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Ivan Lafarge, « Tremblay-en-France – Ferme du château : origine et évolution » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 26 novembre 2021, consulté le 26 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/112037 Ce document a été généré automatiquement le 26 novembre 2021.
© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS
Tremblay-en-France – Ferme du château : origine et évolution
Fouille programmée (2018)
Ivan LafargeNOTE DE L’ÉDITEUR
Organisme porteur de l’opération : Département de la Seine-Saint-Denis
Lafarge I. 2019 : Ferme du château à Tremblay-en-France : origine et évolution, rapport de fouille programmée annuelle, première campagne 2018, Épinay-sur-Seine, Bureau du patrimoine archéologique, département de la Seine-Saint-Denis, 383 p.
1 Au centre du village de Tremblay se trouve une importante ferme encore appelée parfois « Ferme du château » au sein de laquelle est érigée une grange, connue comme
« grange aux dîmes ». L’archéologie a montré que l’occupation du village commence dès le VIe s. et se structure dans la longue durée, mais on manque d’informations sur l’origine et l’évolution de cette ferme mentionnée pour la première fois dans le De administratione de Suger (abbé de Saint-Denis 1122-1151). De fait, jusqu’à présent on ne peut que soupçonner une origine plus ancienne de cette structure par sa mention dans la confirmation du partage des biens de l’abbaye de Saint-Denis en 862. Après avoir mené des opérations d’archéologie préventive pendant vingt-cinq ans dans et autour du village, ces informations deviennent une clé de compréhension importante pour l’organisation du terroir et l’évolution du village depuis l’époque médiévale. Aussi, en 2018 avons-nous lancé une recherche programmée pluriannuelle sur l’origine et l’évolution de cette ferme.
2 Compte tenu de la complexité des éléments constitutifs de la ferme et des données archéologiques disponibles, les choix de cette campagne ont porté sur la compréhension d’ensemble de la chronologie du bâti et la morphologie des éléments les plus significatifs. Une campagne de 28 jours de terrain s’est attachée à une description des bâtiments de l’époque médiévale au XXe s. et leur organisation
3 La grange médiévale est en très grande partie conservée. C’est un bâtiment de 35,35 m par 21,40 m hors tout (33 m par 19,60 m dans l’œuvre) orienté nord-ouest – sud-est couvert d’un toit à deux rampants et constitué de trois parties bien distinctes :
les murs correspondant aux deux gouttereaux orientés sud-est – nord-ouest qui sont constitués de sept travées dont une est reconstruite aux XVIIe-XVIIIe s., ainsi que la façade (pignon nord-ouest) qui comprend une tourelle d’escalier. Cet ensemble correspond à la construction de Suger ;
la charpente et ses appuis formant huit travées qui correspondent à une reprise totale du
XVe s. ;
le mur pignon sud-est qui correspond en fait à une réfection intégrale difficile à dater en l’état mais qu’on peut probablement attribuer au XVe s.
4 La grange du XIIe s. est relativement bien conservée, mais globalement masquée par l’état actuel du bâtiment, assez restauré et sur lequel reposent des adjonctions. Le pignon sud-est relève d’une reconstruction qu’on peut dater du XVe s., synchrone de la charpente datée par dendrochronologie de 1491 pour les bois les plus récents de la première phase de reconstruction. Une seconde phase, datée entre 1450 et 1518, correspond en fait à la réfection de trois travées de l’ensemble, puis on observe des réparations ponctuelles effectuées entre 1586 et 1635. La construction de la fin du XVe s.
correspond selon toute vraisemblance à la reconstruction de l’après-guerre de cent ans, puisque les chroniques rapportent la destruction de la « tour de Tremblay » en 1419 (Bellaguet 1852 ; Vallet de Viriville 1858 ; Perrault 2019).
5 L’aspect de la grange de Suger se révèle : l’angle nord-ouest du bâtiment, bien que fortement restauré par endroits, est marqué par des contreforts formant un massif cruciforme facetté supportant une console composite moulurée partiellement conservée. Cette console semble pourvoir être interprétée comme une base d’échauguette probablement associée à une galerie et un possible pendant sur l’angle opposé. Il est probable que la charpente duXIIe s. ait reposé sur des files de colonnes ou des arcatures disparues avec la réfection de la fin du XVe s.
6 Au sud, le mur de clôture de la ferme est daté du XIIe s. depuis plusieurs années (Lafarge 2006). Il relève de deux bâtiments. Du côté ouest de la clôture, un autre mur à contrefort, de structure différente et lié au plâtre peut être daté entre le XIIIe et le XVe s.
La structure des contreforts indique qu’il s’agit d’un élément qui comprenait au moins un étage.
7 En ce qui concerne l’Époque moderne, la maison du XVIIe s. a été décrite, les conditions d’accès n’ayant pas permis pour le moment d’y faire une campagne de prélèvements dendrochronologiques.
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8 Les campagnes à venir s’attacheront à renforcer la chronologie et à faire des sondages exploratoires.
Fig. 1 – Vue aérienne de la ferme du château dans son état actuel (septembre 2018)
Cliché : É. Jacquot (Les films d’Éole).
Fig. 2 – Plan des bâtiments et structures en lien avec la ferme seigneuriale du Moyen Âge au XVIIe s (sur fond cadastral actuel)
DAO : I. Lafarge (CD 93).
Cliché et DAO : CD 93.
BIBLIOGRAPHIE
Bellaguet L. 1852 : Chronique du religieux de Saint-Denis contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, in Collection de documents inédits sur l’histoire de France, 1er série, Histoire politique : tome VI, livre 40, chapitre XVII « Reprise de plusieurs forteresses, pendant le cours des négociation entre les deux rois », Paris, imprimerie Crapelet, p. 389-393 [réédition CTHS 1994].
Lafarge I. 2006 : Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis, Île-de-France), 1 rue des Fossés et 9 Place de la Mairie, rapport de sondages, Département de la Seine-Saint-Denis, Bobigny, 39 p.
Perrault C. 2019 : Tremblay-en-France (93) : datation par dendrochronologie de la charpente de la grange aux dîmes, 9 place du colonel Rol-Tanguy, CEDRE, Besançon, 26 p.
Vallet de Viriville A. 1858 : Chroniques de Charles VII roi de France par Jean Chartier… suivie de divers fragments inédits. T. III, Paris, P. Jannet ; « Fragment d’une version française des grandes chroniques de Saint-Denis pour les années 1491, 1420 et 1421 », p. 234-235.
INDEX
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chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx, https://ark.frantiq.fr/ark:/
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AUTEURS
IVAN LAFARGE
Département de la Seine-Saint-Denis