REFUS
rDe prêter
leferment
prefcritpar
leDécret de VAJfemblée 'Nationale^ du %q Novem-- bre 1790
5 piftifiépar
lesprincipes de la raifon & de
la révélation.Par un Licencié de la maison et
SOCIÉTÉ ROYALE DE N AY A RRE
,ami
de la religion , delajuftiçeù
de lavérité.Jurabis in ventait
&
in judicio&
in juftitiâ.Jerem. Ch. 4.
D 01S-JE
prêter le ferment
de maintenir de
tout mon
pouvoiriaconftiîution civiledu
clergé^
décrétée par ralTemblée nationale? A
cette quef-
tion que
toutarchevêque
, évêque
, curé & géné-
ralement
tout eccléfiailiquej fonélionnaire public, a
dû
fe faire àfoi-même en
lifant le décretdu 27 novembre
\ je répons , oui , fi la religionme
Je permet. Cette réponfe, courte
&
précife ^ne
iaiffe
aucun doute
fur la véritable quellion àexa- miner
dans la conjonéfure délicateoù nous nous
trouvons.La
voici : laconRitutiondu
clergé, décrétée par l’alTemblée nationale , eft-ellecon-
ftraire
à
la foi catholique ? Si cette conRitutioni'ne
contredit, pas la religion, le bien généraljA.
2
l'utilité
commime
,Tamour de
lapaix,
la Ibu- mifliouaux
loisémanées du
corps légiflatif, font des motifsdéterminans
d’en jurer le maintien.jMlais fi elle bleffe la foi , fîelleébranle la pierre
fondamentale
fur laquelle le chriftianifme eftappuyé
, fl elle ôte à l’églifede
Jefus-Chrift la puiffanceque
ce divin légiflateur lui adonnée
,pour
foutenirl’édificecimenté
de fonpropre
fang,
dès-lors plus
de doute
, plus d’incertitudes, plus d’héfitations^le
ferment
devientun crime,
leprêter feroit être infidèle à Jefus Chrift , faire injure àDieu
, trahir la religion&
fa confcience.Des
chrétiens, des miniftres
de
l’évangile doivent favoirmourir
dansla vertu j ilsne
doiventpoint vivre dans lecrime
5 ils doivent accorder à l’au- torité civile ce qui lui appartient,&
àDieu
cequi appartient à Dieu.
Les
droitsdu
Créaturfont avant les di oits des créatures,ou
plutôtles droits deshommes
cefferoient d’être des droits, s’ilsetoient contraires à
ceux de
la Divinité.Interrogeons les lumières
de
la raifon 3con-
fultons cellesde
la révélation j& démontrons
combien
l’une&
l’autre fontoppofées
à lapref-tation
du
ferment.Pour
mettre plusde
clartédans
cetteimpor-
tante‘matière, j’établis quatre propofitions qui porteront jufqu’à l’évidence l’illégitimitédu
fer-ment
prefcrit par le décretde
l’afTemblée na- tionale.Première
propofition : L’afTemblée nationale n’a pas le droitd’exercerune
puilîàncerigoureu-fement
fpirituelle.Deuxième
propofition : L’alîèmblée nationaleen
décrétant la conftitutionprétendue
civiledu
clergé, a exercéune
puilîànce rigoüreufementfpirituelle. •
“
Troljième propofiîlon :
Par
l’exercice de cetfc puilîàiice fpirituelle, rafîèmblée nationale annulleune
partiede
la puifTance fpirituelleque
l’églifea
reçude
Jefus-Chrill, celle
de
faire fes règlesde
difcipline.Quatrième
propofitîon :En
annnlîant la puif- fance fpiritueile qu’a J’cglife de faire fes règlesde
difcipline , raifeinblée nationale renvcrfe iedifîce de la religion catholique.Ce
n’eiî pas être témérairede
croireque
ces quatre propofitions,une
foisdémontrées
y fournirontune preuve complette &
fans répliquéde
rillégitimité, je dirai
ntême de
l'impiétédu
ferment.Les
conféquencesque
j’en tirerai nioi-înême
, julEireront la vérité de cette affertion.Première
propofitîon,L
aiTemblée nationalen
a pas le droitd’exercerune
puilfance fpirituelle.. ..
Je ne
veux
pointcoutelier ici àfaliemblée natio^nalefon titreauguile^ aifez d’autres écrivains
font
entrepris5ilsont
démontré
qu’elle n’étoit, qu’elle
ne
pouvoir êtreque
ce qu’elle avoiî été faite par fes mandataires.Comme
je n’aime point à dif- puîer 5 j’accorde, fi l’on veut , qu’elle efc les états-généraux
du royaume
deFrance
, l’alTem- bléede
fesrepréfentans, la convention , l’aflétii-blée nationale de
France,
lanation Françaife.Cet aveu
biengénéreux
fans doutene
peut nuire à la caufeque
je foutiens^ mais à
moins
d’êtreun
infenfé
ou de
vouloir ridiculifer le corps refpec- table denos
honorables légiflateurs 5perfbnne
n’ofera prétendreque
raiTemblce nationale foit les états-généraux de l’églifedè France
, l’allém- blée de fes repréfentans, l’alTemblée eccléfiailique
de France,
leconcile national desGaules
, l’églife gallicane.Cependant
il ne faudroiî rienmoins
que
celapour
qu’elle pût exerceruuç
puifjàtice^4
fpintiieîle dans toute
Tétendue du royaume. Car
fi elie
ne
repréfente pas Féglife gallicane, elle ii’eft pasune
aifemblée eccléfiaflique; elle eft
purement &
limplemeiitune
aifemblée civile&
temporelle
^ elle n’adonc
pas,
elle
ne peut donc
pas avoir le droit d’exercerune
puilfaoce fpiri- tuelie. C’efi par la naturede
la puilfance qu’une aifemblée a le droit d’exercer,que
l’on connoît la naturede
cette afiémblée.Par
quel étrangerenverfemcnî
d’idées& de
principes, a-t-eliedonc pu
faire des lois fpirituelles1Par
quel abusénorme
d’une autorité ufurpée veut-elle 9 fous laloidu ferment
,y
foumeître féglife deFrance
entière?Prétendroit-elle n’avoirpas exercéun pou-
voir fpirituel ?Dimpons
cette illulioii aulîîfunefte qu’elle elr grolfère.Deuxieme
Propofition.En
décrétant la conf- titutionprétendue
civiledu
clergé9 l’alfemblée nationale a exercéune
puifiance rigoureufement fpirituclie C'ette propolition eft la plusim-
portantede
cellesque
jeme
fuispropofé de dé-
montrer. Elle eft le pivot fur lequel roule la queftion préfente. Seule elle fuftiroitpour
la ré- foudre.Ne
négligeons rienpour
la mettre dans le plusgrand
jour.IVléiiez-vous d’une caule qu’un avocat cherche
à
étayer par toutes fortes demoyens
, dilbitun
jour
un
bailli de village àun
préfident célèbredu Parlement de
Paris qu’auroit-il dit, s’ilavoit ététémoin
des eftbrts contradièfoiresqüe
font les partifansde
la conftitutionprétendue
civile,pour
légitimer la puiffance ufurpée par l’alTembée na- tionale.Tantôt
la nouvelle conftitution eftune
conftitutionpurement
civile’^ tantôt elle n’eftplus nouvelle5mais
très”ancienne
^mais
aujjiancienne
que
lesbeaux
joursde
féglife. L’alfemblée nà-.^c»nale , dit~on , n’a pas créé des lois eccléfiaf- tiquesj elle a renouvelle , elle a fait revivre les anciens canons*
Pour
détruire cefantôme de
vérité5montrons,
i°,que
laconftituîioiiprétendue
civile , eft
une
coiiftitutionrigoureufement
fpîri- tuelle. 2^,que
bien loin de rappeîler les an- ciennes lois canoniques , elle les contredit tota- lement. 3°.Qu’en
fuppofant cette rénovation des anciennes règles eccléfîaftiques auffî réelles qu’elleeft faiilTe, ralfemblée nationale n’en auroit pasmoins
exercéune pniHance
fpiritueîle.La
conftitutionprétendue
civile eftune
conftitution rigoureufement IpiritueileLa
fapprejjion
de
cinquante-trois évêchésou
arché-vêchés
, celled'un grand nombre de
cures^ la créationde nouveaux
évêchés&
de nouvelles cures\ laugmentation ou
leretranchement du
territoire des évêchés
ou
cures confcrvces , lanomination
des évêques 6* des curés,donnée au même
corps électoralquinomme
lesmembres
desdépartemens
6* des difirïcls.Tels
font ,en
partie , les décrets effentiels
de
ralfemblée fur• la conltitution
prétendue
civile.Ceux que
les inlligateurs, les auteurs&
les partifansde
la nouvelle orgariifation ecclcHaftique, citent aveccomplaifauce
, avec admiration, le dirai-je ,avec
enthoufiafme :ceux
enfinque
raliémblée elle-même donne pour
des loispurement
civiles.Sont'iis tels ?
Et en
les portant n’a-t-ellepas
exercéun pouvoir
rigoureufement fpirituel.C’ell par la fin elîèntielle d’une loi qu’on
con-
iioît la nature
de
cette loi. L’alfemblée natio- nale appelleroit-elleordonnance
militaire ,un
dé- cret qui ordonneroit la tranquillité, l’ordre , ladécence
,&c. &c.
dans l’alTemblée des repréfen- tansde
la nation ?£h
1comment
^ d’après ce
/
1
6
principe
lumineux, ne
pas avouerque
lebuf
ellentiel , le but,unique des décrets conftitution- neîs fur toute création, fuppreffion, extenfîon
,
reftridhcn,
nominaton
des évêchés&
des cures,ne
foirun
but fpirituel. J. C. n’a établi fa religionque pour
le falut éternel deshommes
, il ifafondé
Téglifeque pour
étendre&
perpétuerfa re-ligion5 la faire conuoître à tous
ceux
quiligno- reut, l’enfeigner àceux
qui font embralTée, ladéfendre contre les
ennemis
qui l’attaquent, quels qu’ils foient 8c de quelqu’autorité dontilsfoieiit revêtus. C’eftpour
remplir les vuesde
de fon divin légiiîateur j c’efî:pour
féconder fès delfeins , exécuter poiiduelleinent fes ordres , accomplir fidèlement fa loi ; enun mot
, c’eii:pour
lebon-
heur éternel des fidèles 8cpour
cette feule finque
les évêchés&
les cures ont été créés ,que
les évêques 8c les curés font établis.
Les
véritables, les feules fondfions des pafteurs eccléfiafiiques font
donc
le foin, legouvernement
desâmes
dans l’ordrede
la grâce, l’outes les occupations pafiorales fe rapportent à ce feul 8c uniqueterme
^ tout autreemploi
eO: étranger à|leur mifiion divine; il n’efi pas
du
refibrt de leurcaradère
j ilspeuvent
le remplircomme homme
,comme
citoyens.On
ne fauroit lesen
déclarer indignes fans violer les droits facrés de l’humanité.Les
en écarter dans la crainte de lesdérober
à desfondions
plus relevées, plus faintes 8c plus refpedables, feroit rendre jufiiee àlafubli-mité
de leur état.Les
évêques 8cles curésne
fontdonc
établisque pour
procurerlebien fpiritueldes peuples,
&
leur puilîàncene
confifie qu’àpourvoiraux be
foinsfpirituelsdeshommes
,qu’àdim
inuer,ouaugmenter
lenombre
desévêchés 8cdes curesjc’eftdonc augmenter ou diminuer
lenombre
des fecours/pirituels, Reftreindre
ou
étendre leur territoire ,‘c’eft rellreindre la puifîànce fpiritnelle dont les pafteurs font inveftis. Etablir
une forme nou-
velle
de nommer
les évêques&
les curés, c’eft établirune forme
nouvelle de procurerde
paf*teurs propres à faire
ou
à détruire le bien fpi- rituel des fidèles ^ c’eft par conféquent&
en der- nière aoalyfe, créer des lois qui ontpour
feule êc unique fin , le falut fpirituel des lioinmes.C’eft exercer
une
puilfance rigoureufement fpi- rituelle.2°.
La
conftitutionprétendue
civiledu
clergé eft contraire à l’ancienne Difcipline.....Far
la nouvelle confiitutîon , raffemblée nationale crée& fupprime
des évêchés fans le concoursde
lapiiiflànce eccléfiaftique,
&
fans l’agrément desévêques
fupprimés ^donc
ellepermet
, elle or-donne même que
les fidèles d’une églife qui n’avoit pas auparavant d’évêque particulier,en
reçoiventun
fans la participationdu
concile provincial& du
métropolitain,&
fans lecon- fentement de
l’évêque auquel ils étoient précé-demment
fournis. Suivant Vancienne difcipline confîgoée dans lecanon 65
, du concile troi- fièmede Carthage
,»
les fidèles d’une églife»
qui n’a jamais eu d’évêque qui lui fût pro-)) pre,
ne
pourronten
recevoirun que
parun
»
décretdu
concile plenier de la province&
» du primat, & du confentement de
j'évêque» du
diocèfe auquel cette églife appartenoiîFar
la nouvelle confiitutîon, l’alfemblée natio- nale étend Sc reftreint par fa feule autorité l’étendue des diocèfes^
donc
elle fuppofeque
la puiftance civile peut étendre&
reftreindre à fon gré la juridièfioü épifeopaîe.Suivant Vaneïenne
difciplinede V
églife 5 exercéeau
concilede
O
•s ^
tialcédohie > la puiiTance eccléfialîique régloit l’étendue
de
la jurididion desévêques
,malgré
les édits contraires des
empereurs,
(i) » Photius^» évêque de
Téglile métropolitainede Tyr^
aura le pouvoirde
faire les ordinationsdans
toutesX) les villes
de
Phéniciej&
l’évêqueEuftache
ne
s’arrogera pas,en
vertude
l’éditde l’empe-
>> reur, d’autre puiflance
que
celle qui appartient à tous lesévêques
j le faiiit concile a ditpar»
acclamation : lejugement
efl: jufte.Nous y
>) adhérons tous ^
que
tous les éditsimpériaux
w de
lamême
nature foient abolis,& que
les»
règles des S. S. pères foient obfervées» Par
la nouvelle conjlitution le choix desévêques
eft confié
au
corps éledoral qui doitnommer
les
membres du département
, fans qu’il foit obligéde
confulter la puilîance eccléfiaftique.Suivant Vancienne
difciplinede
Véglije(2),
»
l’évêque étoit choifîen
préfencedu peuple, par
lesévêques de
laprovince
affemblée dans réglife vacante...La
préfencedu
peuple étoit néceffaire , afinque
tous étant perfuadés^xf
mérite
de
l'élu, lui obéiffent plus volontiers c’eft-à”dire,que
le clergé avoit la principale part dans l’éleélion,& que
le peuple n’étoit confultéqu’afin qu’il
ne
pût pas douterde
l’intégrité desmœurs de
l’évéqueque
l’églife lui doniioit.Ainfi le
témoigne
SaintCyprien
(liv. i. épit. 4.).(i) Conc. Calcéd. art. 4.
Voyez
les aéles du con-cile
&
les lettres deM. M
ouitrot, à M,. Jabîneau, relativement à l’opinion deM. Camus
furTa conftitu- îion civile du clergé, chez Leclec,libraire,me
Sr.Martin , près celle aux Ours
, n®. 254.
Lifez les canons 21 , 22, 23, du conciled’Antioche.
, (i) Fleuri,
mœurs
des chrétiens,XXXII.
.» La
difciplinede
notre églife&
cellede
4» prefque toutes Jes provinces fondées fur la
»
tradition divine&
la pratique qui vient des»
apôtres, dit cet illuftre défenfeur des liber-w
tésde
l’églife d’Afriqne,& que pour
célé-»
brer légitimement les ordinations, lesévêques
»
s’afrembleiit chez le peuple à qui il fautdon»
»
nerun évêque
,& que
l’évêque foit choifi» en
préfence des fidèles qui ontconnu
parfai-M tement
la conduitede chacun
». Ainfî leveut le concile
de Nicée
( chap. 5. ).» Nous
» ordonnons
qu’aucune éleéliond’évêque ne
foit» approuvée que
par la volonté des évêquesde
»
la province ,& que
cette éleétion foit faite»
avec leconfentement du peuple »
....
ainfi l’ordonne le concile d’Antioche ( can.
J9
).»
» Que
l’évêquene
foiî pasordonné
fans lapré-»
fencedu
métropolitainde
la province ». lî eftdonc démontré
,comme
leremarque
l’illuf- tre auteur eccléfiaflique d’après SaintCyprien
5que dans
lechoix
d'unévêque
, lesévêques
décidaient 6* leurchoix
s'appelloit lejugement de Dieu. Après
des preuves fi pofîtives del’op- pofîtionimmenfe
entre la conditutionprétendue
civile
du
clergé&
l’ancienne difciplinede
l’é- glife5de
quel œil peut-on voir deshommes
inf- fruits5 deshommes
inflruifantlaFrance
entière5
des
hommes
à les croire, dignesdhnftruirel’uni- vers9 affirmer avec la plus grande fermetéque
l'afTemblée nationale n’a faitque
renouvelier les ancienscanons
, la difcipline desbeaux
joursde
la religion? n’eft-on pas tenté
de demander
fi l’ironie hypocritede M.
C.... n’eft pas plus ré- voltanteque
les farcafmes indécentsde MM.
V,& M.
?Suppofons néanmoins que
la nouvelleorganifatioii
du
clergéne
foiî point contraireâ
.t
\
10
la difcipline ancienne , fuppofons
pour un mo- ment
qu’elle foit parfaitementconforme aux
anciennes lois canoniques-^ l’alTemblée nationale a>t-ellepu
l’introduire de fa pleine autorité fans s’arrogerun
pouvoir fpirituel?3^. L’affemblée nationale n’a pas
pu
rétablir l’ancienne difciplinede
l’églife fans exercerune
puilfance fpirituelle Qu’eft-ceque
rétablir la difcipline anciennede
l’églife? C’eft déciderque
la difcipline aétuelle diffère eiTentiellementde
l’ancienne,&
jufqu’à quel point elle lui eftoppofée
j c’efl: déciderque rancienne
difcipline eft préférable à celle quimaintenant en
ufâge, qu’elle eftmieux accommodée aux
befoins ipi- rituelsde chaque
fidèle ,&
plus avautageufepour
le bien fpirituel&
généraldé
la religion*C’eft déclarer
que
l’églife a tortde
préférer la difcipline aèfuelle à l’ancienne, qu’elle fetrompe en
la jugeant préférable dans les circonftances 'préfentes ^ enfin,pour
tout direen un mot,
rétablir l’ancienne difcipline ,
&c.
l’églife, c’eft jugeren
dernier relTort&
fans appel, qu’on juge
mieux que
l’églifedu
bien univerfelde
la religion ,&
des befoins fpirituelsde chaque
chrétien. N’eft-ce pas-là exercerune
puiffance fj)irituelle ?Reprenons
ces troisarticles, ils font eftentiels.
La
conftitutioriprétendue cWAq du
clergé , eftune
conftitution rigoureufement fpirituelle^
donc
,en
la décrétant, l’afiemblée nationale a exercéun
pouvoir fpirituel.2®.
La
conftitution prétendue civile eftcon«
traire à la difcipline ancienne
de
l’églife. 3*^.En
fuppofant qu’elle
y
fûtconforme
, l’affemblée nationale n’a paspu
la rétablir fans s’arrogerune
puifîànce fpirituelle ,donc,
encoreune
fois ,II
Iafîèmblce nationale a exercé
un
pouvoir fpirî- tuel ,en
décrétant la conflitutionprétendue
civiledu
clergé.Ici 5 je pourrois terminer toute difcufîîon^ car
j’ai
démontré que
ralfemblée nationale n’avoit pas de puiiïance ipiritueîle, j’ai
démontré
qu’en décrétant la conflitutionprétendue
civile , elle avoit exercéune
puiflance rigoureufement fpiri- tuelle ^donc
cette conflitution efl Vouvrage
d'une autorité ufurpée 6» illégitime.Or
, je le de-mande
à touthomme
qui connoît la nature,l’im- portance&
les qualités effenneiles d’un ferment.Peut-on
5 fans trahir la véritéj la religion , fa confcience&
l’honneur, jurer de maintenirde
tout fon pouvoir le fruit illégitime d’un pouvoir ufurpé ?Mais
allons plus avant.Troifûme
propofition.Par
Texercicede
cette puiffaiice fpirituelle, raffeinblée nationale annuîleune
partiede
l’autoritéque
l’églife a reçuede
J.
G
))Une
partie de la juridiélion eccléfiafii-))
que
5&
peut-être la première , difent, après» M.
Fleuri , les évêques députés à l’alfemblée5) nationale (i), étoit le droit
de
faire des loix:»
&
des règlemens ^ ce droit effentiel de toute»
fociété.Les
apôtres5en
fondant les églifes ,»
leurdonnèrent
des règlesde difçiplinequi furent»
long-temps
confervéesparla fimple tradition)).II faudroit ignorer les premiers
éîémens
de l’hiF toire eccléfiaftiquej
pour ne
pas être convaincu(i) Expofition des principes de la conflitution du clergé,parles évêques députés à raffembléenationale; cette expofition offre à tout ledeur inflruit
&
impar-tial
un
modèle accompli de fagelfe , de modération 8c le code parfait des vrais principes de la conflitution efTenticIIementinhérenteau clergé.1
O
II
que
régUie n’a jamaisufé de ce droit avec plus d’étendue,
que
dans les premiers fièclesdu
chrif- tianifme.Les témoignages
cités dans la propoli- tion précédente,en
fontune preuve complette &
fans répliqué.
Et pour
lui contefeer ce pouvoir,
il faudroit avancer
que
Téglife univerlèllepeut
s’arroger,en matièrede
religion8ccomme venant de
J. C.5une
autorité qu’elle n’auroit pas reçuede
ce divin légiflateur.Quel biafphême
,ilne peut
être proféréque
par les difeipiinesde Luther
8cde
Calvin ^ je pourroisdonc
, fans entrer dansun
plusgrand
détail , propoferaux
partifansde
la conflitutionprétendue
civiledu
clergé cesdeux argumens.
Premier argument'^
l'églifea
toujours exercé, le pouvoir de faire fesréglemens de
difeipline 9or
5 Féglife n’a paspu
fetromper
fur le droit qu’elle avoir reçu de J. C. d’exercerce pouvoir.Donc
Féglife a reçu de'J.C.
le pouvoirde
faire fesréglemens
de difcipline.Second argument. Le
pouvoir de faire fes règlesde
difcipline ^ eftune
partiede
la puif- fanceque
l’égliîe a reçue de J.C. Or
, Falièm-blée nationale^ par fés décrets fur la conflitu- îion de Féglife , annulle la puifîânce de Fégiife
de
faire fes règles de difcipline.Donc
, par fes décrets , fur laconûiîimon prétendue
civile , FaiTemblée nationale annulleune
partiede
Fauto- riîéque
Féglife a reçue de J.C. Que répondre
à cette preuve de fait ?Examinons
la preuvede
droit.«
Tout
pouvoir , dit J. C. à fes apôtres ,m'a
étédonné
dans le ciel 8c fur la terre ; allezdonc
^inflruifez toutes les nations, les bapîifint au
nom
du Père
jdu Fils 8:du
Saint'Efprit, 8c leurappre- nant àobErrer
toutes les choiesque
je vous aiï3
commandées
, voilàque
je fuis avec vous jufqu’à lacoiifbmmation
des fîècles ». Pefons toutes ces paroles , elles font elfentielles.Tout
pouvoir^m'a
étédonné dans
le ciel 6*fur
la terre* Voilà la puiffancede
J. C. Alle-^donc
, voilànno
million qu*ildonne» Quelle
milîîon ? celle d’en- feigner fa doétrine à tous leshabitansde
laterre,&
de leur adminiftrer les facremens. Injiruîfe’:^toutes les nations, les baptifant
au nom du Père
Jdu
Fils& du
Saint-Efprit ,6
* leurappar- nant
toutes les chofesque
jevous
aicomman-
dées5 quel eft le
terme de
cette miflion ?La
findu monde
? jufqu'à laconfommation
des/iècles*Quel en
fera le garant ? L’elpritde
J. C.^ quipromet
d’afiifterceux
à qui la million efi;donnée
5lesapôtres
&
leurs fuccelfeurs. Allei^ , înftruife:^*Voilà que
je fuisavec vous
jufqu'à
laconfom- mation
desfilef
es. Elle eftdonnée aux
apôtres,
puifque c’eft à
eux que
J.C.
adrefle la parole.Elle eft
donnée
à leurs fuccelfeutr^ puifqu’elîe doit durer jufqu a la findu monde. Donc
, ilfaut brûler l’évangile
ou
croire ,&
croireferme- ment
5 puifque J.C.-a
révéléque
l’efprit faiiit afiifte jufqu’à la findu monde
les fuccelfeursdes apôtres dans l’enfeignement de la doéfrine& dans
i’admiuïftration des facremens.
Donc
il faut croireque
les fuccelfeurs des apôtres réunis font infaiU Jibles dans tout ce qui aun
rapport direéf& une
liaifon elîèntielle avec la doéfrine
&
l’enfeigiie-ment
^cependant on ne
peut difeonvenir qu’ilsne
foient accelîibles àl’erreur prisféparément &
en
particulier.Donc
le privilège de l’infaillibilitédans tout ce qui'regarde elfentiellement la foi Sc l’adminifiration des
facremens
, a été accordéau
corps des fuccelfeurs des apôtreS , au corps des pafteurs5 à' féglife enfeignante. Je
demande
maintenant &
jeprie qu’onme réponde de bonne
foi. L’infaillibilité dans
Tenfeignement de
ladoc-
trine 5 dans tout ce qui a
un
rapportdired
,une
liaifon néceffaire aveccet
enfeignement
, peut-elle exiller fans le pouvoirde
choifîr&
d’inftituerceux
qui doivent perpétuer la doéürine j-ufqu’àla fin des /îècîes ? Sans le droit d’iinpofer des loixaux
miniltres établispour
l’enfeigner ? Sans la puilfance toute fpiritueile de faire des règlesde
difcipîine
&
ledroitd y
obliger&
les fidèjes6
c les pafleurs ?Concluons donc que
la puilfancede
fairedes
règlemens de
difcipîine eccléfiaftiqueeÆ une
portion-de
l’autoritéque
J.C.
adonnée
à fon églife.Mais
Falfemblée nationale s’arroge le droit de faire ces règles fans leconfentement
8c fans la participation de féglifej
donc
, falfemblée nationale annulleune
partiede
l’autoritéque
i’égiife a reçue
de
J.C. ^
Quatrième
propofitlon.En
annullantune
partiede
l’autoritéque
J.C.
a accordée à féglife , falfeinblée nationale renverfe fédiiSce de la reli- gion catholiqueLa croyance
à l’autoritéde
féglife dans tout ce qui regarde la foi 8c lesmœurs
, ell: lamarque
elTentielle, lecaradère
diftinélif5 la pierrede touche
de
la foi catholique.Sans cette
croyance
, iln’eft point de catholique ^ fans catholique , point de véritable églife ; fans véritable églife , pointde
religion. Attaquer fou autorité, dans ce qui appartient à la foi
ou aux mœurs
, c’ed: anéantir le foutiende
cette autorité; c’eif renverfer fédibcq
de
la religion catholique.Une
telle entreprife fait horreur.Qui
lecroiroit? elle eft
une
fuite néceffaire des décretsde
i’aifemblée nationale toute puilfance qui vientde Dieu
eft indivilible : la divifer, c’eft la détruire, 011ne
fauroiten
rejetterune
partie fans,
1$
la rejetter toute entière.
La
parolede Dieu
étant nécelTairement le feulmotif de
l’admettre , ellene
peut êtreune
raifonfuffifante d’en reconnoîtreune
portion, fî ellene démontre
pas la iiécelîitéde larecevoir dans fa totalité.
Or
, j’aidémontre que
le pouvoir qu’a l’églifede
faire Tes loixde
difcipline, fait partie eiTentielle de celui qu’elle
a
reçude
J. C. ^donc
refufer de reconnoîtrece
pouvoir 5 c’eft ôter à la parole de J. C. toute foîi autorité, c’efl: anéantirlefondement
fur lequel eftappuyé
le privilège de rinfaillibilité de l’églifeen
matière de foi&
demœurs,
C’eft enfin renverfer lefondement
de la religioncatholique.Quel
fiècle&
quellesmœurs
!CONCLUSION GÉNÉRALE.
I®.
La
raifonapprend que TAffemblée
natio- nale eftune
affembléepurement
civile ^ qu’ellen’a
& ne
peut avoirde
puiffance Ipirituellej
que
les décrets relatifs à l’orgaoifation
du
clergé font fpirituelsj qu’ils font contrairesaux
anciens ca-nons
; qu’en les fuppofantconformes
à la dif- cipline 'anciennede
l’églife, ils
ne peuvent
être rétablisque
par la puiffance fpirituelle,
donc
laraifon
apprend que
la confiiîutionprétendue
ci-^vile
du
clergé eflémanée
d’un pouvoir ufirpé.1°.
La
révélation enfeigneque
féglife a reçude
JC. une
autorité infailliblepour
tout ce qui appartient à la foi& aux mœurs
,que
cette au- toritérenferme
effentiellementle droitde
faire les règlesde
difcipline^que
la privationde
ce droit entraîne nécefîàirement la deftruèfion d’une partiede
l’autoritéde
l’églife^
que
la deftrudlion d’une partie de l’autorité de féglife efl infépa- rabledelà
defiruéfionde
l’autorité entière^que
détruire l’autorité entièrede
l’églife , c’efl rea-i6
verfer les fondemeiis
&
les bafesde
la foi ca-tholique*
Donc
la révélation enfeigneque
la conftitutionprétendue
civile renverfede fond en comble
lesfondemens de
la religion catholique*Donc
la conftitutionprétendue
civileémane
d*une puiftauce illégitime , Si reversfe les fon-
demens
de la religion ^donc
la raifon êc la révélationdémontrent
rillégitimité& Timpiété
du ferment
prefcrit parrAifemblée
nationale ,donc
le refusde
jurerde
maintenirde
tout, fon pouvoirla conftitutionprétendue
civiledu
clergé eft juftifié par la raifon&
par la révélation.Peuple
Français, peuple chrétien , quelle eft
donc
cette fureur infenfée qui te dévore ?Que
lignifie cette
demande du
corps éleéforal 9ce
projet des feéfionsde la capitale , cettefermen-
tation uiiiverfelle, ces bruits confus , ces
mur- mures &
cette impatience généralede
voir ar- river le jour deftiné àfommer
le clergé de jurer le maintiende
la conftitution civile ?= Habi-
tansde
lapremière
ville d’unroyaume
très- chrétien9 vous defendez le lyftêmeimpie
d'unepoignée
de fcélérats,ennemis
irréconciliablesdu
ciel
&
de la terre îLes
monftres ! ils* ont dit 9dansleurfureurfacrilège:qu’importe
que
laFrance
foit engloutie fous fespropresruines ! qu’importe
que
nous (oyonsnous-mêmes
enfevelis fous fes dé-combres
! Si le chriftianifme périt9nous
vivrons contensou nous mourrons
fatisfaits.Repréfentans
de
lanation,voyez
l’abîmepro- fond que
vos décrets viennentde
creufer 9 &;fré- miftez 9voyez
l’églifede France oppofer une
digue infurmontable à vos loix9 celle de la re- ligion& de
l’honneur,&
frémilTez ^voyez
lepeuple,
ignorant les principes divinsdu
chrif- tianifme, fuivreaveuglement
les ordresque
vous avezavez
imprudemment didcs,&
frémiiTez^
voyez
les excès auxquels votre conftitution inconftitu- îionnelle
& immorale
peutleporter,&
frémilTez;voyez
lecaille quiferme
lesyeux
àlaluQàière, fe détacher ^ fondre& tomber
,
&
frémiHèz ^voyez
les habitans de laFrancs
^ recoiinoilTant enfinque
vous avez voulu détruire la religion,
fous le prétexte indigne de la réformer
&
de larendre plus belle , &: frémiffez;
voyez
! maisnon
^
détournez vos regards de cet avenir finilfre^jet^
tez-les fur
vous-même
, fur vos décrets ^voye^
votre erreur ;abjurez-là, dépouillez
une
puifîànCg ufurpée,& montrez
enfin à laFrance
entière à l’univers j à l’églife éplorée , à lareligion avi-, lie 5 qu’on peut furprendre votre juftice&
votrelàgeffe5
mais
qu’on ne peut vous enlever les princi- pesde
juftice&
defageife,fans lefquels vousne
fe- rezque
des loixdeftruéfivesdu bonheur
despeuples.Déjà
les perfécuteursdu
chrifiianifme agitent les torchesde
Ja difeorde j ils allument le feude
la fédition
3 déjà les
nuages
deftinés à porter la foudre dans toutesles partiesdu royaume
y fe raf-femblent
fur la capitale 3 le tonnerregronde
fur les premières colonnesde
l’églife Gallicane 3 l’orage eftformé
, ils’avance avecun
bruit effroya- ble 5 il éclatte&
vient frapperimpitoyablement
les pafteursdu
fécondordre.O
vousque
la Pro-vidence à placé à la tête des églifes
de
la pre-mière
citéde
l’empire français , vousen
quil’op-primé
trouva toujoursun appui,
l’affligéun
coii- fblateur, l’indigent ,
un
père charitable 3 vousque
l’infortune&
la misère n’invoquèrent jamaisen
vain 3 vousque
lemalheureux combla
tantde
foisde bénédidions
, quel eflmaintenant vo-
tre triftefort?
&
à quel avenirêtes^vous réfervé?Le
peuple féduîtpar lésprophètesdu menfouge
,
B
i8
oiiblie &cles bienfaits reçus lesfecotirs
que
votre charité luiprépare.Peuple
aveugle,peupleinfen- fë ,tu
demandes que
5prenantà témoin
leDieu de
jüftice
& de
vérité , les pontifesdu
Seigneurfaf- lëntaux
piedsdes autelsun fermenî
contraire à la vérité, àla juffice&
à la religion. Faut-il qu’in- fîdèles à leur miniilère, ils travaillent , parune
lâche&
criminellecondefcendance
, au renver-fementde
la foi qu’ilsdoivent enfeiguer,ou
qu’unemort
injufte foit larécompenfe de
leur fidélité.Peuple
ingratou
facrilége , voudrois- tu te bai- gner dans le fangde tes prêtres,ou
n’avoirque
des miiiiitrcs parjures àDieu &
àlareligion ?A
peine i’imprefiionde
cetécrit cll-elle ache- vée ,que
les mille& une bouches
bannales des avides trafiqnans de nouvellesannoncent comme
une
viétoire de rirréligieufedémocratie
y l’ac- ceptationdonnée
enfin par leRoi
au trop fa-meux
décretdu 27 novembre. Mais
hélas ! ac-coutumées
à exagérerou
à taire la plusgrande
partie des vérités , elles n’ont pas publiéque
le roi ii’a foufçrit cette efpèce d’acceptationappa-
rente,que pour
céderaux
follicitations,
aux
iufiances ,
aux
importunités peut-êtreaux
plus grandes terreurs.Au
refie ,je neme
permettraiaucunes
réflexions fur la lettredans
laquelle fa majellé, après le reprocheaufiîdoux
qu’ileft bien mérité, de défiance en fa parole
& en
fes in- tentions , déclareque pour
âijjiper les doutesque
la droitureconnue
deJon
car
aciere ^ auraitdu
éloigner.) ir déférer
an
voeude
VA
jjemhléena-
tionale ,
fa
confiance en elleVentage à
accep- ter,Pour
remplirlebutque
jeme
fuispropofé,
& pour ne
laifferaucun
prétexteà la mauvailefoi, j’obferve
feulement, ou
plutôt jedémontre
enpeu de mots que
l’acceptationdu
roi nepeut
.ï9
pas
légitimerlapreftationdu
ferment. Qu’eft-ceque
l’acceptationdu
roi ? C’eftune
autorité pu-rement
temporelle , qui vient fe joindre àune
autre autorité temporelle , celle de l’Aifemblée s^nationale ,pour
rendre loix conftituîioniiellesjles décrets furi’organifationdu
clergé. Reliedonc
jmalgré
cette acceptation,que
la conHitutionprè- tendue
civile , conftitution vérïîahlenvent Jpivi- tuelle efl encore l’ouvrage d’une puiirance ufur-pée & incompétente
, qu’elle ôte à l’églife ledroit divin
de
faire fes règles de difcipline ^en un mot
, qu’elle détruit de fonden comble
les bafes de la religion catholique Quelle confé-quence
!& combien
elle eft terriblepour ceux
qui, par