Bénéficiant à la fois de la présence d’une agriculture puissante et diversifiée et d’une situation géographique exceptionnelle au cœur du bassin de population le plus peuplé d’Europe, les industries agro-alimentaires occupent une place essentielle dans le tissu industriel régional.
Avec 2 000 établissements et 41 000 salariés, elles génèrent un chiffre d’affaires annuel d’environ 11 milliards d’euros (y compris filière agricole) et représentent près de 20% de nos exportations régionales.
L’enjeu majeur pour les industries agro- alimentaires est de parvenir à anticiper les évolutions des comportements alimentaires.
Ainsi, les industriels du secteur doivent parvenir à trouver les innovations « produits » qui permettront de proposer une offre adaptée aux préférences des consommateurs. L’exercice est d’autant plus délicat que les comportements des ménages en matière de consommation alimentaire ne sont pas simples. D’une part, on assiste aujourd’hui à une segmentation de plus en plus importante des produits en fonction des profils de consommateurs (des jeunes, des personnes âgées, des familles monoparentales, etc.). D’autre part, il s’agit d’anticiper et comprendre les besoins d’un consommateur qui pourra vouloir dans son panier tout et son contraire (des produits industriels, éco-labellisés,
éthiques, gastronomiques, diététiques, etc.).
Si les défis que le secteur doit relever sont de taille, il faut souligner cette incroyable force des industries agro-alimentaires : elles parviennent à la fois à contribuer au rééquilibrage de notre balance commerciale tout en jouant un rôle structurant pour les territoires en matière d’aménagement de l’espace et de maintien des activités agricoles. Quelle autre industrie peut prétendre à un tel lien aussi étroit au territoire ? Ce fort ancrage territorial s’explique par la capacité de la production agricole locale à répondre aux besoins des industries agroalimentaires implantées en région. Pour maintenir cette dynamique, il est important que les deux secteurs travaillent ensemble, notamment pour répondre à la question de la durabilité liée à la production des aliments.
Sur cette thématique, le changement climatique, les tensions récurrentes sur les prix des ressources énergétiques fossiles et la gestion de l’eau sont des enjeux sur lesquels les mondes de l’agriculture et des industries agro- alimentaires doivent réfléchir ensemble. Autant de problématiques que la Troisième révolution industrielle traite sur un mode collaboratif !
l’agroalimentaire en nord-pas de calais
N o r d - P a s d e C a l a i s septembre 2014 n°185
02
Une grande région agroalimentaire intégrée à un espace européen dynamique06
Une filière régionale disposant de nombreux atouts
11
Les comportements alimentaires au cœur des stratégies du secteur
13
Les principales stratégies de développementSom m air e
Jean-Bernard Bayard, Président de la Chambre d’agriculture
de région Nord-Pas de Calais
Philippe Vasseur,
Président de la Chambre de commerce et d’industrie de région Nord de France
2
> Un domaine d’activité très concurrentiel
Le Nord-Pas de Calais s’inscrit au sein d’un grand bassin de production agroalimentaire européen. Il s’agit du premier secteur industriel de l’Union européenne avec près de 310 000 entreprises regroupant 4,8 millions d’employés. 60% du chiffre d’affaires du secteur, s’élevant à 917 milliards d’euros est réalisé au sein de quatre états : l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie1.
L’agroalimentaire est l’un des moteurs de l’économie française. Il est le premier employeur industriel du pays en termes d’emplois avec 430 000 salariés travaillant au sein de 13 500 entreprises, en termes de chiffre d’affaires avec 161 milliards d’euros soit 15% du chiffre d’affaires de l’industrie nationale2. La France est également la cinquième puissance agroalimentaire mondiale en termes d’exportations.
Ce positionnement national a été mis à mal ces dernières années, traduisant une perte de compétitivité.
Les exportations agroalimentaires françaises ont ainsi progressé en moyenne de 5 % par an sur la période 2006-2011, contre 7% pour les Pays-Bas portés par les plateformes commerciales d’achat/vente, ou encore 8%
pour l’Allemagne favorisée par l’essor des industries de la viande et des produits laitiers.
Pa r a i l l e ur s d ’aut r e s n o u ve l l e s p ui s s a n c e s agroalimentaires émergent, notamment la Chine, l’Argentine, l’Inde ou encore le Brésil dont le montant des exportations est désormais supérieur à celui de la France. Cependant, l’excédent commercial français reste très largement positif avec 8,7 milliards d’euros générés en 2013, porté par le secteur des vins et des spiritueux3.
> La région contribue
fortement au
dynamisme national
Un poids national prépondérant
Le Nord-Pas de Calais contribue fortement à la performance du secteur national, 7,5% de la valeur ajoutée des IAA françaises est réalisée en région4. Elle se place au cinquième rang national en termes d’emplois derrière la Bretagne, l’Ile de France, Pays de la Loire et Rhône-Alpes mais devant l’Aquitaine et PACA.
La filière agroalimentaire concentre ainsi 3,6% de l’emploi privé régional et 7% des effectifs nationaux5. Le solde commercial positif des IAA s’élevait à 428 millions d’euros en 2013. Le Nord-Pas de Calais est la première région exportatrice avec 4,5 milliards d’euros de denrées alimentaires exportées, devant la Bretagne (3,8 milliards d’euros), l’Ile de France (3,4 milliards) ou encore Rhône-Alpes (2,1 milliards d’euros)6.
L’industrie agroalimentaire en Nord-Pas de Calais Rang
national Indicateurs Données
1ère Investissements
(Agreste, 2012) 1 800 millions €
1ère Chiffre d’affaires à l’export (Douanes, 2013)
4 500 millions € 5 800 millions €*
3ème Chiffre d’affaires (Agreste, 2012)
7 400 millions € 11 000 millions € * 4ème Valeur ajoutée
(Agreste, 2012) 1 500 millions €
5ème Effectif salarié (URSSAF, 2012)
36 400 (7% des effectifs
nationaux)
* y compris filière agricole
La filière agroalimentaire en région se caractérise par une dualité plus prononcée que dans le reste de l’industrie, entre de grands groupes et un réseau de TPE et PME représentant 95% des IAA régionales. Cette tendance se retrouve également au niveau national.
Une grande région
agroalimentaire intégrée à un espace européen dynamique
Le Nord-Pas de Calais est leader dans de nombreux secteurs agroalimentaires. L’enjeu pour la filière régionale est de conforter son assise sur le plan national face à une concurrence de plus en plus forte qui se joue à tous les échelons géographiques.
secteur industriel français en termes de chiffre d’affaires et d’effectifs salariés.
1 er
La sItUatIoN éCoNomIqUe
Les établissements régionaux de moins de 20 salariés sont sensiblement plus représentés dans la filière agroalimentaire que dans l’industrie, 83% contre 79%.
En revanche, ceux de taille comprise entre 20 et 100 salariés sont moins représentés au sein de la filière agroalimentaire, 12% contre 15% pour l’industrie.
Quant aux établissements de plus de 100 salariés, ils ne représentent dans l’agroalimentaire, à l’instar du reste de l’industrie, que 5% du total7.
Cependant, on observe depuis plusieurs années, un phénomène de concentration au sein des IAA s’expliquant par la maturité du marché qui restreint les leviers potentiels de croissance, outre l’innovation, aux stratégies de concentration.
Ces dernières peuvent prendre la forme de fusions/
acquisitions, de prises de participation au capital de l’entreprise ou encore d’accords commerciaux ou contractuels. Entre 2005 et 2011, ces opérations ont ainsi progressé de 18% au niveau national malgré un recul de 36% entre 2008 et 2009 traduisant une certaine méfiance des investisseurs vis-à-vis d’une conjoncture défavorable8.
Des activités diversifiées au sein de la filière régionale
La filière agroalimentaire en Nord-Pas de Calais est caractérisée par une grande diversité d’activités. À l’exception du vin, l’ensemble des productions nationales sont représentées en région.
Un travail de sélection des entreprises de la filière agroalimentaire a été réalisé au cas par cas en Nord-Pas de Calais (cf note méthodologique p16). Ce périmètre englobe les industries agroalimentaires mais également les activités de soutien, d’entreposage et de stockage ainsi que de commerce de gros. D’après cette approche, la filière régionale emploie plus de 41 000 salariés au sein de quelques 2 000 établissements.
secteur d’activité Nombre d’étbts effectifs
Aliments pour animaux 20 1 300
Boissons 260 3 400
Centrale d'achats,
Logistique 340 1 700
Céréales, grains,
produits amylacés 420 6 300
Corps gras 20 1 100
Fabrication de plats
préparés 70 4 000
Fruits, légumes,
pommes de terre 200 3 800
Industrie de la viande 260 4 300
Pâtisserie, biscuiterie,
boulangerie 50 2 900
Produits de la mer 200 5 700
Produits laitiers 90 3 800
Sucre, confiserie,
chocolat 120 3 100
TOTAL* 2 050 41 400
Source : CCI de région Nord de France, données 2012
Un rôle économique mais aussi structurant pour le territoire régional
Les activités sont structurantes pour de nombreux espaces ruraux dont la vitalité est conditionnée par leur présence. L’ancrage territorial des entreprises agroalimentaires reste une tendance forte, y compris dans les zones rurales.
Les entreprises restent en effet attachées aux bassins de production agricole mais aussi aux terroirs qui représentent une valeur marketing déterminante sur le marché de l’alimentation (qualité, proximité...).
La filière agroalimentaire est très intégrée au tissu éco- nomique régional, il est par conséquent difficile d’estimer son impact global sur l’économie. Les IAA entretiennent ainsi des relations étroites avec l’agriculture puisqu’elles représentent un débouché pour 70% de la production agricole française9 .
Les IAA sont également un donneur d’ordre important pour de nombreux prestataires logistiques ainsi que pour l’ensemble de la chaîne de distribution alimentaire.
Des activités annexes telles que la plasturgie pour l’emballage ou encore la raffinerie à partir de résidus agroalimentaires sont directement impactées.
D’autres secteurs tels que les TIC sont amenés à développer de nouveaux débouchés au sein de la filière agroalimentaire.
Une présence sur l’ensemble des territoires de la région
L’agroalimentaire apparait relativement diffus sur l’ensemble du territoire régional en comparaison à d’autres types d’activités. Ainsi, la métropole lilloise ne capte que 25% des emplois agroalimentaires contre 40%
toutes activités confondues. De fait, d’autres polarités se créent notamment autour de Boulogne-sur-Mer (premier centre européen des produits de la mer), Lestrem (avec l’entreprise Roquette) ou encore Arras (avec cette fois une relative diversité des activités).
Les Iaa : un donneur d’ordre pour de nombreux secteurs économiques
plus de 10%
de 3 à 5%
moins de 3%
5 000
Part de l’agroalimentaire dans l’emploi total privé Effectif salarié agroalimentaire
Source: URSSAF - traitement CCI de région Nord de France La répartition des effectifs de l’agroalimentaire par zone d’emploi en 2012
CAMBRAI MAUBEUGE
ARRAS LENS-HENIN
VALENCIENNES DOUAI
BETHUNE- BRUAY SAINT-OMER
FLANDRE-LYS BOULOGNE
SUR MER
BERCK-MONTREUIL
LILLE DUNKERQUE
CALAIS
ROUBAIX- TOURCOING
Les effectifs affichés en valeur numérique ont été arrondis à la centaine supérieure
de 5 à 10%
2 500
Kilomètres 20 0
1 000 500 2 000
7 200 2 000
1 000 1 300
2 400 400
2 300 4 800
1 100 1 500
1 200
1 000
4 000 4 200
Répartition des effectifs des industries agroalimentaires par zone d’emploi en 2012
* l’emploi dans le commerce de gros a été réaffecté dans les secteurs agroalimentaires à l’exception des effectifs des centrales d’achat et logistique
4
> Un repli au niveau national exacerbé par la crise de 2008
Le Nord pas de Calais est un moteur de l’agroalimentaire national qui doit faire face depuis plusieurs années à une concurrence accrue avec les autres régions françaises mais également avec les territoires d’Europe du Nord.
Une conjoncture qui accroît les difficultés structurelles
À l’échelle nationale, la crise a révélé de profondes disparités selon les territoires régionaux. Le repli du Nord-Pas de Calais dans l’agroalimentaire national, amorcé depuis les années 1990, s’est accéléré avec la crise de 2008.
En termes de valeur ajoutée, la part du Nord-Pas de Calais a stagné en moyenne entre 1990 et 2011 avec une baisse de 0,2 point alors que sur la même période, Rhône-Alpes a progressé de 0,7 point, la Bretagne de 3 points et Pays de la Loire de 3,4 points. Alors qu’au début des années 1990, le Nord-Pas de Calais occupait la troisième place au niveau national, l’écart s’est creusé avec Rhône Alpes (0,4 point en 2011) et Pays de la Loire (2 points). Ces deux régions sont désormais respectivement au quatrième et au troisième rang devant le Nord-Pas de Calais. La crise de 2008 a renforcé le décrochage par rapport aux autres régions à l’exception de l’Ile de France.
Evolution de la part des régions dans la valeur ajoutée des IAA nationales - part en % -
Ce décrochage est particulièrement visible en termes d’emplois sur la période 2008-2012, la filière régionale est celle ayant connu la plus forte baisse parmi les cinq premières régions agroalimentaires (-3,6%).
Un constat qui doit être nuancé au regard du recul significatif, bien que de moindre ampleur, observé dans les quatre autres principales régions agroalimentaires (-0,7% en Bretagne, -0,8% en Pays de la Loire et -3%
en Ile de France ainsi qu’en Rhône Alpes).
.
Source : INSEE 6
7 8 9 10 11 12 13
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 20102011 Bretagne Ile-de-France Nord-Pas de Calais
Pays de la Loire Rhône-Alpes
100 km
> à 4%
> de 3 à 4%
> de 1,5 à 3%
Part de l’agroalimentaire dans l’emploi total régional
6 000
3 000 1 500
entre 2008 et 2012
de 0 à 5,5%
de 0 à -3%
de -3 à -5%
< -5%
Source: URSSAF, 2012 - traitement: CCI de région Nord de France Situation de l’emploi dans la filière agroalimentaire par région en 2012
Une filière
régionale
en perte de
compétitivité sur
le plan national
Ces évolutions d’emplois masquent des disparités importantes entre secteurs. Alors que les secteurs du sucre, confiserie et chocolat et celui de l’alimentation animale ont connu un recul de l’emploi de 13%
entre 2008 et 2012. Sur la même période, le secteur boulangerie-pâtisserie ainsi que celui des céréales et amylacés ont progressé de 5%.
Un niveau d’activité satisfaisant mais une rentabilité trop faible
Selon l’enquête annuelle de la CCI de région Nord de France, le bilan 2013 au sein de la filière agroalimentaire régionale s’est révélé globalement positif avec 37% des entreprises satisfaites du niveau de leur activité contre 19% déclarant une activité mauvaise ou très mauvaise.
La principale difficulté dans l’agroalimentaire se retrouve sur la rentabilité (jugée trop faible par une entreprise sur quatre) qui entraîne des difficultés de trésorerie et pèse sur les investissements.
Les perspectives pour 2014 ne traduisent pas de renversement de cette situation. Les entreprises s’attendent à conserver un niveau d’activité satisfaisant sans toutefois parvenir à restaurer leur rentabilité. Les investissements et l’emploi ne devraient pas connaître d’amélioration sensible.
Centrale d'achats Logistique Industrie
de la viande
Pain, pâtisserie, biscuiterie, boulangerie, pâtes
Produits
laitiers Fabrication
plats préparésde Sucre, confiserie, chocolat Corps gras
Boissons Aliments pour animaux
Produits de la mer
Fruits, légumes, pommes de terre
Céréales, grains, produits amylacés
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
-20 -15 -10 -5 0 5 10
Part de l'effectif en région dans le secteur national (%)
Croissance de l'emploi (%)
Evolution de l’emploi par activité au sein de la filière agroalimentaire en Nord-Pas de Calais
Source : URSSAF 2012 - traitement CCI de région Nord de France Aide à la lecture du graphique : Le secteur des céréales, grains, produits amylacés représente en région 28% des effectifs du secteur national (axe vertical) et a connu sur la période 2008-2012, une croissance de l’emploi de 4,8% (axe horizontal) pour atteindre 13 400 salariés en 2012 (taille du cercle)
FACE AUx DIFFICULTéS, LE SECTEUR DE LA VIANDE DOIT SE REPOSITIONNER
L’industrie de la viande est l’un des secteurs ayant connu le plus fort recul de l’emploi, -11% entre 2008 et 2012 au niveau régional. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette contraction.
Tout d’abord, la filière viande doit faire face au niveau régional à une forte concurrence avec les proches voisins européens que sont la Belgique et les Pays-Bas disposant de prix plus compétitifs notamment pour les activités d’abattage.
À cela s’ajoute une baisse de la consommation de viande qui a reculé en France de 1,2% entre 2010 et 2013.
Plusieurs facteurs expliquent ce recul :
• la conjoncture défavorable entame le budget des ménages alloué à l’alimentation or la viande reste le premier poste de dépense alimentaire d’un ménage, (3,5% en 2009 selon l’INSEE).
• la hausse récente du prix à la consommation vient renforcer cette tendance.
• cette baisse a également une origine structurelle, les crises alimentaires ont entaché l’image de la filière et renforcé la méfiance des consommateurs dans un contexte où la sécurité alimentaire est un sujet particulièrement sensible. Après le scandale de la vache folle et de la grippe aviaire, celui du du Horsegate qui a touché la France en février 2013, a été un coup dur pour les industriels de la viande mais aussi des plats préparés.
• l’élevage souffre également d’une mauvaise image sur le plan environnemental, un facteur de plus en plus sensible aux yeux du consommateur.
• enfin, les activités de charcuterie-salaison doivent désormais faire face à l’émergence des préoccupations nutritionnelles chez les consommateurs avec des produits souvent jugés trop gras et trop salés.
Face à ces enjeux, les producteurs de viande renforcent la transparence et la traçabilité des produits. A celà s’ajoutent des marchés porteurs comme les viandes transformées.
6
> Un écosystème
régional favorable
Une agriculture riche et variée
La présence d’une agriculture riche et variée reste le premier facteur explicatif. La région couvre l’ensemble de la production agricole nationale à l’exception de la production de vigne. Les conditions climatiques et la richesse des terres cultivables ont contribué au développement d’une agriculture performante. De nombreuses activités agricoles régionales arrivent ainsi en pole position dans l’agriculture française ; c’est le cas notamment de la pomme de terre, des endives ou encore de la chicorée.
Cette situation est d’autant plus déterminante que la proximité des bassins de production reste un atout essentiel pour la compétitivité de nombreuses IAA. Par exemple, le cycle de production du lait en bouteille est de seulement 4h entre la collecte et le conditionnement, ce qui nécessite de réduire les distances au sein de la chaîne de production.
La filière halieutique est aussi fortement développée en Nord-Pas de calais. Boulogne-sur-Mer est ainsi le premier port de pêche français mais également le premier centre européen de transformation de produit de la mer. Le lien entre ces deux activités perdure grâce aux 36 000 tonnes de poissons débarquées chaque année à Boulogne-sur-Mer représentant 10% des flux en provenance de toute l’Europe (380 000 tonnes) 12 .
Un palmarès agricole impressionnant et varié.
27 productions en Nord-Pas de Calais dans le toP 5 national
Le secteur des grains et des produits amylacés repré- sente 42% de la valeur ajoutée de l’agroalimentaire régional. Aucun autre secteur ne se détache réellement en termes de contribution à la valeur ajoutée, signe de l’absence de forte spécialisation sectorielle en région.
Valeur ajoutée produite par secteur agroalimentaire en Nord-Pas de Calais en 2010
Une filière régionale disposant de nombreux atouts
Le Nord-Pas de Calais présente un environnement propice au développement de la filière agroalimentaire.
Plusieurs facteurs à la fois géographiques, économiques mais aussi organisationnels expliquent ce positionnement privilégié.
Les FoRCes DU seCteUR
12 27 productions dans le top 5
des régions de France
Endive Pdt consom.
Petit pois Chicorée à café Chrysan-- thème Chou Bruxelles
Houblon Autres choux Navet Chou-fleur Lin textile Betterave rouge
Betterave Haricot vert Pdt fécule Plant Pdt Ail en sec Epinard Haricot sec
Viande porcine Poireau Salsifis Champignons
Lait Oignon Viande de poulet Céleri-rave
1ER RANG/
FRANCE
2ÈME RANG/
FRANCE
3ÈME RANG/
FRANCE
4ÈMERANG/
FRANCE
5ÈME RANG/
FRANCE
Source : Agreste SAA 2012
Industrie des viandes 5% Industrie du poisson
4% Industrie des fruits et légumes 2%1%4%Industrie des corps grasProduits laitiers
Grains , produitsamylacés Boulangerie pâtisserieet pâtes alimentaires 8% 42%
Fabrication d'autres produits alimentaires 19%
Fabrication d'aliments pour animaux
3%
Fabrication de boissons
11%
source : agreste, memento 2011
centre européen de
transformation des produits de la mer pour Boulogne-sur-mer
1 er
Une localisation stratégique
La filière régionale bénéficie ainsi de facilités en termes d’approvisionnement en matières premières.
Elle dispose également d’importants débouchés en aval, le Nord-Pas de Calais se situant au cœur du second hypercentre mondial concentrant 80 millions de consommateurs représentant un pouvoir d’achat de 1 500 milliards d’euros dans un rayon de 300 km . Cette position privilégiée est pleinement exploitée par la proximité d’infrastructures de transport nombreuses et de qualité.
Les entreprises ont un vaste choix de prestataires logis- tiques spécialisés en Nord-Pas de Calais répondant aux exigences techniques et sanitaires de l’agroalimentaire.
De grands groupes industriels ont ainsi implanté leurs plateformes logistiques en Nord-Pas de Calais pour asseoir leur présence à l’international.
C’est le cas notamment de la plateforme Sud-Europe de Mc Cain desservant La France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou encore la Grèce. Häagen-Dazs dessert éga- lement l’Europe mais aussi le Japon et les Amériques à partir du Nord-Pas de Calais alors que le site régional de Coca-Cola est tourné vers l’Europe du Nord.
Des leaders mondiaux
La région concentre des leaders mondiaux tels que Mc Cain, Coca-Cola, Häagen-Dazs. Parmi eux figurent des
entreprises régionales, telle que Roquette, spécialisée dans la transformation de l’amidon, Lesaffre, une entre- prise spécialisée dans les levures ou encore Bonduelle, pour la transformation de légumes.
Les trois premières multinationales régionales de l’agroalimentaire
ROQUETTE BONDUELLE LESAFFRE Siège social
Lestrem (62) Siège social Villeneuve d’Acsq (59)
Siège social Marcq en Baroeul (59) Activité :
Amidonnerie Activité : Transformation de légumes
Activité : Fabrication de Levure CA :
3,1 Milliards d’euros
CA : 1,9 Milliards d’euros
CA : 1,6 Milliards d’euros 21 usines
7 800 salariés 57 sites industriels 9 800 salariés
49 usines de production et 39 bureaux commerciaux 7 700 salariés
Par ailleurs, la présence d’un réseau d’entreprises agroalimentaires dense composé de PME aux activités variées, constitue autant de partenaires potentiels pour de nombreux investisseurs.
source : agreste, memento 2011
Des entreprises régionales, fleurons de l’industrie agroalimentaire française
Service de la Chambre d’agriculture de région, le Comité de Promotion bénéficie du soutien de la Région Nord-Pas de Calais.
Ses actions s’inscrivent dans un cadre collectif et s’articulent autour de deux thèmes : promouvoir la gastronomie et favoriser le déve- loppement des producteurs et des entreprises agroalimentaires.
Assurer l’interface entre production agricole, indus- tries de transformation et circuits de distribution
• Salons professionnels : organisation de la présence d’entreprises sur les principaux salons professionnels en France (SIAL, SIRHA,…) et en partenariat avec CCI International pour les salons en zone UE .
• Actions de mise en relation des acteurs : ren- contres entre acheteurs GMS (rencontre PME/
PMI), RHD (« Invitez les saveurs »), www.offrealimen- taire-npdc.com (site BtoB), www.approlocal.fr (site de commandes)…
La marque des gens du Nord Saveurs en’Or identifie les pro- duits régionaux du Nord-Pas de Calais et garantit des produits issus de notre territoire ou transformés sur celui-ci. A ce jour, Saveurs en’Or repré- sente 230 entreprises et producteurs, plus de 800 produits agréés et près de 10 000 emplois dans notre région.
Le rendez-vous de l’innovation Dans un univers alimentaire très concurrentiel, le concours de l’in- novation agroalimentaire offre aux entreprises finalistes et lauréates l’opportunité de faire connaître leurs produits et d’être visible sur le SIAL.
COMITE DE PROMOTION NORD-PAS DE CALAIS 56 avenue Roger Salengro - BP 80039 - 62051 Saint Laurent Blangy Cedex Tél : 03 21 60 57 86 - Fax : 03 21 60 57 89 / contact@saveurs-npdc.com - www.saveurs-npdc.com
L e C omité de P romotion au serviCe de
La fiLière agriCoLe et agroaLimentaire régionaL
www.saveursenor.com
www.innovation-alimentaire-npdc.com
8
Une région de terroirs et de savoir-faire
Le territoire dispose également de spécialités locales, reflétant une tradition et un savoir-faire régional. Le Nord-Pas de Calais est la région concentrant le plus de brasseries et se place au deuxième rang national en terme de production de malt. L’entreprise Heineken, 3ème brasseur mondial, est d’ailleurs présente en région.
L’entreprise Leroux, originairement implantée à Orchies dans le Nord, a développé son activité avec la chicorée, spécialité régionale dont elle détient 96% de parts de marché en France.
Dans une moindre mesure, la production de sucre est également une particularité de la région, bien que le secteur régional ait connu d’importantes difficultés ces dernières années en raison des quotas imposés par l’UE afin de respecter les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce. Le groupe coopératif Tereos, 4ème producteur mondial de sucre, est d’ailleurs l’un des principaux employeurs agroalimentaires en région.
15 secteurs des IAA régionales sont ainsi présents dans le top 5 des régions françaises en termes d’effectifs salariés.
Des Iaa régionales en pôle position nationale 15 secteurs dans le top 5 des régions françaises en
termes d’effectifs salariés
Des compétences développées pour préparer l’avenir
Globalement le niveau de qualification dans l’agroali- mentaire apparaît plus faible que dans l’ensemble de l’économie régionale.
Environ 26% des effectifs de l’agroalimentaire n’ont aucun diplôme contre 21% en moyenne. De même les formations spécialisées de courte durée, CAP et BEP notamment, sont surreprésentées, 32% dans la filière agroalimentaire contre 27% en moyenne.
Quant aux formations universitaires de premier cycle, les DUT et les BTS, il existe un écart de près de 3,5 points en dessous de la moyenne régionale et de 6,5 points pour les formations de haut niveau (Bac +5 et plus).
Niveau de formation dans la filière agroalimentaire en Nord-Pas de Calais
source : recensement INsee 2010
Ce constat s’explique par la prédominance de postes exigeant un faible niveau de qualification. La part des ouvriers non qualifiés représente plus d’un quart des effectifs de la filière alors que le taux d’encadrement n’est que de 9% contre 13% en moyenne dans l’économie régionale.
Par ailleurs, l’emploi en CDI reste la norme au sein de la filière agroalimentaire et concerne 88% des salariés contre 79% en moyenne. À l’inverse l’intérim représente à peine 1% des effectifs agroalimentaires contre environ 2% dans l’économie régionale.
Plusieurs centres de formation privés et publics viennent ainsi en appui de l’activité industrielle en développant les compétences d’aujourd’hui et de demain.
Certaines formations spécifiquement dédiées à l’agroali- mentaire, visent à répondre aux besoins des entreprises en termes de qualification.
La région comporte ainsi des centres de formation de haut niveau (Bac +5 à Bac +8) tel que l’ISA (Institut Supérieur d’Agronomie), l’Université des Sciences et Technologies de Lille, Polytech’Lille, l’Institut supérieur de chimie de Lille, les Université d’Artois, de Valen- ciennes et du Littoral ou encore l’Institut Catholique d’Arts et Métiers proposant des cursus spécifiquement en lien avec les problématiques de l’agroalimentaire.
Globalement les jeunes ont une image négative de l’agroalimentaire. Le secteur des IAA est souvent associé à des conditions de travail difficiles, des activités peu valorisantes et des évolutions de carrières limitées.
Seules les formations de type ingénieur ont réellement la cote mais la majorité des effectifs se destine à des postes de gestion et de management.
26,3
19,6
32,1
13,4
8,6
21 20
27
17 15
0 5 10 15 20 25 30 35
Aucun dipôme Bac CAP, BEP BAC +2 à
BAC +3 BAC +5 et plus
%
Agroalimentaire Tous secteurs
1er
2ème
3ème
4ème
5ème Pomme
de terre Grains et amidons Huiles et corps
gras
Légume transformé Lait liquide et
yaourts Poisson Brasserie
Sucre Alimentation
animale Glaces et sorbets
Malterie
Aliments
diététiques Biscuiterie Panification industrielle Plats préparés
secteurs agroalimentaires dans le toP 5 des régions en termes d’effectifs salariés.
15
Une filière qui doit améliorer son attractivité envers les jeunes pour assurer le renouvellement de la main d’œuvre
source : Unistatis 2010 - traitement Chambre d’agriculture de région Nord-Pas de Calais
L’enjeu est de changer l’image de la filière afin d’anticiper le renouvellement de la main d’œuvre.
Il s’agit également de développer les contrats de professionnalisation et d’apprentissage afin de répondre au mieux aux attentes des entreprises et de renforcer la transmission des compétences.
Prévisions de recours à l’alternance/apprentissage en 2014 en Nord-Pas de Calais
source : CCI de région Nord de France, enquête de conjoncture Bilan 2013-perspectives 2014
La saisonnalité est une composante majeure de l’emploi dans la filière agroalimentaire avec un rythme propre à chaque activité. L’industrie du lait connaît ainsi un pic d’activité lors de la saison estivale en raison de la hausse de la consommation de produits laitiers frais14. Le secteur sucre est également très impacté par ce phénomène car en lien direct avec la récolte de betterave d’octobre à décembre.
Des réflexions pour organiser une mobilité de la main d’œuvre en fonction de la saisonnalité des activités sont actuellement en cours, mais restent complexes et diffi- cilement généralisables à l’ensemble du tissu régional.
> Une dynamique
d’innovation structurée autour d’un réseau de partenaires
Un facteur essentiel pour la compétiti- vité des Iaa
L’innovation est un important facteur de différenciation pour les IAA face à un marché mature où les attentes des consommateurs connaissent de profondes évolutions. Il s’agit également de faire face aux enjeux de durabilité en réduisant l’impact environnemental de l’activité tout au long de la production.
Cependant la part de la valeur ajoutée consacrée aux dépenses de R&D est très inférieure au reste de l’industrie. Entre 2009 et 2011, cette proportion atteint 1,5% pour les IAA contre 6% pour la sidérurgie ou encore 43% pour l’industrie automobile15 .
Ce constat s’explique par les faibles marges dégagées par les IAA et par une proportion plus importante d’entreprises de moins de 20 salariés. L’innovation dans le secteur des IAA reste, de ce fait, principalement concentrée dans les grands groupes disposant des moyens financiers et des compétences nécessaires.
Six grandes tendances se dégagent en termes d’innovation16 :
• la recherche de nouvelles saveurs
• le développement durable par le biais de dé- marches écoresponsables
• la praticité de consommation tout en garantissant une qualité gustative du produit
• la santé et le bien-être (teneur en sel, produits à base de stévia etc.)
• la naturalité qui se traduit par la réduction des additifs alimentaires
• l’authenticité et la traçabilité des produits A la différence du reste de l’industrie, l’innovation de process est ainsi plus prépondérante que dans le reste de l’industrie en raison des impératifs de sécurité alimentaire et des nouvelles attentes de consommation.
Selon l’enquête de conjoncture réalisée par la CCI de région Nord de France et portant sur l’année 2013, près de 80% des entreprises du secteur des IAA jugent l’inno- vation comme un élément déterminant de leur activité.
Un écosystème favorable à l’innovation
La filière agroalimentaire en Nord-Pas de Calais bénéficie d’un réseau de partenaires venant en appui de la dynamique d’innovation.
n Des laboratoires de recherche publics mais aussi privés
Les écoles d’ingénieurs et les universités disposent de laboratoires de recherche contribuant à la dynamique d’innovation en agroalimentaire. Parmi eux figurent notamment l’universite de Lille 1, Polytech’Lille, le groupe ISA (Institut supérieur d’agriculture de Lille) ou encore l’Université d’Artois.
À cela s’ajoutent des centres publics dont :
• l’Institut Pasteur travaillant principalement sur les thématiques de la microbiologie, de la qualité alimentaire ou encore de la nutrition ;
• l’INRA dont l’un des grands thèmes de recherche est celui de la sécurité alimentaire à plusieurs niveaux (génie des procédés, microbiologie, emballage etc.)
0%
10%
20%
30%
40%
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70%
80%
Oui Non Ne sait pas
Agroalimentaire Tous secteurs
Des innovations principalement orientées process
des entreprises agroalimentaires font de l’innovation une priorité.
80%
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n trois pôles de compétitivité en lien avec l’agroalimentaire
Le Nord-Pas de calais dispose de trois pôles de compétitivité en lien avec l’agroalimentaire qui ont un rôle d’interface entre les entreprises et la recherche.
aquimer
Ce pôle axe ses thématiques de recherche sur une pêche et une aquaculture durable, l’amélioration des process industriels et le développement de nouveaux produits répondants aux attentes des consommateurs.
Le Pôle Nutrition, santé, Longévité (NsL)
Ce pôle travaille quant à lui sur la nutrition-santé en favorisant l’émergence de projets de recherche collaboratifs innovants dans les domaines des maladies cardiovasculaires et métaboliques, des maladies neurodégénératives liées au vieillissement, ainsi que dans les domaines de la nutrition.
Le Pôle matIKem (anciennement maUD) dédiés aux matériaux, chimie et chimie verte
Le Pôle MATIKEM travaille sur de nouvelles approches de la chimie et matériaux, notamment les matériaux biosourcés (matières premières issues de l’agriculture) . n Des organismes structurants
aDRIaNoR
L’Association pour le développement et la recherche appliquée aux industries agroalimentaires des régions du Nord (ADRIANOR) est labélisée Centre de Res- source Technologique reconnaissant ainsi son aptitude à fournir des prestations de qualité pour les projets innovants des PME-PMI.
Basée à Arras, elle vise à apporter des solutions techniques et de conseil aux projets innovants, du stade de la conception à la commercialisation. Elle dispose d’une plateforme technologique, notamment une usine de 500 m2, pour la réalisation de pré-séries (permettant la mise au point du processus industriel en semi-grandeur). Elle mène également de nombreuses actions de formation afin d’anticiper les besoins à venir en terme de compétences.
Son champ d’intervention s’adresse à des profils variés, agriculteurs, grands groupes industriels mais aussi PME.
Plateforme d’innovation Nouvelles Vagues C’est un centre technique axé autour de la filière aqua- tique. Localisé à Boulogne-sur-Mer,il visse à apporter aux acteurs de la filière des moyens mutualisés de recherche, d’analyses et d’innovation en vue d’améliorer les produits et favoriser une aquaculture durable.
Le Pôle d’excellence agroé
Le Pôle d’excellence agroalimentaire est né d’une volonté commune du Conseil régional Nord-Pas de Calais et des territoires de Cambrai et Arras. Son objectif est de développer les initiatives et les projets innovants autour de partenariats regroupant les acteurs de la recherche, de la formation, les entreprises ainsi que les partenaires institutionnels engagés dans le développe- ment économique.
Le Pôle d’excellence axe son action autour de 6 thématiques :
• Innovation et recherche
• Emploi et formation
• Promotion de la filière
• Promotion internationale
• Développement durable
• Intelligence économique
n CeRtIa INteRFaCe
Le Centre Régional d’innovation et de Transfert de Technologie soutient et accompagne les entreprises agroalimentaires du Nord-Pas de Calais dans leurs démarches d’innovation, de réalisation de nouveaux produits industriels et d’intégration de nouvelles tech- nologies. CERTIA Interface est par ailleurs labellisée Centre de Diffusion Technologique.
n L’INRaCq
L’Institut de Recherches Appliquées au Contrôle de la Qualité, basé à Arras, est labélisé « pôle d’inno- vation technologique ». Il aide les petites entreprises artisanales de l’agroalimentaire en exerçant une veille réglementaire ainsi que des missions de conseil et de formation. Il a également vocation à faire émerger des projets de recherche et de développement collaboratifs et innovants.
n Le Pôle des Industries alimentaires
Le PIA a vocation à mener toutes les actions suscep- tibles de dynamiser la filière régionale. Ses missions consistent à représenter les entreprises de l’agroalimen- taire, promouvoir leur image et favoriser les partenariats entre les entreprises adhérentes.
pôles de compétitivité en région en lien avec l’agroalimentaire
3
> De nouvelles attentes en termes de consommation
Plusieurs dimensions ont émergé en lien avec l’alimentation :
La praticité
Il existe une réelle demande pour des produits pratiques en termes d’utilisation, de préparation et de packaging.
L’essor de la demande en plats préparés et en produits de snacking est révélateur de cette tendance. L’évo- lution des modes de vie explique en grande partie de phénomène.
Le plaisir
La tendance la plus importante pour l’agroalimentaire est la bipolarisation de la consommation entre des achats fonctionnels pour lesquels le prix sera le critère essentiel et les achats « plaisirs » pour lesquels le prix sera moins déterminant.
L’impact marketing est particulièrement fort dans ce domaine en valorisant les propriétés organoleptiques des aliments (l’apparence, l’odeur, le goût, la texture et l’ouïe).
Il existe ainsi une forte demande en produits exotiques pour lesquels les consommateurs recherchent de nouvelles saveurs et plats typiques de certaines régions du monde. Il s’agit d’un segment évoluant rapidement avec un fort effet de mode par exemple sur la nourriture asiatique.
Le retour aux produits du terroir est une autre tendance se développant en parallèle de l’alimentation exotique.
L’éthique
Le consommateur veut être un acteur responsable de son territoire dans un contexte où la proximité est désor- mais une notion vertueuse dans un marché mondialisé.
Il s’agit également de contribuer aux efforts environ- nementaux en privilégiant un acheminement local des denrées pour une meilleure gestion de la consommation énergétique.
Les distributeurs répondent à ces attentes en mettant en place des démarches garantissant la traçabilité des produits et en ayant recours aux circuits de proximité.
Cette exigence en termes de transparence tout au long de la filière est également à mettre en lien avec l’émergence de préoccupations concernant l’impact de l’alimentation sur la santé.
La santé et bien-être
Les propriétés nutritionnelles constituent aujourd’hui une caractéristique essentielle de l’alimentation. Le marché s’est profondément diversifié afin de répondre à un besoin de personnalisation des produits selon les propriétés diététiques et médicinales recherchées (anti- diabète, anti-cholestérol, aliments sans sels, propriétés cardiovasculaires etc.). La recherche d’une alimentation plus saine s’est accentuée avec le culte de la minceur, le nouveau paradigme est de manger moins mais mieux et une politique nationale de sensibilisation sur les dangers sanitaires, du surpoids et de l’obésité.
Cette attention portée à la santé s’exprime également par les réactions fortes des consommateurs aux crises ou scandales sanitaires qui touchent épisodiquement les activités agricoles ou agroalimentaires (en particulier dans la filière viande). Ce risque est pris en compte à la fois par les pouvoirs publics en instaurant une régle- mentation sanitaire aux professionnels de l’alimentaire (le « paquet hygiène » en droit communautaire) mais aussi par les entreprises en entrant dans une logique de normalisation (ISO 22000,BRC…) afin de réduire les risques.
les comportements alimentaires au cœur des stratégies du
secteur
Le marché de l’alimentaire est en mutation permanente face aux grands changements sociétaux. La connaissance des tendances de consommation est donc une condition déterminante pour la croissance des entreprises de l’agroalimentaire. elle impose une stratégie de veille au service de l’anticipation des évolutions du marché.
Des
consommateurs plus
responsables, sensibles à la qualité et aux propriétés nutritionnelles des produits
Les teNDaNCes DU maRChé
12
> Des consommateurs aux profils de plus en plus spécifiques
Les comportements alimentaires des ménages sont très variables selon leurs revenus, leur activité profession- nelle, leurs valeurs, leurs aspirations, ...
evolutions économiques
La part des dépenses des ménages dédiée à l’alimen- tation a fortement baissé depuis les années 60 (passant de 25% à 15% aujourd’hui, un poids qui s’est stabilisé depuis une dizaine d’années).
evolutions sociologiques
Le vieillissement de la population oblige les industriels à concevoir des solutions adaptées en termes de praticité, mais aussi de composition nutritionnelle, ces évolutions concernant également les produits alimentaires destinés aux enfants.
Les tendances émergentes
Les comportements alimentaires évoluent sans cesse.
Aujourd’hui on assiste à une montée du végétarisme et du flexitarisme (à savoir être végétarien chez soi et omnivore en société si nécessaire). Les ménages sont aussi à la recherche d’une consommation alimentaire durable, basée sur des produits locaux.
Autres marchés porteurs, les produits alimentaires spécifiques (sans sucres, sans gluten, sans allergènes avérés comme les arachides, les noix, ...) pour les personnes allergiques ou ayant des maladies chroniques (cholestérol, diabète ...).
> Des marges de
manœuvre réduites dans la fixation des prix
L’industrie agroalimentaire est fortement dépendante des activités de production en amont de la filière dont le rendement est soumis à une forte variabilité liée notamment aux conditions climatiques. D’autres phénomènes tels que les politiques de quotas, le prix du pétrole, la valeur du dollar ou encore les phénomènes de spéculation influent sur le cours des matières premières agricoles.
Les industriels de la transformation alimentaire sont donc contraints par un coût des matières premières variable mais aussi par une marge de manœuvre réduite en aval lors de la fixation des prix.
En effet 2/3 des débouchés au niveau national sont réalisés au sein de la grande distribution concentrée autour de 7 principaux distributeurs.
Dans ces conditions, le rapport de force est bien souvent en défaveur des industriels et en particulier des PME. Les grands groupes industriels bénéficient d’un avantage certain lors de la fixation des prix. Non seulement leur poids pèse d’avantage dans le rapport de force mais ils disposent également d’une image de marque forte et de compétences commerciales en interne pour s’imposer lors de négociations souvent tendues et difficiles.
Enfin, d’autres alternatives existent aujourd’hui tels que les circuits de proximité pour passer outre les voies traditionnelles de commercialisation. Ces initiatives permettent de valoriser le tissu économique local en proposant aux entrepreneurs une rémunération au juste prix tout en privilégiant les productions locales.
Les maRqUes De DIstRIBUteURs : UN PhéNomèNe eN PeRte De VItesse Les marques de distributeurs (MDD) se sont développées en France au milieu des années 1970 alors que la grande distribution était en phase d’expansion. Cela consiste pour les industriels à commercialiser leur produit sous étiquette du distributeur. De nombreuses entreprises se sont ainsi spécialisées dans les MDD et fournissent généralement plusieurs enseignes.
Depuis 2009 la part des MDD tend à stagner voir à décroître en France (-0,1% entre 2009 et 2012) pour s’établir à 30% de part de marché en valeur . Cette évolution est notamment due à une stratégie volontariste de la part des marques nationales qui ont réussi à réduire les écarts de prix et à élargir leur gamme. La loi de modernisation de l’économie de 2008 a ainsi imposé la double exigence de qualité et de prix raisonnable favorable à cette évolution. La recherche d’une consommation de proximité et l’essor des circuits courts contribuent également au recul des MDD.
La forte progression des marques de distributeur (MDD), ont par ailleurs conduit les distributeurs à mettre en place un système garantissant la sécurité des produits commercialisés sous leur marque. Afin de simplifier les procédures, un référentiel de norme a été instauré : le Global Food Safety Initiative (GFSI). Les référentiels IFC/BRC sont conformes aux critères de la GFSI et constituent des prérequis exigés par la plupart des distributeurs français et allemands pour faire partie de leurs fournisseurs.
des parts de marché attribuées aux marques distributeurs
30%
Des industriels
contraints par
un coût variable
des matières
premières et
des marges de
négociation
réduites dans la
fixation des prix
Au-delà de l’innovation et du développement commer- cial, les stratégies de mise en réseau des entreprises par le biais de partenariat ou de croissance externe, sont jugées importantes pour environ 60% des répondants.
Ce dernier point concerne les opérations de fusion, acquisition et les prises de participation au capital d’autres entreprises, il s’agit d’une tendance en pleine essor ces dernières années au sein de la filière agroali- mentaire comme cela a été mentionné précédemment.
Le développement à l’international et l’efficacité énergé- tique restent des axes de développement plus en retrait dans la stratégie de développement des entreprises agroalimentaires. Cependant, les tendances actuelles tendent vers un développement de ces stratégies en lien avec l’évolution du marché et au regard des potentialités qu’elles représentent.
> La différenciation pour s’imposer dans un environnement concurrentiel
Plus que jamais la différenciation sera un facteur déter- minant dans la stratégie des entreprises agroalimen- taires. Elles devront innover tout en veillant à répondre aux nouvelles exigences du marché. Les tendances actuelles tendent en effet vers une diversification des gammes de produits mais également le développement d’une alimentation saine et équilibrée.
Priorités de développement des entreprises agroalimentaires en Nord-Pas de Calais en 2013
source : CCI de région Nord de France, enquête de conjoncture Bilan 2013-Prévision 2014
Cette différenciation passe également par le dévelop- pement de la valeur marketing des produits. A l’échelle régionale, il s’agit de valoriser les productions locales via la promotion de la filière. Le label Saveurs en’Or a ainsi pour objectif de valoriser les produits régionaux mettant en avant le savoir-faire régional et développant l’économie locale. Saveurs en’Or regroupe aujourd’hui près de 200 adhérents concentrant 10 000 emplois en région.
les principales stratégies de développement
D’après l’enquête annuelle de la CCI de région Nord de France, deux grands domaines stratégiques apparaissent : le développement commercial et l’innovation qui sont une priorité, respectivement pour 90% et 80% des entreprises régionales de l’industrie agroalimentaire. Points positifs, les entreprises sont déjà bien positionnées à l’international malgré les contraintes techniques et la région est très actives dans des filières d’avenir comme les matériaux agrosourcés.
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Partenariats avec d'autres entreprises L'efficacité énergétique Développement commercial Croissance externe Développement à l'international Innovation
Très ou assez important Pas important
PaNoRama
des entreprises agroalimentaires régionales ont ouvert un marché à l’export en 2013
41%
stRatégIes et eNJeUx
14
> se projeter à l’international pour gagner de nouvelles parts de marché
Face à un marché mature, l’internationalisation des entreprises agroalimentaires est un levier de croissance attractif. Cela nécessite cependant de surmonter les contraintes techniques liées aux différences internatio- nales en terme de normes mais également à la nature périssable des denrées. Par ailleurs, cela impose d’avoir une vision claire des marchés locaux parfois très différents d’un pays à l’autre notamment en termes d’habitudes alimentaires.
En 2013, 41% des entreprises agroalimentaires régionales ont ouvert un marché à l’export, un taux supérieur à la moyenne régionale (33%). Par ailleurs près d’un quart des entreprises régionales ont un chiffre d’affaires à l’export supérieur à 3 millions d’euros, une part similaire à la moyenne de l’économie régionale18.
> Développer une activité durable pour répondre aux enjeux de demain
La question du développement durable est désormais centrale à tous les stades de la production, de la transformation, au transport en passant par le condi- tionnement. La prise en compte de ce facteur permet de rationaliser les coûts liés à l’activité, d’anticiper les normes et les contraintes environnementales mais également de construire une image responsable pouvant faire l’objet d’une valorisation marketing. Enfin le déve- loppement durable permet de dynamiser l’activité au sein de l’entreprise en mobilisant les employés mais aussi en développant les compétences et la transversalité au sein des équipes (marketing, R&D, logistique etc.)
L’utilisation des produits agrosourcés dans les procédés industriels est une activité stratégique en plein essor impactant de nombreux secteurs dont la plasturgie, la chimie, le bâtiment, les transports, l’agroalimentaire etc. Elle représente un important levier de croissance pour l’avenir
En Nord-Pas de Calais la filière des agro-sourcés bénéficie de la présence d’un réseau d’entreprises (avec l’emblématique Roquette), de laboratoires de recherche (dont l’IFMAS, Institut français des matérieux agrosour- cés) et de centres de formation qui sont des éléments structurant pour l’émergence d’une industrie d’avenir.
Pour vos projets de développement à l’export contactez marc edel, conseiller agroalimentaire à CCI International m.edel@cci-international.net
1 - Commission européenne
2 - Panorama des IAA 2012, ministère de l’Agriculture 3 - Douanes 2013
4 - Agreste 2013, panorama des IAA 5 - Urssaf 2012
6 - Douanes 2013
7 - CCI de région Nord de France
8 - Panorama des IAA 2012, ministère de l’Agriculture 9 - Agreste
10 - Cabinet d’étude Nielsen, via Figaro 2013
11 - CCI de région Nord de France, enquête de conjoncture Bilan 2013 - Prévision 2014 12 - Voix du Nord, Entreprises 2014
13 - Nord France Invest, “Positionnement stratégique de la région Nord-Pas de Calais et sa capitale Lille en France, en Europe et dans le Monde au regard des potentiels de consommation », mai 2011
14 - INSEE, L’industrie agroalimentaire en Nord-Pas de Calais, 2010 15 - MESR SIES Pôle recherche, Insee- Note d’information avril 2012 16 - Linéaires N°276 janvier 2012 - Supplément Innovation
17 - Symphony Iri et Marketing Magazine, 2012
18 - CCI de région Nord de France, Observatoire Régional des Entreprises à l’International, 2013
* Effectifs régionaux regroupés au niveau du siège.
Source : Atlas agroalimentaire Nord-Pas de Calais Réalisation : Agroé, CCI de région Nord de France, Chambre d’Agriculture, d’après les données de la CCI de région Nord de France, juillet 2014
Entreprises
de plus de 100 salariés
Effectif salarié
de 250 à 499
de 100 à 249 de 500 à 1999 2000 et plus
Lesieur (Sofiprotéol) Coopérative La Flandre Coca-Cola
Blédina
Bonduelle
Lionor Brasserie de Saint-Omer Novandie
Terre des Lys Pruvost Leroy
Délifrance (Groupe Nutrixo) La Créquoise - Macquet
Nestlé Purina Petcare
Herta
Les Délices des 7 Vallées Bigard Ingredia
Brioche Pasquier
Unéal* Société Industrielle des Oléagineux
Le Petit Cuisinier Groupe Carré*
Croustifrance Daniel Dessaint Haagen Daz
Téréos Bonduelle
Florette Fleury Michon
Téréos Candia (Sodiaal)
Royal Canin
Nestlé - Buitoni
Canélia (Lactalis) Ménissez Bigard Refresco
Gerber Super Diet
Barilla Harry’s France Soufflet
Alimentaire Lactalis - Nestlé Moy Park
Mc Cain Leroux Eaux minérales
de Saint-Amand Florimond Desprez
Elivia Cérélia
Fromagerie le Centurion Mc Cain Ardo
Téréos Roquette
France boissons nord Cargill
Prolaidis
Bouquet d’Or-Cémoi Heineken
LesaffreMondelez France (Carambar)Chateau Blanc (Groupe Holder) Verquin
ChocmodRiga
AB Inbev Pinguin
Pomona Charlet Danone
United Biscuits
Roxane Nord Jean Caby Fichaux Industries
Lamy Lutti
Ferme de la Gontière
Heinz - Bénédicta Moy Park
Capitaine Houat Findus France Gelmer
Delpierre Mer et Tradition La Charlotte
Continental Nutrition United Petfood France
Moulin d’Or - Cémoi Ajinomoto
Krabansky (groupe Nutrixo) Lesieur (Sofiprotéol)
Castel Frères
Effectif salarié
16
analyse réalisée par mathieu Dubois
(contact : grégory stanislawski, g.stanislawski@norddefrance.cci.fr) Note méthodologique : Le périmètre d’étude retenu inclus les activités agroalimentaires de la sphère productive (Industrie, commerce de gros, service aux entreprises). Les données spécifiques au Nord-Pas de Calais reposent sur une sélection par code NaF et par établissement sur la base du fichier entreprises de la CCI de région. Les comparaisons entre régions et les analyses à l’échelle nationale se fondent quant à elles sur un périmètre restreint d’activité afin de limiter au maximum les erreurs statistiques. La nomenclature détaillée est disponible sur demande
CCI De RégIoN NoRD De FRaNCe 299 Bd de Leeds - CS 90028 - 59031 LILLE cedex
www.norddefrance.cci.fr
HORIZON éCO : PUBLICATION éCONOMIQUE DE LA CCI DE RéGION NORD DE FRANCE - 299, BD DE LEEDS - CS90028 - 59031 LILLE CEDEx - T. 03 20 63 79 48 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JB TIVOLLE - ISSN 1961-9243 - IMPRESSION DIRECTE CERTIFIéE IMPRIM’VERT – 1 200 Ex - DéPÔT LéGAL SEPTEMBRE 2014