HAL Id: halshs-00987613
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Submitted on 6 May 2014
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La formulation des questions d’enquête : réponse médiane et ”sans avis”.
Jean-Paul Grémy
To cite this version:
Jean-Paul Grémy. La formulation des questions d’enquête : réponse médiane et ”sans avis”.. Raymond
Boudon. The European Tradition in Qualitative Research, vol. I., Sage, pp.217-235, 2003. �halshs-
00987613�
La formulation des questions d'enquête : réponse médiane et "sans avis".
Jean-Paul Grémy (CNRS / Centre Maurice Halbwachs)
1Lors de l'élaboration d'un questionnaire, les professionnels de l'enquête extensive sont confrontés à des problèmes de rédaction particulièrement délicats. Depuis la fin du dix- neuvième siècle, grâce aux travaux empiriques sur la suggestibilité ou sur la psychologie du témoignage, on sait que la manière de poser une question peut avoir un effet sur le contenu des réponses recueillies, et donc sur leur signification. Au cours de la première moitié du vingtième siècle, deux courants de recherche ont exploré les palliatifs possibles à ces sources de "biais" : celui qui a donné naissance à l'entretien non directif de recherche (Rogers, 1945 ; Roethlisberger, 1949, chapitre XIII), et celui qui a cherché à comprendre les mécanismes de certains effets de la formulation des questions d'enquête (Payne, 1951 ; Sudman, 1974, chapitre 2). Ce deuxième courant a utilisé deux approches : l'une consiste à ré-interroger les personnes qui ont répondu à un questionnaire, afin de leur faire expliciter les mécanismes de leurs réponses (Cantril, 1944, chapitre I ; Belson, 1981) ; l'autre, à présenter simultanément, soit dans une expérience de laboratoire (Menefee, 1936), soit dans une enquête extensive en vraie grandeur, des formulations concurrentes, afin d'en comparer les effets sur les réponses.
Il est arrivé que l'on présente successivement ces formulations aux mêmes répondants ; mais cette méthode présente de multiples inconvénients, dont le principal est le risque d'une
"contamination" de la seconde question par la première (effet de contexte). C'est pourquoi la méthode de très loin la plus utilisée est celle de l'échantillon partagé (split ballot), dans laquelle on utilise deux sous-échantillons identiques (ou parfois plus, comme dans Blankenship, 1940), chacune des formulations à comparer étant proposée à un seul de ces sous-échantillons.
La recherche décrite ici appartient à cette dernière catégorie. Elle avait pour objectif d'aboutir à des conclusions pratiques sur la formulation des questions dans les enquêtes extensives, à partir d'hypothèses bien connues sur les effets de deux types d'options : la possibilité explicite ou non de ne pas avoir d'avis sur le sujet de la question posée, et la présence ou l'absence d'une modalité de réponse médiane.
Le dispositif de recherche.
Les moyens de réaliser cette recherche nous ont été offerts par l'Institut de Sondages Lavialle (ISL). Cet institut réalise chaque mois plusieurs vagues d'enquêtes par souscription (enquêtes omnibus), dans lesquelles tout client intéressé peut poser une ou plusieurs questions. Chaque vague s'adresse à un échantillon par quotas de deux mille personnes, représentatif de la population française adulte ; il est possible de scinder cet échantillon en deux sous-échantillons identiques de mille personnes chacun.
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