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Le diabète est une maladie chronique secondaire,

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Introduction

L

e diabète est une maladie chronique secon- daire, à la fois, à des facteurs héréditaires et de l’environnement. En 1996, la prévalence mondiale du diabète était de 120 millions de per- sonnes atteintes, et la prédiction pour 2025 est un doublement à 250 millions ; cette épidémie est due à une augmentation de la population âgée, de la prévalence de l’obésité, de la sédentarité et aux changements des modèles diététiques.1 Nombreuses sont les complications qui atteignent les diabétiques, comme les maladies cardiovascu- laires, l’insuffisance rénale et les problèmes ocu- laires, mais les complications au niveau des pieds sont parmi les plus fréquentes et redoutées. 40%

des amputations des membres inférieurs sont en relation avec le diabète. La Déclaration de St Vincent,2 signée en 1990 par l’OMS, la Fédération internationale du diabète et d’autres organisations nationales, avait comme objectif de réduire le pourcentage des amputations de 50%

en cinq ans, par dépistage et éducation des patients à risque. Néanmoins, l’impact pratique d’une telle Déclaration est resté limité.

Les 85% d’amputations des membres infé- rieurs chez les diabétiques sont précédés d’un ulcère des pieds. Les facteurs de risque les plus importants sont la neuropathie périphérique, les traumatismes mineurs et les déformations du pied (tableau 1).

Le pied diabétique : un facteur pronostique

S

ur les 250 000 diabétiques en Suisse,310%

souffrent d’un ulcère et deux tiers doivent être amputés (plus de 1000 amputations/

année).

Environ 50% des patients diabétiques ont des facteurs de risque pour un ulcère du pied, et

plus de 5% ont déjà un antécédent d’ulcère.4La morbidité et la mortalité de ces patients sont importantes. En effet, l’amputation conduit à une péjoration ultérieure du pronostic global :5

쐌 50% de tous les diabétiques précédemment amputés sont à nouveau amputés dans les cinq ans, fréquemment aussi du membre controlatéral.

쐌 Seuls 25 à 50% de tous les diabétiques ampu- tés survivent dans les trois ans qui suivent l’am- putation.

L’incidence et la prévalence des ulcères du pied et des amputations dans la population dia- bétique varient selon les pays (tableau 2) ; elles sont en relation avec le niveau socio-économique du pays, le système de santé et les programmes de prévention et d’information des patients.

En outre, les conséquences économiques sont importantes (tableau 3).6Une enquête re- présentative auprès des patients diabétiques en Suisse a montré que 42% d’entre eux n’avaient jamais eu un examen des pieds.7

Physiopathologie

L

es facteurs qui contribuent au développement des ulcères des pieds chez les patients diabé- tiques sont nombreux. Trois mécanismes, diversement associés, peuvent être impliqués.

Mots-clés :

쐌pied diabétique

쐌prise en charge

쐌prévention

쐌chaussure

C. Pin B. Peter-Riesch J. Philippe

The diabetic foot : evaluation and foot care

The world-wide increase of the presence of diabetes type 2, has consequently had an increase of foot ulcers with the diabetic patients. The diabetic foot is a major economic problem, particularly when an amputation is necessary, for it implies a prolonged treatment and hospitalisation.

Rehabilitation in centres of recovery, as well as the intervention of social services will also be an important requirement. On the other hand, an amputation has a huge negative impact on the psychological aspect of the patient. A big number of studies has proved that we can reduce the number of amputations by 50% if one follows a suitable prevention strategy (regular inspections of the feet, correct footwear, and regular

monitoring of patients with foot ulcers, the risk of a vascular disease returning remains high.

The objectives ot this articles is to give an evaluation criteria of foot diabetes to determine the risk of ulcers and amputations.

An educational program to transmit to people with diabetes is proposed.

L’augmentation mondiale de la prévalence du diabète de type 2 a comme conséquence une augmentation de l’incidence d’ulcères du pied chez le patient diabétique. Le pied diabétique est un problème économique majeur, particu- lièrement lorsqu’une amputation est néces- saire, car il implique un traitement et une hospitalisation prolongée, une réhabilitation dans des centres de convalescence ainsi que l’intervention des services sociaux. D’autre part, l’amputation implique un impact néga- tif, non négligeable, sur le plan psychologi- que.

Un grand nombre d’études prouvent qu’on peut réduire les amputations de 50% si on suit une stratégie de prévention (inspection régulière des pieds, chaussures adaptées, suivi des patients ayant présenté des ulcères des pieds, à haut risque de récidive, diag- nostic précoce d’une maladie vasculaire péri- phérique…).

L’objectif de cet article est de donner des cri- tères d’évaluation du pied diabétique pour déterminer le risque d’ulcérations et d’ampu- tations. Un programme éducationnel à trans- mettre aux patients diabétiques est proposé.

Evaluation et prise en charge du pied diabétique

Med Hyg 2003 ; 61 : 1210-6

[

쐌 Antécédents d’ulcères/amputation

쐌 Neuropathie sensitivo-motrice

쐌 Traumatismes (chaussures inadéquates, objets retrouvés dans la chaussure, accidents, …)

쐌 Biomécaniques (déformation pied, ostéoarthro- pathie, hyperkératose, ...)

쐌 Insuffisance vasculaire périphérique

쐌 Statut socio-économique (statut social défavo- risé avec non-compliance, négligence, mauvai- se hygiène, …)

Tableau 1. Facteurs associés à un ulcère du pied.

(2)

1.La neuropathie périphériqueest le mécanisme le plus important :

쐌 les troubles de la sensibilité superficielle (thermique, tactile et algique) et profonde, qui entraînent une non-reconnaissance de la dou- leur et ainsi de l’ulcère ;

쐌 le déficit moteur est responsable d’une atro- phie musculaire intrinsèque avec un déséquili- bre entre les muscles extenseurs et fléchisseurs du pied, qui provoque un changement dans l’ar- chitecture du pied, avec des déformations telles que les orteils en marteau et en griffe qui entraî- nent une charge biomécanique anormale avec surcharge sous les têtes métatarsiennes et des troubles de la marche ;

쐌 l’atteinte végétative autonome, source de sé- cheresse cutanée (par anomalies de la sudation avec formation des fissures et des callosités),

d’œdèmes (par troubles fonctionnels de la mi- crocirculation : défaut de vasoconstriction postu- rale et perméabilité augmentée) et de troubles vasomoteurs ( shunts artério-veineux, perte de la vasomotricité des capillaires).

La neuropathie est très fréquemment à l’ori- gine des lésions du pied car elle entraîne une perte de la sensibilité, des zones de frottements et d’hyperpression et des troubles de la statique conduisant, à l’extrême, à l’ostéoarthropathie dia- bétique avec constitution d’un pied de Charcot.

Le mécanisme de défense naturel consiste en l’apparition de callosités aux lieux d’hyper- pression. Les callosités exerçant une pression supplémentaire sur les tissus mous sous-jacents, on observe des saignements sous-cutanés qui finissent par s’extérioriser en formant un ulcère (fig. 1).

2.L’insuffisance vasculaire est un autre facteur important :

쐌 l’ischémie résulte essentiellement de la macro- angiopathie. Non seulement l’artériopathie des membres inférieurs chez les diabétiques se dis- tingue par une prévalence plus élevée par rap- port aux non-diabétiques, mais par une atteinte plus distale (infra-poplité dans deux tiers des cas) et plus diffuse. 57% des diabétiques atteints d’une insuffisance artérielle sont asymptoma- tiques, en raison de la neuropathie sensitive péri- phérique ;

쐌 l’absence de microangiopathie occlusive a été démontrée in vivo ;

쐌 les autres FRCV (tabac, HTA, dyslipidémie) sont des facteurs aggravants.

3.L’infection peut être superficielle mais le ris- que est lié à une atteinte profonde pouvant menacer les tissus, tendons, et surtout les struc- tures osseuses. L’infection est très souvent poly- microbienne chez le diabétique et d’évolution rapide. Elle est favorisée par le déséquilibre gly- cémique qu’elle aggrave. Il en est de même des mycoses.

Etudes et pays Prévalence Incidence Facteurs de risque

n pour un ulcère

Ulcères Amputations Ulcères Amputations (%) Etudes sur la population

Bouter et coll., 1993 (Hollande) 300 000 0,8 0,4

Humphrey et coll., 1996 1564 0,76 41,6

(Nauru, Région Pacifique)

Kumar et coll., 1994 (UK) 811 1,4

Moss et coll., 1992 (Etats-Unis) 2900 3,6 10,1 2,1

Siitonen et coll., 1993 (Finlande) 477 0,5

Vozar et coll., 1997 (Slovaquie) 1205 2,5 0,9 0,6 0,2

Etudes cliniques

Belhadj, 1998 (Algérie) 865 11,9 6,7 58,4

Pendsey, 1994 (Inde) 11 300 3,6

Urbancic-Rovan et coll., 1998 701 7,1 86,3

(Slovénie)

Van Rensberg et Kalk, 125 11,2 68

(Afrique du Sud)

Tableau 2. Données épidémiologiques sur les problèmes du pied diabétique à travers le monde (en indiquant la prévalence et l'incidence des ulcères du pied et amputations dans la population diabétique).

Diabetes Metab Res Rev 2000 ; 16 (Suppl.1) : S2-S5.

Auteurs Pays Coûts

Traitement conservateur

Bouter et coll. (1988) Hollande 10 000 $

Apelqvist et coll. (1994) Suède 7000 $

Traitement avec une amputation

Connor (1987) Grande-Bretagne 14 000 $

Bouter et coll. (1988) Hollande 15 000 $

Bild et coll. (1989) Etats-Unis 8000-12 000 $

Reiber (1992) Etats-Unis 20 000-25 000 $

Thompson et coll. (1993) Nouvelle Zélande 11 000 $

Apelqvist et coll. (1994) Suède 43 000-65 000 $

Van Houtum et coll. (1995) Hollande 14 500 $

Tableau 3. Coûts associés aux ulcérations et aux amputations non traumatiques des membres inférieurs.

Fig. 1. Différentes étapes dans la formation d’un ulcère neuropathologique causé par stress mécanique.

1a. Formation calleuse. 1b. Saignements sous-cutanés.

1c. Formation d’ulcère. 1d. Infection profonde et ostéomyélite.

1a

1b 1d

1c

(3)

Prévention

L

’inspection des pieds chez les patients dia- bétiques doit être systématique à chaque consultation. Une fois les patients à risque dépistés, ces patients doivent bénéficier d’une éducation et d’une surveillance ciblée et régu- lière destinée à prévenir l’apparition des trou- bles trophiques.

Dépistage des patients à risque

Les patients diabétiques à haut risque de développer une lésion du pied sont ceux qui présentent :

쐌 des antécédents d’ulcération du pied ou d’am- putation (orteils, …) ;

쐌 une neuropathie périphérique ;

쐌 une artériopathie des membres inférieurs ;

쐌 des déformations du pied.

Ledépistage de la neuropathieest essentielle- ment clinique :

– Signes fonctionnels (douleurs, crampes ou pa- resthésies nocturnes) ;

– hypoesthésie ;

– sensibilité superficielle : thermique et dou- loureuse (test toucher-piquer) (fibres de petit calibre) ;

– sensibilité superficielle : tactile (Semmes- Weinstein monofilament) (fig. 2), sensibilité pro- fonde de position et vibratoire (diapason gradué 128 Hz): <4/8 blessures non ressenties, <2/8 pieds anesthésiés (fibres de gros calibres, myélinisées) ; – signes moteurs : faiblesse musculaire, aréflexie ostéo-tendineuse ;

– critères électrophysiologiques.

Ledépistage de l’artériopathieest basé sur l’in- terrogatoire, l’inspection du pied, la palpation des pouls et la recherche des souffles vasculaires.

L’anamnèse d’une claudication intermittente est peu sensible (9%) mais très spécifique (99%).

La présence d’un souffle fémoral superficielle est très spécifique (95%). Par contre, seuls 17%

des patients dont on ne palpe pas les pouls pé- dieux ont une insuffisance artérielle.8Les pres- sions aux chevilles sont mesurées à l’aide d’un doppler, mais leurs valeurs peuvent être fausse- ment élevées en cas de médiacalcinose rendant les artères peu ou non compressibles (tableau 4).

Ledépistage de déformationsdoit être précoce, car la présence de zones d’hyperpression per-

met d’identifier les patients à risque et de les adresser chez un podologue pour leur conseiller des chaussures et semelles orthopédiques adap- tées.

Prévention active9

1.L’éducation, chez les diabétiques, doit com- mencer avant l’apparition de facteurs de risque (tableau 5).

2.Contrôle régulier, à chaque consultation, des soins de prévention des ulcères des pieds et de l’apparition de nouvelles lésions (mycoses, hyper- kératoses, fissures talons,…).

Prise en charge d’une lésion du pied diabétique

Types de lésions du pied diabétique10

Pied diabétique sans lésion trophique (ou pied à risque)

On inclut dans cette catégorie tous les pa- tients diabétiques qui présentent soit une neu- ropathie (dysesthésie, paresthésie, anesthésie, hyperesthésie), une arthropathie, une dermopa- thie (altération unguéale, sécheresse peau, atro- phie des tissus cellulaires sous-cutanés) ou une vasculopathie, même si elle est discrète.

Ulcère neuropathique

Il s’agit d’un ulcère qui apparaît en regard d’un point de pression ou de déformation du pied, de forme arrondie, avec une hyperkératose péri-ulcéreuse et indolore. La perfusion artérielle est adéquate, avec des pouls périphériques pré- sents. Les trois localisations prévalentes sont : face plantaire des 1eret 5e métatarsiens et au niveau postérieur du calcanéum.

Arthropathie neuropathique

Cliniquement, elle se manifeste par des fractures spontanées qui sont asymptomatiques.

Radiologiquement, on observe une réaction périostée et une ostéolyse. Dans une phase plus avancée ou finale, l’arthropathie (maladie de Charcot) se caractérise par l’existence d’une subluxation plantaire du tarse et la perte de la concavité médiale du pied causée par le dépla- cement de l’articulation calcanéo-astragalienne, associée à une luxation tarso-métatarsienne.

Ulcère neuro-ischémique

Il s’agit d’un ulcère nécrotique initialement sec et de localisation habituellement latéro-digi- tale, qui peut rapidement progresser en une forme humide et suppurative s’il y a une infec- tion surajoutée. Généralement, les pouls sont absents et il existe une neuropathie associée.

Fig. 2. L’examen de la sensibilité superficielle au moyen du monofilament de Semmes- Weinstein est très simple.

On appliquera le monofilament, la première fois, sur la main du patient, pour qu’il puisse savoir qu’elle est la sensation. Ensuite, on applique le monofilament perpendiculairement sur trois points de la face plantaire du pied.

On considère le patient à haut risque de développer un ulcère plantaire, si deux tiers des réponses sont incorrects.

Sites de test avec le monofilament

Pied neuropathique Pied artériopathique

쐌 Pieds chauds, hyposudation 쐌Pied froid, pâle à l’élévation, cyanose en déclive

쐌 Insensibilité 쐌Sensibilité normale. Claudication intermittente

쐌 Aréflexie ostéotendineuse (inconstante)

쐌 Hyperkératose 쐌ROT normaux

쐌 Pouls perçus 쐌Pied maigre, atrophique, ongles épaissis, dépilation

쐌Pouls non ou mal perçus. Souffles vasculaires Tableau 4. Différences entre le pied neuropathique et le pied artériopathique.

(4)

Pied diabétique infecté

Cliniquement, on peut différencier trois formes:

쐌 Cellulite superficielle :dans 90-95% des cas, elle est causée par un seul germe pathogène gram positif, généralement le staphylocoque doré ou le streptocoque.

쐌 Infection nécrosante :elle atteint les tissus mous et est souvent polymicrobienne.

쐌 Ostéomyélite :la localisation la plus fréquen- te est au niveau des 1er, 2eet 5eorteils avec une évolution souvent symptomatique. Un contact osseux à l’exploration de l’ulcère, au moyen d’une aiguille boutonnée, a une valeur positive prédictive de 90% pour une ostéomyélite. Les formes asymptomatiques posent le diagnostic différentiel avec une arthropathie aseptique.

Bilan des facteurs pronostiques :

existe-t-il une infection ou une ischémie ? L’examen clinique est le premier point du bilan. L’atteinte artérielle est évoquée devant des pouls non palpables, une découverte de souffles vasculaires ou d’un pied froid. L’inspection de la plaie doit commencer par l’examen des tissus envi- ronnants (dermohypodermite, phlegmon, cellulite, gangrène gazeuse, …) puis, la profondeur de la lésion est explorée à l’aide d’une aiguille bouton- née: la présence de pus (sans oublier de faire un prélèvement avant d’introduire une antibiothéra- pie) et d’un éventuel contact osseux, qui posera le diagnostic d’une ostéite, sera analysée.

Examens complémentaires

쐌 Radiographie standard.

쐌 Bilan artériel des membres inférieurs.

쐌 Bilan infectieux.

Bilan artériel

Le niveau lésionnel est précisé par des exa- mens fonctionnels vasculaires (doppler – écho- doppler – mesures des pressions artérielles). Con- cernant les pressions artérielles, si le gradient de pression cheville-bras (ISCB) est supérieur à 1, une insuffisance artérielle peut être exclue. Un gradient inférieur à 0,9 représente un risque vas- culaire ; inférieur à 0,6, une ischémie d’effort et inférieur à 0,4, une ischémie critique au repos.

L’importance d’une ischémie doit être quanti- fiée par les mesures de pression d’oxygène transcutanée (TcPO2) du dos du pied ou de façon étagée. Les valeurs normales sont de 50 mmHg. Au-dessous de 20 mmHg, il s’agit d’une ischémie qui met en jeu le pronostic local à court terme. A ce moment-là, l’indication à une artériographie des membres inférieurs est discu- tée dans le but d’un geste de revascularisation (angioplastie-pontage).11

Bilan infectieux

쐌 Un bilan biologique est nécessaire (formule sanguine complète avec une répartition, créati- nine, CRP…).

쐌 Obtenir un prélèvement bactériologique en profondeur par curetage.

쐌 Les radiographies du pied sont souvent néga- tives si la lésion a une durée d’évolution infé- rieure à trois semaines et a une sensibilité faible.

Le diagnostic peut être renforcé par une IRM du pied. La scintigraphie osseuse est sensible mais peu spécifique.

Le pied et la chaussure du diabétique

A

fin de pouvoir prévenir l’apparition des lésions du pied diabétique, il faut une pres- cription de chaussures orthopédiques adaptées à chaque patient selon le risque d’ul- cérations (tableau 6).12-15

1. Inspecteztous les jours vos pieds, au besoin requérir l’aide d’une personne de l’en- tourage

2. Signalez immédiatement toutelésion ou coloration suspecte 3. Ne marchezjamais pieds nus, en particulier sur la plage

4. Lavez vos pieds chaque jour à l’eau tiède et au savon. Contrôlez la température de l’eau avec un thermomètre (< 35°C). Evitez les bains de pieds prolongés.Bien essuyer en particulier les espaces interdigitaux

5. En cas de peau très sèche, appliquez unecrème hydratante neutre. Poncez les zones d’hyperkératose (pierre ponce)

6. Gardez vosongles suffisamment longset limez-les plutôt que de les couper

7. Ne traitez pas vous-même durillons, cors ou ampoules. Prévenez votrepédicureque vous êtes diabétique

8. Changez de chaussettes tous les jours

9. Prenez garde aurisque de brûlure(bouillottes, feu, radiateurs) ou des gelures, n’utili- sez ni coricides, ni produits agressifs

10 Soyez attentif auchoix des chaussures qui doivent être souples, ni trop larges ni trop étroites. Contrôlez l’absence de corps étranger dans la chaussure avant de vous chausser. Changez de chaussures au moins deux fois par semaine. Ne portez au début que quelques heures des chaussures neuves. Evitez les talons hauts

Tableau 5. Conseils à transmettre aux patients diabétiques.

Pas de polyneuropathie Risque faible Polyneuropathie présente Risque moyen Polyneuropathie, Risque élevé déformation, artériopathie

Polyneuropathie et Risque très élevé antécédents d’ulcère/

amputation

Tableau 6. Echelle d’évaluation du risque d’ulcération du pied diabétique.

(5)

Pieds diabétiques avec risque faible

– Chaussures de confection (largeur et longueur suffisantes, cuir ou tissu élastique) (fig. 3).

– Chaussures avec semelles amovibles.

– Soutiens plantaires de répartition (entier).

Pieds diabétiques avec risque moyen – Chaussures orthopédiques de série.

– Répartition des charges par un support plantai- re entier (thermoformé, mousse de polyéthylè- ne, Ledos) et décharge locale individualisée.

– Pas de couture.

– Vérifier la taille.

Pieds diabétiques avec risque élevé

– Chaussures orthopédiques adaptées : sur me- sure ou de série et adaptées par dilatation.

– Profondeur supplémentaire pour semelles.

– Rembourrage intérieur, sans couture.

– Semelles amortissantes sur mesure avec un lit entier.

– Répartition des charges par appui sous-capital ou rétrocapital.

– Evidement par mousse ou gel de plus faible densité en regard des appuis pathologiques.

– Matériel lavable et renouvelable.

Pieds diabétiques avec risque très élevé – Chaussures sur amputation. Facilitation du dé-

roulement par «tampon buvard».

– Semelles amortissantes sur mesure avec un lit entier.

– Comblement selon amputation.

– Orthèse («garde place») si amputation d’un rayon.

– Répartition des charges.

– Evidement par mousse ou gel de plus faible densité en regard des anciens ulcères.

Comment mettre en décharge une plaie chronique du pied diabétique ?

Devant toute plaie chronique, on doit évoquer un appui ou un frottement chronique sur la plaie.

Escarres du talon

Ils peuvent se développer en quelques heures chez un patient artéritique alité. Une décharge totale et permanente des talons doit être systématique chez les patients diabé- tiques alités, tant pour la prévention que pour le traitement curatif des escarres des talons.16 Pour cela, il est possible d’utiliser un coussin de décharge qui met les talons totalement dans le vide (fig. 4).

Plaies plantaires

Plaies de l’avant-pied ou des orteils :l’utilisation des semelles orthopédiques avec diminution d’appui élective sur certaines zones plantaires doit être envisagée. La mise en décharge la plus adaptée pour ces types d’ulcères est le port de chaussures de décharge totale de l’avant-pied.

Elles permettent la cicatrisation rapide du mal perforant plantaire si elles sont portées à chaque fois que le patient pose le pied par terre et à condition qu’il n’existe pas d’artériopathie sévère ou d’ostéite sous-jacente. La pose de ces chaus- sures entraîne une inégalité de longueur des membres inférieurs de 6 cm environ et donc un risque de lombosciatalgies, empêchant les pa- tients de marcher trop longtemps. Cette inéga- lité de longueur peut être compensée partielle- ment sur la chaussure controlatérale par une semelle (fig. 5).

Plaies talonnières : l’appui talonnier est quasi obligatoire lors de la marche. Pour la mise en décharge de la plante du talon, on utilise des chaussures de décharge du talon, grâce à l’ou- verture postérieure et plantaire. Elle soulage correctement l’appui lors d’une hyperkératose fissuraire postérieure du talon.

Fig. 3. Chaussures de largeur suffisante.

Fig. 4. Mise en décharge des plaies chroniques du pied diabétique difficile à comprendre par les patients, en raison de l’absence de douleur secondaire à la neuropathie.

L’expérience quotidienne montre que la mise en décharge qui supprime ou diminue l’hyperpression sur ces plaies chroniques est une des conditions essentielles de leur cicatrisation.

A chaque localisation de plaie correspond un mode de décharge adapté.

[

Bibliographie

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11 Wutschert R, Bounameaux H. De- termination of amputation level in ischemia lumbs. Reappraisal of the measurement of transcutaneous oxygen pression. Diabetes Care (in press).

(6)

Plâtres de décharge

La mise en décharge des plaies plantaires, talonnières, de l’avant-pied et surtout du mé- diopied est excellente avec une botte de dé- charge en résine fenêtrée en regard de la plaie.

La compliance est bien meilleure qu’avec tou- tes les chaussures de décharge amovibles, qui sont souvent portées de façon intermittente par les patients, ce qui explique la plupart du temps l’absence de cicatrisation notamment des plaies sur pied neuropathique. Elle ne doit donc pas être utilisée en première intention mais seule- ment chez les patients ayant une très mauvaise compliance pour la décharge classique, et lorsque la chronicité de la plaie entraîne un risque d’amputation. Elle est contre-indiquée chez les patients ayant une artérite sévère ou des œdèmes des membres inférieurs.

Fig. 5. Types de chaussures orthopédiques.

쐌 L’identification des patients à risque constitue la tâche principale

쐌 L’instruction du patient diabétique constitue une part importante de la prévention

쐌 Des soins réguliers des pieds par le patient cor- rectement instruit, intervenant activement

dans la prévention

쐌 La cause principale de l’ulcère diabétique est le stress mécanique résultant de la neuropathie

쐌 Les centres interdisciplinaires de diagnostic et de traitement constituent un pilier important de la prévention

Implications pratiques

[

Adresse des auteurs :

Dr Cristina Pin et Pr Jacques Philippe

Unité de diabétologie clinique Division d’endocrinologie, diabétologie et de nutrition HUG

1211 Genève 14 Dr Bettina Peter-Riesch Les Crêts-de-Vésenaz Ch. des Rayes 33 1222 Vésenaz

12 Therapeutic Footwear for the Neu- ropathic Foot Diabetes. Care 2001 ; 24 : 705-7.

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Informations de l’industrie

Cette rubrique n’engage pas la responsabilité de la rédaction

L’activité physique aide les pa- tients atteints de diabète de type 2 pour trois raisons :

1. Elle améliore la sensibilité à l’insuline et donc l’absorption et l’utilisation du glucose dans les muscles et le tissu adipeux.

2. Elle diminue des facteurs de risque cardiaque tels qu’hyperten- sion artérielle, dyslipidémie, obési- té viscérale.

3. Elle aide, en complément à un régime, à la perte de poids, par utilisation accrue de calories.

Activité physique ne signifie pas forcément sport mais plutôt exer- cice quotidien

Une activité dans la vie quoti-

dienne offre de nombreux autres avantages aux patients atteints de diabète de type 2. Elle diminue la glycémie, améliore l’efficacité de l’insuline, a un effet bénéfique sur la perte pondérale, a un effet favo- rable sur le métabolisme lipidique, diminue l’hypertension artérielle et augmente la tolérance cardiovas- culaire et le bien-être en général. Il ne s’agit pas de faire du sport de haut niveau, mais d’intégrer des activités physiques à la vie de tous les jours. Mille à 1500 kcal sont brûlées par semaine grâce à une activité physique régulière de 30 à 45 minutes/jour, à la maison, au bureau et/ou lors d’activités spor- tives tous les deux jours au moins.

Pour renforcer une perte pondérale, l’activité physique journalière est recommandée (30 min environ).

Changez votre comportement :Montez les escaliers à pied au lieu de prendre l’ascenseur.

Sur le chemin du travail, des- cendez de l’autobus ou du tram- way quelques stations avant la destination et faites le reste du trajet à pied.

Pour aller travailler, faites tout ou une partie du trajet à bicyclette.

Faites une promenade à pied tous les jours (par exemple avec des amis ou avec le chien).

L’actometer (compteur de pas) rend les performances visibles !

L’actometer compte les pas et il calcule la distance parcourue (km) ainsi que la consommation de calo- ries. Vous avez ainsi un contrôle simple de l’activité quotidienne.

L’actometer pour vos patients est disponible au prix coûtant de Fr. 19,15, TVA incl. (frais d’expédi-

tion en plus).

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L’activité physique est importante – surtout en cas de diabète de type 2

(Novartis Pharma Suisse SA, Berne)

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