L'EVALUATION DES MAITRES DES ÉCOLES PRIMAIRES
(1)Jean FERMER*
Résumé Lacréation du corps des inspecteurs des écolesprimairesen 1835, marquela volontéde l'Etat deprendreen main la scolarisationdes enfantsdes classespopulaires. Dela surveillance del'école et deses maîtres, on passe rapidementà l'inspection puis à l'évaluation des enseignantsàlasuitedela violente contestationdesinspecteursaprès
1968. Le rapport d'inspection témoiqne de cette histoire.D'abord centré sur l'école, il concerne rapidement le maîte qui, sous la IIIeRépublique,est soumisàuncontôledeconformitérendu possible par la codification de l'école, et les modalités de l'inspection sont assez homogènes.Depuis 1968, au contaire,
il
n'y a plus de normes.Àla dérégulationdel'écolecorrespondladiversitédespra¬tiquesd'inspection etdesbulletinsquimettentenévidencelatesforte corrélation dela noteavecl'ancienneté.Des enseignants etdes ins¬
pecteurs s'interrogent d'ailleurs sur la pertinence d'un système qui veutàlafoisconduireuneinspectionsuivied'unenotation etdonner unedimensionformative àl'évaluationdesmaîtes.
Abstact The creation
of
theprimaryschool inspectors in 1835revealedthe State's willingness to managetheschoolingof
lower-class children.It started with the supervision
of
schools and their masters and soon went on to theinspection andthen the assessmentof
teachers101
* - JeanFerrier,Inspecteurgénéral del'Éducationnationale.
1 - De nombreux empruntsontétéfaitsàJ. Ferrier, Les inspecteurs des écolesprimaires, 1835-1995, L'Harmattan, Éducation et formation,Paris,1997.Aétéégalement utifiséle rap¬
portde l'inspectiongénérale de l'Éducation nationale surÉvaluation etnotationdes ensei¬
gnantsdupremier degré, 1994.
L'EVALUATION DES MAITRES DES ÉCOLES PRIMAIRES
(1)Jean FERMER*
Résumé Lacréation du corps des inspecteurs des écolesprimairesen 1835, marquela volontéde l'Etat deprendreen main la scolarisationdes enfantsdes classespopulaires. Dela surveillance del'école et deses maîtres, on passe rapidementà l'inspection puis à l'évaluation des enseignantsàlasuitedela violente contestationdesinspecteursaprès
1968. Le rapport d'inspection témoiqne de cette histoire.D'abord centré sur l'école, il concerne rapidement le maîte qui, sous la IIIeRépublique,est soumisàuncontôledeconformitérendu possible par la codification de l'école, et les modalités de l'inspection sont assez homogènes.Depuis 1968, au contaire,
il
n'y a plus de normes.Àla dérégulationdel'écolecorrespondladiversitédespra¬tiquesd'inspection etdesbulletinsquimettentenévidencelatesforte corrélation dela noteavecl'ancienneté.Des enseignants etdes ins¬
pecteurs s'interrogent d'ailleurs sur la pertinence d'un système qui veutàlafoisconduireuneinspectionsuivied'unenotation etdonner unedimensionformative àl'évaluationdesmaîtes.
Abstact The creation
of
theprimaryschool inspectors in 1835revealedthe State's willingness to managetheschoolingof
lower-class children.It started with the supervision
of
schools and their masters and soon went on to theinspection andthen the assessmentof
teachers101
* - JeanFerrier,Inspecteurgénéral del'Éducationnationale.
1 - De nombreux empruntsontétéfaitsàJ. Ferrier, Les inspecteurs des écolesprimaires, 1835-1995, L'Harmattan, Éducation et formation,Paris,1997.Aétéégalement utifiséle rap¬
portde l'inspectiongénérale de l'Éducation nationale surÉvaluation etnotationdes ensei¬
gnantsdupremier degré, 1994.
following the inspectors' violent protest after 1968. The evaluation reports testify to this history.First centered on the school, it soon concerned the schoolmaster who was submitted to a compliance controlmade possiblebythecodification
of
schoolsandthemethodsof
assessmentare rather homogeneous. Onthecontary, since 1968 therehave been no morestandards. Thediversityoftheevaluation practicesandreports whichrevealthestrongcorrelationof
themark with thelengthof
servicecorrespond to thederegulationof
schools.Thus, some teachersand inspectorswonderabouttherelevanceofa system which aimsbothatconducting an inspectionfollowedbyan assessmentand atgivinga formative dimension tothe evaluation
of
schoolteachers.
Laquestiondel'évaluationdes maîtres des«petites écoles» neseposepas, à pro¬
prement parler, pour le pouvoir central, avant la Révolution. En effet, jusqu'alors, l'Églisejoueunrôle prééminentdansl'enseignementdesenfantsdupeuple :elleest présente sur toutle territoire. Lepouvoir central, lui,en est à peu près totalement absent,etil méconnaîttrès largementl'état danslequelsetrouvecetenseignement.
Dans la mesureoù l'Église exercealors cettefonction,où ses compétencesdans ce domaine sont reconnues et où son rôle dans la direction des esprits n'est pas contesté, il paraîtnaturel qu'elle organiseetsurveillel'instruction.
«Lespetitesécolesdépendaientdesévêquespourla doctrine,des curéspourlasur-
102 veillance,descommunespourlasubsistance. »(2)
Avec la mise à l'écartde l'Église,cettequestion faitsurface pendant laRévolution.
Elleestalors l'objetdenombreuxdébatsetdetextesquineturentpasappliquésef, s'ils rêvent d'une école nationale, gérée par la Nation parce qu'au servicede la Nation,les révolutionnairesqui élaborent lesprojetsn'imaginentpasquecettemis¬
sion de surveillance puisse être remplie par des représentants du pouvoir central.
L'instructiondesenfantsdupeupleestuneaffaire localequi relèvedela responsa¬
bilitédespèresdefamille etdes notables.Quantà Bonaparte, quines'intéresse pas àl'écoleprimaire, ilenconfie la surveillanceauxsous-préfets.
Àpartirde la Restauration, l'Étatmanifesteun intérêtévident,etquinedevaitplus cesser, pourl'enseignementprimaire. Lasurveillanceet lecontrôledesécoleset des
2 - Dictionnaire depédagogie et d'instructionprimaire,sousladirection deF.Buisson, Paris Hachette 1887,Article« France»par Alfred Rambaud,t. 1,p. 1054.
following the inspectors' violent protest after 1968. The evaluation reports testify to this history.First centered on the school, it soon concerned the schoolmaster who was submitted to a compliance controlmade possiblebythecodification
of
schoolsandthemethodsof
assessmentare rather homogeneous. Onthecontary, since 1968 therehave been no morestandards. Thediversityoftheevaluation practicesandreports whichrevealthestrongcorrelationof
themark with thelengthof
servicecorrespond to thederegulationof
schools.Thus, some teachersand inspectorswonderabouttherelevanceofa system which aimsbothatconducting an inspectionfollowedbyan assessmentand atgivinga formative dimension tothe evaluation
of
schoolteachers.
Laquestiondel'évaluationdes maîtres des«petites écoles» neseposepas, à pro¬
prement parler, pour le pouvoir central, avant la Révolution. En effet, jusqu'alors, l'Églisejoueunrôle prééminentdansl'enseignementdesenfantsdupeuple :elleest présente sur toutle territoire. Lepouvoir central, lui,en est à peu près totalement absent,etil méconnaîttrès largementl'état danslequelsetrouvecetenseignement.
Dans la mesureoù l'Église exercealors cettefonction,où ses compétencesdans ce domaine sont reconnues et où son rôle dans la direction des esprits n'est pas contesté, il paraîtnaturel qu'elle organiseetsurveillel'instruction.
«Lespetitesécolesdépendaientdesévêquespourla doctrine,des curéspourlasur-
102 veillance,descommunespourlasubsistance. »(2)
Avec la mise à l'écartde l'Église,cettequestion faitsurface pendant laRévolution.
Elleestalors l'objetdenombreuxdébatsetdetextesquineturentpasappliquésef, s'ils rêvent d'une école nationale, gérée par la Nation parce qu'au servicede la Nation,les révolutionnairesqui élaborent lesprojetsn'imaginentpasquecettemis¬
sion de surveillance puisse être remplie par des représentants du pouvoir central.
L'instructiondesenfantsdupeupleestuneaffaire localequi relèvedela responsa¬
bilitédespèresdefamille etdes notables.Quantà Bonaparte, quines'intéresse pas àl'écoleprimaire, ilenconfie la surveillanceauxsous-préfets.
Àpartirde la Restauration, l'Étatmanifesteun intérêtévident,etquinedevaitplus cesser, pourl'enseignementprimaire. Lasurveillanceet lecontrôledesécoleset des
2 - Dictionnaire depédagogie et d'instructionprimaire,sousladirection deF.Buisson, Paris Hachette 1887,Article« France»par Alfred Rambaud,t. 1,p. 1054.
JeanFERRIER
maîtres sontalors confiés à deuxcomitésdans lesquels lesecclésiastiquesjouentde nouveau unrôle primordial : lecomité cantonal, présidéparlecurécantonal, et le comité local,présidé parlecuréoulepasteur etdontlemairefaitpartie.
DE
LA
SURVEILLANCEA L'INSPECTION,
DEL'INSPECTION À L'ÉVALUATION
DES MAITRESLa
surveillance
:1835-1880
Leproblèmeseposeendestermestotalementnouveaux àpartirdu moment où, avec la loi Guizotdu 28 juin 1833 (3), l'instruction des enfants des classes populaires devient,véritablement,uneaffaired'État. Lacréation d'uncorpsd'inspecteurs spé¬
ciaux de l'instructionprimaire(4) qui nedépendentque du recteur etdu préfet met desagents del'État faceà descomitéslocauxdésormais présidés pardes person¬
nelslaïques : lemaire pour lecomité communal, lepréfet ou lesous-préfetpourle comité d'arrondissement qui remplace le comité cantonal. C'est, pourle ministre, l'occasion de donner,pourla premièrefois, uneforme dedéfinitiondel'inspection desécoles primaires dans l'instructiondu 13août 1835(5), sorte de lettre de mis¬
sionqui créeun concept neuf: latournéed'inspection, et qui l'organise matérielle¬
mentde façon extrêmement précise ef rigoureuse. Mais lesmodalitésd'observation des leçonsetdel'interrogationdes élèvesn'ysontpas précisées.
C'est uneaffaire personnellepour l'inspecteur. D'ailleurs, la qualitédes apprentis¬
sages n'est pasencorelaprincipalepréoccupation, même sielle n'est pas absente des textes. Dansun premiertemps,c'està uneinspection d'école quedoitselivrer l'inspecteur et c'est à l'issuedesatournéequ'il rendcomptede cequ'il a constaté endressant« l'étatde situationdes écolesprimaires»qui réserve une colonneaux
«observationssurla capacité, le zèle et la conduitemoraledesinstituteurs»,comme ilyenaunepourlelocal,lemobilieretlesstatistiques. Iln'ya pasderapportd'ins¬
pectionindividuel.
La compétition qui, depuis lacréation du corpsdes inspecteurs, s'exerce entre les représentantsdupouvoirlocal etceuxdupouvoir centralestamplifiéelorsque la loi Falloux,en 1850,remplacelescomitéspardesdéléguéscantonaux. Elles'exacerbe
3 - Loidu28 juin 1833,relativeà l'instructionprimaire.
4 - Ordonnance royale du 26 février1835établissantdans chaquedépartementun inspec¬
teurspécialdel'instructionprimaire.
5 - Instruction du 13août 1835, relativeaux attributionsetfonctions des inspecteurs des écolesprimaires.
10?
JeanFERRIER
maîtres sontalors confiés à deuxcomitésdans lesquels lesecclésiastiquesjouentde nouveau unrôle primordial : lecomité cantonal, présidéparlecurécantonal, et le comité local,présidé parlecuréoulepasteur etdontlemairefaitpartie.
DE
LA
SURVEILLANCEA L'INSPECTION,
DEL'INSPECTION À L'ÉVALUATION
DES MAITRESLa
surveillance
:1835-1880
Leproblèmeseposeendestermestotalementnouveaux àpartirdu moment où, avec la loi Guizotdu 28 juin 1833 (3), l'instruction des enfants des classes populaires devient,véritablement,uneaffaired'État. Lacréation d'uncorpsd'inspecteurs spé¬
ciaux de l'instructionprimaire(4) qui nedépendentque du recteur etdu préfet met desagents del'État faceà descomitéslocauxdésormais présidés pardes person¬
nelslaïques : lemaire pour lecomité communal, lepréfet ou lesous-préfetpourle comité d'arrondissement qui remplace le comité cantonal. C'est, pourle ministre, l'occasion de donner,pourla premièrefois, uneforme dedéfinitiondel'inspection desécoles primaires dans l'instructiondu 13août 1835(5), sorte de lettre de mis¬
sionqui créeun concept neuf: latournéed'inspection, et qui l'organise matérielle¬
mentde façon extrêmement précise ef rigoureuse. Mais lesmodalitésd'observation des leçonsetdel'interrogationdes élèvesn'ysontpas précisées.
C'est uneaffaire personnellepour l'inspecteur. D'ailleurs, la qualitédes apprentis¬
sages n'est pasencorelaprincipalepréoccupation, même sielle n'est pas absente des textes. Dansun premiertemps,c'està uneinspection d'école quedoitselivrer l'inspecteur et c'est à l'issuedesatournéequ'il rendcomptede cequ'il a constaté endressant« l'étatde situationdes écolesprimaires»qui réserve une colonneaux
«observationssurla capacité, le zèle et la conduitemoraledesinstituteurs»,comme ilyenaunepourlelocal,lemobilieretlesstatistiques. Iln'ya pasderapportd'ins¬
pectionindividuel.
La compétition qui, depuis lacréation du corpsdes inspecteurs, s'exerce entre les représentantsdupouvoirlocal etceuxdupouvoir centralestamplifiéelorsque la loi Falloux,en 1850,remplacelescomitéspardesdéléguéscantonaux. Elles'exacerbe
3 - Loidu28 juin 1833,relativeà l'instructionprimaire.
4 - Ordonnance royale du 26 février1835établissantdans chaquedépartementun inspec¬
teurspécialdel'instructionprimaire.
5 - Instruction du 13août 1835, relativeaux attributionsetfonctions des inspecteurs des écolesprimaires.
10?
104
avec Fortoul, ministre de 1851 à 1856, c'est-à-dire, pour l'essentiel, pendant la périodeautoritaire du Second Empire, qui entend confierà ces délégués l'interro¬
gationet leclassementdes élèves«pourl'instruction religieuse,lalecture,l'écriture et lecalcul» (6). Cette décision, appliquée pendant plusieurs décennies dans cer¬
tainsdépartements,tomba définitivementendésuétudependantlesannées 1870et cefut, jusqu'àaujourd'huitoutau moins, ladernière tentativepourdonner aupou¬
voirlocaldescompétencesdansledomainepédagogique.
L'inspection
:1880-1980
Lapressionexercéeparlesdéléguéscantonauxavaitétésuffisammentforte,cepen¬
dant,pendantlestrois décennies qui suivirent laloiFalloux,pourqu'en 1887lesins¬
tituteursdénoncentleurspratiquesetleurautoritarismelorsde leur congrès deParis en 1887 (7) etqu'ils affirment que « l'inspecteurprimaire bénéficie de toute la confiance que les instituteurs refusentà laplupartdes délégués cantonaux ». Les
maîtresdesécolesprimaires obtiennent satisfaction puisque la surveillancedudélé¬
guénepeutplusporter, désormais,danslesseulesécolesqueluidésigne leconseil départemental, que«surl'étatdeslocaux etdu matériel, surl'hygièneet surlatenue des élèves. Ellenepourraiamaisporter sur l'enseignement»(8). Defaçondéfinitive (du moins jusqu'à aujourd'hui) seuls lesseuls agentsdel'État
-
les inspecteurs des écoles primaires-
peuvent procéder à l'inspection des enseignants du premier degré.L'écoleconstruiteparJulesFerry, avec lanormalisationd'uneforme scolaire quires¬
tera celle de l'école primaire pratiquement jusqu'en 1969, est un modèle inspec- table,d'autantplusqu'est instaurélecahier de devoirsmensuels (9)qui, mieux que touslesaffichages réglementaires, ditlaprogression réelledesenfantset révèlel'ef¬
ficacité du maître et deses méthodes.Maisle ministre, pas plusquesesprédéces¬
seurs,neditenquoi consiste l'inspection.
6 - Circulaire du 3 février1854,relativeàl'applicationdudécret du31 décembre1853sur lesécolesprimaires.
7 - CongrèsdesinstituteursetinstitutricesdeFrance tenuàParisdu4au 8septembre1887, résumé desdébatssurlesdélégationscantonales, séancedu 5septembre1887.
8 - Décretdu 18janvier 1887,relatifàl'exécution delaloidu30 octobre 1886 surl'en¬
seignementprimaire.
9 - Instructionsdu25 août1884,relativesàlatenue ducahier de devoirsmensuelsdansles écolesprimaires.
104
avec Fortoul, ministre de 1851 à 1856, c'est-à-dire, pour l'essentiel, pendant la périodeautoritaire du Second Empire, qui entend confierà ces délégués l'interro¬
gationet leclassementdes élèves«pourl'instruction religieuse,lalecture,l'écriture et lecalcul» (6). Cette décision, appliquée pendant plusieurs décennies dans cer¬
tainsdépartements,tomba définitivementendésuétudependantlesannées 1870et cefut, jusqu'àaujourd'huitoutau moins, ladernière tentativepourdonner aupou¬
voirlocaldescompétencesdansledomainepédagogique.
L'inspection
:1880-1980
Lapressionexercéeparlesdéléguéscantonauxavaitétésuffisammentforte,cepen¬
dant,pendantlestrois décennies qui suivirent laloiFalloux,pourqu'en 1887lesins¬
tituteursdénoncentleurspratiquesetleurautoritarismelorsde leur congrès deParis en 1887 (7) etqu'ils affirment que « l'inspecteurprimaire bénéficie de toute la confiance que les instituteurs refusentà laplupartdes délégués cantonaux ». Les
maîtresdesécolesprimaires obtiennent satisfaction puisque la surveillancedudélé¬
guénepeutplusporter, désormais,danslesseulesécolesqueluidésigne leconseil départemental, que«surl'étatdeslocaux etdu matériel, surl'hygièneet surlatenue des élèves. Ellenepourraiamaisporter sur l'enseignement»(8). Defaçondéfinitive (du moins jusqu'à aujourd'hui) seuls lesseuls agentsdel'État
-
les inspecteurs des écoles primaires-
peuvent procéder à l'inspection des enseignants du premier degré.L'écoleconstruiteparJulesFerry, avec lanormalisationd'uneforme scolaire quires¬
tera celle de l'école primaire pratiquement jusqu'en 1969, est un modèle inspec- table,d'autantplusqu'est instaurélecahier de devoirsmensuels (9)qui, mieux que touslesaffichages réglementaires, ditlaprogression réelledesenfantset révèlel'ef¬
ficacité du maître et deses méthodes.Maisle ministre, pas plusquesesprédéces¬
seurs,neditenquoi consiste l'inspection.
6 - Circulaire du 3 février1854,relativeàl'applicationdudécret du31 décembre1853sur lesécolesprimaires.
7 - CongrèsdesinstituteursetinstitutricesdeFrance tenuàParisdu4au 8septembre1887, résumé desdébatssurlesdélégationscantonales, séancedu 5septembre1887.
8 - Décretdu 18janvier 1887,relatifàl'exécution delaloidu30 octobre 1886 surl'en¬
seignementprimaire.
9 - Instructionsdu25 août1884,relativesàlatenue ducahier de devoirsmensuelsdansles écolesprimaires.
JeanFERRER
LéonBourgeois,en 1892,souhaite que,sousforme de bulletin oude registre,immé¬
diatement après la visiteoudemanière différée,selon « uncadreuniforme»ouéla¬
boréde façonassezlibre,lesobservations formuléesparl'inspecteur soient portées à la connaissancedesmaîtres. L'objectifestclair:
«L'importantestde ne riennégligerdecequipeutfortifierl'inspectionprimaire,en luidonnant, parun documentécritauquelles deux intéresséspourronttoujours se reporter, unplushautdegré de précision,plusdesuite,plusdepénétation,avec le caractère d'absolue franchise et de parfaite netteté, le seul que comportent nos
murs
démocratiques.» (10)GeorgesLeygues,qui luisuccèderuedeGrenelle etprolongesonaction, donne au bulletind'inspection
-
qui n'est plus national-
un sensnouveauendécidantqu'ildoit êtretransmisaumaître.«Je suispersuadéderépondreausentimentà peu près unanime enrecommandant d'une manièregénéralel'emploidu bulletind'inspection. Mais je ne crois pas utile deprescriretelprocédé d'exécution plutôt que telaute...Dequelque façonqu'ilsoit rédigé, transmis et conservé, le bulletin d'inspection ne peutet ne doit être que l'exactereproductiondesnotesprisesparl'inspecteurprimaireau coursde sa visite ettansmisesà l'inspection académique.»(11)
Déléguéscantonauxexclusdetoutcequiconcerneledomainepédagogique, bulle¬
tind'inspectionporté à la connaissancedumaître, onestpasséde la surveillance à l'inspection. Etla situationestétablie pour prèsd'unsiècle.
L'évaluation
:1980-... Li£!_
Lesévénementsde 1968etlesmodifications qu'ils ont apportées danslescompor¬
tementssociauxont provoqué une violente contestation des inspecteurset de l'ins¬
pection
-
notammentsouslaforme derefusd'inspection-
àpartirde1974,à l'ins¬tigation du SGEN-CFDT, de l'ICEM et du GFEN. Alain Savary, par un télex de janvier 1983 puis une note de servicede décembre de la mêmeannée (12), s'il maintientleprincipedel'inspection (et dela notationdesmaîtres),en modifiepro¬
fondémentlesmodalités.Troiséléments, en particulier,transformentlecaractèrede l'inspection :
10 - Circulaire du19 novembre1892,relativeàl'organisation pédagogique.
1 1 - Circulaire du12 juin 1894,relativeàl'emploi du bulletin d'inspection.
12 - Note de service du 13décembre1983, relativeaux modalités de l'inspectiondes per¬
sonnelsd'inspection.
JeanFERRER
LéonBourgeois,en 1892,souhaite que,sousforme de bulletin oude registre,immé¬
diatement après la visiteoudemanière différée,selon « uncadreuniforme»ouéla¬
boréde façonassezlibre,lesobservations formuléesparl'inspecteur soient portées à la connaissancedesmaîtres. L'objectifestclair:
«L'importantestde ne riennégligerdecequipeutfortifierl'inspectionprimaire,en luidonnant, parun documentécritauquelles deux intéresséspourronttoujours se reporter, unplushautdegré de précision,plusdesuite,plusdepénétation,avec le caractère d'absolue franchise et de parfaite netteté, le seul que comportent nos
murs
démocratiques.» (10)GeorgesLeygues,qui luisuccèderuedeGrenelle etprolongesonaction, donne au bulletind'inspection
-
qui n'est plus national-
un sensnouveauendécidantqu'ildoit êtretransmisaumaître.«Je suispersuadéderépondreausentimentà peu près unanime enrecommandant d'une manièregénéralel'emploidu bulletind'inspection. Mais je ne crois pas utile deprescriretelprocédé d'exécution plutôt que telaute...Dequelque façonqu'ilsoit rédigé, transmis et conservé, le bulletin d'inspection ne peutet ne doit être que l'exactereproductiondesnotesprisesparl'inspecteurprimaireau coursde sa visite ettansmisesà l'inspection académique.»(11)
Déléguéscantonauxexclusdetoutcequiconcerneledomainepédagogique, bulle¬
tind'inspectionporté à la connaissancedumaître, onestpasséde la surveillance à l'inspection. Etla situationestétablie pour prèsd'unsiècle.
L'évaluation
:1980-... Li£!_
Lesévénementsde 1968etlesmodifications qu'ils ont apportées danslescompor¬
tementssociauxont provoqué une violente contestation des inspecteurset de l'ins¬
pection
-
notammentsouslaforme derefusd'inspection-
àpartirde1974,à l'ins¬tigation du SGEN-CFDT, de l'ICEM et du GFEN. Alain Savary, par un télex de janvier 1983 puis une note de servicede décembre de la mêmeannée (12), s'il maintientleprincipedel'inspection (et dela notationdesmaîtres),en modifiepro¬
fondémentlesmodalités.Troiséléments, en particulier,transformentlecaractèrede l'inspection :
10 - Circulaire du19 novembre1892,relativeàl'organisation pédagogique.
1 1 - Circulaire du12 juin 1894,relativeàl'emploi du bulletin d'inspection.
12 - Note de service du 13décembre1983, relativeaux modalités de l'inspectiondes per¬
sonnelsd'inspection.
1. elleestannoncée etperd ainsi lecaractère inopiné qui lafaisait encore assimi¬
ler à la surveillance;
2. elles'inscrit dans unensemble: desvisitespeuventprécéder l'inspection indivi¬
duellepourqueson contextesoifbienconnu de l'inspecteur. Elle estcomplétéepar unentretien avecl'équipe pédagogique,cequi nedispense nullementde l'entretien individuel;
3. undroitde réponseestreconnuàl'enseignant qui peut demanderunecontreins¬
pectionencasdebaissede note (situationdontlaC.A.P.D.doitêtreinformée).
On passede l'inspection surveillanceà l'évaluation dansunclimat nouveau :
«Cesmodalitésd'inspectiondoiventouvrirunenouvellepériodecaractériséeparun esprit nouveau. On veillera au respectde cet esprit, plus importantencore quela lettre. »(13)
Leministre a pris actedecequelesrapportsd'autoriténepeuventplusêtrecequ'ils étaient. Ildéfinitdonc l'esprit qui doit présider à l'inspection. LeSGEN efsesalliés durent déposerlesarmesen 1986fautedecombattants, maisla luttequ'ils avaient menéependantplusdedixannées a eu desconséquences importantes surlespra¬
tiquesdesinspecteurs.
Lestextesdejuillet 1990(14) témoignentd'un nouvelesprit. Ils insistent àla foissur l'évaluation etsur lecadrepluslarge dans lequel elledoits'inscrire, ainsiqu'yinvite lerapportannexé à la loid'orientationsurl'éducation du 10 juillet1989:
« L'évaluation concerne enpremierlieules élèves etles personnels. L'appréciation
. individuellede chaque enseignantestreplacée dans lecadre plus général de l'éta- 106 I blissement. »
Mais, lestextesélaborés par AlainSavary et ceuxissusde la loid'orientation n'in¬
diquentpasmieux qu'avantenquoi,au juste, consistel'inspection ou l'évaluation.
Finalement, le seul textequiaitjamaisétépubliésur le sujet,efqui aétéadresséà tous les inspecteurs des écoles primaires, date de 1994. Il émanede l'inspection générale de l'éducation nationaleet il n'a pas, évidemment, valeur réglementaire.
Dans ledroitfil de la loid'orientationsurl'éducation,ilanalyse à la foislesmoda¬
litésdel'inspection individuelle efcellesdel'inspection d'école.DeGuizotàGeorges Leygues, l'école était surveillée danssaglobalité. Un siècleaprès, ellefaifsa réap¬
paritiondansl'appréciationdutravaildesenseignantsmais avecunsensdifférent: l'inspection resteindividuelle toutenétantsituéedanslecontextede l'école.À l'ori-
13 - Lettredu4mai1884,relativeaux modalitésde l'inspectiondespersonnelsenseignants dupremier degré.
14 - Décretdu18juillet1990etnote de servicedu4juillet1990.
1. elleestannoncée etperd ainsi lecaractère inopiné qui lafaisait encore assimi¬
ler à la surveillance;
2. elles'inscrit dans unensemble: desvisitespeuventprécéder l'inspection indivi¬
duellepourqueson contextesoifbienconnu de l'inspecteur. Elle estcomplétéepar unentretien avecl'équipe pédagogique,cequi nedispense nullementde l'entretien individuel;
3. undroitde réponseestreconnuàl'enseignant qui peut demanderunecontreins¬
pectionencasdebaissede note (situationdontlaC.A.P.D.doitêtreinformée).
On passede l'inspection surveillanceà l'évaluation dansunclimat nouveau :
«Cesmodalitésd'inspectiondoiventouvrirunenouvellepériodecaractériséeparun esprit nouveau. On veillera au respectde cet esprit, plus importantencore quela lettre. »(13)
Leministre a pris actedecequelesrapportsd'autoriténepeuventplusêtrecequ'ils étaient. Ildéfinitdonc l'esprit qui doit présider à l'inspection. LeSGEN efsesalliés durent déposerlesarmesen 1986fautedecombattants, maisla luttequ'ils avaient menéependantplusdedixannées a eu desconséquences importantes surlespra¬
tiquesdesinspecteurs.
Lestextesdejuillet 1990(14) témoignentd'un nouvelesprit. Ils insistent àla foissur l'évaluation etsur lecadrepluslarge dans lequel elledoits'inscrire, ainsiqu'yinvite lerapportannexé à la loid'orientationsurl'éducation du 10 juillet1989:
« L'évaluation concerne enpremierlieules élèves etles personnels. L'appréciation
. individuellede chaque enseignantestreplacée dans lecadre plus général de l'éta- 106 I blissement. »
Mais, lestextesélaborés par AlainSavary et ceuxissusde la loid'orientation n'in¬
diquentpasmieux qu'avantenquoi,au juste, consistel'inspection ou l'évaluation.
Finalement, le seul textequiaitjamaisétépubliésur le sujet,efqui aétéadresséà tous les inspecteurs des écoles primaires, date de 1994. Il émanede l'inspection générale de l'éducation nationaleet il n'a pas, évidemment, valeur réglementaire.
Dans ledroitfil de la loid'orientationsurl'éducation,ilanalyse à la foislesmoda¬
litésdel'inspection individuelle efcellesdel'inspection d'école.DeGuizotàGeorges Leygues, l'école était surveillée danssaglobalité. Un siècleaprès, ellefaifsa réap¬
paritiondansl'appréciationdutravaildesenseignantsmais avecunsensdifférent: l'inspection resteindividuelle toutenétantsituéedanslecontextede l'école.À l'ori-
13 - Lettredu4mai1884,relativeaux modalitésde l'inspectiondespersonnelsenseignants dupremier degré.
14 - Décretdu18juillet1990etnote de servicedu4juillet1990.
JeanFERRIER
gine, l'intérêtétait centrésurl'école dontle maîtren'était qu'un élément. Il estvrai quela structuredes écoles, leplus souventàclasse unique, poussaità cette confu¬
sion. Pendant l'âge d'orde l'école publique française, l'inspection individuelle ef l'usage quienaété progressivementfait dansla gestiondefa carrièredes maîtres ontpucontribueràla«clôture»des classesetaudéveloppement dutravail solitaire desinstituteurs. Peut-onimaginer a contrario quelespratiquesd'évaluationdu tra¬
vailen équipecontribueront à promouvoirleschangementspédagogiques attendus, la coopération desmaîtresau profitdela réussite des élèves? Dix ans après la loi d'orientation,leconstatqui peut êtrefaif permet d'en douter.
LES AVATARS DU BULLETIN
D'INSPECTION
Saufà recueillirle témoignage de l'inspecteuretdu maître concernés, on ne peut disposerd'aucune mémoire concernantuneinspection.Seullebulletin peut êtreana¬
lyséaposteriori. C'estunesortede pièceàconvictiond'unescènequi s'est jouée à deux,aumoinsdanssadeuxièmephase. Sastructure,lorsqu'elleestfermée,traduit lesouci d'encadrerstrictementl'école efsesmaîtres, au niveau central ou départe¬
mental.Àl'inverse,lorsqu'elleestouverte, elletémoigne de lavolontéde laisseraux inspecteursla possibilitéd'enadapterlaformeaux caractéristiques de leurcircons¬
criptionetàleurpersonnalité.
Le
bulletin national
:1862-1882
On avu quelerapportde visite, institué parGuizot,portait davantagesur l'école 3ue sur le maître, considéré comme un élément constitutif de l'ensemble parmi 'autres.Leschoseschangent progressivement, entre1862et1894.C'est avecRou- land, un ministre pédagogue (1856-1863),que la situation évolued'abord de ce pointdevue :d'unepart, il imposeunmodèlenational
-
cesera le seuldans toute l'histoiredel'écoleprimairefrançaise-
pourlebulletind'inspection,d'autre part, il s'intéressevraimentà l'efficacité de l'école:« Quand on a rendu l'enseignementaccessible, il resteà le rendre profitable. Il importe que lespopulations puissent toucher dudoigt l'utilité pratiquede l'instruc¬
tion. » (15)
Cebulletindoitêtreexpédié danslesdeuxjoursà l'inspecteurd'académie. Un rap¬
port spécialestjointen casdeproblème particulièrementgrave. Cebulletin faitune placeimportante à l'enseignementet à lacapacitédumaîtreàévaluer le niveau de
15 - Circulaire du20août1857,relativeàladirectionpédagogiquedesécolesprimaires.
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JeanFERRIER
gine, l'intérêtétait centrésurl'école dontle maîtren'était qu'un élément. Il estvrai quela structuredes écoles, leplus souventàclasse unique, poussaità cette confu¬
sion. Pendant l'âge d'orde l'école publique française, l'inspection individuelle ef l'usage quienaété progressivementfait dansla gestiondefa carrièredes maîtres ontpucontribueràla«clôture»des classesetaudéveloppement dutravail solitaire desinstituteurs. Peut-onimaginer a contrario quelespratiquesd'évaluationdu tra¬
vailen équipecontribueront à promouvoirleschangementspédagogiques attendus, la coopération desmaîtresau profitdela réussite des élèves? Dix ans après la loi d'orientation,leconstatqui peut êtrefaif permet d'en douter.
LES AVATARS DU BULLETIN
D'INSPECTION
Saufà recueillirle témoignage de l'inspecteuretdu maître concernés, on ne peut disposerd'aucune mémoire concernantuneinspection.Seullebulletin peut êtreana¬
lyséaposteriori. C'estunesortede pièceàconvictiond'unescènequi s'est jouée à deux,aumoinsdanssadeuxièmephase. Sastructure,lorsqu'elleestfermée,traduit lesouci d'encadrerstrictementl'école efsesmaîtres, au niveau central ou départe¬
mental.Àl'inverse,lorsqu'elleestouverte, elletémoigne de lavolontéde laisseraux inspecteursla possibilitéd'enadapterlaformeaux caractéristiques de leurcircons¬
criptionetàleurpersonnalité.
Le
bulletin national
:1862-1882
On avu quelerapportde visite, institué parGuizot,portait davantagesur l'école 3ue sur le maître, considéré comme un élément constitutif de l'ensemble parmi 'autres.Leschoseschangent progressivement, entre1862et1894.C'est avecRou- land, un ministre pédagogue (1856-1863),que la situation évolued'abord de ce pointdevue :d'unepart, il imposeunmodèlenational
-
cesera le seuldans toute l'histoiredel'écoleprimairefrançaise-
pourlebulletind'inspection,d'autre part, il s'intéressevraimentà l'efficacité de l'école:« Quand on a rendu l'enseignementaccessible, il resteà le rendre profitable. Il importe que lespopulations puissent toucher dudoigt l'utilité pratiquede l'instruc¬
tion. » (15)
Cebulletindoitêtreexpédié danslesdeuxjoursà l'inspecteurd'académie. Un rap¬
port spécialestjointen casdeproblème particulièrementgrave. Cebulletin faitune placeimportante à l'enseignementet à lacapacitédumaîtreàévaluer le niveau de
15 - Circulaire du20août1857,relativeàladirectionpédagogiquedesécolesprimaires.
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sesélèves. L'inspecteurdoitégalementinscriresur un registre spéciallesprincipales recommandations faites verbalement à l'instituteur, àchargepourlesdéléguéscan¬
tonauxdevérifierqu'ellessontbienmisesen
uvre.
Leministreétablitde manière relativementnormativeunemodalité derapport qui rend compte àla fois del'état de l'école et de l'activité commedu rayonnement du maître. On s'intéresse désor¬maisàl'efficacité de l'école.
L'analysede bulletinsdes annéesqui suivent metenévidence que, dans l'ensemble, cemodèle nationalest utiliséen l'état dans les départements. Certainsd'entre eux cependant ontpu le modifiersensiblement. Dans cecas,on yretrouvetoutcequi figuredanslemodèlenational, maisonyadétailléuncertain nombre de rubriques, parexemple,lesrenseignementspersonnelssurlesmaîtres.Ona pu aussileurdon¬
ner une formeplusqualitative quecelledubulletin type.
108
Normalisation de l'école, libéralisation du bulletin
:1882-1960
Detoutefaçon, c'est àuntourd'horizontrèscomplet quedoitselivrer l'inspecteur:
le cadre imposé l'ycontraint mais la place dévolueà l'observationdes leçons est modeste. Cette tendance se renforce au cours des décennies suivantes parce que l'école elle-mêmeeststructuréeparJulesFerry efGobletselon desnormes très rigou¬
reuses. L'arrêté, pris à la même date que le décret d'application de la loi du 30octobre 1886 surl'enseignementprimaire,fixeles modalités selon lesquelles le rapportd'inspectionestélaboré. Ilapporte, decefait, quelquesprécisions :
«Art. 236.
-
L'inspecteurprimaireadresse,àlasuitedechaque inspection, un rap¬portàl'inspecteurd'académie dansle délai de quinze jours au plus. Ce rapport contient nécessairement deux partiesdistinctes : 1 )unenotice surl'école et surcha¬
cunedes classes enparticulier... surlesrésultatsobtenusdans chaqueclasse, ainsi que l'indication desprincipales améliorations à intoduire; 2°) des notices indivi¬
duellessur le personnel, comprenantuneappréciationsur chacundesmaîtesatta¬
chésàl'école.»(16)
Ainsi,seul l'inspecteurd'académieestdestinatairedu rapportqui combine inspec¬
tion globale de l'école etinspection des maîtres, description, jugement et conseil.
Après 1887,etpendantuncertain tempsencore,des départements ontconservé le modèle de 1862. Ailleurs, ila été plus oumoins modifié, manifestant parfois l'at¬
tention particulière portée à la qualité de l'enseignement, par exemple dans la Marneoùl'inspecteurdoitrépondre aux questionssuivantes :
16 - Décret etarrêtédu 18janvier1887, relatifs à l'exécution de la loi du 30 octobre1886 surl'enseignementprimaire.
sesélèves. L'inspecteurdoitégalementinscriresur un registre spéciallesprincipales recommandations faites verbalement à l'instituteur, àchargepourlesdéléguéscan¬
tonauxdevérifierqu'ellessontbienmisesen
uvre.
Leministreétablitde manière relativementnormativeunemodalité derapport qui rend compte àla fois del'état de l'école et de l'activité commedu rayonnement du maître. On s'intéresse désor¬maisàl'efficacité de l'école.
L'analysede bulletinsdes annéesqui suivent metenévidence que, dans l'ensemble, cemodèle nationalest utiliséen l'état dans les départements. Certainsd'entre eux cependant ontpu le modifiersensiblement. Dans cecas,on yretrouvetoutcequi figuredanslemodèlenational, maisonyadétailléuncertain nombre de rubriques, parexemple,lesrenseignementspersonnelssurlesmaîtres.Ona pu aussileurdon¬
ner une formeplusqualitative quecelledubulletin type.
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Normalisation de l'école, libéralisation du bulletin
:1882-1960
Detoutefaçon, c'est àuntourd'horizontrèscomplet quedoitselivrer l'inspecteur:
le cadre imposé l'ycontraint mais la place dévolueà l'observationdes leçons est modeste. Cette tendance se renforce au cours des décennies suivantes parce que l'école elle-mêmeeststructuréeparJulesFerry efGobletselon desnormes très rigou¬
reuses. L'arrêté, pris à la même date que le décret d'application de la loi du 30octobre 1886 surl'enseignementprimaire,fixeles modalités selon lesquelles le rapportd'inspectionestélaboré. Ilapporte, decefait, quelquesprécisions :
«Art. 236.
-
L'inspecteurprimaireadresse,àlasuitedechaque inspection, un rap¬portàl'inspecteurd'académie dansle délai de quinze jours au plus. Ce rapport contient nécessairement deux partiesdistinctes : 1 )unenotice surl'école et surcha¬
cunedes classes enparticulier... surlesrésultatsobtenusdans chaqueclasse, ainsi que l'indication desprincipales améliorations à intoduire; 2°) des notices indivi¬
duellessur le personnel, comprenantuneappréciationsur chacundesmaîtesatta¬
chésàl'école.»(16)
Ainsi,seul l'inspecteurd'académieestdestinatairedu rapportqui combine inspec¬
tion globale de l'école etinspection des maîtres, description, jugement et conseil.
Après 1887,etpendantuncertain tempsencore,des départements ontconservé le modèle de 1862. Ailleurs, ila été plus oumoins modifié, manifestant parfois l'at¬
tention particulière portée à la qualité de l'enseignement, par exemple dans la Marneoùl'inspecteurdoitrépondre aux questionssuivantes :
16 - Décret etarrêtédu 18janvier1887, relatifs à l'exécution de la loi du 30 octobre1886 surl'enseignementprimaire.
JeanFERRIER
-
« Lessujets de devoirs sont-ils choisis avecintelligence, sont-ils appropriés aux futursbesoins des élèves?-
Ont-ils une tendancemorale?-
Commentlescahiersde devoirsmensuelssont-ilstenus?-
Letableaudel'emploidutempsest-ilaffiché dansl'école?-
Est-ilexactementsuivi?-
L'enseignementest-ilconformeauxtextesofficiels?-
Essaie-t-on delerendreintuitif?»Ailleurs encore,en Haute-Garonnepar exemple, le bulletin a parfaitement prisen compteles instructionsministérielles, aussibien sur leplanpédagogiquequesur le plan matériel. Ileststructuréencinq rubriques qui portentsur:
-
lescaractéristiques individuelles de l'instituteur(15 items);-
latenuegénérale de la classe(9items);-
l'éducation et l'enseignement (7 items);-
les institutionsauxiliaires(musée, bibliothèque, coursd'adultes...) ;-
lasituation matérielle(10items).Cetensemble estcomplétéparles « notesdel'inspecteur surl'instituteurtitulaireet surlesmaîtesadjoints et directricesdetravaux de couture »,« lesaméliorationset mesuresproposéesparl'inspecteurprimaire»relativesà lasituation matérielle etles
« résultatsdesesdémarchesauprèsdesautorités locales».
Avec Georges Leygues, le ministère n'impose plusde modèle national. Le bulletin d'inspection, quiestadresséau maître, l'éclairé« et
par
suite[facilite]l'accomplis¬sementde sanoble tâche». Ceministreadoncfaitdubulletind'inspectionunoutil de formation au service de l'efficacitéde l'enseignement. Cette modalité nouvelle devait également permettre à chacundecomprendre« lesmesuresquiseront prises àsonégardenrapportaveclesappréciationsdontilauraétél'objetetnotamment la raison desonavancementau choixplusou moinsrapide». Lebulletin d'inspec¬
tion« a//antseplacerdans ledossierdel'instituteur»devientunepièceessentielle dans lagestion de lacarrière etl'on sentbien,désormais, le lienqui existe, même s'il n'est pas explicitement formulé, entre l'inspection, la note individuelle arrêtée danscertainsdépartementsparl'inspecteurd'académieet,entoutcas,lagestionde lacarrière. L'observationdesleçonsprenduneplaceplusimportante après 1894,à partirdumoment oùlebulletin devientune pièceadministrative. Elleva, progressi¬
vement,tenir la placeessentielledanslamajoritédesbulletins etplusde lamoitié du rapportlui estconsacrée de1910 à 1970inclus. Enconséquence,l'attention portée auxautres aspects del'activité du maître etaux productionsdesélèvesdiminue.
Le dispositif de l'inspection individuelle des maîtres est en place pour près d'un siècle.
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JeanFERRIER
-
« Lessujets de devoirs sont-ils choisis avecintelligence, sont-ils appropriés aux futursbesoins des élèves?-
Ont-ils une tendancemorale?-
Commentlescahiersde devoirsmensuelssont-ilstenus?-
Letableaudel'emploidutempsest-ilaffiché dansl'école?-
Est-ilexactementsuivi?-
L'enseignementest-ilconformeauxtextesofficiels?-
Essaie-t-on delerendreintuitif?»Ailleurs encore,en Haute-Garonnepar exemple, le bulletin a parfaitement prisen compteles instructionsministérielles, aussibien sur leplanpédagogiquequesur le plan matériel. Ileststructuréencinq rubriques qui portentsur:
-
lescaractéristiques individuelles de l'instituteur(15 items);-
latenuegénérale de la classe(9items);-
l'éducation et l'enseignement (7 items);-
les institutionsauxiliaires(musée, bibliothèque, coursd'adultes...) ;-
lasituation matérielle(10items).Cetensemble estcomplétéparles « notesdel'inspecteur surl'instituteurtitulaireet surlesmaîtesadjoints et directricesdetravaux de couture »,« lesaméliorationset mesuresproposéesparl'inspecteurprimaire»relativesà lasituation matérielle etles
« résultatsdesesdémarchesauprèsdesautorités locales».
Avec Georges Leygues, le ministère n'impose plusde modèle national. Le bulletin d'inspection, quiestadresséau maître, l'éclairé« et
par
suite[facilite]l'accomplis¬sementde sanoble tâche». Ceministreadoncfaitdubulletind'inspectionunoutil de formation au service de l'efficacitéde l'enseignement. Cette modalité nouvelle devait également permettre à chacundecomprendre« lesmesuresquiseront prises àsonégardenrapportaveclesappréciationsdontilauraétél'objetetnotamment la raison desonavancementau choixplusou moinsrapide». Lebulletin d'inspec¬
tion« a//antseplacerdans ledossierdel'instituteur»devientunepièceessentielle dans lagestion de lacarrière etl'on sentbien,désormais, le lienqui existe, même s'il n'est pas explicitement formulé, entre l'inspection, la note individuelle arrêtée danscertainsdépartementsparl'inspecteurd'académieet,entoutcas,lagestionde lacarrière. L'observationdesleçonsprenduneplaceplusimportante après 1894,à partirdumoment oùlebulletin devientune pièceadministrative. Elleva, progressi¬
vement,tenir la placeessentielledanslamajoritédesbulletins etplusde lamoitié du rapportlui estconsacrée de1910 à 1970inclus. Enconséquence,l'attention portée auxautres aspects del'activité du maître etaux productionsdesélèvesdiminue.
Le dispositif de l'inspection individuelle des maîtres est en place pour près d'un siècle.
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Après 1894,danslesbulletins, c'estlavariété quidomine. Desrubriques s'ouvrent, certainesdisparaissentpuisqu'ils'agit deproduiredes«bulletins individuels»etque l'attention de l'inspecteurdoitêtrecentréesurl'instituteur danssaclasse.Àlafindu siècle, l'inspecteur juge un maître. L'école et son environnement disparaissent des rapports. Lacodification despratiques pédagogiques rend possible le contrôlede conformité. L'inspecteur rend compte dela manièredontlemaître s'acquitte deses
obligations. Parallèlement, à la finduXIXesiècleetaudébut duXXe,l'attentionpor¬
téeaux résultatsde l'enseignements'affaiblit.Toutconcourt à focaliserleregard de l'inspecteur surl'activité du maîtreplusquesurlesrésultatsqu'obtiennentsesélèves.
Pendantplusd'undemi-siècle, jusqu'audébutdesannées1960etquel que soitson intitulé («rapportd'inspection», « bulletind'inspection »ou« rapportdel'inspec¬
teurprimairesur.. . »), cedocument écritsemodifie peu. Silaforme change(lamise en page, l'ordre des rubriques, le plan), le référentiel estassez stable pendant la période considérée dans tous lesdépartements. De nombreuxélémentssontcom¬
munsàtous :les informations relativesau maître,lesaspectsmatériels, lafréquen¬
tation scolaire,letriptyque«tenue
-
ordre-
discipline»àlasuitedequoion traite desquestionspédagogiques,enparticulierdescaniers,de leur tenueetdeleurcor¬rection. Lechapitre« enseignant»qui permet deformuler observationsetconseils estpermanent. Lesrésultatsscolairesquel'onavaiteutendance à négliger à lafin dusièclerefont surface aprèsladeuxièmeguerremondialeet,avecletemps, devien¬
nentde plus enplusfréquentsdanslesrapports. Enfin, à partirde ladécennie 50, tous les rapports font une placeà la note etpresquetous prévoientla signature de l'inspecteurd'académieet unespacedanslequel il peutformulersesobservations.
I Cettestabilité,cetteuniformité d'ensemble, ontétérenforcéesparlestatutdelafonc¬
tionpubliquede 1946qui,eninstituantdefaçonobligatoirela notationindividuelle des fonctionnaires, a provoqué, sur ce point, une homogénéisation absolue. En revanche, la circulairede 1894, enouvrant la possibilitéd'unevariabilitédes pra¬
tiques(17) laissaitunelibertéd'appréciationaux départements. Etl'onconstateque del'un à l'autre, lejeu desacteurs locauxinfléchitles choix, mêmesi unebasede référencescommunes« reflète»le socledel'école de la IIIeRépublique.
Parmi les leçonsobservées, celles qui concernent le français et les mathématiques l'emportent largement. Quelle quesoitl'époque, ces deux disciplines atteignent ou dépassent50% et même75 %depuis 1950. Cette importance estlogique puisque leshorairesqui leursont consacrésonttoujours dépassé50%etquelesmaîtresleur accordent souventplusdetempsquelestextesofficiels. Parailleurs, depuis que les
17 - «Jenecroispas utile deprescriretelprocédé d'exécutionplutôtquetelautre»écrit GeorqesLeyguesdans lanotedeservicepar laquelleilrecommande lagénéralisation dubul¬
letind'inspection.
Après 1894,danslesbulletins, c'estlavariété quidomine. Desrubriques s'ouvrent, certainesdisparaissentpuisqu'ils'agit deproduiredes«bulletins individuels»etque l'attention de l'inspecteurdoitêtrecentréesurl'instituteur danssaclasse.Àlafindu siècle, l'inspecteur juge un maître. L'école et son environnement disparaissent des rapports. Lacodification despratiques pédagogiques rend possible le contrôlede conformité. L'inspecteur rend compte dela manièredontlemaître s'acquitte deses
obligations. Parallèlement, à la finduXIXesiècleetaudébut duXXe,l'attentionpor¬
téeaux résultatsde l'enseignements'affaiblit.Toutconcourt à focaliserleregard de l'inspecteur surl'activité du maîtreplusquesurlesrésultatsqu'obtiennentsesélèves.
Pendantplusd'undemi-siècle, jusqu'audébutdesannées1960etquel que soitson intitulé («rapportd'inspection», « bulletind'inspection »ou« rapportdel'inspec¬
teurprimairesur.. . »), cedocument écritsemodifie peu. Silaforme change(lamise en page, l'ordre des rubriques, le plan), le référentiel estassez stable pendant la période considérée dans tous lesdépartements. De nombreuxélémentssontcom¬
munsàtous :les informations relativesau maître,lesaspectsmatériels, lafréquen¬
tation scolaire,letriptyque«tenue
-
ordre-
discipline»àlasuitedequoion traite desquestionspédagogiques,enparticulierdescaniers,de leur tenueetdeleurcor¬rection. Lechapitre« enseignant»qui permet deformuler observationsetconseils estpermanent. Lesrésultatsscolairesquel'onavaiteutendance à négliger à lafin dusièclerefont surface aprèsladeuxièmeguerremondialeet,avecletemps, devien¬
nentde plus enplusfréquentsdanslesrapports. Enfin, à partirde ladécennie 50, tous les rapports font une placeà la note etpresquetous prévoientla signature de l'inspecteurd'académieet unespacedanslequel il peutformulersesobservations.
I Cettestabilité,cetteuniformité d'ensemble, ontétérenforcéesparlestatutdelafonc¬
tionpubliquede 1946qui,eninstituantdefaçonobligatoirela notationindividuelle des fonctionnaires, a provoqué, sur ce point, une homogénéisation absolue. En revanche, la circulairede 1894, enouvrant la possibilitéd'unevariabilitédes pra¬
tiques(17) laissaitunelibertéd'appréciationaux départements. Etl'onconstateque del'un à l'autre, lejeu desacteurs locauxinfléchitles choix, mêmesi unebasede référencescommunes« reflète»le socledel'école de la IIIeRépublique.
Parmi les leçonsobservées, celles qui concernent le français et les mathématiques l'emportent largement. Quelle quesoitl'époque, ces deux disciplines atteignent ou dépassent50% et même75 %depuis 1950. Cette importance estlogique puisque leshorairesqui leursont consacrésonttoujours dépassé50%etquelesmaîtresleur accordent souventplusdetempsquelestextesofficiels. Parailleurs, depuis que les
17 - «Jenecroispas utile deprescriretelprocédé d'exécutionplutôtquetelautre»écrit GeorqesLeyguesdans lanotedeservicepar laquelleilrecommande lagénéralisation dubul¬
letind'inspection.
JeanFERRIER
moyensdecommunication individuels sesontdéveloppés, lesinspectionssedérou¬
lenten majoritélematin, moment de la journéetraditionnellement réservé dans les classesélémentairesàl'enseignementdufrançais etdesmathématiques.Parailleurs, lasuppressionducertificat d'études incite moins qu'autrefois à accorder unegrande importanceaux autres disciplines. Lesdérives,cependant,ontététellesque les ins¬
pecteurssont devenus plusattentifsàl'enseignementdetouteslesdisciplines et près d'un rapportsurdeuxendresseaujourd'huiunbilan, fût-il rapide. Mais, quelle que soitl'époque considérée, c'est le maîtrequi focalise leur attention, beaucoup plus quelesélèvesenapprentissageetquelquesattitudessontconstamment valorisées :
-
la relation au métier: unemorale professionnelle bien intégrée;-
la pratique du métier:l'engagementef letravail;-
les relations avec lesenfants : del'autorité fermeetbienveillante à la disponibi¬lité;
-
lessavoirsetsavoir-faire :maîtrise ef rigueur.Danslesannées50,quimarquent peut-êtrel'apogée de l'écoleprimaire,lesmaîtres valoriséssontceuxqui donnent l'exemple dutravail et del'application.
Dérégulation de l'école/ diversité des bulletins
Après 1968,lesdépartements, àdesdatesdiversesetselondesmodalitésvariables, entrent dans l'ère de la dérégulation.Qu'après 1968 on accorde moins d'impor¬
tance à la tenue des élèves età la disciplinen'a rien d'étonnant. Des choixpéda¬
gogiquessontprivilégiés (expression orale, initiative, méthodesactives...) qui affai¬
blissent l'exigence d'ordre formel sur lequel était construite l'école des llle et IVeRépubliques. Lemoindre intérêt portéaux productionsdes élèvesou àleurs tra¬
vauxécrits estplussurprenant etnetrouve pasde justification relevantdu domaine philosophique ou pédagogique.
Delamêmefaçon, parce que danslalignehiérarchique del'éducation nationaleles relationsd'autoritésesonttransformées, comme entrelesmaîtres etlesélèves,toute la palettepossibledesformesde bulletinestaujourd'huiutilisée: bulletinsassezou trèscontraignants danstelouteldépartement avecdesélémentshéritésd'unelongue tradition, liberté totale laisséeauxinspecteurs danstel autre, bulletin structuré par quelques rubriques mais qui laisse une importante initiative aux inspecteurs. Les années 1970sont le seulmomentoù plusde la moitiédesbulletins nefont allusion niaux attitudes, ni à la manière de servirdesmaîtres.Al'inverse, la consciencepro¬
fessionnelleet laconceptionquelesinstituteurssefont deleursdevoirsn'ontjamais été aussi souvent mentionnées qu'au cours de la décennie 1990. Effet de la loi d'orientationoudesattaquesdont l'écoleestl'objet?
111
JeanFERRIER
moyensdecommunication individuels sesontdéveloppés, lesinspectionssedérou¬
lenten majoritélematin, moment de la journéetraditionnellement réservé dans les classesélémentairesàl'enseignementdufrançais etdesmathématiques.Parailleurs, lasuppressionducertificat d'études incite moins qu'autrefois à accorder unegrande importanceaux autres disciplines. Lesdérives,cependant,ontététellesque les ins¬
pecteurssont devenus plusattentifsàl'enseignementdetouteslesdisciplines et près d'un rapportsurdeuxendresseaujourd'huiunbilan, fût-il rapide. Mais, quelle que soitl'époque considérée, c'est le maîtrequi focalise leur attention, beaucoup plus quelesélèvesenapprentissageetquelquesattitudessontconstamment valorisées :
-
la relation au métier: unemorale professionnelle bien intégrée;-
la pratique du métier:l'engagementef letravail;-
les relations avec lesenfants : del'autorité fermeetbienveillante à la disponibi¬lité;
-
lessavoirsetsavoir-faire :maîtrise ef rigueur.Danslesannées50,quimarquent peut-êtrel'apogée de l'écoleprimaire,lesmaîtres valoriséssontceuxqui donnent l'exemple dutravail et del'application.
Dérégulation de l'école/ diversité des bulletins
Après 1968,lesdépartements, àdesdatesdiversesetselondesmodalitésvariables, entrent dans l'ère de la dérégulation.Qu'après 1968 on accorde moins d'impor¬
tance à la tenue des élèves età la disciplinen'a rien d'étonnant. Des choixpéda¬
gogiquessontprivilégiés (expression orale, initiative, méthodesactives...) qui affai¬
blissent l'exigence d'ordre formel sur lequel était construite l'école des llle et IVeRépubliques. Lemoindre intérêt portéaux productionsdes élèvesou àleurs tra¬
vauxécrits estplussurprenant etnetrouve pasde justification relevantdu domaine philosophique ou pédagogique.
Delamêmefaçon, parce que danslalignehiérarchique del'éducation nationaleles relationsd'autoritésesonttransformées, comme entrelesmaîtres etlesélèves,toute la palettepossibledesformesde bulletinestaujourd'huiutilisée: bulletinsassezou trèscontraignants danstelouteldépartement avecdesélémentshéritésd'unelongue tradition, liberté totale laisséeauxinspecteurs danstel autre, bulletin structuré par quelques rubriques mais qui laisse une importante initiative aux inspecteurs. Les années 1970sont le seulmomentoù plusde la moitiédesbulletins nefont allusion niaux attitudes, ni à la manière de servirdesmaîtres.Al'inverse, la consciencepro¬
fessionnelleet laconceptionquelesinstituteurssefont deleursdevoirsn'ontjamais été aussi souvent mentionnées qu'au cours de la décennie 1990. Effet de la loi d'orientationoudesattaquesdont l'écoleestl'objet?
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