TEMPS DE PRIÈRES DU
MERCREDI DES CENDRES 2021
Mettons-nous en présence de Dieu en faisant le signe de la croix : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Il y a deux manières de rater le carême que nous commençons aujourd’hui. La première, c’est de voir le Carême comme une fin « en soi » ; la deuxième, c’est de le voir comme un temps où l’on se regarde.
La première donc, c’est de voir le carême comme une fin « en soi ». Alors, le Carême devient un temps éminemment triste : pourquoi jeûner ? Me passer d’internet alors que ça me facilite tellement la vie. Pourquoi partager alors que mon portefeuille n’est pas si épais ? Pourquoi prier encore plus alors qu’on se tape déjà la messe à la TV et la méditation du curé tous les jours ? Non, le carême n’a aucun sens sans le Temps Pascal qui suit ! La nuit de Pâques, nous allumerons un feu et le cierge pascal y
sera allumé, cierge qui brûlera pendant tout le temps pascal. Si nous ne nous habituons pas à allumer des lumières dans notre carême, nous serons tellement éblouis par le feu de Pâques que nous ne le verrons pas. Il nous faut donc, dès aujourd’hui, allumer des petites lampes qui vont habituer les yeux de la foi à pouvoir voir le feu de Pâques.
Le Carême n’est pas non plus un temps où l’on se regarde soi-même, sinon, c’est désespérant et on risque de tenir bien peu de temps. Ces 40 jours nous sont donnés pour que nous regardions la lumière de Jésus, symbolisée ici par l’icône du Christ. « Quand je fais un jogging et que je dois passer par un tunnel, si je regarde mes pieds ou les murs sombres qui m’entourent, je risque ou de tomber, ou d’avoir peur. Mais si je regarde la lumière toute petite au bout du tunnel, j’avancerai sans trébucher, j’aurai envie de courir plus vite encore et je me réjouirai de sortir de l’obscurité. »
La liturgie nous invite à nous hâter vers Pâques, à nous « entraîner », comme disait la première oraison à la contemplation du Ressuscité, à la grande lumière de Pâques. Et elle nous donne trois petites lumières.
La première petite lumière, c’est celle de l’aumône. Je ne peux aimer qu’en aidant. Il n’y a qu’une seule lettre de différence entre aider et aimer, mais elle est capitale. Alors, inventons un nouveau verbe : « aidmer » ; Ces hommes et ces femmes que nous aidons pendant le carême, ils sont nos frères. Mais il très facile de dire que nous les aimons, puisque la plupart d’entre nous n’en a jamais vu un seul. Mais si je les aide concrètement, alors, mon amour devient authentique. « Il ne faut pas aimer par des paroles et des discours dira saint Jean, mais par des actes et en vérité ». Quelle belle lumière que celle de l’amour de mes frères les plus pauvres. Partage ton argent, mais aussi, ton temps, ton cœur, ton amitié, et la première lumière va grandir.
Deuxième petite lumière, celle de la prière. Vous ne le savez peut-être pas, mais juste après la deuxième partie de l’évangile,
avant qu’on ne parle du jeûne, il y a – en sandwiche- la prière du Notre Père que la liturgie a coupée. Je ne prie pas pour le plaisir ou le déplaisir d’écouter Dieu et de lui parler, mais pour m’entraîner à vivre au plus profond de moi, ce que c’est que d’avoir un Dieu Père. Jésus m’accompagne dans ce chemin du carême à découvrir ce Père qui ne peut que donner son amour, qui est tendresse, miséricorde, débordement de joie, d’une éternelle jeunesse. Alors la prière est vivifiante. Je vous invite à prier beaucoup le Notre Père durant ce carême et à le prier lentement. J’ai été marqué dans mon adolescence par un tout vieux moine d’Orval. Je lui avais demandé ce qu’il faisait après l’office de nuit, jusqu’à l’office de Laudes, en gros pendant deux heures. Il m’a répondu : « Je dis un Notre Père, mais depuis 50 ans, je ne suis jamais parvenu à aller au-delà des deux premiers mots, tellement c’est beau ». Ça m’a profondément marqué : ne remplissons pas nos prières de mots, mais goûtons, savourons lentement et longuement la grandeur de la prière que Jésus nous a laissée et que nous disons dans l’Esprit.
Enfin, troisième petite lumière : le jeûne. Je ne sais pas si je vais maigrir pendant ce carême, mais ce que je sais c’est qu’il n’y a que le jeûne qui me permet de savoir, non pas intellectuellement, mais dans la vérité de mon corps et de mon cœur ce qui est important dans ma vie et qui j’aime vraiment. Si je suis amoureux ; évidemment, je vais dire, « je suis amoureux
». Merci Monsieur de la Palisse. Mais si je suis amoureux et fan du standard et si j’ai le choix entre me rendre au stade de Sclessin ou inviter mon conjoint au resto … là, je verrai vraiment si je suis amoureux. C’est identiquement la même chose pour toi, Seigneur. Évidemment, je t’aime ; avec tout mon péché, mais je t’aime ; mais te préférer concrètement au Standard (et chacun met ce qu’il veut), c’est l’épreuve de vérité. On peut mentir très facilement avec des mots. Il est beaucoup plus difficile de mentir avec son corps et avec son cœur …
Tout cela, nous le vivons ensemble et tout seul. Les deux premières lectures insistent sur le caractère communautaire du carême : c’est ensemble, en Unité Pastorale, en Église que nous marchons vers la joie de Pâques. Et dans une course de fond, de temps en temps on a besoin de voir les autres continuer à courir pour continuer soi-même. Nous sommes responsables du carême de toute notre Unité Pastorale, de l’Église universelle.
Et en même temps, nous le vivons seul. C’est dans un cœur à cœur avec le Seigneur, dans le secret avec le Seigneur qui voit tout – et c’est la seule chose importante – que je vis ma relation d’amour de plus en plus grande avec toi, dont je veux redécouvrir la grandeur de ton amour pour moi et découvrir mon amour pour toi ou raviver la fraîcheur de mon amour des premiers temps.
Joyeux carême !
Seigneur, je te prie
pour tous nos frères chrétiens qui entrent en Carême : pour que leurs efforts discrets rendent témoignage à Jésus.
Seigneur, je te prie
pour que la grâce de Dieu nous accompagne jusqu’à Pâques.
Seigneur, je te prie
pour que je ne relâche pas mes efforts quand ils deviennent plus difficiles.
Seigneur, je te prie
pour les intentions que je porte dans mon cœur : ……….………..
Unis à tout l’Église, en ce premier jour du Carême, j’aime prier ton Père en lui disant : Notre Père, qui es aux cieux ….
Et toi, Notre-Dame des Sources, accompagne-moi sur le chemin : Je vous salue, Marie, pleine ….
Je m’approche de la table, je prends un petit récipient de cendres, j’en dépose sur mon front ou sur mon crâne en disant intérieurement : Change mon cœur, que je croie en ta Bonne Nouvelle
Je peux prendre une « enveloppe » de cendres et la porter à un frère ou une sœur malade ou isolé.
Si je suis chez moi, je peux prendre n’importe quel type de cendres, voire même un peu de terre pour accomplir le geste.
Le mercredi des Cendres est un jour spécial que l’on peut marquer par un repas sobre, par exemple un bol de riz. C’est une bonne manière d’entrer dans la simplicité du Carême qui va faire résonner en nous la Parole de Dieu, plus importante et fortifiante que tout.
Bonne route vers Pâques !
Tous les jours, vous trouvez un petit temps de prière pareil à celui-ci sur le site de la paroisse : www.ndds.be
