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Sécurité et efficacité du vaccin Sputnik V

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ACTUALITÉ

WWW.REVMED.CH

3 mars 2021

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1 Kiefer B. Le bout du tunnel, ce désir.

Rev Med Suisse 2021;17:108.

lien violemment amputé, et ce avec quoi les collègues auront probablement à vivre leur vie durant. Je porte dans mon propre cœur les traces ineffaçables des patients suicidés et, peut-être plus encore, des familles rencontrées suite au suicide d’un des leurs.

Je sais que je retrouverai l’équipe moins glacée lors de

notre prochaine rencontre, mais je sais aussi que nous n’oublierons pas la stupeur qui nous a envahis en présence de ces trois suicides si proches, si dévastateurs. Je ne peux m’empêcher d’avoir le souhait vif, simple, enfantin, que nous puissions nous retrouver au plus vite en présence réelle et reprendre nos rituels des temps

anciens : partager nos chocolats et cacahouètes, nous serrer les mains.

C’est que la pandémie, à la longue, mine notre confiance dans la vie. Cette menace sournoise et fluctuante de la mort, les deuils répétés, suspendus faute de rituel, créent presque un désir de mort anti- cipée, plus supportable qu’une

menace hors contrôle. Comme l’a suggéré récemment Bertrand Kiefer,1 nous ne pouvons que nous remettre à désirer. Désirer non une fin quelconque, mais de modeler un tant soit peu à notre goût ces horizons d’avenir encore si inconnus.

COVIDWATCH

Sécurité et efficacité du vaccin Sputnik V

L’une des limites des vecteurs viraux recombinants comme outil de vaccination est la possibilité de réponses immunes préexistantes contre le virus dont est dérivé le vecteur, ou acquises en cas d’usage répété du même vecteur, ayant pour effet de neutraliser le vecteur et de diminuer l’expression de l’immunogène. Parmi les approches permettant d’éviter ce risque, il y a l’utilisation de vecteurs dérivés d’adénovirus non humain, connus pour avoir pas ou très peu de séropositifs. Une autre approche consiste à utiliser séquentiellement des vecteurs dérivés de différents sérotypes d’adénovirus humains recombinants (rAd), dont certains au moins soient peu prévalents.

C’est le cas du vaccin Gam­COVID­

Vac (Sputnik V) basé sur rAd type 26 (rAd26) et rAd type 5 (rAd5), tous deux recombinants pour le gène intact de la glycoprotéine S de SARS­CoV­2 (rAd26­S and rAd5­S), qui ont montré en phase 1/2 un profil satisfaisant de sécurité et une forte immunogénicité (Lancet 2020;396:887­97). Le présent papier rapporte les résultats préliminaires concernant l’efficacité et la sécurité de ce schéma vaccinal résultant d’une analyse intérimaire de l’étude de phase 3. Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée par placebo, organisée dans 25 hôpitaux et policliniques de Moscou, incluant des participants de ≥ 18 ans, négatifs en IgG, IgM et par PCR pour SARS­CoV­2. Les participants étaient randomisés (3:1) à recevoir du vaccin ou son placebo, avec une stratification par groupe d’âge. Les investigateurs, les participants et le personnel de

l’étude ignoraient le produit admi­

nistré. Le vaccin était administré im à raison de o,5 ml contenant 10E11 particules dans un régime prime­boost avec un intervalle de 21 jours entre la première dose de rAd26­S et la seconde dose de rAd5­S. L’endpoint primaire était la proportion de participants développant un Covid­19 prouvé par PCR à partir de 21 jours après la première dose, en excluant de l’analyse d’efficacité tous les participants avec une violation du protocole (en particulier une seule dose). Les effets adverses, en revanche, étaient évalués chez tous les participants ayant reçu au moins une dose au moment où la base de données était verrouillée.

Du 7 septembre au 24 novembre 2020, 21 977 adultes ont été enrôlés au hasard dans les groupes vaccin (n = 16501) ou placebo (n = 5476).

19866 ont reçu deux doses de vaccin ou de placebo et ont été inclus dans l’analyse d’efficacité. À partir du jour 21 après la première dose (le jour de la deuxième dose), 16 (0,1 %) de 14964 participants du groupe vaccin et 62 (1,3 %) de 4902 du groupe placebo ont présenté un Covid­19 confirmé, pour une efficacité vaccinale de 91,6 % (95 % ; CI 85,6­95,2). L’effi­

cacité ne paraissait pas influencée par l’âge, en particulier chez les 2144 volontaires de plus de 60 ans (efficacité de 91,8 % (67,1­98,3)), dont une sous­étude immunolo­

gique montrait d’ailleurs une réponse anticorps anti­RBD et neutralisants équivalente à celle des tranches d’âge plus jeunes.

L’efficacité contre un Covid de sévérité modérée ou sévère (i.e.

plus que « mild », selon définition

standard en appendice) était de 100 % (20 cas dans le groupe placebo vs 0 dans le groupe vacciné). À noter deux décès dus au Covid­19 dans le groupe vacciné, pour des patients développant des symptômes respectivement 4 et 5 jours après la première dose. La plupart des effets adverses étaient de grade 1 (7485 [94,0 %] d’un total de 7966 évènements, répartis en taux égaux entre le groupe vaccin et placebo). 45 (0,3 %) de 16427 participants dans le groupe vaccin et 23 (0,4 %) de 5435 participants dans le groupe placebo avaient des effets adverses sérieux ; aucun n’était jugé lié au vaccin par des comités de moni­

toring indépendants.

Commentaire : Cette étude présente les premiers résultats d’une étude vaccinale de phase 3 basée sur une approche par vecteurs recombinants d’adéno­

virus humain dans un schéma prime­boost hétérologue.

Il s’agit d’une étude state of the art, publiée en détail dans The Lancet.

Il est vrai que n’ayant pas encore été accepté pour enregistrement aux États­Unis ou en Europe (où il a cependant été soumis), ce vaccin n’a encore pas fait l’objet d’une revue des données primaires comme cela a été le cas pour les deux études de vaccins à mRNA Pfizer/BioNTech et Moderna, par la FDA par exemple.

À noter que l’étude s’est déroulée lors de l’arrivée de la deuxième vague à Moscou. Comme les études de vaccins à mRNA, cette étude avait planifié des analyses intermédiaires en fonction du nombre d’endpoints primaires observés dans les deux groupes : si

du 7 septembre au 18 novembre, 20 cas de Covid avaient été obser­

vés, le nombre de Covid montait à 78 au 24 novembre, déclenchant un verrouillage de la base de données et l’analyse présentée dans le présent papier ! Cette étude est importante dans la mesure où l’approche qu’elle présente se caractérise par une efficacité et une sécurité excel­

lentes, démontrées également chez les patients âgés, pour un vaccin dont les exigences en termes de chaîne de froid sont facilement maîtrisables.

Ce vaccin représente donc un outil de plus dans l’arsenal contre le SARS­CoV­2. Même si l’enregis­

trement hâtif de ce vaccin en Russie et son instrumentalisation politique, avant que les résultats de la présente étude ne soient connus, ont terni sa réputation, c’est donc d’une manière, in fine, imméritée.

Comme pour les autres vaccins, restent à déterminer la durée de cette immunité ainsi que son efficacité contre les formes asymptomatiques d’infection et contre la transmission.

Pascal Meylan Professeur honoraire

Faculté de biologie et de médecine Université de Lausanne

1015 Lausanne pascal.meylan@unil.ch

Logunov DY, et al. Safety and efficacy of an rAd26 and rAd5 vector-based hetero- logous prime-boost COVID-19 vaccine:

an interim analysis of a randomised controlled phase 3 trial in Russia. Lancet 2021;397:671-81. Doi : 10.1016/S0140- 6736(21)00234-8.

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