1660 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 31 août 2011
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Sida en progression chez les homosexuels du Moyen-Orient et d’Afrique du nord
C’est une alerte importante qui vient d’être lancée sur un front généralement trop mé- connu de la lutte contre le sida. Il est aujour- d’hui généralement tenu pour acquis que cette épidémie est, à l’échelon planétaire, ma- joritairement le fait de contaminations dues à des relations hétérosexuelles. Pour autant, la transmission homosexuelle – entre 5 et 10%
des cas estiment les spécialistes – continue à jouer un rôle non négligeable, voire même à augmenter dans différentes régions du mon- de.1 Les agences spécialisées des Nations Unies estiment d’autre part à un peu plus de 33 millions le nombre des personnes qui sont infectées par le VIH à travers le monde ; parmi elles 22,5 millions vivent dans les pays de l’Afrique subsaharienne.
C’est dans ce contexte que survient la pu- blication d’un groupe de chercheurs, dirigé par Ghina Mumtaz et Laith J. Abu-Raddad (groupe d’épidémiologie des maladies infec- tieuses, Cornell University de Doha, Qatar).
Leurs résultats sont depuis peu disponibles sur le site de la revue Public Library of Science (PLoS) Medicine.2 Les auteurs y expliquent, en substance, disposer de données chiffrées établissant que l’épidémie d’infections par le VIH émerge et progresse chez les hommes homosexuels et bisexuels vivant dans plu- sieurs pays d’Afrique du nord et du Moyen- Orient (MENA). Il s’agit aussi de pays où – pour différentes raisons, religieuses et cultu- relles – l’homophobie est souvent devenue omniprésente (elle ne l’a pas toujours été), où les homosexuels sont victimes de discri- minations majeures et les comportements homosexuels criminalisés. Autant d’éléments
qui conduisent les personnes les plus con- cernées à masquer leurs pratiques ; autant d’éléments qui de ce fait interdisent (ou frei- nent considérablement) les actions de lutte préventive ou curative contre l’épidémie.
Les auteurs de la publication de PLoS Me- dicine expliquent avoir procédé à l’analyse rétrospective et systématique de l’ensemble
des données biologiques et comportemen- tales concernant, dans ces régions, à la fois le VIH et les «hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes» (HSH). Il faut ici préciser que le concept d’«HSH» renvoie à une définition qui ne se réduit pas à la stricte
homosexualité et aux rapports anaux. Il s’agit d’hommes pouvant également, selon les pays et les milieux, être bisexuels, transgenres, voire ayant des pratiques plus ou moins ma- joritairement hétérosexuelles.
Les nombreuses données qui sont ici pour la première fois analysées en commun pro- venaient de publications médicales ou scien- tifiques (disponibles sur Medline) mais aussi de rapports d’organisations internationales, d’institutions gouvernementales ou encore d’organisations non gouvernementales. Au terme de cette analyse, les chercheurs peu- vent faire un double constat : si la fréquence des infections par le VIH reste encore faible
dans certaines communautés homosexuel les de ces pays, d’autres sont au contraire de plus en plus touchées par l’épidémie virale, un taux de près de 28% pouvant être observé dans un groupe du Pakistan. Dans certains groupes en Egypte, au Soudan, au Pakistan avancée thérapeutique
lu pour vous
Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@chuv.hospvd.ch)
Paraître plus âgé : un signe de mauvaise santé ?
Une équipe canadienne a réalisé une étude transversale auprès de 126 patients dont l’âge était estimé par 58 médecins sur la base de photographies.
La question était la suivante : lorsqu’un patient paraît plus âgé que son âge biologique, estce un facteur prédictif sensible et/ou spécifique d’un mauvais état de santé ? En d’autres termes, notre appréciation subjective de l’âge d’un patient
estil un bon test diagnostique ?
Parallèlement à l’évaluation des médecins, les patients remplissaient un autoquestionnaire permettant de mesurer huit aspects de la qua
lité de vie établissant un «score de mauvaise santé». Le mauvais état de santé est défini par un score de deux ou plus déviations standards.
La valeur diagnostique de l’âge apparent dépend du nombre d’années supplémentaires que l’on attribue au patient. Avec un seuil de M 5 ans d’âge apparent, la spécificité s’élève à 8283%.
Avec un seuil de M 10 ans d’âge apparent, la spécificité s’élève à 9798%. Le rapport de vraisemblance positif est cependant encore in
férieur à 2 dans les deux cas.
Commentaire : L’évaluation de l’âge d’un patient
touche la pratique clinique quotidienne, et cette étude canadienne semble venir confirmer une appréciation empirique et intuitive de notre mé
tier, c’estàdire qu’un patient faisant dix ans de plus que son âge est en moins bonne santé.
Reste à explorer la question suivante… paraître plus jeune, estil une preuve de bonne santé ?
Dr Emilie Fasel CDC, PMU, Lausanne Hwang SW, et al. Is looking older than one’s actual age a sign of poor health ? J Gen Intern Med 2011;
26:13641.
D.R.
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