ÉMISSION DU GRAND ORIENT DE FRANCE DU DIMANCHE 4 JUIN 1950
Le Grand Orient de France
présente :
“Francs-maçons Illustres ”
Aujourd'hui : BOLIVAR
MUSIQUE.
Nous sommes au Venezuela, en 1811.
Les Colonies d'Amérique du Sud, ont pris les armes et luttent pour se libérer du joug espagnol, de la tyrannie du roi et des vice-rois, de la terreur de l'Inquisition. Le Colonel vénézuélien, Simon Bolivar, s'est lancé dans la bataille de toute la force de sa jeunesse, de son intelligence, de courage.
Bolivar. — « Courez, brisez les chaînes de ces victimes qui gémissent dans les prisons et qui attendent toujours que vous veniez les sauver ».
... Il n'y avait dans l'apostrophe de Bolivar aucune exagéra- tion romantique. Les Espagnols se conduisaient d'une façon atroce.
Lorsqu'ils s'étaient rendus maîtres d'une localité, certains officiers faisaient défiler les habitants. On leur coupait le nez, les oreilles et les joues. On remplissait des caisses de ces débris humains. On les expédiait dans les villes et les royalistes les clouaient à leur porte ou épinglaient les oreilles à leur chapeau en manière de cocardes.
Bolivar. — « Hâtez-vous d'aller venger les morts, de rendre la vie aux moribonds, la délivrance aux opprimés, et à tous, la Liberté ».
... Bolivar a 29 ans. Il vient d'être nommé général en chef des armées du Venezuela. A peine, a-t-il pris son commandement qu'en trois mois, il livre 15 combats victorieux. Bolivar. — « L'éclat de vos armes victorieuses chassera des campagnes vénézuéliennes, les légions espagnoles, comme les rayons du soleil dissipent les nuages. L'Amérique toute entière attend de vous, intrépides soldats, son Salut et sa Liberté ».
... En 1813, sur un char de triomphe traîné par 12 jeunes filles, Bolivar entre dans Caracas libéré. Pour prix de ses mérites, il reçoit le titre de « Libérateur ». ... Alors, commence pour Bolivar une vie aventureuse. Il connaît tour à tour les succès et les revers, les triomphes politiques et l'exil, l'amour du peuple et toutes les trahisons, et toujours, toujours la guerre pour la Liberté.
MUSIQUE.
— L'histoire de cette lutte de l'Amérique du Sud pour sa libération et pour sa liberté est liée à l'histoire de la Franc- Maçonnerie.
Déjà, l'exemple des Francs-Maçons Franklin et Washington parlait au cœur des créoles. La Déclaration des Droits de l'Homme publiée sous le signe des symboles maçonniques soulève d'espoir les Espagnols des deux hémisphères, les Indiens et les esclaves noirs.
C'est le Franc-Maçon Miranda, un Vénézuélien, héros de la guerre de l'Indépendance américaine et général à Valmy qui ins- pira le mouvement et lui donna en même temps, son caractère nettement républicain. Cet irrésistible mouvement de libération emporte l'adhésion des maçons du monde entier et la solidarité s'organise.
Les loges anglaises et américaines soutiennent les patriotes.
Sous leur impulsion, le gouvernement de Grande-Bretagne les aide efficacement.
La Grande Loge de Colombie invite toutes les Puissances maçonniques d'Europe à intervenir auprès de l'Espagne pour que cesse l'horrible guerre. Le Grand Orient d'Italie publie un ordre du jour célèbre qui affirme que la cause de la Colombie est juste et digne de la Maçonnerie.
Plus encore, les Francs-Maçons de Cadix, le port espagnol le plus important pour ses relations avec l'Amérique, se soulèvent à leur tour et empêchent le départ du corps expéditionnaire.
Pendant ce temps, sous la conduite de leur chef, en Améri- que, les patriotes se battent.
En Argentine, le mouvement pour l'indépendance est conduit par trois Francs-Maçons, dont le célèbre José de San Martin.
naires, en ce sens qu'elles veulent se cramponner à un passé révolu ?
Faut-il s'étonner que les régimes fortement autoritaires ne voient pas la Maçonnerie d'un œil très favorable, allant parfois jusqu'à la dissolution ou la persécution ?
Le premier soin du régime de Vichy, aux prétentions de Révolution Nationale, ainsi désigné, sans doute parce qu'il n'était ni révolutionnaire, mais bien involutionnaire, c'est-à-dire rétrogra- de, ni national, puisqu'appuyé sur l'envahisseur ennemi, — a été de dissoudre la Franc-Maçonnerie, en Août 1940, et de publier au « Journal Officiel », le nom de tous les maçons « dignitaires » (par exemple le nom des frères qui ouvrent la porte du Temple, car il s'agit d'un offiice, et qu'un Officier est nécessairement un dignitaire), les désignant ainsi, — et le cas s'est vu, — comme otages à l'ennemi (ce qui pouvait encore avoir une certaine allure, pour le maçon), mais pis encore, comme victimes à tous les valets vichystes, strictement Français, ceux-là, ou soi-disant tels.
Nous ferons un jour une émission sur les mouvements de résistance à ce régime abject et sur les Francs-Maçons morts, pour que les survivants, dont certains ne le méritaient pas dans leur servilité au nazisme, — vivent « honorablement » pour reprendre le mot d'Armand Salacrou, dans « Les Nuits de la Colère ».
Faut-il être surpris qu'actuellement, à nos portes, le régime franquiste frappe de la peine de prison (c'est le texte même de la Loi du 1 Mars 1940), ceux qui n'ont pas abjuré leur qualité de maçon ? Et l'exposé des motifs de cette Loi indique que ces rè- gles sont prises (je cite textuellement) « pour rester fidèles aux principes chrétiens et à la générosité du Mouvement National ».
Voilà le langage d'une dictature cléricale et militaire. Et d'autres dictatures condamnent aussi la F. M. au nom de leur
« générosité ».
Où est la grandeur, si ce n'est de laisser à chacun le soin de penser ce qu'il veut ? Mais alors, qu'aucun homme, aucune secte, aucun parti ne prétendent vouloir imposer, au nom du bonheur de chacun, les vérités qu'ils s'imaginent posséder !
Voyez-vous, en dernière analyse, ce qui imprègne l'esprit maçonnique, c'est l'humanisme entendu dans le sens le plus large du terme. Pour reprendre une excellente définition, l'humanisme est la reconnaissance de l'homme comme valeur suprême, ce qui comporte obligatoirement une aptitude de l'esprit à recevoir tou- tes les notions et toutes les idées, et à les examiner dans le libre exercice de la raison et du jugement.
Voilà où en est présentément le Grand Orient de France et voilà ce qui fera sa force et sa jeunesse éternelles.
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