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Les deux France, au delà du périphérique, le témoin, Bertrand SANCHEZ

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Les deux

France,

au-delà du

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«Ce que tu n’as pas dit t’appartient Ce que tu as dit appartient à tes ennemis»

Proverbe arabe

Les deux France, au-delà du périphérique, le témoin ISBN:978-2-9529336-4-3

©éditions lulu.com France 2016

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions utilisées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants causes est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle

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Sanchez Bertrand

Les deux France,

au-delà du périphérique,

le témoin, une vision du monde

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Du même auteur

Les pérégrinations de Mani ISBN 978-2-9529336-0-5

Les tourments d’un jeune du 93 ISBN 978-2-9529336-1-2

A la votre!

ISBN 978-2-9529336-2-9

Le grand secret

illustré et imaginé par Maya & Bertrand Sanchez ISBN 978-2-9529336-3-6

Le dévoilement, la légitimité du pouvoir en contexte islamique ,

une chronique entre raison et merveilleux ISBN:978-1-29123528-9

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avant propos

Les deux France, au-delà du périphérique est un récit polémique de l'intérieur. Il retrace tant les pérégrinations que les galères voire les réflexions de banlieusards imperturbables face aux aléas de la vie. En effet, ils observent amuser le manège des politiques à l'aube d'élections qui ne changeront hélas pas grand-chose pour eux. Cependant, Pablo, le témoin, est un acteur social quadragénaire divorcé enfin père de deux enfants. Il convie ses contemporains à pénétrer la banalité de son quotidien entre indifférence, intolérance et malheureusement ignorance. D’une part, cette dernière n'est pas une fatalité pourtant, elle semble régir la vie d'individus vivotant entre frustration et précarité; celle ci est devenue une deuxième compagne toutefois, l'espérance de jours meilleurs reste d’actualité tel un improbable but à réaliser. En second lieu, il évoque l'économie souterraine créatrice d'emplois dans une cité où le taux de chômage des jeunes explose mais cela semble la norme non l'exception. Les mamans quant à elle, se ravitaillent au resto du cœur au bas des immeubles quand leurs rejetons sont relégués à leurs pieds végétant en écoutant du rap sur leur portable.

Karim Kassel, figure emblématique des années 1980

chantait le blues de la banlieue:" Oh Banlieue, ne

nous laisse pas tomber on a le droit d'exister nous aussi(...)" Trente ans plus tard, le constat est amer,

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rien ne bouge en haut lieu. D’aucuns diraient que le 93 est maudit. Ce n'est certainement pas la faute de médias racoleurs friands de spectaculaire avec leurs pseudo reportages, pour ne pas dire truqués qu’une droite populiste et réactionnaire s’empresse de stigmatiser à outrance surtout en période électorale où le politique vient serrer des paluches laissant croire au quidam, «t’inquiète mon petit gars, on s'en occupe».

Pour conclure, disons simplement qu’il est urgent de déconstruire quatre décennies désolantes de médiocrité politique culturelle sociale mais aussi économique en matière de politique de la ville. C'est une mission laborieuse car dans les faits et concrètement, il s'agit d'apprendre à se connaître soi même, étape cruciale s’il en est, puisqu’il s’agit de trouver sa place dans la société, ni plus ni moins. Tant que l’homme confond symptôme et contenu la maxime républicaine «liberté égalité fraternité» restera vide de sens.

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Radiographie d’un quotidien et au-delà une vision du monde

Ainsi, ai-je entendu,

Pablo lisait son journal à la lueur des bougies affalé dans le fauteuil déglingué du salon. Jean, en revanche, s’ennuyait ferme et tournait en rond tel un toxico en manque dans ses quatre murs. Deux personnalités deux destins distincts mais un point en commun: le quartier. Dehors, la tempête grondait prélevant au passage d’énormes troncs, branches, feuilles et choses en tout genre tels que toitures et cheminées. Une atmosphère de fin de monde régnait dans le centre ville pavillonnaire avec ses rues jonchées de tuiles. Fait exceptionnel en pareille situation, une solidarité nouvelle animait les individus les jours suivants conscients de la nécessité de s’entre aider dans la difficulté et la douleur. L’homme humble est silencieux et sert son prochain du mieux qu’il peut plus par pragmatisme que par humanisme; en fait, l'homme a besoin des autres pour vivre toutefois, il ne voit qu'intérêt dans ce qu'il entreprend

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sinon il ne bouge pas son derrière. Fallait il une catastrophe se demandait Pablo pour raisonner les hommes sur le sens à donner au vivre ensemble? Tout partait en vrille. «Et quoi, ne vont ils donc pas réfléchir». Pablo se le demande fréquemment.

Les deux banlieusards étaient plongés dans le doute pour différents motifs certainement existentiels et jamais vraiment traités; d'ailleurs, consulter un psychologue ne viendrait à l'esprit de personne. En effet, dans la psyché collective, le psy c'est qu’on a un grave problème, en somme on est fou.

Aussi, revenons un instant seulement sur les intempéries terribles que connurent l’Europe en cette fin d’année et qui frappa donc la banlieue. En effet, les nombreux dommages collatéraux occasionnés par ces derniers laissèrent les gens de marbre même si les plus malchanceux y perdirent la vie. -«Tiens ma gueule, c’est la poisse». Ce manque d’empathie est, pourrait on imaginer, du cynisme déplacé; or, il n’en est rien, c’est un symptôme ordinaire d’une condition humaine inhérente au 93 sans cynisme aucun! Là est le noyau de ce malaise existentiel littéralement inconscient qui n’affleure pas même un moi intime ignorant. Il est à l’image de cette banalité ordinaire de jouir d’une totale sécurité dans un HLM anonyme de béton armé véritable bunker anti-tornade, laid, sans âme, délavé par les ans qui passent comme un long fleuve tranquille alors penser aux sans abri...A la rigueur, ils songent à l’automobile sur le parking en bas des tours, oui une belle berline allemande avec un crédit en cours alors si jamais les dégâts occasionnés n’étaient pas

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remboursés par les assurances. En fait dans toute histoire il y a eux et nous et en l’occurence eux ce sont les gaulois des zones résidentielles lesquels avaient vraiment et sincèrement du soucis à se faire au regard des toitures délabrées après le passage de la «belle salope» vis à vis de leurs assurances qui rechignaient à débourser l'oseille! Pouvait on réellement dans pareille conjoncture économique si déplorable rester insensible au sort des plus nécessiteux? Oui et en encore oui!

Le gouvernement injectait plutôt des sommes monstrueuses dans les banques malsaines aux combines foireuses pour ne pas dire mafieuses. En revanche, le pauvre type ayant perdu son emploi, son épargne à cause de bandits en col blanc lesquels s'en mettaient plein les poches avec de surcroît des parachutes dorés en guise de remerciements pour avoir ruinés l'entreprise. Voilà à quoi pense immédiatement le banlieusard que personne n’écoute qui n’a en fait que des doléances dans la bouche. Nous en sommes à ce point là de non retour qui est le bandit dans tout ça! Ce cynisme d’une élite festoyant en toute impunité sous les yeux hagards du commun des mortels frise les assises non la correctionnelle en vérité. Pourtant, il ne se passait rien à part si ce n’est la mise au placard d’un opportuniste devenu très riche mais ayant la mauvaise idée de vouloir combiné affaire et politique. Il est vite remis à sa place:

-«Oh ma gueule, tu te crois où? Allez reste avec les tiens!» Voilà ce que semble dire cette mise en examen puis la détention. Pour ceux nés avec une

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cuillère en or dans le cul, c’est simplement une grosse amende avec du sursis voire deux ou trois mois fermes avant de sortir incognito puis de faire un succès de librairie suite à leur descente aux enfers. Ainsi, va dans notre grande et belle République la vie publique avec un deux poids deux mesures institutionnalisé. Le pays se targue d'être la terre des droits de l'homme, la grande nation chère au général mais, «c'est comme ça, la la la» chantait le célèbre duo français, et rien ne change.

Voici un phénomène difficilement explicable sur lequel il y a beaucoup à dire et surtout penser réfléchir or, en banlieue comme dans bien des chaumières de gauche où le parti communiste est encore au pouvoir à l’instar de la commune où Pablo vit où les coco sont bien implantés depuis l'après guerre; c’est une terre ouvrière par excellence, prolétarienne oserait on ajouter en souvenir d’une époque révolue. Aujourd’hui, le Front national chasse sur les terres du PC outre que la peste brune montait en puissance année après année. Était-ce vraiment la seule option politique pour un pays de tradition républicaine comme la France de passer d'un extrême à un autre en à peine deux décennies? Le problème est global ou européen en premier lieu avant d’être plus généralement mondial. or, le banlieusard ne voit pas ce qu’il y a hors de son quartier car il ne vit pas encore à l’heure du village monde sauf au moment de la coupe du monde et encore...Nous observons par ailleurs que le français semble au moment des élections présidentielles dans son choix des candidats possibles ou de son

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abstention délibérée soit incohérent irrationnel puisqu'il ne vote pas pour un parti, un programme, une philosophie politique, un idéal, un pragmatisme forcené mais plutôt pour punir et se punir dans le même temps, sacré bougre de lui! Ainsi, on se retrouve dans les faits au deuxième tour des élections présidentielles de 2002 avec un facho et un voleur!

Nous avons dans l'hexagone les politiques que nous méritons devrait on dire! La vie politique est totalement pervertie par d’une part, la corruption, l'opacité, les connivences indigestes entre monde politique et élite financière dans lesquelles sont impliquées nos présidents faisant la une des journaux télévisés et autres quotidiens sans même parler de la toile. Finalement, le citoyen lambda n'a plus aucune confiance en ses représentants nationaux et européens pour lesquels il mit l’enveloppe dans l’urne sans savoir exactement qui fait quoi pour lui. En effet, ils sont des individus quasi inconnus ou bien abstraits dans l’inconscient national collectif outre que le gap est toujours plus large entre eux et nous; l’abstentionnisme explose tant aux européennes que dans le pays et la classe moyenne est écœurée par ce trop plein de magouilleurs et opportunistes car combien sont ils à vraiment croire en ce qu’ils sont et font pour le social.

Par ailleurs, s’ajoutaient au fil du temps et du ressentiment général à «cet ensemble hétéroclite» les propos controversés et surtout fâcheux du premier français sur la primauté du prêtre sur

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laïcité. C’est une provocation réfléchie de plus ou alors une bourde monstrueuse d’un président bling bling tel qu’il se donne à voir dans les médias envers une profession qui mériterait plus de respect de la part du chef de l’état. Selon les mots du

franciscain M Jeunet, «le christ sur la croix poussait les hommes à assumer leur tort afin d’être plus à même de juger les autres!» A méditer. Le petit homme n‘accepte aucune critique le touchant de près ou de loin, pire il est même prêt à mettre en œuvre des représailles régaliennes contre tout contradicteur car la politique est une arène où tous les coups sont permis. Qu'en est il du commun des mortels dans ce fatras? Comment est il perçu par l'élite? Le mépris et l'arrogance sont deux vertus cardinales inhérentes à l'intelligentsia parisienne experte en sociologie de boulevard comme en philosophie de caniveau. Elle, du moins ces représentants, est invitée sur tous les plateaux de télé en tant qu'expert pour disserter sur ces «révoltés nihilistes» du 93 qui ne respectent même plus les grands frères!

-«Wallah frerro, sa mère la pute; comment y parle le bâtard». Cependant, qu'il s'agisse du premier

français insultant un pauvre type ou du jeune «sauvageon» faisant les poches d'un candidat en campagne, l'individu raisonnable ressent tous ces propos tenus ici et là comme des injures, un manque de respect et de dignité de la personne. En outre, on constate un manque d’humilité d'un coté et de réflexion de l'autre; finalement, il y a une absence totale d'empathie de l'ensemble des partenaires

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sociaux. En allemand, l’emploie des termes neben

einander leben vivre à coté de plutôt que mit einander leben, vivre(avec)ensemble est l’exégèse

philologique et épistémologique de ce qu’est la cité des hommes, vivre ensemble…

Tel est le constat brut de Pablo sur ce phénomène de repli sur soi. Une société indifférente fragmentée où l'humanisme de nos jours est devenu un mot étranger des gouvernants lesquels composent de surcroît des lois sur mesure en fonction des faits divers qui régissent de facto la vie politique! C’est un comble, non?

Voilà une drôle de manière de faire de la politique messieurs! La politique telle qu’elle est pratiquée présentement sous nos yeux est émotionnelle à l’instar d’un super spectacle hollywoodien, il faut impérativement entertain people (sic). Alors oui, où est effectivement le long terme qui reste le fondement de toute construction politique et culturelle? Visiblement l’animal politique trônant sur son fauteuil à l’Élysée ne se souvient ni des leçons d’Aristote ni même ce celles de Fernand Braudel plus proche. Et le quatrième pouvoir dans tout ça? Il suit le mouvement sans faire de vague puisque politique, finance et la presse appartiennent souvent à une même personne, groupe, entité bref, inutile de donner des noms vous trouvez si vous cherchez un peu! Les chaînes de TV repassent en boucle des moments anecdotiques qui ne touchent pas le fait politique dans ses fondamentaux mais sont un divertissement; le mot est lâché et le fameux: «casse

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France appartenant au top dix des plus belles boulettes présidentielles ou ministérielles à l’instar des «raffarinades» de l’ancien premier ministre de

Chirac. Un président en exercice est censé

représenter l’image de la France puisqu’il est le premier diplomate français mais avant tout il doit être irréprochable. Or, un tel comportement immature est incompatible avec la fonction présentée ci dessus. Mais, rien ne le touche, ni ses boulettes, ni ses mensonges récurrents, ni ses promesses non tenues tellement, il semble hors d'atteinte; l’indifférence du roi, dans sa forme lexicale et en langue claire, je cite:

le pouvoir de se déterminer par pure volonté en dehors de toute considération externe. A partir du

moment où l’individu arrête son choix, automatiquement les mécontents montent au créneau. Pablo ne faisait pas exception à la règle. A vingt ans, il tirait sur tout ce qui bougeait en raison sans doute d'un manque évident de filles avec lesquelles, il pouvait flirter et tenir les murs! Baiser et se défoncer, telles étaient les deux activités qu'ils chérissait plus que tout. La vie pour lui était au jour le jour. Le chômage dans la cité durant ses vertes années était à son comble puisque pas un copain ne travaillait à l'hiver 85/86; résultat, ils faisaient des matchs de foot dans la cité après avoir fumés quelques joints d'herbe du diable. Vingt ans plus tard, Pablo était toujours en quête de son identité voilée par un père évanescent de surcroît déraciné, victime collatérale de la folie guerrière des hommes du vieux continent. Les vieux ne parlaient guère du passé, de la misère, du pays d'origine, de la guerre.

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Son paternel préférait garder les yeux rivés sur les pronostics du tiercé qu’il déchiffrait difficilement en dépit de 50 années passées en France. Enfin, il passait tout son temps devant la télévision d’où le ressentiment de Pablo à l’égard d’un père silencieux. Un vent de folie puisant ses origines outre atlantique soufflait crescendo depuis bientôt vingt cinq ans sur toute la planète. Cet élan capitaliste se nommait néolibéralisme toutefois, au départ, on parlait en France de la pensée unique. Le capital ne parvenait pas aux citoyens du monde de la même manière! Par ailleurs, sur Paris comme disait l'autre l'argent ne connaît aucune ségrégation! Elle est bien bonne celle là rétorquait Farid en regardant Pablo pleurant presque de fou rire répliquant: alors pourquoi restons nous à la porte des discothèques et des bars pendant que les français et les touristes s'éclatent à l'intérieur? En effet, mon grand, rien à rétorquer à ces faits parlants! Le pognon puait l'odeur de la cité, attention racaille, c'est triste et arbitraire. L’injustice est flagrante et surtout elle a un goût bien amère dans la bouche de jeunes gens fêtant leur vingt ans. D’autre part, ce nouveau pouvoir économique est hégémonique enfantant de par la planète de nouvelles places fortes complètement acquises aux actionnaires toujours plus riches et les indigents toujours plus précaires; une prospérité ciblée avec une croissance exponentielle, ah mon ami, des termes doux à mon oreille dirait l'oncle Picsou, figure

de dessin animée américaine. Les effets pervers de

ce néolibéralisme débridé se firent sentir dès les années 1992 de par le monde à l'instar de

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l'Argentine. Les patrons de grands groupes créent des emplois dans des pays émergents, délocalisent à tour de bras où le travail était à moindre coût dans les usines d’assemblement, maquiladoras à la frontière américano mexicaine ayant une durée de vie limitée naturellement. Ainsi, ces multinationales pouvaient se féliciter de procurer aux plus démunis du boulot et par Toutatis de surcroît chez eux! N’a t’on pas bon coeur sembleait il affirmer. Ainsi, va le développement économique nouvelle tendance depuis les années 80 pourtant dénoncé par les gauche du monde entier, trop timide ou qui vendirent leur âme au diable ( tirade du président vénézuélien

Chavez à la tribune des nations unis en 2004 qui

nomme Bush Junior et les USA el diablo); certes il existe encore quelques journaux ou mensuels courageux dénonçant cet état de fait démoralisant et cynique à souhait. Quand l'Europe sclérosée s'enfonçait dès lors dans un chômage de masse à l'instar de l'Angleterre des années Thatcher, les USA avec leur way of life, innombrables séries films hollywoodiens hamburgers; bref Mac World devenait la formidable opportunité de créer le modèle avec sa pensée unique par excellence "made in USA". Donnons un dessein réaliste et parlant de ce que peut être ce business: bien, admettons que vous rouliez dans votre deux chevaux Citroën depuis Lille vers Perpignan via l’Île de France. Or, sur plus de mille kilomètres vous retrouvez comme par magie les mêmes enseignes et logos avec leurs motifs inoubliables ancrés dès lors dans votre subconscient plus que votre esprit! Vous découvrez des chaînes

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de restauration rapide avec tous les services nécessaires à la consommation du citoyen lambda dans des zones industrielles périphériques identiques de leur conception à leur effets sur l’environnement humain et écologique. Il appert par ailleurs que vous n'êtes plus du tout dépaysé. Par ailleurs, cette vision semble annihiler en dépit de sa simplicité tant les particularismes culturels que les traditions et modes de pensée régionales des pays qui, au final, semblent brader tant leur patrimoine matériel qu’intellectuel en bradant des cultures anciennes et leur patrimoine génétique en restructurant tout bonnement l'état jadis providence symbole de la la république française voire de la sociale démocratie allemande etc,. C'est un euphémisme pour dire par exemple, dé structurer, rationaliser pour «dégraisser le mammouth» en mettant des millions de gens sur la paille comme en

Argentine avec les inoubliables concerts de

casserole de rue pour manifester contre cette politique d'austérité décidée par le FMI et la banque mondiale qui, rappelons le, était la condition sine qua

none d'accéder au dit «crédit». L’entrepreneur, Medef, en France voulait lui aussi anéantir un

modèle sociétal acquis de longue lutte et garantissant une certaine justice sociale jugée dès lors obsolète par le capital en raison de l’évolution des marchés notamment un actionnariat dictant son dogme suprême: le retour sur investissement 15% minimum. Des profits par Toutatis! Certes, le jeune banlieusard se contre fout de tout ce jargon inaudible. En général, il ne s’informe pas à

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l’exception des rubriques sportives. Il ne lit pas, à la maison il n'y a pas de livres ni même d'échange des idées donc le vocabulaire est restreint. En revanche, Il est obnubilé par les Marques car il veut lui aussi consommer mais ses poches sont vides. Il reste alors la contrefaçon pour sauver les apparences. Pablo cite Hanif Kureishi, un romancier anglo-pakistanais culte lequel décrit dans «le bouddha de

banlieue» cette vie ringarde banlieusarde

londonienne qu‘il cherche justement à fuir! On peut transposer allègrement l’ensemble à la vie dans le 93: «seul ce que les autres voyaient importait(...)».Il ne se sent pas à sa place dans un pareil univers fait d'incivilité permanente, d'irrespect des êtres comme de l’environnement dans lequel tous vivent pourtant: «j’ t’emmerde, ta mère elle suce des bites!». De telles paroles sortent tout simplement de la bouche de gamins de douze ans sur le chemin de l'école. A l’autre extrême de la chaîne, à dix kilomètres seulement de la cité, nous retrouvons d’autres gamins voire des adolescents de la bourgeoisie marocaine de Casa venus étudier à Paris pour faire une prépa aux grandes écoles; les jeunes des collèges et lycées parisiens intra-muros parlent un français léché. Il y a une frontière mentale et physique invisible qui séparent deux mondes distincts. Quelque chose ne tourne pas rond dans notre société. Ce phénomène est une sorte d'apartheid sociale économique et culturelle historiquement programmée dont la frontière symbolique est le périphérique. Ces paroles crues ci dessus citées valent tous les essais sociologiques

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critiques. Pablo n’oubliait pas cette anecdote croustillante et bien amère en vérité: une salle de cinéma projette une comédie burlesque bien franchouillarde; les acteurs s’évertuent à faire de l’esprit mais visiblement le public ne réagit pas au jeu de mots puisqu'il y a un défaut évident de culture générale. Dans le prolongement de la scène, un personnage excédé perd son calme et insulte une pauvre dame de salope, de pute bref, la salle éclate de rire...Le chantier, si l'on peut parler ainsi, est gargantuesque car il recouvre l’éducation des esprits et des cœurs; l’axe prioritaire de toute politique intelligente réside dans l'instruction la culture puisque il s’agit de l’avenir du pays et de ses générations futurs donc, l'éducation, la santé, l'école bref le culturel doit être la grande priorité afin de battre le chômage et la, précarité synonyme de violences familiales, d'alcoolisme, de dépendance et de criminalité; le maire de Sevran en appelait même à l’armée pour réinstaurer la normalité suite aux divers événements qui endeuillèrent la commune. La liste de tous les problèmes concernant la banlieue ne peut être exhaustive La relation de cause à effets nous semble désespérée et perdu d'avance surtout quand le politique songe à mettre un uniforme derrière chaque citoyens. Telle est la manière de penser d'une majorité de politique complètement à l'ouest n'ayant jamais mis un pied dans le 93 voire vécu parmi ces gens invisibles qu'ils dénigrent à longueur de temps. Les plus âgés qui ont la chance d’être encore des salariés à plein temps sont pris à la gorge, voient impuissants leur condition de vie se

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dégrader jour après jour. Un phénomène nouveau vit le jour dans l’hexagone: la séquestration de patrons d‘entreprise par les employés. En effet, la crise économique avec ses pertes d’emplois, les délocalisations, l’absence de compromis réels et tant d’autres conséquences dues à cette politique néolibérale de l’argent roi poussent les salariés à tomber dans l’illégalité en retenant contre leur gré les cadres de l’entreprise (Sony France, 3M, etc.) risquant ainsi des poursuites pénales. On peut dire sans se tromper que le système pousse de braves types à la criminalité.

- «O Pute vierge» se lamentait Nelson licencié avec d’autres camarades manutentionnaires et songeant aux crédits qu'il avait sur le dos.

- «Frerro, on s’est fait enculer à sec» reprit Kamal par ailleurs en pleine guerre psychologique avec son ex pour la garde partagée des gamins! Le pognon est au cœur des troubles familiaux dès lors que la discorde règne entre les époux, partenaires pacsés car comme le chantait Jacques Brel dans «ces gens là»: «non monsieur, dans cette famille on ne pense pas, on compte(...)on triche». Ainsi, va la vie: licenciements, fermetures d’usine, reclassements, indemnités misérables, procès aux Prud’hommes! Inutile de préciser que les plus âgés retrouveront difficilement un emploi voire même un salaire équivalent au dernier touché. Qu’en est il maintenant du jeune diplômé du 93 cherchant à se construire un avenir à s’extraire de ce cercle vicieux décrit plus haut pour goûter aux joies légitimes de tout français de son âge. L’identité est un frein comme on le voit

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tous les jours, recherche d'emploi ou d'appartement et enfin l'entrée en boite de nuit; c’est l’alibi facile qui clôt les espérances d’un prêt bancaire pour créer son entreprise, le refus d’un premier logement le contraignant ad æternam à garder sa chambre d’enfant chez ses parents sans lesquels il serait dans la merde. Pablo a le sentiment que tout ces jeunes Muhammad français diplômés doivent migrer vers la City pour vivre dignement d'un travail pour lequel ils sont formés sans ce racisme patent hexagonal si coutumier. La France est colorée, plurielle attractive justement en raison de sa diversité culturelle. Mais la France fait de cette diversité culturelle extraordinaire une ségrégation.Toutefois, déontologie et bon sens ne valent rien face au seul profit et son esprit partisan donc l’immoralité et l’intérêt phagocytent même la sphère syndicale devenue moribonde dans le privé. Pour le public la situation est différente certes, le nombre de cotisants à péricliter au cours des ans et si l'on peut comparer cette situation française aux puissants syndicats outre Rhin, il n'y a pas photo. L’état français a perdu son âme en détruisant peu à peu son état providence au motif d’une pensée unique clamée à tort et à travers depuis 1980. Le banlieusard est lui même devenu -dixit les experts des plateaux TV- par la force des choses un nihiliste endurci. Rien de surprenant à cela au regard de cette réaction de haut en bas. Nous observons un écœurement général qui effectivement se traduit dans les urnes par l'abstention laquelle croît au fil des ans à l’instar des élections européennes de 1999 avec 44% de votants

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soit 5 points de moins que le précédent scrutin. Le désaveu est cinglant pour les politiques qui continuent à ne pas entendre ce ras le bol de la rue. Certains disent même que ce n‘est pas la rue qui gouverne quand cela les arrange toutefois, c‘est bien la rue qui élit ceux là même qui les snobent à l‘heure où cette rue leur tend le miroir en pleine face afin qu‘ils se mirent dans toute leur idiotie. Les critiques venant de cette France d'en bas sont inadmissibles selon eux. Il y a de fil en aiguille rupture de confiance entre d’une part, la commission de Bruxelles, les députés de Strasbourg et les 450 millions de citoyens européens électeurs qui ont élu le parlement. Cette déconnexion entre citoyens et parlements est terrible de conséquences à moyen et long terme. Cela sape la confiance des citoyens en cette entité politique coupée du peuple européen sans parler du niveau national. Le français juge sévèrement ces technocrates bien trop loin d'eux; le référendum populaire censé approuvé en France la futur constitution ultralibérale européenne comme en Hollande du reste marqua ce désamour consommé entre peuple et institution technocratique. Nous en sommes arrivés à la voie référendaire démocratique brute laquelle est devenu un handicap pour les politiques qui donc préfèrent sans remettre au seul parlement national pour ratifier la constitution et ainsi mettre hors jeu la vox populi. Par conséquent, l’individu est cloisonné dans un rôle de spectateur victime d’une belle arnaque philosophique et politique adieux les valeurs démocratiques si chères aux politiques. Ces symptômes n’étaient pas sans

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incidence sur l’assurance des ménages observant justement cette dérive morale dans les propos et les actes de leur président. «La chronique du règne de Nicolas 1» de Patrick Rambaud est une satire politique sans concession du chef de l'état et d'un fonctionnement douteux décomplexé; d'ailleurs, la première décision pas banale du tout que prit le roi Nicolas fut une réévaluation de son salaire de 175%, oui vous avez bien entendu, non vous ne rêvez pas chères concitoyennes! Nous restons dans le principe capitaliste qui a fait ses preuves par les chiffres stocks options, parachutes dorés en dépit de piètres résultats économiques de certains patrons dont les conséquences effroyables se traduisent pour les petites gens en perte d'emploi ou de réduction salariale afin de garder leur emploi outre que ces derniers ne peuvent qu'espérer une augmentation de 1,5%! La voyoucratie en col blanc est à l’heure où le chef de l’état est supposé montrer l’exemple de la rigueur économique plus forte que jamais. Bref, faites ce que je dis mais pas ce que je fais! Nous assistons aux licenciements pour cause de restructuration un euphémisme pour politique actionnariale tout azimut. La réciprocité n‘existe jamais. De la morale parbleu clamait on à tue tête dans les tavernes! La rue- étudiants chercheurs infirmières médecins- est en colère et use de méthodes parfois à la limite de la légalité d'une majorité silencieuse approuve en raison du manque totale de respect pour la classe d'en bas; le politique quant à lui lui dort sur ses deux oreilles! Le monde des affaires connut à maintes reprises des faillites

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retentissantes - 1873/1929/1973 crash pétrolier/1983 et la crise asiatique de 1997/98 - et pourtant nul n’en tira jamais les enseignements en ce début de 21 siècle. Rappelons toute la luminosité des propos du poète médiéval Farid Ud Din’ Attar expliquant l’erreur fondamentale de l’homme avec les mots de la huppe dans «le langage des oiseaux»:

- «O toi qui est sensible aux choses extérieures sans t’occuper des qualités essentielles, et qui est resté attaché à la forme!(…)»

L'homme se trompe de débat sans pour autant s’inquiéter outre mesure de ses boulettes récurrentes». L’individu est donc la cause non le symptôme du problème car le marché est sa création. Pour son malheur, il a négligé toute régulation indispensable au bon fonctionnement d’une économie mondialisée à visage humain. Lorsque Sarkozy fanfaronne lors d’une visite dans le nord aux sidérurgistes d’Arcelor Mittal qu’il s’engage personnellement à préserver leurs emplois dans l’acier plutôt qu’envisager une délocalisation du site. Il fit preuve d’une désinvolture inadmissible et mensongère. Par conséquent et inévitablement, les effets de ses promesses non tenues furent catastrophiques pour le moral des dits licenciés et de leurs familles. Si de tels agissements moraux ne sont pas de nature criminelle alors quoi? En réalité, M.

Sarkosy n’a que faire de ces gueux perdus dans le

nord d’ailleurs, c’est le sentiment général chez ces derniers à l’heure de la fermeture de l’usine un an après sa fameuse visite. Mais le croyaient ils vraiment, seul un naïf endurci pouvait prendre au

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sérieux pareil chef d’état? Le marché mondial n’a que faire de sentiments ou de patriotisme économique déplacé à l’heure du village monde. Le bon peuple fut une fois de plus le bouffon de la farce. Ainsi ai-je entendu…

Pablo sursauta et laissa tomber son journal au son strident de la sonnerie. Il était bien trop fainéant pour la bricoler un chouia...Il jeta néanmoins un coup d’œil au judas découvrant ébahi deux policiers et son gosse tête basse, le cheveu hirsute:

-«Il ne manquait plus qu‘eux,» soupira-t-il. -«Bonjour messieurs.

-Bonsoir monsieur Fernando de la Lucia, agents

Labité etTartinez. C’est bien votre fils Diego?

-Tout à fait monsieur La Bite -Labité, je vous prie.

-Pardon!

-Aucun problème. Nous avons surpris votre fils près du collège en pleine euh…

-Branlette», s'esclaffa l'agent Tartinez.

Son supérieur lui jeta un regard noir comme à chaque fois qu'il faisait de l'esprit.

-«Il était, reprit le chef, debout devant deux filles qui piaillaient à tue tête. Ces cris nous interpellèrent pendant notre patrouille, aussi nous allâmes derechef vérifier et là, nous vîmes votre garçon tirant tellement sur sa nouille qu’il faillit se blesser. Il nous dit qu’il était en pleine performance. Je ne sais pas trop ce que cela signifie. Votre fils nous affirma que

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deux artistes australiens parcouraient les salles du monde entier avec leur spectacle sur le sexe mâle dans tout ses états. Mais à part ce scoop, votre fils resta muet comme une carpe; heureusement qu’il a son Passe Navigo sur lui ce qui nous permit de vous retrouver:

-avec ce simple coupon RATP!

-Exactement, c’est le progrès technologique; on peut pister tout individu à des fins sécuritaires avec cette petite puce!

La RATP savait bien ce qu’elle faisait en créant ce coupon électronique...

-Est-ce légal comme procédé monsieur ?

-Tout à fait tant que vos coordonnées restent confidentielles!

-Alors le fichage informatique de la population est une bonne chose en dépit de l’atteinte portée à la vie privée.

-Si cela peut faciliter l’arrestation de criminels ou terroristes.

-Soit. Mais, il est question d'une branlette dans notre cas monsieur l‘officier. Que va-t-il se passer maintenant ?

-Rien, pour cette fois monsieur; il doit comprendre qu’on ne peut faire une telle chose en pleine rue. Bon, bonne journée monsieur.»

Pablo referma la porte derrière eux et jeta un coup d’œil à son fils.

-«Allez mon gars, explique toi.

-Je voulais me faire un peu d’argent parce qu’elles m’avaient juré que si je me touchais la bite devant

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elles, les dix euros qu’elles me montrèrent seraient à moi alors je les ai prises aux mots!

-Si tu veux de l’argent pourquoi ne m’en demandes tu pas ?

-Je veux le gagner moi-même… -En te branlant?

-Où est le problème et puis de toute manière je ne me branlais pas vraiment, qu’est ce que j’y peux si j’ai une queue d’enfer!

-C’est vrai...( rêveur) mais l’exhibitionnisme est répréhensible

-Nous ne sommes pas des adultes pervers!

-Excuse moi, mais je n’ai jamais fait une chose pareille et puis je t‘explique les conséquences éventuelles de ton acte. Cependant, je dois reconnaître que tu as du cran de montrer ta bite à ces filles. Moi, je n‘ai jamais osé faire ça (avec une queue pareille!). Néanmoins, le courage Diego (il fait la morale à son fils qui ne l’écoute déjà plus) c’est travailler correctement et quotidiennement j’insiste en cours comme à la maison. L’instruction est l’outil nécessaire pour te construire une solide culture générale et un avenir alors intéresse toi à tout. Ne fais pas la même connerie que ton père! Ton bulletin et les remarques de tes professeurs sont lamentables ce trimestre; c’est bien le premier du genre et le dernier, n‘est-ce pas? De plus, tu es insolent selon ta prof de math. Je vais devoir te punir, tu ne me laisses pas le choix. Ton comportement est indigne de notre famille. Si ton grand père avait vu ce torchon…

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Il comparait mes notes à des buts encaissés au foot. Il m’a dit un jour alors que je lui montrais mon bulletin pour récolter un billet: «t’as même pas marqué un but»

-Trop fort le grand père!

-Papa, ma prof n‘aime pas ma gueule de métèque! Nous sommes avec mes trois copains dans son viseur!

-Ne parles pas de délit de faciès pour te dédouaner de tes mauvaises notes tu veux! C‘est une accusation grave que tu portes à l‘encontre de cette femme aussi avant de proférer de telles paroles, as-tu des preuves concrètes de ce que as-tu avances fiston? Démontre la justesse de tes propos pour me convaincre ensuite on avisera. Fais tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler. Décidément, j’ai dû rater un épisode! Tu me surprends de jour en jour à croire que je ne suis pas ton vieux.

-Papa, ne dramatise pas comme ça!

-Que fait elle en vérité pour que tu sois aussi remonté contre elle? Comporte toi comme un brave garçon pas comme un concierge.

-OK, je te le promets.

-Je prends rendez vous avec ta prof la semaine prochaine.

-Ce n’est pas la peine papa!

-Tu as donc quelque chose à me cacher? -Pas du tout! Je te le jure.

-Ne jure pas s’il te plaît!

-Mais, si tu lui parles, je risque d’en souffrir après! -Que vas-tu me chanter là!? Si tu n’as rien à te

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reprocher pourquoi y aurait il un quelconque souci, hein? Je veux simplement la rencontrer et me faire une idée, seule ta mère lui a parlé en début d’année à la réunion des parents d’élèves.

-Bon, je sors papa, on va faire un match avec les copains!

-Tu rentres avant sept heures. Au fait, elle est mignonne ta prof?»

Son fils claqua la porte et dévala les escaliers en trombe. Pablo à lui-même, dans quelques jours, il ne me verra plus pour trois bon mois; j’espère que mon absence ne le perturbera pas trop. Est-ce que sa mère va assurer? Il est impossible avec elle. Martine n’a aucune prise sur lui. En vérité, il nous a tous les deux à sa botte comme sa sœur du reste.»

Le téléphone sonne. -«Allô !

-Martine à l’appareil -Dime!

-Quand suis-je censée passer chez toi?

-Je t’ai envoyé un mail hier pour tout t’expliquer… -Oui bon, je t’écoute…

-Lis ton mail Martine, je n’ai pas le temps maintenant, excuse moi, ciao.

-Il m'a raccroché au nez, le goujat! Pablo avait encore quelques affaires urgentes à régler avant son départ. En vérité, il n’avait aucune envie d’entendre son ex. Son fils était un brave garçon, non un turbulent hyper actif incapable de se concentrer en dépit de son imagination débordante! Aux USA, on lui aurait prescrit de la Rétaline. Il traversait une petite crise d’adolescence. Pablo n’était pas

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constamment sur le dos de ses gamins car il avait une entière confiance en eux et puis les adolescents préféraient la compagnie des copains et copines.

Pablo Fernando De La Lucia travaillait en intérim

environ six mois dans l’année le reste du temps, il désirait faire uniquement ce qui lui plaisait dont voyager entre autre chose car il n’avait pu concrétiser avant la quarantaine ses nombreux désirs; ainsi, il partait en Thaïlande sur une petite île du nom de Ko Phangan pour la troisième année consécutive. Tous les ans se déroulait une rave monstre, la fullmoon party Dans son livre Plate

forme- Michel Houellebecq situait cette rave

particulière ailleurs en Thaïlande signe selon Pablo que l’écrivain controversé ne savait pas de quoi il causait; toutefois, c'est totalement égal et inintéressant même si elle est mondialement connue des „raveurs“dit Pablo. Elle est devenue une foire commerciale au même titre que la Love Parade de

Berlin qui n’a plus rien à voir avec cette fête

spontanée du début des années 90 mais rattrapée par son succès initial avant son arrêt final et brutal avec mort d'hommes à Duisburg Elle perdit son âme à cause du fric. La globalisation sous toutes ses formes poursuit silencieusement son travail de sape structurel dans tous les domaines possibles comme on le voit sous nos yeux. Mais ses réflexions métaphysiques incessantes finissaient par ennuyer tout le monde. En réalité, il n’en avait cure de toute cette polémique stérile sur le sens et la justesse de cette rave qui n’était que futilité. Pablo remarquait chez de nombreux adultes une situation analogue à

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la sienne, un besoin viscéral de changer d’air et de style de vie, de consommer de la drogue, de baiser, de délirer un peu ou beaucoup mais l'excès était dangereux à tout point de vue. Le succès d’un spectacle engendrait une délinquance parallèle. En effet, des types louches incognito arpentaient la rave en s’évertuant à refiler herbe pilules et autres choses aux danseurs,touristes désireux de se droguer pour planer et c’était là l'erreur fatale! Ne pas être vigilant car obnubilé par le désir de se droguer comme des adolescents! Un banal trip égocentrique symbole de l‘ère nouvelle selon certains. La police qui avait ses informateurs et ses propres voyous au travail sur place constatait d’une part une recrudescence de la tire à la roulotte avec violence et d’autre part, le deal de drogues avec à la clef des agressions à l’arme blanche pour dépouiller appareils photos, I Pod, I Phone agressions physiques viols avec la drogue du violeur. Bref, tout ce qui était tendance était là bas. L’Asie du sud en générale et la Thaïlande en particuliers sont au cœur d’une région attractive avec des marchés aux potentialités économiques incroyables outre une Chine de plus d’un milliard d’habitants devenue l’usine du monde. L'empire du milieu connaît des troubles ethniques religieux et surtout politique dans ses frontières intérieures et au sud est de son territoire où se situe le triangle d’or: Drogues, jeux, prostitution. Le Myanmar frontalier de la Thaïlande est une dictature militaire d’où part la méthamphétamine, une drogue de synthèse beaucoup plus rentable que l’héroïne; le célèbre triangle d’or inclut: Laos Myanmar Thaïlande et

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l’empire du milieu frontalier omniscient et super puissant en ce 21 siècle selon les propos de M. Harry, un retraité malais d‘origine chinoise, propriétaire d‘un hôtel et salon de jeux à Kuala Lipis en Malaisie rencontré par un ami de Pablo. Ainsi, les bandits qui après avoir refiler des substances nocives aux touristes attendaient patiemment que le sommeil les clouât au sol alors tranquillement, ils les dépouillaient. Mais, les plus pervers de ces malfrats de bas étages ne s’arrêtaient pas là; ils violaient aussi femmes et hommes...Telle était la rançon du succès de la dite „fullmoon“! Une grosse beuverie à faire du fric; d’ailleurs, les organisateurs instituèrent de surcroît un prix d’entrée! Pour les plus critiques des touristes, c’en était trop. Or, les individus payaient sans broncher; ils ne réfléchissaient pas, s‘en foutaient totalement car seul le plaisir comptait. En fait, il y a une réalité économique politique que le touriste ignore puisqu’il ne lit pas la presse internationale se préoccupant uniquement de sa petite personne. On serait presque en droit de dire tant pis pour lui! Il est le touriste roi avec ses devises dans un pays émergent qui se doit selon lui de le remercier pour sa contribution matérielle au développement du pays. La caricature du beauf prêt à tout „en tournée“ pour assouvir un instinct animal est une triste réalité. Les autorités thaïes sont sans pitié avec le touriste qui baise des gamins prostitués en dépit des mises en garde sérieuses des autorités françaises ainsi que celles du voyagiste disposant d'infos nombreuses sur les responsabilités du touriste vertueux surtout au regard des affaires

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récurrentes sur le sujet. L’argument de certains pédophiles est la misère de ces gens donc il aide en toute bonne foi et conscience son prochain. Ensuite, il parlera de la corruption galopante où chacun essaie de faire son beurre pour joindre les deux bouts sachant par exemple que le salaire d‘un fonctionnaire de police thaï ne lui permet pas de faire vivre décemment une famille entière d'où les trafics en tour genre de ce dernier dont rançonné le touriste pris avec quelques grammes d'herbes. On peut se faire un tableau de la vie fêtarde à Phangan pour un touriste un peu naïf. La tension est à son comble dans la capitale entre les chemises rouges et le pouvoir; les conflits les plus anciens indépendamment des troubles liés au thai rak thai de

Shinawatra se situaient dans les trois provinces du

sud à la frontière Malaise. En effet, les thaïs d’origine malaise étaient des citoyens de troisième zone. Leur révolte est légitime; en revanche, elle se radicalisa au fil des ans devenant violente usant enfin de la terreur. Les attentats sont contre productifs pour leur cause et leurs revendications. Les effets de la propagande populiste de l’ancien premier ministre M

Shinawatra avaient fait de ces hommes sans avenir

au yeux du pays des terroristes dans leur propre habitat. La manipulation des foules est une méthode politique globale. Le gouvernement jetait l’opprobre sur tous les musulmans puisque au même moment d’Israël aux USA en passant par l’Europe, l‘Islam était montré du doigt comme une religion violente intolérante avec ses groupuscules pratiquant la terreur. Inutile d'ajouter que le terme islam est

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devenu un fourre tout indigeste amalgamant cultures humaines, régions géographiques distinctes de l'Indonésie au Maroc et d’Ouzbékistan en Afrique du sud. Ainsi, ces pauvres bougres dénigrés ne bénéficièrent pas des bienfaits du tourisme sur le développement de leur région frontalière de la

Malaisie jamais à l’abri de la répression militaire.

L’apprenti touriste restait indifférent à cette ségrégation ethnique, religieuse, sociale et ne voyageait en fait que pour recevoir en fonction de son argent dépensé des gâteries! Il tenait néanmoins des propos dithyrambiques sur le respect ou l’hospitalité thaïe, montrait à ses proches les innombrables clichés de paysages merveilleux, une flore luxuriante, plages de sable fin et blanc, de palmiers, de temples, de singes, de rizières…Or, On constate sur ces photos l'absence de femmes et d'hommes vivant et travaillant là et qui forment des communautés. Le touriste lambda n’a pas forcément conscience de ce que représente pour lui éthiquement et philosophiquement parlant le fait de voyager et la responsabilité qu'il a en tant que visiteur. En effet, le réalisateur suisse J.L Godard disait des gens qui allaient voir ses films qu’ils avaient leur part de travail à fournir en tant que spectateur! Le touriste adulte avait donc des devoirs et le premier d’entre tous était de ré-flé-chir! Cet assistanat pénible n’aidait pas à conscientiser les masses occidentales en partance pour des pays dont ils ne savaient rien des us et coutumes de la langue mais, seul un beau bronzage et un shopping à moindre coût les intéressaient; une sorte

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d’infantilisation aberrante suintant par tous les pores d’un tourisme dit de masse, le torse nu au restaurant bafouant toutes les règles de bon sens et de savoir vivre; voilà une bien mauvaise image donnée de notre culture. Le vacancier n’a plus besoin d’organiser lui-même son temps libre puisque des voyagistes lui disent comment bouffer, baiser et péter. Bien sûr, cette manière de voyager rend service aux individus immatures peu confiants en leurs capacités à s’assumer seuls ne parlant pas anglais victimes de leurs propres préjugés et ignorance.

Cette Thaïlande vue par l’occidental était paradisiaque. La prise de drogue lors de rave géante n’y était pas anodine. A propos défonce, des jeunes dont bon nombre d’israéliens après les trois années de service militaire dans les territoires occupées partaient à Goa ou à Ko Phangan faire la fête

comme pour conjurer toutes les horreurs de la colonisation. La drogue était une fuite en avant pour ses jeunes filles et garçons en proie au mal être. Le viol de cette jeune femme lors de la dernière fête qui était la voisine de Pablo à la pension représente la face sombre de ce paradis tropical. Il n’y eut aucune enquête policière car elle ne déposa pas plainte. Elle rentra en Europe deux jours plus tard. Elle avait toujours eu un faible pour les pays bouddhistes en raison de cette ambiance tranquille dont la mentalité lui convenait outre le fait de ne pas perdre la face en public lui donnait ce sentiment de sécurité évidemment, on parle de petite commune et non de mégapole donc elle se sentait bien de jour comme

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de nuit. Mais, la crise économique de 1998 déstabilisa une première fois le pays un an après la crise russe dans un climat de défiance totale envers le pouvoir économique. L’effet boule de neige était caractéristique de la globalisation. Ensuite vint le gouvernement populiste de Taksin Schinawatra et son parti: «thai rak thai,les thaïs aiment les thaïs » aux méthodes peu démocratiques qui fut renversé par un putsch militaire en 2006. Ce type et sa famille étaient accusés de corruption et malversations par la justice. Ils s’enfuirent à Londres. Pablo était conscient des changements irréversibles ici bas telle la hausse des locations de bungalow, des produits de premières nécessités signifiant pour les indigènes encore plus de difficultés à joindre les deux bouts. Il refusait de regarder la réalité en face sachant qu’il retrouvait naturellement ses amis touristes qui comme lui retournaient toujours dans la même commune mais dans des hôtelleries différentes en fonction des affinités particulières avec untel, des prix et des services car le porte monnaie décidait au final.Pablo était dans le même cas que ses amis étrangers si ce n’était la différence d’age; ces derniers avaient derrière eux l’éducation de leurs enfants tandis que Pablo était confronté à l‘adolescence de ses gamins. C’était une des raisons de son anxiété relatée plus haut à la veille de son départ. Il avait fini de préparer sa valise préférée au classique sac à dos du routard en raison d’un mal de dos persistant et puis il n’avait que le trajet jusqu’à son lieu de résidence, ensuite il ne bougerait plus, enfin logiquement parce que nul ne savait sauf dieu

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ce que l’avenir réservait. Cette pauvre touriste découvrit qu’en dehors de son bungalow de rêve vivaient des gens qui peinaient laborieusement avec moins de deux dollars par jour confrontés de surcroît à l’inflation galopante creusant l’écart entre une classe moyenne en plein désarroi et les plus précaires plongés dans le système D qui rappelait étrangement le quotidien banlieusard dans une Europe privilégiée…Nul ne devait oublier en voyage d’où il venait, qui il était et où il allait passer ses vacances. Pablo attendait en somnolant sur son sofa le retour de ses deux enfants pour passer à table. Ses derniers avaient comme de nombreux jeunes français grandis dans des familles recomposées ou mononucléaires et étaient bien fournis en matériel puisque les parents fournissaient souvent en double PC, I Pod,TV et tout un stock de futilités faisant d’eux des consommateurs en puissance. Naturellement, ils ne s’en plaignaient pas, au contraire. En revanche, l’appartement était à leur goût trop exigu avec tout de même 60 mètres carrés. Cette critique était symptomatique d’enfants gâtés par une société qui avait fait d‘eux des rois. Pablo avait fait de la demi pièce existante son coin chambre à coucher pour laisser le maximum de place à sa progéniture. Ce manque d’espace récurrent des logements sociaux plombait parfois le moral de ses habitants les confinant dans un sentiment de mal être, même s’ils en étaient pas toujours conscients. Il était difficile de s’extirper de là faute de revenus suffisants vers d’autres cieux plus confortables; à l’image des personnages du remake de Scarface cherchant en

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Amerique du nord la fortune avec Al Pacino dans le

rôle principal jouant un cubain Tony Montana lequel est une véritable idole des jeunes du 93, le rêve américain.- «Regarde ces mains Mani, elles sont faites pour l‘or et moi, puta de su Madre, je les ai dans la merde…»La caméra était en plan fixe sur le camion de frites des deux compères rêvant de dollars et de filles alors qu’au loin clignotaient des néons affichant la maxime «the world is yours» le monde t’appartient. Toute la philosophie de vie de nombre de jeunes banlieusards était résumée dans cette scène du film. Ils désiraient plus que tout au monde de l' argent synonyme de pouvoir, de gonzesses et de berlines allemandes Porsche,

BMW, Daimler-Benz, VW, Audi. Sinon, il y avait

l’achat dit de frustration qui était une autre facette du jeune adulte paumé dépendant des jeux de hasard tels le tiercé, jeux de grattage où il s’endettait gravement. La chute était plus terrible encore à cause de cette folie du paraître, être ce que l‘on n‘est pas. En outre, on ne peut acheter le goût et la culture générale acquise au fil d’années de travail sur soi. Chez d’autres, le voyage était l’unique occasion de se découvrir loin de la dureté et de la mesquinerie proche, du regard hypocrite commun dans les cités du 93: «le petit monde de Don Camillo». Être soi même était possible seulement en dehors du carcan clanique. En outre, trop d’individus ne connaissaient du monde que leur quartier ou leur rue…Qu’attendait Pablo de ce voyage? Paix, calme et volupté. Il espérait se ressourcer, décompresser et trouver une paix intérieure importante pour son moral durant ce

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long séjour. Il ne savait comment gérer son stress car il prenait la vie trop à cœur perdant toute sa raison dès lors qu'un sujet le concernait d'une manière ou d'une autre. Aussi, après avoir essayer maintes techniques de relaxation sans grand résultat du fait d'un manque d'assiduité et de patience évident dans la pratique, il retomba inexorablement dans ses travers habituels. Ce type de comportement émotionnel était déjà présent à l'adolescence au collège et se traduisait concrètement par une fumisterie provocante le rendant sympathique aux yeux de certaines copines de classes; comme si le rôle de coq de la basse cour n'était pas suffisamment honteux s'ajoutait alors ce poil phénoménal dans la main d'où un absentéisme fréquent que les parents débordés et peu regardant sur les résultats et le travail du rejeton à l'école était loin de se douter. Pablo était un garçon correct; voilà comment la mère voyait son fils et pas autrement! Les mères ne sont pas objectives. L'argent faisait défaut à la maison aux alentours du 15 de chaque mois. Il fallait donc attendre un ultime tiercé gagnant qui aurait permit à la fratrie "de partir en Australie" faute de quoi, la mère devait quémander une somme suffisante auprès de voisins mal à l'aise face à ces demandes récurrentes mais, pour une mère, il fallait bien remplir le frigo et pourvoir aux dépenses quotidiennes jusqu'à la prochaine paie; le contraire était inconcevable! Du reste, ils étaient toujours remboursés. Pablo notait jadis sur le visage et dans les yeux de sa mère une gène perceptible sans le rouge au front mais, ces regards posés sur elle

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étaient pire que tout avant de lancer du bout des lèvres nous avons besoin d'argent et allait chercher une dizaine de billet de cent francs broyait sa dignité de femme. Le père était bien trop fier pour cette tache ingrate qui revenait de facto à sa femme résignée. Dans cette population immigrée ouvrière aux faibles revenus et peu éduquée, ces problèmes financiers cités plus haut sont malheureusement la norme non l'exception. Les individus apprenaient suffisamment tôt à compter en prévision de soucis croissants. Comment payer les factures lorsque l'alcool et le jeu prenaient une moitié des revenus du foyer?Ce n'est absolument pas une fatalité mais bien une absence totale de réflexion et de courage afin de se sortir de la merde dans laquelle l'un des époux emmènent avec lui dans sa chute l'ensemble de la famille. N'a t'il pas juré honorer devant le maire ses responsabilités d'époux ?On lit dans les faits divers qu'une femme s'est suicidée laissant derrière elle trois enfants et un mari poivrot. Nul n'avait remarqué ou même supposer que cette femme passerait un jour à l'acte et ignorant un anéantissement à petit feu jusqu'à tuer en elle toute révolte intérieure; tel est le résultat implacable de cette violence diffuse sociétale. Chômage d'un père terrorisant sa fratrie, buvant les derniers deniers et se prenant pour le roi. Bref, un beau matin, la cité se réveille dans le vacarme des sirènes de pompier et de la police faisant une enquête de voisinage suite à la défenestration de Madame du 5 étage transpercée en bas par les arbustes taillées où dans cette même cage d'escalier deux ans plus tôt, un jeune était

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fauché par une fièvre phénoménale. A trois entrées de là, un alcoolique abruti balançait son enfant de deux ans et demi contre le mur du salon sous les yeux de ses enfants horrifiés lui fracassant le crâne. Heureusement le môme survécut à cet attentat...Pablo avait des tas de souvenirs terribles en tête. Il avait eu à plusieurs reprises l'idée de les consigner dans un journal intime. Cela resta naturellement à l’état d’idée, trop macabre selon lui et puis, un de ses copains lui assura que c’était là un truc de filles et pour preuve, il était tombé sur le cahier intime de sa sœur. Être la risée de toute la cité parce qu'un copain vend la mèche, non, il n’en fallait pas plus pour lui ôter une bonne fois pour toute l’envie de devenir écrivain. Enfin, délaissant les commérages quotidiens, il reprit ses esprits et alla préparer les légumes pour le repas du soir car les enfants n’allaient plus tarder. Il ouvrit le frigo, sortit les poireaux, s’attabla avec son couteau et les coupa en rondelles fines puis versa le tout dans l'évier pour les laver à grande eau et éliminer la terre prisonnière à l'intérieur du légume. Il fixait maintenant la coupe de fruits qui débordait de belles mangues et oublia complètement ce qu'il était en train de faire pour s’envoler virtuellement vers la Thaïlande s’imaginant déjà au sortir du petit déjeuner. En effet, le matin, il prenait toujours quelques cocktails de fruits mixés avec du nescafé et des pancakes. Après un copieux petit déjeuner, il retournait dans son bungalow se faire un stick, fumait discrètement à l'intérieur de sa chambre puis s'allongeait dans le hamac sur le pas de la porte et faisait une petite sieste alors qu'il

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sortait de Sept heures de sommeil. Tel était son programme plutôt classique pour le début de journée avant d’attaquer la plongée ou plutôt l'apnée car la cote était merveilleuse en dépit des dégradations importantes du massif corallien, pêche à la dynamite, tourisme mais aussi, réchauffement climatique,une démographie en hausse, une raréfaction de la biodiversité. Le touriste lambda occidental à l'instar de Pablo est censé avoir une pensée concernant le fait touristique, la politique, le rapport aux cultures étrangères aux individus et les investissements étrangers sur des marchés émergents prometteurs mais qui au final n’apportent pas les emplois espérés pour les populations locales ni même des infrastructures nécessaires comme le tout à l'égout, l'eau potable dans chaque foyer avec des latrines. On parlait de développement durable à visage humain. Pablo constatait au fil des ans les changements en ville, la hausse des prix des aliments de première nécessité et des loyers des bungalows. De fil en aiguille, Pablo avait la nette impression que les propriétaires cherchaient un nouveau public moins routard plus huppé! Toutefois, la réalité économique telle qu’elle était vécue par les autochtones à Bangkok loin de là n’augurait rien de bon et rattrapait tout un chacun car les manifestations de rues contre la vie chère étaient quotidiennes et se répercutaient jusqu'en province. Le touriste était quant à lui énervé par la tournure des événements pour des raisons égoïstes. En effet, tout ces manifestants en chemise rouge ainsi que d’autres en chemise jaune dans d'autres quartiers

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sifflaient criaient brandissaient de grandes pancartes et bloquaient in fine le trafic pendant que des petits groupes autonomes cherchaient à en découdre! Protester disait Boris Vian dans l’une de ses chansons n’était jamais vain; c‘était même un devoir citoyen lorsque le pouvoir était à l’ouest. L’insatisfaction populaire régnait partout puisque les gouvernants ne maîtrisaient plus la situation chez eux. La réaction spontanée du touriste mécontent était légitime suite à ce chaos qui pouvait éventuellement lui pourrir ses vacances; mais, que représentent ses petits loisirs par rapport à des centaines de milliers d'individus manifestant pour leur survie bientôt dans l’incapacité d’acheter du pain à leurs rejetons. Comme bien souvent dans les pays rongés par la corruption, la presse était muselée. En France, songeait Pablo, cette dernière connaissait une grave crise depuis une bonne décennie; les gens lisaient moins c'était un fait peut être en raison du prix élevé du journal. Quand on pense à la modicité du quotidien populaire allemand ou anglais qui malgré tout connaît les mêmes ennuis; la conjoncture est globale...Les fusions, les rachats de titres par de grands groupes créaient des monopoles aux conséquences néfastes pour la qualité de l’information et son traitement, une uniformisation de l'information enfin une autocensure. Comment écrire sur telle firme quand celle ci appartient au groupe qui vous emploie! A coté de ces remarques de nature déontologique et éthique, on note que cette profession au pays de Voltaire est mal en point; d‘ailleurs, le journaliste est un pigiste Free lance qui

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ne vit plus de sa plume et doit donc composer pour assurer un revenu minimum décent: une journaliste

Free lance déclarait à la radio gagner environ 800 E

par mois. Seul une infime minorité privilégiée ayant sa place au soleil du gratin parisien que l’on nomme aussi «intelligentsia» parisienne souvent héréditaire quasi monarchique au même titre que les politiques, les fils et filles de se retrouvent sur les bancs du parlement et c'est identique dans le paysage audiovisuel.Pablo revient fringant et à chaque fois dégoûté dans cet univers banlieusard que n’a certainement jamais connu le bobo parisien chroniqueur analysant le plus sérieusement du monde la condition sociale de ces familles touchées de plein fouet par les expulsions, les doubles peines sans même avoir fait l’expérience de la substitution que seul le vrai intellectuel anthropologue sociologue entreprend lorsqu’il décide d'étudier de près des individus, des sociétés, des clans. Si en revanche il ne met pas une seule fois les pieds dans un RER B aux heures de pointe sans même parler de vivre pendant deux ans dans ces cages à poules, il ne sera selon Pablo qu’un vulgaire usurpateur genre le romancier people BHL lequel caricature à gros trait dans ses textes outre une ignorance caractérisée des thèmes choisis: Pakistan, Yougoslavie, Libye, le

Darfour outre qu'il ne parle ni pachtou, ni arabe ou

serbo-croate néanmoins, il se met en scène dans ses reportages en tant qu'ami de feu le commandant

Massoud....Pascal Boniface a écrit un bouquin

éclairant sur ces nombreux faussaires parisiens ayant pignon sur rue, plateaux et presse mais

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passons...Pablo reviendra avec des cadeaux plein la valise pour ses enfants et peut être les couilles vides comme disaient les copains qui le narguaient gentiment! Il ne faisait pas de tourisme sexuel. Mais, d’autres types de son quartier comme beaucoup d’européens voulaient tirer tous les jours tellement ils étaient accro au sexe. Ces mêmes européens reprochaient à leur femme leur émancipation qui tuait leur vie sexuelle qu'il jugeaient d’une tristesse à cela s’ajoutait des problèmes de libido d’éjaculation précoce qui ne donnaient pas à leur femme vraiment envie de s’embarquer dans une frustration prévisible à moins que la petite pilule bleue devienne le remède miracle pour de nombreux hommes du monde entier. Phénomène de société encore puisque nous avons un remède à tout et tout de suite! Donc, le cinquantenaire bedonnant, le jeune étalon en fête perpétuelle, le fonctionnaire quadragénaire frustré de sa vie de merde n’ont plus aucun scrupule à acheter du sexe puisque, la société dans laquelle ces braves gens vivent à elle même contribuer à banaliser le sexe, le corps en relation avec du savon, du café, de la crème voire du fromage car le thème est vendeur! Comment jeter la pierre à tout ces pauvres types abrutis par la TV si ce n'est qu'ils sont coupables de ne pas penser. Le chantier dont il était question au tout début de ce récit se complique au fil des réflexions mais tout n’est pas aussi négatif. L’espoir qu’entretient Ralph bientôt 59 ans et seul voudrait se remarier avec une jeune et belle femme, ce qui est réconfortant pour l‘avenir d'ailleurs il retrouverait une seconde

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