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La sauterelle de la basilique de Vézelay

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Academic year: 2022

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Par Vincent Albouy.

La sauterelle

de la basilique de Vézelay

I n s e c t e s 8 n ° 1 4 3 - 2 0 0 6 ( 4 )

E

n recherchant dans les Mélanges d’Archéologie, d’Histoire et de Littérature parus au milieu du XIXe siècle une série d’articles sur les bes- tiaires du Moyen Âge, je suis tombé par hasard sur un dessin de chapi- teau du XIIe siècle représentant sans doute possible un Orthoptère.

Cette sculpture très suggestive peut s’admirer dans la basilique Sainte Madeleine de Vézelay, en Bourgogne, haut lieu de la spiritua- lité chrétienne et de l’art roman à l’époque de la construction de cette abbatiale. Bien sûr, l’animal est muni d’une tête presque humaine, ses ailes ont des plumes, sa queue n’a rien à voir avec un oviscapte, sa peau est couverte d’écailles, et il possède 4 pattes, toutes sauteuses, et non 61. Mais les préoccupations des sculpteurs de l’époque étaient bien loin de la minutie descriptive des entomologistes postérieurs à Linné. La forme générale du corps, les pattes sauteuses si caractéris- tiques font penser au premier coup d’œil à une sauterelle.

Notre insecte s’intègre à une scène énigmatique. Sur un fond de végé-

1On ne s'étonnera pas de cette quadrupédie en relisant Quatre pattes. Mais lesquelles ? encadré d'A. Fraval dans l'article de R. Coutin, Les insectes de la Bible – 2epartie,in Insectes, n°138, p. 35,

en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i138coutin2.pdf

tation stylisée, il est accompagné par un homme tenant une sorte de grande coupe dans ses mains et fait face à un animal monstrueux à tête et ailes de coq et à corps et queue de reptile, couvert d’écailles, un basilic.

L’abbé Cahier, dans sa notice sur le chapiteau, explique la scène. Le ba- silic, monstre né de la couvaison d’un œuf de coq par un reptile, peut tuer les hommes de son seul regard.

D’après une légende, Alexandre le Grand en rencontra lors de son ex- pédition en Inde. Il les vainquit en faisant faire des cloches de verre in- terceptant leur regard, coiffées par des cavaliers qui ont pu ainsi les tuer à coups de lance.

L’abbé Cahier va chercher l’inspira- tion du chapiteau dans cette légende et dans l’œuvre de Saint Grégoire le Grand, qui vécut au VIe siècle. Ce dernier compare en effet le démon et l’antéchrist au basilic et voit dans les troupes de sauterelles un sym- bole des nations converties qui se ré- unissent contre Satan sous la ban- nière de la foi chrétienne.

Le chapiteau symboliserait donc la

ferveur des nations païennes converties à la foi chrétienne disci- plinée par un chef intelligent et marchant sous sa conduite contre Satan. L’abbé Cahier justifie cette in- terprétation en montrant que Saint Odon, père abbé de Cluny, autre grande abbaye bourguignonne, a écrit au début du Xe siècle un ré- sumé du livre de Grégoire. Ces comparaisons devaient donc être fa- milières aux moines de Vézelay.

Quel enseignement tirer de cette ap- parition inattendue d’une sauterelle dans une église ? Tout d’abord, que nous appelons désormais criquets ces Orthoptères se rassemblant en troupe dont parle Saint Grégoire.

Ensuite que le lieu commun cent fois répété, comme quoi les chapi- teaux des églises romanes sont desti- nés à l’enseignement du peuple illet- tré venu y faire ses dévotions, est manifestement faux dans ce cas.

Pour décrypter cette scène entomo- logique, il fallait bien connaître les idées de Saint Grégoire.r

Source : Deux chapiteaux historiés du XIIesiècle, par Charles Cahier, in Mélanges d’Archéologie, d’Histoire et de Littérature, vol. 1, Paris, Poussielgue-Rusand, 1847-1849.

Le croquis de l'abbé, qui donne à la saute- relle la tête de quelqu'un, un barbu, sem- blant bien approximatif, Insectess'est immédiatement rendu sur place. D'un long examen du chapiteau (mal éclairé et situé assez haut), il appert que l'animal possède la tête et l'avant-corps d'un poisson. Le caractère ichtyo-entomologique du quadru- pède sauteur devrait donc signifier le trou- peau innombrable (les “sauterelles” en bandes ou essaims) des chrétiens (le pois- son fut leur premier symbole). Mais que représente l'appendice strié à la base qu'il porte au-dessus de sa tête : une corne, une antenne, une nageoire ou plus simplement le sommet de la patte droite ? Le dos bien collé au mur (derrière le basilic) on y recon- naît clairement l'articulation de la patte cachée. Mais les stries sur l'empattement

côté nef ? AF

Cliché A. Fraval

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