R´ epublique Alg´ erienne D´ emocratique et Populaire
Minist` ere de l’enseignement Sup´ erieur et de la Recherche Scientifique Universit´ e Mohammed Seddik Ben Yahia - Jijel
Facult´ e des Sciences Exactes et Informatique D´ epartement de Math´ ematiques
M´ emoire de fin d’´ etudes
Pr´ esent´ e pour l’obtention du diplˆ ome de Master
Sp´ ecialit´ e : Math´ ematiques.
Option : EDP et Applications.
Th` eme
Equation d’onde dans un domaine non r´ ´ egulier
Pr´ esent´ e par Rekima Zeyneb
Devant le jury compos´ e de :
Pr´ esident : Menniche Linda Maˆıtre de Conf´ erences B Universit´ e de Jijel
Encadreur : Chikouche Wided Professeur Universit´ e de Jijel
Examinateur : Bekkouche Fatiha Maˆıtre de Conf´ erences B Universit´ e de Jijel
Promotion 2019/2020
Remerciements
Ces quelques lignes ne pourront jamais exprimer la reconnaissance que j’´ eprouve envers tous ceux qui, de pr` es ou du loin, ont contribu´ e, par leurs conseils, leurs encouragements ou leurs amiti´ es ` a l’aboutissement de ce travail.
Mes vifs remerciements accompagn´ es de toute ma gratitude vont tout d’abord ` a mon encadreur W. CHIKOUCHE, professeur ` a l’universit´ e de Jijel, pour m’avoir propos´ e ce su- jet int´ eressant, pour ses conseils et orientations. je la remercie surtout pour m’avoir fait confiance durant toute cette ann´ ee.
Mes plus sinc` eres remerciements s’adressent aux membres de jury Menniche Linda et Bekkouche Fatiha pour avoir accept´ e de juger ce travail.
Un grand ”MERCI” imperceptible se lance vers ma famille pour leurs sacrifices et encou-
ragements.
R´ esum´ e
Nous ´ etudions dans ce travail l’existence et la r´ egularit´ e des solutions d’une ´ equation du type onde de la forme :
∂
ttp − ρ
0c
20div( 1
ρ
0grad p) = 0 dans ]0, T [×Ω,
avec des donn´ ees initiales appropri´ ees dans un domaines Ω du plan et T > 0 donn´ e. Les
fonctions ρ
0et c
0, ind´ ependantes du temps, sont constantes par morceaux. Elles pr´ esentent
des sauts le long d’une ligne bris´ ee Σ qui coupe la fronti` ere de Ω transversalement. On ´ etudie
la r´ egularit´ e de la solution de part et d’autre de Σ et on analyse son comportement singulier
au voisinage des points singuliers de Σ.
TABLE DES MATI` ERES
Introduction 2
1 Pr´ eliminaires 5
1.1 Notations . . . . 5
1.2 R´ egularit´ e des domaines . . . . 5
1.3 Rappels sur les espaces de sobolev H
s(Ω) . . . . 6
1.4 R´ esultats de densit´ e . . . . 7
1.5 La g´ eom´ etrie polygonale . . . . 8
1.6 Rappels sur les espaces de traces dans un ouvert polygonal . . . . 9
1.7 Le lemme de Lax-Milgram . . . . 11
1.8 Une formule de Green sur un polygone . . . . 11
2 Probl` eme stationnaire 14 2.1 Position du probl` eme . . . . 14
2.2 Formulation variationnelle du probl` eme stationnaire . . . . 16
2.3 R´ egularit´ e en dehors du point singulier de l’interface . . . . 18
2.3.1 R´ egularit´ e au voisinage d’un point r´ egulier de Σ . . . . 18
2.3.2 R´ egularit´ e au voisinage des points anguleux de Γ
0et des points angu-
leux de Γ
0∩ Σ . . . . 19
2.4 R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface . . . . 19
2.4.1 Estimation a priori pour les solutions r´ eguli` eres . . . . 19
2.4.2 L’espace N . . . . 24
2.4.3 D´ ecomposition de la solution variationnelle . . . . 36
3 Etude du probl` eme d’´ evolution 38 3.1 R´ eduction d’ordre . . . . 38
3.2 Existence, unicit´ e et r´ egularit´ e de la solution . . . . 39
Appendice 42 3.3 Th´ eor` eme de Hille-Yosida . . . . 43
3.4 Th´ eorie spectrale des op´ erateurs autoadjoints ` a r´ esolvante compacte . . . . . 43
Bibliographie 45
INTRODUCTION
La th´ eorie des singularit´ e des probl` emes elliptiques a suscit´ e l’int´ erˆ et de plusieurs cher- cheurs. En effet, ils s’int´ eressent depuis longtemps au comportement de la solution au voisi- nage des singularit´ es g´ eom´ etriques.
Une ´ etude tr` es d´ etaill´ ee de la th´ eorie des singularit´ es des probl` emes elliptiques du second ordre a ´ et´ e men´ ee par P. Grisvard [9].
La solution variationnelle u ∈ H
01(Ω) du probl` eme de Dirichlet pour le laplacien :
−∆u = f dans Ω, u = 0 sur Γ,
est r´ eguli` ere (de classe H
2) dans le cas o` u la fronti` ere Γ est r´ eguli` ere.
Supposons que Ω est un domaine plan ` a fronti` ere polygonale et que Ω a un seul coin rentrant de mesure ω > π ` a l’origine d´ efini par 0 < θ < ω dans les coordonn´ ees polaires (r, θ). La solution u admet la d´ ecomposition
u = u
r+ c S, o` u
• u
r∈ H
2(Ω) est la partie r´ eguli` ere dont le comportement n’a pas ´ et´ e affect´ e par la pr´ esence des coins,
• c S est la partie singuli` ere, S -appel´ ee fonction singuli` ere- est explicitement donn´ ee par S = r
πωsin
π ω θ
,
et c est une constante appel´ ee coefficient de singularit´ e qui d´ epend seulement de la donn´ ee f .
milieu h´ et´ erog` ene. Nous supposons que ce dernier est bidimensionnel constitu´ e d’une partie fluide et d’une partie solide ou bien de deux solides ´ elastiques de caract´ eristiques physiques diff´ erentes. Les deux milieux occupent des r´ egions s´ epar´ ees par une interface non r´ eguli` ere dans le sens qu’elle pr´ esente des angles.
Nous nous pla¸cons dans la situation o` u les caract´ eristiques de chacun des milieux sont constantes et dans le cadre de la th´ eorie lin´ earis´ ee. Les ´ equations lin´ eaires qui r´ egissent ce ph´ enom` ene ´ ecrites en variables d’Euler ou de Lagrange sont les mˆ emes et conduisent aux syst` emes suivants :
Dans les liquides, l’´ etat du milieu physique est d´ ecrit par une pression acoustique p et une vitesse acoustique u. La conservation de la masse et de la quantit´ e de mouvement et l’´ equation d’´ etat donnent :
(P
L)
∂
tρ + ρ
0div u = 0, ρ
0∂
tu + grad p = 0, p = c
20ρ,
o` u ∂
td´ esigne la d´ erivation par rapport au temps, div et grad les op´ erateurs diff´ erentiels usuels de divergence et du gradient. ρ
0et c
0correspondent respectivement ` a la densit´ e et la vitesse d’amplitude infinit´ esimale du fluide au repos. Ces deux fonctions sont ind´ ependantes du temps.
Le syst` eme d’´ equations aux d´ eriv´ ees partielles (P
L) est valable de part et d’autre de l’in- terface. Il faut par la suite lui ajouter (en plus des conditions initiales et ´ eventuellement aux limites) des conditions de transmission ` a travers l’interface pour tenir compte des quantit´ es physiques (pression ou ´ equivalent, composantes de vitesses, composantes de contraintes . . .) qui doivent ˆ etre continues ` a travers cette interface. Nous ne reviendrons pas ici sur la mod´ e- lisation du probl` eme que l’on peut trouver dans P. Germain [4] et [5] et B. Poir´ ee [13], [14]
et [15].
Le plan de ce travail est le suivant :
1) Dans le premier chapitre, on rappellera les d´ efinitions des espaces utilis´ es en ´ equations aux d´ eriv´ ees partielles et quelques r´ esultats de traces inspir´ es de P. Grisvard [7].
2) Dans le deuxi` eme chapitre, compos´ ee de trois paragraphes, on ´ etudie la r´ egularit´ e de la solution du probl` eme stationnaire en pression.
3) Le dernier chapitre sera consacr´ e ` a l’´ etude de l’existence et de la r´ egularit´ e de la solution
du probl` eme d’´ evolution d’acoustique en pression.
CHAPITRE 1
PR´ ELIMINAIRES
Dans ce chapitre, on rappelle les notions de base utilis´ ees tout au long du m´ emoire. En particulier, les d´ efinitions et les propri´ et´ es de base des espaces de Sobolev usuels lorsqu’ils sont d´ efinis sur des polygˆ ones. Pour les preuves des propositions et des th´ eor` emes ´ enonc´ es dans ce chapitre, le lecteur peut consulter par exemple [1, 2].
1.1 Notations
• Soit Ω un sous-ensemble ouvert de R
nde point g´ en´ erique (x
1, x
2, ..., x
n). On note par D(Ω) (resp. D(Ω)) l’espace de toutes les fonctions ind´ efiniment continument diff´ erentiables et ` a support compact dans Ω (resp. l’espace des restrictions ` a Ω des fonctions de D( R
n)).
On note aussi par ∂
ila d´ eriv´ e partielle par rapport ` a la variable x
i, 1 ≤ i ≤ n et pour tout α = (α
1, α
2, ..., α
n) ∈ N
non a ∂
α= ∂
1α1∂
2α2...∂
nαn.
• On note D
0(Ω) l’espace des distributions sur Ω comme ´ etant l’espace dual de D(Ω), c’est-` a-dire l’espace des formes lin´ eaires continues sur D(Ω).
1.2 R´ egularit´ e des domaines
D´ efinition 1.2.1. Soit Ω un ouvert de R
n. On dit que sa fronti` ere Γ est lipschitzienne ou que Ω est lipschitzien (resp. de classe C
k) si pour tout x ∈ Γ, il existe un voisinage V de x dans R
net des nouveaux axes de coordonn´ ees orthogonaux {y
1, y
2, ..., y
n} tels que
1. V est un hypercube dans les nouveaux axes de coordonn´ ees :
V = {(y
1, ..., y
n), −a
j< y
j< a
j, 1 ≤ j ≤ n}.
1.3. Rappels sur les espaces de sobolev H
s(Ω)
2. Il existe une fonction lipschitzienne (resp. de classe C
k) ϕ, d´ efinie dans V
0= {(y
1, ..., y
n−1), −a
j< y
j< a
j, 1 ≤ j ≤ n − 1}
et telle que
|ϕ(y
0)| ≤ a
n2 pour tout y
0= (y
1, ...y
n−1) ∈ V
0, Ω ∩ V = {y = (y
0, y
n) ∈ V, y
n< ϕ(y
0)}, Γ ∩ V = {y = (y
0, y
n) ∈ V, y
n= ϕ(y
0)}.
En d’autres termes, dans un voisinage de x, la fronti` ere Γ est le graphe de ϕ.
1.3 Rappels sur les espaces de sobolev H s (Ω)
D´ efinition 1.3.1. On note H
s(Ω) l’espace des distributions u d´ efinies dans Ω telles que 1. ∂
αu ∈ L
2(Ω) pour |α| ≤ m lorsque s = m est un entier positif.
2. u ∈ H
m(Ω) et
Z
Ω
Z
Ω
|∂
αu(x) − ∂
αu(y)|
2|x − y|
n+2σdx dy < +∞
pour |α| = m lorsque s = m + σ est non entier et positif avec m entier et σ la partie fractionnaire de s, 0 < σ < 1.
On munit H
s(Ω) de la norme (naturelle)
kuk
m,Ω=
X
|α|≤m
Z
Ω
|∂
αu(x)|
2dx
1/2
dans le cas 1 et
kuk
s,Ω=
kuk
2m,Ω+ X
|α|=m
Z
Ω
Z
Ω
|∂
αu(x) − ∂
αu(y)|
2|x − y|
n+2σdxdy
1/2
dans le cas 2.
Proposition 1.3.1. H
s(Ω) est un espace de Hilbert pour la norme k · k
s,Ω. D´ efinition 1.3.2. H
0s(Ω) note l’adh´ erence de D(Ω) dans H
s(Ω).
Remarque 1.3.1. H
0s(Ω) est un espace de Hilbert pour la norme k · k
s,Ω, car H
0s(Ω) est un sous-espace ferm´ e de H
s(Ω) donc complet.
D´ efinition 1.3.3. Pour s < 0, H
s(Ω) est le dual de H
0−s(Ω).
1.4. R´ esultats de densit´ e
Th´ eor` eme 1.3.1 (In´ egalit´ e de Poincar´ e). On suppose que Ω est un ouvert born´ e quelconque de R
n. Alors il existe une constante c(Ω) qui ne d´ epend que du diam` etre de Ω telle que
(1.1) kuk
0,Ω≤ c(Ω)
n
X
i=1
k∂
iuk
20,Ω!
1/2pour tout u ∈ H
01(Ω).
Corollaire 1.3.1. Soit Ω un ouvert born´ e de R
n, on a :
kuk
1,Ω≤ p
1 + c
2(Ω)
n
X
i=1
k∂
iuk
20,Ω!
1/2pour tout u ∈ H
01(Ω), o` u c(Ω) est la constante de l’in´ egalit´ e de Poincar´ e.
Lemme 1.3.1. D( ¯ Ω) est dense dans D(∆, L
2(Ω)) tel que : D(∆, L
2(Ω)) =
v ∈ L
2(Ω)| ∆v ∈ L
2(Ω) muni de la norme
v 7→ kvk
20,Ω+ k∆vk
20,Ω1/2.
D´ efinition 1.3.4. On note H e
s(Ω) le sous-espace de H
s(Ω) des fonctions u dont le prolonge- ment e u par z´ ero en dehors de Ω appartient ` a H
s( R
n).
Remarque 1.3.2. Si le domaine Ω est ` a fronti` ere lipschitzienne, la D´ efinition 1.3.4 est ´ equi- valente ` a
(1.2) H e
s(Ω) =
u ∈ H
0s(Ω) | ∂
αu
ρ
σ∈ L
2(Ω), |α| = m
,
o` u ρ(x) d´ esigne la distance de x ` a la fronti` ere Γ de Ω, et s = m + σ pour un entier m et σ ∈ [0, 1[ (voir Corollary 1.4.4.10 dans [6]). Par cons´ equent, on peut d´ efinir une norme sur H e
s(Ω) par
(1.3) kuk
∼,s,Ω=
kuk
2s,Ω+ X
|α|=m
Z
Ω
|∂
αu(x)|
2ρ(x)
2σdx
1/2
.
1.4 R´ esultats de densit´ e
Nous rappelons ici les principaux r´ esultats de densit´ e. Remarquons que les r´ esultats n’ont
´
et´ e ´ etablis que dans le cas d’un domaine ` a fronti` ere lipschitzienne.
Th´ eor` eme 1.4.1. Soit Ω un ouvert de R
n` a fronti` ere lipschitzienne. Alors D(Ω) est dense
1.5. La g´ eom´ etrie polygonale
Th´ eor` eme 1.4.2. Soit Ω un ouvert de R
n` a fronti` ere lipschitzienne. Alors D(Ω) est dense dans H e
s(Ω) quel que soit s ≥ 0.
Th´ eor` eme 1.4.3. Soit Ω un ouvert born´ e de R
n` a fronti` ere lipschitzienne. Alors D(Ω) est dense dans H
s(Ω) quel que soit s ∈ [0, 1/2], autrement dit H
s(Ω) = H
0s(Ω).
1.5 La g´ eom´ etrie polygonale
Nous allons donner dans ce paragraphe les notations concernant les domaines polygonaux de R
2. Nous appelons ”polygone du plan” un domaine Ω ⊂ R
2` a fronti` ere lipschitzienne et polygonale (ce qui exclut un domaine contenant une fissure ou coupure). La fronti` ere Γ est constitu´ ee des segments Γ
j, j = 1, ..., N o` u les Γ
jsont deux ` a deux disjoints. On note S
jle sommet commun aux arˆ etes Γ
jet Γ
j+1qui forment l’angle ω
jvers l’int´ erieur de Ω. Enfin, n
jd´ esigne la normale orient´ ee vers l’ext´ erieur de Ω et τ
jla tangente dans le sens direct. Il est clair qu’un domaine polygonal v´ erifie les conditions de la D´ efinition 1.2.1 puisque chaque arˆ ete Γ
jpeut ˆ etre repr´ esent´ ee par une fonction f : x 7→ ax + b, f est lipschitzienne car :
|f (x) − f (y)| = |a||x − y|.
Fonctions ayant une singularit´ e isol´ ee
Nous donnons ici un crit` ere qui permet de v´ erifier si ou non une fonction appartient ` a un espace de Sobolev donn´ e.
Proposition 1.5.1. Soit Ω un polygone du plan. Supposons que 0 ∈ Γ. Soit V un voisinage de 0 tel que
V ∩ Ω = {(x, y) = r(cos θ, sin θ)| 0 ≤ r ≤ R, a ≤ θ ≤ b},
pour un r´ eel positif R et b − a < 2π. Soit enfin u une fonction r´ eguli` ere dans Ω\{0} qui co¨ıncide avec r
αϕ(θ) dans V ∩ Ω, ϕ appartenant ` a H
s0(]a, b[). Alors, quel que soit s < s
0, on a
u ∈ H
s(Ω) si α > s − 1, (1.4)
u 6∈ H
s(Ω) si α ≤ s − 1 et r
αϕ(θ) 6∈ R [x, y], (1.5)
o` u R [x, y] d´ esigne l’anneau des polynˆ omes en coordonn´ ees cart´ esiennes x et y.
1.6. Rappels sur les espaces de traces dans un ouvert polygonal
1.6 Rappels sur les espaces de traces dans un ouvert polygo- nal
Consid´ erons un ouvert polygonal Ω de fronti` ere Γ = ∪
Nj=1Γ
j; o` u Γ
jpour j = 1, 2, . . . , N est un segment de droite d’extr´ emit´ es S
jet S
j+1(en convenant que S
N+1= S
1). Un tel ouvert est au mieux lipschitzien. Cela est une source de difficult´ es pour d´ efinir les espaces de traces sur Γ des fonctions de H
s(Ω) d` es que l’on a s > 3/2. En effet, il n’y a pas de proc´ ed´ e simple permettant de d´ efinir de mani` ere globale les espaces du type H
s−1/2(Γ). On est donc amen´ e
`
a consid´ erer ces espaces de traces comme des sous espaces du produit : Q
Nj=1
H
s−1/2(Γ
j)qui lui est bien d´ efini d’apr` es le paragraphe pr´ ec´ edent :
D´ efinition 1.6.1. On note H
1/2(Γ) l’espace des fonctions f ∈ L
2(Γ) telles que (1.6)
Z
Γ
Z
Γ
|f(x) − f(y)|
2|x − y|
2ds(x)ds(y) < +∞.
Cet espace est justement l’espace des traces sur Γ des fonctions de H
1(Ω) :
Th´ eor` eme 1.6.1. L’application trace u 7→ u
|Γqui est bien d´ efinie sur C
∞(Ω) se prolonge par densit´ e en un op´ erateur lin´ eaire continu surjectif, γ, de H
1(Ω) sur H
1/2(Γ) dont le noyau est l’espace H
01(Ω).
Afin de mieux caract´ eriser l’espace des traces H
1/2(Γ), on consid` ere la restriction ´ e cha- cune des arˆ etes Γ
jdes ´ el´ ements de H
1(Ω). Comme chaque Γ
jest un ouvert de R , la restriction f
j= f
|Γjd’un ´ el´ ement de H
1/2(Γ) appartient ` a H
1/2(Γ
j) au sens de la D´ efinition 1.3.1.
Au voisinage des sommets, les ´ el´ ements de H
1/2(Γ) satisfont certaines conditions de raccord qui sont pr´ ecis´ ees dans la proposition suivante.
Proposition 1.6.1. La fonction f appartient ` a H
1/2(Γ) si et seulement si f
j∈ H
1/2(Γ
j) pour tout j et si en plus (pour ε assez petit)
(1.7)
Z
ε 0|f
j(x
j(−σ)) − f
j+1(x
j(+σ))|
2dσ
σ < +∞ ∀ 1 ≤ j ≤ N,
o` u, la notation x
j(+σ) (resp. x
j(−σ)) d´ esigne le point de Γ
j+1(resp. Γ
j) ` a distance σ du sommet S
j.
On peut dire que la condition (1.7) exprime le fait que les fonctions f
jet f
j+1se raccordent en S
jen un sens faible, et on ´ ecrit, pour all´ eger les notations,
f
j≡ f
j+1en S
j.
1.6. Rappels sur les espaces de traces dans un ouvert polygonal
Enfin, on introduit encore l’op´ erateur lin´ eaire continu surjectif de H
1(Ω) sur H
1/2(Γ
j) qui d´ efinit la trace d’une fonction sur Γ
jpar
(1.8) γ
ju = (γu)
|Γj.
Corollaire 1.6.1. L’application u 7→ {γ
ju}
Nj=1est lin´ eaire continue surjective de H
1(Ω) sur le sous-espace de
N
Q
j=1
H
1/2(Γ
j) d´ efini par les conditions de raccord :
(1.9) γ
ju ≡ γ
j+1u en S
j, ∀ j = 1, N . Traces des ´ el´ ements de H
m(Ω)
La situation se r´ ev` ele plus compliqu´ ee si on s’int´ eresse aux traces des fonctions appar- tenant ` a l’espace H
m(Ω) pour m > 1. Dans la suite, nous n’aurons besoin de donner un sens ` a ces traces que si m = 2. Ainsi, nous allons caract´ eriser l’espace des traces dans ce cas sp´ ecifique et nous renvoyons ` a [9] pour un entier m quelconque.
Consid´ erons dans un premier temps les traces d’une fonction de H
2(Ω) sur une seule arˆ ete Γ
j.
Proposition 1.6.2. Soit Ω un polygone du plan. Alors, quel que soit j , l’application u 7→ {γ
ju, γ
j∂
nju},
qui est d´ efinie pour u ∈ C
∞(Ω) se prolonge de fa¸ con continue en une application lin´ eaire et surjective de H
2(Ω) sur H
3/2(Γ
j) × H
1/2(Γ
j).
On est maintenant en mesure de caract´ eriser de fa¸con compl` ete l’espace des traces de H
2(Ω) :
Th´ eor` eme 1.6.2. L’image de H
2(Ω) par l’application u 7→ {g
j, h
j}
Nj=1o` u l’on a pos´ e g
j= γ
ju et h
j= γ
j(∂
nju), est le sous-espace de
N
Y
j=1
H
3/2(Γ
j) × H
1/2(Γ
j),
1.7. Le lemme de Lax-Milgram
d´ efini par les conditions de raccord
g
j(S
j) = g
j+1(S
j) ∀1 ≤ j ≤ N, (1.10)
g
j0≡ − cos(ω
j)g
0j+1+ sin(ω
j)h
j+1en S
j∀ 1 ≤ j ≤ N, (1.11)
h
j≡ − cos(ω
j)h
j+1− sin(ω
j)g
j+10en S
j∀ 1 ≤ j ≤ N.
(1.12)
1.7 Le lemme de Lax-Milgram
D´ efinition 1.7.1. Soit E un espace de Hilbert r´ eel. Une application a(·, ·) : E × E → R
(u, v) 7→ a(u, v),
est une forme bilin´ eaire sur E si elle est lin´ eaire par rapport ` a chacune de ses deux variables.
D´ efinition 1.7.2. On dit qu’une forme bilin´ eaire a(·, ·) : E × E → R est 1. Continue sur E × E s’il existe une constante C > 0 telle que
| a(u, v) |≤ Ckuk kvk ∀ u, v ∈ E.
2. Coercive (ou E-elliptique) s’il existe une constante α > 0 telle que a(v, v) ≥ αkvk
2∀ v ∈ E.
Lemme 1.7.1 (Lemme de Lax-Milgram). Soient :
(i) E un espace de Hilbert r´ eel de produit scalaire h·, ·i et de norme k · k.
(ii) Une forme bilin´ eaire (u, v) 7→ a(u, v) continue sur E × E.
(iii) Une forme lin´ eaire L continue sur E.
On suppose que la forme bilin´ eaire a(·, ·) est E -elliptique alors le probl` eme variationnel sui- vant :
(P )
( T rouver u ∈ E tel que a(u, v) = L(v) ∀ v ∈ E, admet une solution unique u ∈ E.
1.8 Une formule de Green sur un polygone
Rappelons d’abord les formules de Green usuelles qui sont valides dans tout domaine
lipschitzien born´ e suivant Neˇ cas [12] :
1.8. Une formule de Green sur un polygone
Th´ eor` eme 1.8.1. Soit Ω un ouvert born´ e de R
nde fronti` ere lipschitzienne Γ. Alors pour u, v ∈ H
1(Ω), on a :
(1.13)
Z
Ω
v ∂
iu dx = − Z
Ω
u ∂
iv dx + Z
Γ
γu γv n
idσ.
Ici, n
id´ esigne la i ` eme composante du vecteur normal ` a Γ orient´ e vers l’ext´ erieur de Ω.
Par cons´ equent, sous les mˆ emes hypoth` eses sur Ω, on a la demi-formule de Green Z
Ω
u ∆v dx + Z
Ω
∇u ∇v dx = Z
Γ
γu γ ∂v
∂n
dσ ∀u ∈ H
1(Ω) et v ∈ H
2(Ω), ainsi que la formule de Green
Z
Ω
u ∆v dx − Z
Ω
v ∆u dx = Z
Γ
γu γ ∂v
∂n
dσ − Z
Γ
γv γ ∂u
∂n
dσ ∀u, v ∈ H
2(Ω).
Th´ eor` eme 1.8.2. Soit Ω un ouvert born´ e de R
nde fronti` ere lipschitzienne ∂ Ω. Alors pour u ∈ H(div, Ω) et v ∈ H
1(Ω) on a :
(1.14)
Z
Ω
div u v dx = − Z
Ω
u ∇v dx + hu.n, vi
∂Ω, tel que
H(div, Ω) =
u ∈ L
2(Ω)
N; div u ∈ L
2(Ω) . Proposition 1.8.1. Soit v ∈ D(∆, L
2(Ω)). Alors, on a
(1.15) (u, ∆v)
Ω− (v, ∆u)
Ω= X
j
hγ
j∂
njv, γ
jui
−3/2,∼− hγ
jv, γ
j∂
njui
−1/2,∼,
quel que soit u ∈ H
2(Ω) telle que γ
ju ∈ H e
3/2(Γ
j) et γ
j∂
nju ∈ H e
1/2(Γ
j) pour 1 ≤ j ≤ N, o` u h·, ·i
−3/2,∼(resp.h·, ·i
−1/2,∼) d´ esigne le produit de dualit´ e dans H e
−3/2(Γ
j) × H e
3/2(Γ
j) (resp. H e
−1/2(Γ
j) × H e
1/2(Γ
j)), et (·, ·)
Ωd´ esigne le produit scalaire dans L
2(Ω).
Proposition 1.8.2. Soient Ω un ouvert de R
net Ω = Ω
+∪ Ω
−une d´ ecomposition de Ω telle que :
1. Ω
±est un ouvert de R
nde fronti` ere lipschitzienne Γ
±.
2. Ω
+∩ Ω
−= ∅ et Ω
+∩ Ω
−= Σ (on note n
±la normale orient´ ee vers l’ext´ erieur de Ω
±).
On suppose que v ∈ H
1(Ω
±) telle que v
+= v
−sur Σ ( v
±repr´ esente la restriction de v sur
Ω
±). Alors v ∈ H
1(Ω).
1.8. Une formule de Green sur un polygone
Lemme 1.8.1. pour toute fonction u ∈ H
2(Ω), on a l’estimation suivante :
(1.16) k∆uk
0,Ω≤ √
2kuk
2,Ω,
par cons´ equent ∆ est un op´ erateur continu de H
2(Ω) dans L
2(Ω).
Proposition 1.1. Soit v ∈ H
1(Ω) et ∆v ∈ L
2(Ω). Alors, l’application v 7→ γ
j∂
njv
qui est bien d´ efinie pour les fonctions de H
2(Ω) permet un prolongement unique et continu en une application de l’espace
E(∆, L
2(Ω)) =
v ∈ H
1(Ω)| ∆v ∈ L
2(Ω) , dans H e
−1/2(Γ
j). De plus, on a
(1.17) (∆v, u)
Ω= −(∇v, ∇u)
Ω+
N
X
j=1
hγ
j∂
njv, γ
jui
−1/2,vquel que soit u ∈ H
1(Ω) tel que γ
ju ∈ H e
1/2(Γ
j) pour tout 1 ≤ j ≤ N.
CHAPITRE 2
PROBL` EME STATIONNAIRE
2.1 Position du probl` eme
On s’int´ eresse ` a l’´ etude de la r´ egularit´ e de la pression p, solution du probl` eme (P
L), qui devient par ´ elimination de la vitesse u
(P
L)
0
∂
ttp − ρ
0c
20div( 1
ρ
0grad p) = 0 dans Ω × ]0, T[, T > 0, p(0, x) = p
0(x) dans Ω,
∂
tp(0, x) = p
1(x) dans Ω, p = 0 sur ∂Ω×]0, T[,
p
0, p
1sont des donn´ ees que l’on pr´ ecisera ult´ erieurement et ∂Ω d´ esigne la fronti` ere de Ω.
Afin de faciliter l’´ etude, on se place dans le cas d’un quadrilat` ere convexe Ω dont Ia fronti` ere rencontre Σ suivant des angles droits comme le montre la figure suivante :
Γ
−Γ
0P
Γ
+Γ
0Σ
2Q
Ω
+ρ
+0c
+0ω
Σ
1O
Ω
−ρ
−0c
−02.1. Position du probl` eme
On notera dans la suite par : Ω = Ω
+∪ Σ
1∪ Σ
2∪ Ω
−;
∂ Ω = Γ
0;
∂ Ω
+= Σ
1∪ Σ
2∪ Γ
+;
∂ Ω
−= Σ
1∪ Σ
2∪ Γ
−;
Σ = Σ
1∪ Σ
2est l’interface dont le point singulier est plac´ e en O.
ω d´ esigne l’angle int´ erieur de Ω
+au sommet O .
ρ
0est une fonction constante par morceaux valant ρ
+0dans Ω
+et ρ
−0dans Ω
−. On suppose : ρ
+0, ρ
−0> 0 et ρ
+06= ρ
−0.
Nous nous int´ eressons ` a la singularit´ e g´ en´ er´ ee par un point anguleux de Σ. Cette sin- gularit´ e est ind´ ependante des donn´ ees p
0et p
1d` es que l’on s’int´ eresse ` a des solutions p suffisamment r´ eguli` eres.
L’´ etude du probl` eme (P
L)
0n´ ecessite d’abord l’´ etude de probl` eme stationnaire associ´ e suivant :
(P
L)
00
−div( 1
ρ
0grad p) = f dans Ω, p = 0 sur ∂Ω,
avec l’hypoth` ese f dans L
2(Ω) pour assurer l’existence et l’unicit´ e d’une solution variation- nelle p dans H
01(Ω). Cette solution p n’est pas dans H
2(Ω) en g´ en´ eral, et notre but est de donner de mani` ere pr´ ecise la structure de cette solution.
La solution p ∈ H
01(Ω) de (P
L)
00v´ erifie
(2.1)
− 1
ρ
±0∆p
±= f
±dans L
2(Ω
±), p
±= 0 sur Γ
±,
p
+= p
−sur Σ, 1
ρ
+0∂p
+∂n
++ 1 ρ
−0∂p
−∂n
−= 0 sur Σ
1∪ Σ
2,
o` u p
+et f
+(resp. p
−et f
−) sont les restrictions respectivement de p et f ` a Ω
+(resp. Ω
−).
n
+(resp. n
−) d´ esigne la normale ` a Σ orient´ ee vers l’ext´ erieur de Ω
+(resp. Ω
−), on note [v ]
|Σle saut de v ` a travers l’interface Σ,
[v]
|Σ= (v
+− v
−)
|Σ.
La derni` ere ´ equation de (2.1) est entendue au sens de H
−1/2(Σ).
2.2. Formulation variationnelle du probl` eme stationnaire
2.2 Formulation variationnelle du probl` eme stationnaire
Une solution de (2.1) se raccorde en valeurs ` a travers l’interface Σ et s’annule sur le bord de Ω. Ainsi, nous somme amen´ es naturellement ` a rechercher la solution dans H
01(Ω).
Comme p
±∈ H
1(Ω
±), alors d’apr` es la premi` ere ´ equation de (2.1), p
±∈ E(∆, L
2(Ω
±)) et on a
− X
±
Z
Ω±
1
ρ
0±∆p
±v
±dx = Z
Ω
f v dx ∀v ∈ H
01(Ω).
De plus, du fait que v ∈ H
01(Ω), on a (v
±)
|Γ±= 0 ∈ H e
1/2(Γ
±); et (v
+)
|Σ= (v
−)
|Σ∈ H e
1/2(Σ).
On est alors en mesure d’appliquer la formule de Green (1.17), d’o` u
− 1 ρ
+0Z
Ω+
∆p
+v
+dx = 1 ρ
+0Z
Ω+
∇p
+∇v
+dx − 1
ρ
+0h ∂
n+p
+, v
+|Σi
−1/2,∼, et
− 1 ρ
−0Z
Ω−
∆p
−v
−dx = 1 ρ
−0Z
Ω−
∇p
−∇v
−dx − 1
ρ
−0h ∂
n−p
−, v
−|Σi
−1/2,∼, En tenant compte des conditions de transmission, on trouve :
− X
±
Z
Ω±
1
ρ
±0∆p
±v
±dx = Z
Ω
1
ρ
0∇p ∇v dx.
Ainsi la formulation variationnelle du probl` eme stationnaire est :
(P
ρ0)
Trouver p ∈ H
01(Ω) tel que a(p, v) = L(v) ∀v ∈ H
01(Ω), o` u pour tous p, v ∈ H
01(Ω)
a(p, v) = ( 1 ρ
0∇p, ∇v)
Ωet L(v) = (f, v)
Ω.
R´ eciproquement, si p ∈ H
01(Ω) est solution de (P
ρ0), on a en particulier pou tout v ∈ D(Ω
+) a(p, v) =
2
X
i=1
( 1
ρ
+0∂
ip
+, ∂
iv)
Ω+= 1
ρ
+02
X
i=1
h∂
ip
+, ∂
ivi
D0(Ω+),D(Ω+)= − 1
ρ
+0h∆p
+, vi
D0(Ω+),D(Ω+)= hf , vi
0,
2.2. Formulation variationnelle du probl` eme stationnaire
ce qui donne
(2.2) − 1
ρ
+0∆p
+= f
+dans D
0(Ω
+).
Comme f
+∈ L
2(Ω
+), cette ´ equation est v´ erifi´ ee dans L
2(Ω
+), donc presque partout sur Ω
+. De mˆ eme, en choisissant v dans D(Ω
−), on obtient
(2.3) − 1
ρ
−0∆p
−= f
−dans Ω
−,
d’o` u la premi` ere ´ equation de (2.1). La deuxi` eme et la troisi` eme ´ equation de (2.1) sont satis- faites car p ∈ H
01(Ω).
Pour v´ erifier la derni` ere ´ equation de (2.1), on applique la formule de Green (1.17) ` a la formulation variationnelle (P
ρ0). On obtient en tenant compte de (2.2) et (2.3)
alors
(2.4) h( 1
ρ
0∂
n+p
++ 1 ρ
0∂
n−p
−)
|Σ, v
+|Σi
−1/2,∼= 0 ∀v ∈ H
01(Ω).
Soit h ∈ H e
1/2(Σ), alors (h, 0, ..., 0) ∈
N±
Q
j=1
H
1/2(Γ
±j) et les conditions de raccord (1.9) sont v´ erifi´ ees, d’apr` es le Corollaire 1.6.1 (appliqu´ e ` a Ω
+et Ω
−s´ epar´ ement) il existe v
1∈ H
1(Ω
+) et v
2∈ H
1(Ω
−) tels que (v
1)
|Σ= (v
2)
|Σ= h, (v
1)
|Γ+= (v
2)
|Γ−= 0. En posant v = v
1dans Ω
+et v = v
2dans Ω
−, il r´ esulte alors de la Proposition 1.8.2 que, v ∈ H
01(Ω). Ceci nous permet d’´ ecrire (2.4) comme suit :
h( 1
ρ
0∂
n−p
++ 1
ρ
0∂
n−p
−)
|Σ, hi
−1/2,∼= 0 ∀h ∈ H e
1/2(Σ), d’o` u la derni` ere ´ equation de (2.1). En r´ esum´ e, on vient de d´ emontrer la
Proposition 2.2.1. Une fonction p telle que p
±∈ H
1(Ω
±) est solution du probl` eme station- naire (2.1) si et seulement si p solution du probl` eme variationnel (P
ρ0).
Proposition 2.2.2 (Existence et unicit´ e de la solution variationnelle). Pour tout f ∈ L
2(Ω), le probl` eme (P
ρ0) admet une solution unique p ∈ H
01(Ω).
Preuve. Pour tous p, v ∈ H
01(Ω), on a par l’in´ egalit´ e de Cauchy-Schwarz
|a(p, v)| ≤ Z
Ω
1
ρ
0(x)∇p(x)∇v(x) dx
≤ max 1 ρ
+0, 1
ρ
−0|p|
1,Ω|v |
1,Ω≤ max 1 , 1
kpk kv k ,
2.3. R´ egularit´ e en dehors du point singulier de l’interface
d’o` u la continuit´ e de la forme bilin´ eaire a(·, ·) sur H
01(Ω) × H
01(Ω).
D’autre part,
a(v, v) = Z
Ω
1
ρ
0(x)(∇v(x))
2dx
≥ min 1
ρ
+0, 1 ρ
−0|v|
21,Ω,
≥ min 1 ρ
+0, 1
ρ
−0c(Ω)kvk
21,Ω,
grˆ a¸ce l’in´ egalit´ e de Poincar´ e (1.1), d’o` u la H
01(Ω)-ellipticit´ e de a(·, ·).
Finalement, on a par l’in´ egalit´ e de Cauchy-Schwarz
|L(v)| ≤ kf k
0,Ωkvk
0,Ω≤ kf k
0,Ωkvk
1,Ω, d’o` u la forme lin´ eaire L est continue sur H
01(Ω).
On conclut grˆ ace au lemme de Lax-Milgram.
2.3 R´ egularit´ e en dehors du point singulier de l’interface
2.3.1 R´ egularit´ e au voisinage d’un point r´ egulier de Σ
La r´ egularit´ e H
2` a l’int´ erieur de Ω
+ou Ω
−est bien connue [6]. Tout revient alors ` a ´ etudier p dans un voisinage d’un point de Σ qui ne contient pas le point singulier O et des points anguleux de ∂Ω. On consid` ere par exemple un point M de Σ
2.
Soit ϕ une fonction C
∞` a support compact au voisinage de M , paire par rapport ` a y et ´ egale a un pr` es de M .
On consid` ere alors q = ϕp, prolongement de f ϕ p par z´ ero ` a R
2tout entier. Alors q est solution de
−div( 1
ρ e
0grad q) = f
1dans R
2, avec ρ e
0= ρ
+0(resp. ρ e
0= ρ
−0) dans R
2+(resp. R
2−) et f
1∈ L
2( R
2).
D’apr` es [11], la restriction q
+de q ` a R
2+est dans H
2( R
2+) et la restriction q
−de q ` a R
2−est
dans H
2( R
2−). Ainsi, la solution p de (P
L)
0ne pr´ esente pas de singularit´ e autre que le saut
de la d´ eriv´ ee normale sur Σ.
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
2.3.2 R´ egularit´ e au voisinage des points anguleux de Γ 0 et des points anguleux de Γ 0 ∩ Σ
La r´ egularit´ e H
2au voisinage des sommets de Ω est une cons´ equence de notre choix. En fait, les angles de Ω en ces sommet sont inf´ erieurs ` a π et les conditions aux limites choisies sont celles de Dirichlet.
La r´ egularit´ e H
2de part et d’autre de Σ au voisinage d’un des points P ou Q peut ˆ etre obtenue par la m´ ethode des r´ eflexions apr` es localisation qui nous permet de nous ramener
`
a la situation du paragraphe 2.3.1. Par suite, les singularit´ es sont localis´ ees au voisinage de l’origine O. En conclusion nous avons :
Proposition 2.3.1. Soit V un voisinage de l’origine O. Soit p
+(resp. p
−) la restriction de p, solution variationnelle du probl` eme (P
L)
00, ` a Ω
+(resp. Ω
−). Alors p
+∈ H
2(Ω
+− V ) et p
−∈ H
2(Ω
−− V ).
2.4 R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
L’´ etude de la r´ egularit´ e de la solution au voisinage du point anguleux de Σ sera faite en utilisant la technique des estimations a priori d´ evelopp´ ee par Grisvard [8].
2.4.1 Estimation a priori pour les solutions r´ eguli` eres
D´ efinition 2.4.1. On d´ efinit l’espace des solutions r´ eguli` eres du probl` eme (P
ρ0) de la mani` ere suivante :
W = n
p = (p
+, p
−) ∈ H
2(Ω
+)×H
2(Ω
−); p
±|Γ±= 0, (p
+−p
−)
|Σ= 0 et 1
ρ
+0∂p
+∂n
++ 1 ρ
−0∂p
−∂n
−|
Σi= 0 i = 1, 2 o .
W est un sous-espace ferm´ e de H
2(Ω
+) × H
2(Ω
−) pour la topologie associ´ ee ` a la norme : kpk
2W= k(p
+, p
−)k
2W= kp
+k
2H2(Ω+)+ kp
−k
2H2(Ω−).
On notera que si p = (p
+, p
−) ∈ W alors :
• p ∈ H
01(Ω) grˆ ace ` a la Proposition 1.8.2.
• −div 1
ρ
0grad p
∈ L
2(Ω) puisque −div 1
ρ
0grad p
±= − 1
ρ
0∆p
±∈ L
2(Ω
±).
D´ efinition 2.4.2. On note W
0le sous-espace de W form´ e des fonctions p nulles ` a l’origine.
La proposition suivante [3, Proposition 4.1] permet de pr´ eciser les espaces des traces des
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
Proposition 2.4.1. L’application T : p = (p
+, p
−) 7−→ ((p
+|Σ1, p
−|Σ1), (p
+|Σ2
, p
−|Σ2), ( ∂p
+∂n
+|
Σ1, ∂p
−∂n
−|
Σ1), ( ∂p
+∂n
+|
Σ2, ∂p
−∂n
−|
Σ2)), est lin´ eaire, continue et surjective de W
0sur le sous-espace de H e
3/2(Σ
1) × H e
3/2(Σ
2) × H e
1/2(Σ
1)
2× H e
3/2(Σ
2)
2form´ e des triplets (g
1, g
2), (h
+1, h
−1), (h
+2, h
−2) tels que :
1
ρ
+0h
+1+ 1
ρ
−0h
−1= 0 sur Σ
1, 1
ρ
+0h
+2+ 1
ρ
−0h
−2= 0 sur Σ
2.
Remarque 2.4.1. Introduisons une fonction ϕ
0∈ D( R
2) ` a support dans Ω, qui vaut 1 au voisinage de l’origine O et qui ne d´ epend que de r, distance ` a l’origine O.
On v´ erifie facilement que ϕ
0∈ W . De plus, on peut ´ ecrire tout ´ el´ ement p de W sous la forme :
p = p(0, 0) ϕ
0+ ¯ p avec p ¯ ∈ W
0.
Ainsi, l’espace des traces des fonctions de W est celui des traces des fonctions de W
0aug- ment´ e de l’espace engendr´ e par celles de ϕ
0.
Dans la suite, on aura aussi besoin de la proposition suivante : Proposition 2.4.2. Pour tout p ∈ W , on a :
Z
Ω+
1
ρ
+0|∆p
+|
2dx + Z
Ω−
1
ρ
−0|∆p
−|
2dx = 1 ρ
+0Z
Ω+
∂
2p
+∂x
22
+
∂
2p
+∂y
22
+ 2
∂
2p
+∂x∂y
2
! dx
+ 1 ρ
−0Z
Ω−
∂
2p
−∂x
22
+
∂
2p
−∂y
22
+
∂
2p
−∂x∂y
2
! dx.
Preuve. Voir la preuve de la Proposition 2.2.2 de [10].
Finalement nous avons le
Th´ eor` eme 2.4.1. Il existe une constante C > 0 ne d´ ependant que des diam` etres de Ω
+et Ω
−et de la densit´ e ρ
0telle que :
(2.5) kpk
W≤ C(k∆p
+k
L2(Ω+)+ k∆p
−k
L2(Ω−)) ∀p ∈ W.
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
Preuve. Soit p ∈ W . Posons
f =
− 1
ρ
+0∆p
+dans Ω
+,
− 1
ρ
−0∆p
−dans Ω
−. Alors p est solution variationnelle du probl` eme :
−div( 1
ρ
0grad p) = f ∈ L
2(Ω), p ∈ H
01(Ω).
i.e. p est solution de Z
Ω
1
ρ
0∇p ∇v dx = Z
Ω
f v dx pour tout v ∈ H
01(Ω).
En particulier, pour v = p, on obtient : Z
Ω
1 ρ
0|∇p|
2dx = Z
Ω
f p dx.
Alors
min( 1 ρ
+0, 1
ρ
−0) k∇pk
20,Ω≤ kf k
0,Ωkpk
0,Ω, ce qui donne par application de l’in´ egalit´ e de Poincar´ e (1.1)
min( 1 ρ
+0, 1
ρ
−0) k∇pk
20,Ω≤ c(Ω) kf k
0,Ωk∇pk
0,Ω, donc
α k∇pk
0,Ω≤ c(Ω) kfk
0,Ω≤ c(Ω)βk∆pk
0,Ω, o` u α = min( 1
ρ
+0, 1
ρ
−0) et β = max( 1 ρ
+0, 1
ρ
−0).
Ainsi
(2.6) k∇pk
0,Ω≤
c(Ω)β α
k∆pk
0,Ω.
On en d´ eduit en utilisant encore une fois l’in´ egalit´ e de Poincar´ e que (2.7) kpk
0,Ω≤ c(Ω)k∇pk
0,Ω≤ c(Ω)
2β α
k∆pk
0,Ω.
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
Il en r´ esulte de (2.6) et (2.7) que kpk
20,Ω+ k∇pk
20,Ω≤ c(Ω)
4β α
2k∆pk
20,Ω+ c(Ω)
2β
α
2k∆pk
20,Ω,
d’o` u
(2.8) kpk
2H1(Ω)≤ c(Ω)
2(1 + c(Ω)
2) β
α
2k∆pk
20,Ω.
La majoration de la semi norme d’ordre 2 de p est obtenue en utilisant la proposition 2.4.2.
En effet, on a 1
ρ
+0k∆p
+k
20,Ω++ 1
ρ
−0k∆p
−k
20,Ω−= X
±
1 ρ
±0k ∂
2p
±∂x
2k
20,Ω±+ k ∂
2p
±∂y
2k
20,Ω±+ 2k ∂
2p
±∂x∂y k
20,Ω±.
Donc X
±
1 ρ
±0k ∂
2p
±∂x
2k
20,Ω±+ k ∂
2p
±∂y
2k
20,Ω±+ k ∂
2p
±∂x∂y k
20,Ω±≤ 1
ρ
+0k∆p
+k
20,Ω+
+ 1
ρ
−0k∆p
−k
20,Ω−≤ β k∆p
+k
20,Ω++ k∆p
−k
20,Ω−. Alors
(2.9) X
±
k ∂
2p
±∂x
2k
20,Ω±+ k ∂
2p
±∂y
2k
20,Ω±+ k ∂
2p
±∂x∂y k
20,Ω±≤ β
α k∆p
+k
20,Ω++ k∆p
−k
20,Ω−.
On est maintenant en mesure de majorer kpk
2W. En effet : kpk
2W= kpk
21,Ω+ X
±
X
|α|=2
k∂
αp
±k
20,Ω.
En utilisant (2.8) et (2.9), on obtient : kpk
2W≤ c(Ω)
2(1 + c(Ω)
2)
β α
2+ β α
!
k∆p
+k
20,Ω+
+ k∆p
−k
20,Ω−.
Par cons´ equent
kpk
W≤ β α
c(Ω)
2+ c(Ω)
4+ α β
1/2k∆p
+k
0,Ω++ k∆p
−k
0,Ω−,
ce qui ach` eve la d´ emonstration.
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
Consid´ erons l’op´ erateur diff´ erentiel d’ordre 2, not´ e L, d´ efini par L : W −→ L
2(Ω
+) × L
2(Ω
−)
(p
+, p
−) 7−→ L(p
+, p
−) = ( 1
ρ
+0∆p
+, 1
ρ
−0∆p
−).
Proposition 2.4.3. L est un op´ erateur injectif ` a image ferm´ ee.
Preuve. Soit p ∈ W tel que Lu = 0, alors ∆p
±= 0, ce qui permet de conclure grˆ ace ` a l’in´ egalit´ e (2.5) que
kp
+k
2,Ω+= kp
−k
2,Ω−= 0, par cons´ equent p
+= p
−= 0.
Montrons maintenant que Im(L) est ferm´ ee dans L
2(Ω
+) × L
2(Ω
−). En effet, soit (p
m) une suite de W telle que Lp
mconverge vers (v
+, v
−) dans L
2(Ω
+) × L
2(Ω
−). Ceci implique que ( 1
ρ
±0∆p
m±) converge vers v
±dans L
2(Ω
±), donc (∆p
m±) est une suite de Cauchy dans L
2(Ω
±).
On d´ eduit alors de l’in´ egalit´ e (2.5) que (p
m±) est une suite de Cauchy dans H
2(Ω
±) qui est complet, ainsi (p
m±) converge dans cet espace. Soit
p
±:= lim
m→∞
p
m±dans H
2(Ω
±).
Comme l’op´ erateur de Laplace ∆ est continu de H
2(Ω
±) dans L
2(Ω
±) (Lemme 1.8.1), ( 1
ρ
±0∆p
m±) converge alors vers ( 1
ρ
±0∆p
±) dans L
2(Ω
±). Par cons´ equent v
±= ( 1
ρ
±0∆p
±) d’apr` es l’unicit´ e de la limite.
Il reste ` a v´ erifier que p
±∈ W . En effet, il est clair que p
±∈ H
2(Ω
±). D’autre part, grˆ ace ` a la continuit´ e de l’application :
p
±7→ {p
±|Γ±, ∂
n±p
±|Γ±} de H
2(Ω
±) dans H
3/2(Γ
±) × H
1/2(Γ
±) (Proposition 1.6.2), on a : (p
m± |Γ±
) converge vers p
±|Γ±dans H
3/2(Γ
±), (2.10)
(p
m± |Σ) converge vers p
±|Σdans H
3/2(Σ), (2.11)
et (∂
n±p
m± |Σ) converge vers ∂
n±p
±|Σdans H
1/2(Σ).
(2.12)
Tenant compte de (2.10) et du fait que p
m± |Γ±
= 0 (p
m±∈ W ), on obtient p
±|Γ±= 0.
D’autre part, (2.11) avec la continuit´ e de p
m` a travers l’interface (p
m+|Σ= p
m− |Σ) permet de conclure que p
+|Σ= p
−|Σ.
Finalement on a ( 1
ρ
+0∂
n+p
++ 1
ρ
+0∂
n−p
−)
|Σ= 0 grˆ ace ` a (2.12) et la condition de transmission ( 1
ρ
+0∂
n+p
m+)
|Σ= (− 1
ρ
−0∂
n−p
m−)
|Σ,
2.4. R´ egularit´ e au voisinage du point singulier de l’interface
v´ erifi´ ee par p
m±puisque p
m±∈ W.
2.4.2 L’espace N
L’objectif de cette section consiste en l’´ etude du suppl´ ementaire orthogonal de Im(L) dans L
2(Ω
+) × L
2(Ω
−). Pour cala, on notera : R = Im(L) et N = (Im(L))
⊥son orthogonal dans L
2(Ω
+) × L
2(Ω
−). Par d´ efinition
(2.13) N =
q
±∈ L
2(Ω
±) | 1
ρ
+0(q
+, ∆p
+)
Ω++ 1
ρ
−0(q
−, ∆p
−)
Ω−= 0 ∀p
±∈ W
. On notera aussi
D(L, L
2(Ω
±)) =
q
±∈ L
2(Ω
±) | ∆q
±∈ L
2(Ω
±) ,
le domaine d’extension maximale de l’op´ erateur L. Dans la suite, on aura besoin du r´ esultat suivant qui permet de donner un sens ` a la trace des ´ el´ ements de D(L, L
2(Ω
±)).
Lemme 2.4.1 (Prolongement de l’application trace pour les ´ el´ ements de D (L, L
2(Ω
±))).
L’application trace γ, d´ efinie par (2.14) γ : (q
+, q
−) 7→
(q
±)
|Γ±, [q]
|Σ, ( 1 ρ
+0∂q
+∂n
++ 1 ρ
−0∂q
−∂n
−)
|Σpour (q
+, q
−) ∈ D(Ω
+)×D(Ω
−) se prolonge par continuit´ e en une application de D(L, L
2(Ω
±)) sur
H e
−1/2(Γ
±) × H e
−1/2(Σ) × H e
−3/2(Σ).
De plus, on a la formule de Green 1
ρ
+0(∆p
+, q
+)
Ω+− 1
ρ
+0(p
+, ∆q
+)
Ω++ 1
ρ
−0(∆p
−, q
−)
Ω−− 1
ρ
−0(p
−, ∆q
−)
Ω−(2.15)
= X
±