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Submitted on 1 Jan 1991
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Études de gradients de dissémination dans le cas de l’oïdium du haricot en Guadeloupe
P Pauvert
To cite this version:
P Pauvert. Études de gradients de dissémination dans le cas de l’oïdium du haricot en Guadeloupe.
Agronomie, EDP Sciences, 1991, 11 (2), pp.109-113. �hal-00885355�
Pathologie végétale
Études de gradients de dissémination
dans le cas de l’oïdium du haricot en Guadeloupe
P Pauvert
INRA, station de pathologie végétale, de phytoécologie et de malherbologie, BP 1232, 97184, Pointe-à-Pitre Cedex, France (Reçu le 25 septembre 1990; accepté le 4 décembre 1990)
Résumé — En
Guadeloupe,
larégularité
des alizés (secteur est) permet d’étudier desgradients
dedispersion
demaladies disséminées par le vent. La
progression
de l’oïdium(Erysiphe polygoni DC)
a été notée dans 6 variétés de haricot(Phaseolus vulgaris L) placées
à des distances variables d’une source d’inoculum constituéepar
uneparcelle
infectée de la variété sensible Borlotto nano
vigevano
située dans la partie est de l’essai. La transformation deGrego-
ry (1968) traduit correctement la
progression
moyenne de l’oïdium. Laprogression
danschaque
variété est influencéepar la résistance à la maladie, celle-ci
s’exprimant parfois
à l’état adulte. Ilapparaît
quequelles
que soient les varié- tés, le rendement est diminué auvoisinage
de la source d’inoculum, les mécanismes de résistance consommant del’énergie.
Enpratique,
des variétés résistantesplacées près
deparcelles
infectées peuvent subir des pertes de rende-ment non décelées.
haricot / oïdium / gradient de
dispersion
/ perte de rendement / résistanceSummary —
Studies on beanpowdery
mildew inGuadeloupe.
InGuadeloupe
trade winds ofregular
direction pro- videgood
conditions forepidemiological
studies on wind-borne disease gradients. Six varieties of bean(Phaseolus vulgaris
L) were studied forpowdery
mildewprogression (Erysiphe
polygoniDC).
The source of inoculum came froma
plot
of thesusceptible variety
Borlotto nanovigevano
in the eastern part of the field(fig 1).
Theresulting powdery
mildew
gradient
was measured on 4 different dates(fig 2). Regression analysis
of mean diseaseseverity
with dis-tance indicated that the
log-log
disease spread model fitted the data (table I). The apparentvariety susceptibility
esti-mated
by
the area under theseverity
curve(table II)
affected thepowdery
mildewspread.
However, resistance mechanisms resulted in an energyexpenditure,
and all the varieties showed ayield
decrease near the source of ino-culum
(figs
3,4).
So inpractice,
thevicinity
of infected crops may reduce theperformance
of bean resistant varieties which are apparently symptom-free.bean
/ powdery
mildew/ dispersal gradient / yield
loss / resistanceINTRODUCTION
Aux
Antilles,
l’oïdium(Erysiphe polygoni DC)
estune
importante
maladie foliaire du haricot(Pha-
seolus
vulgaris L) pendant
la saison sèche(dé- cembre-mai).
Leparasite
survitpendant
la saisonhumide sur les
légumineuses
sauvages, souventsous des arbres
qui
luiprocurent :
- une
protection
desconidiophores
contre lesfortes
pluies tropicales;
- un
ombrage
favorable à sondéveloppement.
Ce dernier
point
a été vérifié récemment à la suite du passage del’ouragan Hugo (16-17
sep-tembre
1989), l’ébranchage
et la défoliation des arbres ont entraîné une diminution sensible desattaques
d’oïdium dans les moisqui
ont suivi.Des études récentes ont montré l’existence en
Guadeloupe
de 2races physiologiques
d’oïdium(Pauvert, 1989).
La race 2prédomine
en fin desaison sèche et affecte un
plus grand
nombre devariétés que la race 1.
L’existence aux Antilles d’une
grande régularité
de la direction des vents
(alizés d’est-sud-est)
estun
avantage important
pour étudier des maladies à dissémination aérienne. Lapossibilité
de créerdes
gradients
de maladie àpartir
d’unfoyer
artifi-ciel d’inoculum
primaire
est intéressantepour
étu-dier la
progression
d’uneépidémie,
et aussi pour tenter d’établir le lien existant entrel’importance
des
attaques
et les baisses de rendement consé-cutives,
domaine où les informations sont peunombreuses,
enparticulier
pour l’oïdium du hari- cot; Schwartz et al(1981 ).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Matériel
végétal
Les semis sont effectués, sur un terrain
rectangulaire
constitué par un sol alluvial
particulièrement
homo-gène,
selon des rangs orientés est-ouest, c’est-à-dire dans le sens du vent dominant. Lesparcelles
élémen-taires sont constituées par des
lignes
de 3 m de lon-gueur
(56 grains semés) disposées
defaçon
que l’on retrouve pour chacune des 6 variétés utilisées 6 dis- tancesprogressives
par rapport à la source d’inocu-lum constituée par une bordure de la variété italienne très sensible Borlotto nano
vigevano,
située dans leprolongement
de l’essai et à l’est. Les variétés utili- sées, sélectionnées par Messiaen et al(1989)
ontété :
- Nicanor 2-4 :
lignée
pure,grain
noir, croissance in-déterminée, tolérance aux 2 races d’oïdium;
- Mersant : population,
grain
noir, croissance indéter- minée, tolérance aux 2 races d’oïdium;- 59-11-8 :
lignée
pure,grain
noir, croissance indéter-minée, résistance
monogénique
à la race 1 d’oïdium,tolérance à la race 2;
- CNR1 :
lignée
pure, grain rouge foncé,rayé,
crois-sance déterminée, résistance
monogénique
à la race1 d’oïdium, faible tolérance à la race 2;
- CNR44 :
lignée
pure,grain
rouge uni, croissance déterminée, résistancemonogénique
à la race 1 d’oï- dium, sensibilité à la race 2;-
Salagnac
90 :lignée
pure,grain panaché
rouge/rose, tolérance aux 2 races d’oïdium.
Sources d’inoculum
L’inoculum primaire provient de feuilles de Pueraria
phaseoloides, plante
sauvage surlaquelle
survit l’oï- diumpendant
la saison chaude et humide(Messiaen
et al,
1989).
Les feuilles sont secouées au-dessus de plantules en serre de la variété italienne Borlottovige-
vano,
particulièrement
sensible à l’oïdium. Cette varié- té semée hebdomadairementpermet
dedisposer
d’unréservoir d’inoculum permanent. Les contaminations d’une série à l’autre se font naturellement sous l’in- fluence du vent
(les
serres sontlargement
ouvertes)et peuvent être aussi favorisées en soufflant
quoti-
diennement sur les
plantes
très infectées auvoisinage
de la série suivante.
La variété Borlotto
vigevano héberge
en novembre-décembre la race 1,
puis
unmélange
de la race 1 etde la race 2 par la suite. Les
plantules apportées
auchamp
comportent unmélange
des 2 races en propor- tion variable.Notation de la maladie
La sévérité moyenne des attaques d’oïdium par par- celle élémentaire
(proportion
defeuillage malade)
estestimée dès
l’apparition
despustules,
tous les 7j.
Unenotation
plus
fine,(plante
parplante)
est effectuéedans la
parcelle
contaminatrice(variété Borlotto),
dansles
premiers
stades de l’infection.A la récolte, on détermine, pour les 6 variétés, le
poids
degrains
secs parparcelle,
ainsi que lepoids
moyen d’un
grain.
RÉSULTATS
Progression
de la maladiedans la variété contaminatrice Borlotto
Cette
progression
a été étudiéeplus particulière-
ment en 1987. Le semis a été effectué le 27 fé- vrier et les
pots
contenant desplants
de Borlottotrès infectés ont
été apportés
le 11 mars. Dès le18, des
pustules
situées sur lesplantes
lesplus proches
despots
contaminateurs sont obser-vées,
conformément aux résultatsd’expériences postérieures
à cetessai,
montrant que lapériode
de latence est d’environ
3 j
à 23 °C etaugmente
au-dessus de cettetempérature (Pauvert, 1989).
La notation du 23 mars
(fig 1)
met en évidencel’effet déterminant de la
régularité
en direction del’alizé, qui
se traduit par ungradient
très net desévérité d’oïdium «sous le vent» des
plantes
enpot
contaminatrices. Le 30 mars, l’effet du vent dominant esttoujours perceptible
mais le gra- dient tend às’estomper.
Onpeut
donc considérerqu’à
cette date une source relativement homo-gène
d’inoculum existait pour les autres variétés.Progression
de la maladie dans les variétés testéesProgression
moyenneLa
progression
moyenne de la maladie au sein des 6 variétés estreprésentée
sur lafigure
2. Legradient
de maladie est très net le 30 mars et le 6 avril. Enrevanche,
àpartir
du 13 et surtout le20
avril,
la sévérité moyenne est à peuprès
lamême, quelle
que soit la distance aufoyer
initial.Les
caractéristiques
de cegradient peuvent
êtrequantifiées
enopérant
la transformation de Gre-gory (1968) :
où s est la sévérité de la
maladie,
d la distanceau
foyer
en m(tableau I).
Le coefficient
b, (pente
de la droite derégres- sion)
mesure la vitesse de diminution de la mala- die en fonction de la distance. Les valeurs trou-vées sont conformes à l’étude de
Gregory (1968). Progressivement b
serapproche
de lavaleur 0, ce
qui
est laconséquence
de contami- nations secondaires. Cette extensionrapide
de lamaladie dans
l’espace
est laconséquence
de lafaible durée de la
période
delatence,
de l’intensesporulation
duparasite
et de son mode de dissé- mination.Variétés indéterminées
Sur ces
variétés,
la sévérité moyenne est faibleau 30 mars
(0,12), puis
devient nulle. L’oïdiumne
s’exprime
quependant
unepériode
très limi-tée et à
proximité
immédiate de la source d’ino-culum. Dans les conditions habituelles de cul- ture ces variétés ne sont pas ou très peu
attaquées.
Variétés déterminées
Sur la variété
S90,
l’oïdiumaugmente progressi-
vement
jusqu’au
13avril, puis régresse.
Sur lesvariétés CNR1 et
CNR44,
l’oïdium progresse defaçon régulière,
et ces 2 variétés ontpratique-
ment le même
comportement.
Globalement la
quantité
moyenne de maladieayant
affecté les variétéspeut
être matérialisée par l’aire sous la courbe de sévérité(tableau II).
Effet du
gradient
sur le rendementDans les limites du terrain de
l’essai,
le rende-ment
augmente
au fur et à mesure que l’ons’éloigne
de la source d’inoculum(fig 3).
L’inexistence d’un
gradient
de fertilitéqui
auraitfaussé les résultats est démontrée par la dif- férence de
comportement
entre variétés sen- sibles et résistantes. Pour les variétés sensiblessur
lesquelles
la maladie s’est nettement propa-gée
selon ungradient,
l’accroissement de rende- ment en fonction de la distance est faible, cequi
est la
conséquence
des contaminations secon-daires. Sur les variétés indéterminées résis- tantes, pour
lesquelles
onpourrait
s’attendre àce que la maladie n’ait aucun effet sur le rende- ment on
assiste,
au contraire à une nette diminu- tionprès
dufoyer d’inoculum,
effet leplus
mar-qué
sur la variété59.11.8,
pourvue duplus
hautniveau de résistance aux 2 races.
Cette
perte
de rendement est surtout la con-séquence
de la diminution dupoids
moyen desgrains (fig 4).
CONCLUSION
La réduction du rendement de
plantes
sous l’in-fluence du
dépôt
de spores avirulentes est unphénomène déjà
mis en évidence(Smedegaard-
Petersen, 1981),
enparticulier
chez l’oïdium del’orge (Erysiphe graminis
f sphordei).
La réac-tion de défense induite par le
pathogène
utilisede
l’énergie
et se traduit par uneaugmentation
de la consommation
d’oxygène
6-9 haprès
l’ino-culation;
cequi correspond
auxpremières
tenta-tives de
pénétration
àpartir
del’appressorium.
De
plus,
alors que cette consommationd’oxy- gène
revient à la normale au bout de3 j
chezune
plante
non soumise à de nouvelles contami-nations,
chez uneplante
soumiseà
des contami- nationssuccessives, l’augmentation
derespira-
tion reste
permanente.
Nos résultats semblentindiquer qu’il
en estprobablement
de mêmedans le cas de l’oïdium du haricot.
Sur le
plan pratique,
il en résulte que des par- celles de culturesapparemment
sainespeuvent
subir despertes
de rendement tout à fait oc-cultes si elles sont
placées
sous le vent deplantes plus âgées
infectées. Sur leplan
de lasélection vis-à-vis de la résistance à
l’oïdium,
lamesure de
l’importance
de laperturbation
de larespiration pourrait apporter
un utilecomplément
d’information pour la notation des
variétés.
REMERCIEMENTS
L’auteur remercie CM Messiaen pour la fourniture du matériel
végétal
et l’aide de ses conseils, C Vincent etl’équipe
de la station d’amélioration desplantes
INRAAntilles-Guyane
pour la mise enplace,
l’entretien etl’égrenage
des essais.RÉFÉRENCES
Gregory
PH(1968) Interpreting plant
diseasedisper-
sal
gradients.
Annu RevPhytopathol
6, 189-212Messiaen CM, Pauvert P,
Jacqua
G,Laraque
A(1989)
L’oïdium américain du Haricot
(Erysiphe polygoni DC)
dans la zone antillaise; recherche degéniteurs
de résistance.
Agronomie
9, 259-263Pauvert P
(1989)
Contribution à l’étude des races d’oï- dium du haricot(Erysiphe polygoni DC)
en Guade-loupe. Agronomie
9, 265-269Schwartz HF, Katherman MJ,
Thung
MTD(1981)
Yield response and resistance of beans to powdery mildew in Colombia. Plant Dis 65, 737-738
Smedegaard-Petersen
V, Stølen O(1981)
Effect ofenergy-requiring
defense reactions onyield
andgrain
quality in a powdery mildew resistantbarley
cultivar.