’hydraulique et la biomasse suivront une croissance de 700 % par rapport à 2009 et représenteront 4 % du bouquet énergétique, soit plus de la moitié de la contribution du parc nucléaire.

La source d’énergie peut considérablement changer au cours du temps : depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXIe siècle, après une dépendance quasi exclusive à la biomasse, accompagnée de déforestations, le charbon a pris de plus en plus d’importance. Sont ensuite apparus au début du XXe siècle, de nouvelles sources d’énergie : le pétrole d’abord, puis le gaz.

Ces trois sources d’énergies fossiles couvriront à l’horizon 2035 environ 75 % de la demande énergétique.

Depuis le milieu du XXe siècle, de nouvelles sources d’énergie se développent : l’hydraulique (barrages), le nucléaire, et, plus récemment des énergies renouvelables (éolien, solaire).

Quels sont les déterminants de cette évolution ?

Clairement, le facteur déterminant est le progrès technologique dans l’acquisition (récupération de l’énergie) et l’utilisation (transport, transformation, stockage) de la ressource.

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Dans la transition énergétique, le rôle du maritime va aller croissant car la production offshore passera de 8 % en 1970 à à 30

% en 2030.

Pour les hydrocarbures, l’offshore représente aujourd’hui environ 25 % des réserves (le pétrole offshore 20 % et le gaz 30 %).

Depuis les années 70, la production offshore a continuellement augmenté et elle représente près de 30 % de la production mondiale d’hydrocarbures. Notez que les gisements situés à plus de 1 000 m de profondeur représentent 10 % de la produc- tion offshore.

Il faut aussi remarquer le dynamisme des activités de construction offshore. Ainsi, de 2004 à 2012, les projets dans l’activité pipeline ont cru de 19 %, les projets de plateformes flottantes de 90 % et ceux des activités sous-marines de 17 %. De 2007 à 2012, le marché total est passé de 40 Md$ à plus de 50 Md$.

A ce marché, il faut ajouter ceux des forages (plus de 40 Md$) et des activités géophysiques en mer.

La France est fortement présente dans ces secteurs ; outre la présence des majors pétrolier et gazier, Total et GDF SUEZ, nous bénéficions d’une industrie parapétrolière au 4ème rang mondial ; en 2009, le chiffre d’affaires de notre industrie parapétrolière était de 28 Md€ dont plus de 70 % à l’export, ce qui induit 70 000 emplois en France avec des champions nationaux figurant au premier rang mondial : Technip (4 000 emplois en France ; CA de 6,8 Md€ en 2011), CGG Veritas (1 500 emplois en France ; 2 Md€ de CA), Vallourec (4 000 emplois en France ; CA de 5,3 Md€).

Autour de ces champions, plus de 300 PME-PMI sont actives sur le secteur et dans celui des EMR.

En 2012, trois zones ont été importantes pour la découverte de gisements offshore : le bassin au large du Mozambique et de la Tanzanie, la Mer Caspienne et le bassin du Brésil.

Dans la transition énergétique, le potentiel des énergies renouvelables est également très important.

C’est l’éolien offshore posé qui a la croissance la plus forte avec 100 GW en 2030 ; les hydroliennes devraient atteindre 20 GW et l’éolien offshore flottant 10 GW en 2030. 14 % de l’énergie électrique sera d’origine éolienne en 2020, dont un tiers venant de l’offshore.

En matière de diminution des coûts, la technologie sera déterminante, là encore, ce qui implique un effort important en R&D et une forte croissance de la capacité installé, étant précisé que, dans l’éolien terrestre, on a su diviser les coûts par deux en 10 ans…

Finalement, on peut dire que les capacités du maritime dans la transition énergétique sont significatives ; la part de l’offshore en exploration et production ne cesse de croître et les entreprises françaises sont bien positionnées.

Quant aux énergies marines et l’éolien offshore, ils constituent un second pôle de croissance.

Pour conquérir de nouveaux territoires et réduire les coûts de production, les développements scientifiques et technolo- giques sont indispensables.

Xavier DEBONTRIDE : Chez Total, quelle est la part du pétrole « profond » ? Comment valo- rise-ton les énergies d’origine marine ?

Jean-François MINSTER, Directeur scientifique, TOTAL :

Un mot d’abord pour vous remercier de m’avoir invité et pour vous dire que je suis très im- pressionné par le nombre de participants (d’étudiants, en particulier) aux Assises : cela prouve que le poids du domaine maritime ne cesse d’augmenter.

Maurice BOUTECA a bien mis en évidence l’importance de l’offshore pétrolier : on peut affirmer sereinement que toute évolution économique mondiale est aujourd’hui impos- sible - et pour plusieurs décennies - sans le recours aux hydrocarbures offshore. Il n’y a pas de remplacement envisageable dans ces échéances-là.

Par ailleurs, on ne peut pas penser à l’offshore en ne se focalisant que sur les « grands » opérateurs comme Total ou GDF SUEZ : il faut clairement toute une chaîne industrielle ; c’est elle qui fait sens.

Au-delà de la présence de tous ces acteurs, entreprises opératrices, technologiques, de transport, portuaires, etc., il faut un partage de la vision des enjeux. C’est heureusement le cas entre l’industrie parapétrolière, la recherche et les opérateurs.

D’une part, on a besoin de poursuivre le développement de l’offshore dans des « thèmes » géologiques renouvelés en perma- nence : l’offshore très profond à plusieurs milliers de mètres sous le sédiment, l’exploitation des talus continentaux abrupts, l’exploitation dans les zones de grand froid… On a donc une vision partagée qu’il y a un renouvellement permanent des thèmes.

De même, nous sommes assez d’accord sur les grands enjeux technologiques à surmonter que ce soit du côté de l’exploration (sous le sel par exemple) ou des installations (chaque type de recherches pétrolières apporte des enjeux d’installation). Chaque entreprise dans la chaîne apporte des briques essentielles. Par exemple, les progrès de Technip sur les pipelines intelligents et chauffants sont essentiels pour nos installations.

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Les progrès majeurs en matière de transport de l’énergie sous-marine sont aussi essentiels pour faire du sea to beach, c’est-à- dire pour ramener à terre le contrôle de l’exploitation et le pétrole lui-même…

Comme dans d’autres secteurs industriels, nous avons une vision partagée des enjeux économiques et technologiques, ce qui est très important pour avancer et s’adapter rapidement car cela change beaucoup plus vite qu’on ne le croit.

Dans ce contexte, le thème principal est la sécurité ; c’est la priorité des priorités dans l’offshore pétrolier : sécurité des hommes, sécurité de l’environnement. Ce n’est pas seulement en raison des accidents récents ; c’est clairement inscrit dans notre paysage et cela détermine énormément de choses : les modes de développement, les opérations, les outils de contrôle et de surveillance.

Il y a toute une chaîne de modes de fonctionnement et de technologies qui est sous-jacente à cet enjeu de sécurité qui doit être partagé au maximum : nous ne pouvons pas nous permettre de le développer chacun de notre côté.

Tout cela ne se fera pas sans investissements…

En 2012, l’investissement pétrolier mondial représentera environ 650 Md$ (+ 13 % par rapport à 2011), dont près de la moitié pour la mer. Chez Total, nous prévoyons d’investir 20 Md€ chaque année jusqu’en 2016.

Ces investissements massifs des opérateurs offrent des activités à toute la chaîne industrielle et à la recherche. Ils sont vrai- ment essentiels car on a besoin de renouveler 5 % de la production pétrolière chaque année.

Au-delà des investissements, le développement passe par la connaissance dans plusieurs domaines : géologie, milieu, techno- logies… On peut affirmer sans hésiter que chaque technologie avancée a de l’importance pour l’activité pétrolière du futur, que ce soit les biotechs, les nanotechs, le calcul haute performance, les technologies de l’information, les nouveaux progrès de l’analyse analytiques… Toutes ces technologies avancées ont une déclinaison à court ou moyen terme dans l’industrie pétro- lière.

Nous avons donc besoin de nous interfacer :

 avec les laboratoires de recherche publics travaillant dans ces technologies avancées pour les accompagner dans la spé- cification de nos besoins et de nos applications ;

 avec les start-up qui mettent à disposition ces technologies-là.

Enfin, nous avons besoin de gouvernance à chacun des niveaux de nos activités.

On ne peut pas exploiter du pétrole offshore sans autorisation des Etats dans des zones économiques exclusives claires. Il faut aussi une gouvernance pour le transport, pour les installations sur le littoral, pour les activités industrielles (rejets, etc.) car aucun projet industriel ne se réalise tout seul : pour Kashagan en Mer Caspienne, la première tranche va coûter 40 Md$ et au- cun groupe industriel dans le monde n’est capable d’assurer un tel investissement en solo. On apprend à travailler de cette façon-là et cette gouvernance industrielle fait partie du paysage.

Xavier DEBONTRIDE : Quid de la réduction des coûts ?

Jean-François MINSTER : Je n’ai pas perçu que les coûts du pétrole étaient en baisse… Certes, nous avons besoin de maîtriser les coûts, mais nous avons aussi besoin d’installations technologiques de plus en plus complexes.

Le prix du baril en 2012 aura été, en moyenne annuelle, le plus élevé qui ait jamais existé : en 2008, il était monté à 140 $ pen- dant un mois. En 2012, c’est le prix en moyenne sur l’année, et c’est la 2ème année consécutive la plus élevée ! On est dans une industrie qui met sur le marché un produit de plus en plus cher, notamment car les coûts d’exploitation augmentent régulière- ment.

Donc, nous avons besoin de maîtriser les coûts, et d’abord par les projets car il y a des marges de progrès à ce niveau, de même qu’au niveau des entreprises qui nous vendent leurs technologies.

Xavier DEBONTRIDE : Comment le groupe GDF SUEZ est-il aujourd’hui positionné sur ces problématiques ?

Pierre PARVEX, Directeur pôle ENR, Groupe GDF SUEZ :

Nous travaillons sur le gaz, et aussi sur le pétrole, avec une présence historique d’une vingtaine d’années en Mer du Nord au départ en tant que partenaire, et maintenant d’opérateur.

Dans la vision du mix énergétique diversifié que notre Groupe défend, il y a un travail à faire sur la partie oil & gas offshore, avec des investissements à réaliser en Europe et ail- leurs dans le monde sur des projets de gaz naturel liquéfié dans les nouveaux marchés émergents ; ces projets mobilisent énormément le Groupe car, en termes de gisements énergétiques, cela reste aujourd’hui un pilier fondamental.

GDF SUEZ s’est fortement positionné sur les énergies renouvelables dans le domaine éo- lien terrestre. Assez naturellement, la mer est regardée de très près par notre Groupe comme gisement énergétique au niveau de l’éolien offshore et de l’hydrolien.

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Concernant l’offshore, cela a commencé pour nous il y a pas mal d’années, via la Compagnie du Vent qui a été précurseur dans ce domaine en France ; on travaille sur la zone du Tréport avec les péripéties que l’on connait du premier appel d’offres ; il y a un second appel d’offres et on espère pouvoir obtenir une bonne compétitivité en baissant nos coûts : c’est vraiment notre fil rouge.

De fait, il y a un an ou deux, une certaine sympathie existait pour les EMR quand bien même leurs coûts étaient élevés. Mainte- nant, c’est de moins en moins vrai dans la situation économique que nous connaissons.

On voit d’ailleurs que l’éolien terrestre est devenu une énergie presque compétitive.

Pour le solaire, la pression sur la baisse des coûts a vraiment été phénoménale et elle a donné des résultats…

Aujourd’hui, les coûts pour les énergies marines (offshore et hydrolien) sont encore le talon d’Achille et nous devons travail- ler encore et toujours à les maîtriser.

Nous avons gagné une concession en Belgique pour un parc à construire de près de 450 MW : il y a toute une série d’innova- tions, notamment des convecteurs d’énergie houlomoteurs qu’on met entre les éoliennes.

Cela me permet d’insister aussi sur la complexité des développements offshore et particulièrement en France où c’est vrai que la contrainte du coût est importante en raison de sites plus compliqués, avec des vents plus faibles qu’en Mer du Nord ou en Grande-Bretagne.

Concernant les hydroliennes, GDF SUEZ mène de projets à l’étranger, même si nous sommes concentrés à ce stade sur la France où nous avons ciblé les deux zones du Raz Blanchard (50 % du potentiel français) et du Passage du Fromveur dans une stratégie de développement à long terme.

Au Raz Blanchard, l’idée est de faire là le premier gisement hydrolien français, en nous préoccupant à l’avance et avec beau- coup de soin des raccordements à réaliser, surtout d’un point de vue administratif.

Cela exige une mobilisation de tous les acteurs très amont pour la planification des opérations.

Il y a aussi un choix des technologies à opérer car toutes ne sont pas « mûres » et plusieurs concepts évoluent en même temps.

Au Raz Blanchard, nous avons retenu l’hydrolienne HyTide conçue par le fabricant Voith Hydro qui tourne à échelle réduite depuis 2011. Nous pensons pouvoir installer dès 2015/2016 un parc pilote de 3 à 6 turbines pour une puissance de 3 à 12 MW, hors délai de raccordement. Nous testerons ainsi in situ la viabilité technique et économique de ces technologies et ses im- pacts environnementaux.

Au Passage du Fromveur, une autre stratégie est menée en collaboration avec Sabella, société spécialisée dans l’ingénierie hydrolienne. L’accord signé en mars 2012 prévoit le développement d’un parc hydrolien à l’horizon 2016, avec, auparavant, des essais sur le prototype d’hydrolienne D10 de Sabella en 2013 qui sera progressivement développé.

J’ajoute que dans les deux cas (Raz Blanchard et Passage Fromveur), nous avons vraiment les moyens de développer une vraie stratégie industrielle française.

En effet, nous nous y mettons relativement tôt; de plus, la proximité entre construction et maintenance est un atout significa- tif pour le montage d’une filière industrielle: nous avons d’ailleurs privilégié cet aspect-là dans nos accord avec Voith et Sabella.

Autant notre système a permis la fabrication des démonstrateurs en France, autant maintenant l’enjeu est de mettre en place un système de soutien pour la ferme pilote. On ne peut faire un appel d’offres du type offshore évidemment car il n’y a pas la masse nécessaire (on parle de 100 machines) et il faut donc trouver le bon système pour que nous passions le cap des essais en France avant les autres, afin de proposer en 2018/2019 un outil industriel qui fonctionne parfaitement.

Bien entendu, il nous faudra une visibilité globale sur ce mécanisme de soutien pour pouvoir anticiper nos investissements qui restent lourds avant la phase commerciale.

Xavier DEBONTRIDE : Des PME innovantes se créent autour des biotechs et nous avons le plaisir d’accueillir l’une d’entre elles : Fermentalg qui offre une solution alternative et durable face à la raréfaction annoncée de deux ressources : le poisson sau- vage et le pétrole.

Pierre CALLEJA, Président-directeur général, Fermentalg

Merci de me recevoir dans cette enceinte prestigieuse ; j’ai été très heureux qu’on parle ici des microalgues, MM. PERROT et MOULINIER ayant bien positionné l’importance de ces micro- organismes.

Peu de gens, aujourd’hui, ont vraiment à l’esprit que nous sommes en train de rentrer dans l’ère de l’exploitation des microalgues. C’est vraiment très important car les microalgues sont à la base à la fois de toute chaîne alimentaire dans océans (sans microalgues, pas de pois- sons !) et d’une partie du pétrole que nous exploitons aujourd’hui. Grâce à l’exploitation des microalgues, nous pourrons substituer ces ressources pour produire des produits alimentaires pour les hommes (beurre, margarine, huile, lait, fromage…) et pour la nutrition animale (protéines,…).

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Beaucoup d’applications sont aussi possibles en cosmétologie et en chimie verte (molécules de spécialités et de plateformes).

Et puis, il y a le Graal… On l’a appelé la troisième génération des biocarburants : c’est la production de biodiesel et d’hydrocar- bures ; nous avons des souches capables de produire directement des hydrocarbures, de manière extracellulaire, avec un po- tentiel très intéressant.

Cette exploitation industrielle des microalgues est en route chez Fermentalg ; elle est une réalité puisque nous produisons sur des volumes importants de plusieurs m3 permettant d’obtenir des quantités significatives de biomasses, des huiles, notam- ment, que nous sommes en train de tester.

Au niveau mondial, certaines sociétés ont déjà des activités importantes dans les microalgues ; on peut citer aux Etats-Unis Martek Biosciences, alliée au groupe pétrolier BP, qui réalise plus d’un demi-milliard de CA, et Solazyme qui produit 2 millions de litres de biocarburants. Les Asiatiques ne sont pas en reste avec la société Nishin Oillio ; pour l’Europe, Fermentalg est posi- tionné sur la mixotrophie - hétérotrophie qui est une 4ème génération technologique permettant d’atteindre des coûts de pro- duction faibles qui nous ouvrent effectivement l’exploitation industrielle des microalgues. Cela faisait une cinquantaine d’an- nées que nous cherchions à exploiter les microalgues ; la France a été très active, avec le Japon, pour rentrer dans l’exploita- tion industrielle : nous y voilà !

Cette nouvelle génération fonctionne de la manière suivante : dans des cuves « les fermenteurs », nous apportons des quanti- tés de lumière faibles pour activer le chloroplaste ; nous allons nourrir les souches avec des substrats car les microalgues sont des êtres unicellulaires. Elles sont apparues dès le début de la vie, il y a 4 milliards d’années et elles sont ultra sophistiquées, entre l’animal et le végétal. Elles ont donné naissance à tous les végétaux de la planète ; elles ont donc un chloroplaste et elles sont capables de fonctionner comme des plantes. Elles sont aussi capables de fonctionner comme des êtres hétérotrophes, comme nous qui consommons la matière organique (le carbone). Dans ces cuves, on les nourrit avec des sous-produits de l’industrie agroalimentaire ou chimique ; les microalgues sont capables de manger un petit peu n’importe quoi : des acides, des alcools, etc.

Là, elles vont donc se reproduire en se divisant toutes les 2 ou 3 heures indéfiniment, en produisant d’importantes quantités de biomasse d’où nous extrairons les molécules d’intérêt.

Chez Fermentalg, nous disposons d’une force de travail assez puissante ; nous sommes propriétaires de notre technologie avec 16 familles de brevets qui nous positionnent aujourd’hui comme le leader mondial de la mixotrophie à dominante hétéro- trophe et le leader européen en matière de production d’huiles destinées à l’agroalimentaire.

Nous sommes équipés de 7 plateformes avec une quarantaine de chercheurs qui développent les molécules à partir de souches collectées dans le monde entier (nous n’en connaissons qu’un millier sur le million existant) pour avoir des niveaux de production très élevés (nous arrivons à dépasser plusieurs centaines de grammes par litre).

Aujourd’hui, nos coûts de production ne sont encore pas compatibles avec les prix actuels de l’énergie, mais notre huile de microalgue est tout à fait capable de faire tourner un véhicule, comme nous le montrerons le 7 décembre prochain à l’occa- sion de l’inauguration de nos nouveaux locaux.

Nous essayons de baisser nos coûts, centime après centime, pour atteindre de nouveaux marchés (glycérol) dans la chimie verte, notamment.

Fermentalg est une équipe de 100 personnes aujourd’hui, qui travaille avec un ensemble de partenariats (souvent exclusifs comme avec le CEA) : CNRS, Institut des Corps gras, La société Pierre GUERIN… pour tout ce qui est annexe à la production et pour nous positionner comme leader mondial au niveau des brevets.

Nous avons signé une joint-venture d’exploitation avec Sofiprotéol visant à la bioproduction d’Oméga 3.

De nombreux partenaires financiers sont à nos côtés pour structurer une filière autour de notre technologie de rupture. Nous voulons monter un pilote démonstrateur de plusieurs dizaines de m3 et nous avons besoin de 7 à 8 millions d’euros pour créer cette mini-usine.

Xavier DEBONTRIDE : Au terme de tous nos débats, nous avons bien compris que la mer était effectivement un gisement d’avenir dans le cadre d’une démarche industrielle maîtrisée !

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