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Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale?

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Academic year: 2022

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Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ?

Introduction : Qu’est-ce que l’inégalité ?

1ère partie : Quelle fut l’évolution des inégalités au cours du XXème siècle ? A. Comment mesurer les inégalités ?

B. Les inégalités ont principalement diminué au cours du 20ème siècle

2ème partie : Comment définir les inégalités justes socialement ?

A. L’utilitarisme considère les inégalités justes si l’utilité de la société est maximisée B. Le libertarisme considère les inégalités justes si les droits de propriété sont respectés C. L’égalitarisme libéral considère les inégalités justes si 2 principes sont respectés D. L’égalitarisme strict ne considère aucune inégalité comme juste

3ème partie : L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale A. Comment les pouvoirs publics agissent-ils afin d’assurer la justice sociale ?

B. Quelles difficultés les pouvoirs publics rencontrent-ils en tentant d’assurer la justice sociale ?

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Introduction : Qu’est-ce que l’inégalité ?

Les inégalités sont multiples, multiformes. Il existe deux types d’inégalités : les inégalités économiques et les inégalités sociales. Dans les deux cas une inégalité se définit comme un déséquilibre dans la répartition d’une ressource rare. Voyons des exemples concrets.

- Les inégalités sociales :

Il s’agit de déséquilibres dans la répartition de ressources sociales. Ces inégalités sociales sont multiples comme la santé (l’espérance de vie, l’absence de maladies…), l’emploi (avoir un emploi, de bonnes conditions de travail, en contrat à durée indéterminée (CDI)), l’école (accès à l’école, réussite ou échec scolaire, durée d’études, type d’études effectuées), le pouvoir politique (le fait d’élire ou d’être élu).

Outre les inégalités sociales, étudions maintenant le deuxième type d’inégalités.

- Les inégalités économiques :

Il s’agit de déséquilibres dans la répartition des revenus ou des patrimoines.

Le revenu d’un individu ne se résume pas uniquement au salaire, il y a en effet 3 types de revenus : les revenus du travail (les salaires), les revenus de la propriété (les dividendes, loyers perçus) et enfin les revenus de transfert ou revenus de remplacement (allocations chômage, pensions de retraite, allocations familiales…).

Ces revenus se distinguent du patrimoine détenu par les individus : patrimoine immobilier (posséder des appartements, maisons), patrimoine financier (posséder des actions d’entreprises).

Patrimoine et revenus sont liés : le patrimoine génère les revenus de la propriété (les actions donnent droit à des dividendes et la possession d’appartements mis en location donne droit à un loyer).

Nous avons séparé les deux types d’inégalités (économiques et sociales) mais elles sont liées. Inégalités économiques et sociales se cumulent. Cela signifie que les inégalités sociales créent des inégalités économiques.

Ex n°1 : un individu au chômage, privé d’emploi (inégalité sociale), va avoir une baisse de ses revenus (inégalités économiques) ce qui peut se répercuter sur son accès aux soins et sa santé (inégalité sociale).

Ex n°2 : un individu sortant du système scolaire sans diplôme (inégalité sociale) sera plus fortement touché par le chômage, privé d’emplois stables, (inégalité sociale) ce qui va nuire à ses revenus (inégalité économique).

Enfin les sociologues se sont demandés si les inégalités se transmettaient de générations en générations.

Autrement dit les inégalités touchant des individus toucheront-ils aussi leurs enfants ?

Un indicateur (l’élasticité intergénérationnelle des revenus) calcule le lien qu’il peut y avoir entre les revenus des parents et les revenus de leurs enfants, devenus adultes. Si l’élasticité est forte, il y a alors une forme de transmission des inégalités entre générations et inversement si elle est égale à 0, cela signifie qu’il n’y aucune influence de la famille sur le revenu de leurs enfants.

En France cette élasticité intergénérationnelle des revenus est de 0,4.

Au Danemark, cette élasticité intergénérationnelle des revenus est de 0,15.

Au Pérou, cette élasticité intergénérationnelle des revenus est de 0,67

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1

ère

partie : Quelle fut l’évolution des inégalités au cours du XXème siècle ?

A. Comment mesurer les inégalités ?

Il existe plusieurs indicateurs afin de mesurer les inégalités économiques :

- Le coefficient de Gini

Coefficient ou indice de Gini, il mesure les inégalités soit de revenus, salaires ou de patrimoine. Il peut prendre une valeur entre 0 et 1(ou parfois de 0 à 100 lorsqu’il a été multiplié par 100).

0 signifie qu’il n’y a aucune inégalité économique entre les membres d’une société. Dit autrement tous les membres d’une société reçoivent le même revenu (égalité totale).

0 signifie qu’un seul individu possède toutes les richesses du pays (inégalité totale).

A titre d’exemple la France a un indice de Gini de 0,32

- La courbe de Lorenz

- Le rapport interdécile

Les économistes divisent la population en 10 parts égales (représentant donc 10% chacune de la population totale). Ils vont les classer ensuite des plus pauvres aux plus aisés (des 10% les plus pauvres au 10% les plus aisés).

La valeur (le montant du salaire ou de revenu, ex : 800€…) séparant les 10% les plus pauvres du reste de la population (les 90% autres) est le 1er décile (« D1 »). A l’autre extrémité, la valeur (le montant du salaire ou du revenus, ex : 3 600€) séparant les 10% les plus riches au reste de la population est le 9ème décile (« D9 »).

La courbe de Lorenz est celle qui apparaît en rouge. Elle renseigne sur la répartition, ici, des revenus au sein d’une population.

Que voyons-nous ?

L’axe des abscisses renseigne sur le cumul de la population (tout à gauche 0% de la population, au milieu 50% de la population et à droite on arrive à 100% de la population).

L’axe des ordonnées nous renseigne sur le cumul des revenus : 0% tout en bas, 50% des revenus au milieu et 100% des revenus (le total) tout en haut.

Comment lire ce graphique ?

50% de la population (la plus pauvre) reçoit 25% des revenus. Et inversement donc les 50% les plus riches reçoivent 75% des revenus.

La droite diagonale (droite d’équi-répartition) serait le cas d’une répartition totalement égalitaire. Plus on s’éloigne de cette droite, plus la société est inégalitaire.

10%

D1

10%

D9 10% 10% 10%

10% 10%

10% 10%

10%

D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8

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Remarquez bien : vous avez 10 groupes mais 9 déciles (9 séparations).

Le rapport interdécile est une comparaison entre D9 et D1. On calcule D9/D1 et on obtient le rapport interdécile. Ex : si le rapport interdécile est égal à 3, cela signifie que le 9ème décile est 3 fois supérieur au 1er décile. Si ce rapport interdécile augmente au fil des années, il indique une hausse des inégalités.

- Les déciles moyens

Parfois vous entendrez parler ou vous tomberez sur « D10 » dans un document statistique. Or il n’y a pas 10 déciles mais 9 normalement. En fait il y a un deuxième type de décile, le décile moyen.

Nous avons ici 10 déciles moyens. Ce type de décile nous renseigne sur le salaire ou revenu moyen qu’ont les 10% les plus pauvres, les 10% les suivants et enfin les 10% les plus riches.

Ex : le salaire moyen des 10% les plus riches est de 4 300€.

- Le « top 1% »

Mais il n’y a pas que les déciles dans la vie ! Les économistes s’intéressent aussi aux 1% les plus riches (cela permet de gagner en précision concernant les très hauts revenus) aussi appelés le « top 1% ». Cet indicateur nous permet de répondre aux questions suivantes :

- Quelle part des richesses, du patrimoine détiennent les 1% les plus riches ? Ex : les 1% les plus riches détiennent …. % des richesses/du patrimoine.

- Quel est le revenu moyen des 1% les plus riches ? Le revenu moyen des 1% les plus riches est de .. €

D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9

10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10%

D10

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B. Les inégalités ont principalement diminué au cours du 20ème siècle 1. Les inégalités ont diminué de 1900 à 1980

Au début du 20ème siècle (à la « Belle époque »), les inégalités (patrimoniales et de revenus) sont fortes mais elles vont diminuer drastiquement jusqu’en 1980 suite à plusieurs événements :

- Les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945) vont causer la destruction de nombreux biens immobiliers. Pour financer ces guerres, les Etats vont créer de nouveaux impôts…

- Pour financer les guerres mondiales (construction de navires, de chars, de l’armement, des soldats…), les pays (ex : France et Etats-Unis) développent l’impôt sur le revenu progressif (créé en 1914 en France) afin de mettre à contribution les plus riches à l’effort de guerre. Un impôt progressif est un impôt dont le taux dépend des revenus des individus. Ex : un individu modeste paiera un taux de 3%, un individu plus aisé un taux de 10%.

Plus tard de nouveaux impôts verront le jour : impôt sur les successions taxant l’héritage, ISF (impôt sur la fortune), réformes de l’impôt sur le revenu (dont la progressivité augmente dans les années 1950) diminuant les inégalités.

- La création à partir de 1945 de la Sécurité Sociale (ou protection sociale) qui protège contre les risques sociaux (les aléas de la vie diminuant les revenus d’une personne) comme le risque de maladie, le risque de chômage, le risque d’accidents professionnels puis la vieillesse. Cela permet de diminuer les inégalités car de nombreuses personnes (ex : personnes âgées) avaient des retraites très faibles, plus de revenus en période de chômage ou maladie. Leurs revenus étant remplacés en cas de maladie, de retraite etc…, cela limite les inégalités économiques et sociales entre individus.

- Les Trente glorieuses et le processus de moyennisation conduisant à une diminution des distances interclasses (le salaire ouvrier rattrape, en partie, le salaire des cadres et accès à la propriété pour la classe moyenne, appelée d’ailleurs « classe moyenne patrimoniale »).

- L’offre de services publics collectifs (processus de démarchandisation) comme l’accès à l’école gratuite qui se généralise ou l’accès à la santé presque gratuit. Cela limite les inégalités puisque ce sont autant de dépenses en moins pour les plus modestes.

- Des lois sociales : instauration en 1950 du SMIG (devenu en 1970 le SMIC), l’instauration d’un minimum vieillesse.

2. Les inégalités augmentent à nouveau depuis 1980

Depuis 1980, les économistes notent une hausse des inégalités.

D’une part les inégalités de patrimoine augmentent à nouveau. Cela s’explique en partie par la flambée des prix de l’immobilier (le prix des appartements dans les grandes villes a augmenté considérablement) augmentant le niveau de patrimoine des propriétaires.

D’autre part les inégalités salariales augmentent également (surtout pour le top 1%). Cela peut s’expliquer par le rôle du progrès technique, dit biaisé en faveur des travailleurs qualifiés. Une innovation, une fois brevetée, peut permettre à un individu d’acquérir une fortune. De plus avec la mondialisation son innovation pourra être vendue à l’échelle planétaire (multipliant les consommateurs et donc ses profits).

Ex : Certains PDG des groupes pharmaceutiques (comme Pfizer) sont devenus millionnaires, milliardaires.

De même dans le numérique, E. Musk, M. Zuckerberg ont acquis une fortune considérable.

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ème

partie : Comment définir les inégalités justes socialement ?

Nous avons vu qu’il existait diverses inégalités sociales et économiques. Ces inégalités ne sont pas toujours considérées comme injustes, nous en acceptons certaines, alors que d’autres non. Pourquoi ? Car nous jugeons des situations (ex : les inégalités économiques entre individus) à partir de principes de justice.

En effet, est juste, socialement, ce qui est conforme à nos principes de justice. Et ces principes de justice sont multiples : pour certains c’est le mérite qui permet de déterminer ce qui juste ou injuste, pour d’autres c’est l’égalité, enfin pour d’autres ce sera la liberté, ou même l’utilité sociale.

Voyons les différentes conceptions de la justice sociale qui permettent d’apprécier si les inégalités sont justes ou non.

A. L’utilitarisme tolère les inégalités si la maximisation des plaisirs est assurée

L’utilitarisme est une conception de la justice qui repose, comme son nom l’indique, sur l’idée d’utilité, autrement dit de satisfaction, de plaisir. Pour J. Bentham (18ème siècle), l’objectif d’un gouvernement devra être de maximiser (atteindre le maximum) le bonheur de sa population, son niveau de satisfaction. Il considère alors que les inégalités sont justes si la satisfaction de la population est plus grande ainsi.

Exemple :

Revenus des plus défavorisés

Revenus des plus favorisés

Utilité (niveau de plaisir de l’ensemble de la société)

Société A 500€ 58 500€ 10 000

Société B 1 300€ 10 000€ 5 000

Si nous devions choisir la meilleure société entre la société A et B, selon l’utilitarisme, nous choisirions la société A car l’utilité (niveau de plaisir de l’ensemble de la société) est plus grande que dans la société B.

Peu importe que les inégalités y soient plus grandes.

L’utilitarisme a une autre conséquence : L’Etat, au nom de son objectif de maximiser le bonheur collectif, pourrait très bien bafouer les droits et libertés des individus (ex : emprisonner les plus riches et les exproprier, c’est-à-dire leur retirer leurs biens, richesses si cela améliorait la satisfaction de l’ensemble de la population, ou même vacciner de force la population pour lutter contre une épidémie etc.). Certes cela revient à remettre en cause des droits et libertés mais si cela permet d’augmenter le bonheur de l’ensemble de la population, alors cela est juste selon l’utilitarisme.

B. Le libertarisme tolère les inégalités si le respect des droits fondamentaux est assuré

Les libertariens défendent l’égalité des droits et le respect de la liberté individuelle. Les droits qui doivent être garantis aux individus sont les suivants : la liberté de contracter (commercer), la protection contre le vol, la fraude, les agressions physiques. En revanche ils ne poursuivent pas l’objectif d’une diminution des inégalités économiques ou sociales. Pour eux, les inégalités sont justes si les droits des individus ont été respectés. Les libertariens critiquent même la redistribution entre les plus aisés et les plus défavorisés en ce qu’elle revient à prélever injustement des sommes librement gagnées par les premiers. La solidarité ne doit pas être imposée aux individus.

L’Etat n’a donc qu’un rôle minime dans leur théorie puisqu’il ne doit veiller qu’au respect de droits et libertés. On parle d’Etat minimal, voire d’Etat « ultraminimal ».

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C. L’égalitarisme libéral considère les inégalités comme justes à condition de respecter 2 principes J. Rawls considère qu’une société est juste si elle respecte deux principes de justice :

- Le principe de liberté : qui consiste à respecter les droits et libertés des individus : liberté de penser, de conscience, libertés politiques, liberté d’association, la propriété privée personnelle…

Ensuite, une fois que le principe de liberté est assuré, il explique les inégalités peuvent être justes si elles respectent le principe de différence (principe qui se divise en deux conditions) :

- 1) Les inégalités sont justes à condition qu’elles soient le résultat d’une réelle égalité des chances, dit autrement, les individus sont tous partis dans la vie du « même point de départ ». Nul n’est censé être avantagé ou désavantagé du fait de sa naissance (dans une famille riche ou pauvre).

- 2) Les inégalités sont justes à condition qu’elles profitent aux plus défavorisés. Cela signifie qu’il peut y avoir des inégalités mais à condition que l’augmentation de la fortune des plus riches bénéficie aux plus pauvres (revenus + élevés, accès à la santé, à l’emploi…).

Ex : si un individu augmente sa fortune mais qu’en même temps cela crée des emplois et améliore le sort des plus pauvres, cette inégalité est considérée comme juste.

De même, si un individu permet la création de richesses dans un pays et que l’Etat peut en prélevant certaines de ses ressources financer un revenu de base pour les plus pauvres, les inégalités sont alors considérées comme justes.

Revenus des plus défavorisés

Revenus des plus favorisés

Société A 500€ 58 500€

Société B 1 300€ 12 000€

Société C 1 300€ 20 000€

Selon le principe de différence, la société la plus juste et où les inégalités sont considérées comme

« justes » serait la société C. Pourquoi ? Car on élimine la société A où la situation des individus les plus défavorisés ne s’améliore pas avec la hausse des inégalités (les plus favorisés ont des revenus élevés sans que cela n’améliore le sort des individus les plus pauvres). Si nous devons choisir entre la société B et C, il faudra choisir la société B car encore une fois entre la société B et C les inégalités augmentent mais cela ne bénéficie pas aux plus défavorisés.

D. L’égalitarisme strict ne considère aucune inégalité comme juste

Au 19ème siècle des penseurs socialistes élaborent des utopies, et créent même des communautés dans lesquelles les individus sont rémunérés à la même hauteur. Il n’y a donc aucune inégalité entre ses membres. L’égalitarisme strict veille à atteindre une égalité des situations (des conditions de vie : consommation, loisirs…).

K. Marx théorisa également l’idée selon laquelle les prolétaires devaient gagner la lutte des classes et vaincre la bourgeoisie. Il y aurait alors une égalité entre tous les membres de la société. Les individus étant rémunérés selon leurs besoins.

Au XXème siècle et aujourd’hui l’idée d’une stricte égalité a été peu à peu abandonnée. Pour autant, des sociologues (F. Dubet), économistes (T. Piketty) invitent à réduire des inégalités jugées comme disproportionnées. Il propose une nouvelle idée celle d’égalité des places, soit l’idée que les différentes positions dans une société (cadres, ouvriers…) ne soient pas trop éloignées les unes des autres. Les inégalités sont alors considérées comme juste si elles sont proportionnées.

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ème

partie : L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale

A. Comment les pouvoirs publics agissent-ils afin d’assurer la justice sociale ? - La fiscalité permet à l’Etat d’assurer la justice sociale

La fiscalité est l’ensemble des règles concernant les prélèvements obligatoires. La fiscalité et plus particulièrement la redistribution verticale permet de réduire les inégalités entre membres d’une même société. Plus précisément l’imposition progressive est l’outil le plus efficace pour réduire les inégalités économiques entre individus.

Cette imposition progressive consiste à appliquer un taux d’imposition qui sera fonction des revenus des ménages. Ainsi plus le revenu d’un ménage augmente, plus son taux d’imposition augmente (ex : 2% pour un ménage modeste et 13% pour un ménage plus aisé).

Le ménage aisé sera donc imposé, cela signifie que l’Etat va prélever une somme sur ses revenus. Cette somme réduit les inégalités car elle retire une partie des richesses aux plus aisés. Mais surtout cette somme va être transférée aux plus démunis (via les revenus de transfert comme les allocations familiales, des bourses…) ce qui va augmenter le revenu des plus modestes réduisant à nouveau les inégalités. La fiscalité permet donc de réduire des inégalités de situations.

Exemple : En France, l’impôt sur le revenu est un impôt progressif. Depuis quelques années cependant la progressivité de cet impôt a été réduite. Il existe également des niches fiscales permettant aux plus informés et plus aisés de déduire des impôts et donc d’avoir un taux d’impôt plus faible.

- L’offre de services collectifs permet à l’Etat d’assurer la justice sociale

L’offre de services publics collectifs (processus de démarchandisation) comme l’accès à l’école gratuite qui se généralise ou l’accès à la santé presque gratuit permet de diminuer les inégalités économiques et sociales.

En effet cela limite les inégalités puisque ce sont autant de dépenses en moins pour les plus modestes.

En plus de cela le fait que les enfants de milieu défavorisé puissent avoir accès à la même école (gratuit) et ait l’opportunité d’étudier longtemps réduit les écarts entre les parcours des enfants de cadres et d’ouvriers et au final les inégalités économiques entre enfants de cadres et d’ouvriers.

Ex : le processus de massification scolaire (allongement de la scolarité obligatoire, accès plus important aux universités) avait à l’origine pour but de réduire les différences entre enfants d’ouvriers et de cadres.

- La lutte contre les discriminations permet à l’Etat d’assurer la justice sociale

Dans l’optique de garantir l’égalité des chances, l’Etat veille à sanctionner la discrimination qui se définit comme le traitement inégal entre individus du fait de l’origine ethnique, opinions politiques, d’un handicap, de la couleur de peau, de l’orientation, du sexe, de l’état de santé, de sa religion, dans l’accès à une ressource rare (logement, emploi…). Il existe 25 critères définis par la loi.

En 2005 la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (HALDE) fut créée pour mener cette lutte avant d’être remplacée, en 2011, par le Défenseur des droits. Les citoyens, victimes de discrimination de la part d’un organisme public (mairie, préfecture, lycées…), peuvent le saisir. Il peut alors saisir la justice.

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- La protection sociale permet à l’Etat d’assurer la justice sociale

La création à partir de 1945 de la Sécurité Sociale (ou protection sociale) qui protège contre les risques sociaux (les aléas de la vie diminuant les revenus d’une personne) comme le risque de maladie, le risque de chômage, le risque d’accidents professionnels puis la vieillesse. Cela permet de diminuer les inégalités car, auparavant sans système de sécurité sociale, de nombreuses personnes âgées avaient des retraites très faibles pour ne pas dire inexistante. De plus les travailleurs n’avaient peu ou aucun revenu en période de chômage ou en cas de maladie. Leurs revenus sont aujourd’hui compensés par la sécurité sociale en cas de maladie, de retraite etc…, cela limite les inégalités économiques et sociales entre individus.

Il s’agit d’une redistribution horizontale entre jeunes et plus vieux (entre actifs-inactifs), entre bien portants et malades, entre personnes en emploi et chômeurs (entre actifs occupés et actifs inoccupés).

B. Quelles difficultés les pouvoirs publics rencontrent-ils en tentant d’assurer la justice sociale ?

- L’action des pouvoirs publics en matière justice sociale se heurte à une contrainte de financement :

Lorsque l’Etat intervient pour assurer la justice sociale il propose notamment des services collectifs (comme l’accès à la santé et l’école) qui sont des dépenses publiques et elles sont financées par les recettes publiques (prélèvements obligatoires). Cependant les dépenses de l’Etat sont parfois supérieures à ses recettes et alors l’Etat connaît un déficit public (ou déficit budgétaire). Son action en faveur de la justice sociale est donc limitée car il peut connaître un déficit. Lorsqu’un Etat connaît un déficit public, il doit s’endetter et cet endettement a un coût. De plus la France, dans le cadre de la zone €, a signé le Pacte de stabilité et de croissance (1997) et s’est engagée à limiter son déficit public à hauteur de 3% du PIB et sa dette publique de 60% du PIB.

- L’action des pouvoirs publics en matière justice sociale se heurte à une contrainte d’efficacité :

D’une part la protection sociale mise en œuvre par l’Etat protège surtout les individus ayant cotisé (payer des cotisations), donc les individus ayant eu un emploi stable durant une période assez longue. En effet les individus ne peuvent prétendre avec une pension de retraite, une allocation chômage que s’ils ont travaillé une durée suffisante. La sécurité sociale ne protège donc pas aussi efficacement les individus connaissant des périodes de chômage, de CDD que les individus en CDI. En cela l’action des pouvoirs publics n’est pas aussi efficace car elle peut créer des inégalités entre individus (protégés ou non).

D’autre part le taux de pauvreté en France reste stable mais élevé depuis plusieurs années. Il est égal à 14% de la population. Est pauvre un individu, un ménage ayant moins de 60% du revenu médian. L’Etat providence ne permet pas de diminuer ce niveau de pauvreté.

- L’action des pouvoirs publics en matière justice sociale se heurte à une contrainte de légitimité :

Les prélèvements obligatoires ont toujours fait l’objet de critiques. En 1953, Pierre Poujade et des petits commerçants se rebellaient contre les prélèvements obligatoires de l’Etat coupables, selon eux, de gêner leurs affaires (on a parlé de « poujadisme » pour qualifier ce mouvement de contestation de l’Etat). Les prélèvements obligatoires ne sont alors pas considérés comme un moyen d’assurer l’égalité et la solidarité mais comme un obstacle aux affaires économiques.

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Aujourd’hui paradoxalement ce sont les classes populaires qui remettent en cause les prélèvements obligatoires. D’une part les classes populaires ont le sentiment de payer des impôts tandis que certains évitent de le faire (de nombreux scandales sont évoqués dans la presse comme celui de Jérôme Cahuzac, ancien Ministre en charge de la lutte contre l’évasion fiscale, qui lui-même possédait un compte caché en Suisse). Cela nuit à la légitimité (à l’acceptation) de l’impôt puisque les classes populaires voient certaines personnes (plus aisées) y échapper.

Ensuite les classes populaires ne perçoivent pas l’utilité des impôts (à quoi servent-ils ?). Elles peuvent considérer que les impôts servent à financer des « assistés » qui profitent des aides publiques.

Alors même que les classes populaires bénéficient de revenus de transfert (allocations familiales), de dépenses publiques (rénovations de routes, l’école…), elles en critiquent tout de même la légitimité faute de percevoir et de comprendre précisément l’action de l’Etat.

- L’action des pouvoirs publics en matière justice sociale peut générer des effets pervers :

Un effet pervers de l’action des pouvoirs publics est de « piéger » des individus dans une « trappe à pauvreté » (ou trappe à inactivité). Dit autrement cela signifie que par le passé certaines aides octroyées à des individus inactifs (ne travaillant pas et ne recherchant pas d’emplois) comme le R.M.I (revenu minimum d’insertion, créé en 1988) désincitait les individus à reprendre un emploi. Ils pouvaient en effet y perdre financièrement à travailler. En effet, le RMI pouvait être plus élevé que certains salaires proposés (à temps partiel par exemple). L’individu qui aurait accepté cet emploi et ce salaire aurait alors reçu moins qu’avec le RMI (en restant inactif). C’est pour cela que le RMI a été remplacé par le RSA (revenu de solidarité active). Voyons un exemple :

- Exemple à l’époque du RMI : vous touchiez 600€ de RMI par mois. Si on vous proposait et que vous acceptiez un emploi dont le salaire n’était que de 500€/mois => vous perdez 100€, vous n’avez pas intérêt à travailler, vous restez donc inactif.

- Exemple actuel avec le RSA : vous touchez 600€ de RSA par mois. Si on vous propose et que vous acceptez un salaire de 600€/mois, vous toucherez également une « prime pour l’emploi » de 200€, vous ne serez plus perdant et vous accepterez l’emploi. Cela incite donc les individus à reprendre une activité.

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