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Submitted on 5 Oct 2015
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L’archéologie dans le village : des exemples récents du Val-de-Loire
Stéphane Joly, Marie-Denise Dalayeun, Pierre Papin, Jean-Philippe Chimier
To cite this version:
Stéphane Joly, Marie-Denise Dalayeun, Pierre Papin, Jean-Philippe Chimier. L’archéologie dans le
village : des exemples récents du Val-de-Loire. L’habitat rural du haut Moyen Âge en France (Vème-
XIème s.): dynamiques du peuplement, formes, fonctions et statuts des établissements, Oct 2015,
Montpellier, France. �halshs-01211558�
L’archéologie dans le village :
des exemples récents du Val-de-Loire.
1
Auteurs :
Stéphane Joly (Inrap, UMR 7324 Citeres-LAT) - stephane.joly@inrap.fr
Marie-Denise Dalayeun (Inrap, UMR 7324 Citeres-LAT) - marie-denise.dalayeun@inrap.fr
Les interventions d’archéologie préventive au sein des villages actuels se sont multipliées récemment avec l’essor de la discipline. Elles concernent, par
exemple, une quarantaine de communes en région Centre-Val-de-Loire depuis 2010. Il s’agit pour beaucoup d’interventions centrées sur les pôles ecclésiaux (qui développent leurs propres questionnements), plus rarement sur l’habitat et la genèse des formes villageoises médiévales.
Souvent caractérisées par de fortes contraintes et de réelles complexités, tant sur le plan administratif et technique que scientifique, ces
interventions se rapprochent de la pratique de l’archéologie urbaine. Ces diagnostics, qui donnent rarement lieu à des fouilles, apportent malgré tout une documentation archéologique exploitable. Ces résultats restent
malheureusement souvent ignorés ou discrets, car inaccessibles, sauf lorsque ils sont intégrés dans des recherches au long cours par des équipes investies, notamment dans des programmes collectifs centrés sur ces communes,
comme à Esvres (37) ou Mougon (37).
Loin de vouloir en proposer une synthèse, les trois exemples récents présentés ici sont censés illustrer leurs apports déterminants sur la compréhension de la diversité des formations et des trajectoires des villages. À Bonnée (45), l’agglomération antique évolue progressivement et sans aucun hiatus en un modeste bourg attesté par les sources écrites (1) . À Villiers-sur-Loir (41), un habitat aggloméré implanté ex nihilo à la fin du haut Moyen Âge pourrait être les prémices du village en devenir (2) . À Joué-lès-Tours (37), l’analyse de l’évolution de son pôle ecclésial sur la longue durée (VII e -XIX e s.) éclaire les relations qu’entretiennent église, espaces funéraires et habitat (3) .
La présence d’une probable agglomération antique a motivé la réalisation du premier diagnostic à Bonnée en 2001. Depuis les diagnostics s’y multiplient, corollaire d’un réel effet d’entrainement et d’un suivi attentif du SRA. Le centre-bourg à l’ouest reste inexploré en raison du bâti actuel. À l’échelle du village, les données accumulées (avec 531 vestiges sur 8,4 ha impactés) et le croisement des sources permettent d’entrevoir la parfaite continuité de l’occupation du I er s. jusqu’à nos jours et ses évolutions, tant topographiques que morphologiques.
A partir du Bas-Empire et jusqu’au début du VIII e s., la forte décrue de l’occupation au sein des secteurs urbanisés va de pair avec l’apparition de nouveaux habitats en périphérie.
Au sud-est, le vaste habitat reconnu sur 1,5 ha s’étend visiblement vers l’ouest, où est situé le théâtre antique. Dans ce secteur occidental, la présence de l’église, du cimetière et d’un carrefour avec les principaux chemins, comme illustré sur le cadastre de 1837, accrédite l’hypothèse d’une polarisation de l’occupation. À partir du VIII e s., les données archéologiques se raréfient et sont supplantées par les sources écrites. Une chronique du IX e s. mentionne l’existence vers 660 d’une basilica dans le praediolum Bonodium .
0 250 m
0 250 m
0 250 m
X=603.500 X=604.000
000 Y=311.
500 Y=311.
1 3
2
4
découvertes anciennes (1: théâtre, 2 : "thermes", 3 : "porte")
diagnostics 2001-2014
extension supposée
de l’agglomération du Haut-Empire occupation et vestiges "isolés"
du Bas-Empire
occupation XIII-XVe s occupation /vestiges isolées VB-VIIIae s
4: église
chemins
parcelles bâties en 1837
© Inrap
Bonnée
Au sein du bourg de Villiers, les deux premiers diagnostics, contigus, couvrent une superficie totale de 4000 m². Ils ont permis la découverte de plus d’une centaine de vestiges, compris dans une fourchette chronologique restreinte (fin du VIII e - fin du IX e s).
La limite sud de l’occupation est matérialisée par un fossé et un chemin parallèles à l’actuelle voirie, alors qu’au nord elle s’étend en direction de l’église Saint-Hilaire.
Les concentrations distinctes de trous de poteau attestent la présence de plusieurs bâtiments accompagnés de structures annexes (fosses, silos…). Les déchets
métallurgiques indiquent également une activité de réduction. La position de cet habitat groupé préfigure certainement la formation du village. La première mention du milieu du XI e s. évoque des biens d’une certaine importance (un manse et un moulin, tenus en mainferme) mais sans église de référence.
2 Villiers-sur-Loir
Cartes de synthèse des occupations de Bonnée sur le plan parcellaire actuel.
Une sépulture altomédiévale en cours de fouille derrière l’église.
© Inrap.
006 OP
010 OP
découvertes anciennes d’ossements vestige de mur du cimetière
zone de sépultures
0 20 m1/1000
0 40 m
1/2000
© Inrap
Localisation des diagnostics et vestiges archéologiques de Villiers- sur-Loir sur le plan parcellaire actuel.
L’exigüité de l’emprise est assez caractéristique de ce type
d’intervention en centre bourg, plus ou moins densément bâti.
© Inrap
Le vieux bourg de Joué a été oblitéré par l’urbanisation contemporaine et même son ancienne église n’y a laissé aucune trace ou souvenir vivace.
Il restait complètement inexploré avant les différentes interventions effectuées en 2011 et 2012, sur une surface de moins de 500 m², préalablement à la construction de la ligne de tramway.
Les fouilles ont révélé un sanctuaire installé ex-nihilo au VII e s., mais sans trace du probable édifice mentionné par Grégoire de Tours au VI e s. Un ensemble funéraire lui est associé. Son extension maximale est atteinte dès les premiers temps et demeure identique jusqu’au XI e s.
Vers 1050, l’abandon de larges espaces funéraires s’opère au profit d’habitats. Cette polarisation de l’habitat autour du lieu de culte et de son cimetière, perceptible localement, reste relative à l’échelle du terroir, avec un habitat largement dispersé et distant. Dans le courant du XII e s.
et au XIII e s., l’habitat est éloigné de l’église, probablement autour du cimetière à l’ouest et les espaces de circulation se fixent définitivement.
Le cimetière paroissial est abandonné dans le dernier quart du XVIII e s.
puis l’église est détruite en 1868 avant de grands réaménagements, dont l’installation de la mairie au XX e s.
3 Joué-lès-Tours
Les interventions des places Victor Hugo et François Mitterrand à Joué-lès-Tours sur le plan parcellaire actuel.
Place François MitterrandPlace François Mitterrand Mairie de
Joué-lès-Tours Place
Victor Hugo
église d’après cadastre 1826 église d’après
cadastre 1826
Parking souterrain Perturbations Parcelle
Cadastre actuel Prescription de fouille Opérations archéologiques
Bâti Zones de fouilles 2011-2012
Tracé du tramway
tranchée diag. 2011 Tranche ferme (fouille totale)
Tranches complémentaires (surveillances de travaux)
0 25 m
N 11
4 1
2
3 9 10
113 112
104 131 130 5
6 7
8
Sadil - Papin 2015 - fond de plan : cadastre actuel
état 4 Cimetière
chemin
deuxième moitié du XIIe s.
Espace public ?
Espace public ?
jardin ?
jardin ? Cimetière
habitat
jardin ?
habitat ? chemin
deuxième moitié XIe s.
état 5 Cimetière
chemin
chemin
fin XIIe-début XIIIe s.
Espace public ? état 2
?
chemin
fin Xe-début XIe s.
état 3
?
?
chemin
première moitié du XIe s.
0 20m
maçonneries église
espaces funéraires restitution zones fouillées
N
Sadil - Papin 2015
Synthèse des évolutions de l’église, des espaces funéraires et de l’habitat de Joué du X
es. au XIII
es.
La redécouverte du village de Joué et son environnement urbain actuel.
© Sadil