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BEAUX-ARTS LE SALON DE MAI

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Academic year: 2022

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BEAUX-ARTS

LE SALON DE MAI

La confrontation du plus ancien Salon — le Salon avec un grand S — et du plus récent, le salon de Mai, n'est pas sans signi- fication. Mais, plutôt que de nous livrer à d'hasardeuses compa- raisons, louons la Ville de Paris de son éclectisme : elle ouvre, en même temps, les salles du Musée municipal d'Art moderne au salon de Mai et à celui des Femmes peintres, fort traditionnel et qui se signale surtout par une rétrospective de Louise Hervieu : elle nous permet de mesurer l'importance de la perte qu'a fait l'art contem- porain avec ce dessinateur inspiré, ignorant des modes de son temps.

On ne saurait, certes, en dire autant des exposants du salon de Mai qui fit sa première exposition il y a dix ans, dans une galerie des Champs-Elysées, et qui, pour marquer cet anniversaire a opéré, parmi ses membres, une sélection sévère puisque moins de deux cents toiles sont exposées avenue du Président Wilson.

Ceux qui prirent l'initiative de constituer ce groupe entendaient réunir les artistes de la génération qui commença à s'affirmer pendant l'occupation. On peut dire qu'ils ont réussi : on ne rencontre pas ici l'atmosphère des Indépendants, du Salon d'Automne ou des Tuileries qui, tous, sont représentatifs d'une époque déterminée.

Ces années 1944-1945 furent celles où triomphèrent les tendances non-figuratives. Cette période trouble engendra un art qui ne l'est pas moins. Refusant de considérer la nature comme ce vaste réper- toire de formes où leurs aînés puisèrent largement, ces jeunes d'il y a dix ans, n'acceptaient pas non plus d'admettre que la peinture est uniquement, suivant le mot de Léonard, cosa mentale. Les ténors du salon de Mai ne peuvent donc être étiquetés ni parmi les réa- listes, ni parmi les abstraits. Ils s'inspirent du monde extérieur, mais si librement qu'ils perdent souvent le contact avec lui.

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Cette tendance n'est pas très perceptible à l'actuelle exposition puisque les membres du Comité, soucieux de ne se point scléroser, font appel aussi bien à des aînés comme Picasso, Léger ou Villon, qu'à des cadets tels que Bernard Buffet, jeune vedette arrivée en tête avec plusieurs longueurs d'avance dans le référendum récem- ment publié par « Connaissance des Arts » pour désigner les dix meilleurs peintres de la nouvelle génération. Buffet présente ici un paysage d'une vérité aiguë qui montre qu'affronter le réel et le vaincre est moins aisé que le croient tous ceux qui recommencent les tentatives faites il y a bientôt un demi-siècle par les aînés : recherches de formes et surtout de matières vidées de tout contenu expressif. On ne saurait d'ailleurs nier la sincérité de ces artistes, ni que certains puissent nous émouvoir, tel Soulages dont la grande composition abstraite est d'un tragique à l'image d'un monde sans âme.

Mais trop d'exposants se satisfont de réussites purement déco- ratives et le Pavillon de Marsan a raison de nous rappeler, avec son exposition « Le tapis, art abstrait », qu'en ce domaine il est difficile de faire mieux que les vieux lissiers d'Orient. Quant aux sculpteurs, leur inquiétude se traduit, chez les meilleurs — Germaine Richier, Auricoste, Couturier — par des tentatives désespérées pour briser les anciens moules. Mais ils ne disposent pas, eux, des ressources de la couleur pour masquer leur désarroi...

UN SIÈCLE DE VISION NOUVELLE

Le Grand Palais s'est ouvert à un? immense foire à la gloire de la photographie et de. ses succédanés. Des milliers de clichés venus de tous les pays du monde sont montrés aux foules qui se pressent autour des stands où l'on vante les vertus du téléobjectif ou des divers procédés de photo en couleurs. Les organisateurs ont estimé que ce n'était pas encore assez et ils ont demandé que la Bibliothèque nationale nous présente quelques unes des merveilles que possède le Cabinet des Estampes, riche de milliers d'épreuves rarissimes, surtout depuis qu'il a accueilli la célèbre collection Sirot.

Mais M. Julien Cain et ses collaborateurs sont des hommes auda- cieux et c'est.à une confrontation entre la photographie et la pein- ture qu'il nous convient. L'idée centrale de cette exposition, Cent ans de vision nouvelle, M. Jean Vallery-Radot la précise : « La ma-

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BEAUX-ARTS 525 nière de voir d'une époque, écrit-il, peut se reconnaître aussi bien dans la photographie que dans la peinture. » C'est souscrire à l'idée contre laquelle s'insurgeait Baudelaire, dans son Salon de 1859, que la photographie peut être un art — si on entend par art l'inter- prétation du monde visible ou invisible. Mais M. Vallery-Radot et son adjoint, M. Jean Adhémar, ont joué le jeu. Ils n'ont pas voulu trop prouver. Les tableaux et les épreuves réunis dans la Galerie Mansart ne se répondent pas toujours ; il leur arrive de se contredire ; fréquemment aussi ils se complètent et montrent que le peintre et le photographe ne sont pas des ennemis. Degas, qui fut lui-même un fervent de l'objectif, a peint, bien avant Utrillo, d'après une photo, le portrait de la princesse de Metternich qu'a prêté pour cette exposition la National Gallery. Les premiers photo- graphes sont tous des peintres, des caricaturistes, c'est l'illustre Nadar, c'est Carjat, c'est Disderi, c'est Menut Alophe et ils réussiront mieux en maniant l'objectif que la palette. Aujourd'hui encore Man Ray et plusieurs de ses confrères passent aisément de l'un à l'autre.

C'est là un des ensembles les plus curieux qui se puisse voir actuellement à Paris. Il y a quelques toiles de premier ordre, telle Madame Hartmann, de Renoir, ou La Bacchante, de Courbet ; des épreuves rarissimes, des daguerréotypes datant de 1844 ou 45 ; mille documents qui n'épuisent d'ailleurs pas le sujet puisque nous n'y voyons aucun de ces nus que le plus grand sculpteur de notre temps, Aristide Maillol, modela d'après des illustrations de petits magazines fort vulgaires...

REMBRANDT ET S'ON TEMPS

Notre École nationale supérieure des Beaux-Arts conserve des collections d'estampes et de dessins' d'une incomparable richesse.

Qui le savait avant que M. Nicolas Untersteller, son directeur, n'affectât une salle à des expositions, malheureusement trop rares ? On souhaite que Mme Bouleau-Rabaud, l'érudite conservatrice de ces collections, imite l'exemple de Mme Bouchot-Saupique, au Louvre, et qu'en permanence elle fasse défiler sur ces murs tant de chefs-d'œuvre inconnus. Félicitons-nous, en attendant, d'avoir pu voir l'an dernier, des manuscrits enluminés du Moyen-ége, des gravures et des incunables et, cette année, une réunion d'eaux- fortes et de dessins de Rembrandt, accompagnés d'oeuvres contem-

poraines riches en enseignements.

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D'ailleurs Rembrandt est à la mode. On sait que le Louvre possède probablement la plus importante collection qui soit au monde de toiles du maître hollandais. Ces tableaux, Mme Hours et ses collaborateurs du laboratoire du Louvre, les ont passés aux rayons X, aux infra-rouges. Ils ont fait des découvertes qu'on nous présente dans une salle voisine de la Galerie Médicis et il nous fau- dra revenir quelque jour sur ces délicats travaux. Contentons-nous aujourd'hui de regarder une à une les pièces qui nous sont montrées rue Bonaparte et qui ont été étudiées par un historien d'art hollandais, M. Fritz Lugt, dans un imposant Inventaire des dessins hollandais de rEcole des Beaux-Arts.

Donc Rembrandt règne ici, avec ses plus célèbres gravures, certaines dans des états particulièrement précieux — un troisième état des Trois Croix, un second de La Pièce aux cent florins, un second de' la Mère. Mais ce sont évidemment les quatorze dessins, parfois de minuscules croquis, souvent des esquisses d'une souve- raine hardiesse qui retiennent le visiteur. Le Reniement de Saint Pierre, la Vieille maison au toit de chaume recèlent une puissance de suggestion qui devrait donner à réfléchir à tous ceux qui, aujourd'hui, prétendent tout remettre en question avec une superbe qui ne se justifie pas toujours.

Il est bon qu'un tel ensemble soit montré aux élèves de l'Ecole au moment où ils montent en loge pour le Prix de Rome, où les freins trop serrés qui ont stérilisé la vieille maison se relâchent peut-être à l'excès. Les tentatives les plus hasardeuses des grands et des petits maîtres de l'Ecole de Paris obsèdent visiblement ces jeunes gens. Ils ont, en Brianchon, en Legueult, en Gimond d'excel- lents maîtres. Mais ils ne peuvent se retenir de les dépasser et d'aller vers des extrêmes qui ne sont concevables qu'appuyés sur un métier qu'ils ne possèdent pas encore. Nous reviendrons là-dessus quand les résultats des concours seront connus, mais d'ore et déjà les prix d'Art Monumental inquiètent.

...Encore une digression dont je m'excuse, car l'exposition Rembrandt et son temps est assez riche pour qu'on ne s'en laisse pas distraire. A côté du maître voici des artistes du second rang qui, en une époque moins brillante, auraient été placés au premier.

Nous sommes honteux d'avoir négligé si longtemps Jacob de Gheyn dont VHomme assis, le Rabbin lisant sont d'une force éton- nante ; Karel Dujardin qui, à vrai dire, ne nous était pas tout à fait inconnu, non plus que Govaert Flinck amoureux du corps féminin.

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B1AUX-ABTS 527 Mais la Création de la lumière est une révélation et Pierre du Colom- bier, à mon côté, s'extasiait sur le génie visionnaire de ce Romeyn de Hooghe. Nous remarquions aussi combien les Vénitiens du xvme siècle, les Français du xixe, de Corot à Daumier, avaient su comprendre des leçons qui gardent, pour nos contemporains, toute leur valeur.

FRESQUES GOTHIQUES

S'il est un musée merveilleusement excitant pour l'imagination, c'est bien celui des Monuments, français qui nous invite à un voyage immobile au pays des cathédrales. Si, abandonnant les moulages du rez-de-chaussée, nous montons au premier étage nous rencontrons ces relevés que MM. Paul Deschamps et Marc Thibout ont fait faire des peintures romanes qui couvrent les murs de tant de nos édifices religieux du xne siècle. Mérimée, alors inspecteur en chef des Monuments historiques, attira, par une publication monumen- tale, l'attention sur le plus complet de ces ensembles, celui de Saint-Savin sur Gartempe. Mais il fallut l'inventaire que dressa un historien de génie, Henri Focillon, accompagné d'un photographe d'une habileté consommée, M. Pierre Devinoy, pour que l'art des peintres romans fût enfin placé au rang des sculpteurs de la même époque. ]Les conservateurs du Musée des Monuments français profitèrent de ce mouvement d'intérêt pour constituer une équipe qui se rendit aussi bien à Tavant qu'au Puy-en-Velay pour y copier avec une minutieuse perfection ces fresques, souvent invi- sibles sur place, ou dont l'état de conservation laisse fort à désirer.

Sans doute, dans ce domaine, avons-nous été devancés par la Catalogne. Il y a plus de trente ans, en effet, que l'illustre esthéti- cien, M.' Puig y Cadafalch, a entrepris de recenser les églises aban- données des Pyrénées espagnoles et, devant l'impossibilité de proté- ger les fresques qui les ornaient, a pris l'héroïque décision de les décoller des murailles. Une méthode audacieuse permit de les transporter au Musée archéologique de Barcelone où furent recons- tituées, en staff, les chapelles, les voûtes, les absides d'où elles avaient été enlevées.

Un tel parti ne pouvait être pris en France où les édifices ornés de peintures sont loin d'être abandonnés. Il fallut se résigner à ne nous en donner que des copies. Mais, peu à peu, l'habileté de ces artisans devint telle et leurs procédés de reproduction furent si minu-

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tieusement mis au point que nous croyons nous trouver, au Palais de Chaillot, en présence des originaux eux-mêmes. Cette grande réussite a incité M. Deschamps et ses collaborateurs à étendre leur prospection aux monuments gothiques. Une légende veut que l'architecture ogivale ait évidé les murs des églises de telle sorte que le vitrail, à partir du x me siècle, remplaça la peinture. C'est loin d'être vrai dans toute la France. Mais la fresque était un orne- ment peu coûteux qu'on détruisait aisément quand elle avait cessé de plaire. Le plus souvent on la couvrait de badigeons qu'il a suffi de gratter pour s'apercevoir qu'il n'y avait pas de solution de conti- nuité entre la peinture murale du xne siècle et celle qui, à partir du xve, va nous donner, sur le bois ou sur la toile, tant de chefs- d'œuvre. Ainsi c'est tout un pan de l'art français qui se dévoile aujourd'hui à nos yeux au second étage du Musée de la Fresque.

En attendant que le troisième nous conduise jusqu'à la Renaissance, on a reconstitué des ensembles aussi importants que la coupole de Cahors ou la chapelle du Petit-Quevilly et on ne sait ce qu'on doit admirer le plus de l'habileté des staffeurs qui ont su parfaitement recréer l'atmosphère de ces sanctuaires, ou de celle des copistes dont il serait injuste d'omettre le nom : Mmes Marthe Debès et Elisabeth Faure, MM. Marcel Nicaud, André Regnault, P.-A. Moras, R. Vin- cent et leurs camarades ont droit à notre reconnaissance non moins que le membre éminent de l'Institut qui a pris l'initiative de cette parfaite reconstitution.

QUELQUES EXPOSITIONS

Si les Salons sont loin d'avoir perdu toute signification, c'est cependant dans les galeries des Champs-Elysées et de Saint- Germain-des-Prés que bat le pouls de la jeune peinture. Un seul regret : c'est que les expositions les plus intéressantes soient presque toutes groupées dans les mois de mai et de juin, ce qui nous prive du plaisir de signaler des manifestations qui mériteraient de n'être pas oubliées. Mais elles se comptent par centaines et force nous est bien de faire un choix qui ne peut être qu'arbitraire.

Signalons d'abord quelques rétrospectives, celle de Félix Vallot- ton qu'on retrouvera, sans doute, à l'Exposition des Nabis que prépare le Musée d'Art moderne et qui fut l'ami des Vuillard et des Bonnard, bien que ses recherches, qui annoncent celles d'un Fau- connet, d'un La Fresnaye soient assez loin des leurs. Depuis sa

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mort, en 1925, je crois bien que nous n'avions pas vu d'ensemble important de ses œuvres, aussi faut-il féliciter la Maison de la Pensée française d'avoir réparé cette omission.

Autre méconnu : Hippolyte Petitjean qui fut le plus fidèle disciple de Seurat et qui pratiqua à ses débuts un strict division- nisme. Après la mort de son ami il se laissa entraîner vers des compositions à la Puvis de Chavannes qui dépassaient un peu ses moyens (Galerie de l'Institut).

Albert Lebourg est bien connu et, depuis sa disparition, en 1928, nous avons vu souvent ses paysages, dans la meilleure tradi- tion impressionniste, en particulier dans ce musée d'Hpnfleur si vivant depuis que le peintre Driès lui a rendu la vie. L'exposition de la galerie Serret-Fauveau n'en est pas moins fort attrayante.

Chez Mme Katia Granofî, les « œuvres choisies » d'Othon Friesz l'ont été avec discernement. Portraits, nus, paysages, compositions,

natures mortes nous montrent la diversité des dons de celui qui fut un fauve de la première heure.

Encore un aîné, mais bien vivant celui-là, Jacques Villon dont le destin est singulier puisqu'il exposa à côtés de ses amis cubistes bien avant 1914. Mais la faveur qui se porta avec la frénésie que l'on sait vers les Picasso, les Braque, les Juan Gris ne le toucha pas et il dut, pour vivre, graver d'admirables reproductions des maîtres impressionnistes. Et puis, en pleine guerre, voilà que le nom de Jacques Villon vient brusquement en pleine lumière. Les projec- teurs ne l'ont plus quitté depuis dix ans sans entamer sa modestie ni sa proverbiale gentillesse. Son exposition de la Galerie Louis Carré nous prouve qu'il est aussi jeune qu'au temps où il vivait inconnu dans son atelier de Puteaux.

Rolf Gérard, lui, n'était pas né quand Villon exposait déjà au Salon des Indépendants. Bien que de nationalité britannique, nous pouvons le revendiquer puisqu'il fit ses études en France et qu'il peint en Provence, après avoir connu en Amérique et en Angleterre de retentissants succès. C'est un peintre d'une extrême habileté dont on ne s'étonne pas d'apprendre qu'il a triomphé au théâtre : l'Art Theater de Londres ne lui a pas commandé moins de quinze décors. L'influence de la scène se ressent dans ses compositions très libres et d'une mise en page audacieuse. On est heureux de saluer, avec son préfacier Roland Dorgelès, sa première exposition à Paris (Au Pont des Arts).

G. CHARENSOL.

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