• Aucun résultat trouvé

Le château Supersaxo (Auf der Flüe) à Naters

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Le château Supersaxo (Auf der Flüe) à Naters"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

Le château Supersaxo (Auf der Flüe) à Naters

Louis BLONDEL

Situation

Les restes importants de ce château se dressent encore au dé- bouché de la petite vallée où coule le torrent du Kelchbach mainte- nant endigué. Le roc sur lequel s'élève le château est situé sur la rive gauche du torrent, à 250 m. au nord de l'église de Naters. Ce château fait face à la tour d'Ornavasso sur l'autre rive du torrent, ancienne résidence des vidomnes de Naters qui a été fâcheusement remaniée. Du côté de la montagne, la forteresse domine un rocher à pic, alors qu'au sud on y accède par un chemin coupé par des es- caliers. Le site est encore très attrayant au débouché de gorges avec des cascades. A l'est, le rocher forme l'extrémité d'un promontoire de la montagne ; quelques maisons anciennes y constituaient sans doute un petit bourg fortifié au-devant de la porte principale. Pour y accéder avec des chars, on devait contourner la position par le nord. Actuellement la tour, remarquable construction, est affectée à un transformateur électrique, ce qui a peut-être préservé ce mo- nument d'une destruction complète. De cette hauteur, on pouvait surveiller la route tendant de Brigue et Naters dans le Haut-Valais supérieur.

Historique

Les premières mentions de ce château, qualifié d'arx munitis- sima par Simler, remontent au début du XIIIe siècle. C'était la ré- sidence des majors de Naters dépendant de l'évêque de Sion \ Les

1 B. Rameau, Le Vallais historique, Sion, 1885, pp. 105-108, donne l'histoire de ce château et de celui d'Ornavasso. Pour ce dernier, voir Ferd. Schmid, Der Urnavasturm in Naters und seine Besitzer im 13. Jahrhundert, dans Blätter aus der Walliser Geschichte, t. II, 1901, pp. 227-246.

(2)

titulaires de cette charge appartenaient à la famille d'origine ita- lienne Manegoldi, dite Auf der Flüh, de Saxo, qui possédait cette tour en 1219. Plusieurs familles ont porté ce surnom de Saxo, d'où maintes confusions. Les mêmes Manegoldi avaient acheté la tour du major d'Ernen en 12152. En payement de dettes, le major Walter remet, en 1239, à plusieurs nobles du Haut-Valais sa maison, avec sa part de la tour et du fief du Roc8. Ce même Walter avait eu des démêlés en 1230 avec ses administrés et l'évêque Landri avait ren- du une sentence au sujet des droits de la majorie \ Comme le remar- que Rameau, l'acte de 1239 semble faire allusion à des maisons près de la tour \ A la fin du XIIIe siècle, ces majors prennent part, avec les de la Tour, à la guerre contre l'évêque Bonif ace de Challant. Les adversaires de l'évêque se réfugient dans le château, mais en 1299, il tombe aux mains de l'évêque qui, dans la suite, dépouille les ma- jors de leur fief6. Le dernier des majors Marco de Saxo se met sous la tutelle de Jean de Viège7. De 1300 à 1333, les de Blandrate occupèrent la majorie, entre autres Jean qui porte le titre de comte de Naters en 1304, et dont la tour est mentionnée, turris domini Johannis comitis, à côté, soit en face de la tour du chevalier Pierre de Augusta qui possédait celle du vidomne8. Le châtelain de l'évê- que réside ensuite au château Supersaxo, ce qui montre que celui- ci en avait acquis tous les droits. En 1339, François de Compey, hé- ritier des Blandrate, détient cette charge épiscopale et l'évêque y réside fréquemment. En 1400, la paix avec la Savoie y est signée, mais en 1415 le château est en partie ruiné par les Patriotes des communes qui l'occupent9. L'évêque Guillaume III de Rarogne fut contraint de signer dans ce château les Articles de Naters (1446), alors qu'il était assiégé par les Patriotes1 0. Ces événements ne lais- sèrent pas le château intact, et l'évêque Walter Auf der Flüe (1457-

2 D. Imesch, Beiträge zur Geschichte und Statistik der Pfarrgemeinde Naters, dans Travaux statistiques du canton du Valais 1907, Berne, 1908, pp. 119-164. — Armoriai Valai- san, Zurich, 1946, art. Mangold, p. 159. — Gremaud, Documents relatifs à l'histoire du Vallais (dans MDSR, t. 29-33, 37-39)/ Document 369.

8 Gremaud, Doc. 437.

4 Ibidem, Doc. 369.

5 B. Rameau, op. cit., p. 106.

8 Gremaud, Doc. 1127.

7 Ibidem, Doc. 1137.

8 Ibidem, Doc. 1220.

9 Ibidem, Doc. 2498, 2660. — Justinger (Die Berner-Chronik, éd. G. Studer, Berne, 1871, p. 461) mentionne sa destruction.

10 Gremaud, Doc. 2976.

66

(3)

1482), qui tire peut-être de là son nom, le fait restaurer. Plus tard, l'évêque Adrien de Riedmatten reconstruit, en 1547, le bâtiment en face de la grosse tour et y appose ses armoiries. L'évêque Jordan, en 1564, y fait également exécuter de grosses réparations11. Les di- zains ont souvent siégé dans ses salles, en particulier en 14441 2 et jusqu'au XVIIIe siècle. Les dizains en firent un arsenal et le châ- teau, à l'époque du chanoine A.-J. de Rivaz, était encore presque intact. Cette propriété est ensuite tombée entre les mains de parti- culiers qui l'ont divisée.

Description archéologique

Le château se compose de deux corps de bâtiments séparés par une cour (fig. 1).

Le plus ancien au nord (A) devait contenir le logis primitif joint à la tour principale. Ces locaux sont en partie en ruines, bien qu'encore recouverts d'un toit. La tour, le donjon primitif, qui me- sure 9,75 m. sur un peu plus de 8 m. est une construction remar- quable. Le côté à l'est, ruiné déjà anciennement sur toute sa hau- teur, a été remaçonné dans la suite. Tout l'intérieur contient main- tenant un transformateur et des installations pour les forces élec- triques. Les faces des murs qui dépassent 2,20 m. d'épaisseur sont revêtues d'énormes blocs de granit ; quelques-uns d'entre eux dé- passent 1,10 m. de longueur, les assises mesurant en moyenne 0,65 à 0,70 m. de hauteur (PL I, 1). Le crénelage a disparu. La tour était encore du temps de Wick recouverte par un toit à deux pans. Mal- gré ces mutilations, elle offre l'image d'une des plus belles cons- tructions militaires du moyen âge. L'entrée se trouvait au deuxième étage, on en distingue encore ses montants près de l'angle sud. Des traces de trous de boulins destinés à supporter des madriers pour le pont sont également visibles sous la porte, mais la partie supé- rieure a été endommagée et on ne peut savoir s'il y avait un arc ou une couverte droite. Cette disposition est encore de tradition ro- mane. Sur les autres faces, on ne relève pas de fenêtres anciennes.

Les tours revêtues de tailles bien assisées sont très rares dans notre pays ; on connaît celle de St-Triphon, probablement du XIIIe siècle, mais de facture différente. Le donjon de Supersaxo peut dater de

11 Ibidem, Doc. 2660, 2976.

12 Ibidem, Doc. 2961.

(4)

Fig. î — Plan du château Auf der Flüe, à Naters

la fin du XIIe, plus probablement du début du siècle suivant. Il semble que nous avons là une influence du nord de l'Italie, ce qui n'est pas surprenant quand on se rappelle les rapports étroits entre les deux versants du Simplon, et que les premiers majors connus, les Manegoldi, sont d'origine italienne comme les Blandrate. Du reste, l'usage de ces revêtements en taille se retrouvera au palais Stockalper, à Brigue, au XVIIe siècle.

Au nord de la tour et du vieux logis s'étend une terrasse bor- dant le rocher à pic. Du côté est de l'enceinte s'ouvrait la porte d'entrée principale, maintenant détruite, mais encore figurée sur

68

(5)

LE CHÂTEAU SUPERSAXO PLANCHE I

J%

Çfc

/

spto •

1. En haut : château Supersaxo, les assises du donjon (Photo Couchepin)

(6)

un dessin (PL I, 2) de Wick (1864-1867) ; on en retrouve l'arrache- ment contre une construction qui a été établie à l'extrémité du mur d'enceinte18. Au NO du vieux logis, il existait une autre terrasse qui se terminait sur le rocher par une tourelle carrée dont il ne sub- siste qu'une partie.

Face à la tour, du côté sud, s'élève une grande construction (B) divisée en appartements ; c'est le château reconstruit par l'évêque Adrien de Riedmatten en 1547. Sur la tour carrée en saillie, qui autrefois surmontait la porte d'entrée, on reconnaît les armes de l'évêque avec la date. Cette nouvelle tour est beaucoup moins im- portante que le vieux donjon qui lui fait face. Le château du XVIe siècle, réparé à plusieurs reprises, est entouré à l'est et au sud par un mur d'enceinte, supportant des terrasses encore bien con- servées. L'accès de l'ensemble du château par la rampe avec esca- liers du côté occidental dominant le Kelchbach subsiste encore, mais on devait franchir plusieurs portes qui ont maintenant disparu. Tout cet ensemble encore très pittoresque mériterait de ne pas disparaî- tre ou de ne pas être défiguré par des constructions modernes.

A l'orient, en face de l'entrée principale, quelques habitations et granges devaient former comme un petit bourg entouré, semble- t-il, de murs constituant un ensemble séparé. A l'origine, il existait un fossé au-devant de la porte qui séparait le hameau fortifié du château. Un ravin assez profond au midi du chemin indique cette disposition.

Par le fait que tout le front nord du château repose sur un ro- cher très abrupt et que du côté opposé on ne parvenait à la position que par des rampes et escaliers longeant les murs du château, on peut comprendre que cette place était considérée comme très forte.

Sa situation, non loin de la grande route et dominant le village de Naters, explique le rôle important qu'il a joué dans les luttes de la féodalité et de l'insurrection des communes.

18 Sur une photographie de 1912, dans Solandieu, Les Châteaux valaisans, Lausanne, 1912, p. 75, le montant de la porte existe encore.

69

Références

Documents relatifs

Pour qu'elle soit suffisamment stable et pour éviter de glisser, cette dernière doit former un angle d'au moins 65° avec le sol.. Construire la figure en

Pour qu'elle soit suffisamment stable et pour éviter de glisser, cette dernière doit former un angle d'au moins 65° avec le sol.. Construire la figure en

Les positions théoriques et épistémologiques sur le corps sont partagées entre deux types de points de vue : d’un côté un corps vécu de l’intérieur en lien avec sa

²le

Les positions théoriques et épistémologiques sur le corps sont partagées entre deux types de points de vue : d’un côté un corps vécu de l’intérieur en lien avec sa

Dourthe N°1 Appellation Bordeaux contrôlée 22€. Le Cygne de Fonreaud Appellation Bordeaux

CHÂTEAU TOUR PRIGNAC Trou N°7. CHÂTEAU DE CAMENSAC

L'affirma- tion de Furrer que les seigneurs d'Ornavasso, aussi de la famille des Castello, et les Rarogne ont succédé aux comtes de Morel n'est pas exacte ; ils possédaient des