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Autre Temps, autres Mœurs

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Academic year: 2022

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Autre Temps,

autres Mœurs

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DU MEME AUTEUR :

PARCE QUE (poésies), épuisé. — Maurice BAUCHE, 1913.

ECHOS DANS LA TOURMENTE (vers), épuisé. — STOCK, 1916.

BRINDILLES (poèmes), épuisé. 1932. PELAMOURGUE, FIGURINES ET BUSTES. — N. R. C., 1934.

DE L'OMBRE AU SOLEIL. — N. R. C., 1936.

LETTRES D'UNE GAFFEUSE. — Société Géné- rale d'Edition Française, 1946.

250 Anniversaire de la Mort de RACINE (pla- quette). — Société Parisienne d'Imprimerie, 1950.

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ROSITA

Autre Temps,

autres Mœurs

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE DIX EXEMPLAIRES SUR PUR FIL LAFUMA NUMÉROTÉS DE I A X

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A LÉO LARGUIER

de l' Académie Goncourt

Dans le sanctuaire de la forme, de l'aspect et du pétale où flotte un indéfinissable par- fum d'art précieux, grandiose ou subtil qui reflète l'harmonie de votre pensée, de votre goût et de votre lyrisme, vous avez accordé votre bienveillance aux libres propos de Polycarpe et Cunégonde que vous fûtes le premier à connaître. Alors, mon cher Maître, laissez-moi vous offrir ce petit livre en trè- fle à quatre feuilles d'estime et d'admiration, de gratitude et d'amitié.

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I L y avait alors non pas des salons comme au dix- huitième siècle, pas encore des « bars » à domicile comme avant, pendant et après l'occupation, mais un peu partout des lieux de rencontre qui étaient aux véritables maisons closes ce qu'est la carte pos- tale au paysage. Une de ces auberges de passage et d'esprit devin (ou de vin, si tu veux ?) à la lisière des ombrages du Luxembourg et sa tenancière s'ap- pelait la Baronne... Elle était dans le premier quart de ce siècle, aussi célèbre qu'actuellement la bombe atomique. Il y avait différentes raisons pour cela, j'en passe et des meilleures. En voici, toutefois, quelques-unes. Epouse d'un futur Tal- leyrand lequel à un moment donné fut chargé de représenter notre pays à Dublin, la municipalité de cette ville lui offrit une réception au cours de laquelle une personne au teint coloré manifesta le désir de connaitre le Consul général de France. Un fonctionnaire fit solennellement les présenta- tions tandis que le plus illustre échantillon de ces Messieurs de la Carrière interrogea de la sorte son interlocutrice : « Madame est des pays chauds ? mais la conversation était déjà fort animée quand ledit fonctionnaire entendit ces mots et cet étrange dialogue : « A cette époque, j'avais dix-sept ans, à

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présent j'en ai quasi trente-neuf... — « Les dames n'avouent jamais la quarantaine... » Lorsqu'il pas- sait brièvement quelques jours à Paris, il se signa- lait ainsi à un bal en faisant tout haut cette excla- mation : « Que ces jeunes gens ont le goût bizarre, ils dansent tous avec ma femme ! » Or, sa rousse moitié au toupet légendaire et frisotté donnait des soirées sans bien connaître ou reconnaître ses in- vités et il lui arrivait fréquemment de glisser con- fidentiellement à un vieux magistrat : « Vous rac- compagnerez Madame Une Telle sans que cela of- fusquât le moins du monde son hôte. » Les chaises étaient rares, le buffet plutôt hypothétique et je me souviens, pendant mon adolescence, dûment cha- peronnée par ma mère, y avoir rencontré feu M. Gaston Doumergue qu'elle me nomma de la sorte : Mademoiselle Doumergue, Monsieur R... Ah ! pardon, c'est le contraire ; et beaucoup plus tard m'amusai follement lorsque j'appris que l'ancien Président de la République affirmait n'avoir jamais mis les pieds boulevard Saint-Marcel. Un « soir » particulièrement fréquenté de ce temple fausse- ment intellectuel ou orgiaque, l'épouse d'un mem- bre de l'Institut en prenant congé du maître de maison lui dit en minaudant : « Oh ! Baron, quelle merveilleuse réunion. — Vous trouvez ? ré- plique-t-il en haussant les épaules. Ce que je m'en- nuie ! — Vous êtes trop modeste ; il n'y a que chez vous... ici une longue, admirative et délirante ti- rade sur l'hospitalité de celui qui continuait à bâil- ler ostensiblement. A la fin, exaspérée, elle ajouta :

« Puisque vous êtes si las, pourquoi n'allez-vous pas vous coucher ? » — Elle fut édifiée — : « Je ne peux pas : le vestiaire est sur mon lit. »

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II

L A dame de céans fort agitée faisait à tout propos des phrases lapidaires dans le genre de celles-ci (elle s'adressait à un essayiste réputé) : « Ne trouvez- vous pas aussi que les hommes de lettres sont peu intelligents ? » et, contente de cet apophtegme, qui n'était pas encore un slogan, elle se précipite comme l'adversité sur le monde au-devant d'un jeune écri- vain de vingt ans et le présente de la sorte à la ronde : « M. UNTEL, MEMBRE DE L'INSTITUT », confondant sans vergogne le père et le fils. Un jour, l'idée de fonder une revue s'incrusta sous les friset- tes carottes à la crème. Elle expédia un message vo- lumineux au fils du membre de l'Institut : « Cher ami, je crée un périodique : bien entendu, vous en serez le directeur littéraire. » Malgré son jeune âge, ce « débutant » était normal et ne prit pas la baronne au sérieux ; et sa punition consista pendant quelque temps à se réveiller avec un « tube » de la fondatrice de Phidias sur le plateau de son café au lait, de déjeuner au champagne après lecture du second pneumatique de ladite dame et de s'endormir après avoir décacheté le troisième. Au bout de sept à huit semaines, il lut ce laconique ultimatum : « Qui ne

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dit mot consent. Depuis hier, six mille francs sont déposés à votre nom pour la revue au Crédit Lyon- nais. » Il se hâta de décliner cette offre trop flatteuse.

J'avais alors quelques confrères qui venaient régu- lièrement, et pour mon plus grand plaisir, trou- bler ma solitude, et l'un d'eux s'esclaffa : « Vous ne manquez point d'audace en vous moquant d'une pu- blication du patronage de laquelle vous faites par- tie. » Je haussai les épaules et répliquai : « Je serais tout de même au courant s'il en était ainsi. » Cepen- dant, le lendemain, après avoir été chez presque tous les libraires de la rive gauche et plusieurs autres, je découvrais dans les ténèbres, au moment où Le Soudier fermait ses portes, le premier numéro de Phidias où dans le comité d'honneur, mon humble nom figurait entre ceux de Marcelle Tinayre et Henri de Régnier. Furieuse, je fis transmettre à la res- ponsable ma surprise de pareil procédé. Le diman- che suivant, je la rencontrai chez le président de la Société des poètes français. Elle vint à moi en trombe, volubile : « Il paraît que vous êtes étonnée.

Que voulez-vous, cela s'est fait si vite. » — Je répon- dis avec ironie : « Vu les personnalités dont je suis entourée, je ne peux qu'être flattée. » — « Oh ! qu'elle est mignonne. Il faut absolument présider mon banquet du... » — « Je ne m'aventure qu'à bon escient dans ce genre d'agapes et lorsque j'y suis obligée, à cause de mon âge, me mets au bout de la table. » Je croyais en avoir terminé avec cette muse ultra-fanée du Quartier Latin lorsqu'à Florence, où je passais les vacances pascales, je déchiffrais un Gaurisankar de ses pattes de mouche. « J'inau- gure la section franco-italienne de Phidias mer- credi et vous en serez la présidente. » Sur une carte postale représentant la place du Dôme, je m'excusai de refuser cette proposition à cause de mon absence et de ma besogne. L'année suivante,

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M. et Mme Félix Faure Goyau m'invitèrent à dé- jeuner avec un journaliste napolitain. Or, ce n'est pas dans l'oreille d'une sourde qu'il laissa tomber ces mots : « J'assiste ce soir à Phidias — et cela m'intéresse au plus haut degré — à une conférence contradictoire sur Carducci, sous la présidence de Madame Rosita. » Le directeur du Mattino ignorait qu'il était assis en face d'elle, puisque, selon l'usage, il n'avait entendu que son propre nom au moment des présentations. Plus tard, la baronne était l'hôte d'une famille qui offrait un repas à quelques membres de la presse.

Son voisin de droite lui dit à brûle-pourpoint, après lui avoir parlé de son organe du Plateau Central :

« Me serait-il permis de compter sur votre présence à notre dîner annuel à l'Hôtel Continental ? » 'Alors, avec émotion : « Vous m'invitez sans me faire payer... Oh ! » Après un silence justificatif, elle se tourne vers son voisin de gauche qui faisait de la publicité financière dans une feuille bien pen- sante. Elle lui vante l'agrément et l'utilité d'une col- laboration entre eux jusqu'au dessert ; et terrorisée à la pensée de n'avoir pas été suffisamment persua- sive, lui envoie un pneumatique dès l'aube avec URGENT trois fois souligné et cette première phrase : « Après l'inoubliable soirée d'hier, je suis sûre qu'avec deux cents francs par mois, nous pour- rons nous entendre. » Le destinataire était sorti à l'arrivée du télégraphiste et sa femme déchira l'en- veloppe. Cette jeune mariée voulut divorcer et on eut toutes les peines du monde à lui ancrer dans la cervelle qu'il s'agissait tout bêtement de cette cari- cature ambulante, voisine de table de son mari et rencontrée la veille.

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Imprimerie Spéciale de l'Edition Villiers-le-Bel (S.-et-O.)

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