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Dossier documentaire PPO (attention, l orthographe a été respectée pour l ensemble des documents).

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Academic year: 2022

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PPO : 1639 - la révolte des Va-nu-pieds et la condition paysanne Place dans le programme de seconde :

Thème 4 : Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècles (11-12h) Chapitre 2. Tensions, mutations et crispations de la société d’ordres

Temps estimé : 1h

Dossier documentaire PPO (attention, l’orthographe a été respectée pour l’ensemble des documents).

En quoi la révolte des va-nu-pieds permet-elle d’appréhender la condition paysanne et de définir une crise dans un temps de croissance de l’État ?

Document 1 : les origines de la révolte

« […] Avant que la guerre fut déclarée au roy d’Espagne, le peuple estoit surchargé de beaucoup d’impositions extraordinaires. Cette rupture fut la cause ou le prétexte de les augmenter […]

En juillet 1639, le sieur de la Benardière Poupinel, lieutenant-criminel à Coutances, estant allé à Avranches, on crut qu’il venoit pour establir la gabelle et abolir l’usage du sel blanc […] Ce faux bruit passa pour une vérité certaine e l’esprit de ceux qui travaillent à faire le sel blanc […] Les pisans travaillans au sel blanc, capables de tout entreprendre par leur extresme misère, qui fit qu’ils ne craignoient rien pis que ce qu’ils souffroient, l’attaquèrent en son hostellerie et le tuèrent ainsy que deux de ses serviteurs.

Ce premier exemple dit souslever plusieurs paisans soubs un chef qui se faisait nommer Jean Nudspieds et ceux de son party, les Nu-pieds. Ils disoient vouloir empescher la levée de tous imposts establis depuis la mort du roy Henry IV. Ils se saisirent d’un des faux-bourgs d’Avranches et tinrent la campagne ; et jusques à la fin de l’automne, faisans une exacte recherche de ceux qu’ils croioient faire des levées extraordinaires et ne faisans nul aux autres, ce qui faisoit que le peuple, bien loin de les attaquer, leur fournissoit secrètement des vivres. […] »

Extraits de Alexandre Bigot de Monville, Mémoires du président Bigot de Monville sur la sédition des Nu- Pieds et l’interdiction du Parlement de Normandie en 1639, publiés avec une introduction et des notes, par

le Vve d’Estaintot, 1876.

Document 2 : Extraits du Manifeste de Hault et Indomptable Jean Nu-Pieds Général de l’armée souffrante

« Que des riches enrichis avecque leurs imposts Oppressent le public par leurs conjurations, Qu’ils fassent des traités avec leurs suppost ; Qu’ils vendent leur patrie avec leurs factions, Et que trop glorieux, ils se moquent de nous, Portant à nos dépens le satin, le velours, Cela ne se peut pas sans que de leur trahison Tout nud-pieds que je suis, j’abaisse l’ambition.

[…]

L’on pourrait s’enquérir qui m’oblige, nud-pieds Entreprendre à tort contre les partisans ;

La tyrannie qu’on voit jointe à l’iniquité

Me fait lever les armes en faveur des souffrants, Exerçant en ceci les œuvres de piété.

Le colonel Mondrin conjure la noblesse De tous lieux et cantons aider à s’affranchir,

(2)

Repoussant hardiment les impôts, les gabelles, Que partout on espère la réduire à souffrir ; Mêmes villes et bourgs, dans ce grand intérêst, Sont conjurés ensemble d’assister Jean Nud-Pieds, En dépit des copies des crochetés arrests,

Qu’ils s’efforcent en vain de leur voir signifier. »

Extraits de Une émeute à Caen sous Louis XIII et Richelieu (1639) : (épisode de la révolte des Nu-Pieds en Basse-Normandie)/ Pierre Carel, 1886, E. Valin Editeur.

Document 3 : Manifeste A la Normandie

« Mon cher pays, tu n’en peux plus ; Que t’a servi d’être fidèle ?

Pour tant de services rendus, On te veut bailler la gabelle.

Est-ce le loyer attendu Pour avoir si bien défendu La couronne des Roys de France Et pour avoir tant de fois

Remis leur lys en assurance Malgré l’Espagnol et l’Anglais.

[…]

Quoy ! nous défendre est-il trop tard ? Nous sommes trop dans la détresse ; Les armées et le Cardinal

Ont tous nos biens et nos richesses ; Après n’avoir plus rien du tout, Pourrions nous bien venir à bout D’un si grand nombre de merveilles ? Nous sommes aux derniers abois ; Ouy, le proverbe de nos vieilles Dict qu’il vaut mieux tard que jamais.

[…]

Jean Nud-Pieds est votre suppost, Il vengera votre querelle

Vous affranchissant des impôts.

Il fera lever la gabelle Et vous ôtera tous ces gens Qui s’enrichissent aux dépens De vos biens et de la Patrie C’est lui que Dieu a envoyé Pour mettre en la Normandie Une parfaite liberté. »

Extraits de Une émeute à Caen sous Louis XIII et Richelieu (1639) : (épisode de la révolte des Nu-Pieds en Basse-Normandie)/ Pierre Carel, 1886, E. Valin Editeur.

(3)

Document 4 : extrait du Journal de Simon Le Marchand, bourgeois de Caen, 1610-1693 (né en 1589)

« Monsieur de Gassion est venu en ceste ville de Caen1, le Mercredy 23me jour de Novembre 1639, et ce fut pour faire punir ceux qui avoient commis les crymes ci devant exposés et estoit viron de dix à douze mille hommes, tant de pied que de cheval. Dont les gentz de pied furent logés dans la ville et la cavalerye dans tous les faubourgs d’icelle, dont mon frère Jacques et moy, nous en avions quatre a cinq chevaux, avec quatre serviteurs, lesquels furent l’espace de quatorze jours à vivre à discrétion ; et durant lequel temps, il nous en coustaoit plus de deux cent cinquante livres. Et apprès, ilz furent mis quelque temps en garnison : et, durant q’ilz furent en ceste ville, le sieur de Gassion print une partye de ses soldats et allèrent à Avranches, ou il y avoit plusieurs des bourgeois de la ville qui s’estoient mis en une compagnie, soubz un cappitaine qui se nommoit Va nu pieds ; et ne vouloist payer aucun impostz, ny souffrir que le Roy envoyast.

Et, pour cet effaict, ilz tinrent fort contre ledit sieur de Gassion et en tuèrent quelques uns, ce qui leur fut bien cher rendu : car le sieur Gassion les chargea si fort, que il print la ville et y a donney le pillage. Ce qui fut faict et exécutey en dilligence. Et en eurent cantité de prisonniers, dont il y eut deux qui furent rompus sur la route en cest ville de Caen2, et les autres mis en une chaisne pour les envoyer aux gallères. Et, apprès tout cela, ilz s’en allèrent à Rouen, ou ilz firent autant. Et y trouvèrent Monsr Le Chancellier, lequel interdit le Parlement, et fut plus d’un an sans estre restably. Et au partir de Rouen, Monsr Le Chancellier revint à Caen3 avec un grand nombre d’infanterye, qui furent logés quelques jours dans les faubourgs, et apprès furent mis dans la ville jusqu’au parlement du sieur Chancelier. »

Journal de Simon Le Marchand, bourgeois de Caen, 1610-1693, publié d’après le manuscrit de la bibliothèque de Caen, avec une introduction et des notes par Gabriel Vanel, Caen, Louis Jouan Editeur, 1903.

Document 5 : Lettre patente de Louis XIII

« Nous avons appris avec beaucoup de desplaisir que plusieurs d’entre le peuple de notre province de Normandie et particulièrement de la ville de Caen, la principale de la Basse-Normandie, oubliant le devoir naturel, se seraient, l’année dernière, soulevées contre notre autorité, auraient pris les armes contre ceux qui voulaient la maintenir, brisé et volé les maisons d’aucuns de nos fidèles subjets et ofiiciers, pillé et emporté nos deniers, et bien qu’il fut du devoir et au pouvoir des magistrats de notre dite ville de prévenir cette sédition ou de retenir ou réprimer les séditieux, même d’assister pour cet effect le sieur de Matignon, chevalier de nos ordres, notre lieutenant audit pays, ils auraient néanmoins laissé faire en leur présence par la populace esmue tout ce qu’elle aurait voulu entreprendre et ledit sieur de Matignon, à faute de secours, aurait été obligé de remettre en leurs mains aucuns des plus coupables qu’il avait arrêtés, et de souffrit devant ses yeux la démolition d’une maison, en quoy notre authorité aurait été grandement offensée et lesdits magistrats commis une faute qui ne peut être excusée ny pardonnée dans le temps, les occasions et affaires présentes, scavoir faisons. »

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le 10e jour de febvrier de l’an de grâce 1640 et de notre règne le trentième.

Signé : LOUIS.

Extraits de Une émeute à Caen sous Louis XIII et Richelieu (1639) : (épisode de la révolte des Nu-Pieds en Basse-Normandie)/ Pierre Carel, 1886, E. Valin Editeur.

1 Le colonel de Gassion était un huguenot, en 1636, il était entré au service du cardinal Richelieu, qui comptait sur sa bravoure et sur sa fermeté. Indulgent aux pillards, mais dur et exigeant dans le service, il était adoré de ses troupes et ne ménageait personne.

2 Charles Le Roy, sieur de la Potherie, intendant, accompagnait le colonel de Gassion et était chargé de toutes les informations contre les insurgés.

3 Séguier fit son entrée à Caen le 16 février 1641. Le 24, l’Hôtel de Ville fut déclaré déchu de ses privilèges ; le lieutenant général, les échevins et le procureur du roi, reçurent notification de leur suspension ; la ville fut administrée par six des principaux bourgeois.

(4)

Place dans la séquence : Ce PPO prend place dans un deuxième temps de la 1ère partie du chapitre consacrée à une société inégalitaire : la société d’ordres, autour du monde paysan, un monde qui se révolte. Cela correspond à une 2è séance (le chapitre en contenant 6).

Ce PPO a pour finalités (telles que définies dans le BO) :

-le développement d’une réflexion sur les sources : l’élève apprend comment la connaissance du passé est construite à partir de traces, d’archives et de témoignages, et affine ainsi son esprit critique.

-l’initiation au raisonnement historique

-le développement d’une aptitude à replacer les actions humaines et les faits dans leur contexte et dans leur époque.

-le développement de la culture générale

Notions : révolte, impôts, gabelle

Acteurs : paysans normands, Louis XIII, chancelier Séguier Dates : 1639 : révolte des Va nu-pieds

Capacités et méthodes : - Contextualiser :

• Mettre un événement en perspective

• Confronter le savoir acquis en histoire avec ce qui est entendu, lu et vécu - Construire une argumentation historique :

• Utiliser une approche historique pour construire une argumentation

Démarche : Quatre temps :

▪ Lecture des documents à la maison.

▪ Démarche de travail individuel : les élèves sont, dans un premier temps, amenés, par des questions, à prélever des informations (15 mn) :

Q1. Identifiez les raisons de la révolte et les acteurs révoltés

Q2. Présentez les moments clefs de la révolte et leurs caractéristiques Q3. Expliquez les conséquences de cette révolte

▪ Puis, en utilisant les réponses précédentes, les élèves, par groupe de 3, ont à préparer le récit de cette révolte pour un passage à l’oral (25 mn).

▪ Deux volontaires de deux groupes différents font le récit à la classe (10 mn maximum). (Le professeur aura soin de remédier aux manques mais également à mettre en avant les points positifs de ces oraux)

Une autre démarche peut être adoptée, si vous souhaitez passer moins de temps sur ce PPO. On peut par exemple choisir de faire travailler les documents 1 et 4 afin que les élèves organisent un schéma sur les causes, caractéristiques et acteurs de la révolte, réponses du pouvoir.

Références : Bibliographie :

- Bercé Yves-Marie, Croquants et nu-pieds, les soulèvements paysans en France du XVIe au XIXe siècle, Folio Histoire, Gallimard, 1991 [1è édition 1974].

- Aubert Gauthier, Révoltes et répressions dans la France moderne, collection U, Armand Colin, 2018 [1è édition en 2015].

(5)

- Madeleine Foisil, La révolte des Nu-Pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, PUF, 1970 ( voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48044648.texteImage ; et également le CR qu’en a fait Emmanuel Le Roy Ladurie, Annales ESC, 1973, 28-3, pages 795-799).

- Brice Évain, « Raconter la révolte : l’exemple des nu-pieds de Normandie (XVII-XVIIIè s) », in XVIIè siècle, 2017/2 n° 275.

Sitographie / Podcasts :

- Fabrice d’Almeida, Au cœur de l’Histoire : les Nu-pieds, ancêtres des gilets jaunes ? Europe 1, 30 novembre 2018. (https://www.europe1.fr/emissions/Au-coeur-de-l-histoire/les-nu-pieds-ancetres- de-gilets-jaunes-racontes-par-fabrice-dalmeida-3811121

NB : Ce podcast pourrait être également utilisé pour un traitement différent du PPO.

Références

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