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Texte intégral

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Poly-Monde Australie

Rapport de mission

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Poly-Monde 2013 Australie rendu possible grâce à Air Liquide

avec la collaboration de Polytechnique Montréal

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Contributions

Crédits photographiques

Sarah Bouchard Inès Boucherit

Gabrielle Gauthier-Melançon Adélaïde Jammes

Christophe Mondin Jeremy Pinto Hélène Renders

Mise en page

Jeanne Gagnon Stéfanie Lefebvre Christophe Mondin

Illustrations

Christophe Mondin

Corrections finales

Stéfanie Lefebvre Thierry Warin

Amorce des corrections

Sarah Bouchard Jeanne Gagnon Andréanne Leduc Stéfanie Lefebvre

Tableaux et figures

Christophe Mondin Isaël St-André

À noter

Aucune reproduction de ce document ne peut être effectuée, en tout ou en partie, sans mention de la source.

Nous serions heureux de recevoir vos commentaires sur le rapport. N’hésitez pas à nous contacter pour toute précision sur la mission en Australie ou information concernant Poly-Monde.

Rédaction

Ivan Beltran Sarah Bouchard Inès Boucherit Mélik Bouhadra Alexandre Carrier Magellan Charbonneau Julie Charron-Latour

Gabrielle Gauthier Melançon Samy Geronymos

Adélaïde Jammes Stéfanie Lefebvre Félix Légaré Guillaume Léveillé Margaux Meyssonnier Christophe Mondin Rosalie Nadeau-Fredette Simon Papineau

Jeremy Pinto Hélène Renders Zaïnab Sawan Isaël St-André Marie-Ève Trudeau

Contributions 4

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La mission Poly-Monde 2013 n’aurait pas eu un tel succès sans l’appui de tous ses supporteurs.

Nous tenons d’abord à remercier les entreprises et institutions québécoises et australiennes qui nous ont appuyés autant en nous accueillant entre leurs murs qu’à travers un soutien financier.

Poly-Monde 2013 tient aussi à remercier grandement M. Bernard Lamarre, président du Conseil

d’Administration qui a terminé son mandat cette année après avoir conseillé de nombreuses missions Poly- Monde. Nous aimerions aussi profiter de l’occasion pour souhaite la bienvenue à Mme Michèle Thibodeau- DeGuire qui saura, nous en sommes certains, lui succéder avec brio.

Nous souhaitons aussi remercier M. Christophe Guy, directeur général de Polytechnique Montréal ainsi que les directeurs de départements pour leur support financier et leurs précieux conseils années après années. Par l’entremise de l’orientation Projets internationaux du département de mathématiques et génie industriel, les étudiants ont d’ailleurs reçu une

Remerciements

Remer ciements 5

formation académique sur l’innovation technologique et la compétitivité internationale. Cette formation leur a permis de profiter pleinement de leur expérience en Australie, leur permettant d’intégrer les notions du cours et de mettre en lumière les meilleures pratiques en innovation et en stratégie.

L’équipe Poly-Monde 2013 tient aussi à remercier Mme Line Dubé, directrice du Bureau des Relations Internationales de Polytechnique Montréal qui a

accompagné la mission en Australie, offrant son soutien et de précieux conseils aux étudiants.

L’équipe tient aussi à souligner l’implication de M.

Thierry Warin qui a su nous guider et nous conseiller tout au long de la mission. M. Warin termine son mandat cette année et nous tenons à souligner l’importance de son implication et l’excellence de son travail au cours des deux dernières années.

Finalement, un merci tout spécial à nos parents et amis qui ont supportés la mission à travers leur

participation aux nombreuses activités de financement.

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Partenaires Platine

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Partenaires Platine

Air Liquide, leader mondial des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement est un fier partenaire sur lequel vous pouvez compter.

Créée en 1911, Air Liquide Canada emploie plus de 2200 employés et compte plus de 80000 clients.

Présente d’un océan à l’autre dans les principales régions industrielles du pays, Air Liquide fournit les secteurs de l’aéronautique, l’automobile, l’agro-alimentaire, la chimie, la défense, l’électronique, l’énergie, la métallurgie, l’exploitation minière, la fabrication des métaux et la santé.

Air Liquide Canada

1250, boul René-Lévesque O.

Bureau 1700

Montréal (Québec) H3B 5E6 514 933-0303

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Trouver des solutions,

c’est dans notre nature

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Partenaires Or

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Partenaires Or

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Partenaires Argent

S

Australian Government

Australian High Commission Canada

Département de mathématiques et de génie industriel Fondation Dagenais-Scharry PMI Consultants Inc

Partenaires Bronze

BFL Canada Département de génie civil Jean-Louis Renders Alexandre Maurice

Sébastien Boyer L’Oréal Département de génie chimique

SolMax Inc Coopoly

Brasserie Dieu du Ciel! PepsiCo

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PB

 

    C’est avec plaisir que je salue chaleureusement tous  ceux et celles qui participent au projet de visites industrielles   Poly‐Monde 2013, en Australie. 

      Conscients du rôle décisif que peuvent jouer les  avantages concurrentiels dans le contexte économique actuel, les  futurs ingénieurs de l’École Polytechnique de Montréal visiteront  cette année lʹAustralie pour y étudier plusieurs secteurs 

industriels. Ce projet a pour but dʹanalyser les caractéristiques et  les atouts stratégiques du modèle économique australien afin de  mieux comprendre ses particularités, ses forces et son succès. Par  ailleurs, ce séjour, qui représente pour les participants une 

excellente occasion de se familiariser avec des enjeux 

internationaux variés et dʹacquérir une expérience enrichissante,  profitera à nos entreprises sur les plans de la compétition et de la  performance. 

 

    Au nom du gouvernement du Canada, je vous  souhaite un voyage des plus productifs et vous offre mes meilleurs  vœux de succès pour l’avenir. 

   

OTTAWA 

 2013 

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Poly-Monde...

en Australie

La carte postale

L’Australie, c’est d’abord une carte postale. Avec ses 7 700 000 km2, l’Australie est le sixième pays le plus grand au monde. Plus qu’un pays, c’est un continent avec des paysages profonds et immenses, des couleurs chaudes, et une impression de bout du monde.

L’économie australienne

L’Australie, c’est aussi une économie forte. Il est souvent dit que nous vivons la pire crise depuis 1929. Pourtant, la finance de 1929 et celle de 2008 n’ont pas grand chose en commun. Une caractérisation plus précise serait de dire que nous vivons la pire crise de la finance moderne. Si l’on fait remonter le début de la finance moderne à la fin des années 1980 ou au début des années 1990, cela veut dire que nos pays occidentaux ont joué aux apprentis sorciers. Dans ce contexte, l’Australie a traversé la crise comme aucun autre pays développé. Le deuxième pays ayant également traversé cette crise avec plus de succès que beaucoup d’autres est le Canada. Cette similitude n’est pas la seule.

L’Australie et le Canada partagent la même impression d’immensité. Ils ont aussi en commun une partie de leur histoire, ce qui s’est traduit par une similitude en matière de système politique. Avec des accents différents, ils ont une de leurs langues commune.

Au-delà de ces proximités culturelles et politiques, l’immensité de ces deux pays fait qu’ils regorgent de ressources naturelles. Ces matières premières représentent leurs forces pour résister au tsunami de la crise de 2008.

Néanmoins, l’Australie comme le Canada sont des économies développées, c’est-à-dire que 70% de leur économie sont issus des services, 3% provient de l’agriculture, et 5% provient des ressources naturelles.

Cependant, à la différence des autres pays développés, les exportations australiennes sont essentiellement constituées des ressources naturelles et notamment minières. C’est une des forces qui leur a permis de résister à la chute de la demande mondiale de produits finis.

L’Australie de Poly-Monde

L’Australie, c’est aussi l’Australie de PolyMonde. 25 jeunes élèves ingénieurs ont parcouru les rues de Sydney, Melbourne, Canberra et Brisbane. Ils ont visité des entreprises, des laboratoires de recherche, des institutions publiques, des ministères et des centres de santé. Je peux témoigner que tous avaient les yeux qui brillaient. Ce que l’Australie avait à leur offrir était de classe mondiale. Les projets d’infrastructure en matière de connectivité des Australiens à l’Internet étaient des projets uniques au monde. Les projets de développement du système de santé sont un exemple extrêmement intéressant. Les projets de développement des énergies renouvelables sont incroyablement encourageants.

Dans ce qui suit, vous allez pouvoir retracer les pas de ces étudiants. Vous allez retrouver les enjeux géopolitiques de l’Australie. L’Australie, c’est le plus asiatique des pays occidentaux. Vous allez pouvoir comprendre les secrets de l’économie australienne en lisant les chapitres sur les politiques macroéconomiques (monétaires, budgétaires et structurelles). Vous saurez tout sur les secteurs miniers, de la santé, des nouvelles technologies et des énergies vertes. Vous trouverez des analyses comparatives avec les entreprises du Québec des mêmes secteurs. Sans plus tarder, jetez-vous dans la lecture de ce document des plus précieux.

Pour ces étudiants, les limites ne sont plus des obstacles, mais elles peuvent être repoussées. Ils ramènent avec eux des enseignements qu’ils garderont pour la vie.

Thierry Warin, Ph D.

Chef de la mission Poly-Monde 2013 Australie

Vice-président Stratégie et économie internationales, Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO),

Av ant-pr opos 13

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Une année de

Poly-Monde en Australie

C’est avec grande fierté que les membres de Poly- Monde 2013 vous présentent ce rapport de mission.

Notre histoire a débuté en avril 2012 alors que 25 étudiants de divers horizons, tous de Polytechnique Montréal, ont été sélectionnés pour faire partie du projet. Cette histoire s’est terminée au mois de mai 2013 à Brisbane, Australie, après plus d’un an de travail acharné, dont ce rapport est le parachèvement.

Missions Poly-Monde

Poly-Monde 2013 est la 24e édition des Missions Poly-Monde, fondées pour préparer les ingénieurs de demain au contexte industriel qui sera le leur. La concurrence internationale et la mondialisation des technologies, bien présentes de nos jours, ne sont pas abordées dans le cursus typique de l’étudiant en ingénierie. Pourtant, des ingénieurs tournés vers l’international peuvent améliorer le développement des entreprises de chez nous.

Ainsi, les Missions Poly-Monde s’appliquent depuis 24 ans à former des ingénieurs internationaux.

Concrètement, le projet s’appuie sur deux axes.

D’abord, du point de vue académique, il fait partie de l’orientation Projets Internationaux du Département de génie industriel et de mathématiques appliquées.

Ainsi, tous les étudiants du projet acquièrent des connaissances en innovation technologique via deux cours : IND5115 – Technologie et concurrence internationale et IND5116 – Mission Poly-Monde.

De plus, les étudiants ont l’occasion de mettre en application leurs apprentissages au cours d’une cinquantaine de visites industrielles réalisées au Québec et à l’étranger.

Les étudiants qui décident de s’engager avec Poly- Monde ont la chance de recevoir cette formation exceptionnelle et de faire des rencontres hors du commun. Ils ont aussi la responsabilité de permettre la réalisation de leur mission par la prise en charge de la logistique, du financement ainsi que de toutes les activités connexes.

Ainsi, les membres de l’équipe logistique sélectionnent des entreprises faisant partie des secteurs choisis et établissent des contacts avec celles-ci dans le but d’organiser des visites industrielles. Grâce à la précieuse collaboration de Line Dubé du Bureau des relations internationales, 24 institutions ont pu être visitées en Australie à Sydney, Canberra, Melbourne et Brisbane. Au Québec, la mission a pu visiter 31 institutions dans la grande région de Montréal et au Saguenay. Des hôpitaux et universités aux grandes entreprises de télécommunications en passant par les équipementiers du secteur minier et par les PME du secteur de l’environnement, les étudiants ont pu visiter une grande variété d’institutions. Hébergement, transport et tout autre aspect logistique sont aussi du ressort de l’équipe.

La publication de tous les apprentissages réalisés dans le cadre des visites, de même que dans le cadre des cours, est la responsabilité de l’équipe d’édition.

Cette équipe a aussi la responsabilité de fournir aux membres de la documentation avant chaque visite, de manière à permettre aux membres de Poly-Monde de profiter au maximum du précieux temps qui nous est accordé par nos hôtes.

Tout projet, aussi exceptionnel soit-il, ne peut être réalisé sans que les moyens financiers soient disponibles. La participation aux activités de

financement de la mission est la responsabilité de tous les membres, mais il incombe à l’équipe de financement de planifier les activités de levée de fonds et de motiver les troupes. Poly-Monde 2013 a aussi eu l’incomparable chance de pouvoir compter sur des partenaires

financiers. Vous aurez l’occasion de les rencontrer au fil des pages du rapport. Le coût de la vie en Australie étant très élevé et le taux de change avant notre départ n’étant pas avantageux, l’équipe financement avait des objectifs ambitieux et a réussi à récolter plus de 127 000$! Paniers de Noël, party, télémarketing, promotion pour Polytechnique Montréal, vente d’oranges : récolter un tel montant représente un défi de taille, que notre équipe a su relever avec brio.

Av ant-pr opos 14

(15)

Av ant-pr opos 15

Destination Down Under

Ce projet extraordinaire est appuyé par le Conseil Poly-Monde, lequel est formé de la Présidente de Polytechnique, de la Directrice du Bureau des relations internationales, du Directeur du Département de génie industriel et de mathématiques appliquées, d’un membre de la direction d’Air Liquide Canada, du Chef de mission, du Coordonnateur de la mission et d’anciens Poly-Mondiens. C’est le Conseil Poly-Monde qui est responsable de choisir les destinations des missions.

L’Australie semblait un choix tout indiqué pour la mission 2013. Profitant de la croissance de la Chine, le pays a pu éviter la récession suite à la crise financière de 2008. L’Australie présente plusieurs similarités avec le Canada, notamment d’un point de vue historique et culturel. De grands espaces inhabités et une petite population, majoritairement regroupée dans des villes en bordure de cours d’eau font en sorte que les deux pays connaissent des enjeux semblables, notamment dans le domaine des télécommunications. Bien que le Canada et l’Australie, soient des pays industrialisés caractérisés par un secteur tertiaire développé, il n’en reste pas moins que le secteur des ressources naturelles est un locomoteur important de leurs économies.

Au-delà des ressemblances, l’Australie se démarque par une performance économique intéressante. Avec une résilience économique parmi les meilleures au monde et une dette d’à peine plus de 8% de son PIB, la pays dispose d’une bonne marge de manœuvre pour lancer des projets novateurs d’envergure. Avec la Nouvelle- Zélande, l’Australie forme un ilôt de culture occidentale, unique dans la région. L’Australie peut donc profiter de la croissances de la Chine et de l’Inde, mais reste géographiquement très éloignée des principaux centres économiques de la planète. L’impact de cet éloignement ne se limite pas au temps de transport et ce thème de la « tyrannie de la distance » sera abordé plus en profondeur dans ce rapport.

Bienvenue en Australie!

Caisse de dépôt et de placement du Québec Gestionnaire de fonds

Australian Trade Commission

Promoteur de l’Australie comme destination d’affaires

Haut-commissariat du Canada en Autralie Représentant des intérêts canadiens en territoire australien

Department of Industry, Innovation, Climate Change, Science, Research and Tertiary Education

Québec

Australie

Visites institutionnelles

Nota bene : Les visites spécifiques à un secteur sont listées au début de sa section.

De gauche à droite, en partant du troisième rang : Stéfanie Lefebvre, Line Dubé, Samy Geronymos, Jeanne Gagnon, Mélik Bouhadra, Simon Papineau, Thierry Warin, Isaël St-André, Sarah Bouchard, Alexandre Carrier, Gabrielle Gauthier-Melançon, Andréanne Leduc, Félix Légaré, Jeremy Pinto, Rosalie Nadeau-Fredette, Guillaume Léveillé, Julie Charron-Latour, Magellan Charbonneau, Zaïnab Sawan, Inès Boucherit, Ivan Beltran, Adélaïde Jammes, Margaux Meyssonnier, Etiennde de Rancourt-Lalonde,

Hélène Renders, Christophe Mondin.

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L’équipe d’édition a essayé autant que faire se peut de respecter les règles et recommandations de l’Office québécois de la langue française, incluant celles sur les anglicismes et la rédaction épicène. Tout écart est involontaire et voudra bien être pardonné par le lecteur indulgent. Les mots empruntés à la langue anglaise sont mis en italique.

Pour les citations et la gestion des sources, le style APA- fr a été utilisé. La bibliographie est présentée à la fin du rapport et est divisée par section. Lorsqu’une analyse ou un fait présenté ne fait référence à aucune source, le contenu provient alors de notre interprétation des visites offertes par les partenaires industriels, académiques et gouvernementaux ayant partagé leur expertise avec la mission. Pour les énumérations, la source est présentée une fois seulement, soit après le dernier item qui compose l’énumération (Pôle édition de Poly-Monde, 2013). S’il n’apparaît pas de source sous un graphique, c’est une production originale.

Guide de lecture

Ceci est une bulle thérorique

C’est ici que seront développées de manière prompte et claire certaines notions économiques ou technologiques clés. Elles seront situées à proximité du paragraphe où la notion est évoquée.

Elles permettent d’apporter une clarification sans entrecouper la lecture.

Des « isolements » tels que celui-ci soulignent l’importance de certains passages du rapport.

Au fil de la lecture, des termes et des notions économiques seront utilisés pour décrire certaines situations comme des oligopoles ou des monopoles.

Ces termes figurent dans le lexique présenté à la fin du rapport et ne sont donc que des barrières à l’entrée temporaires.

Symboles

Le rapport est riche de symboles, de signes et de caractères qui permettent de faciliter sa lecture. Voici ceux que vous rencontrerez :

> $AUD : dollar australien, avec 1 $CAD = 1,01 $AUD. Si l’origine du dollar n’est pas indiquée ($), on considère par défaut qu’il s’agit du dollar australien;

> $CAD : dollar canadien;

> $US : dollar américain, avec 1 $CAD = 0,96 $US;

> € : euro (devise européenne) 1 $CAD = 0,7 €;

> Wh : watt-heure (unité d’énergie);

> k : kilo (1000 unités. 5 kWh = 5000 Wh);

> M : méga (1 million d’unités);

> G : giga (1 milliard d’unités).

Les conversions sont celles de la Banque du Canada en date du 4 novembre 2013.

Images et crédits phototographiques

La plupart des illustrations de ce rapport sont des photographies qui ont été prises par des membres de l’équipe Poly-Monde durant les visites et déplacements au Québec et en Australie. Autrement, la source de l’image est indiquée en toutes lettres.

Guide de lectur e 16

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Politiques structurelles Géopolitique

Santé Énergies vertes Technologies de l’information

et de la communication Mines et métaux Commerce international et avantages comparatifs

Politiques monétaires et budgétaires

34 48 62 72

90 10 6 124

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Géopo litique

25 avril 1915, des soldats australiens s’apprêtent à débarquer à Anzac Cove lors de la bataille de Gallipoli en Turquie. Australian War Memorial.

« Sans inhibition d’aucune nature, j’annonce très

clairement que l’Australie se tourne maintenant vers les États-Unis d’Amérique, libre de tout affre et pincement au cœur vis-à-vis de nos liens historiques et familiaux avec le Royaume-Uni. »

Premier ministre John Curtin, La tâche qui nous attend, 27 décembre 1941

(Traduction libre)

Géopolitique 18

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Géopo litique

25 avril 1915, des soldats australiens s’apprêtent à débarquer à Anzac Cove lors de la bataille de Gallipoli en Turquie. Australian War Memorial.

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Découverte et colonisation

Origines modernes

Les premiers échanges commerciaux entre les peuples aborigènes d’Australie, d’Indonésie, de Nouvelle-Guinée et de Malaisie datent d’il y a 50 000 ans. Le premier contact du continent austral avec la civilisation européenne attendra jusqu’à l’année 1522 et l’expédition du portugais Cristóvão de Mendonça.

Le mythe d’une vaste terre inconnue a alors depuis longtemps pris racine dans l’inconscient collectif européen sous le nom de Terra Australis Incognita, jusqu’à alimenter la littérature via Les Voyages de Gulliver de Johnathan Swift. L’exploration plus approfondie de la région débuta réellement au 17e siècle par les navires hollandais, anglais et français.

C’est en 1770 que l’Australie devient officiellement une colonie anglaise, déclarant que le continent était Terra Nulius, c’est-à-dire sans propriétaire antérieur.

Le déni de l’appartenance aborigène au territoire ainsi que l’isolement géographique de l’Australie par rapport aux pays européens aura des répercussions culturelles importantes. La culture du nationalisme anglo-saxon a fait en sorte que les derniers commerçants aborigènes asiatiques sont chassés des côtes nord du continent en 1906 (Géopolitique de l’Australie, 2006). Tout au long du 19e siècle, la colonie anglaise évolue dans un environnement asiatique hostile aux côtés d’autres pays européens colonisateurs qui cherchent à prendre posessions de nouveaux territoires.

Les grands espaces furent structurants dans le développement initial de la colonie australienne : l’élevage et l’exportation de laine vers l’Angleterre devinrent des activités économiques essentielles pendant les débuts de la colonie et le cœur désertique a confiné la population sur la périphérie du territoire.

La population s’est concentrée sur la côte est puisque le climat y était plus doux et la connexion avec l’Angleterre plus directe.

Colonie pénitentiaire

À partir de 1788, le peuplement du continent s’opère à travers l’envoi de prisonniers à partir de Londres.

Pour tout ou rien, des citoyens sont condamnés à l’exil vers cette colonie. La déportation pénitentiaire sera abolie vers le milieu du 19e siècle d’une part pour des considérations morales et, d’autre part, pour des raisons économiques. En effet, un salarié demande

Genèse d’une nation

Figure 1 : Détenus envoyés par année et par destination (1760 à 1870) Source : British Convict Transportation Registers, (n.d.)

Figure 2 : Détenus envoyés par localisation géographique (1760 à 1870) Source : British Convict Transportation Registers, (n.d.)

moins d’entretien et devient plus rentable à long terme qu’un prisonnier (Géopolitique de l’Australie, 2006). Environ 160 000 forçats seront envoyés en Australie pendant cette période et constitueront la base de la population australienne. Les figures 1 et 2 illustrent la distribution des prisonniers par année et par localisation géographique (British Convict Transportation Registers,).

Émergence d’une identité nationale

Entre 1851 et 1861, suite à la découverte de gisements d’or, la population de l’Australie augmente de 400 000 à 1,2 million d’habitants. Grâce à ce mouvement démographique sans précédent, le pays développe et renforce certains idéaux nationaux : le colon aspire à la liberté individuelle loin du joug de l’État au sein du

Géopolitique 20

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territoire vaste et sauvage qu’est le bush. Le célèbre bushranger hors-la-loi Ned Kelly, élevé au rang de mythe national, symbolise cet idéal. Par ailleurs, la population tire une fierté de la préservation des valeurs anglaises dont elle est issue. Peu à peu, la culture australienne prend forme.

Vers 1870, les états australiens tels que nous les connaissons aujourd’hui se séparent et deviennent des colonies indépendantes les unes des autres.

La démocratie se structure progressivement et les villes de Melbourne et Sydney se démarquent par leur poids économique et politique. Vers la fin du 19e siècle, l’interdépendance économique, la quête de sécurité face à l’Asie ainsi que

l’arrivée de l’industrialisation provoquent l’unification des

colonies. Les technologies telles que les chemins de fer, les télégraphes et les presses à écrire facilitent d’autant plus les relations essentielles à cette union. L’année 1901 marque la naissance officielle du Commonwealth d’Australie, une fédération indépendante de

l’Angleterre. L’Australie se dote alors d’une plus grande liberté que plusieurs autres colonies de l’anglosphère telles que le Canada, la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud. Son siège temporaire sera à Melbourne jusqu’en 1927 afin de permettre la construction de Canberra, nouvelle capitale nationale.

Également, en 1901 sera mise en place la White Australia Policy qui restreint l’immigration de tout individu n’étant pas de descendance caucasienne anglo- saxonne. Cette politique se renforcera par des mesures diverses jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’Australie prenne le virage du multiculturalisme. La figure 3 montre un médaillon promotionnel de cette politique.

De manière globale, le parcours initial de l’Australie ressemblera à celui d’autres colonies britanniques

telles que le Canada, notamment par l’expulsion des aborigènes de leurs territoires ancestraux et l’économie largement basée sur l’exploitation de ressources naturelles.

Système politique actuel

L’Australie est une fédération de six états et trois territoires qui possèdent chacun leurs propres lois, constitution, parlement et gouvernement. Le gouvernement central de la fédération, communément appelé gouvernement du Commonwealth, fonctionne sur les mêmes principes que les états qui le composent.

La Constitution australienne établit le gouvernement en trois instances : le parlement, l’exécutif et le judiciaire.

Ce système reposant sur les théories de séparation des pouvoirs est basé sur le modèle Westminster issu de l’Angleterre, soit le même qu’au Canada.

Une particularité du système de vote australien est qu’il aboutit obligatoirement à un gouvernement majoritaire. Au moment de voter, l’électeur australien doit numéroter sa préférence pour tous les candidats en lice afin de permettre l’élimination séquentielle des candidats les moins populaires. Un cycle d’élimination se déroule ainsi : le candidat ayant reçu le moins de votes est éliminé. Ceux qui avaient choisi ce candidat comme premier choix verront leur vote se transférer vers leur deuxième choix. Cette séquence se poursuit

jusqu’à ce qu’un candidat obtienne plus de 50% des voix.

Ce mode de scrutin encourage le vote vers des plus petits partis sans risquer de « perdre

» son vote. Autrement dit, cela décourage la population de faire un appel au vote stratégique « contre » un autre parti tel que cela fut largement discuté au sein de la population québécoise lors des dernières élections provinciales en septembre 2012.

Figure 3 : Médaille promotionnelle White Australia Policy datant de 1906 Source : Museum Victoria

L’Australie se dote d’une plus grande liberté que plusieurs autres colonies de l’anglosphère

Mémorial de guerres à Melbourne

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Entre Orient et Occident

Autonomie et résilience économique

Pendant la première moitié du 20e siècle, le développement économique de l’Australie est comparable à celui de l’ensemble des grandes nations occidentales. Le pays a connu une phase d’industrialisation particulièrement accélérée par la Première Guerre mondiale. De manière générale, et depuis le début de son existence, l’État a aligné ses politiques économiques avec l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord. Une particularité intéressante de l’Australie est son isolement géographique qui lui impose une plus grande autonomie économique par rapport à ses homologues occidentaux. En effet, le pays n’a pas échappé à la grande dépression des années 30, mais il fut touché moins sévèrement que bien d’autres pays. D’ailleurs, il s’en est sorti plus rapidement que les États-Unis à l’aide de politiques de compressions des dépenses publiques et privées à l’opposé de l’approche keynésienne de ces derniers. Le résultat fut une diminution rapide du déficit annuel ayant suivi la crise, tel que montré à la figure 4, et une baisse de l’endettement public entre la crise et la Deuxième Guerre mondiale (A History of Public Debt in Australia, Economic Roundup, 2009). En comparaison, pendant cette même période, les États-Unis n’ont atteint ni l’équilibre budgétaire, ni une baisse de leur dette publique (Congressional Budget Office, 2010). Cela dit, la croissance annuelle du PIB des États-Unis atteint 13,7% dès 1935 (The White House, n.d.) alors que celle de l’Australie ne dépasse pas 7% (The Treasury, n.d.).

C’est donc une approche beaucoup plus classique et modérée qui caractérise cette période de l’économie australienne. La situation australienne suite à la crise de 2008 est présentée dans la section des politiques monétaires et budgétaires.

Socialement, la crise engendra un mouvement de résistance populaire contre les évictions des domiciles de 1929 à 1936 appelé Lock out the landlords (Zanzara athée, 2012). Ce dernier trait social témoigne de la solidarité et de la résilience australienne face aux crises économiques : c’est l’envers de la médaille de la tyrannie de la distance.

Vivre à l’australienne

À partir de la Deuxième Guerre mondiale,

l’économie australienne subit un élan de dynamisme et progresse rapidement aux côtés des autres

puissances occidentales. Le pouvoir politique change régulièrement de main au cours de la deuxième moitié du 20e siècle et, ainsi, diverses idéologies de gauche et de droite se succèdent, stimulant l’innovation et la progression sociale. En 1943, le Parti travailliste instaure un État-providence qui subventionne un nombre important de programmes sociaux, incluant des pensions de retraite, le chômage et des soins de santé gratuits. De 1949 à 1971 suit une période dominée par le Parti conservateur misant sur un modèle calqué sur la société de consommation

américaine des « 30 glorieuses » : c’est l’Australian Way of Life. La prospérité économique et l’industrialisation amenées par la guerre permettent de maintenir un haut niveau de vie, spécifiquement pour la classe moyenne blanche anglo-saxonne. Le Parti travailliste de Gough Whitlam revient au pouvoir en 1971 avec un projet de société libérale misant sur le multiculturalisme. Le néo-libéralisme commence à faire sa place de 1975 à 1983 avec le libéral Malcolm Fraser et se poursuit de 1983 à 1991 avec le retour des travaillistes sous Bob Hawke au pouvoir. Cette dernière période est marquée par la privatisation des entreprises publiques et de l’ouverture au libre-échange international.

Un exemple marquant se situe dans le secteur des télécommunications : un réseau national fut créé en 1946 sous le nom Overseas Telecommunications Commission (OTC), puis privatisé en 1992 à travers la

Grands changements au 20 e siècle

Figure 4 : Déficit par état suite à la crise de 1929 Source : Australian Bureau of Statistics, 2012 -­‐25  000  

-­‐20  000   -­‐15  000   -­‐10  000   -­‐5  000   0   5  000   10  000  

1931-­‐32   1932-­‐33   1933-­‐34   1934-­‐35   1935-­‐36   1936-­‐37   1937-­‐38  

Défcit  (Milliers  de  livres)  

New  South  Wales   Victoria   Queensland  

South  Australia   Western  Australia   Tasmania   Commonwealth  

Géopolitique 22

(23)

création de Tesltra pour finalement redevenir public grâce au National Broadband Network (NBN) à la fin des années 2000*. De manière globale, ces politiques sont similaires aux modèles préconisés par Thatcher en Angleterre et Reagan aux États-Unis (Géopolitique de l’Australie, 2006). Le travailliste Paul Keiting poursuit dans la voie de la mondialisation au cours des années 90 avec une nouvelle ouverture sur l’Asie.

Globalement, entre 1939 et 2000, l’Australie passe d’une société anglo- saxonne

conservatrice à une société libérale multiculturelle ouverte au néo-libéralisme et à la mondialisation.

Les années 80 connaissent une période marquée de libéralisation économique et les années 90 voient apparaître les premiers signes de régionalisation avec l’Asie**.

Évolution des proximités

Bien que l’Angleterre soit située à plus de 15 000 km de leur pays, les Australiens s’identifient toujours davantage à leur Mère-patrie qu’à leur environnement immédiat. Ainsi, conformément au théorème de Linder, pendant la majorité de son existence, l’Australie a suivi les courants économiques occidentaux dominants avec peu de regards pour la réalité asiatique à proximité.

Toutefois, avec l’émergence de la Chine comme nouveau pôle économique mondial, l’ensemble de la région se développe et l’ancienne réalité se transforme.

Les avancées technologiques et le développement industriel rapide des dernières décennies en Asie ont grandement réduit les écarts commerciaux qui existaient et la proximité géographique prend donc une plus grande importance relative parmi les facteurs de proximité. L’Australie cherche maintenant à s’intégrer comme acteur de premier plan dans la région de l’Asie et du Pacifique Sud, agissant comme point de connexion entre l’Orient et l’Occident.

En ce sens, la White Australia Policy établie en 1901 fut définitivement abolie en 1973 par le Premier ministre travailliste Gough Whitlam. Inspirée par les politiques mises de l’avant par Pierre Elliott Trudeau au Canada en 1971, l’Australie adopte officiellement le multiculturalisme comme politique nationale. Cela ouvre la porte à l’immigration asiatique et renforce les relations avec son espace géographique immédiat.

Malgré cela, un noyau dur de chauvinisme perdure à travers le temps et un contrecoup nationaliste survient lors des élections de 1998. Une montée populaire du One Nation Party, un parti politique ouvertement xénophobe, obtient 11 sièges sur 89 (22,7% des voix) aux élections d’état du Queensland. Le gouvernement central a répondu à ce résultat en redoublant d’ardeur, notamment à travers les Jeux olympiques de Sydney en 2000 pour faire la promotion d’un modèle de société multiculturel orienté vers l’avenir plutôt que le passé. De nombreux évènements ont contribué au rayonnement du pays ainsi qu’aux échanges culturels internationaux suite à l’adoption du multiculturalisme, notamment les Jeux du Commonwealth à Brisbane en 1982, l’Exposition mondiale de Brisbane en 1988 et les Jeux du Commonwealth à Melbourne en 2006.

De plus, le sport est très important dans la culture australienne et ses champions sont de véritables ambassadeurs du pays. En effet, les Australiens sont des spectateurs patriotiques et affirment leurs différences par rapport aux autres pays de l’anglosphère à travers les compétitions sportives d’envergure. Dans le cas du soccer, faute d’avoir de réels adversaires à sa hauteur en Océanie, l’Australie s’est jointe à la Confédération asiatique de football (soccer) et a ainsi contribué à son intégration dans la sphère sociale asiatique.

Immigration et émigration

Les années 70 ont ouvert la voie aux échanges interculturels avec le reste de la zone asiatique. Le nombre de visiteurs annuels était de 5,2 millions en 2004 par rapport à 280 000 en 1975. Les principaux pays affectés par les échanges sont la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre, les États-Unis, l’Indonésie, Singapour, le Japon et l’Asie continentale.

L’immigration constitue une partie importante de croissance de population australienne. De juin 1996 à 2011, cette population d’immigrants en Australie a augmenté de 41,6% pour atteindre six millions de personnes. Le tableau 1 donne les principales origines des immigrants en Australie et la figure 6 illustre ces

Pendant la majorité de son existence, l’Australie a suivi les courants économiques occidentaux

dominants avec peu de regards pour la réalité asiatique à proximité

Théorème de Linder

Selon le théorème de Linder (1961), le commerce in- ternational des biens manufacturés aura lieu entre des pays dont les fonctions de demande (revenu par tête) sont similaires.

La proximité culturelle et industrielle de deux pays peut donc avoir plus d’importance que la proximité géographique pour stimuler les échanges commerciaux.

* Voir la section Technologies de l’information et de la communication.

** Voir la section Politiques monétaires et budgétaires.

Géopolitique 23

(24)

à venir si des scénarios de migration climatique se concrétisent.

Situations sociales des pays environnants

Il est intéressant de comparer l’évolution du PIB par habitant (World Bank, n.d.) et l’indice de développement humain (IDH) (Programme des Nations-Unies pour le développement, 2011) dans la région australienne ainsi qu’avec le Canada et les États-Unis. À partir des figures 8 et 9, il est possible de faire quelques observations. Tout d’abord, la croissance exponentielle du trio occidental sur le graphique du PIB par habitant les place dans une catégorie tout à fait à part en termes de richesse. Ensuite, le niveau de l’IDH est resté pratiquement stagnant depuis 2005 pour les trois pays occidentaux alors que le PIB par habitant a continué d’augmenter exponentiellement, exception faite de la récession de 2008 à 2009. Également et surtout, l’augmentation de l’IDH est comparable entre l’Inde, la Chine et l’Asie de l’Est et Pacifique alors que l’augmentation du PIB pour l’Inde est significativement moindre que les deux autres.

À partir de ces observations, il est possible de formuler des hypothèses. Premièrement, l’augmentation du niveau de vie se fait lentement et le déséquilibre au niveau de la migration se poursuivra encore pour de nombreuses années, voire des décennies.

Deuxièmement, la croissance du PIB n’est pas suffisante et n’est pas non plus la seule manière de parvenir à des améliorations de la qualité de vie des populations. Une meilleure répartition des richesses, une saine gouvernance, une optimisation des

ressources disponibles et des transferts d’expertise et de technologies provenant de l’international s’ajoutent à la longue liste des facteurs économiques contribuant à l’amélioration des services de santé et d’éducation, soit les principaux métriques de l’IDH avec le revenu.

origines sur une carte du monde. On remarque la présence marquée d’immigration en provenance de l’Afrique du Sud. La visite au musée de l’Apartheid de la mission Poly-Monde 2012 en Afrique du Sud nous informe que l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela en 1994 provoqua une vague de peur chez la population blanche et, par conséquent, d’émigration notamment vers l’Australie, proche cousin culturel appartenant à l’anglosphère tout en ayant l’avantage de posséder un climat similaire.

La figure 7 permet d’observer que l’Australie, tout comme le Canada, accueille beaucoup d’immigrants, soit un peu plus de 25% de sa population. Son taux d’émigration qui est de moins de 5% d’émigrants d’origine australienne est beaucoup plus faible. Cette même figure indique également que la grande majorité des pays de la région a un très faible taux d’émigration et d’immigration en général. Effectivement, tous ces

pays occupent le coin inférieur gauche du graphique.

Cette situation peut s’expliquer par le faible revenu par habitant de ces pays. La population n’a pas les moyens d’émigrer hors d’une situation économique difficile et celle-ci n’est pas attrayante pour les migrants internationaux. Malgré la croissance économique des pays de la région, il est possible qu’il y ait davantage de mouvement vers l’Australie dans les décennies

Tableau 1 : Origine des immigrants en Australie Source : Australian Bureau of Statistics, 2012 Pays de naissance Population résidente

estimée au 30 juin 2012 Pourcentage

Royaume-Uni 1 180 160 20%

Nouvelle-Zélande 564 920 9%

Chine 391 060 6%

Inde 343 070 6%

Vietnam 212 070 4%

Autres pays 3 337 790 55%

Total 6 029 070 100%

Figure 6 : Résidents australiens par pays de naissance Source : Australian Bureau of Statistics, 2012

Figure 7 : Immigration en Australie par rapport à l’émigration Source : Programme des Nations-Unies pour le développement, 2011,

Australie   Canada  

Pays  d'Asie   0  

5   10   15   20   25   30   35   40   45   50  

0   2   4   6   8   10   12   14   16   18   20  

Immigrants  (%  de  la  population)  

Émigrants  (%  de  la  population)  

Géopolitique 24

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Figure 8 : Indice de développement humain de 2005 à 2012 Source : World Bank, n.d.

Figure 9 : Évolution du PIB par habitant entre 1990 et 2012 Source : Programme des Nations-Unies pour le développement, 2011

Présence militaire sur l’échiquier mondial

Subaltern Policy

L’Australie a été avant tout une colonie et a gardé dans son mode de fonctionnement le principe de la Subaltern Policy qui consiste à aligner sa politique étrangère et militaire sur celle d’une plus grande puissance. Avant 1942, cette puissance était l’Angleterre.

En 1908, le gouvernement australien s’inquiète de la victoire japonaise de 1904-1905 sur les Russes, et ce malgré l’alliance de l’Angleterre avec la nation nipponne. Le Premier ministre australien invite alors « la Grande flotte blanche » des États-Unis à faire la tournée des ports majeurs du pays. Ce geste symbolique et euphorisant pour la nation est une première démonstration de l’indépendance politique australienne face à la politique militaire de l’Angleterre.

La bataille de Gallipoli, épreuve identitaire

Lors de la Première Guerre mondiale, l’Australie s’engage aux côtés de l’Angleterre. Sur le front

océanique, les forces australiennes ont pour objectif de prendre possession du nord de l’actuelle Papouasie- Nouvelle-Guinée qui est à ce moment une colonie allemande, tandis que les troupes néo-zélandaises doivent prendre possession des Îles Salomon. C’est l’occasion tant attendue d’enrayer définitivement la présence allemande du tableau politique de l’océan Pacifique.

L’Australie envoie 417 000 soldats volontaires à la guerre. 60 000 d’entre eux ne reviendront pas. Une bataille marquante est celle de Gallipoli où l’armée australienne doit faire face aux forces ottomanes possédant la position supérieure. Les soldats

australiens sont contraints de creuser des tranchées sur la plage de débarquement pendant plusieurs mois avant de finalement faire marche arrière jusqu’au Caire.

Encore aujourd’hui, l’Australie célèbre l’ANZAC Day (Australia New-Zealed Army Corps), commémorant le débarquement de Gallipoli du 25 avril 1915.

Suite à la guerre, l’Australie fait pression sur la Société des Nations lors d’une conférence à Paris en 1919 afin d’assurer une plus grande présence militaire dans le Pacifique. Ce plaidoyer se poursuit entre les deux guerres auprès des Américains et des Anglais. De tous les temps, l’Australie a appuyé la présence d’une

« police mondiale » afin d’assurer la sécurité de tous.

De l’Angleterre aux États-Unis

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, l’Australie se sent abandonnée par l’Angleterre qui favorise la défense de Londres et qui concentre ses forces dans le Pacifique autour de l’Inde. L’Australie se retrouve ainsi seule devant la puissance du Japon qui saisit plusieurs capitales dans le Pacifique Sud, incluant Hong Kong et Singapour. L’Australie se tourne donc vers les États-Unis en quête d’un protecteur impliqué dans la zone pacifique. En 1942, deux mois après l’attaque de Pearl Harbor qui provoqua l’entrée en guerre officielle des États-Unis, les deux pays signent le Statut de Westminster qui garantit la protection des États-Unis et remet du même coup le commandement des forces armées australiennes au général américain Douglas Mac Arthur. Il y aura des attaques de sous-marins sur les navires américains aux ports de Sydney et de Darwin ainsi que des bombardements sur ce dernier port. Le Japon progresse jusqu’aux portes de l’Australie en occupant la Papouasie-Nouvelle-Guinée. La victoire des États-Unis dans la bataille de Midway en juin

0,5   0,6   0,7   0,8   0,9   1  

2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012  

IDH  

Australie   Canada  

Chine   Inde  

États-­‐Unis   Asia  de  l'Est  et  PaciBique  

0   10000   20000   30000   40000   50000   60000   70000   80000  

1980   1982   1984   1986   1988   1990   1992   1994   1996   1998   2000   2002   2004   2006   2008   2010   2012  

Australie   Canada  

Chine   Inde  

États-­‐Unis   Asie  de  l'Est  et  PaciAique  

Géopolitique 25

(26)

1942 mettra fin aux menaces du Japon et donnera un nouveau souffle à l’Australie dans cette guerre.

De 1939 à 1945, un million d’Australiens participent à la guerre et 37 000 ne reviendront pas. Le passage d’un million de soldats américains occupant le pays par vague de 100 000 à la fois est non seulement la source de certains conflits, mais également une exposition sans précédent à une autre culture, particulièrement aux soldats afro-américains.

L’alliance avec les États-Unis est entérinée par le traité militaire Australia, New Zealand, United States Security Treaty (ANZUS) qui garantit la protection mutuelle des signataires. L’Angleterre en déclin et en reconstruction ne sera jamais plus l’alliée d’antan, bien que l’Australie lui eut donné l’autorisation d’effectuer des tests nucléaires en sol australien pendant les années 50.

Le prix de la protection américaine

L’Australie ressent le besoin d’entretenir cette relation de protection avec les États-Unis tout au long de la guerre froide, suivant le même principe de subaltern policy qu’elle entretenait avec l’Angleterre. Le pays s’enrôle donc dans la guerre de Corée en 1950 avec les États-Unis sous le drapeau de l’ONU. S’en suit la guerre du Vietnam de 1966 à 1972 qui sera une véritable désillusion et une perte d’innocence sur le plan

international pour le peuple australien qui perçoit cette guerre comme un sacrifice au nom de l’impérialisme américain, un prix à payer pour leur protection (Géopolitique de l’Australie, 2006). L’Australie participera également à une coalition internationale contre Saddam Hussein en 1991 ainsi qu’aux guerres américaines en Irak dans les années 2000.

Conflits dans le Pacifique Sud

L’Australie a toujours été une puissance moyenne. À l’exception de quelques interventions unilatérales dans son environnement géographique immédiat, ses participations aux missions militaires se font sous le couvert d’organisations internationales, notamment l’ONU, ou encore aux côtés de ses alliés, essentiellement les États-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Suite à la décolonisation, la présence de nombreux états « volatiles » dans le Pacifique Sud augmente la pression, particulièrement à l’ère du terrorisme où plusieurs états en déroute peuvent représenter des foyers terroristes potentiels. De nos jours, le rôle de réglementation des États-Unis n’est plus aussi crucial qu’il l’était pendant et après la Deuxième Guerre mondiale. Un certain équilibre des puissances s’est établi entre les géants asiatiques tels la Chine et le Japon. Bien que le risque de conflit demeure, les intérêts économiques mutuels assurent une certaine stabilité dans la région. Cependant, des conflits sont survenus dans des pays du Pacifique Sud où l’Australie représentait la force dominante impliquée.

Le Timor-Oriental (ou Timor Leste) est un pays à dominance catholique, ancienne colonie portugaise. Il est souvent appelé « l’état le plus pauvre d’Asie ».

En 2004, selon un rapport public de l’ONU, « les recettes réduites et la pauvreté généralisée continuent à imposer de graves restrictions au développement social et économique ». Pourtant, ce pays dispose de ressources naturelles rares, soit du pétrole et du gaz.

Cependant, c’est l’Australie qui semble s’approprier ces ressources. En effet, l’Australie et l’Indonésie ont négocié en 1972 le partage des eaux séparant les deux pays. Selon les normes existant à l’époque concernant les décisions sur les frontières maritimes, la séparation de la mer léguait 85% de la superficie à l’Australie, cédant ainsi un faible 15% à l’Indonésie. Cette dernière, étant alors la puissance coloniale du Timor-Oriental, a refusé l’entente. À ce jour, aucun accord n’a encore été établie. Le terme de Timor-Gap en est même né. C’est ce qui permet à l’Australie d’imposer sa main mise sur les ressources naturelles à cet endroit.

Le 12 octobre 2002 a eu lieu une série de trois attentats à Bali dans des bars et boîtes de nuit touristiques. Au total, on a compté 202 morts, dont 88 Australiens. Les coupables n’ont jamais été arrêtés. Deux hypothèses semblent plausibles. D’une part, l’Indonésie ayant profité du retrait des colonies portugaises pour envahir

L’Australie ressent le besoin d’entretenir cette relation de protection avec les États-

Unis tout au long de la guerre froide

Statut de Westminster

Le Statut de Westminster de 1931 est une loi du Royaume-Uni établissant officiellement

l’indépendance des colonies au sein du Common- wealth. Cette loi, perçue comme symbolique par l’Australie, ne sera pas ratifiée avant 1942, moment qui marque la transition de l’allégeance politique australienne de l’Angleterre vers les États-Unis.

Traité ANZUS

Le traité militaire ANZUS de 1951 implique l’Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Ce traité est suspendu entre la Nouvelle-Zélande et les États-Unis depuis 1985 en raison d’un différend au sujet des politiques néo-zélandaises contre la propulsion et l’armement nucléaire.

(27)

le territoire du Timor-Oriental, il est plausible de croire qu’un sentiment de rancune se soit développé. Ainsi, cela peut apporter une certaine justification à la cause des attentats à Bali, territoire facilement accessible.

D’autre part, il serait également possible de considérer le désir de vengeance que pourraient posséder tant bien l’Indonésie que le Timor-Oriental à cette époque envers l’Australie. Le territoire australien étant difficile d’accès en raison de la règlementation, la tactique a possiblement été de cibler géographiquement la première ville touristique visitée par les Australiens.

L’Australie du XXI e siècle

Régionalisation

Alliances et coopération en Asie du Sud-Est

L’isolement géographique de l’Australie l’oblige à créer des relations d’ordre économique ou militaire avec les pays qui l’entourent, soient ses voisins asiatiques et la Nouvelle-Zélande ainsi que la puissance mondiale que sont les États-Unis. Toutefois, il est à noter qu’avant même de se joindre à ses voisins asiatiques dans l’ANASE, l’Australie a d’abord pris part à une organisation internationale nommée le Groupe de Cairns.

Si à ses débuts l’Australie adoptait de manière naturelle un commerce tel que défini par Linder, à savoir avec des pays dont la proximité était de type culturelle et dont les besoins étaient similaires, cela sera amené à changer avec le développement des pays à proximité.

Ainsi, la croissance continue et rapide des pays asiatiques bat au même rythme que la signature de nombreux accords commerciaux ou militaires. Il en est de même pour l’Australie qui peu à peu converge vers un type de commerce axé principalement autour des pays de l’Est asiatique. L’un des accords les plus importants réalisés par l’Australie est notamment l’accord de libre-échange réalisé avec les pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est

(ANASE).

L’ANASE est un accord qui a vu le jour en 1967. À l’époque, elle était composée de cinq membres, soit l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. À ceux-ci s’est joint le Brunei une semaine après avoir atteint son indépendance en 1984. Finalement, suite au sommet de Singapour se sont ajoutés le Vietnam en 1995, le Laos en 1997, la Birmanie en 1997 et le Cambodge en 1999 constituant ainsi l’ANASE. Il est à noter qu’en parallèle s’est

formée ce qui est communément appelée l’ANASE-3 qui regroupe donc l’ANASE, la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Celle-ci voit le jour en 1997 et a pour but de renforcer les négociations internationales. Ces regroupements sont représentés à la figure 10.

Pour en revenir à l’Australie, suite à cet accord de libre-échange, elle rejoint donc ce que l’on appelle l’ANASE-6. Cette dernière est donc composée de tous les pays membres de l’ANASE-3 auxquels s’ajoutent l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. La zone

Groupe de Cairns

En réponse aux politiques agricoles tenues par certains pays (Union européenne et États-Unis), ce groupe voit le jour en Australie en 1986. Il a pour objectif la libéralisation des échanges dans le secteur agricole et regroupe 19 pays à travers chaque

continent.

Bâtiment historique du Royal Melbourne Institue of Technology

(28)

de libre-échange de l’ANASE, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, connue sous le sigle de AANZFTA, est pour l’Australie le premier accord de libre-échange la concernant et impliquant plusieurs pays. À ce jour, il est d’ailleurs l’accord de libre-échange le plus intéressant pour elle. En effet, les pays qui constituent l’AANZFTA forment une des régions économiques les plus dynamiques (Congressional Budget Office, 2010). L’Australie, étant aux abords de cette zone géographique, bénéficie des avantages et possibilités qui en découlent. Il ne faut pas confondre l’AANZFTA avec l’AFTA qui ne concerne que les pays de l’ANASE.

Cette dernière est sous l’initiative thaïlandaise et a pour but de diminuer les barrières tarifaires. Celle-ci a été officialisée en 2002.

L’ANASE-6 est actuellement en pleine négociation pour obtenir un partenariat économique. Les représentants des 16 états membres désirent parvenir à une entente et à la mise en vigueur de l’Accord de partenariat économique régional intégral vers la fin de l’année 2015. Le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) a donc pour finalité de consolider le rapport existant entre l’ANASE et ses 6 pays partenaires pour en faire l’une des plus grandes zones de libre-échange du

globe. Effectivement, tel qu’illustré sur les figures 11 et 12, le RCEP pourrait représenter un nouveau marché constitué de près de 3 milliards de consommateurs, ce qui correspond à près de la moitié du marché mondial (48% de la population mondiale en 2012). Il est assez impressionnant de constater que ce nouveau partenariat constitue ainsi à l’heure actuelle 30% du PIB mondial.

Il est à noter que l’amplitude des PIB de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) et du RCEP est principalement étirée par les États-Unis pour l’un et la Chine et le Japon pour l’autre, représentant ainsi 84,0%, 38,9% et 28,2% des accords dont ils font partie.

Bien que le PIB des États-Unis représente un peu plus que celui de la Chine et du Japon combinés, l’énorme potentiel du RCEP laisse rêver lorsque l’on compare la croissance quasi-stagnante des États-Unis (2% par année) à celle de la Chine qui oscille aux alentours de 10% depuis 10 ans (7,8% en 2013).

Puissances commerciales

L’observation de certaines données révèle l’importance stratégique de la régionalisation pour l’Australie.

Comme on peut le voir sur les cartes de la figure 1, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et l’ANASE sont des partenaires de grande envergure tant au niveau de leur population et de leur PIB que de leurs importations de produits australiens. Le PIB par

habitant donne également une indication sur le pouvoir d’achat de la population et on peut supposer qu’une augmentation de ce pouvoir d’achat dans l’avenir aura un impact bénéfique sur les exportations australiennes vers ces pays.

Bien qu’elle n’ait pas de pays limitrophe avec lequel réaliser la majorité de son commerce, ce sont les pays qui entourent l’Australie et ceux avec qui elle a des accords qui représentent la majeure partie de son marché. Outre les États-Unis, ses neuf principaux partenaires commerciaux se trouvent

30%

23%

26%

21%

Figure 10 : Carte de l’ANASE et ses extensions ANASE-3 et ANASE-6

Figure 11 : Répartition du PIB (gauche) et de la population mondiale (droite)

Source : World Bank, 2013 Figure 12 : Évolution des exportations de l’Australie par pays Source : World Trade Organisation, 2012

48%  

7%  

7%  

38%  

RCEP   Union  européenne   ALÉNA   Autres  

48%  

7%  

7%  

38%  

RCEP   Union  européenne   ALÉNA   Autres  

0   20  000   40  000   60  000   80  000   100  000   120  000   140  000   160  000   180  000   200  000  

2001  2002  2003  2004   2005  2006  2007  2008  2009  2010  2011  2012   Chine   Inde   Japon   Corée  du  Sud   Union  européenne  

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