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P révalence des marqueurs sérologiques du virus de l’hépatite B chez les femmes enceintes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Bull Soc Pathol Exot, 2001,94, 4, 339-341 339

Introduction

L

a prévalence du portage de l’antigène de surface de l’hépatite B (AgHBs) varie chez l’adulte jeune au Mali entre 8 et 1 2 % (7, 8). Si, dans les pays industrialisés, l’hépatite virale B est une infection surtout liée au sexe ou au sang, en Afrique, la contamination mère-enfant en période péri- et néo-natale du v i rus est un mode majeur de transmission, associée à une trans- mission horizontale par contact très élevée dès l’enfance (1).

En effet, un enfant sur 4, né de mère AgHBs positive, risque d ’ ê t re infecté par le virus de l’hépatite B (VHB) pendant les 12 premiers mois de la vie, alors que ce risque serait 5 fois m o i n d re chez les enfants nés de mère AgHBs négatives (1, 2, 5, 8, 14) ; dans le district de Bamako, des études ont montré qu’un bébé né de mère porteuse de l’AgHBs court près de 20 fois plus de risque d’être contaminé par le VHB que celui dont la mère est AgHBs négatif (12). Il est maintenant clai- rement établi qu’une contamination au moment de la naiss a n c e

P révalence des marqueurs sérologiques du virus de l’hépatite B chez les femmes enceintes

dans le district de Bamako, Mali.

Summary:Prevalence of hepatitis B virus serologic markers in pregnant women in Bamako, Mali.

A prospective study of the serological markers of hepatitis B virus (HBV) including hepatitis B virus surface antigen (HBsAg) and hepatitis B surface antibody (anti HBs) was conducted over 5 years in Bamako. The aims of this study were to assess the prevalence of HBsAg in pregnant women and to determine the risk of HBV infection for this population. The study involved 829 pregnant women for whom blood samples were collected after the first quarter of pregnancy. HBsAg and anti HBs were detected in all cases by radioimmunoassay.

The prevalence of HBsAg and anti HBs in pregnant women was respectively 15.5% and 16.9%. This prevalence of HBsAg, higher than in the general population, points to the fact that pregnant women are a high risk group for hepatitis B infection. In addition, scarification and tattooing practices increase significantly the risk of infection by hepatitis B virus (OR = 2,03; 1,07 < OR < 3,82; χ2= 5 , 6 2 ; p: 1%). Thus, we can presumably conclude that infants and new borns in such conditions are largely exposed to hepatitis B virus infection, even though hepatitis B core antibody and hepatitis B e anti - gen were not investigated for technical reasons.

In conclusion, the authors believe that infants and new borns must be systematically immunised against hepatitis B virus infection in Bamako.

Résumé :

Un travail prospectif portant sur 829 femmes enceintes et sur une période de 5 ans a été entrepris dans le district de Bamako, afin de déterminer la prévalence de deux marqueurs sériques du virus de l’hépatite B. Ces deux marqueurs, l’antigène de surface du virus de l’hépatite B (AgHBs) et l’an - ticorps anti-HBs (antiHBs), ont été recherchés par technique radio-immunologique.

La prévalence du portage de l’AgHBs chez les femmes enceintes est très élevée (15,5 %), supérieure à celle de la population générale; la prévalence du portage de l’antiHBs est de 16,9 %. Ils permet - tent de penser que les enfants et les nouveau-nés dans un tel contexte sont largement exposés au risque de contamination par le VHB même si, pour des raisons techniques, l’anticorps anti-HBc et surtout l’antigène HBe n’ont pas pu être recherchés dans notre population d’étude.

Une analyse des facteurs de risque de portage de l’AgHBs fait apparaître que seules les pratiques de scarification et/ou de tatouage sont associées significativement au portage de l’HBs (OR = 2,03 ; 1,07 < OR < 3,82 ;χ2= 5, 62; p: 1).

Ce travail montre que le district de Bamako se situe dans les zones de très forte prévalence au niveau de la planète et, de ce fait, la vaccination systématique contre l’hépatite B des nouveau-nés et/ou des nourrissons constitue une priorité.

S. Sidibe (1), B. Youssoufi Sacko (2) & I. Traoré (3)

(1) Maître assistant de radiologie et de médecine nucléaire, Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie (FMPOS) du Mali (2) Biologiste service de radiologie et de médecine nucléaire, Bamako, Mali.

(3) Professeur agregé de radiologie à la FMPOS, chef de service de radiologie et de médecine nucléaire, Hôpital du Point “G”,Bamako, Mali.

Correspondances : Dr Sidibé Siaka,Service de radiologie et médecine nucléaire, Hôpital du Point “G”,Bamako, Mali. Fax : 223 22 97 90.Email : sidibes@hotmail.com Manuscrit n° 2302. “Santé publique”. Reçu le 2 avril 2001. Accepté le 7 août 2001.

hepatitis B pregnant woman HBsAg radio immunoassay Bamako Mali Sub-Saharan Africa

hépatite B femme enceinte Ag HBs radio-immunologie Bamako Mali Afrique intertropicale

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Santé publique 340

S. Sidibe, B. Youssoufi Sacko & I. Traore

entraîne pour l’enfant un taux de portage chronique de 90 % et que ce taux reste élevé si l’infection survient dans la petite enfance jusqu’à l’âge de 4 ans (> 30 %) (1, 5, 14).

Ce portage chronique avec réplication virale prolongée est un facteur déterminant dans l’oncogénèse du VHB (8, 11, 14).

À partir de ces données, il nous a paru important de préciser l ’ i m p o rtance du réservoir humain du VHB que constituent les femmes enceintes dans le district de Bamako.

Nous avons donc entrepris l’étude de la prévalence des mar- queurs sérologiques (AgHBs, anticorps anti-HBs) du VHB afin d’identifier certains facteurs de risque de portage de l’Ag HBs chez les femmes enceintes.

Population d’étude et méthode

D

u 16 avril 1994 au 31 mars 1999, 829 femmes enceintes ont été incluses dans ce travail. Ces femmes ont été re c ru- tées dans les centres de santé des communes III et IV du dis- trict de Bamako. Ces centres ont été choisis en raison de leur situation géographique (centre ville de Bamako) et de leur expérience en consultation maternelle prénatale. Les critères d’inclusion étaient :

- accord éclairé de la gestante à participer à l’étude ; - grossesse évolutive depuis au moins 4 mois.

Les prises de sang ont eu lieu lors d’une consultation préna- tale du 2è ou 3è trimestre de grossesse. Toutes les gestantes ont fait l’objet à cette occasion d’une enquête par interview ren- seignant sur l’âge, la parité, les antécédents médicaux per- sonnels, en particulier la notion de transfusion, même ancienne, ou d’ictère, et le niveau socio-économique.

L’AgHBs et l’anticorps anti-HBs (AntiHBs) ont été systéma- tiquement re c h e rchés dans l’ensemble de la population d’étude.

Pour chaque gestante, ces deux marqueurs sérologiques du VHB ont été re c h e rchés par méthode radio-immunologique le même jour, sur la même aliquote de sérum, en utilisant les t rousses du département des isotopes de Bejing (République P o p u l a i re de Chine).

Le test deχ2a été utilisé pour l’analyse statistique des résul- tats et un seuil de 5 % a été retenu pour décider de la signifi- cativité des diff é rences observ é e s .

Résultats

P

our ces 829 femmes, l’âge moyen était de 34,06 ans ( e x t r ê m e s: 17 et 46 ans). Parmi ces femmes, 206 étaient pri- migestes, 479 multipares (2 à 5 grossesses), 144 grandes mul- t i p a res (plus de 5 grossesses). Aucun antécédent d’ictère ou de transfusion n’a été noté ; par contre, 540 femmes présentaient une scarification et/ou un tatouage, et 789 signalaient avoir été excisées. Dans 67,6 % des cas (560/829), elles étaient des femmes au foyer de condition socio-économique modeste.

Toutes les 829 femmes ont mené à terme leur grossesse.

Trente-cinq pour cent des 829 femmes enceintes avaient au moins un des deux marqueurs sériques du VHB recherchés ;

l’anti HBs a été re t rouvé chez 140 (16,9 %), l’AgHBs était présent chez 129 (15,5 %) d’entre elles et, dans 21 cas, asso- cié à l’anti HBs. Ni l’âge, ni la parité (tableaux I et II), ni le fait d’avoir été excisée, n’influençaient la prévalence du portage de l’AgHBs, contrairement aux antécédents de scarification et ou de tatouage (tableau III), qui augmentaient le risque de port a g e d’un facteur 2 (OR = 2 , 0 3 ; 1,07 < OR < 3 , 8 2 ; χ2= 5, 62 ; p : 1 %).

Discussion

L

’AgHBs constitue un bon marqueur d’évaluation du por- tage du VHB dans une population puisque sa présence témoigne soit d’une hépatite virale B aiguë, soit d’un état de por- tage chronique du VHB (8, 11, 14). L’apparition dans le séru m de l’antiHBs signe, soit l’arrêt de la réplication virale avec gué- rison, soit une protection post vaccinale (1, 10). La prévalence du portage de l’AgHBs chez la femme enceinte dans notre série est de 15,5 % ; elle est significativement supérieure à celle de la population générale malienne (7, 8). Ce résultat, super- posable à celui des travaux réalisés dans la sous-région ouest- africaine (1, 4, 6), est nettement plus élevé que celui obtenu lors des études conduites en Afrique centrale et en Europe (4, 9, 15). Cette diff é rence pourrait pour certains être liée au cli- mat (4), mais plus vraisemblablement à l’épidémiologie locale et notamment à une contamination très précoce dans la vie. Ce taux élevé de portage de l’AgHBs chez les femmes enceintes est préoccupant, si l’on sait que toute femme AgHBs positif peut transmettre le VHB à son enfant (1, 2, 5, 12, 13). L’ a p- préciation effective de ce risque aurait été plus facile si, dans ce travail, l’anticorps anti-HBc et surtout l’antigène HBe avaient pu être dosés. Malgré la relative jeunesse de la popu- lation d’étude, elle est constituée, dans plus de 75 % des cas, de femmes ayant fait au moins 2 grossesses. Ces femmes, de condition socio-économique modeste, ont subi l’excision dans 9 5 , 2 % (789/829) des cas et présentent, pour près de deux tiers d ’ e n t re elles ( 6 5 %), tatouages et/ou scarifications. De l’en- semble des facteurs de risque étudiés dans notre série, seule la pratique de la scarification et ou du tatouage influence significativement le risque du portage de l’AgHBs (cf. p l u s haut, in résultats). Ce résultat peut s’expliquer par le fait

Tableau I.

Prévalence de l’AgHBs et de l’antiHBs chez les femmes enceintes en fonction de l’âge.

Relationship between prevalence of HBV markers (HBsAg and HBs antibody) and age among pregnant women.

moins de 21 ans 21 - 30 ans 31 - 40 ans plus de 40 ans total

AgHBs + 29 57 43 0 129

AntiHBs -

AgHBs - 29 68 36 7 140

AntiHBs +

AgHBs - 125 302 112 21 560

AntiHBs -

total 183 427 191 28 829

Tableau II.

Prévalence de l’AgHBs et de l’antiHBs chez les femmes enceintes en fonction de la parité.

Relationship between the prevalence of HBV markers (HBsAg and HBs antibody) and the number of pregnancies among pregnant women.

primigeste multipare grande multipare total (2-5 grossesses) ( 5 grossesses)

AgHBs + 29 62 38 129

AntiHBs -

AgHBs - 29 79 32 140

AntiHBs +

AgHBs - 121 306 133 560

AntiHBs -

total 179 447 203 829

Tableau III.

Prévalence de l’AgHBs chez les femmes enceintes en fonction des antécédents de scarification et ou de tatouage.

Relationship between the prevalence of HBsAg and scarification or tattooing among pregnant women.

AgHBs + AgHBs - total

scarification 76 464 540

ou tatouage +

scarification 31 258 289

ou tatouage -

total 107 722 829

OR =2,03 ; 1,07 <OR <3,82 ; X2 =5,62 ; p: 1 %.

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Prévalence des marqueurs sérologiques du virus de l’hépatite B chez les femmes enceintes

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que ces pratiques traditionnelles largement répandues dans n o t re société étaient réalisées dans un passé encore récent dans des conditions d’hygiène précaire .

Il convient de souligner que 2,5 % (21/829) des femmes enceintes de notre série portent simultanément l’AgHBs et l’antiHBs. Cette présence simultanée n’est pas exceptionnelle (3) et se re n c o n t re chez certains porteurs chroniques du VHB mais, dans ce cas, le titre des antiHBs est faible.

Conclusion

C

e travail révèle la fréquence très élevée du portage de l’AgHBs chez les femmes enceintes dans le district de Bamako et attire l’attention sur le rôle possible de la scarifi- cation et du tatouage dans ce portage. Cette prévalence consi- dérable (15,5 %) fait classer cette zone parmi les régions de la planète à très fort taux de portage. Ces faits rendent indis- pensables la mise en place urgente d’une politique vaccinale c o n t re l’hépatite B des nouveau-nés et/ou des nourr i s s o n s pour réduire significativement et rapidement le portage chro- nique et, à plus long terme, les cirrhoses et les cancers primi- tifs du foie. Cette stratégie est déjà en place dans plus de 100 pays de la planète.

Remerciements

Nous re m e rcions l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Vienne, qui a, dans le cadre du contrat de re c h e rc h e RC 7536 RB, fourni les trousses pour la recherche des marqueurs.

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