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Au Théâtre de la Cité Le livre du mois Fabromont inaugure Joseph Siffert automobiles Un château pour les Invalides en vacances

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1 fr. 50

DANS CE NUMERO

Au memento des manifestations Le Choeur des Marmousets: ZU ans après Expédition Centre-Afrique Flash Jeunesse Une journée d'architecture à Romont . . Au Théâtre de la Cité Le livre du mois Fabromont inaugure Joseph Siffert automobiles Un château pour les Invalides en vacances . Une réception"réussie FrlbSurg reçoit la Finlande Spécial Comptoir de Romont Les Fribourgeois hors les murs Aux U vents de la Broyé -r—

. . . et d'ailleurs - - Un sportif d'envergure

A travers la Gruyère Les défunts

Tirage tl 000 exemplaires

Expédition Centre-Afrique: un rêve qui prend fin

Photo Roland Dougoud

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Memento des manifestations Chaque mois, «Fribourg-lllustré» publie ici la liste des principales manifestations qui lui sont annoncées suffisamment tôt. Les organisateurs sont priés de joindre 5 fr., en timbres-poste pour couvrir les frais. Dernier délai pour la remise des manuscrits: le 1er jour du mois précédant celui au cours duquel «Fribourg-lllustré» paraît.

Les envois sont à adresser à: Rédaction Fribourg-lllustré, M. Sudan, Joseph-Chaley 22, 1700 Fribourg.

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TOUTE L'ANNEE:

# Bulle: Musée gruérien (fermé le lundi et le dimanche matin)

# Estavayer-le-Lac: Musée historique et fol¬

klorique

# Fribourg: Musée d'art et d'histoire: ouvert de 10 à 12 h. et de 14 à 17 h. Lundi fermé

# Fribourg : Musée d'histoire naturelle: ouvert de9à12h.etde14à17h.(sauf|jeudi et dimanche matin et le samedi toute la journée)

# Fribourg: dancings: Embassy à la rue St- Pierre 24 et Fouji-Yama à Pérolles 1

# Fribourg: cinémas: Capitole, Corso, Livio, Rex, Studio, Eden.

# Gruyères: Visite du Château de Gruyères.

+ Châtel-St-Denis 31 MAI

Soirée culturelle à l'école secondaire 7-8 JUIN

Marche de l'Abbé Bovet (organisée par la S.F.G.

marche populaire ouverte à tout le monde (16 km dans les Préalpes ou la campagne vevey- sanne suivant la météo)

• Charmey:

1er JUIN

Journée d'ouverture de la saison d'été 15 JUIN

Fête de l'Alpée

# Fribourg:

12 MAI, Aula de l'Université à 20 h. 30

Chœur Symphonique de la Cathédrale avec le Bernischer Orchesterverein

13 MAI, Aula de l'Université à 20 h. 30

Concert de gala de la G.U.S. (Footwear) Band de Manchester, hôte d'honneur de l'Union Instru¬

mentale

18 MAI, Aula de l'Université à 20 h. 30 Chœur des instituteurs de Prague 31 MAI, Aula de l'Université à 20 h. 00 Concert de la Jungwacht

Sport:

18 MAI, Stade St-Léonard FC Fribourg - FC Xamax 1er JUIN, Stade St-Léonard FC Fribourg - FC Aarau Expositions:

DU 25 MAI AU 29 JUIN Musée d'Art et d'Histoire Herrmann-Albert Sigg 30 MAI

Kermesse en faveur des vitraux de l'église du Christ-Roi

• Morat:

8 JUIN

Rencontre des musiques du district du Lac

• Romont:

DU 14 AU 19 MAI

11le Comptoir de Romont, avec la Savoie comme invité d'honneur

• Ursy:

31 MAI ET 1er JUIN, pour tous les districts du canton :

Tir en campagne

• Ciné-club universitaire 22 MAI

«Le Septième Sceau»

Mise en scène: Ingmar Bergman, 1956, Suède Ce film est une allégorie fort simple: l'homme, sa recherche éternelle de Dieu, avec, comme seule certitude, la mort. Ce film servira de transition aux deux festivals Bergman, qui auront lieu à l'Eden du 28 avril au 4 mai et du 16 au 22 juin.

29 MAI

«Le Retour du Fils prodigue», 1re vision Mise en scène: Evald Schorm, 1966, Tchécos¬

lovaquie.

Même là où les gens vivent relativement dans le confort, gagnent beaucoup d'argent et peuvent vivre à leur aise il y a des suicides. Pourquoi les gens sont-ils poussés vers de telle fins? Que leur manque-t-il? Le suicide n'est pas une solution, mais en existe-t-il une autre?

12 JUIN

«Le Procès»

Mise en scène: OrsonWelles, 1962, U.S.A.

Avec Citizen Kane, le seul de ses films dont Welles fut le maître jusqu'au montage inclus.

Par-delà une fidélité à Kafka (certes adaptée et transposée), il y a une réflexion de l'auteur sur le monde et sur lui-même. Ce film fourmille de beautés à la fois neuves et très «wellesiennes»

Avant la vision du film, nous vous conseillons de lire «Le Procès» de Kafka. Nous vous signalons aussi que c'est la dernière fois que ce film est projeté à Fribourg.

Edition, impression, administration:

Imprimerie Fragnière S. A.

Route de la Glane 35

1700 Fribourg Tél. (037) 2 75 75 Rédaction :

Michel Sudan, Joseph-Chaley 22, André Fidanza, Bertigny 13,

1700 Fribourg Régie des annonces:

Annonces Suisses S. A. ASSA Pérolles 8 1700 Fribourg Tél. (037) 9 24 24

Abonnements:

Suisse: Fr. 12.80 par an.

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Fribourg-lllustré Je souscris un abonnement à «Fribourg-lllustré»

jusqu'à la fin de l'année 1969 au prix de Fr. "7.—

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Le chœur des

Marmousets

de Fribourg:

34 ans après

EXTRAITS DE PRESSE Mme Jeanne Ménétrey-Frossard, à la têle du chœur depuis 34 ans.

L'Indépendant

Voici deux jours qu'a eu lieu le premier concert, de ce sympathique chœur d'enfants.

L'assistance était nombreuse et remplissait l'Aula de l'Université aux trois quarts. Mme

Jeanne Ménétrey-Frossard, toujours vaillante, a préparé un programme très consistant et très complet. On y trouve des œuvres d'auteurs modernes — à part Jean-I'hilippc Rameau — tels que Fr. Martin, Michel Corboz, Pierre Kaelin, Oscar Moret et Joseph Bovet..

Ce concert fut un vrai succès, amplement mérité. Sa préparation a été faite avec beau¬

coup de sérieux et d'enthousiasme. Je pense que Mm» Ménétrey, chaudement félicitée, est heureuse de voir son travail et son dévoue¬

ment si bien récompensés.

Il serait trop long d'énumérer ici tous les solistes qui charmèrent le public de leur voix claire, reflet d'une innocence dont les adultes auront toujours la nostalgie. Mais il serait injuste de ne pas citer le petit Philippe Sudan qui, dans le « Flocon de neige » d'Edmond Allain démontra, en plus d'une voix cristal¬

line admirablement « posée », un naturel, une scienco de la diction et de la déclamation telles

— bien des cantatrices n'arriveront jamais ft réunir toutes ces qualités — que l'assistance en fut subjuguée et qu'elle réclama un bis.

La délicieuse et délicate « Prière du moi¬

neau de M. Corboz — prélude la « Spatzen- Messe » de Mozart — l'ut i\ mon sens, le mor¬

ceau le mieux exécuté, malgré les pièges har¬

moniques dissimulés sous ses miettes de pain...

La Liberté

A la sortie du concert donné mercredi soir à l'aula de l'Université par Les Marmousets, sous la direction de Mme Jeanne Ménétrey, professeur, c'est l'impression majeure que je remportais de cette soirée.

EL je suis persuadé que le public, très nom¬

breux, qui garnissait les gradins de l'hémicycle ne me contredira pas: les applaudissements prolongés dont il a salué les production de ce groupe enfantin et les critiques élogieuses que j'ai entendues de la part de personnes quali¬

fiées dans l'art du chant ne me laissent pas de doute à ce sujet.

Si le programme de la première partie fai¬

sait un tout, la seconde partie était une messe et ce fut un étonnement général dans le public (pie de voir ces enfants capables de chanter toute une messe en latin avec un sérieux reli¬

gieux. 11 faut avouer que cette Messe brève ne « paya » peut-être pas auprès du public en comparaison avec tout le travail qu'elle avait exigé. 11 est vrai que le rapport de volume entre l'orchestre et le chœur était au désavan¬

tage du chœur dont les voix se perdaient au fond de la scène, phénomène bien connu dans l'acoustique de l'aula et que, par ailleurs, le rapport entre les deux voix d'hommes des solistes (MM. Charles Vuichard et Henri Bro- dard) et les deux voix d'enfants (Alexandre Nieolet et les deux alti Charles Aeby et Philip¬

pe Ducrest. qui se relayèrent) faisait surtout ressortir la basse, plus puissante. Je pense que ces défauts pourront être corrigés pour le con¬

cert de demain après-midi, du moins en partie.

Aula Magna 1969: Flocon de neige » Photo Ihringer Quant à l'orchestre, qui donna le Concerto grosso, de Fresch comme intermède avec solistes M1Icr Th. Heimoz et U. Schwab violoncelliste, on ne m'en voudra pas de le commenter moins en détail. C'est une partie où, même satisfait et content, j'aurais peur de m'aventurer.

J. P.

Marmousets-papillons Photo Savoy

Au répertoire

La Messe brève (Spatzenmesse) de Mozart;

Le Savetier et le Financier, saynète;

Le directeur de spectacles de Mozart;

Les biches, extraits du Ballet de Francis Poulenc;

Au temps des vieux moulin, féérie musicale;

Un disque - anniversaire.

(5)

5

R' Du Chœur d'enfants aux Marmousets, 1935-1969

Un certain jour de l'an 1937, le Chœur d'en¬

fants de la ville de Fribourg, placé sous la direction de Mlle Jeanne Frossard, donne un concert sous les auspices du Cercle Artistique.

Le mot historique de la journée sortira de la bouche de M. Paul Robert, professeur de dic¬

tion, qui dira en présentant ses félicitations aux jeunes chanteurs : « Ils vont bien, tous ces marmousets! ». Le temps de passer de la bou¬

tade affectueuse au nom propre, le chœur des Marmousets est né, ou plutôt voilà mainte¬

nant deux ans qu'il existe et voilà qu'il vient de trouver une raison sociale. De vingt chan¬

teurs dans les débuts, le chœur n'a cessé de voir grossir ses effectifs. En 35, ils étaient 35.

Aujourd'hui, cinquante chanteurs, vingt-huit lilies et vingt-deux garçons de huit à quinze ans constituent le crû 1969, qui vient de se produire à I'Aula Magna, en un concert aux échos les plus flatteurs

Un répertoire de choix

Aujourd'hui, devenue Mme Ménétrey, pro¬

fesseur de piano au Conservatoire, la' direc¬

trice (qui en 34 ans n'a délaissé le pupitre de direction qu'une seule fois, pour se marier) est presque arrivée au temps des souvenirs, tant son passé est dense: « Avec la Messe brève de Mozart, je crois être arrivée au maximum de ce que l'on peut exiger et obtenir d'un chœur d'enfants comme le mien. » Cette limite fut pourtant souvent près d'éclater au cours de la

Al'I.A DK I.'l MVKI1SJT1Î - IIUBOIIK.

• ferrrrtii /S murt tU.'i'i t) 'JO ftcurrs /.5 CONCERT DES YlAHMOl SKTS

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carrière musicale des Marmousets. Le Direc¬

teur de spectacles, opérette de Mozart, le Savetier et le Financier, saynète enfantine, d'autres productions majeures encore sont des exemples'que les amateurs de chant ne sont pas prêts d'oublier. Non que le chœur se complaise dans le domaine du difficile, son royaume étant plutôt celui de la grâce et de l'harmonie : « Pour trente ans de grâce et trente ans d'harmonie... » Le répertoire en témoi¬

gne: fribourgeois par Pierre Kaelin, Oscar Moret et l'Abbé Bovet, émouvant par Jean- Philippe Rameau, réconfortant par Carlo Boller.

Créer et recréer

Ainsi deux pôles continuellement s'attirent au sein du chœur d'enfants. Création lorsque les Marmousets deviennent petits danseurs de ballets par l'entremise de Jean Dousse, lorsqu'ils s'enflent de l'orchestre du Conserva¬

toire ou qu'ils enregistrent un disque.Récréa¬

tion des malades lorsqu'ils chantent pour eux, récréation des chanteurs aussi lorsqu'ils répètent, lorsqu'ils partent en promenade annuelle jouant et criant au mépris, pour une fois, des extinctions de voix.

1935

120 douzaines d'œufs, 50 kilos de sucre, 1000 onces d'amandes pilées, 40 kilos de beurre fondu en crème, autant de farine, 50 litres de crème, autant d'eau-de-vie de cerise feront une pâte exquise à mouler en cou¬

ronne, pour un gâteau princesse, digne d'an¬

niversaire...!

Mais non, voyons donc, c'est loin d'être assez bon,

Pour trente années de grâce et treille ans d'harmonie, unisson diapason, rythme, eury¬

thmie, cadence, ballades et ballets, chansons, préludes et refrains, rondes et sarabandes, pour la souplesse et la beauté, la candeur et la mélodie...

Il faut que les muses et les anges fondent, remuent, mélangent les ingrédients les plus lins, les plus purs, il faut que l'art se balte en neige et qu'une harpe égrène les perles de friandise...

... une certaine suite dans les idées.

Jeanne Frossard, diplômée du Conservatoire de Fribourg, ayant terminé ses études à Vienne, professeur de piano au Conservatoire.

Jean Dousse, né en russie, élève de Ludmilla Alexeieva, danseur, premier danseur, maître de ballet, en deux théâtres de Moscou.

Il y a six lustres.

La première fait chanter quelques chéru- rubins pour une vente de charité,

le second, retour de l'Oural - sublimant un relief du Tir fédéral - avec Mmo Joye-Thévoz et quelques jeunes lilies, fait lever une fleur de liane, à tige ténue, à charme flexible: la danse plastique.

Dès lors, les deux maîtres, ensemble ou séparés, initieront à leur art des générations d'élèves, leur donnant la chance de cultiver aptitude ou talent, de les stimuler, d'en faire montre au public, de vivre en musique.

1965

Photo Minder

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Suite et fin

expÉditïan

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Expédition Centre Afrique, dernière étape.

Pour Viviane Maradan, Roland Dougoud et Charly Bertschy, c'est la plus pénible:

affrontement direct du désert, chaleur, ensablements, ennuis mécaniques. Etape la plus exhaltante aussi, par ses couchers de soleil, par ses horizons perdus, son climat rude, par l'amitié et l'entr'aide spontanées.

Agadès, l'arbre du Ténéré, Arlit, la cité fantôme, Tamanrasset, capitale du Hoggar, le plateau de l'Asekrem, refuge du Père de Foucault, l'Algérie, In Salah, Tunis. L'aven¬

ture est presque consommée. Aujourd'hui, les trois membres de l'expédition remer¬

cient tous ceux qui, par leur aide matérielle, technique et morale, ont rendu ce voyage

possible. La rédaction de Fribourg-lllustré quant à elle espère que les lecteurs du jour¬

nal auront pris plaisir à suivre les péripéties de cette expédition. Elle remercie ses au¬

teurs pour avoir démontré, alors qu'il est si facile de rester chez soi, que les vertus de l'aventure n'étaient pas perdues pour tout le monde.

La corvée (Veau - jeune fille liaoussa, Nitjéria

15 décembre 1968

Agadès c'est la rencontre de deux mondes:

Aoussa du Niger et Touareg du Hoggar, dans un décor qui n'est pas encore le désert et plus du tout la savanne ; une plaine immense héris¬

sée d'épineux: Adras - Acacias - Acheb. Rien de tel qu'une mer de sable pour vous donner la nostalgie de l'eau. Amaté, un jeune forgeron touareg nous raconte les délices de Tafadeck, sorte d'Aix-Les-Bains du désert. A l'unani¬

mité, nous décidons d'aller voir ga. C'est à 100 km. d'Agadès dans les montagnes de l'Air.

Amaté promu chef de l'expédition se munit d'une couverture pour la nuit. Sa mère nous remet à chacun 5 dattes séchées, viatique du désert. 11 écoute sagement les conseils des anciens au sujet de l'itinéraire à suivre qu'il ne connaît guère plus que nous.

Sur la route de Tafadeck, nous découvrons les montagnes volcaniques de l'Air; sombre dô¬

mes rocheux, aux lianes dénudés, rocailles carbonisées et luisantes sous l'ardeur du soleil, cratères démantelés, coulées de lave grise. Le plus souvent, le chemin suit le fond îles Oueds au sable clair où la végétation nous apparaît comme un mirage dans ce paysage lunaire. Au creux de la vallée à l'abri des vents de sable, ce sont les jardins d'Allah! Salam - Salam - Dapaga - Asaoua. Il suffit d'un puits pour voir surgir de la terre aride une verdure fraîche ordonnée en plate-bandes: carottes, tomates, salades, choux et céréales. Au centre, la poulie grince au dessus du puits; un zébu, sous la menace du maître, tire sur la corde pour remonter la « delou ». (outre de peau).

L'eau glisse dans un canal de bois qui se sub¬

divise sur le terrain en multiples ruisseaux au¬

tour des carrés de légumes.

Les ouvriers qui travaillent ici sont des Har¬

ratins. Anciens esclaves noirs des seigneurs Touaregs, ils ont hérité la prestance et l'éner¬

gie de leurs anciens maîtres et gardé le profil négroïde et l'humeur espiègle de leurs ancê¬

tres liaoussa. Ils plantent là leurs bêches, rajustent leur chêche, nous font assoir à l'om¬

bre des Tamaris, racontent leurs préoccupa¬

tions de jardiniers et réclament des nouvelles de la ville. Amaté se révèle bon interprète. Us goûtent. nos cigarettes tandis que nous cro¬

quons à belles dents leurs carottes transpa¬

rentes et juteuses. Ces mœurs de rongeurs les amusent si bien que nous partons avec un carré de carottes sur les bras... A 200 mètres la rocaille noircie nous attend.

Tafadeck est un campement de nomades touareg; trois tentes recouvertes de peaux de chèvres assemblées ; acacias épineux, iraks aux baies noires à la saveur poivrée, tamaris au feuillage argenté jettent une ombre parcimo¬

nieuse sur le sable fin. Mais de source, pas un soupçon! Dans l'oued asséché une femme ac¬

croupie creuse le sable. A 70 cm. de profon¬

deur l'eau se met à filtrer chaude et sulfureuse.

A l'aide d'une gamelle, la jeune femme en rem¬

plit sa « guerba ».

Au bord de l'oued, un abri en banco protè¬

ge un bassin creusé à 1 m. 50 de profondeur, l'n serviteur noir évacue l'eau usagée à grand seaux. Pas d'écoulement - pas de robinet mais i» notre surprise le bassin se remplit d'une onde nouvelle qui monte par capillarité du sous-sol.

Quelques malades s'enfoncent jusqu'au cou dans cette chaudière pour en ressortir tout

Nomade touareg

fumants de vapeurs sulfureuses au bout de 10 minutes. Et la manœuvre recommence. Aux suivants! C'est nous... Avec nos peaux lai¬

teuses... on se sent plus nu que verre de terre parmi ces baigneurs au teint de bronze. Nous voila mijotant dans cette étuve à 45°. Curieu¬

se façon de se rafraîchir! Ces bains sont célè¬

bres dans le monde saharien. On y vient de très loin avec famille, caravane, tente et bêtes et on s'installe pour un mois environ. Physi- ment le nomade est très robuste. Mais" la sécheresse du climat provoque des affections graves de la peau et des yeux que l'eau sulfu¬

reuse guérit parfois.

Le soir, on se rassemble autour d'un feu de crottes de chameaux devant un verre de thé vert qui embaume le souffre! Il fait bon! Ani- mata, jeune fille Targuie, accompagnée au son doux de l'imzad, (violon monocorde) chante les longues complaintes d'amour et les récits de guerre du Moven-Age saharien. Ici, les femmes sont des poètes et les hommes des chevaliers belliqueux grisés de liberté dans un horizon sans obstacle.

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7 nés en boubous colorés, puis l'armée portant fièrement des fusils... d'époque... suivis des policiers sur Land- Rover, éblouissants dans leur uniforme blanc; enfin, les méharistes, montés sur leurs chameaux de selle à l'allure antédéluvienne. Les méharas, hauts perchés sur des pattes raides arborent une tète d'éter¬

nels offensés au-dessus de ces humains ram¬

pants qu'ils ignorent avec une moue de super¬

be dédain. Harnachés de cuir sur leur pelage clair, ils portent les « hommes voilés », guer¬

riers touaregs que tout le monde considère avec vénération.

Les discours en langue Haoussa et Taniu- check se succèdent rapidement pour faire pla¬

ce au jeux: lutte, course de chameaux, élec¬

tion de la plus belle tille d'Açadès... (Ils ont à us tout à fait les meines critères ères que

Comme dans la légende...

17 décembre 1968

De retour à Agadès, nous avons élu domi¬

cile au stade municipal. Sur les gradins de l'estrade je mijote un pot-au-feu prometteur en attendant le retour de Roland et Charly .Je suis envahie par des gamins du village ; on m'aide à peler les légumes, on m'apporte des insectes pour la collection de Roland: petits scorpions jaunes - sauterelles géantes - sca- rabés verts... Envoyés par les grandes sœurs quelques-uns me réclament des sous-vête¬

ments féninins contre des bagues et des bra¬

celets confectionnés par les forgerons du pays.

Quand les hommes affamés arrivent, le pot- au-feu est renversé, la viande à demi-crue et les légumes tout à fait crus...Le lendemain je surprends ces mots dans le carnet de notes de Roland: « Craquée de mouflets autour de nous - devenus insupportables - Viviane repas en panne - au lit sans souper, le masque...» 5 h.

du matin! Diane! Roland toujours, le masque.

On a l'estomac près du bonnet... gare aux représailles.

18 décembre 1968

C'est aujourd'hui le 10e anniversaire de l'In¬

dépendance de la République du Niger. Cor¬

tège - discours - jeux, tout est prévu. Le tout Agades descend vers la porte de l'Est, pour le cortège.

Drapés dans leur double gandoura blanche et indigo, l'une recouvrant partiellement l'autre, les hommes ont grande allure; le taguelmoust de fête, voile foncé et brillant, coiffe la cheve¬

lure et masque le visage; seul le regard vif perce ce masque funèbre. Suspendu au cou par un cordon de cuir, le portefeuille à glis¬

sière décoré de couleurs vives accompagne une bonne demi-douzaine d'amulettes, petits car¬

rés de cuir contenant des écrits coraniques destinés à préserver des maladies et des esprits malfaisants; l'homme semble surtout sou¬

cieux de leur effet décoratif! Pour que le por¬

trait de ce genre de templier de notre Moyen- Age soit complet, il faut lui ajouter la dague:

la takouba lame longue et effilée dans un four¬

reau de cuir, portée fièrement sur le côté, témoin d'un passé guerrier. Les femmes, moins mystérieuses à visage découvert, n'en sont pas moins nobles d'allure: hautaines, front volontaire, regard dur, chevelure d'ébè- ne coiffée en petites tresses encadrant le visa¬

ge régulier, elles portent la gandoura bleue ; une sorte de chasuble blanche à larges man¬

ches couvre le buste. Les jours de fête, la femme targuie est parée de tous ses bijoux d'argent qui sont sa seule fortune: large bou¬

cles d'oreilles, croix d'Agadès, de Zinder, de Tanout, qu'elle porte en enfilade autour du cou ; grosses bagues arrondies à chaque doigt de la main, bracelets ciselés. De ces bijoux, je n'en ai pas trouvé sur le marché. Les forgerons

Femme touarègue jouant de l'imzad, violon monocorde.

d'Agadès ne les façonnent que sur commande.

Ils se les transmettent de mères en filles et les femmes ne s'en séparent jamais.

Des groupes se forment sur la place: hom¬

mes d'un côté, femmes de l'autre - tribu Haoussa ici, tribu Touarègue là! Surtout pas de mélange. Seuls, les enfants courrent entre les groupes peu soucieux de leurs beaux ha¬

bits. Les policiers essayent, de maintenir l'ordre. Soudain les tambours donnent le si¬

gnal et, le cortège s'ébranle. D'abord les écoles; les petits garçons comme des moines boudhistes avec leur gandoura blanche et leur tête rasée, sauf une touffe de cheveux sur le sommet, du crâne, les jeunes filles nigérien-

ce sujet pas l<

nous: Miss Agadès est rondelette, elle a les dents écartées et les pommettes saillantes...)

Pour nous la l'été est terminée. Il faut, pré¬

parer «l'excursion» de demain, direction arbre du Ténéré: location d'un second véhi¬

cule obligatoire, recherche d'un guide, réserve de carburant, d'eau etc...

19 décembre 1968

Départ à l'aube. Nous sommes six: un guide noir ancien chamelier, son boy, un jeune fran¬

çais glob-trotter invité et, nous trois. Devant, le guide est au volant de la Land-Rover. A nous de suivre! 1.'aspect du terrain ne farde pas à nous donner des sueurs froides. La piste impraticable nous oblige à foncer dans les épineux, la rocaille, les ornières sans perdre de vue le chauffeur de la Land-Rover qui s'amuse à nous voir danser dans le rétroviseur de sa puissante machine. Au volant du bus, Charly serre les mâchoires et relève le défi. Le compteur marque 80 km. heure sans faiblir.

Mais à quel prix! A l'intérieur tout craque et grince sous les chocs. A chaque secousse, la suspension accuse le coup avec un bruit, pour le moins inquiétant et nos têtes heurtent, le plafond à nous fendre le crâne... 200 km. de chemin creux... Puis c'est le sable; il semble qu'on roule dans du coton... Là, le bus a l'avantage, il prend de la vitesse et glisse sur le sable, tandis que la Land-Rover s'enfonce lamentablement dans le « fech-fech » (sol mou sous une croûte dure qui cède facilement).

r*

(8)

8

Quand il faul rejoindre la bonne pisle ! Bons princes nous sortons les échelles de désen-

sablement, les pelles etc... Mais le plus simple est d'y aller avec les mains. Quel plaisir que ce sable, propre, doré, lin et chaud qui coule entre les doigts!...

Enfin nous atteignons le vrai désert. Hori¬

zon sans obstacles où le regard cherche en vain un délail où s'accrocher. Silence angois¬

sant d'une natuie hostile. La vie existe pour¬

tant en sourdine: traces de fennec, renard des sables - feulement du vent dans les dunes - ruissellement de lumière sur les couleurs jau¬

nes du sable quand le soir tombe. Et puis les caravanes. 80 chameaux en colonne avancent lentement conduits par ces hommes rudes, austères, endurants que sont les chameliers du désert. Ils viennent de Bilma, chargés de sel qu'ils vendent à Agadès pour retourner vers l'Est chargés de céréales. /(JO km. à travers le Ténéré rdouté même des sahariens - 3 semai¬

nes de traversée - chaque bête porte 100 à 200 kg. Quand un chameau est épuisé, on le décharge et il ne suit, pas la caravane, on l'abandonne aux chacals. Il n'en restera qu'un petit tas d'os blanchis qu'on voit partout à demi couvert de sable.

Nous sommes dans un vaste couloir bordé de dunes mouvantes; des traces de camion partent dans toutes les direct ions - au loin un point noir: c'est l'Arbre, rabougri, mais seul vivant dans ce décor. 11 y a là un puits. C'est le rendez-vous des caravanes. On l'ait du feu. Il fait froid. Jusque tard dans la nuit, le guide nous raconte l'histoire de ceux qui se sont per¬

dus dans le Ténéré impitoyable où l'homme est écrasé s'il ne se surpasse pas.

20 décembre 1968

C'est le retour à Agadès. Nous devançons la caravane d'hier : c'est avec eux qu'il faudrait marcher pour éprouver l'écrasante immensité du Sahara. 11 n'y a pas d'autre moyen que de repasser par la route de cauchemar de la veille! I.e bus va bien y laisser quelques bou¬

lons! Nous arrivons épuisés, lard dans la nuit.

21 décembre 1968

l,a grande étape: Agadès - Tamanrasset.

Charly « retappe » le bus. Après avoir signalé notre départ à la gendarmerie, nous sortons de ville direction Nord-Ouest - « Quand on à une boussole et qu'on sait s'en servir, il n'y a pas de problème, » nous dit Roland.

22 décembre 1968

On a dormi dans les épineux. Au matin une petite séance de gymnastique conduite par Charly nous remet d'aplomb. Trois jours sont prévus pour couvrir les 90,'i km. du trajet.

Tout va pour le mieux sauf un détail: la police d'Agadès nous avait prédit une honnête piste très carrossable; en fail voilà 3 heures qu'on roule de bosses en creux et de creux en bancs de sable - 2 crevaisons, 0 ensablements:

Moi — « On ne peut pas dire que c'est rou¬

lant! »

Charly --- « On en a vu d'autres! »

lloland — « Allez croire des policiers qui ne sont sûrement jamais sortis du bled! ».

I.a piste parait très fréquentée par les camions. Soudain, Roland s'exclame: « Il y a une montagne à droite! On n'est pas juste... » On s'arrête. On déplie la carte sur le sable. En effet ces montagnes ne sont pas à leur place...

Un gros routier stoppe derrière nous:

— Vous allez aussi À Arlit ?

— Non, à Tamanrasset.

— Ah!?

— C'est bien juste???

— Oh! sûrement!

Charly n'en démord pas: « Va pas de raison qu'on soit faux ». De toutes façons il n'y a qu'à continuer: sur ce point nous sommes tous d'accord!

La route fait un coude et cette fois, la boussole marque la direction opposée au bon sens. On se trouve devant la cité fantôme d'Arlit, construite il y a six mois à côté d'un des plus grands gisements d'uranium du mon¬

de. L'endroit est interdit aux touristes. On s'an¬

nonce à la gendarmerie comme égarés. Le chef de gestion de la Cité nous reçoit à la française:

douches - repas chaud - draps blancs. La soirée se passe agréablement en compagnie des ingénieurs français qui travaillent ici.

23 décembre 1968

Visite des chantiers - exploration de la région.

Les ingénieurs nous ont signalé des gravures rupestres. Le mécanicien en chef prend en pitié notre bus qui grince de toutes ses join¬

tures; les pédalles coincent, le pare-choc plie, la barre anti-rouli est perdue... et les courroies usées. Roland expédie son matériel photo¬

graphique par avion. On ne peut pas traver¬

ser l'Algérie avec autant de pellicule et d'ap¬

pareils.

Pour éviter de redescendre à Agadès (300 km.) il faut tenter de rejoindre la grande piste en coupant à travers le désert (partie nord-ouest du Ténéré). Les ingénieurs nous déconseillent d'emprunter cet itinéraire qu'eux-mêmes ne connaissent pas. Il n'y a pas de piste. Un massif montagneux va nous barrer la route ; il y a le « kori », lits d'oueds désséchés - il y a le fech-fech, sable pouri, il y a les dunes. Cependant au campement voisin, un jeune arabe nous assure qu'il v a moyen de passer. Il se propose pour nous accompagner.

Lui-même désire se rendre à Tamanrasset.

C'est décidé. Nous partons demain avec Moha¬

med, 20 ans, sûr de lui, la chique entre les dents, pas un mot de français.

24 décembre 1968

Tandis que nous roulons plein ouest, je pense que chez nous maman prépare ses me¬

nus de fête, sort les beaux habits, fait le compte des cadeaux qu'elle enveloppe dans un joli papier.

L'arbre du Ténéré.

(9)

9 Brusquement la voiture se plante... Premier

ensablement à 3 km. du départ... Les dieux ne sont pas avec nous! Une vague angoisse nous envahit. La voiture tiendra-t-elle le coup?

On se tait - les garçons ont les yeux braqués sur les boussoles et la carte... "les points de repère se font rares sur le terrain. Mohamed imperturbable scrute l'horizon: un écart volontaire de Charly au volant est immédia¬

tement corrigé d'un geste impératif. Sa façon de se diriger restera pour nous une énigme! Le soleil? certainement. Mais il y a autre chose.

Son regard perçant découvre "dans le lointain des points de repère qui nous échappent. Les massifs rocailleux et les dunes nous obligent à faire d'immenses détours. Nous sommes sous le charme de ce paysage inhumain. Les ensa¬

blements s'accumulent, il faut traverser le fecli-fech. La voiture chauffe. La nuit tombe.

On s'ensable encore. Charly part en reconnais¬

sance: un cri! La piste! C'est l'explosion de joie. Mohamed a gagné! Cette traversée sera notre cadeau de Noël.

In Guezzam, poste frontière nigéro- algé¬

rien. On campe à l'abri du bus pour la veillée de Noël. Le vent souffle en rafales, soulevant les bancs de sable. Au menu : soupe - riz - champignons - un grand bol de thé, le tout généreusement assaisonné de sable que le vent sème dans nos bols. Ça fait très saveur locale et Mohamed apprécie ma cuisine; quatre bols de riz ne lui font pas peur. Le froid nous chas¬

se dans nos sacs de couchage. Les trois gar¬

çons se creusent un lit dans le sable à l'abri des caisses de matériel ; je gagne mes apparte¬

ments île siège arrière du" bus). Quelques bédouins s'installent près de nous. Charly sort son harmonica et nous entonnons les chants de Noël de notre enfance à deux voix...

Roland fait des prouesses pour garder le ton...

Puis les souvenirs nous reviennent en mé¬

moire; on se raconte «comment c'était. Noël chez nous », on essaye de deviner ce qu'ils font, maintenant. On s'endort enlin en espérant que demain, il fera beau.

25 décembre 1968

Passons la frontière sans difiiculté. Atta¬

quons le plateau de Tassilit du Iloggar - -tOO km. - En fin de journée sommes entre les Pics rocheux dans le massif du Hoggar.

V ' - 1-4.^ . r

L'ascension vers l'Asekrem.

mains des douaniers de Tanianrasset, plutôt inquiets de notre sort. Heureuse surprise:

avec une courtoisie un brin obséquieuse, ils règlent nos formalités et, nous souhaitent bonne route!!!

Tanianrasset est une petite ville aux murs crenelés, aux maisons de terre rouge, située dans un cirque de montagnes. C'est la capi¬

tale du Iloggar. Sans être un oasis, l'endroit, est tout en verdure: allées de Tamaris - arbres fruitiers - jardins fleuris. Tanianrasset, évoque pour nous la figure héroïque du Père de Fou¬

cault. 11 semble pourtant que sa vie et son

; »' 'iht -11,

apostolat n'aient pas laissé de traces chez les Touaregs du Iloggar.

Le soir, on s'offre un plantureux couscous dans une gargotte tout en échaffaudant des projets pour les jours suivants.

26 décembre 1968

"> heures. Le froid nous lire des couvertures.

Le levé du soleil sur les montagnes est une splendeur. Brusquement., une bonne chaleur nous envahit,. - Dans une heure le soleil nous cuira la peau, sans nous brunir hélas! A côté des femmes Touarègues au teint, mordoré, j'ai l'air d'une galette mal cuite. Aussi, pour éviter toute comparaison, je me couvre do la tète aux pieds.

Sous le soleil de midi, départ, pour le massif du Iloggar: J/5 de la France - forteresse du peuple Touareg tout, en pics rocheux, en arrêtes, en dômes noircis. L'Alakor est le centre du massif ; c'est, là que se trouve le pla¬

teau de l'Asekrem où le Père de Foucault avait contruit son ermitage. Sur la carte, la piste décrit, une large courbe qui aboutit à i'Ksekrem. Contrairement à ce qu'ont dit les ingénieurs français, l'Algérie fait de gros efforts pour améliorer les routes; dans deux ans on pourra traverser le désert sur le gou¬

dron. Nous contournons le massif rocheux pour atteindre Hirafok: 4 colonnes entourées de jardins en friche. Le village est désert.

Deux jeunes bergers suivent leur troupeau do chèvres dans le lit de l'oued où les hôtes trou¬

vent, encore quelques herbes sèches. Le froid s'installe dans la nuit; les bergers allument des épineux, se creusent un trou dans le sable pour y dormir, enroulés dans leurs haillons.

— 27 décembre 1968

Avant l'aube, Charly et Roland, transis, descendent du toit - grande promenade à pieds pour nous réchauffer - découverte do gravures rupestres.

Il nous reste 80 km. pour atteindre l'Ase¬

krem. Il faudra le jour entier pour y arriver:

les pluies rares mais torrentielles ont dévasté la piste. Il faut déblayer ou refaire un passage à mesure que le bus monte des pentes à 30%.

Derrières, nous traînons les caisses et les bagages.

28 décembre 1968

Avant l'aube, nous montons à l'ermitage au sommet, de l'Asekrem. Le soleil se lève sur un panorma unique. Il y a là deux Pères qui s'occupent de l'observatoire météorologique du Sahara. Après la messe il nous servent les 3 verres de thé traditionnels. Ils vivent ici comme les gens du pays, en gandoura et en sandalles. Deux femmes Touarègues se joi¬

gnent à nous; elles ont fait un voyage de 7 jours à dos d'ânes pour venir ici. C'est la cou¬

tume, les femmes du pays partent en visite pour un ou deux mois chez leurs parents et leurs amis.

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10

II faul dire que la situation de la femme est privilégiée au sein de la société touarègue;

elles est respectée et jouit d'une grande liberté.

C'est elle qui choisit son époux, elle dispose de ses biens. Souvent cultivée el musicienne, elle est seule éducafrice de ses enfants à qui elle transmet son nom et son rang. Son opinion est prise en considérai ion. Klle ne commande pas officiellement, mais elle est la gardienne jalouse des traditions de son peuple.

Les Pères nous chargent d'un message à remettre dans un campement sur la route du retour. Le message est écrit en tifinar: les caractères de forme géométrique sont disposés en carré sur le bord du papier. Le tifinar est uniquement employé pour tracer des ins¬

criptions courtes, l'es voyelles ne s'écrivant pas il est 1res mal aisé de le déchiffrer. Kn effet, arrivés au campement, les anciens s'em¬

parent de notre billet, s'assoient en rond et se mettent au travail. A haute voix ca donne à peu près les mêmes résonnances qu'un enfant au syllabaire: nghe... die... grhe... On se prend au jeu, le papier passe ei repasse entre ces mains parcheminées. Les femmes s'en mêlent. On s'en sort victorieusement. 11 s'agit de nous remettre dix peaux de chèvres pour un commerçant, de Tamanrassel. Là-dessus, 011 boil le thé, on marchande des bijoux, des sandalles de cuir, des cadenas que les femmes utilisent pour fermer leur sac de cuir.

Sur le chemin du retour: le [dus bel ensable¬

ment de nol re carrière de pistards: les échelles, la force, la ruse, la technique, rien y fait; le sable nous lient en échec sur dix kilomètres.

Le soir même nous remontons l'Algérie sur In Salah.

Reportage exclusif Fribourg-lllustré

Photos: Roland Dougoud Texte: Viviane Maradan

29 décembre 1968

A 1 km. de la piste, trois personnages en panne: deux Bavarois el un Ghanéen, chemise blanche, cravate, complet du dimanche, ensa¬

blés jusqu'aux vitres de leur belle voilure de sport. Ils vont évangéliser le Ghana. On les trouve sans pelle, sans échelle, sans cric, les pneus gonflés à bloc comme pour le goudron.

A six nous ramenons leur voiture sur la bonne piste et pour achever de nous étonner, les voilà qu'ils sortent, leur portefeuille: «Was sind wir euch schuldig? ». Celte fois les bras nous eu tombent... Ils ignorent aussi l'en¬

traide saharienne.

30 décembre 1968

lu Salah. L'oasis. Noire première palme¬

raie où l'exubérance des palmes protège une végétation plus verte que les cartes postales polychromes. Sur le marché de la grande place à colonnades, les grands Touaregs ont fait place aux marchands arabes: ici se sont les femmes qui sont voilées.

31 décembre 1968

.le fais les frais d'un morceau de chameau, carottes et mandarines pour le réveillon. Le menu ne variera plus qusqu'à Tunis, le cha¬

meau étant bon marché ^Kr. — le kg.) et les fruits et légumes délicieux. Mais les garçons arrivent.

Tu peux rangainer ta marchandise, on va réveillonner à l'hôtel.

C'est ainsi qu'on passe le réveillon avec M.

et Mmo .Millet d'Yverdon dans l'unique hôtel d'In Salah. On se quitte le lendemain. Eux descendent rejoindre l'équipe de Maximilien liruggmann dans le sud Algérien. Nous mon¬

tons sur Kl Goléa.

2 janvier 1969

Kl Goléa. La voiture donne des signes de fatigue. Il y a des nouveaux bruits alarmants.

Le garagiste d'Kl Goléa ne semble pas très au courant. 11 nous conseille d'atteindre au plus vite Gardaïa où les mécaniciens sont mieux outillés que lui.

3 janvier 1969

Charly a l'air inquiet. Le moteur a l'air mal en point. Kt la catastrophe arrive: le moteur coule. l'n camion nous remorque jusqu'à Gardaïa.

Servante noire. Comme les malades de Tafadek, elle bénéficie des médicaments offerts par la Maison Wander S. l à Herne.

U janvier 1969

Gardaïa. Les pièces du moteur sonl à chan¬

ger complètement. Un taxi monte à Alger pour les chercher. Le mécanicien nous héberge chez lui. Les réparations vont durer 10 jours.

Les pièces n'arrivent pas. Quand elles arrivent il y a erreur de livraison. Le temps presse. Le 17 au matin le bateau part de Tunis.

Gardaïa est la capitale du M'Zab: populeuse cité saharienne, assise sur son mamelon avec ses terrasses étâgées el la flèche de son mina¬

ret. C'est dans cette vallée du M'Zab qu'est venue se réfugier une secte schismatique de

l'Islam: les Abadhites. Les Mozabites (habi¬

tants du M'Zab) sont marchands, travailleurs, sobres, très religieux et puritains.

15 janvier 1969

C'est la course sur Tunis. Roulons sans arrêt jour et nuit, et atteignons Tunis, le port, 30 minutes avant le départ.

La côte africaine s'éloigne. Un regret : nous avons traversé la Tunisie sans la voir. L'n espoir: nous reviendrons: car pour nous qui sommes voués à la vie trépidante de l'Kurope le spectacle du monde saharien est le plus beau cadeau de l'Afrique. FIN I.'oasis de Ohardaïa. Au premier plan, un campement nomade.

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Même si FLORIDOR — les biscuits d'Avenches — ne se mangent pas encore dans le monde entier, il y a pourtant certaines exceptions...

Petit déjeuner au campement de Tafadeck, dans le massif cristallin et désertique de l'Aïr.

Campement dans le Centre-Ouest du Mali, avec une tente Jamet offerte par FAVRE SPORTS

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flash

Jeunesse

PAR CINÉFILM

Dès aujourd'hui et dans chaque numéro à l'avenir, une rubrique intitulée « Flash Jeunesse » sera consacrée aux activités des

Des loisirs enrichissants

Voilà trois uns que plusieurs copains se sont mis ensemble alin d'organiser leurs loisirs.

Tous sentaient, la nécessité de taire quelque Chose. Comme partout les débuts furent dif¬

ficiles. Ce n'est pas l'enthousiasme qui man¬

quait; mais les jeunes se connaissaient mal entre eux et n'étaient pus encore habitués à un travail en équipe. Du côté des adultes on n'y croyait pas trop et l'expérience leur apparais¬

sait promise à un échec certain. Il faut bien se dire que c'est toujours lu même histoire quand on veut lancer quelque chose de nou¬

veau. Mais l'équipe ne s'est pas découragée;

elle s'efforça île faire exploser le cadre de l'action, en organisant des projections de ciné¬

ma sonore en Hi mm. à la salle de St-Pierre et à divers endroits du canton. Ensuite on fait paraître un petit journal qui comporte dans ses pages des interwiew de vedettes, des con¬

cours et diverses autres chroniques. Notons aussi les déplacements de Ciné Film, soucieux de réaliser des reportages à l'occasion des rassemblements de jeunesse, [.'équipe prend

jeunes dans le canton, à leurs travaux, à leurs préoccupations.

(La Rédaction)

forme; les charges et les responsabilités sont réparties en trois secteurs principaux:

Section cinématographique Service de presse

Service photo

Cette distribution a l'avantage de permet¬

tre i» chacun de se former dans la branche qui lui convient le mieux. Cela donne également la possibilité à chacun des membres d'exté¬

rioriser ses talents. Actuellement Ciné Film réunit des décorateurs, des photographes, des mécaniciens, un dessinateur et plusieurs étu¬

diants et autres apprentis. Ajoutons pour l'in¬

formation que le groupe se retrouve régulière¬

ment toutes les semaines dans l'arrière salle d'un café du quartier, faute d'autre local. Là on discute fermement de tous les projets et idées de futures réalisations.

Vers un élargissement

Un fait est certain, les jeunes ont pour eux une marge de temps assez grande pour leurs

loisirs. Le gros problème est de savoir com¬

ment s'organiser dans ces moments là. L'at¬

trait des bars, des dancings marque la jeu¬

nesse actuelle. Ce qui manque le plus c'est un contact amical et constructif entre les nom¬

breux groupements de jeunes. Ciné Film se propose, grâce aux bons services de « Fri- bourg-IUustré », d'offrir à tous la possibilité de se faire connaître et de créer des liens d'amitié. C'est ainsi que désormais une page de ce journal sera réservée à cette intention.

Tous ceux que cette idée intéresse pourront, s'adresser à :

CINE FILM Service de presse Vignettaz 25 1700 FRIBOURG

N'hésitez pas à nous écrire nombreux. C'est le moment que Fribourg sorte de sa léthargie.

C'est le moment que les jeunes prennent leur place dans la société et fassent voir à leurs aînés ce qu'ils sont capables de réaliser. Cine Film esl décidé de travailler de toutes ses forces dans ce sens là. C'est ainsi qu'il inscrit à son programme un gala de variétés et la réalisation de quelques courts-métrages. Son ambition la plus grande reste de donner aux jeunes l'occasion de s'exprimer, de mettre à profit leurs compétences personnelles, en défi¬

nitive de s'épanouir selon leurs aspirations les plus profondes.

Le service de presse en action Photo H. Henguelij

(13)

13 ROMONT

une

journee

d'architecture

Photos B. Blanc

C'est en ce dernier samedi 15 février que la cité romontoise eut la joie d'accueillir dans ses murs une section du « Centre d'études archi¬

tecturales». Cette organisation a son siège à Bruxelles sous les directi¬

ves de son président Monsieur Paul Mignot.. Cette personnalité inau¬

gura elle-même l'ouverture de la section de Romont qui dorénavant s'intégrera dans ce « Centre international d'architecture » (CIA).

De plus, Homont se fit l'honneur de recevoir pour cette inauguration l'éminent architecte et urbaniste Yona Friedman. Aucun spécialiste en la matière n'ignore les talents et la l'enommée de Friedman. Né en 1923, de souche hongroise, il étudia à Budapest et. poursuivit ses études à Haifa. 11 pratiqua l'architecture jusqu'en 1957, année où il

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Le professeur Yona Friedman durant son exposé.

vint en France pour se vouer ù la recherche uniquement. 11 groupa autour de lui nombre de disciples et fonda plusieurs groupements dont nous citerons ici le « Groupe d'étude d'Architecture Mobile » associa¬

tion qui a pour but principal la recherche de solutions à apporter aux problèmes de l'adaptation de l'architecture à la rapidité des transfor¬

mations de la vie moderne.

Devant un public nombreux et intéressé, Friedman amena une théorie fort rigoureuse sur sa thèse « l'Architecture Mobile ». Ce grand urbaniste, à partir de considérations hautement, philosophiques sur le changement continuel dans lequel vit l'homme, nous emmena vers une architecture qu'il voudrait perpétuellement, en mouvement alin d'éviter l'étouffement qui règne dans les grands centres et ceci par des moyens nouveaux. Pour Friedman, l'architecture mobile doit agir de "deux façons. D'une part « par la convertibilité des formes et usages de constructions », d'autre part « par la convertibilité des surfaces ou espaces utilisés, sans changement de la structure portante des constructions, ceci par le moyen d'un système de plat es-formes réseaux de voirie, d'alimentation et. de canalisations qui soil Irans- formable et déplaçable dans et sur les structures portantes ».

Lors de cette conférence, chacun essaya avec plus ou moins de bonheur à saisir la théorie de Yona Friedman.

Romont se fait donc un plaisir d'ouvrir ses horizons vers l'arL architectural et tout ceci grfice à l'initiative de M. et Mmo Raymond Ec.kian, ingénieur et architecte à Romont, qui amenèrent, dans la dite ville l'ouverture de ce centre architectural. L'on pense déjà au prochain rendez-vous que se donneront nos arcliil.ectes et ingénieurs.

Toutes ces réunions se dérouleront sous l'aspect, de séminaires et de conférences. Comme on l'espère, nombreux seront les intéressés qui se réuniront pour la défense et, le progrès de l'architecture.

La théorie du maître; une philosophie de l'architecture.

On faillit tout comprendre.

(14)

H

AU THÉÂTRE DE LA CITÉ

La

meilleure des

planques

Pour sa cinquième et dernière représenta- lion de la saison, le Théâtre de la Cité fit salle comble à l'Epée. L'assistance vibra dès le lever de rideau jusqu'à l'heureuse conclu¬

sion de la comédie en trois actes de Michel André.

Sous l'impulsion du moment, sous l'impres¬

sion d'une plaisante soirée de divertissement et d'une pièce qui fit jaillir et maintint, le rire, le stylo court sans difficulté pour exprimer la gratitude des spectateurs. Le but de LA BÜNNE PLANQUE-, dérider le public, et ses interprètes y parvinrent à l'entière satisfac¬

tion de tous. C'est avec la larme à l'œil droit, le bon œil donc, l'œil du rire, que le specta¬

teur applaudit. Au fermer du rideau, modes¬

tement, les acteurs vinrent remercier la salle pour ses applaudissements. Grâce au Théâtre

de la Cité la fiction, une nouvelle fois, devint plaisante réalité.

Le mérite en revient au texte, à la bonne interprétation des acteurs - M. Raymond Esseiva, Mlle Josette Kolly, M. Emile Dorand, Mllc Christiane Scazziga, MM. Claude Bapst, Jean-Paul Marguet et André Scacchi - au talent du metteur en scène, M. Jean-Paul Marguet.

Le hasard, heureux en l'oecurence, nous lit découvrir la salle de l'Epée et le Théâtre de la Cité, ce théâtre de quartier dont les qualités débordent le cadre de la Basse-Ville devenue en quelque sorte un haut lieu de culture théâtrale et artistique. La Neuveville à elle seule ne compte-t-elle point trois scènes - l'Epée, le Home Bon et 1« salle de la Providen¬

ce, - l'Atelier et ses peintres depuis un an, la

Galerie de la Cité, qui, rénovée, reprend le cycle de ses expositions, un groupe en forma¬

tion de jeunes bricoleurs et d'artistes en herbe, une société des intérêts du quartier, active et experte organisatrice de manifestations fol¬

kloriques, sportives, populaires et tradition¬

nelles du meilleur goût, une population au cœur sensible et à l'amitié généreuse?

Si télévision et cinéma portent préjudice aux tréteaux, il est d'autant plus méritoire de la part du Théâtre de la Cité de cultiver l'art dramatique avec tant d'amour, avec autant de conscience artistique.

C'est donc avec un réel plaisir que nous vous reparlerons de cette troupe et que nous retrouverons le théâtre de la Neuveville la saison prochaine, dans un cadre nouveau.

Nous lui souhaitons pour l'avenir le succès que mérite son travail sérieux et la qualité de ses interprétations.

A bientôt, acteurs du Théâtre de la Cité et chers amis de la Neuville, sympathique quar¬

tier où l'art a trouvé la meilleure des « plan¬

ques »!

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15

Le livre du mois, pourquoi et comment? Une précision tout de suite: on ne trouvera pas ici le dernier cri de la production littéraire, le tout dernier Goncourt ou le prochain Renaudot. Nous présenterons certes des ouvrages récents, sans exclure toutefois la possibilité de «retours en arrière» vers des œuvres oubliées, trop peu ou mal connues. Que les lecteurs qui connaissent déjà ces ouvrages et qui auraient pu les présenter mieux que nous ne l'aurions fait trouvent ici des excuses pour nos limites. Que les critiques spécialisés, eux aussi, soient indulgents, s'ils viennent à nous lire. Nos prétentions sont restreintes: pas d'exhaustivité, ni d'explications, pas d'exégèses ni d'histoire littéraire, mais la présentation si possible objective d'un ouvrage, dans le but d'encou¬

rager des envies de lecture. Le choix n'est soumis à aucun parti pris idéologique ou géographique, si ce n'est peut-être à celui de la qualité et à une certaine vertu de réflexion. «Le pavillon des cancéreux» d'Alexandre Soljénitsyne, objet de la présente rubrique, aurait dû paraître dès le début de l'année 1968 dans la revue moscovite « Novy Mir. A la suite d'une interdiction de publier, des copies manuscrites de l'œuvre sont parvenues jusqu'en Occident et ont permis aux Editions Julliard, voici quelques mois, une publication en première mondiale. L'action se déroule quelque part aux confins de l'URSS et de l'Asie occidentale, non loin de la frontière de l'Afghanistan, entre janvier et mars 1955, alors que la Russie s'apprête à célébrer, discrètement déjà, le deuxième anniversaire de la mort de Staline.

M.S.N.

Alexandra Soljénilsvnt»

pavillo i de s eancén nx

La grande question

Le pavillon des cancéreux n'est pus un roman, en ce sens qu'il ne ra¬

conte pas une histoire. Ici, d'his¬

toire, il n'y en a point à propre¬

ment parler. Fidèle à un procédé déjà expérimenté auparavant, Alexandre Soljénitsyne brosse, quelques jours durant, la vie de quelques pensionnaires d'un pa¬

villon de cancéreux. Cinq semai¬

nes, c'est long pour ceux qui vont guérir, trop court pour les autres.

Si l'action n'est pas extérieure, si les péripéties sont réduites au strict minimum, pourtant que de chemin parcouru de l'intérieur, sur la voie de la lucidité pour Kostoglotov ou Ephrem, sur celle de l'aveuglement pour Paul Rous- sanov. Qui a ouvert les yeux en fin de compte? Telle est la ques¬

tion et la réponse à cette question constitue le verdict de la dernière page. Ainsi, dans ce récit où il ne

se passe rien, chaque personnage affronte à tour de rôle quelques interrogations qui constituent les thèmes du livre et fondent son unité. Qu'est-ce qui fait vivre les hommes? La vie est-elle le bien suprême qu'on doit défendre à n'importe quel prix? Où est la limite? Où est la vérité? Où le mensonge ?

Un univers tragique

C'est bien d'un univers tragique qu'il s'agit. Tragique d'abord par l'époque. En 1955, Staline aurait eu 76 ans, s'il n'était mort deux ans auparavant. Et pour lui, « on économise déjà l'encre noire d'un encadrement de deuil ». Le pre¬

mier ministre Malenkov démis¬

sionne, le Tribunal Suprême est démis en bloc. Epoque d'instabi¬

lité, d'incertitudes où des destins qui semblaient fixés pour tou- Des malades qui hantent le pa¬

villon des cancéreux, Paul Ni- kolaïevitcli Roussanovest le seul, semble-t-il, à s'être parfaitement acclimaté au régime politique des années 38 instauré par Staline. Qui plus est, il l'incar¬

ne, d'une certaine façon. Il a reçu de lui une position enviable dans la hiérarchie de l'adminis¬

tration, avec promesse d'une pension « hors cadre », dont il a rêvé toute sa vie. Celle situation d'inquisiteur silencieux et dis¬

tingué, il l'a acquise pour une part sur le dos d'anciens cama¬

rades de travail dénoncés par lui et qui maintenant connais¬

sent les camps sibériens et la re- légalion. On remarquera dans l'extrait qui suit avec quel art Soljénitsyne décrit -ce n'est pas un réquisitoire, mais un constat ironique - la game des vexations subtiles et efficaces que l'admi¬

nistration stalinienne met au service de ses fonctionnaires pour culpabiliser les travail¬

leurs subalternes.

Isolée, énigmatique, à demi in¬

fernale, la position de Roussa- nov dans l'organigramme de la production lui donnait une connaissance profonde des vé¬

ritables processus de la vie et il en était satisfait. La vie que tout le monde voyait (produc¬

tions, conférences, gazette de l'entreprise, déclarations du comité syndical à la garde stakhanoviste, pave, cantine, club), cette vie n'était pas la vraie, elle ne paraissait telle qu'aux non-initiés. La ligne véritable de la vie était fixée sans cri, calmement, dans des cabinets silencieux, par deux ou trois personnes qui se com¬

prenaient ou par un coup de

téléphone à la sonnerie cares¬

sante. La vraie vie sourdait encore des documents secrets au fond de la serviette de Roussanov et de ses collabo¬

rateurs. Elle pouvait long¬

temps filer son homme, en silence, et ne se dévoiler sou¬

dain à lui que pour un instant:

elle sortait alors sa gueule de dragon de l'empire souterrain et lui arrachait la tête ou lui crachait son feu, pour dispa¬

raître ensuite on ne sait où.

En surface, rien n'avait chan¬

gé: le club, la cantine, la paye, la gazette de l'entreprise, la production ; il manquait seule¬

ment parmi les stakhanovistes quelqu'un qui était licencié, renvoyé, exclu.

L'installation des lieux où travaillait Roussanov était conforme à son genre de tra¬

vail poético-politique. Il avait toujours été dans une pièce isolée dont la porte, d'abord recouverte de cuir avec des clous brillants de tapissier, avait ensuite été, à mesure que la société s'enrichissait, munie d'une sorte de caisson protec¬

teur, d'un sombre tambour. Ce tambour semble une invention bien simple, un truc sans mali¬

ce: il n'a pas plus d'un mètre de profondeur, le visiteur n'y hésite qu'une seconde ou deux, en refermant la première porte derrière lui et avant d'ouvrir la seconde. Mais ces secondes avant la conversation décisive suffisent à provoquer en lui comme un court-circuit: il manque de lumière, il manque d'air et il sent toute son insi¬

gnifiance devant celui chez qui il va rentrer. Et s'il a ja¬

mais eu de l'audace, de l'indé¬

pendance, - eh! bien, ici, dans le tambour, il leur dit adieu.

jours par le «Grand Défunt »per¬

dent un peu de leur nécessité. Mais peut-on vraiment espérer? Espérer quoi? Pour les détenus et relé¬

gués de tout acabit, la question se pose, car «l'Histoire est lente pour nos vies, pour nos cœurs ».

Le livre

du mois Même pour Kostoglotov l'aven¬

ture s'achève sur une nuance d'es¬

poir, doute. Après sept ans d'ar¬

mée et sept ans de camp, l'habi¬

tude de courber le dos lui est de¬

venue presque congénitale. 11 n'arrive plus à concevoir une

« liberté raisonnable ». Le rêve des confessionnaux staliniens semble toucher à sa lin et la peur s'installe. Peur des retours pour ceux qui ont dénoncé, pour Roussanov, peur d'un avenir in¬

certain pour ceux dont la libéra¬

tion approche. C'est le temps des règlements de comptes et des retrouvailles indécises.

Si l'arbitraire du régime éclaire la face précaire et fragile du des¬

tin -en confirmant du même coup chez les victimes l'existence de certaines valeurs- le voisinage de la mort rend ce sentiment du fra¬

gile plus intense encore. C'est bien le cancer. « Si une tumeur suffit à vous emporter un homme, com¬

ment pourrait vivre un pays cou¬

vert de camps et de lieux de relé¬

gation? ». Epoque gangrénée, cancer des corps. Pour Oleg Kos¬

toglotov, l'atteinte physique est un avant-goût de justice et d'éga¬

lité. En face de cette misère com¬

mune, point de règlement ni d'ins¬

tructions. C'est alors que s'affir¬

ment les hommes vrais et les vraies valeurs. Le relégué, le condamné ont déjà fait l'appren¬

tissage des grands renoncements.

Ils ont appris « à tout faire tom- de soi, hormis l'essentiel ». Pour eux la vie est un peu plus simple.

Mais pour le bourreau (Roussa¬

nov en est-il un?), voici l'heure de la vérité. La tumeur maligne est le premier tribunal devant le¬

quel il fasse figure d'accusé.

Le prix de la vie

Pourtant, parmi les pensionnaires du pavillon, certains n'ont pas encore procédé aux décantations nécessaires. Ephrem, grand ama¬

teur de femmes et grand buveur de gnôle, « préparé à vivre, non à mourir », a vécu pour le grand air et les odeurs d'alcôves. On lui a dit une fois que lui aussi, il mour¬

rait un jour. Et aujourd'hui, la mort lui est familière, mais il refu¬

se de mourir et accepte de crever.

1 (! L l II » 11

Avant, l.out était simple, mainte¬

nant, il ressent le besoin de met¬

tre de l'ordre en soi-même. Va- dim aussi a sacrifié aux idoles, celles de la science. En huit, mois qui lui restent à vivre, -il a 27 ans, « l'âge do Lermontov »- son chemin est long, de l'amour in¬

conditionné de la science à celui de la vie. Faut-il vivre pour créer ou créer pour vivre ? Qu'est-ce qui est intéressant? Il importe de répondre avant,.

Mais la grande figure reste Kos¬

toglotov, symbole d'une certaine souffrance et incarnation d'une certaine vérité. Produit typique des cainps à plus d'un litre, il a déjà, au moment d'entrer chez les cancéreux, fait bien du chemin.

C'est, que lui, à l'image d'Ivan Denissovitch, connaît le poids de la vie. Dans les premiers jours de son hospitalisation, il est encore une force do refus prodigieuse.

Autrefois, refus de sourire aux gardiens, puis refus « d'être traité comme un singe », refus mainte¬

nant d'une thérapeutique hési¬

tante et aveugle, refus d'etre guéri à n'importe quel prix. Lo camp a fortifié chez lui l'égocenlrisme qui permet de survivre. Il a avant tout, le sens de ses droits -ceux qu'on lui a jusqu'ici refusés-, «le droit de marcher sur cette terre sans obéir à un ordre, le droit d'être seul, le droit de regarder les étoiles sans être aveuglé par les projecteurs du camp (...) le droit do jeter des lettres dans les boîtes aux lettres ». Mais à mesure que s'estompe la clarté des projec¬

teurs, Kostoglotov s'ouvre à la solidarité, à la souffrance de ses frères Dionka et Chouloubine.

L'homme qui dit non est resté fer¬

me, mais il affirme une valeur en fixant le prix maximum de la vie:

« La trahison, le sacrifice d'êtres bons (est) un prix trop élevé, que notre vie ne (vaut) pas ». Aussi ses ambitions sont-elles modérées. Il ne demande pas toute une vie, peut-être seulement un été, «un petit appoint de vie telle cette tranche de pain jointe pour faire le poids, à la portion première et tenue par une baguette en bois... » Une fois pour toutes...

Kostoglotov est, finalement un acte d'accusation. Contre qui?

Sans aucun doute contre une for¬

me d'oppression répandue qui, l'espace d'un aveuglement, a revêtu les oripeaux du stalinisme

« Personne sjir cette terre ne peut dire quelque chose une fois pour toutes ». Accusation aussi contre toute société basée sur le menson¬

ge des apparences. S'il est vrai que rien n'est jamais acquis à l'homme une fois pour toutes, rien ne saurait jamais l'être sans lui, ni contre lui.

(16)

1 6

Fabromont

SA

inaugure

à Schmitten

(17)

17 Dans le courant de 1961, alors que j'étais

chef de service du Département de l'Industrie et du commerce, j'ai reçu un jour à mon bureau un aimable visiteur, en provenance de Berlin, et qui me lit part de son intention de créer en Suisse, éventuellement dans le can¬

ton de Fribourg, une industrie pour la fabri¬

cation de revêtement de sol. C'est ainsi que je fis la connaissance de M. Gunter Tesch. Ja¬

mais, lors de ce premier contact, je n'aurais pu déceler chez ce gentleman d'allure plutôt réservée et même timide, autant d'énergie et de dynamisme. Alliées à un esprit d'entreprise remarquable, ces qualités ont permis à M.

Tesch de réaliser ce que nous voyons aujour¬

d'hui. Depuis sa naissance, Fabromont a cons¬

tamment progressé. La croissance de cette entreprise se déroule selon un rythme de 3 ans en 3 ans, et rien ne permet de dire si et quand elle s'arrêtera. En effet, depuis l'ou¬

verture, en 1963, une deuxième étape inter¬

vint en 1966 ; nous assistons à la lin de la 3e. La quatrième a déjà commencé.

Cet heureux développement, que rien ne laissait prévoir au début, nous réjouit tout particulièrement. Je dois vous faire un aveu.

Quand j'ai vu arriver les premières machines à la création de l'entreprise, je me suis deman¬

dé comment on allait pouvoir fabriquer des produits textiles avec ce qui ressemblait à des pièces détachées d'une vieille horloge d'église.

Et l'on sait que ces produits ont d'emblée atteint une qualité qui leur vaut leur succès.

M. Tesch et son état-major, de même que tous ses collaborateurs jusqu'au plus humble ou¬

vrier peuvent être tiers des produits fabriqués ici, et. notamment du Synlolan et. du Fabro- lan. Ces deux noms sont, maintenant connus en Suisse et à l'étranger et ils jouissent, d'une réputation que peuvent lui envier leurs con¬

currents.

Avec les gens de Schmitten, nous sommes fiers d'abriter sur notre territoire une indus¬

trie aussi sympathique et aussi prospère.

Nous devons ainsi remercier M. Tesch d'a¬

voir apporté sa contribution au développe¬

ment économique du canton de Fribourg et du district de la Singine en particulier.

Nous devons aussi féliciter le fondateur de cette firme qui est un vrai patron et qui a su

A droite: vue partielle de nos ateliers En bas : vue générale de noire établissement

s'entourer de collaborateurs dynamiques et compétents: Messieurs Jäggi, SchützetWacber sont l'exemple de chefs qui finissent par s'iden¬

tifier à l'entreprise et sur lesquels on peut compter.

Laissez-moi vous dire aussi combien nous apprécions la fidélité du personnel de Fabro¬

mont et la politique sociale que lui applique M. Tesch. En effet, ce personnel jouit déjà de tous les avantages sociaux d'une grande entreprise.

L'esprit social de M. Tesch vient de s'illus¬

trer dans la Fondation Georg Tesch créée à à l'occasion du 80e anniversaire de M. Georg Tesch. Cette fondation a pour but le dévelop¬

pement de la formation professionnelle dans le domaine technique en général et. en parti¬

culier dans le domaine des polymères, des procédés techniques et de la conlructioii de

machines par le versement de subsides à des personnes domiciliées dans le canton de Fri¬

bourg. L'autorité cantonale tient à manifester publiquement sa reconnaissance à M. Tesch pour ce geste qui est bien dans la continuité de sa politique intelligente et dynamique.

Nous souhaitons vivement que cette année déjà un candidat fribourgeois puisse être choisi comme boursier de cet te fondation.

Permettez-moi, pour conclure, île risquer une comparaison. La force de caractère, l'éner¬

gie qui résident dans un individu ne sont pas le fait de signes extérieurs. C'est ainsi que M.

Tesch apparaît extérieurement comme la sur¬

face douce et agréable au louché des produits Synlolan et Fabrolan dont la solidité et. la qualité sont d'une résistance à toute épreuve et le gage de la prospérité de l'entreprise.

Pierre Dreycr: Conseiller d'Etat

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