RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA MATURATION IN VITRO DES OVOCYTES DE TRUIE ET DE VEAU
W.-D. FOOTE C. THIBAULT
Micheline GÉRARD Anne-Marie MÉLIÈRES
Station centrale de
Physiologie animale,
Centre national de Recherches
zootechniques %8 - Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Nous avons étudié la
possibilité
d’une maturationexpérimentale
in vitro dans différents milieux de cultureclassiques d’ovocytes
de Veaux ou de Truieprélevés
dans des follicules de taillepetite
oumoyenne. La
reprise
de la méiose seproduit
dans la presque totalité des ovocytes.Cependant,
l’étudecytologique
révéla des anomalies au niveau des fuseaux de maturation. Nousapportons la
preuve que la rupture du contact entrel’ovocyte
et les cellules de la couche interne du follicule ou Granulosa entraîne lareprise
de la méiose et que, parconséquent,
c’est laprésence
de cette assise cellulairequi,
dans le
follicule,
maintientl’ovocyte
à l’étatdictyé.
Diverses
expériences
pour obtenir la maturation intrafolliculaire in vitro de follicules de Veauou de Truie ont échoué.
INTRODUCTION
L’ovocyte
des Mammifères demeure dans l’ovairependant
des mois ou des annéesaprès
sa formation et nereprend
naturellement l’achèvement de sa méiose que sousl’influence des hormones
hypophysaires déchargées
soitspontanément
au début del’oestrus,
soit sous l’influence del’accouplement.
Cettedécharge
hormonaleagit
surl’ovocyte
par l’intermédiaire des cellules folliculeuses de lathèque,
de lagranulosa
et des cellules
périovocytaires (corona radiata).
Cependant,
lareprise
de la méiosedepuis
ladisparition
du noyaudictyé jusqu’à
(!) Adresse actuelle : Animal Science Divisicn.
University
of Nevada. Reno, Nevada, 89,507., U. S. A.la formation du deuxième fuseau de
maturation,
seproduit également
dans deuxcirconstances :
,
- dans les follicules en atrésie de la Ratte
hypophysectomisée (BENOIT
etMA
UL ÉO N
,
communicationpersonnelle) ;
§-
après
extraction de follicules à antrum et culture in vitro en l’absence d’hor-mones
gonadotropes : Lapine (P IN C U S
et!NZnzAN, ig35 ; CHANG, i955) ; Souris, Brebis, Vache, Truie, Singe (E DW A RD S, 19 65 a) ; Singe (SuzuKI
etMAST ROIANNI ,
19
66) ;
Femme(E DW A RD S, 19 65 b; E DW A RD S,
BAVISTERetSTE P TOE, I969).
In vitro la formation du
premier
fuseau dematuration, puis
dupremier globule polaire, paraît s’accomplir
dans des délaiscomparables,
oulégèrement supérieurs,
àceux observés au cours du
cycle
sexuel entre ladécharge gonadotrope
et l’ovulation.C’est ainsi
qu’avec
l’oeufhumain,
la transformation du noyaudictyé
seproduit
25 heures
après
la mise enculture,
et l’émission dupremier globule polaire,
entre36
et 43 heures(E DWA R DS , 19 65 b)
et avec l’oeuf deLapine,
16 heuresaprès
mise enculture,
laprésence
demétaphases
II estfréquente (K ARDYMOWlCZ ,
communicationpersonnelle).
La maturation in vitro est-elle réelle ou n’est-ce
qu’une
forme dedégénérescence ?
Les observations
cytologiques
de CHANG( I955 ),
EDWARDS( 19 65
a etb),
SuzuKiet MASTROIANNI
( I g66),
par suite destechniques
de coloration et de fixation utilisées(acide acétique,
colorantlacmoïde,
examen intoto)
sonttrop
sommaires pour per- mettre d’affirmer que la maturation seproduit
normalement.Si la maturation in vitro est
réelle,
commentexpliquer
que la maturation in vivone se
produise
que dans lesovocytes
desplus
gros follicules sous l’influence d’une stimulationgonadotrope,
alorsqu’in vitro,
elle seproduirait
dans desovocytes
pro- venant de follicules dans des états fort différents de maturité et en l’absence de gona-dotropines,
comme chez l’animalhypophysectomisé.
C’est pour
répondre
à cesquestions
que nous avonsentrepris
les recherchesqui
font
l’objet
de ce mémoire.MATÉRIEI,
ETMÉTHODES
Nous avons utilisé des veaux de 3 à 4mois ou des vaches adultes de différentes races et des truies
pubères nullipares
de raceLarge
White. Les animaux étaient abattus àn’importe quel
momentdu
cycle,
àproximité
du laboratoire et les ovocytes ou follicules mis en culture dans les 10à 30mi- nutes suivant la mort de l’animal.Les ovocytes ont été
prélevés
paraspiration
dans des follicules à antrum de taille moyenne et non dans des follicules enphase
degrand
accroissementaprès
stimulation par des hormonesgonado-
tropesexogènes
comme l’ont fait BIGGERS, WHITTINGHAM et I70NAHUE( 19 6 7 ) ;
DONAHUEet STERN(
19
68)
pour l’étude in vitro des métabolitesénergétiques
nécessaires àl’ovocyte
de Souris enphase
de maturation finale.
Tous les ovocytes ainsi recueillis étaient entourés de leur corona radiata. Par commodité, nous utiliserons le terme ovocyte pour l’ensemble ovocyte-corona radiata.
Les follicules étaient détachés avec des ciseaux fins à rotation et ensuite
pelés
finement à lapince
sous laloupe
binoculaire. Cettetechnique préserve
totalement lagranulsosa
et a membranebasale,
ainsi quequelques
assises de lathèque
interne. Le traumatismepériphérique
est minime et le pourtour du follicule,après
30à 48 heures de culture, est très rarementpycnotique.
Nous avons
employé
comme milieux de culture duliquide
deBrinster,
ou le 199( 1 )
avec tampon (1
) Ig9 : Pasteur ou
:!Iicrobiological.
bicarbonate,
additionné de sérumhomologue
ou de sérum depoulain ( 15
p.roo)
et d’extraitembryon-
naire de
poulet ( 20
p.ioo), préparé
au laboratoire. Les différents milieux furent utilisés avec ou sansinsuline
( 5 avec
ou sans hormonesgonadotropes (FSH
et LH,CNRS-ovine),
avec ou sans stéroïdes ;généralement,
1001£ g/rnl
destreptomycine
furentajoutés
aux milieux. Il nous a paru que la meilleurepréservation
de l’ensemble ovocyte et cellules de la corona était observé avec du 100+ ig p. 100de sérum depoulain
-!- 20p. ioo d’extraitembryonnaire
depoulet,
de l’insuline et de lastreptomycine (milieu A),
sanscependant
quel’avantage
sur le sérumhomologue
soit certain. Les follicules étaient cultivés surgrilles
ou filtresmillipores
en cultureorganotypique
et les ovocytes, entubes ou
plus
souvent en salières.Les cultures ont été réalisées sous air !- 5° CO! à la
pression atmosphérique
ou sous despressions
de 30o et 700millibars.
L’augmentation
depression
améliore la survie des cellules de lagranulosa (fréquence
élevée de cellules en mitoses, absence depicnose),
mais ne nous a paspermis
d’obtenirune bonne
préservation
des ovocytes, aussi n’en ferons-nous pas état.La durée normale de maturation est d’une trentaine d’heures chez la Vache et d’environ
3
6 heures chez la Truie, aussi avons-nous
généralement
choisi des durées de culturecomprises
entre30et 48 heures pour éviter que les modifications que l’on sait intervenir au cours du vieillissement de
l’ovocyte après l’ovulation,
ne conduisent à uneinterprétation
erronée desphénomènes
nucléairessurvenus dans les ovocytes cultivés in vitro.
Après
culture, lespièces
ont été fixées au Bouin Hollande incluses,coupées
à 10!t et colorées selon lestechniques
habituelles(THIBAULT, 1949 ).
RÉSULTATS
i. Culture in vitro
d’ovocytes
de Truie ou de Veaua)
Truie.Le tableau i
montre,
pour 23ovocytes
de Truie cultivés 30 ou4 8 heures,
unereprise quasi générale
de la méiose : 20 sur 23ovocytes,
soit8 7
p. 100, étaient enmétaphase
1 ou enmétaphase
II.b)
Veau.Le tableau 2résume trois des
principaux
essais avec du sérum de veau, additionnéou non d’insuline et avec ou sans hormones
gonadotropes (FSH
etI,H-CNRS-ovine).
Il ressort clairement que
9 8
p. 100desovocytes
extraits de follicules à des stades divers dudéveloppement
folliculaire tendent à achever leur méiose.Après
30 heuresenviron de
culture,
40 p. 100atteignent
la deuxièmemétaphase
de maturationaprès
avoir émis le
premier globule polaire,
les autres évoluentplus
lentement et onpeut
même penser que la
plupart
n’auraient pas évolué au-delà du stadequ’ils
ont atteintaprès
30 heures.Les fuseaux de maturation
présentent
souvent des anomalies : c’est ainsi que152/1 6
2
fuseaux depremière
division et144/155
fuseaux de deuxième divisiond’ovocytes
de veauxprésentaient
des tétrades ou des diades sur uneplaque
méta-phasique
ou un fuseau anormaux.Généralement,
le fuseau seprésente
en tonneletavec les fibres relâchées et non centrées sur deux
pôles,
comme elles le sont normale-ment
(pl.
1,fig. i- 4 ).
K
ARDYMOWICZ
(communication personnelle)
a observé dansl’ovocyte
deLapine
la formation
amitotique
d’unglobule polaire :
àpartir
du noyaudictyé
central sedétache une masse de chromatine
qui
estexpulsée
et forme unglobule polaire.
Il nenous est pas
possible
d’affirmerqu’un
telphénomène peut
seproduire
chez laVache,
bien que nous ayons retrouvé desglobules polaires
semblables et dansl’ovocyte
unnoyau tout à
fait identique
à unpronucléus
et absolumentplus
à un noyaudictyé.
Nous avons
également
observé unovocyte
de vache contenant deux noyaux sansaucune émission de
globule polaire.
Nous avonsqualifié
cette situation caractérisée par laprésence
de noyaux semblables à despronuclei,
depseudo-parthénogenèse (pl.
I,fig. 5 -6).
2
. Culture in vitro de
follicules de
Truie ou de VeauPour
qu’une
survie de la totalité del’explant
soit assurée en culture organo--typique,
sa taille nepeut guère
excéder un à deux millimètres dediamètre ;
cecinous a conduit à ne cultiver que des follicules à antrum de
petite
taille.En
présence
d’extraitembryonnaire
depoulet,
les cellules du follicule et celles- de lagranulosa
enparticulier,
montrent de nombreuses mitoses. Mêmelorsque
danscertaines
parties
de lagranulosa,
les cellules sontpycnotiques,
cequi
est trèsfréquent
dans les
plus
grosfollicules,
dans les zones saines on observetoujours
des mitoses.a)
Truie.Le tableau 3
(première ligne),
montre un maintienparfait
de l’étatdictyé dans
es
ovocytes
intrafolliculaires(pl.
2,fig. 8).
b)
Veau.I,e tableau 4 confirme dans son ensemble cette
première conclusion,
mêmeaprès- 3
-6 jours
de culture le stadedictyé persiste
et sur H9 folliculescultivés,
101 fois les-ovocytes
ont été retrouvés au stadedictyé.
On remarquecependant,
quequelques ovocytes
sont enprométaphase (vacuolisation
dunucléole, apparition
des chromo-somes ou
diacinèse).
Il estpossible
d’associer cettereprise
de la méiose à unedégéné--
rescence
pycnotique
de lagranulosa
ou de cellulespériovocytaires.
Une indication de l’existence d’une telle relation nous a été fournie par l’examen d’un follicule cultivé4
8
heures et contenant deuxovocytes : l’un,
demeuré au stadedictyé,
était entouré de cellulespériovocytaires
et relié à unegranulosa histologiquement normales ;
auvoisinage
dusecond,
aucontraire,
lagranulosa
et les cellulespériovocytaires
étaientpycnotiques
et le noyau était enprométaphase (pl.
3,fig.
m, i3 eti 4 ).
Cette relation entre
l’intégrité
des cellules de lagranulosa,
des cellulespériovo- cytaires
et le maintien del’ovocyte
à l’étatdictyé
n’est pas aussi nette chez la Truie : dans des follicules depetite
taille etaprès culture, l’ovocyte
entouré d’une couronneassez
fragile
de cellulespériovocytaires, peut
se trouvercomplètement
détaché de lagranulosa
sans quetoujours
le stadedictyé
soitdépassé (pl.
2,fig. 5).
Malgré
des différences de détails entrel’ovocyte
de Truie et celui deVache,
cesexpériences
montrent :i° que le «
blocage
» de la méiose à l’étatdiplotène-dictyé
résulte d’une inhibition que subitl’ovocyte
à l’intérieur dufollicule ;
2
° que,
lorsque
cette inhibition estlevée,
soitexpérimentalement
partransport
de
l’ovocyte
hors dufollicule,
soit parrupture
de la liaisonG y anulosa-ovocyte,
les mitoses réductionnelles seforment,
mais sontfréquemment
anormales.Nous avons tenté de
préciser quelle
étaitl’origine
del’inhibition,
exercée à l’intérieur dufollicule,
par des «greffes
» in vitrod’ovocytes étrangers,
à l’extérieur ouà l’intérieur de follicules en culture.
3
.
Greffe d’ovocytes
surdifférentes assises folliculaires A) Culture d’ovocytes
au contact dufollicule.
Au contact d’un
follicule, préparé
comme il a étéindiqué,
sontplacés
desovocytes prélevés
dans des follicules du même ovaire et l’ensemble est cultivé!8
heures.Les ovocytes
propres des follicules servent de témoin.Il y a
greffe quand
les cellulespériovocytaires
se lient aux cellules de lathèque
ou de la
granulosa
sans solution de continuité.a)
Truie.L’expérience
i du tableau 5 montre que 5ovocytes
dont les cellulespériovocy-
taires
s’étaient greffées
à lapériphérie
de troisfollicules,
sont enmétaphase
I ou enmétaphase
II. Lesovocytes
témoinsintrafolliculaires sont demeurés
au stadedictyé.
( p
l.
2.fig. 9).
b)
Veau.La
mêmeexpérience répétée
avec des follicules etdes ovocytes
de veauaboutit
au même résultat.
B)
Cultured’ovocytes
au contact de lagranulosa.
Les
follicules
sontcoupés
parmoitié
et desovocytes provenant
d’autres folli- cules sont soit recouverts par ledemi-follicule,
soitplacés
dans la coupeformée
par ledemi-follicule
tourné vers le haut.a) Truie.
Ces
expériences présentées dans
letableau 5 (expériences
2 et3 )
montrent que le rétablissement d’un contact entrel’ovocyte
et lagranulosa
suffit à assurer le main-tien de l’état
dictyé (pl.
2,fig. 10 ).
b)
Veau.Les résultats sont à la fois
plus
nuancés etplus intéressants ;
eneffet,
le maintiende l’état
dictyé dépend
de la bonnejonction
entre les cellules de lagranulosa
et lescellules
périovocytaires,
ainsi que de l’état fonctionnel de ces cellules :lorsque
denombreuses cellules sont
pycnotiques,
le noyaudictyé
évolue vers lamétaphase
I.Les
figures
i5 à =8 illustrent clairement cette nécessité d’unejonction
fonctionnelle.4
. Action des hormones sur la
maturation
del’ovocyte int y afolliculai y e
in vitroA)
Culture associéehypophyse-follicule.
Au contact de
follicules
de Veau et deTruie,
il est très facile de cultiver desfragments d’hypophyse
du mêmeanimal,
dans lemilieu A,
les pycnoses sont rares et les mitoses dans le tissuhypophysaire
sont nombreuses.L’association
entre les celluleshypophysaires
et les cellules de lathèque
est étroite.Malgré
cette situationfavorable,
aucune réactivation du noyau del’ovocyte
n’a été observée(tabl.
6 etpl.
3fig. 12 ).
B)
Culture defollicules
enprésence de FSH
ou de LH.FSH et
I,H, d’origine ovine,
ont étéajoutées
au milieu A dans laproportion
de 20
!tg/ml
de FSH et de 2!tg/ml
de LH. Ellesfurent,
dans lamajorité
desexpé- riences, ajoutées
ensemble(tabl. 7).
Une
proportion
relativement élevéed’ovocytes ( 22/49 )
ontrepris
leur méiose.Il nous semble que ce résultat doit être
imputé
à laproportion
élevée defollicules présentant
unegranulosa pycnotique plus qu’à
une action directe de FSH oude
LH.Mais il est
possible
que cetteproportion élevée
de folliculespycnotiques soit due
àl’action de FSH et de I,H.
C)
Culture enprésence de
stéroïdes.I,e sulfate d’oestrone ou
la progestérone,
soit seules(tabl.
3 et8),
soit associées à des cultures defollicules
enprésence d’hypophyse (tabl. 3),
nepermettent
pas la levée de l’inhibition de la méiose.DISCUSSION
W Nos observations confirment les travaux antérieurs de PINCUS et ENZMANN
!1935
a etb) ;
CHANG(1955) ;
EDWARDS( 19 65
a etb) ;
SUZUKI et MASTROIANNI(
19
66),
sur lareprise
de la méiose del’ovocyte provenant
de follicules à Antrum et cultivés dans différents milieux.Elles
apportent
uneprécision qualitative
sur lesfigures mitotiques observées, grâce
auxtechniques cytologiques employées :
laposition
sicaractéristique
du 2e fuseau de maturation dans
l’ovocyte
fraîchementovulé, parallèle
au bordde
l’ovocyte,
n’a été que très rarementobservée ;
leplus souvent,
le fuseau occupeune
position plus
ou moinsoblique,
situationanalogue
à celle que l’on observe dansl’ovocyte
vieillissantaprès
l’ovulation. Il en est de même del’éparpillement
desfibres fusoriales aux deux
pôles
desfuseaux, image fréquemment
rencontrée dans lesovocytes
cultivés des deuxespèces.
Enfin,
laprésence
d’unglobule polaire
avec une masse de chromatineponctuelle
et d’un noyau
(ou
dedeux)
ressemblant à despronuclei (i 3
fois sur 402ovocytes
deveau)
est àrapprocher
des observations de CHANG( 1955 ),
BARROS et AUSTIN( 19 68).
C
HANG
signale
l’existence d’oeufs «parthénogénétiques
uparmi
lesovocytes
ovariens immaturesqu’il
avaitreplacés
dans lestrompes
de laLapine.
BARROS et AUSTINobservent des «
pronuclei
o dans desovocytes
ovariens de Hamsterayant
reçu del’actinomycine
lejour précédant
lejour probable
del’ovulation, l’antibiotique ayant empêché
l’ovulation.Dans cette
étude,
nous n’avons pas cherchéà éprouver
la fécondabilité des oeufs maturés invitro,
mais les résultats de CHANG( I955 ), après transfert dans les trompes
d’une
Lapine,
ont montréqu’une proportion
nonnégligeable
était fécondable( 19
p.100 )
mais que fort peu de ces oeufs se
développaient
normalement( 4
p.I oo). E DWARDS ,
B AVIS TE
R et STEPTOE
( 19 6 9 )
ont obtenuquelques
fécondations in vitrod’ovocytes
ovariens humains maturés in
vitro. Que de
telsovocytes
soient fécondables n’a riend’ étonnant, puisque
nous avons observé qB1! desovocytes
ovariens deLapines
accou-plées pouvaient
être fécondés in vitrojuste après
l’émission de leurpremier globule polaire (DUQuESN!
etT HISAU r, T ,
nonpublié). Que
leurdéveloppement
soit anormalpeut
découler des anomalies dans les divisions dematuration,
c’estégalement l’opi-
nion d’EDWARDS et al.
(Ig69).
2
° Cultivé dans le même
milieu,
maisemprisonné
dans son follicule ou« greffé
»sur la
granulosa, l’ovocyte
demeure à l’étatdictyé.
Certaines «greffes
n montrentdes stades divers de contact et l’étude des cas individuels conduit à la conclusion que seules les cellules de la
granulosa
sontcapables
de maintenir l’inhibition de la méiose. Au contact des cellules de lathèque,
lamétaphase
depremière
division appa- raît dansl’ovocyte.
On est donc conduit à l’idée que le maintien de
l’ovocyte
au stadedictyé
résulted’une inhibition
permanente
exercée par les cellules de lagranulosa.
Cette inhibitionne
paraît pouvoir
s’exercer chez la Vache que par un contact cellulaire direct entregranulosa
et coronaradiata,
alors que chez laTruie,
leliquide
folliculairepeut
servird’intermédiaire.
Quand
ce contact estrompu
parponction
del’ovocyte
hors du follicule(culture
in
vitro),
ou que les cellulesresponsables
de l’inhibitiondégénèrent (follicules
pycno-tiques
et follicules enrégression
chez la femellehypophysectomisée),
la méiose tend à s’achever.Dans le follicule
mûr,
onpeut imaginer
que ladécharge gonadotrope
ovulantea un double rôle :
initialement,
envoyer dansl’ovocyte
un messagequi
sera respon-sable
de la formation des fuseaux etdes centrioles puis
provoquer la dissociationphysiologique
entre les cellulesde
lagranulosa
et les cellulespériovocytaires,
cette dissociation
physiologique
étantrapidement
suivie d’une dissociation méca-nique, prélude
àl’ovulation,
dissociationqui
à elle seulepermet
lareprise
de la méiose.I,e schéma suivant est
proposé
comme uneexplication provisoire
de l’ensemble des faits connus relatifs à lareprise
de la méiose del’ovocyte
de Vache(fig. i 9 ).
3
°
MORICARD(i9q:o)
alonguement développé l’hypothèse
d’une fonction méio-gène
duliquide
folliculaire. Tellequelle,
à la lumière des faitsrapportés,
cettehypo-
thèse
paraît inexacte, puisqu’il apparaît
que lareprise
de la méiosecorrespond
à lalevée d’une inhibition et non à une stimulation.
Cependant,
nous voyons que lareprise
de la méiose parexplantation
del’ovocyte
hors dufollicule, présente
des ano-malies et
qu’il
est nécessaire de concevoirqu’au
cours de laphase préovulatoire,
unestimulation
spécifique
est transmise aux cellulespériovocytaires, puis
àl’ovocyte.
Les modifications structurales et ultrastructurales des cellules
périovocytaires
décrites par MORICARDet SALI,USTO
( 19 68)
sontpeut-être
le reflet du transfert de cetstimulation,
maispeut-être
révèlent-elles aussi lechangement
d’activité de ces cellulesqui
devenantindépendantes
de lagranulosa,
doivent contribuer à assurer le méta- bolismeénergétique
desovocytes
enmaturation,
comme l’ont montréB IGGERS ,
WAITTIN G H A
M et DONAHUÉ
( 19 6 7 ),
DONAHU! et STERN(1968)
etpeut-être
aussileur propre utilisation de
l’énergie
du milieu.Reçu
pourpublication
en marsrç6g.
REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé
grâce
à l’aide de l’Institut national de la Rechercheagronomique
et de laDélégation générale
à la Recherchescientifique (contrat
numéro6 3
FR099 ).
Le
séjour
de l’un de nous a été rendupossible
par l’aide de l’Université de Nevada et de l’U. S.Public Health Service et de l’I. N. R. A.
Nous remercions le Centre national de la Recherche
scientifique
et le docteurJuTisz qui
nousont fourni les
gonadotropines
ovines utilisées.SUMMARY
INVESTIGATIONS ON a IN VITRO MATURATION OF COW AND PIG OOCYTES
Cow and Pig ovarian oocytes recovered from immature follicles were cultured in vitro. The
resumption of meiosis was observed during culture, which is in accordance with previous literature by PINCUS and ENZMANN, CHANG, EDWARDS, SuzuKi and MASTROIANNI (Pictures I and 2).
However, the position and structure of meiotic figures were often anomalous ; the formation of one or two a pronuclei could even be noticed (Pictures I to 6).
On the contrary, when the whole follicle was cultured in the same experimental medium, the follicular oocytes remained at the dictyate stage, provided that, in the Cow, the corona and gra- nulosa cells remained alive (tables 3 and 4 ; pictures 7, 8, II, 13, 14).
The persistency of the dictyate stage in oocytes grafted on granulosa cells and on the other
hand the resumption of meiosis in oocytes grafted on the theca constitute presumptive evidence
that the granulosa cells are responsible for the inhibition of meiosis. (table g ; pictures 9, 10, IS.
I 6, 17, I8).
The grafting of a wedge of pituitary tissue on in vitro cultured, small-sized follicles, or the addition of steroids or ganodotrophins to the medium could not induce the nuclear maturation of follicular oocytes.
In view of these facts, it is suggested that in normal follicles, the preovulatory gonadotrophic
release induces :
I
) a specific stimulus triggering the normal nuclear maturation of the oocytes ; 2
) a physiological or mechanical process responsible for the resumption of meiosis by isolating
the oocyte from the granulosa cells.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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