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MÉMOIRE DE FIN D ÉTUDES MÉMOIRE DE FIN D ÉTUDES

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Academic year: 2022

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MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE S

MÉMOIRE DE

FIN D’ÉTUDES

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(3)

L’INTERNET DES

POCHETTES

(4)

REMERCIEMENTS

En tout premier lieu, je voudrais remercier mes parents qui m’ont soutenu pendant toute la durée de mes études et sans qui je ne pourrais rédiger ce mémoire aujourd’hui.

Je remercie également mes amis, qui m’ont beaucoup aidé dans mes recherches, mais surtout qui m’ont supporté, moi et mes pochettes lors de ces 6 derniers mois.

Je voudrais porter une attention particulière à Kazy Usclef qui a su me donner de son temps pour répondre à toutes mes questions.

Je remercie la Bibliothèque de Bordeaux pour m’avoir facilité l’accès à certaines sources introuvables ailleurs.

Les intervenants d’YNOV qui m’ont guidé dans l’écriture de ce mémoire.

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AVANT-PROPOS

L’idée de travailler sur les pochettes d’albums de disques m’est venue d’une passion pour la musique que je développe depuis l’enfance en parallèle d’un intérêt pour les arts graphiques. Bercé par la musique des CDs et Vinyles de mes parents, je restais figé devant la pochette du disque en écoutant le contenu, en me questionnant, déjà à l’époque, sur le lien entre les deux formes artistiques, sans pouvoir réellement l’expliquer. Connaître l’histoire de ces correspondances et déchiffrer ces codes est une chose que j’ai toujours voulu explorer et qui me fascine toujours autant qu’à l’époque. Ayant grandi comme

toutes les personnes de mon âge avec internet, et les partages de fichiers mp3 en bluetooth entre les cours, je me suis posé différentes questions au cours de ces années.

La pochette a-t-elle besoin d’être matérielle pour garder sa valeur ? Les pratiques numériques peuvent- elles servir à la pochette ? Ou au contraire l’ère numérique mène- t-elle à la fin des pochettes telles que les générations précédentes les ont connues ?

Ce sont tous ces questionnements qui ont nourri ce projet de mémoire.

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SOMMAIRE

Face A — Introduction ...

Face B — Historique ...

Face C — État de l’Art ...

Face D — La Pochette comme Outils de Marketing ...

Face E — Étude de la Pochette ...

Face F — Enquête sur l’Importance de la Pochette ...

Face G — Interviews Artistes ...

Face H — Conclusion ...

Face I — Annexes ...

P. 12

P. 14

P. 22

P. 30

P. 36

P. 56

P. 60

P. 72

P. 74

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INTRODUCTION PROBLÉMATIQUE

A A

musique, et les acheteurs n’ont pas l’occasion de découvrir la pochette comme c’était le cas dans le passé.

S’il est normal pour la majorité des consommateurs de musique de limiter la musique à une perception auditive, nous pouvons tout de même nous demander dans quels cas la musique permet d’accéder à d’autres facultés sensorielles, elle inspire de nombreux artistes qui en ont tous fait une représentation différente selon leur perception artistique et mentale. Ce qui donne lieu à une très grande variété de styles et une interprétation libre par chacun.

Aujourd’hui, la qualité graphique des nouvelles pochettes peut être remise en question, en effet la fa- cilité d’accès aux outils de créa- tion automatique conditionne les représentations. Des applications comme Adobe Spark engagent un risque d’homogénéisation de l’es- thétique des pochettes.

Ce mémoire sur l’étude des po- chettes a pour but de mettre en évidence l’impact d’internet, et de la numérisation des contenus sur Ce qui manque aujourd’hui

quand nous achetons un disque, c’est que déjà nous ne l’achetons pas nous le téléchargeons. Nous n’allons plus du tout chercher de version physique de cet album en magasin. À l’ère de la dématéria- lisation dans laquelle la musique rentre progressivement au fil du 21e siècle, le principal vecteur musical est passé du physique au numé- rique, avec le streaming notam- ment, mais également YouTube et les achats en ligne via Apple Music, Amazon etc. La pochette quant à elle, même dans sa version numé- rique ou en streaming joue encore un rôle important et primordial dans la promotion des albums. Étant plu- tôt de la génération streaming que de la génération Vinyle ou même CD, je remarque malgré tout que le streaming a largement dépassé les ventes de supports physiques.

En 2018 le SNEP1 a publié un rap- port sur les revenus générés par l’industrie musicale en France, et il s’avère que le streaming repré- sentait à lui seul 57% des ventes totales. En 2017 ce chiffre s’éle- vait à 27% et 5 ans avant, en 2013, il n’était que de 8%. Notre rapport

avec la musique a donc bien évo- lué cette dernière décennie. Ces changements ont un impact sur la musique et sur le design graphique des pochettes d’albums à en juger par la force culturelle que possède la musique dans notre société. L’ère du numérique a affecté l’ensemble de l’industrie musicale et fait dors- et-déjà partie de l’évolution cultu- relle. L’industrie de la musique a évolué au fil des années et nous vivons actuellement un change- ment majeur dû à la technologie et à la numérisation de la musique. De très nombreux aspects méritent d’y consacrer un mémoire, mais nous allons nous concentrer sur la po- chette d’album.

Grâce à la conception des pochettes d’albums, les graphistes contribuent à donner une image de marque aux musiciens. La pochette présente l’artiste, parfois le nom de l’album, et surtout donne un ton sur l’univers de la musique. Aujourd’hui, la majorité des auditeurs voient les pochettes sous forme de petites icônes pixellisées, ou bien n’en voient même pas du tout. Il n’y a plus de contact physique avec la

la musique et surtout sur les po- chettes d’albums.

Ce mémoire a également pour objectif d’apporter une compréhen- sion de ce qui fait qu’une pochette est une bonne pochette et inver- sement, tenter de comprendre la relation entre création graphique et création musicale. Les collabo- rations entre les deux domaines ne datent pas d’hier, sont très nom- breuses et dépendent du genre musical, de l’époque et ne font que se réinventer. Voilà pourquoi au cours de mon analyse j’ai sé- lectionné quelques pochettes qui répondent à des critères établis en amont, des pochettes d’époques et de styles différents. L’analyse déter- minera si le design des pochettes de musique d’aujourd’hui transmet toujours une narration visuelle, et si cette narration visuelle est toujours pertinente à l’ère d’internet.

Les principes de conception graphique sont-ils toujours appli- qués dans la conception d’albums numériques pour créer une po- chette d’album.

1 : SNEP : Syndicat National de l’Édition Phonographiques

INTRODUCTION

La numérisation de la musique entraîne-t-elle une baisse de la narration visuelle des pochettes

d’albums de musique ?

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HISTORIQUE

Cette partie a pour but d’introduire la pochette d’album dans l’univers de la musique. Comment ces deux domaines se sont tant retrouvés liés au- jourd’hui.

L’attrait des albums a longtemps été lié à sa pochette. Elles nous intriguent, nous attirent ou nous repoussent, nous excitent ou nous effraient, et parfois nous scandalisent. Les pochettes posent l’univers de l’artiste, du groupe et peuvent même devenir un objet convoité si la pochette a été interdite.

À l’époque où le vinyle régnait encore en maître, il sollicitait presque tous les sens : le toucher avec le carton, l’odeur, la vue avec les pochettes. Puis la mémoire, les souvenirs avec l’ordre des titres de l’album, les paroles.

Pour acheter un vinyle il fallait se rendre chez un disquaire, un endroit où l’on pouvait rencontrer des personnes possédant les mêmes goûts mu- sicaux que soi, à l’époque pas d’internet. Certains albums étaient parfois plus connus pour leur pochette que pour leur musique.

Sur la photo : Thomas Edison, Inventeur américain devant son invention, l’un de ses premiers phonographes en 1885. Le phono- graphes va devenir ensuite une de ses inventions les plus populaires.

Tout au long de sa carrière Thomas Edison va améliorer son inventions.

Le phonographes est munie d’un stylet qui suit un sillon sur un cy- lindre de cire et convertit le son par l’intermédiaire d’un diaphragme.

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HISTORIQUE HISTORIQUE

B B

1939 1960

1959

Avant le concept même de la po- chette d’album, les couvertures étaient composées de carton beige servant uniquement d’emballage protégeant les disques. Sur cette couverture se trouvait le nom de l’artiste, et les titres qui constituaient les différentes faces du disque.

Nous allons retracer rapidement les points importants de l’histoire de la pochette de son invention jusqu’à aujourd’hui.

Après que le concept ait été déve- loppé, d’autres maisons de disques se sont également mises à intégrer des designs à leur pochettes. La pochette était devenue non seu- lement un moyen de présenter le groupe et le label, mais également un moyen pour le musicien d’expri- mer et de représenter visuellement la musique qu’il produisait.

C’est en 1939, qu’un certain Alexander Steinweiss est engagé en tant que directeur artistique par un label qui deviendra l’un des plus importants de l’époque : Columbia Records1. Cette année-là il invente le concept de la pochette d’album. Le tout premier disque à recevoir une pochette stylisée est une réédition de la Neuvième Symphonie de Beethoven. Cette nouveauté marketing augmente les ventes de la maison de 800%

et Alexander devient un pionnier dans l’art du graphisme musical.

Il va concevoir des centaines de pochettes pour Columbia Records jusqu’en 1945. Il participera

Avant 1960, les pochettes n’étaient faites que d’illustrations, de dessins et de typographies. Mais à partir de ces années apparaissent un nouveau type de pochettes, les photographies. La pochette Abbey Road des Beatles sortie en 1969, en est le parfait exemple.

Les Beatles ont eu une importance primordiale dans l’histoire de la pochette.

En 1959, les Grammys ont créé une catégorie pour récompenser les meilleurs visuels de pochettes d’albums. Cela montre la montée en puissance et l’importance des pochettes d’albums.

The Music from Peter Gunn - Henry Mancini gagne pour la première fois au Grammy Awards

Alexander Steinweiss au Columbia Records

1 : Columbia Records existe encore aujourd’hui et appartient à Sony Entertainment Music.

beaucoup au développement du langage graphique de la conception de pochettes musicales.

1960 1965

1963 : L’IMPORTANCE DU ROCK ET DES BEATLES

Plus on avance dans les années 60, plus les pochettes d’albums commencent à devenir complexes et à se diversifier en terme de styles et plus les graphistes accordent de l’importance au visuel de leurs pochettes et comprennent l’importance de cet aspect dans la promotion de leurs albums. Des grands photographes de l’époque sont appelés pour réaliser les pochettes d’artistes, comme par exemple Horses - Patti Smith : La photo a été réalisée par Robert Mapplethorpe un photographe américain très connu pour ses portrait en noir et blanc. Horses est souvent cité parmi les plus grands albums de l’histoire de la musique.

Classé 44e position sur 500, des meilleurs albums de tous les temps

S’ensuivent tout un tas de graphistes ou collectifs de graphistes tout aussi influents graphiquement les uns que les autres.

Parmi eux, nous pouvons citer Hipgnosis, Factory Records.

Si l’on analyse les pochettes des Beatles, on se rend compte de l’évidence du lien entre leur musique et leur image en prenant en compte le contexte socioculturel de l’époque. La transformation et l’évolution des Beatles au fil des années s’accompagne par une transformation de leur visuel sur leurs pochettes. La complexité grandissante de leur musique va de paire avec la riche élaboration de leur couverture, leur intérêt pour la pochette d’albums est de plus en plus important et fait partie intégrante de leur processus de création. L’histoire des Beatles est totalement retraçable via leurs pochettes. Leur immersion dans la musique psychédélique marque leur entrée dans les drogues

psychotropes, les évènements également culturels rythment les pochettes des artistes.

Sgt Pepper’s Lonely Heart Club Band prouve à l’époque que la pochette de disque peut être autre chose qu’un portrait et une illustra- tion

Patti Smith - Horses

en 2003 par le magazine Rolling Stone, et 12e sur 500 des meilleurs albums de tous les temps aussi par NME

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18 19

HISTORIQUE HISTORIQUE

B 1968 : HIPGNOSIS B

Certains collectifs de graphistes vont se spécialiser dans la pochette d’albums à travers des collaborations graphiste / musiciens. Parmi eux, celui qui retient le plus les attentions et qui à mon goût a marqué l’histoire, c’est Hipgnosis. Collectif de graphistes britannique fondé en 1968 par Storm Thorgerson et Aubrey Powell et rejoint quelques années plus tard par Peter Christoperson. Leur but est de révolutionner le support, c’est une réussite puisqu’ils vont se créer une notoriété rapidement grâce à la sortie de pochettes très connues et avec la collaboration de groupes influents de l’époque, comme Pink Floyd, Led Zeppelin, Genesis…

A Saucerful of Secrets - Pink Floyd : Également appelé S.O.S par les fans, cet album sorti en 1968 porte une pochette inspiré des dessins de Marie Anita Severin, embauchée par Stan Lee, elle est choisie pour dessiner des séries comme Docteur Strange, Hulk, Submariner etc. Dessins qui vont

Marie Anita SEVERIN - Dessinatrice américaine de bande déssinée / comics.

sortir dans les comic books Strange Tales au début des années 1960.

Le premier gros coup de Hipgnosis est Atom Heart Mo- ther des Pink Floyds en 1970. Les membres du groupe ont dû se battre avec leur label pour faire va- lider la pochette, mais le label ne le regrettera pas puisque l’album a eu un grand succès aux Etats- Unis. Après cela, Hipgnosis va pro- duire les pochettes de beaucoup d’artistes et de labels prêt à payer très cher les idées du collectif. Les membres du collectif n’hésitaient pas à voyager pour prendre des di- zaines de ballons rouges en photos dans le désert du Sahara

Atom Heart Mother - Pink Floyd - 1970.

Dark Side of the Moon - Pink Floyd - 1973.

En 1983 le collectif d’Hipgnosis se sépare. Contrairement à certains artistes, le collectif a su faire preuve d’originalité en renouvelant ses concepts pour chaque pochette.

« Les bandes dessinées Marvel faisaient fureur parmi les jeunes de Cambridge, tout comme l’intérêt de la contre-culture pour l’alchimie, les drogues et toutes les histoires autour de l’espace. De plus, les Pink Floyd acquièrent une réputation de « rock spatial », un titre qu’ils détestent. Storm et moi avons trouvé une gravure appelée Inner Garden Fountain dans un livre sur l’alchimie.

La ligne de planètes dessinées vient d’un Comic Marvel de Dr Strange, et la peinture de la ligne de bouteilles d’un vieux livre d’apothicaire. J’ai essayé diverses configurations de l’image dans ma chambre noire à différents moments pour créer un montage. Nous avons fait une séance photo avec le groupe à

Hampstead Heath, en utilisant un filtre infrarouge. La maison de disques voulait à tout prix que le groupe apparaisse d’une manière ou d’une autre. La couverture était à l’origine terne et en noir et blanc, avec seulement une petite photo en couleur du groupe, alors nous avons fait des tentatives de coloration à la main. »

A. Powell / S. Thorgerson - 1968 THE COMPLETE HIPGNOSIS CATALOGUE.

1977 : FACTORY RECORDS

Factory Records : Fondé par Peter Saville, l’un des graphistes les plus célèbres au monde, Factory était un des labels britannique les plus importants des années 1978 à 1992.

Il a lancé la carrière de groupe tel que Joy Division, New Order pour ne citer qu’eux. Les langages vi- suels que le label a su développer autour de la musique grâce à des graphistes comme Peter Saville, Central Station Design ou 8vo, sont très reconnaissables et encore imités aujourd’hui.

Factory était plus qu’un simple la- bel - c’était une institution cultu- relle.

Non seulement le label a produit certains des disques les plus acclamés de l’époque - y compris pour Joy Division, New Order et les Happy Mondays, pour ne citer qu’eux. Mais elle a également donné naissance à certaines des œuvres d’art et de design considérées comme les plus stimulantes de la fin du XXe siècle.

Aujourd’hui, alors que Factory a peut-être cessé d’exister en tant qu’entité commerciale, son esprit et son influence perdurent dans la mythologie de la culture populaire et son histoire unique et chaotique a été revisitée encore et encore, dans

Unknown Pleasure est le premier LP de Joy Division - 1979. L’album possède l’une des couvertures d’al- bum les plus emblématiques de l’ère post-punk, dont la dynamique spatiale, l’étrangeté et la vulnéra- bilité de la pochette complètent parfaitement la musique. Le groupe a fourni une image à Peter Saville : dans ce cas, une représentation schématique de la première pul- sation découverte, CP 1919, qui est devenue le point central de la pochette. L’image représente les ondes radio émises par une étoile qui s’est effondrée sur elle-même : Un Pulsar. Saville fait preuve d’une sensibilité aiguë de la forme à tra- vers son traitement de l’image - le diagramme n’est pas exagéré, il flotte dans un espace profond et New Order - Blue Monday

Joy Division - Unknown Pleasure

Joy Division & New Order - Total

sombre, avec toutes les informa- tions typographiques placées au dos.

des magazines, des documentaires télévisés, compilations musicales, longs-métrages, etc. L’un des facteurs de cette longévité est sans aucun doute l’accent mis par le label sur le design. Sur une période de quatorze ans, entre 1978 et 1992, la Factory a créé et maintenu un profil visuel admiré et imité dans le monde entier, un profil qui l’a placée aux côtés des plus grandes maisons de disques et des labels comme Blue Note ou 4AD en tant qu’archétype du mariage réussi de la musique et du design. Bien que chaque label ait soigneusement réfléchi à l’approche d’un design approprié pour les groupes, seul Factory disposait d’un programme aux multiples facettes qui plaçait le design au cœur de l’identité

musicale du groupe. En effet, on peut dire que Factory a poussé le design plus loin que n’importe quel autre label de disques, passé ou présent. Sa vision non-conformiste a donné naissance à quelques-unes des pochettes les plus innovantes de l’époque la distinguant encore plus de ses contemporains.

Dès le début, Factory était un peu plus qu’un collectif de graphistes partageant les mêmes idées qu’une entreprise structurée. La rentabilité était toujours une pré- occupation secondaire.

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HISTORIQUE HISTORIQUE

B 1990 B

1990

Le CD devient le support musical le plus populaire. Moins de place sur la jaquette que sur le vinyle pour les pochettes. Les bacs de vinyles sont progressivement remplacés par des CDs

Invention du MP3 : Le fichier MP3 a fêté cette année son 20e anni- versaire. L’invention de ce fichier est une énorme révolution pour la musique numérique, il permet une compression de n’importe quel fi- chier audio, bien que ce soit une compression avec perte de qualité, le fichier mp3 permet de dématé- rialiser n’importe quel album et de l’écouter sur tous les appareils de stockage de musique. Le MP3 vient bouleverser l’ère du CD, aveuglé par l’argent et les profits réalisés à l’époque par le CD, les labels loupent le coche du MP3 tendu par l’industrie numérique. Grâce au web qui est de plus en plus accessible au grand public à la fin des années 1990, le fichier MP3 devient le roi de la diffusion audio quand les in-

ternautes décident de s’en saisir, il est trop tard pour l’industrie musi- cale, grâce à ce fichier qui est très pratique, le piratage sur les réseaux Peer-to-Peer naît, et la fuite de ces précieux fichiers envahit la toile très rapidement. Pourtant le MP3 est un retour en arrière technologique, il compresse et abîme les fichiers au- dios ce qui entraîne une perte de qualité énorme.

1999

2001

2006

Napster : Premier réseau Peer-to- Peer d’échange de masse de fi- chier audio. Créé par trois étudiants de Boston. Considéré à l’époque comme illégal car faisant perdre des milliards d’euros aux industries, mais aussi aux artistes car ils ne perçoivent pas de royalties sur les téléchargements. Napster est une révolution. L’application donne ac- cès à des millions de titres et d’al- bums gratuitement et en quelques clics. Pour les consommateurs de musique, le choix est vite fait. Dans une époque où les lecteur MP3 sont en pleine explosion, pourquoi payer un CD et s’embêter à le co- pier quand il peuvent en quelques secondes, avoir accès à la quasi to- talité des albums jamais existés.

iTunes : Sert à organiser sa collec- tion de fichiers MP3. Au début il n’y a pas de pochettes, ce n’est qu’une liste d’albums, de titres, d’artistes, sans images. C’est en 2004, avec la version 4 de iTunes que les po- chettes commencent à être inté- grées non pas seulement à iTunes mais également aux iPod sous forme de vignettes.

Photo : Une des premières version d’iTunes, sans affichage possible des pochettes.

Spotify est lancé. Deezer, le concurrent Français est lancé en Août 2007.

• 2010 : 7 millions d’utilisateurs dont 250 000 premium.

• 2014 : 50 millions d’utilisateurs dont 12.5 millions premium.

• 2021 : 345 millions d’utilisateurs réguliers dont 155 millions d’abonnés payants et 1 milliard de téléchargement sur le Google Play Store

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ÉTAT DE L’ART

Sur la pochette d’album, l’artiste qui l’a réalisée n’est jamais écrit en gros, logique c’est le musicien qu’il faut représenter. Pourtant il y a de nombreux artistes célèbres qui acceptent d’illustrer des pochettes d’albums. La ré- volution numérique a changé nos conditions d’accès à la culture et à l’art, rendu plus que jamais accessible, les consommateurs se sont grande- ment habitués à la dématérialisation des contenus, Netflix, Spotify, You- Tube, Amazon.

Sur la photo : La bibliothèque de Spotify classée selon ses différents styles, du plus populaire au moins populaire

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ÉTAT DE L’ART ÉTAT DE L’ART

C C

Aujourd’hui, il existe tous les styles de pochettes, mais elles peuvent être classées dans 2 grands styles graphiques : la pho- tographie et l’illustration.

PHOTOGRAPHIE :

La photographie existe sous dif- férentes formes dans la pochette, sous forme de collages, de por- traits, de paysages etc.

Couplé à la typographie, les cli- chés des photographes illustrent parfaitement la direction artistique des labels dans plusieurs styles différents, comme le Rock par exemple.

Elvis Presley - Album Eponyme - 1956

Grace Jones - Slave to the Rythm - 1985

The Beatles - Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band - 1er Juin 1967

ILLUSTRATION :

L’illustration est la première technique qui a été utilisée pour la création des pochettes, et encore aujourd’hui elle reste bien présente.

Que ce soit la peinture, du dessin de bandes dessinées, ou des jeux de typographie, l’illustration au sein de la pochette s’inspire des formes d’arts bien plus vieilles qu’elle. Il n’est pas rare de tomber sur des pochettes s’inspirant d’oeuvres de René Magritte ou Eugene Delacroix.

Pink Floyd - Wish You Were Here

Coldplay - Viva la Vida René Magritte - L’homme au Cha-

peau Melon

Marianne selon Delacroix « La liberté guidant le peuple »

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26 27

ÉTAT DE L’ART ÉTAT DE L’ART

C C

Plus récemment, un nouveau domaine est apparu, l’imagerie nu- mérique avec l’illustration numé- rique, la 3D, et il prend de plus en plus de place dans la création des pochettes.

La pochette de disque connaît aujourd’hui un essor différent de ja- dis, mais elle reste tout de même au centre des préoccupations des labels et des artistes. Les pochettes d’aujourd’hui sont pensées pour s’afficher sous différents formats. Il n’est pas rare qu’un album sorte en vinyle en CD et en streaming, les graphistes doivent donc réfléchir et s’imposer la contrainte de créer des visuels que l’on remarquera tant sur la pochette d’un 33 tours que sur les 7 centimètres de vignette d’un écran. Le sens du détail se perd forcément un peu quand on réduit la pochette. Des pochettes comme

Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band, Led Zeppelin III ne pourrait aujourd’hui plus voir le jour, les dé- tails bien trop petits pour être per- çus sur un écran car elles ont été pensées pour être imprimées sur un grand format.

Photo de Kendrick Lamar - To Pimp a Butterfly :

A quelques exceptions près, des artistes comme Kendrick Lamar sortent des pochettes composées de beaucoup de détails. Cette pochette représente une bande de “kids” les mains pleines de billets dans les jar- dins de la maison blanche. Kendrick incite à une révolution du peuple afro-américain et inscrit son album dans le mouvement Black Lives Matter. Prise en noire et blanc et dans un style graphique qui rappel les Polaroids vintage, la photo montre un groupe d’hommes, d’enfants noirs pour la plupart torse nu, accompagnés d’un bébé et d’une femme. On remarque qu’un des hommes de la pochette est au téléphone et à l’air heureux comme s’il annonçait une bonne nouvelle. Le reste du groupe est clairement en train de fêter l’évènement, alcool, billets, entre joie et dé- fiance. Sur la partie basse de la pochette, étalé sur le devant de la pelouse un marteau à la main droite il y a un juge blanc représentant John Taylor, l’homme qui n’a pas pu sauver Tom Robinson, un homme accusé à tort de viol sur une femme blanche.

Comme pochette complexe nous pourrions également citer Torches de Foster the People, Hurry Up, We’re Dreaming de M83.

Led Zeppelin - Led Zeppelin III

A l’ère numérique, la pochette d’album se réduit inévitablement, elle devient de plus en plus pe- tite. Elle est de plus en plus consi- dérée aujourd’hui sur les interfaces de streaming comme un bouton, interfaces qui se veulent moins éla- borées et minimalistes à des fins ergonomiques, les pochettes d’al- bums suivent ce mouvement de simplification. Les couvertures d’al- bums élaborées ne survivront pas en tant que forme d’art pour devenir de plus en plus simples.

Frank Olinsky, un designer qui a travaillé sur les pochettes de groupes comme les Smashing Pumpkins a déclaré que « Une image miniature ne peut pas rem- placer un LP ou même une pochette de CD, mais aujourd’hui, je ne suis pas sûr que cela compte pour les gens, ils y sont habitués, et s’y habi- tuent de plus en plus. » 1 New York Times

Dans son article “The Incredible, Inevitable Shrinking Album Cover”

paru dans le New York Times, David Browne illustre la simplicité des pochettes d’albums actuelles par rapport à celles du passé :

« Quand Michael Carney* a soumis la proposition de couverture pour l’album des Black Keys,

“Brothers” le groupe était un peu anxieux. M. Carney a conçu la plus simple des couvertures, une typographie : ”This is an album by The Black Keys. The name of this album is Brothers.” le tout sur un fond noir. Sans le vouloir, cette conception si simple était un exemple de ce qui semble être la dernière victime de l’industrie de

Michael Carney a remporté une victoire au Grammy Awards pour la meilleure pochette d’album avec l’album “Brothers” des Black Keys.

2011. C’est le frère de Patrick Carney, le batteur des Black Keys.

1 : New York Times : The Incredible, Inevitable Shrinking Album Cover - 12 Aout 2011

l’ère d’Internet : la pochette d’album.

L’impact de la révolution numérique se fait désormais sentir dans les emballages, les pochettes semblent devenir de plus en plus simples et moins détaillées que celles du passé. »

Cette évolution reflète la façon dont les consommateurs regardent aujourd’hui les couvertures, sur leur iPod, sur leur smartphones.

Les albums qui étaient faits dans le passé bénéficiaient d’une grande attention aux détails, une idéation réfléchie, des principes de conception symboliques.

A contrario, la pochette d’un album récent n’est pas pensée de cette façon, elle doit être plus simple et moins détaillée. Cette évolution reflète la façon dont le public regarde les pochettes et sur quel support il le fait, iPod, Smartphone… Il semble donc que l’ère du numérique et le succès des plateformes de streaming ont simplifié l’esthétique des pochettes, rendant donc la narration visuelle des albums moins efficace.

Cependant, des plateformes comme iTunes proposent une option permettant de mettre en avant la pochette d’album et de les afficher dans une taille se rapprochant d’un format de CD.

Grâce à la renaissance du Vinyle depuis quelques années, de nombreux artistes sortent plus d’albums en format 33 tours, ce qui permet de restaurer la pochette d’album et lui donner à nouveau de l’importance.

La création des pochettes se fait avec plus de contraintes qu’auparavant, notamment avec des formats qui sont différents, de la taille d’un timbre poste à un 33 tours de 30 centimètres. La pochette reste encore aujourd’hui une extension visuelle de leur musique. Cette variété de formats

peut servir à alimenter les réseaux sociaux en jouant sur les codes de ces mêmes réseaux.

Depuis quelques années, il y a un nouveau style de pochette, qui prend de plus en plus d’ampleur, c’est la pochette animé. Les artistes collaborent entre eux et font appel

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ÉTAT DE L’ART ÉTAT DE L’ART

C C

à un nouveau corps du métier de graphiste c’est l’animation, le Motion Design.

Sur Spotify, de plus en plus d’albums se mettent à utiliser ce que la plateforme de streaming appelle des “Canvas Records” : à la manière des story sur Instagram ou sur Facebook, c’est une vidéo d’une dizaine de secondes qui tourne en boucle pendant la musique sur un format d’environ 9/16. Cette vidéo verticale vient totalement remplacer la pochette et peut représenter plusieurs choses : la pochette dans une version animée, un morceau du clip, des vidéos illustratrices.

Selon Spotify, les canvas augmentent de 200% les partages et augmentent de manière significative le nombre de visites sur le profil de l’artiste, augmentent le flux, et les sauvegardes de l’album.

Des artistes comme The Black Keys ou Flume, comme ici, optent pour des vidéos dans un style de clips, vidéos qui durent entre 6 à 10 secondes et tournent en boucle.

D’autres artistes comme Polo & Pan décident de garder leur design de pochette sur tous les titres et d’animer celle-ci.

The Black Keys - Canvas Records du titre Go

Flume, HWLS, slowthai - Canvas Records du titre High Beams

Polo & Pan - Canvas Records de des titres de l’album Cyclorama.

Pochette animé.

Tom Misch - Canvas de la pochette animé du titre It Runs Through Me Polo & Pan - Pochette de leur

album Cyclorama

Tom Misch - It Run Through Me Pochette de l’album Geography

« On ne juge pas un livre à sa couverture ». Voilà une expression que nous entendons souvent, pourtant dans le domaine de la musique cette expression peut s’avérer fausse. Devrions-nous réserver notre jugement d’albums de musique à leurs pochettes ?

Si certains albums sont devenus culte en partie grâce à leur pochette, la majorité des consommateurs ne considèrent pas la pochette comme la partie la plus importante d’un album de musique.

Généralement, il est rare

Joy Division - Unknown Pleasure - 1979

Arctic Monkeys - AM - 2013

qu’un groupe s’éloigne des codes graphiques établis par ses sous genres respectifs, si les fans de Hard Rock pur et dur tombent sur une pochette de Rock, ils en comprendront les codes. Codes qui sont récurrents dans différents styles d’un même genre. Ces codes sont réutilisés car ils fonctionnent, c’est du marketing, ils permettent aux maisons de disques d’atteindre leur cible au premier coup d’œil, ce qui amène le client à écouter l’album.

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LA POCHETTE COMME OUTIL MARKETING

Cette partie met en avant l’importance de la pochette dans la vente et la promotion de l’album de musique.

La conception d’une bonne pochette est devenue primordiale dans la pro- motion d’un album de musique non seulement parce qu’elle présente la musique d’un groupe mais aussi parce qu’elle fait partie du kit marketing destiné à promouvoir le musicien un peu à la manière d’une marque. L’es- thétique de la couverture correspond à celle des affiches, des concerts et de tous les produits dérivés par les musiciens. Ainsi, les pochettes peuvent sembler moins importantes à l’ère du numérique, mais d’un point de vue marketing, elles gardent l’importance qu’elles ont depuis le début de l’in- dustrie musicale et continuent de s’inscrire dans une démarche commer- ciale. Chaque pochette fonctionne comme une campagne de marketing

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LA POCHETTE COMME OUTIL MARKETING LA POCHETTE COMME OUTIL MARKETING

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La pochette d’album a toujours été utilisée comme un outil marke- ting puissant dans l’industrie mu- sicale, ce fait s’est accentué avec l’arrivée du numérique dans ce do- maine, grâce aux réseaux sociaux, à la publicité de masse, entre autres.

Comme pour créer une identité de marque, créer des visuels utilisant les mêmes styles de designs est important, cela montre une cohé- rence et maintient l’attention du pu- blic.

Contrairement à une époque, la pochette n’est plus la première chose que les consommateurs voient. La promotion d’un album se fait via beaucoup de supports : les réseaux sociaux et d’une façon générale Internet en sont des lieux parfaits.

L’utilisation toujours croissante des applications de streaming s’ac- compagne d’une diminution de la taille des pochettes, les utilisateurs n’ont donc pas le même rapport avec la pochette que s’ils ache- taient de la musique physique, CD ou vinyles. Ils en voient une petite icône si tant est qu’ils en voient une.

Jusqu’à présent, malgré cette mode de l’anticonformisme, aucun artiste n’a décidé de ne pas sortir de pochette avec son album. Ce qui théoriquement serait possible si l’album se cantonne à une ver- sion numérique. Mais l’image et la musique sont maintenant deux do- maines indissociables.

Que la pochette soit matérielle ou numérique elle s’inscrit donc en- core aujourd’hui dans la démarche marketing de la promotion des ar- tistes et de leur album. Un peu à la manière d’un panneau publicitaire, la pochette en fait la promotion,

et n’importe quel artiste est sou- mis à une réalité commerciale. Sa pochette lui servira comme em- ballage d’un produit destiné à être vendu en magasin.

C’est un objet qui est exhibé, en magasin, à la TV, en vidéo, en pho- to sur les réseaux sociaux. Avec la multiplication des supports de dif- fusion des albums, la pochette né- cessite plusieurs déclinaisons, faire connaître son projet que l’on soit un petit musicien indépendant ou un artiste très connu est important, l‘artiste doit donner aux utilisateurs les moyens de découvrir son al- bum. Avant l’apparition d’internet et du fichier mp3, la pochette était le point central de cette communica- tion. De nos jours, la promotion d’un album de musique prend des che- mins différents, grâce aux concerts, où les albums sont parfois joués en avant première, aux festivals, aux différents réseaux sociaux et plate- formes de streaming, au merchan- dising.

Aujourd’hui, il semble que la po- chette garde son importance car elle reste encore le dernier contact des utilisateurs face à l’album, qu’il soit physique ou numérique.

Metallica - Master of Puppets - Pochette de l’album

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Metallica - Master of Puppets - Poster - 23,75€

Metallica - Master of Puppets - Banane - 36,14€

Metallica - Master of Puppets - Sac à Dos - 28,91€

Metallica - Master of Puppets - Set de bar - 301,34€

Metallica - Master of Puppets - LP Vinyl - 39,55€

Comment la pochette af- fecte-t-elle l’achat d’un album

?

Comme pour l’achat d’une paire de chaussures, la première impres- sion est importante. Pour un album, indépendamment de la qualité musicale, il est très humain de dé- duire la qualité de quelque chose à la première impression, et donc d’imaginer la façon dont sonne un album en jetant un coup d’oeil à la pochette.

Prenons pour exemple une si- tuation où le consommateur décide d’aller acheter un album physique en magasin, un album de Hip-Hop par exemple, mais il ne sait pas quel album prendre. Habituellement, quand nous faisons nos courses, nous savons exactement quoi prendre et l’achat se fait rapide- ment dans les rayons des grandes surfaces. Pour l’achat d’un album, la décision est différente, le premier contact avec la musique se fait par le packaging et son rôle est fonda- mental. Si le packaging se réduit à sa fonction d’emballage carton ser- vant à protéger son contenu des rayures, alors l’album sera surclas- sé par tous les autres concurrents ayant fait l’objet d’une démarche ar- tistique. Même si son utilité primaire était bien évidemment la protection du contenu. Dans le cadre d’une écoute numérique sur une plate- forme de streaming, si le consom- mateur se trouve dans les mêmes conditions que chez un disquaire c’est à dire devant une liste de cen- taines d’albums, comme il est pos- sible d’avoir sur iTunes ou Spotify, le chemin de consommation est le même à l’exception que les po-

chettes y sont présentées sous une forme bien plus petite.

La pochette a donc un effet sur le comportement du consom- mateur de musique. Comme pour confectionner le packaging d’un parfum, il est nécessaire d’attirer l’attention du consommateur en usant de techniques telles que la typographie, la couleur, les images, les formes, etc. L’illustration sert de porte d’entrée à l’acheteur afin qu’il comprenne l’univers de l’album, mais également le style du musi- cien et sa créativité. L’image choisie est alors primordiale car elle fera référence à des codes sociaux ex- plicites ou implicites qui pourront être reconnus par le consomma- teur et auxquels il s’identifiera. En effet, par le choix de sa pochette d’album, c’est la transposition en image de son univers musical que le musicien cherche à montrer et transmettre afin de trouver une ré- sonance chez le consommateur.

La pochette représente l’album et son artiste, elle lui sert d’image de marque pour sa sortie, mais pas seulement, elle restera figée dans le temps pour toutes les années à venir. Cette image de marque in- fluence la façon dont les fans per- çoivent le musicien, et créer une image de marque qui perdure dans le temps donne aux fans la possi- bilité de rentrer dans le royaume unique dans lequel ils pourront vivre et s’investir personnellement, au travers de groupes sur les ré- seaux sociaux, de costumes, cos- play, produits dérivés… Il est possible que les fans n’aient pas vraiment le besoin d’acheter les disques et les produits dérivés, mais s’ils ont un attachement émotionnel à l’univers,

créé entre autres par les pochettes, alors ils achèteront juste pour créer un souvenir physique de cette pé- riode, ou pour compléter leur col- lection.

L’expérience auditive est une affaire multisensorielle, elle pro- voque de nombreux sentiments et émotions, rappelle des souve- nirs passés et la pochette aussi y contribue. L’utilisation d’une seule couleur, d’une seule typographie, d’une seule photo, d’un seul code visuel est suffisant pour déclencher un sentiment ou un souvenir.

Un visuel fort est donc le meil- leur moyen d’informer votre public de l’importance de votre œuvre.

C’est un gage de qualité, la preuve que l’artiste prend son travail au sé- rieux et s’investit pleinement dans sa création. Également, un visuel bien fait ne permet pas seulement de créer une base de fans, cela peut également aider les artistes à être reconnus et attirer l’attention de personnalités importantes du secteur, telles que la presse, les cri- tiques ou d’autres artistes.

L’album de musique, en asso- ciation avec la pochette devient un objet qui est collectible et donne une plus value aux versions physiques.

Si le vinyle, le CD, et la cas- sette n’avaient pas ce côté objet de collection, la version physique aurait aujourd’hui disparu au profit du numérique et des plateformes de streaming. Grâce à la mode du Vintage, le vinyle revient remplir les bacs au plus grand bonheur des disquaires, certains artistes réé- ditent des vinyles et parfois même

des cassettes.

Cette détermination du retour à l’ancien est-elle une obsession des fans né à l’ère pré-numérique

?

En effet le journal Britannique The Daily Telegraph affirme qu’en 2017 la vente de cassettes a aug- menté de 125,3%, “les appareils nu- mériques peuvent offrir une meilleure qualité sonore et une plus grande fa- cilité d’utilisation, la cassette semble désormais avoir acquis le facteur « cool ».”

L’album le plus vendu en cas- sette cette année-là est l’album de 1975 - A Brief Inquiry Into Online Relationships, il s’est écoulé 7500 exemplaires sur cassette ce qui est très peu comparé aux centaines de millions d’écoutes sur Spotify de ce même album. Même pour égaler le renouveau du vinyle, la cassette est loin derrière. Mais il y a des signes annonciateurs de son retour.

Gorillaz, pour son album sorti en 2020 “The Song Machine” vend des cassettes affiché “Sold Out” sur son site internet.

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LA POCHETTE COMME OUTIL MARKETING LA POCHETTE COMME OUTIL MARKETING

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Les ventes de supports physiques tournent beaucoup autour des modes lancées par les labels et les artistes.

Et l’industrie du cinéma n’y est pas pour rien, la mode du rétro et le retour de vieux supports se fait grâce à des séries comme Stranger Things, les 13 cassettes de la série Netflix “Thirteen Reasons Why”, la compilation cassette de Peter Quill (Star-Lord) dans les Gardiens de la Galaxie, “Awesome Mix 1”

pour le premier film, et “Awesome Mix 2” pour le deuxième. Pour ces compilations, Marvel a même édité en 2014 une version limitée de la compilation en cassette et l’a vendue aux Etats-Unis. Éditer et vendre une cassette n’était pas arrivé à Disney depuis 2003.

Le Vintage est à la mode, même chez Marvel et ses super-héros.

Ces coups marketing innovants autour de la cassette ont eu un effet galvanisant chez certains artistes qui voient dans les vieux supports de musiques un “nouveau” format possible pour promouvoir leurs albums.

Le retour au physique comme le vinyle permet également une qualité audio optimale puisque le son n’est pas du tout compressé contrairement aux fichiers mp3 ou aux autres formats utilisés par les plateformes de streaming.

Passage de la série 13 Reasons Why - 13 cassettes pour expliquer qui et comment certaines personnes ont joué un rôle dans le suicide Hannah.

Chris Pratt et Marvel ont même fait une promotion du WalkMan Sony « There is no touchscreen, there is no streaming. They called it a Walkman, you put it on your head, and you walk, man ! » : Pas d’écran tactile, pas de streaming, tu le mets sur ta tête et tu marches, mec !

Introduction du film des Gardiens de la Galaxies où Groot, un des personnages principaux du film tente de raccorder 2 cables jacks pour lancer Mr.

Blue Sky de Electric Light Orchestra dans les haut-parleurs juste derrière lui, pendant que ses coéquipiers combattent un monstre tentaculaire géant ,en arrière plan. L’introduction montre à quel point la musique est importante dans ce film. Groot danse, pendant que ses amis se battent. Toute la Bande Originale du film tournant autour de cette « Awesome Mix » et de son coté vintage.

Passage du film Les Gardiens de la Galaxies où l’on voit le Walkman.

Le modèle du Walkman utilisé dans le film se vend sur Ebay à des prix allant de 50 à 100 dollars.

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ÉTUDE DE LA POCHETTE

Cette partie a pour but de comprendre le style de la musique en se fiant à la pochette, en décryptant les différents codes et les principes de concep- tion graphique. Comparer l’évolution de ces pochettes avant et après l’ar- rivée d’internet et comprendre l’impact de la numérisation de la musique sur les pochettes. Pour ce faire, j’ai sélectionné des artistes qui peuvent se prêter à cette analyse, des artistes de styles différents, ayant sortis un al- bum dans les années 90 où internet n’avait pas encore totalement envahi le monde de la musique, et un autre album quelques dizaines d’années plus tard où internet faisait totalement partie de la démarche de commer- cialisation des albums de ces mêmes artistes. Nombreux sont les artistes d’une vingtaine d’années ou d’une trentaine d’années qui ont connu cette transition. Coldplay, The Strokes, Gorillaz, The Black Keys, David Bowie, U2, Madonna, Iggy Pop, Linkin Park et j’en passe, la liste est très longue.

La transition du monde musical que connaissent ces artistes appuie-t-elle l’argument de la simplification des pochettes ?

Pour cette analyse, j’ai donc sélectionné 8 albums, tous d’époques diffé- rentes, de styles différents, et d’artistes différents : Linkin Park, The Black Keys, Gorillaz, David Bowie.

Les interprétations de ces pochettes sont les miennes et peuvent différer selon le contexte ou les personnes. Je ne dis pas que mes analyses sont parfaitement exactes. Elles sont la représentation personnelle que je me fais de l’album, de la pochette et du style de la musique le tout en lien avec le contexte socio-culturel et l’univers créé et imposé par les artistes.

Comme toute analyse elle reste subjective.

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Règles de composition :

• Texture

• Contraste

• Mouvement

• Rythme

• Symétrie

LINKIN PARK - HYBRID THEORY

2000

Hybrid Theory est le premier album studio de Linkin Park, sorti en 2000. Cette pochette à une composition dynamique, le nom du groupe est en haut et écrit en majuscule. Le texte est recouvert d’une texture blanche, comme s’il avait été tagué sur un mur, la typographie a un aspect pochoir. Au centre de la pochette nous pouvons voir un soldat avec des ailes de libellule et tenant un drapeau. A en voir la jambe de ce soldat, on comprend qu’il court, comme pour donner un assaut, sa couleur rouge et le fait qu’il soit en contraste avec le fond donnent une impression de colère, pourtant ses ailes sont blanches et ont l’air légères, elles se fondent dans l’arrière plan. La pochette en elle-même ressemble

à un graffiti, plus élaboré qu’un banksy mais dans la représentation elle pourrait s’y prêter en terme de composition. Mélangeant à la fois violence et douceur. L’aspect dur du soldat semblant partir à l’assaut et les ailes douces représente la musique parfois violente du groupe, mais avec les paroles douces et émotionnelles, renforcé par le contraste des couleurs claires des ailes et du fond et le rouge sombre du soldat et son drapeau.

Le concepteur de cette pochette est Mike Shinoda, c’est un des membres du groupe qui a toujours apprécié l’art graphique et le style du graffiti. Tout au long de sa carrière pour le groupe, Mike a supervisé les illustrations et l’imagerie de Linkin Park.

Sur cette photo : Mike Shinoda, membre du groupe et graphiste. Mike Shinoda a récemment ouvert une chaine twitch où il montre son travail de mastering et de composition musicale.

« Love is in the Air » / « Flower Thrower » - Banksy - 2003

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E E

LINKIN PARK - ONE MORE LIGHT

2017

Règles de composition :

• Balance des blancs

• Contraste

• Mouvement

Cet album est le 7e de Linkin Park sortie en Mai 2017, la photographie a été faite par Frank Maddocks à Venice Beach, Los Angeles. Cette photo est simple, mais comporte malgré tout une narration visuelle. Il y a un contraste fort entre les silhouettes et le coucher de soleil. En effet, nous pouvons voir qu’il y a six enfants en train de se baigner sur la plage, ces six enfants représentent les membres du groupe. Les enfants dans l’imaginaire populaire peuvent également représenter l’innocence, l’idée de famille et de protection, mais aussi l’amour. L’océan représente la sérénité, le calme. Le style musical de cet album est lui aussi très calme avec des paroles tristes. Par rapport aux anciens albums qui eux sont relativement

violents dans le style musical.

Sur la pochette, nous ne retrouvons pas le logo du groupe.

La photo a surtout servi aux ventes dérivées de cet album puisqu’elle s’est retrouvée sur quatre t-shirts différents, des CDs, des vinyles.

Depuis le suicide d’un des membres principaux du groupe, le chanteur, Chester Bennington et 2 mois après la sortie de cet album, j’interprète personnellement cette pochette comme adieu : Par le coucher du soleil et sa lumière qui s’éteint, derrière les enfants et ce symbole de famille, d’innocence et d’amour. Le titre “One More Light”

peut-être traduit par “Une Lumière de Plus”, donc une allusion à la mort et sa lumière ultime ? Comme la fin anticipée de Linkin Park.

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E E

THE BLACK KEYS - THE BIG COME UP

Règles de composition :

• Contraste

• Echelle

• Mouvement

Le tout premier album des Black Keys est sorti en 2002. La photo a été faite par Michael Carney qui est le frère du batteur. La première chose que nous voyons quand nous regardons la pochette, c’est le nom du groupe, “The Black Keys” écrit en en Majuscule, et en haut à gauche de l’image. Ensuite la photo vient, présentant les deux membres du groupe, la moitié du visage pour celui de gauche, et le visage complet mais floue pour le deuxième, l’image possède du grain, comme si elle avait été prise avec un vieil appareil photo, aucun des deux ne regarde l’objectif, la typographie utilisée ne colle pas parfaitement à la photo, elle parait plus nette et contraste beaucoup avec la photo qui elle est plus floue.

Puis vient le nom de l’album “The Big Come Up”.

Cet album a été produit et enregistré dans un sous-sol, la photo qui ne remplit qu’un tiers de

la couverture et son côté un peu garage, usée, floue et noir et blanc, rappelle que l’album a été produit selon les principes de conception old school : une photo en noir et blanc, du grain : une musique en noir et blanc, musique produite par les deux membres du groupes et avec leurs moyens, seuls dans un garage. La sonorité de l’album rappelle beaucoup les anciens groupes de rock, comme les Rolling Stones, les Beatles. Les Black Keys ont eux même avoué avoir pris pour chef d’œuvre d’inspiration

“She Said She Said” des Beatles.

Imiter les groupes de rocks du XXe siècle, c’est le rêve de beaucoup de musiciens, mais peu arrivent à innover tout en restant fidèles au son des années 60-70. Les Black Keys ont réussi, et le titre de l’album n’est pas là pour rien : “The Big Come Up”, ou Le Grand Retour d’un style de musique qui aujourd’hui n’existe quasiment plus.

2002

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E E

THE BLACK KEYS - TURN BLUE

Règles de composition :

• Couleur

• Mouvement

• Contraste

Cet album est sorti en 2014.

Toujours imaginé par Michael Carney, le design est très simple, consistant en une spirale de rose et de bleu avec au centre de cette spirale le titre de l’album et le nom du groupe.

Dans l’imaginaire populaire, la spirale peut représenter l’hypnose, le contrôle mental, la manipulation.

Les paroles de la musique traitent

beaucoup de l’amour et de la trahison, de l’esprit, et la musique, quant à elle, a une sonorité très planante sur certains aspects, très lente et entraînante, sur des riffs de guitares et de basses qui tournent en boucle sur des minutes entières et des paroles accompagnées de réverbérations qui donnent aux voix une résonance.

« I used to think, darlin’, you never did nothin’

But you were always up to somethin’ »

« J’avais l’habitude de penser, chérie, que tu ne faisais jamais rien.

Mais tu étais toujours en train de préparer quelque chose. » Weight of Love - Turn Blue - The Black Keys.

2014

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E E

GORILLAZ - GORILLAZ

Règles de composition :

• Couleur

• Espace

Gorillaz est un groupe qui s’est formé en pleine transformation de l’industrie musicale par le numérique, cet album est sorti en 2001, le premier single “Tomorrow Come Today” est sorti avec un clip l’accompagnant une année avant, l’année d’après, ce sont trois gros titres qui font le succès du groupe virtuel avec “Clint Eastwood”, “19- 2000”, “Rock The House”. Pour rappel, 10 ans avant le MP3 était inventé, mais les plateformes de musique en ligne n’existaient pas encore. En plein boom numérique, surfer sur la vague du numérique a été une excellente idée de la part de Damon Albarn et de ses collaborateurs. Les clips qui accompagnent la musique et viennent mettre en scène les personnages de la pochette dans des animations ayant un impact énorme à l’époque, l’univers de la musique et celui créé autour des personnages fonctionne parfaitement et est cohérent.

Gorillaz est un groupe fondé en Grand-Bretagne par Damon Albarn en 1998, également fondateur du groupe Blur (et d’autres). La couverture de leur premier album éponyme a été créée par Jamie Hewlett, aussi artiste du groupe, Damon et Jamie se sont rencontrés et ont eu l’idée ensemble de créer

un groupe virtuel : Gorillaz était né.

Chaque membre fictif du groupe a sa propre personnalité et vient rythmer les humeurs et les titres des albums. Contrairement aux autres groupes fictifs de l’époque, Gorillaz ne comporte que des personnages totalement inventés qui ne sont pas des caricatures de musiciens.

Le design de cette pochette représente les quatre personnages du groupe sur une “Geep” (Jeep). La couleur verte prédomine largement les autres couleurs, la peau des personnages également est verte.

Ce vert est contrasté par le tag rouge, qui est le nom du groupe et aussi le nom de l’album. Le vert dans ces tons de camouflage est inspiré du vert utilisé par les militaires : le groupe se prépare à une bataille, ce qui fait partie de la narration visuelle du groupe. Ce vert peut aussi être interprété comme une sorte de maladie, les personnages étant un peu tous fous, il est possible de ressentir cette “folie” dans la musique, par les instruments qui sonnent dans des tons inhabituels et semblent presque désaccordés, les paroles sont très répétitives et chantés parfois de façon très monotone, comme une corvée pour les personnages qui semblent forcés.

2001

Sur cette photo : Damon Albarn, fondateur de Gorillaz - Blur - The Good, the Bad and the Queen.

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ÉTUDE DE LA POCHETTE ÉTUDE DE LA POCHETTE

E E

GORILLAZ - SONG MACHINE, SEASON 1

Règles de composition :

• Couleur

• Espace

Damon Albarn a toujours énormément produit et passe beaucoup de temps en studio à enregistrer de nouveaux titres et albums, d’où le nom de cet album, Song Machine, une sorte de jeu pour Damon. “Machine à Chansons”, aussi rappelé par la pochette où l’on voit un outil composé de touches de piano, outil qui ressemble à un jouet pour enfant. Les objets qui s’y trouvent rappellent l’univers étrange que Gorillaz maintient depuis le début, le clown : la folie, la fiole de poison (ou de remède ?) et la seringue : la maladie.

La main sur le clavier appartient à un des membres du groupe,

“Murdoc”, celui qui a la peau verte, ce personnage représente la

dépression, la colère, le sadisme…

Dans les clips de cet album, Murdoc paraît particulièrement seul et triste.

La Song Machine est sur un fond bleu, bleu qui rappelle la royauté du groupe, la palette de couleurs est très différente de celle du premier album. Elle est graphiquement plus élaborée mais garde son principe d’une illustration qui présente un objet sur un fond de couleur.

Cet album est une collaboration de plusieurs artistes, puisque 24 artistes au total ont collaboré pour les 17 titres qu’il contient dont Elton John. Le titre song machine peut aussi être compris dans ce sens, un album composé par des “machines à chansons».

2020

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ÉTUDE DE LA POCHETTE ÉTUDE DE LA POCHETTE

E E

DAVID BOWIE - ALADDIN SANE

Règles de composition :

• Forme

• Couleur

• Asymétrie

Artiste aux multiples facettes, David Bowie a toujours eu un cran d’avance en termes de design et de photographie de pochettes.

Il a révolutionné la musique et la façon de l’interpréter visuellement.

Tout au long de sa carrière il a su se réinventer visuellement et réinventer la narration visuelle de ses couvertures d’albums.

Cette pochette est l’une des plus emblématiques de l’histoire. Sur Aladdin Sane (A Lad Insane : Un Garçon Fou), il se met lui-même en scène, torse nu, avec un éclair rouge et bleu, maquillé sur le visage, les yeux fermés et les cheveux teints en rouge. Il représente sous cette forme un personnage qu’il s’est inventé : Aladdin Sane.

L’asymétrie mise en avant par l’éclair et la larme vient refléter la dualité des émotions que ressent David : jouer sur scène son personnage, mais sans faire partie de la société et ne pas être la célébrité montante qu’il était en

train de devenir. Sur sa clavicule gauche, il est possible d’y voir une larme en train de couler, cette larme vient très largement contraster avec l’éclair de son visage et mettre en avant cette dualité. Les yeux fermés, Bowie est apparemment peu disposé à faire face à cette réalité et se sent craquer, référence à des titres de cet album : “Cracked Actor”.

La rivalité de ces émotions se ressent à travers les différents titres de l’album, des morceaux très rock comme “Panic in the Detroit”, “The Jean Genie” ou “Cracked Actor”

viennent se confronter à des titres plus doux et romantiques de l’album comme “Lady Grinning Soul”.

L’angle de prise de vue de la photo est perpendiculaire à son visage, ce qui le met dans une position ni supérieure, ni inférieure au lecteur et invite le spectateur à s’impliquer en montrant qu’il est son égal, qu’il fait partie de son monde.

1973

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ÉTUDE DE LA POCHETTE ÉTUDE DE LA POCHETTE

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DAVID BOWIE - BLACKSTAR

Règles de composition :

• Forme

• Couleur

• Contraste

Considéré comme un cadeau d’adieu par beaucoup, Blackstar est sorti 2 jours avant la mort de David Bowie. La pochette quant à elle a été réalisée par Jonathan Barnbrook, un graphiste ayant collaboré plusieurs fois avec David Bowie. “L’étoile noire” peut ici être considéré comme un trou noir :

“L’idée d’un trou noir aspirant tout, le Big Bang, le début de l’univers, s’il y a une fin de l’univers” déclare Jonathan Barnbrook “Ce sont des choses qui qui se rapportent à la mortalité”. David bowie savait depuis 2014 qu’il était atteint d’un cancer, il gardait cela secret. David voulait que son dernier album représente la mortalité. “Blackstar”

fait aussi référence à une chanson peu connue de Elvis “Black Star”

qui fait référence à la mort “When a man sees his black star, he knows his time … has come.” : “Quand un

homme voit son étoile noire, il sait que son heure… est arrivée.”

Les 5 morceaux d’étoiles en bas de la pochette ne sont pas là par hasard, elles représentent 5 lettres : B O W I E. Placées de cette façon, elles sont disposées de façon à ne pas être lisibles trop rapidement.

La pochette peut sembler très simple et pourtant elle regorge de symbolique que seuls les fans Bowie arrivent à décrypter.

Je n’avais personnellement pas réalisé que les étoiles formaient un mot, tout en sachant qu’elles n’étaient pas disposées par hasard non plus, je n’en ai pas compris le sens directement. La pochette est sujette à beaucoup d’interprétations différentes par les fans qui ne font qu’ y chercher des messages cachés. Bien que la plupart soient absurdes.

2016

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ÉTUDE DE LA POCHETTE ÉTUDE DE LA POCHETTE

E E

Cette analyse faite, il apparaît que les pochettes créées après l’ère numérique de ces artistes ne manquent pas de narration visuelle. Certaines sont parfois même plus détaillées (cf Gorillaz) que leurs prédécesseurs. Elles correspondent moins au support sur lequel elles sont affichées mais décident de garder une illustration ou une photographie pleine de détails. Cette analyse montre que les détails et l’histoire narrative des pochettes n’a donc pas perdu d’importance au cours des 30 dernières années et les principes de connexion graphique sont similaires.

Lors de mes recherches, j’ai étudiés les pochettes de nombreux artistes, The Strokes, The White Stripes, Radiohead, Coldplay, U2, Madonna, Iggy Pop, Depeche Mode, etc. J’ai pu remarquer que certains musiciens ne portaient que très peu d’attention à la narration visuelle de leurs

pochettes. Juste une jolie photo, une illustration, de la typographie.

Je me suis retrouvé confronté à beaucoup de pochettes n’ayant au- cune narration visuelle, je n’arrivais pas faire le lien entre la musique et le visuel. Preuve que tous les ar- tistes ne prennent pas forcément cela à cœur et qu’une photo sans lien direct avec la musique marche aussi très bien. Pourtant ces albums ont eu un succès énorme. Para- chute de Coldplay en est un très bon exemple : Une photo prise à la sauvée en une matinée par les membres du groupe avec un appa- reil jetable.

Ces recherches m’ont également montré que le public n’est pas à 100% réceptif à ces codes et que certains valorisent plus le contenu musical sans faire attention à la narration visuelle des pochettes. D’où ma partie suivante, une enquête sur l’importance de la pochette auprès du public.

Parachutes - Coldplay - 2000

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ENQUÊTE SUR

L’IMPORTANCE DE LA POCHETTE

Une enquête a été menée au cours de la recherche de ce mémoire afin d’obtenir des informations sur ce qui intéresse les consommateurs de musique en terme de pochette d’album. Cette enquête a été diffusée sur différents réseaux, chacun touchant des cibles relativement différentes et a fait l’objet de partage par email. Le sondage ne fait pas le tri entre les styles de musiques, l’intérêt ici et de mesurer uniquement l’importance de la pochette dans leur achat, mais également dans la musique qu’ils écoutent tous les jours et l’importance qu’ils concèdent aux pochettes, leurs sentiments à l’égard de la conception des couvertures musicales.

Références

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