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Un lieu de randonnée privilégié : la forêt

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Academic year: 2022

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HAL Id: hal-03397210

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Submitted on 22 Oct 2021

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Un lieu de randonnée privilégié : la forêt

Henry Viaux

To cite this version:

Henry Viaux. Un lieu de randonnée privilégié : la forêt. Revue forestière française, AgroParisTech,

1981, 33 (2), pp.151-156. �10.4267/2042/21500�. �hal-03397210�

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J. MAZODIER

Ingénieur du G.R.E.F.

Chef du Bureau de l'Aménagement foncier Ministère de l'Agriculture

Service des Forêts 1 ter, avenue de Lowendai

75007 PARIS

UN LIEU DE RANDONNÉE PRIVILÉGIÉ LA FORÊT

Si nos ancêtres (ceux d'avant le XXe siècle) nous entendaient parler de randonnée pédes- tre, ils seraient bien surpris. La plupart d'entre eux la pratiquaient sans le savoir, n'ayant pas d'autres moyens de déplacement à leur dispo- sition. Les colporteurs, les Compagnons du Tour de France, les pèlerins, furent parmi les premiers grands randonneurs, couvrant à pied des milliers de kilomètres. Et les récits de ces pérégrinations qui nous sont parvenus mon- trent que leurs auteurs, indépendamment de leur préoccupation principale, savaient égale- ment observer les hommes et les choses, ap- précier un paysage, un bel édifice, un site pittoresque. Ces déplacements étaient toute- fois utilitaires, et certains parcours étaient redoutés de ces anciens randonneurs : ceux qui traversaient les forêts. Les comptes ren- dus de voyage sont pleins de cette terreur ancestrale qu'inspirait la grande sylve, terreur justifiée parfois : les attaques par les loups ne sont pas imaginaires, par les bandits de grands chemins non plus.

Tout commence à changer vers le milieu du XIXe siècle. Non parce que la police est mieux faite, mais parce que le romantisme met à la

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mode certaines régions boisées, et que le tou- risme commence à naître.

Reste la crainte de s'égarer dans les futaies ténébreuses et mystérieuses.

Fontainebleau, l'antique forêt de Bière, est, avec ses chaos rocheux, l'une de ces sylves favorisées : elle est vite adoptée par les pein- tres de la célèbre école de Barbizon : Corot, Daubigny, Millet, Théodore Rousseau... On reste toutefois dans les endroits faciles d'ac- cès. La forêt profonde reste peu fréquentée, et la crainte de s'y égarer en écarte les pro- meneurs.

DU « SYLVAIN » DENECOURT A LA « SCIENCE DES BOIS »

C'est alors que le hasard conduit à Fontaine- bleau un ancien soldat de la Grande Armée, Claude-François Denecourt. Désœuvré, il se prend d'amour pour la forêt, à laquelle il consa- crera dorénavant toute son activité, jusqu'à sa mort en 1875. Et pour faire connaître la forêt aux « touristes » qui commencent à affluer (tout est relatif !) grâce à l'arrivée du chemin de fer à Bois-le-Roi et à Avon, il lui vient à l'esprit 151

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de tracer des sentiers et de les baliser de mar- ques bleues portées sur les arbres et les ro- chers. Puis de publier ces itinétaires dans un guide de la forêt. 160 kilomètres sont ainsi i tracés et repérés par les soins de celui qu'on saluera du beau nom de « Sylvain ». Plus de 100 ans après, ces sentiers existent toujours, entretenus d'abord par un disciple de Dene- court, Colinet, et maintenant par la Société des Amis de Fontainebleau.

« Sylvain » Denecourt a bien mérité le nom d'ancêtre de la randonnée pédestre. Car c'est son exemple qui a été suivi par la suite, et re- pris par d'autres.

Il faut attendre le dernier quart du XIXe siècle1

pour que se réalisent, sur initiatives diverses, des balisages d'itinéraires destinés à faciliter le parcours d'itinéraires difficiles, à une épo- que où les cartes (celles dites « de l'État- Major », en noir et hachures) sont loin d'être lisibles et fiables. Les grandes associations de tourisme nées après la guerre de 1870, Club Vosgien, Club Alpin, Touring Club, consacrent une partie de leur activité à cette œuvre d'amé- nagement touristique, dans diverses régions.

L'expérience la plus systématique est toute- fois celle du Club Vosgien, qui couvre le massif forestier, difficilement pénétrable, d'un réseau dense de sentiers de promenade.

Avec l'essor du scoutisme, puis des auberges de jeunesse, entre les deux guerres, la ran- donnée (le mot n'est d'ailleurs pas trouvé) com- mence à se développer, et particulièrement dans les régions forestières. Pourquoi ce pri- vilège ? La réponse est dans les ouvrages de Baden-Powell qui a mis au programme scout le «Woodcraft», la «Science des Bois». Le scout est l'Indien, le trappeur, le chercheur de traces, l'observateur d'animaux. Bien vite, le jeu de piste dépasse le cadre du scoutisme. C'est un ancien scout, Jean Loiseau, grand randon- neur devant l'Eternel, qui commence, avant la Deuxième guerre, à parcourir la France en tous sens, et à décrire ses pérégrinations dans des ouvrages qui ont beaucoup de succès parmi les jeunes. Quelles régions décrit-il par prédi- lection ? Les Ardennes, le Morvan, la Corse : toutes régions forestières.

En forêt de Fontainebleau. Photo X.

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L'ÈRE DE L'ORGANISATION

Jean Loiseau voit plus loin. Il imagine de maté- rialiser les itinéraires qu'il a parcourus, en les balisant, comme le fit Denecourt un siècle plus tôt en forêt de Fontainebleau. Il soumet son idée peu après la guerre au Comité de Tou- risme pédestre du Touring Club de France, qui l'adopte. Pour la réaliser, le Touring s'associe avec le Club Alpin et le Camping Club de France. En 1947, le Comité national des sen- tiers de grande randonnée (C.N.S.G.R.) est né.

Il sera rejoint bientôt par d'autres associations touristiques et sportives : FSGT, Club Vosgien, entre autres.

La locution « Grande Randonnée » est en elle- même une trouvaille. Elle engendrera le terme

«randonneur» en en spécialisant le sens : d'abord utilisé pour qualifier les adeptes de la randonnée pédestre, il s'étendra par la suite à toutes les activités itinérantes non motorisées.

Elle donnera également naissance à un sigle maintenant popularisé, celui de « G.R. » de- venu synonyme de sentier, sigle associé aux marques blanches et rouges qui jalonnent les itinéraires.

Les débuts du C.N.S.G.R., malgré l'enthou- siasme des pionniers, ne furent pas des plus faciles. Le Touring Club de France fournissait généreusement local et personnel. Mais sur le terrain, la reconnaissance et le balisage né- cessitaient des centaines de bénévoles. Il fal- lut 17 ans pour « boucler » le G.R. 1, celui qui, sur 605 km, fait le tour de l'Ile-de-France. Arrê- tons-nous un instant sur ce G.R. 1, car il est si- gnificatif : de toute évidence, ceux qui ont conçu cette boucle de 605 kilomètres ont cherché à utiliser au maximum les massifs fo- restiers de la ceinture verte. Et l'expérience prouve que ce sont les tronçons forestiers qui sont le plus parcourus.

La même observation pourrait être faite pour presque tous les G.R. créés par la suite, à de rares exceptions près : celles des régions d'in- térêt touristique, dépourvues de grands mas- sifs forestiers, tel le G.R. 3, celui des châteaux de la Loire. Encore faut-il noter que les créa- teurs de ces G.R. se sont toujours ingéniés, et continuent à s'ingénier, au prix de certains dé-

tours, à trouver des itinéraires empruntant des parcours boisés. Seule concurrence à la forêt dans la conception des G.R. : la montagne, boisée ou non.

Chemin faisant, les G.R. se feront plus nom- breux, s'allongeront (certains débordent main- tenant de nos frontières, grâce à la création de Comités G.R. en Belgique, en Espagne, en Andorre, et au rattachement de nos G.R. aux réseaux de sentiers balisés d'autres pays voi- sins, Allemagne, Suisse, Italie...), pour attein- dre à l'heure actuelle plus de 30 000 kilo- mètres. L'émulation jouant, des initiatives régionales ou locales ont commencé à com- pléter ce réseau par un ensemble de sentiers de Petite Randonnée. Les G.R. eux-mêmes couvrent maintenant plus fréquemment des iti- néraires en boucle autour d'un « pays » pour mieux en permettre la découverte.

Pour faciliter le parcours, le C.N.S.G.R. (de- venu en 1979 Fédération française de la ran- donnée pédestre - F.F.R.P.) publie la descrip- tion des itinéraires balisés dans des « topo- guides» —135 sont édités à l'heure actuelle — qui s'appuient sur les cartes de l'Institut géo- graphique national.

La F.F.R.P.-C.N.S.G.R. est ainsi à la fois maître d'œuvre d'une opération d'aménagement du territoire (ce pourquoi elle est aidée par les pouvoirs publics), éditeur, et en charge de la représentation et de la défense des intérêts des randonneurs devenus légion, et par consé- quent associée à la défense et à la protection de la Nature...

LES SENTIERS ET LES FORESTIERS

Les réalisations du C.N.S.G.R. ne vont pas, na- turellement, du fait de leur ampleur, sans poser de problèmes. C'est ainsi que la traver- sée des forêts domaniales a conduit très tôt les initiateurs des G.R. à entrer en rapport avec les responsables des forêts, au niveau local et au niveau national, pour éviter toutes difficul- tés.

Tous les balisages en forêt sont effectués avec l'accord des forestiers locaux, souvent avec 153

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leurs conseils, parfois même avec leurs concours et celui de leur personnel, y compris à titre bénévole. Certains des collaborateurs du C.N.S.G.R. sont d'ailleurs des agents de l'Office national des forêts, en activité ou en retraite.

Au niveau de la Direction générale de l'O.N.F., les rapports sont fréquents avec la direction de la Fédération, et le Président de celle-ci a même été appelé, ès-qualité, à siéger au Conseil supérieur de la Forêt. Ces contacts sont confiants, efficaces, et aboutissent géné- ralement à des solutions concrètes. Ce qui ne signifie pas que tous les problèmes sont ré- glés. Certains de ces problèmes peuvent d'ail- leurs être communs aux randonneurs et aux forestiers, comme celui de la moto tous ter- rains, problème dont la solution n'apparaît guère, pour des raisons diverses. Cela n'en- tache pas les bonnes relations.

Parmi les problèmes qui se sont posés, citons- en quelques-uns au hasard. Par exemple, il est apparu que, dans certaines régions, les agents des forêts utilisaient un marquage fait de deux traits de peinture blanche et rouge superposés

— comme les G.R. — pour délimiter les parcel- les. Ce qui risquait de créer des confusions et d'égarer les randonneurs. La difficulté a été résolue par une instruction de l'O.N.F. à ses agents les invitant à utiliser une autre disposi- tion des couleurs (un trait rouge mince encadré de deux traits blancs plus épais).

Un autre problème — toujours actuel — ré- sulte de la multiplication des voies forestières, éventuellement goudronnées, pour l'exploita- tion et le débardage des bois. Souvent, ces voies nouvelles épousent d'anciens sentiers utilisés par les randonneurs, ou les recoupent, les détruisant ou les rendant difficilement pra- ticables. Nous voudrions qu'en pareil cas l'ad- ministration forestière rétablisse systémati- quement l'itinéraire détruit ou crée un sentier de remplacement et restaure le balisage. C'est parfois le cas, mais pas toujours.

Les randonneurs se plaignent aussi que l'O.N.F. ne fasse pas toujours respecter par

< En forêt de Carnelle - G.R.., Photo M. EMERY

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Itinéraire du GR1 dans les zones boisées

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les exploitants forestiers les clauses des cahiers des charges qui leur imposent de re- mettre les chemins en état. Après exploitation, il est fréquent qu'un G.R. devienne imprati- cable : ornières profondes, trous d'eau, houp- piers et petits bois laissés sur place, etc.

sans parler de la destruction des balisages. Ce problème n'a toujours pas trouvé de solution satisfaisante.

La fréquentation des chemins par les engins tous terrains a été évoquée plus haut. Bruit, pollution, destruction du revêtement végétal et du sol, risques d'accidents, rendent cette fré- quentation redoutable autant pour les randon- neurs que pour les forestiers. Ces derniers, malheureusement, faute de moyens suffisants, ne parviennent pas à l'endiguer. Barrer les chemins est efficace contre les voitures, cela ne l'est pas contre les motos. Installer des obstacles naturels (fossés, rochers, ...) en des endroits appropriés n'est pas toujours possi- ble ni souhaitable, ne serait-ce qu'en raison de la nécessité de faire circuler les engins des forestiers eux-mêmes, ou les secours en cas d'incendie. Problème non résolu.

Enfin, il est un sujet sur lequel les randon- neurs restent souvent en désaccord avec les forestiers, c'est celui de la chasse. Des amé-

liorations appréciables ont été apportées à la situation antérieure, lors des dernières adjudi- cations de baux de chasse. Dans les forêts suburbaines notamment, le nombre des jours de chasse a été réduit, et des règles plus stric- tes ont été imposées aux adjudicataires. Ceci ne nous semble pas encore suffisant. Dans beaucoup de forêts, à l'automne, les randon- neurs ne se sentent pas en sécurité, ils sont trop souvent l'objet de menaces ou de tenta- tives d'intimidation, de la part de chasseurs peu scrupuleux. Ils souhaiteraient donc que la chasse soit purement et simplement interdite dans les massifs les plus fréquentés, sans méconnaître pour autant la nécessité de tirs de sélection pour maintenir l'équilibre écologi- que, mais à condition qu'ils soient faits par les forestiers eux-mêmes.

Tels sont quelques-uns des problèmes qui se sont posés, ou qui se posent encore aux ran- donneurs.

Mais dans l'ensemble, la collaboration qui s'est établie depuis une trentaine d'années est largement positive. Les relations sont excel- lentes à tous les échelons, les réalisations communes sont nombreuses et la forêt reste, comme à l'origine, l'un des lieux de prédilec- tion de la randonnée pédestre.

Henri VIAUX Président de la Fédération française de la randonnée pédestre - C.N.S.G.R.

92, rue de Clignancourt 75883 PARIS CEDEX 18

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