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Plateforme INRA de recherches en production ovine allaitante AB : de l’étude de verrous techniques à la conception de systèmes d’élevage innovants

PRACHE S. (1), BENOIT M. (1), TOURNADRE H. (1), CABARET J. (2), LAIGNEL G. (1), BALLET J. (3), THOMAS Y. (1) ; HOSTE H. (4), PELLICER M. (5), ANDUEZA D. (1), HOSTIOU N. (6), GIRAUD J.M. (1), SEPCHAT B. (1) (1) INRA, UR1213 - Unité de Recherches sur les Herbivores - 63122 Theix - France

(2) INRA, UR1282 - Unité de Recherches Infectiologie Animale et Santé Publique - 37380 Nouzilly - France (3) INRA, UE1153 - Unité Expérimentale des Monts d’Auvergne - 63210 Orcival - France

(4) INRA, UMR1225 – UMR Interactions Hôtes-Agents Pathogènes - 31076 Toulouse - France

(5) INRA, UMR85 – UMR Physiologie de la Reproduction et des Comportements - 37380 Nouzilly - France (6) INRA, UMR1273 - UMR METAFORT - 63122 Theix - France

RESUME

La plateforme INRA de recherches en production ovine allaitante biologique a été constituée en 1999 et est convertie en agriculture biologique (AB) depuis 2002. Elle associe trois approches complémentaires : des expérimentations de type système, des études plus analytiques sur des verrous identifiés et le suivi technico- économique d’un réseau d’exploitations. Un outil de modélisation permet par ailleurs d’aider à la conception et au pilotage des expérimentations systèmes et à l’extrapolation de certains bilans. Plusieurs thématiques de recherche y sont développées : i) la conception de systèmes d’élevage AB cherchant à combiner de manière optimale le niveau de productivité animale et le niveau d’autonomie alimentaire, ii) la maîtrise durable du parasitisme à travers la gestion raisonnée du pâturage, le développement d’indicateurs pour repérer les animaux ‘sensibles’ ou

‘sentinelles’, et l’évaluation de l’efficacité de thérapeutiques alternatives, enfin iii) l’évaluation des qualités de la viande et de la carcasse d’agneau AB. Cette communication présente certains résultats obtenus, ainsi que les perspectives de recherche envisagées.

A multidisciplinary research program on organic sheep production: from studying technical lock-in to designing innovative farming systems

PRACHE S. (1), BENOIT M. (1), TOURNADRE H. (1), CABARET J. (2), LAIGNEL G. (1), BALLET J. (3), THOMAS Y. (1) ; HOSTE H. (4), PELLICER M. (5), ANDUEZA D. (1), HOSTIOU N. (6), GIRAUD J.M. (1)

(1) INRA, UR1213 - Unité de Recherches sur les Herbivores - 63122 Theix - France SUMMARY

The INRA platform on organic sheep production was set up in 1999 and converted to organic farming in 2002. This platform associates three complementary approaches: experimental research at the livestock farming system level, experimental research on identified lock-in and the long-term survey of technical and economic performances of private farms. Modelling is also used to help design and manage experimental livestock farming systems and to extrapolate some results. Several research programs are being developed: i) the conception and evaluation of organic sheep production systems aiming at optimally combining ewe productivity and feed self-sufficiency, ii) the sustainable control of parasitism through rational pasture management, the development of tools to identify more susceptible animals or animals that may be early indicators of flock parasitism level, and the evaluation of alternative therapeutics, and iii) the evaluation of organic meat and carcass sensory and nutritional quality. This paper gives some leading examples of this multidisciplinary research, together with future research prospects.

INTRODUCTION

L’histoire de l’Agriculture Biologique (AB) aura bientôt 100 ans (apparition dans les années 20 en Allemagne). La France l’a reconnue officiellement en 1980 et la réglementation de sa production a été harmonisée au niveau européen en 1991 pour les produits végétaux et en 2000 pour l’élevage. La demande sociale et le retard pris par la France se sont traduits par deux plans de développement de l’AB : « Plan pluriannuel de développement de l’agriculture biologique 1998-2003 » et plus récemment, le « Plan Agriculture biologique : Horizon 2012 », avec l’objectif d’atteindre 6% de la SAU nationale en AB en 2012. Parallèlement, la recherche publique s’est investie sur le sujet avec, en 2000, la publication du document : « l’AB et l’INRA, vers un programme de recherche » et la création à l’INRA du Comité interne AB dont la mission est de promouvoir et de valoriser les recherches en AB. Cette dynamique a permis de soutenir le lancement d’un programme de recherches ambitieux sur le centre INRA de Clermont-Ferrand, mis en place dans le cadre d’une dynamique interrégionale (création du Pôle Scientifique AB Massif Central en 1999) et d’un soutien des régions et de l’état. Ainsi est née la Plateforme de Recherches en production ovine allaitante AB, avec la volonté de réunir différents acteurs et disciplines pour travailler sur un dispositif multidisciplinaire. L’originalité y est d’associer des observations en exploitations privées, des

expérimentations de type analytique et de type système en site expérimental, et enfin, la modélisation. Les premières réflexions ont abouti à la mise en place en 2000 d’une expérimentation « système » et d’expérimentations analytiques en parallèle, avec le renforcement de la présence d’élevages biologiques dans le réseau de fermes créé en 1987. A signaler que la proportion de brebis allaitantes en AB en France n’est que de 2.5% en 2009.

1. MATERIEL ET METHODES 1.1. DISPOSITIF EXPERIMENTAL

1.1.1 Un site dédié aux expérimentations « système » La conversion à l’AB du site de Redon (Installation Expérimentale de l’Unité de Recherches sur les Herbivores) a débuté en 1999 et la certification acquise en janvier 2002.

Cet outil expérimental permet de comparer deux systèmes d’élevage comprenant chacun un troupeau de 115 brebis et 27 ha. La prise de risque est possible, ce qui permet d’évaluer la faisabilité de systèmes innovants.

1.1.2 Des expérimentations analytiques

Certaines expérimentations analytiques peuvent être réalisées au sein des expérimentations « système ».

Néanmoins, le risque d’interférences a nécessité le déploiement d’un second dispositif sur la ferme d’Orcival de l’Unité Expérimental des Monts d’Auvergne, avec 100 brebis

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sur une surface de 14 ha. Les principales questions étudiées concernent la qualité des produits, la santé des animaux et la reproduction (Tournadre et al., 2002).

1.1.3 Un outil de modélisation

L’outil informatique OSTRAL (Benoit, 1998) est utilisé pour le pilotage des troupeaux (anticipation du renouvellement des animaux), pour les adaptations stratégiques de moyen terme (impact d’une baisse de chargement, par exemple), pour la conception des expérimentations systèmes (Tournadre et al., 2009), et pour l’extrapolation de certains bilans à l’échelle d’une ferme « réelle ».

1.1.4 Un réseau de fermes privées

Onze fermes privées AB sont suivies sur le long terme, ainsi que 29 conventionnelles. Ce réseau permet d’analyser l’évolution des performances technico-économiques, de repérer les facteurs déterminants du résultat économique et les verrous techniques, de situer les résultats obtenus dans les expérimentations « système », ainsi que de calibrer le modèle OSTRAL.

1.2 THEMATIQUES DE RECHERCHE 1.2.1 EXPERIMENTATIONS ‘SYSTEME’

En élevage ovin, les principaux déterminants du résultat économique sont la productivité pondérale par brebis (nombre d’agneaux produits par brebis x poids des agneaux) et le niveau des charges opérationnelles, notamment les charges d’alimentation (Benoit et al., 2011). A noter un surcoût de 60% des concentrés AB, alors que la plus-value sur le produit AB n’est que d’environ 10%. Les systèmes étudiés ont donc visé différentes stratégies de combinaison du niveau de productivité animale et du niveau des charges opérationnelles par les modalités de choix des périodes de mises bas et de leur répartition.

Un premier dispositif (2000-2003) a comparé deux systèmes d’élevage différant par le rythme de reproduction des brebis, avec l’objectif d’évaluer leurs performances techniques et économiques et d’identifier les déterminants et limites de leur réussite. Dans le premier système, les brebis ont mis bas une fois par an (1/an), pour moitié au printemps et moitié à l’automne, l’objectif étant de conjuguer une autonomie alimentaire élevée avec une large répartition des ventes d’agneaux au cours de l’année. Dans le second système, les brebis ont agnelé trois fois en deux ans (3en2), rythme qui a montré son intérêt économique en élevage conventionnel via l’obtention d’une productivité numérique par brebis élevée. Le système 3en2 est classiquement basé sur trois périodes de reproduction par an, souvent avec une synchronisation des brebis par traitement hormonal pour la lutte de printemps. Ce système est plus exigeant pour les brebis, il nécessite un plus fort recours aux aliments concentrés et il est plus complexe à organiser que le système 1/an. Comme la règlementation AB interdit l’utilisation d’hormones de synthèse et limite l’utilisation des aliments concentrés et des traitements allopathiques, nous avons testé l’hypothèse que le système 3en2 serait plus risqué en AB en termes de performances et de santé animale, ainsi que de rentabilité économique, et donc finalement serait moins durable que le système1/an.

Le deuxième dispositif (2004-2009) a cherché à adapter le système 1/an pour en améliorer l’autonomie alimentaire.

Nous avons alors renforcé la part de mises bas au printemps et augmenté la part de prairies temporaires afin d’augmenter la part des légumineuses dans l’alimentation du troupeau.

1.3 EXPERIMENTATIONS ANALYTIQUES Santé animale

Le programme sur la santé des animaux est centré sur la maîtrise durable du parasitisme par les vers. Les infestations helminthiques sont en effet un risque majeur en élevage ovin.

Trois volets sont abordés: i) la prévention à travers la gestion raisonnée du pâturage, ii) l’élaboration d’outils d’aide au repérage des animaux ‘sensibles’ ou ‘sentinelles’ pour cibler les traitements, et iii) l’évaluation de l’efficacité de thérapeutiques alternatives (phytothérapie et homéopathie).

Qualité de la viande et de la carcasse ovine

La mention ‘AB’ sur un produit garantit une manière de produire, mais l’obligation de résultats est pour l’instant limitée à une note suffisante de conformation et d’état d’engraissement de la carcasse, ce qui amène donc des questions sur les qualités alimentaires du produit.

En s’engageant sur l’accès des ruminants au pâturage lorsque les conditions le permettent, l’élevage AB promeut des conditions d’élevage favorables à la valeur santé pour l’homme des acides gras déposés dans la viande : plus fortes proportions d’acides gras poly-insaturés oméga-3 et d’acide linoléique conjugué et moindre proportion de C16 :0 par rapport à une alimentation à base de concentrés (Aurousseau et al., 2004). Par ailleurs, l’alimentation à l’herbe conduit à une flaveur/odeur de la viande plus intense que l’alimentation à l’auge, ce qui est plutôt défavorable dans le cas de la viande ovine (Rousset-Akrim et al., 1997).

Cependant, le cahier des charges AB autorise l’élevage en bâtiments hors saison de pâturage.

Compte tenu de cette diversité dans les pratiques d’élevage AB, nous avons comparé les qualités bouchères, sensorielles et nutritionnelles des carcasses et viandes d’agneaux produits en élevage AB ou conventionnel (C) pour deux pratiques d’engraissement, soit à l’herbe, soit en bergerie.

Pour les agneaux d’herbe, les modes de production AB et C différaient par le niveau de fertilisation minérale sur la prairie, ce qui a notamment induit des différences dans la contribution du trèfle blanc; pour les agneaux de bergerie, les aliments étaient issus de l’agriculture soit biologique, soit conventionnelle, les concentrés AB et C étant constitués des mêmes matières premières.

2. RESULTATS

2.1. EXPERIMENTATIONS ‘SYSTEME’

2.1.1. Les limites de l’accélération du rythme de reproduction en AB

Nous avons abouti à la conclusion que le système 3en2 n’est pas recommandé en AB, la faible augmentation de la productivité numérique s’étant accompagnée d’une augmentation importante des charges d’alimentation.

Productivité animale et reproduction :

Comme attendu, le taux de mise bas a été plus élevé en 3en2 : 33% des brebis ont agnelé deux fois par an en 3en2 contre 4% en 1/an. En moyenne, la productivité numérique par brebis a ainsi été supérieure de 7% en 3en2 (161%

contre 151% en 1/an), mais beaucoup plus variable, variant de 140% à 193% contre 143% à 158% en 1/an.

La fertilité a été moins favorable en 3en2 : en moyenne, elle a été de 73,1 vs 93,4% en 1/an (P < 0,001). En 1/an, elle a été stable au cours des 3 années et élevée, quelle que soit la saison de mise à la reproduction (99,4% en octobre et 89,6%

en juin). Au contraire, en 3en2, elle a été variable selon les années et la saison de mise à la reproduction, sauf pour les luttes d’octobre où elle a atteint en moyenne 91,7%. En janvier, dès lors que la reproduction a été accélérée, la fertilité a été relativement basse (55,6% en 2002 et 71,2% en 2003). Enfin, la fertilité en juin a été très faible en 2001 (46,7%) et 2003 (41,2%), mais satisfaisante en 2002 (80,3%).

En système 1/an, la prolificité moyenne annuelle a régulièrement augmenté entre 2001 et 2003. Il n’y a pas eu de différence entre les deux systèmes pour la lutte d’octobre : 169% en 3en2 contre 172% en 1/an. En revanche, pour les luttes de juin, la prolificité a été plus faible en3en2 qu’en 1/an : 133% vs 159% (P < 0,001). Pour les luttes de janvier en 3en2, on observe des niveaux de prolificité intermédiaires (145%). Au final, la prolificité a été globalement plus faible et plus variable en 3en2 qu’en 1/an (152 vs 166%, P < 0,05).

Caractéristiques et performances des agneaux :

L’engraissement à l’herbe a concerné 73% des agneaux en 3en2 et 50% en 1/an. L'âge et le poids vif au sevrage ont été inférieurs dans le système 3en2, en lien avec les différences de conduite liées au rythme de reproduction des brebis. Le

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ϱϬ ϲϬ ϳϬ ϴϬ ϵϬ ϭϬϬ

ϮϬϬϮ ϮϬϬϯ ϮϬϬϰ ϮϬϬϱ ϮϬϬϲ ϮϬϬϳ ϮϬϬϴ ϮϬϬϵ

ƵƚŽ&ŽƵƌƌϭͬĂŶ ƵƚŽĨŽƵƌƌŶсϭϮ ƵƚŽůŝŵϭͬĂŶ ƵƚŽĂůŝŵŶсϭϮ й

poids plus faible au sevrage explique en partie la consommation de concentré plus élevée pour les agneaux au pâturage en 3en2 qu’en 1/an (42,9 vs 18,5 kg), les apports de concentrés aux agneaux 3en2 étant par ailleurs systématiques. L'âge moyen des agneaux à l'abattage n’a pas différé entre systèmes : il a été en moyenne de 151j et 146 j pour les agneaux d’herbe en 3en2 et 1/an et de 125j et 122 j pour les agneaux de bergerie en 3en2 et 1/an. Le poids vif à l’abattage des agneaux de bergerie a été un peu plus faible en 3en2 qu’en1/an (- 1,2 kg, P < 0,05). Pour ce critère, il n’y a pas eu de différence entre systèmes pour les agneaux d’herbe nés en mars (34,9 kg). En 3en2, les agneaux d’herbe nés en juin ont été abattus à un poids vif plus faible que ceux nés en mars (- 3 kg, P < 0,001). A l’abattage, le poids de carcasse a été plus faible en 3en2 qu’en 1/an (15,08 vs 15,52 kg, P < 0,05) et la fermeté du gras dorsal un peu moins bonne (10,2 en 3en2 vs 11,1 en 1/an, P < 0,001), probablement en lien avec les différences de poids au sevrage.

Résultats économiques :

En moyenne, la marge brute par brebis a été plus faible pour 3en2 que pour 1/an (59 vs 65 €). Elle a également été plus fluctuante pour 3en2, variant de 31 à 90 € contre 49 à 86 € pour 1/an. Même en 2002, lorsque la productivité numérique par brebis a été excellente en 3en2, la marge brute par brebis a été peu différente entre les deux systèmes (90 € en 3en2 vs 86 € en 1/an).

En moyenne, le produit brut par brebis a été supérieur de 6%

en 3en2 comparé à 1/an (140 vs 131 €), mais beaucoup plus variable, en lien avec la productivité numérique. En moyenne, les charges opérationnelles par brebis ont été supérieures de 22% en 3en2 (81 vs 66 €), en lien avec une plus forte utilisation de concentrés. Les autres charges opérationnelles (frais vétérinaires et frais divers d'élevage) ont été supérieurs de 19% en 3en2 (16,3 vs 13,7 €/ brebis en 1/an). En 2002, année où la productivité numérique et le produit par brebis ont été les plus élevés en 3en2 (170€ vs 146€, soit +16%), les charges opérationnelles ont été supérieures de 34% (80 € en 3en2 vs 60 € en 1/an), en lien avec la consommation de concentrés (178 et 113 kg par brebis pour 3en2 et 1/an).

La marge brute du système 3en2 a donc été plus faible et plus variable que celle du système 1/an, principalement en raison des charges d’alimentation plus élevées et d’une autonomie alimentaire plus faible (75,6% vs 78,7%). Les

«degrés de liberté» apparaissent moins nombreux en 3en2 : peu de latitude dans les choix de dates de mise bas, peu de phases de récupération pour les brebis, dépendance pour les ressources fourragères de bonne qualité à des périodes clés.

Le cahier des charges et le coût des aliments concentrés AB limitent les possibilités d’intervention et les marges de manœuvre. Les conditions relativement difficiles du milieu (sol) et les conditions climatiques assez sévères ont donc révélé cette plus grande ‘tension’ du système 3en2.

2.1.2. Vers une optimisation des performances économiques

Ce constat nous a amené à ne pas recommander l’accélération du rythme de reproduction des brebis en AB et à réfléchir à l’optimisation du système 1/an en renforçant son autonomie alimentaire tout en maintenant un niveau élevé de performances techniques (2004-2009). Pour cela, deux modifications majeures ont été introduites : i) une modification de la répartition annuelle des agnelages pour atteindre 2/3 des agnelages au printemps et 1/3 à l’automne et ii) une augmentation de la part des prairies temporaires via le semis de mélanges laissant une place importante aux légumineuses. D’une part, la sécheresse de 2003 avait montré la fragilité de systèmes basés sur une proportion très élevée de prairies naturelles pour lesquelles il avait été difficile d’assurer une réimplantation rapide de légumineuses.

D’autre part, l’augmentation de la teneur en azote des fourrages devait faciliter la constitution de rations équilibrées incluant les céréales cultivées sur la ferme.

Figure 1 Taux de mise bas (MB) et productivité numérique pour le système 1/an et 12 élevages privés conventionnels Figure 2 Consommation de concentrés par brebis pour le système 1/an et 12 élevages privés conventionnels

ϴϬ ϭϬϬ ϭϮϬ ϭϰϬ ϭϲϬ

ϮϬϬϮ ϮϬϬϯ ϮϬϬϰ ϮϬϬϱ ϮϬϬϲ ϮϬϬϳ ϮϬϬϴ ϮϬϬϵ

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ŬŐĐŽŶĐͬďƌϭͬĂŶ ŬŐĐŽŶĐͬďƌŶсϭϮ ŬŐ

L’évolution des performances du système 1/an a été comparée à celle de 12 élevages conventionnels suivis en échantillon constant. Le chargement est de 0.75 UGB/ha SFP pour 1/an et en moyenne de 0.82 UGB/ha SFP dans les 12 élevages privés. Le système 1/an, malgré un taux de mise bas inférieur (élevages conventionnels en partie basés sur le rythme de 3 agnelages en 2 ans), affiche une productivité numérique supérieure (Figure 1). La consommation de concentrés dans le système 1/an a fortement diminué depuis 2004 (Figure 2), elle atteint maintenant 50% de celle observée dans les 12 élevages privés (70 kg/brebis vs 140 kg). L’autonomie alimentaire progresse régulièrement depuis 2003 et atteint le niveau très élevé de 95% depuis 3 ans, grâce à une autonomie fourragère de plus de 85%. Dans les 12 élevages privés, cette dernière atteint de 70 à 75%.

Figure 3

Taux d’autonomie fourragère et alimentaire pour le système 1/an et 12 élevages

conventionnels

2.1.3. Vers la prise en compte de nouveaux critères Comment limiter la sensibilité du système 1/an aux aléas ? Nous avons fait l’hypothèse que la subdivision de chaque période de mise bas en deux sous-périodes permettrait de limiter la sensibilité aux aléas (climatiques, techniques, coûts des intrants, prix de vente,…), bien qu’avec un risque de charge de travail accrue. Une étude préalable de modélisation a permis de valider cette hypothèse (Tournadre et al., 2009). Cette 3ème expérimentation « système » a ensuite été mise en place en ‘grandeur nature’ en 2009 pour 5 ans.

Le système 1/an est-il performant du point de vue de la consommation d’énergie et de l’émission de GES ? Nous avons utilisé la modélisation pour reconstituer un troupeau de 500 brebis ayant le fonctionnement et les performances du système étudié. Cela a permis de reconstituer un parc de matériel cohérent (selon les itinéraires techniques pratiqués) et la structure d’exploitation correspondante (taille des parcelles et distances de transport) et de comparer le système 1/an à 10 systèmes pratiqués en fermes privées (Benoit et al., 2010). Le système 1/an apparaît comme le plus performant parmi les 10 évalués (51 MJ/kg carcasse vs 75 en moyenne). En effet, la consommation de concentré est faible et aucun engrais chimique n’est utilisé, alors que ces postes

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représentent en moyenne 50% de l’ensemble de la consommation d’énergie. Concernant les émissions de GES, 1/an présente un bilan légèrement meilleur que la moyenne pour les émissions brutes (25,6 kg Eq CO2/kg carcasse vs 27,7). Le bilan net (déduction faite de la séquestration dans les sols) est beaucoup plus favorable, à 11,1 kg Eq CO2/kg carcasse pour le système 1/an vs 14,6 en moyenne (hors zone sèche du sud).

2.2. EXPERIMENTATIONS ANALYTIQUES 2.2.1. Maîtrise durable du parasitisme

La prévention du parasitisme sur les 2 sites expérimentaux est réalisée par un traitement des brebis allaitantes avant la mise à l’herbe et une gestion du pâturage autorisant, lorsque c’est possible, un seul passage de brebis allaitantes, les agneaux pâturant après sevrage sur parcelles de fauche. Par ailleurs, un travail méthodologique est en cours pour identifier les agneaux sensibles ou sentinelles et élaborer des outils d’aide à la décision de traitement. Plusieurs indicateurs sont mis en relation avec les résultats de coproscopies: DISCO (indicateur de diarrhée), FAMACHA (indicateur oculaire d’anémie), l’œil du berger et la variation de poids de l’agneau.

Enfin, nous étudions l’intérêt de la consommation de sainfoin, légumineuse riche en tannins, comme alternative aux traitements chimiques (Hoste et al., 2009).

Il faut signaler que ces recherches intéressent également l’élevage conventionnel du fait du développement rapide et de l’expansion des résistances aux anthelminthiques.

2.2.2. Qualité de la viande et de la carcasse ovine

Dans la comparaison entre élevage AB et conventionnel (C), il n’y a pas de réponse univoque en termes de qualité de la carcasse et de la viande, les résultats varient selon le mode d’élevage de l’agneau et le critère de qualité considéré.

Chez les agneaux d’herbe, les lipides de la viande étaient plus riches en acide stéarique pour les agneaux AB que les agneaux C, ce qui est positif d’un point de vue valeur santé pour l’homme. Ce résultat pourrait être dû à une bio- hydrogénation plus élevée du C18 :3n-3 en lien avec les différences de composition botanique des prairies. En revanche, le jury de dégustation a jugé que les côtelettes AB présentaient un niveau plus élevé d’odeur anormale du gras que les côtelettes C ; de plus, le gras de couverture était moins ferme sur les carcasses AB (Prache et al., 2011). Ces résultats sont probablement en lien avec une proportion plus élevée de trèfle blanc dans la ration. L’odeur moins appréciée peut être due à des composés odorants tels que le scatole, formé dans le rumen lorsque les protéines du fourrage sont rapidement dégradées dans le rumen. Le trèfle blanc conduit ainsi à des concentrations dans le rumen et le tissu adipeux plus élevées que le ray grass anglais (Schreurs et al., 2007).

Par ailleurs, une étude récente a montré que le rapport AGPI/AGS du gras de couverture était plus élevé chez des agneaux pâturant une prairie riche en légumineuses que chez des agneaux pâturant une prairie de ray grass (Lourenço et al., 2007). Pour les agneaux d’herbe, il faut donc signaler un risque accrû en AB de défauts d’odeur de la viande et de fermeté du gras de couverture, en lien avec une proportion plus élevée de trèfle blanc dans les prairies.

Pour les agneaux engraissés en bergerie, la qualité nutritionnelle de la viande, appréciée à travers la composition en acides gras des lipides de la viande, a été légèrement supérieure en AB, sans différences entre AB et C quant aux qualités sensorielles et bouchères.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Chercher à combiner une productivité animale élevée avec une autonomie fourragère importante demeure un objectif essentiel compte tenu des enjeux économiques et environnementaux (Benoit et al., 2011). La question du réchauffement climatique est prégnante et pourrait se traduire par une réglementation sur les émissions de GES. Nous positionnerons la suite de nos expérimentations « système » sur ce thème en cherchant à minimiser les émissions nettes par kg de produit, ce qui parait a priori tout à fait compatible avec les orientations précédentes. Les produits pétroliers représentent le 1er poste de consommation d’énergie non renouvelable dans le système 1/an, et 70% du fuel consommé correspond à la récolte et la distribution des fourrages. Il est donc essentiel de renforcer la part du pâturage dans l’alimentation du troupeau. Pour ces objectifs, nous envisageons d’évaluer l’intérêt d’associer 2 espèces (ovins et bovins) complémentaires à différents niveaux, dont celui de la valorisation des ressources fourragères.

Concernant la qualité de la viande, nous avons pointé un risque accrû de défauts de qualités sensorielles en AB, probablement en lien avec une proportion plus importante de trèfle blanc dans les prairies. Les légumineuses sont cependant essentielles pour préserver l’autonomie alimentaire du système d’élevage. Les recherches s’orientent donc vers la mise au point de pratiques d’élevage permettant de limiter l’occurrence de ces défauts, tout en tirant avantage de la présence du trèfle blanc. La qualité sanitaire, notamment les teneurs en résidus de produits de traitements, n’a pas été abordée dans ces études. Cependant, l’AB, en s’interdisant l’usage de pesticides de synthèse, en limitant les traitements aux animaux, et en obligeant à des matières premières AB dans les concentrés, limite fortement le risque de résidus de substances chimiques dans les produits. Enfin, il faut noter que les consommateurs AB sont particulièrement sensibles au critère ‘empreinte carbone’ de la viande qu’ils consomment, ce qui renvoie à nos projets de recherche à l’échelle du système de production.

Travailler sur des systèmes d’élevage en AB est particulièrement intéressant, car ce mode de production peut être considéré comme un prototype pour l’élevage de demain, avec les tensions prévues sur le prix des intrants, une règlementation renforcée (types d’intrants, santé et bien être animal), sachant que la demande sociétale est forte pour le mode de production et les produits AB.

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