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Le regard en langue des signes: Anaphore en langue des signes française de Belgique (LSFB) : morphologie, syntaxe, énonciation

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University of Namur

Le regard en langue des signes

Meurant, Laurence

Publication date:

2008

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Citation for pulished version (HARVARD):

Meurant, L 2008, Le regard en langue des signes: Anaphore en langue des signes française de Belgique

(LSFB) : morphologie, syntaxe, énonciation. Rivages linguistiques, Presses Universitaires de Rennes / Presses

Universitaires de Namur.

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Le regard en langue des signes

Anaphoreen languedes signesfrançaise de Belgique(LSFB) : morphologie,syntaxe, énon iation

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Conventionsde notation v

Préfa e de Ben ie Woll et Jean Giot ix

Introdu tion 1

I De la deixis à l'anaphore 9

1 Regard, deixiset anaphore 11

1.1 Introdu tion. . . 11

1.2 Valeurdepersonneet hampénon iatif . . . 15

1.2.1 Pronomspersonnels et onversionsdialogiques . . . 16

1.2.2 Pronomspersonnels enlanguedessignes. . . 17

1.3 Champ énon iatifet relationsanaphoriques . . . 22

1.3.1 Regardversl'espa efrontal :leslo i . . . 22

1.3.2 Regarddétourné:lestransfertspersonnels . . . 28

1.3.3 Anaphorepseudo-déi tique . . . 33

1.4 Leregard,deladeixisàl'anaphore . . . 40

II Eléments de morphologie et de syntaxe 45 2 Cadre théorique 47 2.1 Introdu tion. . . 47

2.2 Bifa ialitéet biaxialité . . . 48

2.3 Intera tiondesaxes . . . 51

2.4 Dénotation . . . 53

2.5 Diale tique delagrammaireetdusens. . . 55

2.6 Aphasiologie. . . 59

(9)

2.6.2 Proje tiondesaxes. . . 64

2.7 DelaglossologieàlaLSFBet inversement. . . 67

3 Elémentsde morphologie 69 3.1 Prin ipesd'analyse . . . 69

3.2 Duverbeet dunom . . . 72

3.2.1 Catégoriesmorphologiqueset typesdemots. . . 72

3.2.2 Verbevs.prédi at . . . 73

3.3 Lelo us ommefragmentd'unité . . . 75

3.3.1 Dénotationetstatutsegmental . . . 75

3.3.2 Simultanéitéetlinéaritédesélémentsdemarque . . . 78

3.3.3 Variationdelo uset lassementdesunités . . . 81

3.3.4 Lelo usdansla ompositiondel'unité. . . 96

3.4 Le lassi ateur ommefragmentd'unité. . . 97

3.4.1 Unenotion ontroversée . . . 97

3.4.2 Unevaleur onstitutivedel'unité . . . 110

3.4.3 Verbeset lassi ateur. . . 112

3.4.4 Nomset lassi ateur . . . 120

3.4.5 Des lassi ateursdes ripteurs? . . . 123

3.5 La opuleen litique . . . 128

3.6 L'aspe t`a ompli' . . . 136

3.7 Deuxopérationsdedérivation . . . 137

3.7.1 Nominalisationduverbeparla opule . . . 137

3.7.2 Verbalisationdunom parl'a ompli . . . 140

3.8 Con lusion . . . 142

4 Elémentsde syntaxe 145 4.1 Lesyntagmeetnonlaphrase . . . 145

4.2 A ordetfa torisation . . . 150 4.2.1 A ord. . . 150 4.2.2 Fa torisation . . . 157 4.3 Re tionet anaphore . . . 159 4.3.1 Re tion . . . 159 4.3.2 Anaphore . . . 170

4.4 Figuresduzérosyntaxique . . . 175

4.4.1 Symétrie,asymétrie,qualitéet quantité . . . 175

4.4.2 Quatrefoiszéro. . . 176

4.5 Anaphoregrammati alevs.syntaxique . . . 179

III Stru tures anaphoriques : syntaxe et pragmatique 181 5 Anaphore syntaxique en lsfb :trois exemples 183 5.1 Champ et ontre hamp . . . 183

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5.1.2 Modededénotation . . . 186 5.2 Alternan ed'é helles . . . 193 5.2.1 Compositionsyntaxique . . . 194 5.2.2 Modededénotation . . . 199 5.3 Superpositiond'é helles . . . 204 5.3.1 Compositionsyntaxique . . . 205 5.3.2 Modededénotation . . . 209

5.4 Séquentialitéformelleetunité des énario . . . 213

6 Transferts personnelsetpolyphonies 217 6.1 Lo uteuret énon iateur . . . 217

6.1.1 Lo uteuretdédoublementdelo uteur . . . 220

6.1.2 Enon iateuret dira tiondespointsdevue . . . 222

6.2 Polyphoniedelo uteursvs. d'énon iateursenLSFB . . . 224

6.2.1 Adresseet dédoublementdel'adresse. . . 224

6.2.2 Suspensiondel'adresseetdira tiondespointsdevue. . . . 231

6.3 Deux modesdesubje tivitédanslalangue. . . 243

6.3.1 Transferts:personnevs.neutralisationdepersonne . . . 244

6.3.2 Neutralisationpersonnelle etper eptionreprésentée . . . 245

6.4 Delapersonneàl'eetdepointdevue . . . 248

Con lusion 251

Bibliographie 263

Tabledes gures 275

Listedes tableaux 279

Index 281

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Dans les exemples illustrés

Regard

Reg Composantespertinentesduregard

m

,

m

,

m

Regardadressé;ladire tiondelaè he,éventuellement marquéed'untiret,s hématiseladire tionduregarddu signeur

տ ր ւ ց ↑ ↓

Regardnonadressé;ladire tiondelaè hes hématise ladire tionduregarddusigneur

l

l

l

Regardnonadresséet dirigédansunplanhorizontal

ց

a

Regardinstallantunevaleurdelo us(paranaphoreou paranaphorepseudo-déi tique)

v

Fermeturedesyeux (

ց

a

) Yeuxpresquefermés Mains

M Valeursdénotéesparles omposantesmanuelles M+ Valeursdénotéesparlamaindominante (engénéral,la

main droitepourundroitier)

M- Valeurs dénotées par la main dominée (en général, la main gau hepourundroitier)

piè e glosefrançaised'unsigne(noyaulexi al)

long-nez glosefrançaiseenplusieursmotsd'unseulsigne(noyau lexi al)

A ,A _ valeurd'aspe ta ompli

Zéro-a valeursd'aspe ta ompli etdenégation

Prép valeurdepréposition(asso iéeàuneouplusieursvaleurs depointé)

Pté valeur de pointé, dénotée par un signe réalisé le plus souventave l'index(déterminantoupronom)

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Pers pronompersonnel

PfxTP préxe de transfert personnel (valeurs de pointé et de `lo us ')

1,2,3 indi edepersonne a,b valeurdelo us

ou`lo us ' valeur de lo us dénotée par la mise en suspens de l'adresse et parl'utilisationde l'espa edusigneur; va-leur liée à la neutralisation personnelle (sauf ave les verbesdugroupe2)

avs.-a valeursdelo usliéesparuneinversionspatialedes élé-mentsdesigniant(empla ementoudire tion)

a

regarder

b

noyaulexi al regarder,valeurde `lo usa'àl'initiale (dénoté parl'empla ementd'originedumouvementou deladire tiondesmains)etvaleurde`lo usb'àlanale du verbe(dénoté par l'empla ement de destination du mouvementoudeladire tiondesmains)

ø hoixzéro(depointé,delo us,delexème,et .) Cl valeur de lassi ateur (notation suivie d'un symbole

pré isant le hoix du lassi ateur; e symbole reète la ongurationdelamainquidénotele lassi ateur: voir i-dessous"Congurationsdelamain")

Cpl valeurde opuleen litique

surgit-, -Cpl 5B valeurde opuleen litiquedénotéedans unélémentde signiantdisjointde eluiduradi aloudu lassi ateur (préxe-,-suxe)

x maintien d'unevaleur`x' àune main pendant l'arti u-lation d'autresvaleursàl'autremain

(x) maintienàunemaindelandusignepré édent [x℄ information notée par anti ipation sur la suite ou par

référen eau ontextedel'extraittrans rit

Tradu tion

` ' tradu tion(oupremièretradu tion, littérale)

(= ) tradu tionsupplémentaire,plusrespe tueusedes stru -turesdufrançais

[ ℄ informationre onstruite,maisnondonnéedansl'extrait présenté

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Dé oupe des énon és

Image1 Image2 Image3

1unitéautonome 1unitéautonome

`Tradu tion' Congurations de la main I II r V

B A C 8 50 G S 5gr

5 II

q

Y T

II r

IV B

x

|

5

2xC 2xB 2x5gr

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Dans le texte

[...℄ mot(unitéformelle) ...==... relationsyntaxique

/.../ traits pertinents ( onguration, empla ement, mouve-ment,orientation)

|...| élémentsdesigniant

...||... oupeprédi ative(sujetlogiqueousubstantif||prédi at logique)

`x' valeurmorphologiquex

* formeoustru tureagrammati ale +,++,+++ formerépétée

N motnominal

V motverbal

V

1

verbedugroupe1(ex:regarder) V

2a

verbedugroupe2,sous- atégorie"a"(ex :verser) V

2b

verbesdugroupe2,sous- atégorie"b"(ex:avan er) V

3

verbesdugroupe3(ex:faire-partir) V

4

verbesdugroupe4(ex:jouer)

Sourdvs.sourd utilisationdelamajus ulepourlenomdésignantle lo- uteurd'unelangue signée et indiquantl'appartenan e àla ommunautédesSourdsetàsa ulture

signeur utilisationdumas ulin ommegénériquepour"signeur" et "signeuse"

ligne1,3 troisièmeimagedelapremièrelignedetrans riptionde l'exemple

ASL langue dessignesaméri aine BSL langue dessignesbritannique DSL langue dessignesdanoise GSL langue dessignesallemande ISL langue dessignesisraélienne LSA langue dessignesargentine LSB langue dessignesbrésilienne LSC langue dessignes atalane LSF langue dessignesfrançaise

LSFB langue dessignesfrançaisedeBelgique NGT langue dessignesnéerlandaise

SSL langue dessignessuédoise VGT langue dessignesamande

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Les her heursontadoptédiérentespositionsen equi on ernelestraits om-munset lesdistin tionsqui ara térisentleslangues signéeset orales,d'unepart, et lesdiérentes langues signées entre elles, d'autrepart.Durantla période `pré-moderne',avantledébut desre her heslinguistiques dans e domaine,`lalangue dessignes'étaittraitée ommeunelanguegestuelleuniverselleet primitive.

Durant lapériodemoderne(après la révolution homskyenne), il y eutun fort désirdemettrel'a ent,au-delàde ladiéren edemodalité,surl'équivalen edu statutlinguistiquedeslanguessignéesetdeslanguesorales.Cependant,lestravaux plusré entstendentàre onnaitrequ'ilexistedesdiéren estypologiques systéma-tiquesentre leslanguessignées et leslanguesorales,provenantprin ipalementde l'interfa eentrelaformelinguistiqueetlamodalité.Lesstru turesphonologiqueset morphologiquessedistinguent,dèslorsqueleslanguessignéesse ara térisentpar unniveau relativement élevé,par rapport auxlangues orales, de orrespondan e systématique entre la forme et la signi ation (i oni ité ou motivation visuelle). Certains traits grammati aux distinguent aussi les deux modalités de façon sys-tématique: les languessignées utilisent l'espa eàdes nsgrammati ales, optant pour une syntaxe àtrois dimensions, tandisque leslangues orales re ourentà la linéarisation et à l'axation. D'autresdiéren es proviennentdes propriétés des arti ulateursetdessystèmesdeper eptionvisuelleet auditive.

L'observationde esdiéren esa onduitré emmentaunnouveau hampd'étude qui vise à déterminer jusqu'a quel point les propriétés typologiques ontrastives entreleslanguessignéesetoralesimpliquentquelathéorisationlinguistiquetienne ompte delamodalité(visuo-spatialeouaudio-orale).Lamodalitévisuo-spatiale peutinuen erlastru turephonologiqueetmorphosyntaxiqueetelleaunimpa t dans ertainsdomainesd'expressionlinguistique.Ce is'applique parti ulièrement auxexpressionssignéesqui utilisentl'espa epourexprimerdesrelationsspatiales etd'autresrelations.Lessimilaritésobservéesentreleslanguessignéesbeau oup plusimportantes que elles qui sont repéréesdans les langues orales suggèrent qu'il existe des diéren es fondamentales entre les deux modalités linguistiques. L'espa evisuelentrois dimensionsdanslequelleslanguessignées sontproduites, ainsi que les arti ulateurs mis en jeu permettent une représentation i onique de

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l'informationspatiale,y omprisdelaforme,del'empla ement,dudépla ementet del'a tion.Leslanguessignéesabondenten onstru tionsetentraitsi oniques.

Par rapport aux études onsa rées à l'i oni ité du lexique, relativement peu d'études se sont intéressées aux ontraintes de l'i oni ité dans l'utilisation des prédi ats qui expriment l'empla ement, le dépla ement, et l'a tion. L'analyse de es traits omplexes reste un sujet de débat dans la linguistique des langues si-gnées.Jusqu'àlandesannées70,ledébats'estpolariséautourd'uneanalysede l'imagerievisuelled'un téetuneanalysepurementmorphologiquedel'autre.La premièreappro he propose de distinguer les systèmes grammati auxdes langues signéesetoralesenmontrantquelesreprésentationsvisuellesnesontpasdis rètes, maissefondentsurunensemblede`prin ipesd'analogie'quifont orrespondreles aspe ts ontinus d'unes èneaux expressionssignées. Lase ondeperspe tive,qui s'opposeàlapremière,défendlefaitque,bienquelamodalitévisuo-spatialerende eneetpossibleunsystème dereprésentationsanaloguespluttquedis rètes, les languessignéesneprotentpasfor émentde etavantage.D'autrespositionsplus modérées entre es deux points devue extrêmes sesontré emmentdéveloppées. Ces nouvellesperspe tivesvoientdans leslangues signées une ombinaison d'élé-mentslinguistiqueset gestuels.Lestraits gestuelsreèteraientlesreprésentations imagées, ommelesgestesmanuelsi oniqueset métaphoriquesqui a ompagnent laparoledansleslanguesorales.

C'est dans e ontextequelapubli ationduRegarden languedes signes; ana-phore en LSFB apporte une ontribution essentielle aux débats. Il s'agit d'une étude innovatri e de la LFSB qui propose une nouvelle appro he de l'étude des expressionsdéi tiquesetanaphoriquesdansleslanguessignées.Lauren eMeurant prend ommepoint de départ lesmodèles théoriquesde lalinguistique française, quidièrentdesmodèlesaméri ainset (à undegrémoindre) desmodèles britan-niquesqui ontétéappliqués àlaplupart desétudessurleslanguessignées. Cette étudeintroduit lele teur anglo-saxonàdesthéoriesqu'ilne onnait pas,et ette introdu tionestl'unedes ontributionsimportantesde etteétude.

Dans lemodèleproposé,unrleessentielestattribué auregarddanslerapport qu'ilétablitave lesparamètresmanuels: 'estl'intera tionentrelesdeuxquiest au fondement de la onstru tionde la référen e. Cet a ent fournit de nouvelles perspe tives pour lesspé ialistesdes langues signées. Il ontribue aussi àfaire le lien ave des études ré entes qui soulignent les diérentes modalités que met en jeula ommuni ationhumaineentête atête, en equi on ernelaprodu tionet laper eptionsensorielleintégrée.Lalinguistiquedoiteneet onsidérerlerledu regardet desgestesparrapportàdesquestions ommelesexpressionsdéi tiques dansla ommuni ationentêteatête,dansleslanguesorales.

D'autresse tionssont onsa réesàladistin tionentrelesnoms etlesverbes,à la lassi ationdesverbes,aurleetaustatutdes` lassi ateurs',et .qui, d'une part,introduisent euxqui s'intéressent àla LFSB (enseignants,interprètes, par exemple)àlalinguistiquedeslanguessignées,etqui,d'autrepart,servent d'intro-du tionàlaLFSBpourleslinguistes.Nousespéronssin èrementque etravailou

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d'autresre her hesdeL.Meurantserontpubliésenanglaisanqueles her heurs quitravaillentsurleslanguessignéesdé ouvrentsonappro he.

D'uneé ritures ientiqueéléganteetpré ise,l'ouvragequ'onvalireseprésente dèsl'abord omme unexer i e d'exa titude philologique(re ueil et examend'un orpussigné)et ommelatra ed'unequalitésubtilederelationave destémoins héritièreen eladelatraditiondel'enquête diale tologique ommede l'anthropo-logie ontemporaine.Cher heuretsujetsdere her heysontenjeumutuellement: d'unpointdevueso iolinguistique,voi iuntravailquifaitdroitàune ommunauté linguistique signante, dont les traits d'altérité ont souert de terribles désaveux. Nuldoutequ'édu ateurs,formateursd'enseignantsspé ialisésoupsy hologues li-ni ienssauront,de e travail,intuitionnerettirer beau oup defé ondité.

De tels eetssuivrontdelarigueurave laquelle l'auteurs'est approprié,outre des on eptsd'usageenlinguistiquedeslanguessignées,desthèmesdelinguistique générale: montrant eque l'étudedeslangues designesapporteàla ompréhen-siondeslanguesorales,etarti ulantlesdomainesdelamorphologie,delasyntaxe et desthéoriesde l'énon iation.Voilà don unouvragemarquédu s eauque for-mulaitJ-Cl.Milner(Introdu tionàune s ien edulangage): toutgrandouvrage delinguistique estuntraitéd'épistémologie.Lalinguistiquenetired'autreappui, pour onstruire sesdis ernements,quede lalanguemême, elle ommen e par re- onnaître, si minimalement que e soit, l'analyse que la langue opère, selon une réexion,rappeléedansl'ouvrage,deG.Guillaume : enre onnaissantoùet om-mentlalanguesegmente(oùledis retd'unedis riminationsesubstitueàunux), oùet ommentelleex lut equiseraformellementmalformé(épreuved'unréelen tantqu'impossibleàdire),oùet ommentelleoppose et orrèletelle formeàtelle autrepossible.C'est làlerepéraged'unedynamique d'opérations(diéren iation, segmentation,intégration, omplémentarisation,permutation,et ),jusqu'àlamise enlumièredediversesformes"vides",i iappeléeszéros.D'oùsuituneré usation dusens ommun, ontrelequel,disaitG.Ba helard,las ien esefait,etquiaurait imposé laforme sensible ommeréféren ede la formeintelligible. Or,justement, l'é rituredes ien eet 'estenquoi,selonlemotdeFreud,yestenjeuunprogrès delaviedel'espritdéfaitlesillusionsdesapparen esimmédiatesenfaveurd'une primautédu formel. CommeBa helard, Granger(épistémologues), Gori (psy ha-nalyste),Milner(linguiste),et d'autres,l'ontmontré,letravaildela onnaissan e s ientique onsistepré isémentàdégagerle on eptdesesar héologiesmythiques, despréjugésd'éviden e,del'amphibologiedespratiquesquotidiennesdelaparole, pourproduireunsystèmesymboliqueordonnéparunethéorie.Lare her hequ'on valire ultiveéminemment etteéthiquedurenon ement,pourlajoied'une intelli-gen erenouvelée.C'estsousuntelangled'appro heque,parexemple,l'opposition linéarité/simultanéitéestdébarrasséedetoute onsidérationphysiqueou arti ula-toire,pourn'êtretraitée queselonune analysedestru tures formellessigniantes (morphologie,syntaxe,dis oursrapporté,autonymie,personnegrammati ale).Et parlà,parexemple,setrouventre tiéesbien desreprésentationsde e qui peut distinguer langues orales et langues de signes.Par là, les spé i ités de es

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der-nières(utilisation del'espa e,multipli itédesarti ulateursmains,regard,visage et orps) sont armées omme manifestations originales de la apa ité humaine de langage. Autre exemple ara téristique: "les frontières par où s'identie une stru turesyntaxiquenepeuventêtreétabliessurau unélémentmanifeste,positif, prispourlui-même. Maisplus en ore: esfrontières nedélimitent passeulement equi est grammati alet equi est agrammati al,maisaussi séparentdes stru -tures formées sur des régularités distin tes [...℄ La des ription syntaxique prend la gure d'un vaste réseau de rapports entre stru tures dont la seule dénition estoppositive."Un telpar oursargumental ontrasteave desmodeslinéairesde raisonnement,lesquelsvoientune ontradi tiondans ette bou le danslaquelle la donnéesetrouveintégréedansunsystèmequ'àsontourelleintègre.Maisl'espa e delalogiquenefaitpasi ifon tiond'interprétantvéri onditionnelexterne.Trois opérationsfondamentales,nerelevantniduvrainidufaux,organisentla des rip-tion:segmentation,diéren iation,intégration.Horstoutan rageontologique,de sorteque ettelinguistiquenesauraitprendreallurehypothéti o-dédu tive.

Un tel par ours argumental expose la sui-référentialité du langage omme une propriété fondamentale. Parexemple, la polyphonie de l'instan e énon iativeen tantqu'arti ulée à trois syntagmesanaphoriques,l'anaphore pseudo-déi tiqueen tantquemiseenrelationdedeuxvaleursanaphoriques,oul'espa equalié omme stru ture grammati alequadripartite. Tel est don e type depensée dé- entrée, nonréféren iéeàquelquean rageontologiqueprimaireouprimitif.Maisoùletout dusystèmeest plongéen ha unde sestermes,où haquepoint,rigoureusement, devientunn÷udtopologique,oùtoutest onnexesans onfusion:"touty onue ettouts'enredistribue",ouselonl'aphorismedeM.Serres,"toutpoint ontientle graphe".Il y aprogression, il y a suite de raisons où haque étape importe à la suivante,etenmêmetemps, haquethèmeabordéestporteurd'unoudeplusieurs autresdéveloppements:sisimpleetsibou léqu'ilapparaisseenpremière présen-tation, haque hapitreest toujoursuneinterse tion.

Telleestaussil'expérien eintelle tuelled'épistémologieàlaquellel'ouvragequ'on valireinvite.Et efaisant,ensafa ture ommeenses ontenus,ilpermetdefaire une expérien e radi alede e qu'opère le langage omme puissan ed'analyse,de equeleslangues signéesa ueillentenelleset transmettentd'humanité.

Ben ieWolletJeanGiot 1

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Une position sert de point dedépart à ette étude : elle de onsidérerque les langues signées illustrent, selon le même prin ipe que toutes les autres langues, la apa itélangagière.Lesmodalitésvisuo-gestuelleetaudio-orale,autrementdit, sontdistin tes,maistoutesdeuxidentiquementinvestiesparlelangage.Ce postu-lats'opposedemanièreradi aleàl'idée,en orelargementrépandue,quela langue des signesserait un ode de ommuni ation pantomimique, inventé à l'intention de euxqui n'entendent pas.L'utilisation du singulier reète lefantasme de Ba-bel qui nourrit ette fausse idée : il semble évident, dans ette perspe tive, que la langue des signes est universelle. Une autre idée reçue qui, de lamême façon quelapremière,a ontribuépendantlongtempsàpla erleslangues dessignesen deçà du hamp d'intérêt de la linguistique, est qu'unelangue signée onsisterait en la onversiongestuelle, mot à mot, d'une langue orale. Les premiers travaux linguistiquessurleslanguessignées,quis'inaugurentave l'étudephonologiquede W.Stokoe(1960)auxEtats-Unis,ontétémarquésparlané essitéd'aronter es "obsta lesépistémologiques"résistants(Ba helard,1938).

Dans e ontexte,les auteurs ontdû prouver lestatut linguistique des langues signées: equi, i i,estposé ommeunpostulat, onstituaitalorslathèse des au-teurs,démontréeessentiellementparlamiseenéviden edesressemblan esentreles languessignéesetleslanguesorales(Vermeerbergen,2006,pp.2-3).Enopposition à ettepremièreattitude,quivisela ompatibilitéentrelanguessignéesetlangues orales,d'autresauteurs adoptentune se ondeposture: elle- i prendpour hypo-thèsededépartqueleslanguessignéessonttellementuniques,dansleurstru ture, queleurdes riptionnepeutprendreappuisuruneanalogieave leslanguesorales (Karlsson,1984, ité parVermeerbergen (2006,p. 3)). Lestravaux deCuxa sur lalanguedessignesfrançaise(LSF)peuventêtreasso iésà ette se ondeposition théorique:en onsidérantquelastru turedelaLSFsefondeessentiellementsurle prin ipedel'i oni itéquileur onfèrelapossibilitéde"montrer,d'illustrer, d'imi-teretdedireenmêmetemps"(2000,p.20),l'auteurdé larel'inaptitudedesoutils théoriques, onstruitspourl'étudedeslanguesorales,àdé rireleslanguessignées dansleurspé i ité.

Lapositionquenousadoptonsauseinde etravailréaménagequelquepeu ette di hotomie.Sionadmet, ommeunprin ipededépart,quelamodalitéaudio-orale n'estniplusnimoinsprédisposéeàsupporterl'a tivitélinguistiquequelamodalité

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visuo-gestuelle,il est dès lorsattendu de tout modèle théorique du langage qu'il permette d'expliquer aussi bien sa réalisationsignée que sa réalisation orale. Si, dans etteoptique,nousnousautorisons,pourguidernotreexamend'unelangue signée, àre ourirà desmodèlesde linguistique générale, onstruits audépart de lades riptionde langues orales, 'est aussi,dans leretour dumême mouvement, pourétudierlarésistan ede esmodèlesàl'épreuvedudépla ementde modalité linguistiquequ'imposelapriseen ompte deslanguessignées.Les ara téristiques quifontlaspé i itédeslanguessignées,dontprin ipalementl'utilisation de l'es-pa e, la multipli ité des arti ulateurs(les mains, le regard, le visage et le orps dusigneur)et,dèslors,lapossibilitéd'arti uler simultanémentplusieurséléments linguistiquesdistin ts, neserontni ignoréesni minimiséesdans ette étude.Mais ellesseront onsidérées ommeautantdemisesengarde ontrelapositivation des donnéesdelangue :leson,lemouvementetl'espa e misenjeu parlaprodu tion linguistiqueseronttenuspourdesmanifestationsvariéesd'unemêmeanalyse impli- ite,quel'ondénommeragrammati alité.L'expli ationgrammati aledelalangue signéeétudiéei isera onstruitedansuneperspe tive ontrastiveave lefrançais.

Le par ours quepropose ette premièreétudede la langue dessignesfrançaise deBelgique(LSFB)suivra ommeguideprin ipalleregarddusigneur.L'ouvrage sediviseensix hapitres,répartisentroisparties: (I)"Deladeixisàl'anaphore" ( hapitre1),(II)"Elémentsdemorphologieetdesyntaxe"( hapitres2à4)et(III) "Stru turesanaphoriques: syntaxeetpragmatique"( hapitres5et6).

La première partie (`De la deixis à l'anaphore') s'atta hera à déterminer le statutdu regarddans lastru ture dela LSFB :peut-onle onsidérer omme un élément linguistique? son omportement est-ilrégulier? quelles en sont les om-posantes pertinentes? L'étude du système des pronoms personnels de la LSFB, é lairéede lathéoriedes onversions dialogiquesdeCoursil(2000), montrera que 'estdanslarelationspatialeétablieentrelesmainset laligned'adresseduregard quese onstruisentlesindi es personnelsen LSFB, onvertiblesenvaleurs gram-mati alesdepersonne.L'adresseduregardseradèslorsenvisagée ommeouvrant le hamp de l'énon iation. En somme, le regard adressé du lo uteur sera déni ommele pointde repère au départ duquel se onstruit le hamp des référen es déi tiques.En ohéren eave etteproposition,ons'interrogeraensuitesurle sta-tutdesformes danslesquelles l'adresse duregardsetrouveinterrompue,soit par unregard entré sur l'espa e situé devant le signeur, soit par une fermeture des yeuxouunregard entrifuge,fuyantversl'extérieurdu orpsdusigneur.Cesdeux typesd'interruptioninaugurentdeuxespa esderéféren es déta hésdu hampde l'énon iation, quel'on qualiera d'anaphoriques; tousles deux sont sus eptibles, parailleurs,deservirdesupportàuntroisièmetypedevaleurs,quiseradénommé anaphore pseudo-déi tique. L'un desespa es anaphoriques évoqués i-dessusa la parti ularitédeprovoquerlagrammati alisationdu orpsdusigneurlui-même,qui produitl'eeti oniquedé ritparCuxa (2000)entermesde`transfertpersonnel': unpersonnageduré itsemblemisens èneautraversdu orpsdusigneur.Grâ e àlapriseen omptedelarelationentreleregardetlesmains omme ritère

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d'ana-lyse,une expli ationgrammati ale dutransfert personnel est rendue possible: le repérage des référen es sur le orps du signeur, asso ié à la mise en suspens de l'adresse duregard, seradé rit ommeproduisant une neutralisation des opposi-tionsdepersonne,quisous-tendl'eeti oniquedutransfertpersonnel.

Latroisième partiedel'ouvrage(`Stru turesanaphoriques:syntaxeet prag-matique')se on entrerasurtrois onstru tionsdelaLSFBoùlesformesde trans-fertpersonnel(ave leur omportementduregard ara téristique)setrouventprises dans une stru ture de référen e interne qui, du point de vue de son fon tionne-ment syntaxique, est similaire aux relatives et aux omparatives du français et qui, ommeelles,produit une lturesémantiquedel'énon ésurlui-même( f.La pomme qu'il ramasse : il ramasse quoi? lapomme; Il travaille plus que je ne le fais:jefais=jetravaille).Ladénitiondutransfertpersonnelentermesde neutra-lisationde la valeurde personnenesutpasàexpliquerla lturesémantiquede esstru tures: d'autres onstru tionsexploitent lesformesdeneutralisation per-sonnellesanspourautantsus iterlemêmeeetdebou lageinternedusens.Pour rendre ompte de ettespé i ité,on proposeralanotiond'anaphore syntaxique. Troisstru turesdelaLSFBillustreront ettemodalitéparti ulièrederelation syn-taxique,etserontensuiteétudiéesd'unpointdevuepragmatique.Ilapparaitraque lanotiondeneutralisationpersonnelle oreaussilapossibilitéd'expliquer e qui, formellement,induit l'eet sémantiquedu "point devue" que sus ite letransfert personnel.La omposition énon iativedes troisstru tures d'anaphoresyntaxique seraassimiléeau fon tionnement dudis ours indire tlibre. En ohéren e ave la distin tionproposéeparDu rot(1984a)entre lesinstan esdel'énon iateuret du lo uteur,onmettraenéviden e lané essitédedistinguerlestransfertspersonnels onstruitssurlaneutralisationdelavaleurde personne, d'unepart,desprisesde rle ara téristiquesdudis oursrapportéaustyledire td'autrepart.

L'arti ulation de es deux parties repose sur un outil fondamental, àsavoir le adrethéorique de l'Anthropologie linique, ouThéorie de la médiation, onçu et élaboréparGagnepain(1995);ilseraexposépuismisen÷uvredansladeuxième partiedel'ouvrage.

L'Anthropologie linique onsisteenuneentreprisedefondationépistémologique et s ientique des s ien es humaines, qui repose sur la dé onstru tion de la rai-sonhumaine en quatre fa ultésdiérentes, expli ables indépendamment l'une de l'autremêmesi,empiriquement,ellesinterfèrenttoujours.Ils'agitdequatreplans d'analyseenlesquelssedira tel'humain:la apa itéd'analyserstru turalement l'expérien eper eptuelle, 'est-à-diredeparler,derendrelemondeintelligible(la grammati alité ouledire);la apa itéd'analyserstru turalementlesmouvements, 'est-à-dire d'utiliser des outils, d'arti ialiser ses opérations (la te hnique ou le faire);lafa ultéd'analyserstru turalementlaviedel'espè e, 'est-à-diredevivre ontra tuellementet d'histori isersondevenir (l'ethnique ou l'être);et la fa ulté d'analyserstru turalementsespassions, 'est-à-diredese ontraindremoralement, derationnersesplaisirs (l'éthique ou levouloir) (S hotte, 1997,pp. 157-158).Ce gesteépistémologiquededé onstru tiondel'objetanthropologiquepermetdeposer

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laquestiondulangagier(quifaitl'objetdelaglossologie)entantqueproduitd'une apa itéspé ique,ayantsonordreexpli atifpropre,etdedémêler ettequestion de ellesquiluisontin identeset ressortissentàd'autresraisons,àd'autres prin- ipes.Ainsi,l'ordreexpli atifde haque apa iténeserapas onfonduave equ'il metenforme:

"Les apa ités te hniques, il est vrai, se manifestent à l'é riture mais aussipar exempledans l'habilitédu uisinier, laquelle n'arien de lin-guistique;les apa itésso ialessemanifestentdansl'adoptiondesrègles d'une ommunautélinguistique,maisaussiparexempledans l'é roule-mentdumurdeBerlin,événementquin'ariendelinguistique;les apa- itésmoralessemanifestentdanslemotd'espritmaisaussiparexemple danslejeûne,lequeln'ariendelinguistique.Bref,quidit"langage" glos-sologiquement,neditpasé ritureoule ture,neditpaslangueouvision dumonde ommune,etneditpasallégorieousatisfa tionobliqued'un désir de dire. Il ne dit rien d'autre que "grammati alité" réinvestie". (S hotte,1997,p. 159)

La glossologie onstitue en e sens une dé onstru tiondu tout global qu'est la langue,etla onstru tiond'unobjetdes ien e,lelangage.Le on eptde "réinves-tissement", évoquéà lande la itation, introduit une deuxième hypothèse en-traledumodèle,quiarti uleaugestededé onstru tion eluid'unedépositivation del'objet. Cettehypothèsearme quetout phénomène humainsefonde dans la sous-ja en ed'unre ulanalytique:que esoitdanssondire,sonfaire,sonêtreou sonvouloir,lerapportdel'hommeaumonden'estjamaisdeplain-pied,maispasse toujourspar lamédiation d'uneinstan e négative.Cha une des quatre apa ités humaines est dé rite ommelasynthèsediale tique de deuxphasesantagonistes: elle, impli ite, d'une analyse formelle et elle, expli ite, d'une performan e qui sefonde sur etteanalyseformellepourla ontredire.Parler,dèslors, 'est d'une partsignier, parl'analyseformelledusigneet d'autrepart,simultanémentmais ontradi toirement,sémantiser,parréaménagementdusigneenadéquationave la situationdeparole(Jongen,1993,p.24).Onlevoit,laglossologieestune linguis-tiquedusigne,dansl'héritagesaussurien.Maisladénitiondiale tiquequ'yreçoit lesigne onstitue un apport original au programme deSaussure; elleoreaussi, d'ailleurs, le moyen de on evoir sur le mode d'une arti ulation la sémiologie et lasémantiquequeBenveniste maintenaitséparées.Lelo uteur( 'est-à-direavant toutle "sujetentendant", selonCoursil)est enmême temps apable demaitriser unestru ture,faitederapportsentreélémentsabstraits,etd'appliquer ette stru -tureà lasituation, selonles ir onstan esde parole : de ette manière,il dit un mondemédiatiséparsonabstra tiongrammati ale.

Lelinguistequi her heàrendre omptedel'organisationgrammati aledu lan-gagier nepeut lefaire que sur l'exemple detelle outelle langue parti ulière, qui donneune existen eso iologiqueàla apa itédelangage.Cependant,l'hypothèse de travail qu'est la théorie de la médiation (Allaire, 1982, p. 63) lui permet de on evoirdistin tement,danssesexemples, equienfaitdesillustrationsdu

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prin- apa itédelangage englossologie;topique dudialogue hezCoursil),d'unepart, et equilesspé ieidiomatiquementparrapportàd'autresmanièresde signi a-tion(questionsaussuriennedeslangues;leslangues ommerésultatdel'in iden e dela apa itéso io-logiquesurla apa itéglosso-logique),d'autrepart.C'estdans etteoptiquequedoits'envisagerlaperspe tivedelinguistique ontrastivequisera adoptéedans etouvrage.Dela omparaisonentrelaLSFBetlefrançaisressortent tantl'identité des opérationslangagièresqu'illustrentles exemples hoisisque les spé i itésparlesquelles haquelanguelesréalise.

Parailleurs,l'hypothèsedel'arti ulationdiale tiqueentreanalyseetperforman e donne au grammairienla tâ he d'expli iter lastru ture impli ite et in ons iente qu'estla formegrammati ale sous-ja ente àtoute produ tion de sens. Etelle lui impose, ommeune exigen eméthodologique, d'élu ider ette forme impli ite en prenantsoindenepasla onfondreave laperforman eexpli itequi,pré isément, selonla mêmehypothèsediale tique,la réaménageenla ontredisant.C'estdans etteas èsedusensqueles hapitres3et4tenterontde onstruireuneexpli ation dufon tionnementmorphologiqueet syntaxiquedelaLSFB.Le hapitre2,quant àlui, développerala présentation dumodèle de la glossologie: le "signe" ysera présenté omme onstituédedeuxfa es,autonomesetré iproques;lamorphologie etlasyntaxeyserontdé rites ommedeux opérationsformelles,inverseset om-plémentaires,maisnon hiérar hisées.

Nousre ourronsà etappareilthéoriqueetméthodologiquequ'estlemodèle mé-diationnistepourtenterderendre ompte, dansladeuxièmepartiede ette étude, de laforme stru turante qu'est la LSFB. Ce faisant, nous savonsque nous nous exposonsaumoinsàdeuxdangers,quenousnepourronsprévenirqueparune vi-gilan ede haqueinstant.Lepremier onsisteraitàimporter,auseindel'analyse, des atégories ommunémentadmises,maisquiseraientétrangèresaux atégories queproduit la langueelle-même, et dès lorsarti iellementprojetéessur elle.Le deuxièmedanger,d'autantplusmenaçantquenotrelangueestlefrançais,seraitde fonderl'expli ationdufon tionnementgrammati aldelaLSFBsurnotre ompré-hension, française,de sesénon és. Deux garde-fous sont ànotre disposition pour éviter es pièges : l'interrogationsystématiquedes notionset atégories utilisées, etlamiseenrelation onstantedesformeslinguistiquesentreelles.C'estainsi, no-tamment,queserainterrogéelapertinen edesnotionsde`nom'etde`verbe'pour unedes riptiondelaLSFB.C'est ainsiégalementquenousrevisiteronslanotion de` lassi ateur' : elle- i fait l'objetde ontroversesdans le hampdes langues signées,maisellereposeenfaitsur desnotionsqui sontrarementdénissablesau seindesmodèlesquienfontusage(onpenseàlanotionde`prédi at',dans eque l'onappellera i i, parsimpli ation, la "traditionanglo-améri aine"et à elle de `lexiquestandard', hezCuxa ).

C'est parl'eet de esgarde-fous,aussi,que ette re her hes'est onstruitepar denombreuxretoursetre ommen ements,etqu'ellenepeutêtreenvisagée omme untrajetlinéaire.D'unepart,le ara tèresystémiquedugrammati alimposeàla théoriequiveutenrendre omptededépla ertouteslespiè esdujeuqu'ellepose,

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dès lorsque l'une d'elles semble devoir être modiée, ou qu'une autre, jusque-là ignorée,manifeste saprésen e. A plusieursreprises, ladé ouverte d'unenouvelle régularité,oularen ontre d'exemplesfaisantrésistan eàl'analyse préalablement élaborée,nousaamenéeàdémonterunouplusieursétagesdel'ouvrageen ours. Sansdoute,lapoursuitede etravail amènerait-elled'autresdépla ements;nous espérons ependant pouvoir mettre à prot, sans les trahir,les outils théoriques etlesguides méthodologiquesdontnous disposons,pourproposer uneanalysede laLSFB qui soit é lairante par sa ohéren e, même si elle s'expose, omme tout travaildere her he,àn'êtrequ'enattente d'unréaménagementet d'une falsi a-tion.D'autrepart, lalinéarité dutextefait obsta leàla onstru tion d'unetelle analysesystémique;ellefor e,àdenombreuxmoments,àanti iper,sanspouvoir lejustierimmédiatement,sur lasuiteduraisonnement.Lamanifestationlaplus frappantede ette ontraintedelinéaritédutexteapparaitdanslaprésentationdes exemplesdu orpus:les hoixdetrans riptiondesexemplesprésentésaupremier hapitresefondentanti ipativementsurlesanalysesétabliesprogressivementdans ladeuxième partie dutravail.Il seraiten eetillusoire de roireen lapossibilité defaireunedes riptiond'énon ésquinesoit pasdéjàuneanalyse.

Lalangue sur laquelleporte etteétudeest lalangue dessignespratiquéedans la ommunautédes Sourds de laCommunauté française de Belgique,par 5000 à 6000 signeurs. L'abréviation LSFB, utilisée dans les dé rets o iels on ernant ette langue, vaut pour "Langue des signes française de Belgique"; depuis peu, laFédérationFran ophonedesSourdsdeBelgique(FFSB)utiliseplutt"LSBF", pour"LanguedessignesdeBelgiquefran ophone".Cesdeuxappellationssignalent lare onnaissan ed'unediéren ed'usagelinguistiqueentredeux ommunautésde Sourds,quel'onpeutqualiergéographiquement omme"duNord"et"duSudde laBelgique",sil'on onvientdenepasentrerdansledétaildu hevau hementetdes non- oïn iden esentrelesfrontièreslinguistiques, ommunautairesetrégionalesqui ara térisent epays.Lalangue dessignesutiliséeparlessigneursduNordde la Belgiqueest appelée"VlaamseGebarentaal"(VGT) (Vermeerbergen,2004).

Le orpusétudié est onstitué deprodu tions d'adultes sourds,de Bruxelles et delarégiondeNamur.Notreinformatri eprin ipale,ChantalGerday,aparti ipé à toutes les étapes de la onstru tion du orpus; les autres informateurs, Caro-line Ahn, Olivier Deville, Daniel Gretzer, Fatiha Mettioui, Dominique Meunier, BrunoSonnemansetMarieZegersdeBeyl,ont ha unréaliséuneouplusieursdes tâ hes,essentiellementdenarration,proposéesàChantalGerday.Enoutre, Cathe-rineWauthieraa epté d'êtrelmée lorsd'uneséan ede onteriespour enfants. Le ÷ur du orpus est fait des ré its que les informateurs ont signés, au départ soit d'histoires illustrées,soit de dessins animés, ainsi que de quelques tâ hesde des ription(d'une s ène,de l'agen ementd'un espa e)fondéessur desimages ou surdesdonnées onnuesdesinformateurs(dé riresonlieudevie,sonlieudetravail ouuntrajet).A au unmomentlesprodu tions n'ontétésus itéespardes textes oumêmedes énon ésfrançais.Ces ré itsenregistrés ontensuite eux-mêmesservi de support à d'autres produ tions : les signeurs ont parfois été interrogéssur la

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possibilitéde modier telle onstru tion,sur ladiéren eentre deuxexpressions, sur la possibilité de varier telle ou telle omposante d'un signe, sur le statut de telle variationrepérée dansle matérielvidéo.Ce travail surla langue ave les si-gneurs s'est onstruit dans une dynamique arti ulant ré ursivement, pour nous, dé ouvertes, interrogations,hypothèseset véri ations; il ne s'agissait pas, pour lesinformateurs,de parti ipereux-mêmes àl'élaborationthéorique desquestions et de l'analyse, mais de larendre possibleen répondant ànos interrogations,en jouantlejeu destransformationsetmanipulationsd'énon ésquenousenvisagions ommemoyensd'investigation. Quelques séquen es vidéoont, elles,été sus itées par des questions plus métalinguistiques : "peux-tu inventer un énon é ave tel verbe?peut-ony transformertelle omposante detelle manière?est- eque telle autreformeadmetlamêmevariation?et .".

N'ayantpasnous-mêmelaLSFB ommelanguepremière, ettemodalitéde tra-vail,ordonnéesurlafréquen edesren ontreset surla ompositionprogressivedu orpus, nous a semblé être la plus adéquate. La disponibilité et la patien e des informateursontétélesingrédients onstantsetindispensablesde etravail;qu'ils ensoient haleureusementremer iés.

Dans une telle démar he, on voit que e qu'on appelle les "données" ne sont en fait à au un moment des ob-jets, posés devant les yeux du her heur. Elles sont onstruites parla demande adressée à l'informateur, elle-même sous-tendue parune hypothèseouseulementune intuition;leurmiseenrapportave d'autres séquen es onrme ouinrme l'hypothèse de départ,et fait évoluerle statutdes éléments dans l'analyse en ours. Laprésentation des extraitsdu orpus dans le textetémoignedel'analysedontilssontinévitablementempreints,et e,àdivers niveaux.

D'abord,lesséquen essontdé oupées,deuxfois.D'unepart,ellessontextraites d'un ontextepluslarge:dansle ontinuumduuxgestuelenregistré, ette extra -tionposeunepremièredé oupequen'expliqueau unedonnéematérielle(arrêtdu gesteouposition physiquedesmains, parexemple),maisqui estdéjà unpremier gesteanalytique.D'autrepart,ellessontreprésentéesparunesu essiondephotos, séparéesgraphiquementsurlepapierpardesblan set,dans ertains as,destraits verti aux.Cestraitsmarquentlesfrontièresde eque,àpartirdu hapitre2,nous appellerons"mot","unité"ou"segmentgrammati alementautonome".

Ensuite, les séquen essontglosées,dans unsystème multi-linéaire. Nousavons faitle hoixdenoterlesvaleursgrammati alesdénotéesparles omposantesdu re-gardetdesarti ulateursmanuels.Lapremièreligne,souslesphotos,estattribuée au regard; la ligne ou les deux lignes suivante(s), selon les as, on erne(nt) les omposantesmanuelles(uneseuleligneestutiliséesiuneseulemainesta tiveou silesdeuxmainspeuventêtretraitéesdemanièreunique;deuxlignessontutilisées lorsquel'arti ulationde haquemain,identiqueoudiérente,parait importante à signaler). Là en ore, il s'agit d'une é riture, par laquelle sont abstraits ertains éléments seulement de la globalitéd'un mouvement.Parexemple, les è hes qui trans riventles omposantespertinentes duregardsontprin ipalementordonnées

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suruneoppositionentreè heau orpsdouble(

m

)etè heau orpssimple(

l

,

ւ

,

ց

,et .) :le premiertypemarque e quel'on appellera le"regardadressé",alors quelese ondtypemarqueunregardquin'estpasanalysé ommetel.Ladire tion de ha unedes è hes n'est qu'uneapproximationde ladire tion physiqueprise parle regard; sa fon tion est de fa iliter la le ture de la glose. La trans ription desélémentsmanuelsre ourtàdesmotsoudesabréviationsdufrançaisqui repré-sententlen÷udlexi aldelaforme; esmotsouabréviationssonta ompagnésde signes(dontle ode sera expliqué i-dessous) qui notent diérentes informations grammati alementasso iéesà en÷udlexi al.Ilestévidentquel'identi ationde esélémentsesten oreleproduitd'uneanalyse.

Enn, les exemples sont a ompagnés d'une tradu tion française. Autant que possible, ettetradu tion her heàêtrelapluslittérale, 'est-à-direlaplusdèle à e quenous repérons de lastru ture dela LSFB. Dans ertains as, la tradu -tionestdédoublée: unepremièreversion,assezdèle àl'organisationdel'énon é dedépart maisparfoisagrammati aleen français,esta ompagnéed'une version moinsdèle, maisgrammati ale.Dans tousles as,latradu tionest prévuepour aiderlale ture;maisilfautaussil'envisager ommeunpiègepotentiel,aussibien pourlegrammairienquepourlele teur,quidoiventl'unetl'autrerestervigilants pournepasla onfondreave une analysedelaLSFB.

Le le teur peut trouver l'ensemble de es exemples sous forme de vidéosdans ledisque DVD qui se trouveen annexe au présent volume. Les séquen es ysont rangéesselonl'ordredeleurapparitiondans ha undes hapitresetsontdésignées parlenumérodegureauquelelles orrespondentdansletexte.Dans ertains as, lorsque l'exemple est situé dans son ontexte pluslarge, le lip vidéo alterne les passagesennoir etblan etles passagesen ouleurs; l'extraiten ouleurs orres-pondalorspré isémentàl'exempleinséréet ommentédansletexte.

L'invitationquiesti ifaiteestdon ellederé-éprouver,auregardd'unelangue signée, ledeuilde "l'objet langue"qui, globalement, nesaurait onstituerl'objet d'une s ien e, et de se résoudre à ne rien pouvoir onstater du langagier, mais seulementdesedonnerlesmoyensd'éprouverlaformalisationqu'estlagrammaire.

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Regard, deixis et anaphore

C'estàpartirdu momentoùdeux regardss'a eptent mutuellementqu'ilyaun"je"etun"tu"-don un"il". (Y.Delaporte)

Ce hapitreouvrel'étudedelaLSFBenétudiantlerlejouéparleregarddulo uteur dans la onstru tion de la référen e. On montrera que l'adresse du regard à l'allo u-taire onstitue le repère au départ duquelles indi es manuels sont onvertis en valeur depersonne. Cette opérationde onversion des pronomspersonnels ouvre le hampde l'énon iation,etdelaréféren edéi tique.Dèslors, l'interruptiondel'adressedu regard sera onsidérée ommeproduisantdesvaleursquisonté artéesdel'opérationdes onver-sions personnelles, et omme ouvrant ainsi le hamp de l'anaphore. Deuxphénomènes seront dé rits omme anaphoriques: l'installation des lo i dansl'espa e etle transfert personnel vers le orps du signeur. Ce par ours entre deixis etanaphore soulignera la systématiquedu omportementdu regardetlané essitéd'étudier elui- ien orrélation ave les paramètresmanuelsdu signe.Ilseraaussil'o asion d'ouvrirdes questionsqui serontautantdebalisespourlasuitedel'étude.

1.1 Introdu tion

Tantt opposées l'une à l'autre, tantt omparées entre elles, l'anaphore et la deixis onstituentdessujetsd'étude fondamentauxpourlare her helinguistique, puisqu'ellessontàla roiséedequestionsaussi entralesque ellesdelaréféren e, delapartdusujetdanslalangue,dela ohésiondis ursiveouen oredela ara -téristique,propreà esystèmesémiologiquequ'estlalangue,depouvoirseprendre lui-même ommeobjet.Lestravaux onsa résà esnotionsdedeixisetd'anaphore

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sont extrêmement nombreux et les problématiques qu'ils roisent sont diverses 1

. Loin de prétendre pouvoir en donner i i un aperçu omplet, nous essayerons de dégagerquelquespréo upationset on eptionsmajeuresquiorganisentle hamp de esétudes,andesituerdans etensemblelapositionthéoriquequenous adop-teronspourentrer dansl'étudedelaLSFB.

Considéréeentantqu'opération,ladeixisreçoit, onformémentà equeprévoit sonétymologie,lesensd'unpro essuslinguistique d'ostension.Ladeixisestalors onsidérée ommeuneopérationpermettantderapporterlesobjetsetévènements dumondeaux oordonnéesdel'interlo ution.Lesexpressionsdéi tiquessont,dans etteperspe tive,lesélémentsparlesquelslalanguefaitréféren eà e quiluiest extérieur.Cette première on eptionde ladeixis amèneà l'opposer àl'opération d'anaphore, par le ritère de la lo alisation du référent (Kleiber, 1986 et 1992). Si les expressions déi tiques renvoient à des entités lo alisées dans la situation d'énon iation,lesexpressionsanaphoriquesrenvoientàunréférentmentionnépar unsegmenttextuel.C'estsur ettedistin tionqueHallidayetHasan(1976)fondent l'opposition entre "exophore", ou "référen e situationnelle", et "endophore", ou "référen etextuelle":il yaexophorelorsque leréférentdel'expressionsetrouve lo alisé dans l'espa e "non dis ursif", 'est-à-direau-dehors du texte, alors qu'il ya endophorelorsque le référent setrouve dans l'espa e textuel. Dans e adre, l'opération déi tique établirait une relation entre la langue et les objets qui lui seraientextérieurset préexistants.Ladeixisseraitainsiàlafrontièreentrel'ordre linguistiqueetl'universnonlinguistiquedesobjets(Zribi-Hertz,1992,p.603)

2 . Mais les prin ipes de l'ostension et de la présen e de l'objet dans la situation d'énon iationposent ertaineslimitesàl'analysedesfaitslinguistiques.Lanotion dedeixis par"exophore mémorielle" de Fraser et Joly (1980, p. 25)souligne que l'exophoreelle-même ( 'est-à-direla référen e àun objet dontle lieu d'existen e estextra-dis ursif)peutfon tionnerinabsentia,etrenvoyeràunobjetnonprésent physiquement,maisseulementprésentàlamémoiredulo uteuretdel'allo utaire. Cetteobservationfait regretter auxauteurs que la notionde deixis soit ouram-mentréduite àlaseule exophoreamémorielle, "quisuppose la présen e ee tive, physique,del'objet désigné"(op. it., p. 26),et,même, quel'onopposeladeixis àl'anaphore : "la deixis exophorique [...℄ n'estqu'un as parti ulier de [ladeixis endophorique℄,dans lamesureoùle " ontexte" linguistiquefait partie intégrante de la "situation",au sens large. L'ostension ontextuelle parait don devoirêtre interprétée ommetransforméedel'ostensionsituationnelle"(FraseretJoly,1979,

1

L'ouvragedeMoreletDanon-Boileau(1992)ore uneprésentationdel'étatdesre her hessur ladeixis, on entréesurlestravauxfrançais.VoiraussilasynthèsedePerdi oyanni-Paléologou (2001),ainsiqueDu rotetS haeer(1995,p.369etp.548)

2

Cette dénition de la deixis s'oppose radi alement au propos de Quine (1953) sur l'"indéterminationdu référent" qui éva ue tout "état de hose ontologique" supposé à la fa-veurseulementdes"engagementsontologiquesd'undis ours"."Cequiexistenedépendpas en généraldel'usagequ'onfaitdulangage,mais equ'onditexister endépend".VoirGiot(2003,

(32)

p.107) 3

. Ainsi,parrapportàla on eptionfondéesur lalo alisationduréférent, la deixis s'élargit doublement : non seulement elle n'est plus atta hée à la pré-sen eempirique desobjets (elle sefonde sur une " ommunauté depensée" entre les lo uteurset non plus sur "l'être-là dumonde"

4

), mais elle s'étend en oreau phénomènedel'anaphore,leréférentd'uneexpressionanaphoriquepouvanteneet être onsidéré omme"présent"danslasituation,viale o-texte

5 .

Lerassemblementdeladeixisetdel'anaphoresousunedeixis ommuneet élar-gie amène Kleiber(1992) à ouvrirune voie d'analyse mémorielle du ouple ana-phore/deixis.Les ritèresdutexteet de lasituation immédiate y èdentlapla e à euxdesaillan e et de nouveauté, amenantune refonte fondamentale des fron-tièresentreanaphoreetdeixis.Eneet,uneexpressionestditeanaphoriquesison référent est saillant, 'est-à-dire si l'interlo uteurle onnait déjà, et déi tique si, au ontraire,sonréférentapparait ommenouveaudans la"mémoireimmédiate" (Kleiber,1991,p.10).L'environnementextra-linguistiqueimmédiat ommeletexte sontdeuxsour esd'alimentationpossiblesdela"mémoireimmédiate".End'autres termes,lathéoriemémorielleindiquequeletextelui-mêmepeutêtretraité omme unespa ederéféren edéi tique (Wiederspiel,1989,p.108).

Selon Benveniste, la deixis onstitue la lef de la onversion de la langue en dis ourset,à etitre, ellesignalel'émergen edelasubje tivitédanslalangue.

"Lelo uteursepose ommesujet,enrenvoyantàlui-même omme je danssondis ours"(1966,p. 260).

"[...℄ je se réfère à l'a tede dis ours individuel oùil est pronon é, et il endésignelelo uteur.C'est unterme quine peut êtreidentiéque dans equenousavonsappelé ailleursune instan ededis ours,et qui n'aderéféren equ'a tuelle.Laréalitéàlaquelleilrenvoieestlaréalité dudis ours.C'est dansl'instan ededis oursoùje désignelelo uteur que elui- is'énon e omme"sujet". Ilestdon vraiàla lettrequele fondementdelasubje tivitéestdansl'exer i edelalangue.Sil'onveut bienyréé hir,onverraqu'iln'yapasd'autretémoignageobje tifde l'identité dusujet que eluiqu'ildonne ainsilui-mêmesur lui-même." (op. it.,pp.261-262).

Laréféren efait don partie intégrante del'énon iation, hezBenveniste (1974, p. 82), et le sujet, en tant que lo uteur, est intégré à ette référen e (1966, p. 255).L'énon iation n'estdon en au un as une fon tion ajoutée auxpropriétés sémantiquesdelalangue;l'instan eénon iativeestintrinsèquementliéeàlalangue elle-même.Lafon tionostensivedes"indi ateurs deladeixis"(1966,p. 262)que sont les pronoms personnels, mais aussi les déi tiques spatiaux et temporels, est alorsà on evoird'unemanièretouteparti ulière:"[...℄ esformes"pronominales" 3

AlasuitedeQuine,l'onpourraitsoutenirl'inverse.Voirlanote2. 4

VoirMoreletDanon-Boileau(1992),etnotammentl'arti ledeD.Caubet-Caronquiopposeune deixisd'e éitéàunedeixisdereprésentationenarabemaro ain(pp.139-150).

5

(33)

nerenvoientpasàla"réalité"niàdespositions"obje tives"dansl'espa eoudans letemps,maisàl'énon iation, haquefoisunique,quiles ontient,etréé hissent ainsileurpropreemploi"(1966,p. 254).

Ladeixis, hezBenveniste,est stri tementinterne àlalangue;sapropriété fon-damentale est elle de la sui-référentialité. Elle se fonde sur l'appareil formel de l'énon iation(Benveniste,1970)dontla atégoriegrammati aledelapersonneest lepremierpointd'appui.La lefdel'émergen edusujetestleje, quidénit "l'in-dividu par la onstru tion parti ulière dont il se sert quand il s'énon e omme lo uteur"(1966, p. 255).Du je dé oulentson é ho,le tu (op. it., p. 260),et les formespluriellesdespronomspersonnels danslesquellesje ettu sontins rits."Je n'emploie je qu'en m'adressantàquelqu'un, qui sera dans mon allo ution untu. C'est ette ondition de dialogue qui est onstitutive de la personne" (ib.). En d'autresmots,pourBenveniste,lasubje tivitésupposelarelationje|tu,ouen ore l'intersubje tivité

6 .

Dans e adre, la troisième personne se voit imputer un statut opposé à elui desindi ateursde deixis,et parti ulièrementpar ontrasteave la premièreet la deuxièmepersonne:lespronomshabituellementditsdela"troisièmepersonne" re-présentent,selonBenveniste,lemembrenonmarquédela orrélationdepersonne, 'est-à-direpré isémentla"non-personne".Il,le, ela, et .ne réé hissentjamais l'instan ededis ours.Ils ne fontpaspartie de es signes"vides",qui deviennent pleinsparleseulfaitqu'unlo uteurlesassumedansl'instan edesonpropre dis- ours(Benveniste,1966,p. 254); ils nesont pasl'instrument dela onversiondu langageen dis ours, ommele sontje et tu. Au ontraire,ils ontlapropriété de se ombiner ave n'importe quelleréféren e d'objet,et neserventnalement que omme"substitutsabréviatifs",remplaçantourelayantdemanièreplusmaniable unsegmentde l'énon é(oul'énon é entier), ommedans"Pierreest malade;il a laèvre"(op. it.,p. 255).

Nous adopterons i i la position de Benveniste dans e qu'elle relèved'une dé-mar hedelinguistiqueinterne.Laquestiondelaréféren edéi tique,quinousfera entrer dans l'étude de laLSFB, sera envisagée ommespé iquementinterne au langage.Contrevenantàl'idéedelatransparen edel'énon iation,on onsidèrera (ave Authier-Revuz(1995)et Du rot(1984a), notamment,danslalignedu prin- ipe de sui-référentialité posé par Benveniste) que la langue s'impose omme un obsta leàlasigni ationet àladésignation dumonde :il n'yad'objetsquevus autraversdelagrilleopa iantequelalangueimpose,irrémédiablement,ausujet parlant.L'ostensiondéi tique,pourunlo uteur,est toujoursavanttoutlefaitde sona tivitélinguistique

7 .

6

Coursil(2000,p.41). 7

"Supposonsqu'unlo uteur,désignantunevoituredanslarue,diseCequ'elleestbelle!Lepronom elle ai iunemploidéi tique,maissongenregrammati al"féminin"montrequel'objetdésigné l'aété,nonenlui-même,maisparallusionàunmotdelalangue,voiture,dontlepronomapris

(34)

1.2 Valeur de personne et hamp énon iatif

Le" hampénon iatif"dontil seraquestioni in'estpasassimilableàlasomme de e qui est habituellementasso ié àla "situationd'énon iation" : unlieu phy-sique, untemps historique, uninstrument de ommuni ationet la ré ipro ité de deux sujetsempiriques, l'unqui parleet l'autre qui est auditeur. Suivantla pro-position deCoursil(2000),dansLafon tion muettedulangage,l'énon iationsera présentéenonpas ommel'a teindividueldeprodu tiond'unénon émais omme l'aboutissementd'une" onversion": elle qu'opère, dansledialogue, eluiqui re-çoitlinguistiquementl'énon é.SiEentendPdire"tueslibre"etqu'ilsaitque 'est àluiqu'onparle,il onvertiten"jesuislibre"("tu, 'estmoi");s'ilfaitl'hypothèse que e n'estpasàluiquel'ons'adresse,il onvertiten"ilest libre".

La possibilitéde onsidérer ette opération de onversiontient augeste de dé-pla ement théorique que pose Coursil en prenant en ompte, dans sa théorie de l'énon iation,l'a tivitélinguistiquedu"sujetentendant"

8

."Dansledialogue, par-lerestunévénement,etentendre,une onstante"(op. it.,p.13).Enplaçantainsi la"fon tionmuette"dulangage, 'est-à-dire elledel'entendant,au entrede l'ana-lyselinguistique,Coursilrenoueave l'idéesaussurienne,repriseensuiteparBally, d'unelinguistiqueinterne.Lalangueestdé rite omme"ins ritedansle erveaude haquesujet",ouen ore ommeun"trésordéposé"danslamémoirede haque su-jet(BallyetSe hehaye,1972,p.30)."L'entendeurestdu tédelalangue; 'està l'aidedelalanguequ'ilinterprètelaparole(Bally, itéparCoursil(2004,p.6)).La théoriedel'énon iation, dèslors,devientune théoriedel'il-lo ution, dé rivant e quisejoueentre euxquiseparlent:nonpaslatransmissiondedonnéesdelangue duparlantversl'entendant,maisla onversion,dansleregistredel'entendant,de positionsémisesparleparlant.

Si Benveniste onçoitl'émergen e duje omme une appropriationde lalangue parle lo uteurquilatransformeendis ours,lemodèle deCoursilinviteàpla er lesopérationsde onversiondespronomspersonnelsàla"limiteentrelalangueet e qui n'esten ore que langageformulaire" (2000 :47). Dès lors,la onstru tion du hamp énon iatif,par etteopération de onversion,est la onditiond'entrée danslalangue, 'est-à-diredansl'ordrelinguistique(paroppositionauxmodesde ommuni ationnon linguistiquestels que euxde l'infans ou del'animal), plutt qu'unrevêtementdis ursif donné àune langue qui serait un déjà-là.Ce prin ipe justiele hoixqui est posé i i d'entrer dansl'ar hite ture de lalangue (en l'o - urren e, elled'unelangue signée)parlesystème despronomspersonnels et par lavoiequ'ilsouvrentsurlephénomènedeladeixisengénéral.C'estdansleur rap-port à l'il-lo ution que serontensuitedénies lesvaleursanaphoriques en langue dessignes.

8

Ceterme"entendant" està onsidéreren-dehorsdetouteréféren eàl'audition.Ilnes'agitpas dusujetempiriquedotédes apa itésdeper eption auditive,maisd'unsujetdedis ours,d'un

(35)

1.2.1 Pronoms personnels et onversions dialogiques

En représentant les six personnes verbales omme des positions émises par le parlant (P) et onverties par l'entendant (E) ( f. tableau 1.1), Coursil révèle la valeurparti ulièredu`tu' auquel n'aboutit au une onversion

9

. En eet, siP dit "JesuisàParis",E onvertiten"Il est àParis". Si Pdit "Tu esàParis",soit E s'in lutdansla onversionettranspose"JesuisàParis",soitils'ex lut(siPparle àun tiers) et entend "Il est àParis". Selon le même prin ipe, si P dit "Il est à Paris", E onvertit soiten "Jesuis àParis" (s'ils'in lut), soit en "Ilest àParis" (s'ils'ex lutdela onversion)

10

. Legraphe i-dessous,qui indiquepardesè hes l'ensembledes onversionspossiblesàpartirdespronomsdusingulier,montreque le`tu' estunepositionvidepourl'entendant

11 .

1

3

2

1

2

3

P dit

E convertit

je, moi

tu, toi

il, elle, lui

Tab.1.1:Tabledes onversionsdialogiques(formesdusingulier)

Le `tu' ne peut dèslors êtredé rit omme l'allo utaire, 'est-à-direl'autre que lelo uteur"implanteenfa edelui"(Benveniste,1974,p.82),nimême ommela personnenonsubje tive.`Tu'n'estjamaislerésultatd'une onversiondialogique; n'ayant pasd'existen e dans le registre del'entendant, il n'a pas le statut d'une valeur de personne. La parti ularité de la réputée "se onde personne" est don pré isémentdenepasêtreunepersonne,maisseulement"un oded'appel onver-tible","une fon tion detransfert" (Coursil, 2000, 48).Il s'ensuit que ledialogue ne peut être onçu linéairement omme une relation d'intersubje tivité entre un `je'et un`tu',puisque ederniern'estpasunepositionsubje tive.Plusjustement, l'entréedans ledialogueetdansleregistredelalanguesupposela onversionqui

9

Ladistin tionqueposeCoursilentrelesindi esdepersonne(quelsquesoientlesmorphèmesqui lessupportent)etlesvaleursdepersonnequienrésultentpar onversionserarendue typographi-quement:je,tu,il(tout ommesuis,es,est,et .)sontdesindi es;`je'et`il'sontdesvaleursde personne.La"fon tiond'appel"(voir i-dessous)seranotée`tu'etdistinguée,dans ertains as, del'indi edepersonnetu.

10

CetexempleesttirédeCoursiletGiot(2003). 11

Lamême on lusions'imposeàpropos du`vous'.Pourundéveloppementdel'étudedesformes pronominales onsidérées omme "plurielles" dans la grammaire lassique, voir Coursil(2000,

(36)

transformeune position émiseparP (1 :je, moi; 2 :tu, toi; 3: il, lui;et .) en unevaleurpourl'entendant.Le`tu', dans e par oursde onversions,estlapla e vide, lafon tion audépart de laquelle toutes lesautres valeurs, et en parti ulier elledu`je',émergent.

Ainsi, l'énon iation peut êtredé rite omme lerésultat dela onversionen `je' d'uneadresseen`tu'.Coursilpoursuitenprésentantlafon tion`tu' ommeopérant àlamanière d'un miroirdouble

12

. D'un tédumiroir, omme ela vient d'être présenté,l'entendantEémerge omme`je'par onversion(tu, 'estmoi)."Celuiqui parleest tenu d'admettre que eluiqui l'é outeestluiaussi unevaleur1("moi") pourlui-même: 'estunsemblableavantd'êtreunautre;dansledialogue,iln'ya quedessujets1"(Coursil,2000,p.52).Mais,del'autre tédumiroir,leparlant Pdisanttuémergeégalement omme`je',pardiéren iation(tu, en'estpasmoi). Diretu, 'estdon instituerdeux`je': eluidel'entendant(parle al ul"tu=je") et elui du parlant (par le al ul "tu

6=

je"); 'est aussi énon er la onditionde possibilité del'opérationde onversiondialogique, dont l'aboutissement,àsavoir l'entréedanslalangue,est l'÷uvredel'entendant.

Si le `tu' n'estpasune personne,le `il'perdaussi,dans e modèle,le statutde non-personne que lui attribue Benveniste. L'indi eil, omme l'indique le graphe 1.1, est onverti soit en troisième, soit en première personne, dans le registrede l'entendant. Si E entend P dire "la nuit, il est musi ien" et s'il fait l'hypothèse que 'est de lui qu'on parle,E ee tue la onversion3= 1qui se paraphraseen "ilssaventdon quelanuit, je suis musi ien"(ib.,p. 50).Dansla onversion3= 1("il=moi"), l'indi e 3parti ipede lapersonne 1: "dansle dialogue, la "non-personne"3peutêtreune personne"(ib.). Inversement,la troisièmepersonne est issuedela onversiontantd'un je oud'un tu qued'unil. Iln'y apasdeposition d'observateurexterneaudialogue:"é outerdeuxindividusdialoguantsupposeque soientee tuées les onversions parl'é outant lui-même. Aussi,l'observateur est né essairementunentendant,etdon unsujetendialogue"(ib.,p.51).

1.2.2 Pronoms personnels en langue des signes

Le adre théorique des onversions dialogiques ore un é lairage nouveau sur l'analysedespronomspersonnelsenlanguedessignes.Surl'exempleparti ulierde laLSFB,ilseramontréqueleregarddusigneurstru turele hampdelapersonne, qu'il onstituelafon tiond'appel`tu'dontparleCoursil.Unetelledes riptiondu fon tionnementpronominalenlangue dessignessepositionne à ontre- ourantde lamajoritédes théories onsa réesauxpronoms personnels enlangue signée,que nous ommen eronsparprésenteret ommenter brièvement.

Miseen ause de la stru ture en troispersonnes

L'étudedespronomspersonnelsdansdiérenteslanguessignéesasouventamené lesauteurs àmettre en ausel'existen edestrois valeursdepersonne,

(37)

mentdésignées ommepremière,deuxième et troisièmepersonne.Les travauxles plus inuents dé rivent le système pronominal des diérentes langues des signes étudiées omme onstitué d'uneseule valeurde personne (Lillo-Martin et Klima, 1990), ommen'in luantau unevaleurdepersonne(Ahlgren,1990),ou, equiest leplus répandu, omme organiséselon ladistin tion "première personne vs. non premièrepersonne"(Meier,1990).

Alasuitedesre her hesdeMeiersurlalanguedessignesaméri aine(ASL), plu-sieurstravaux(Engberg-Pedersen,1993;Liddell,2003a;Nilsson,2004)soutiennent l'idéeque lesystème despronoms personnelsen langue signée nefait pasde dis-tin tionentreladeuxièmeetlatroisièmepersonne.Ceseraitpluttuneopposition binaireentrepremièreet non premièrepersonne quistru tureraitlesystème per-sonnel.Lesprin ipaux argumentssont:

 l'absen edediéren ededire tionentreunpronomquiréfèreàl'allo utaire 13 et unpronomquiréfère àunêtrequin'estpasl'allo utaire;

 l'innievariétédespronomsquiseraient lassés ommerelevantdeladeuxième et de latroisième personne, vu l'innie variétédes réalisationsspatiales pos-siblespour ha un

14 .

Enréponse à ertainstravaux, ommeBakeret Cokely(1980),quifontduregard unélémentpermettant de distinguerdeuxième et troisième personne, Meier sou-lignequ'unregardversl'allo utairepeutautantapparaitreave uneréféren eàla deuxièmepersonne

15

qu'ave uneréféren eàlapremièrepersonne,etque emême regard vers l'allo utaire est aussi présent dans des dis ours où au une référen e n'estfaiteauxparti ipantsdudis ours.Ilyadon indiéren iation dusigniant entre e quel'ontraduirait parun'tu'et parun'il'.

Engberg-Pedersen(1993et1995)souligneaussique,enlanguedessignesdanoise (DSL), ontrairementà equisepassedansleslanguesorales(parexempledansLe professeurm'adit:"Tudevraisvenirttdemain"

16

),iln'estpaspossible,dansun dis oursrapportéen DSL,d'utiliser unsignepointé versl'interlo uteurréel pour référeràl'interlo uteur ité. Lepronom dedeuxième personne deslangues orales n'auraitdon pasde orrespondantenDSLoùlesystèmedespronoms s'organise-raitdèslorsselonl'oppositionentrepremièreetnonpremièrepersonne.

Aux arguments utilisés ontre la re onnaissan e de lavaleur de deuxième per-sonne,plusieursobje tions peuventêtreformulées.

D'abord, il peut sembler hâtif de on lure d'une similarité de signiant entre deux pronoms à une identité de valeur linguistique. Sans prendre en ompte la notiond'homophonie,ilfaudraitdemêmeniertoutediéren e,enfrançais,entrela

13

Nousproposonsallo utaire ommetradu tiondeaddressee. 14

Liddell(2003a,pp.23-26)présenteetdéveloppe esarguments. 15

Lefaitque,dansunmodèlequipré isémentarmelanon-pertinen edeladeuxièmepersonne,la notionde"référen eàladeuxièmepersonne"soitutilisée,sembleindiquerque 'estauxpropriétés empiriquesdela ommuni ation,etenl'o urren eàl'êtreempiriquepla éfa eausigneur,que renvoie,dans e as,lanotiondepersonne.

16

(38)

troisièmepersonneetl'impersonnel,puisquelesdeuxvaleurspeuventsemanifester parlepronomil

17 .

Ensuite, ettesimilaritédeformeinvoquéenetientquepar equel'analysenéglige larelationétablie entre regardet paramètresmanuels. L'argumentationdeMeier repose prin ipalement sur l'idée que le regard ne pourrait être onsidéré omme une omposantedelavaleurdepronompersonnelques'ilétaitpertinentàluiseul, ouunivoquementlié aupointéverslepartenairedela ommuni ation,positionné fa eausigneur(pointéqui,dans ette onditiond'univo ité,pourraitêtrere onnu ommemarquantladeuxièmepersonne).Leregardre ouvreunetouteautre fon -tion, ommenousleverrons i-dessous,siaulieu dele onsidérerisolément,ony voit la omposante d'un rapport qui l'unit auxparamètresmanuels des pronoms personnels.Cettemiseenrapportsoulignele ara tèrestru turantde eregardet larégularitédesonfon tionnement.

Enn, omme elaadéjàétémentionnéplushaut,lesargumentsformulés ontre lare onnaissan edeladeuxièmepersonnenedistinguentpaslesparti ipants réels dela ommuni ationetlesinstan es énon iatives.Ainsi,sansplusdepré ision,la deuxième personne est assimilée au destinataireréel de l'a te de ommuni ation et àsa position physiquedans l'espa e. Pourtant, ette distin tion fondamentale entrelesujetparlantempiriqueetlelo uteur,surlaquellesefondentlanarratologie (auteurvs.narrateur hezGenette(1972)) ommelapragmatiquedel'énon iation (sujet parlant empirique vs. lo uteur hez Du rot (1984a)

18

), é laire les phéno-mènesqu'Engberg-Pedersenrepèredansledis oursrapportéaustyledire t.Dans l'exemple ité "Tudevrais venirtt demain",le`tu' n'interpellepaslepartenaire de ommuni ationde eluiqui arti ulel'ensemblede l'énon é;et si e partenaire nes'ytrompepas, 'estbiengrâ eàsa apa itélangagièreàopérer,surlesindi es pronominaux,les onversionsparlesquellesémergeledialogueet lavaleurde per-sonne

19

.Cetexemplededis oursrapporténemontrepasqueledestinataireréely estdésigné pourréférer audestinataired'originede l'énon é ité ("original re ei-ver").Ilmontrepluttlapossibilitédudédoublementdel'énon iationetdu hamp énon iatif.De e pointde vue, omme nous le verrons au hapitre 6,le dis ours rapportéaustyledire t,enlanguesignée,peutêtredé ritdelamêmefaçonqu'en langueorale,àsavoir ommeun asdepolyphoniedelo uteurs.Tout omme l'au-teurnese onfondpasave lenarrateurdesonroman,lesigneurestàdistinguerdu lo uteurdesonré it; larupture entre lesdeuxordres dela ommuni ationréelle et del'énon iation prend d'ailleurs, en langue dessignes, lagured'une oupure duregard, 'est-à-dired'un lignementdesyeuxaudébut del'énon iation

20 .

D'une manière générale,lades ription dusystème des pronoms personnels des languessignéesparl'oppositionentrepremièreetnon premièrepersonnes'appuie 17

Lanotiond'homophonieseraprésentéeau hapitre2,se tion2.4,page53. 18

Le hapitre6développera etteoppositionauseindelathéoriepolyphoniquedeDu rot.Voirla se tion6.1,page217.

19

La ompréhension d'un énon é in luant du dis ours rapporté au style dire t sera dé rite, au hapitre6, ommereposantsuruneinstru tionàopérerla onversion d'une onversion.Voirla se tion6.2.1,page231.

Figure

Fig. 1.1: `Pronoms personnels en LSFB'
Fig. 1.3: `Grand-père est malade ; grand-mère le soigne' (1)
Fig. 1.6: `Grand-père est malade ; grand-mère le soigne' (2)
Fig. 1.8: `[Il y a℄ une lampe et, à té, une large armoire' Reg m m M lampe Cl| 5 - Cpl h Reg v h−i ւ v m m m M+ h Prép à té i armoire large Cpl 2x5B i M- Pté h
+7

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