• Aucun résultat trouvé

Afin de répondre à la problématique vous devrez montrer que la pensée de Clausewitz permet d'analyser toutes les formes de guerre.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Afin de répondre à la problématique vous devrez montrer que la pensée de Clausewitz permet d'analyser toutes les formes de guerre."

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

"Peu de penseurs de la guerre ont été aussi admirés et aussi attaqués que Clausewitz. Référence indépassable pour les uns, il est pour les autres le lointain responsable des guerres totales du XXe siècle, pour d'autres encore un auteur typique du système westphalien, donc anachronique à l'heure des nouvelles conflictualités. René Girard y a vu pour sa part le prophète angoissé d'une poussée de violence apocalyptique dont les horreurs du XXe siècle n'ont été qu'une pâle préfiguration, et dont l'hyperterrorisme précise aujourd'hui les contours. Seule certitude : Clausewitz continue à nourrir le débat stratégique. Comment ? Pourquoi ?"

Martin Motte, directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, professeur en stratégie à l’Ecole de guerre à Paris, spécialiste des questions navales.

Thème 2.

Axe 1 : La dimension politique de la guerre : des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux Activité 2 : Le modèle clausewitzien de la guerre (Histoire / Sciences-politiques)

✤Analyser, interroger, adopter une démarche réflexive : Relever les idées tirées des documents et les classer dans un plan.

✤Maitriser les savoirs : Guerre conventionnelle ou classique, Guerre absolue, « Petite Guerre », Brouillard de guerre.

✤Travailler en autonomie : préparer par un travail personnel le sujet.

Consignes : à l’aide du corpus de documents, répondez à la problématique suivante :

Comment Clausewitz définit-il les caractéristiques de la guerre?

Travail maison : Répondre aux questions afin de préparer au mieux la séance.

1/ Relevez deux phrases qui résument la pensée de Clausewitz sur la guerre (doc.1).

2/ Pourquoi des leaders révolutionnaires s'inspirent-ils de la pensée de Clausewitz (Doc 2).

3/ De quelles guerres Clausewitz fait-il principalement l’analyse (Doc 3).

Afin de répondre à la problématique vous devrez montrer que la pensée de Clausewitz permet d'analyser toutes les formes de guerre.

Document 1 : La Guerre selon Clausewitz

La guerre n’est rien d’autres qu’un duel à plus vaste échelle. Si vous voulons saisir en une seule conception les innombrables duels particuliers dont elle se compose, nous ferions bien de penser à deux lutteurs. Chacun essaie, au moyen de sa force physique, de soumettre l’autre à sa volonté. Son dessein immédiat est d’abattre l’adversaire, afin de le rendre incapable de toute résistance. La guerre est donc un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. (…) La violence, c'est-à-dire la violence physique (car il n'en existe pas de morale en dehors des notions d'État et de loi), est donc le moyen. Imposer notre volonté à l'ennemi en constitue la fin. Pour atteindre cette fin avec certitude nous devons désarmer l'ennemi. Lui ôter tout moyen de se défendre est, par définition, le véritable objectif de l'action militaire (…)

La guerre d’une communauté - de nations entières et notamment de nations civilisées - surgit toujours d’une situation politique et ne résulte que d’un motif politique. (…) Aussi la politique pénètrera-t-elle l’acte de guerre entier en exerçant une influence constante sur lui, dans la mesure où le permet la nature des forces explosives qui s’y exercent. La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens. Nous voyons donc que la guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des relations politiques, une réalisation de celles-ci par d’autres moyens.

Carl von Clausewitz, De la guerre, 1832 (Livre I. Chapitre I).

(2)

Document 2 : Du bon usage de Clausewitz : la politique doit mener la guerre

La guerre est impérativement conduite par l'État (à l'époque le souverain) tandis que la violence physique qui lui est nécessaire est exercée par les armées. En contradiction avec la pensée de Clausewitz, les militaires s'obstinèrent après lui à revendiquer la suprématie des guerriers sur les politiques. Cette tentation fréquente sera formalisée par Ludendorff (La guerre totale, 1935), quand il affirme que la mobilisation de l'ensemble des ressources matérielles et humaines implique un grand chef fonctionnant comme un dictateur. De son côté, Hitler, vraisemblablement lecteur de Clausewitz, ajoutera l'idée que c'est la communauté raciale qui fonde le destin politique d'un peuple voué à la guerre pour se régénérer. À l'inverse, ce sont des têtes politiques marxistes de renom, Lénine et Mao Zedong, qui manifestèrent une orthodoxie clausewitzienne presque parfaite, même si lui n'éprouvait aucune sympathie pour les révolutionnaires. S'il a abordé la « petite guerre » (guérilla), l'efficacité de la guerre populaire est pour lui aléatoire lorsqu'elle n'est pas encadrée par l'armée régulière. […] Finalement, la réflexion du stratège prussien concerne presque exclusivement les guerres étatiques, menées à grande échelle, utilisant des moyens conventionnels et des armées régulières.

Jean-Pierre Azéma (historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale), L'histoire, juillet-août 2002.

Document 3 : Vers la guerre absolue

Depuis l’époque de Bonaparte, la guerre (…) s’était approchée plus près de sa vraie nature, de son absolue perfection. Les moyens qu’on mis alors en oeuvre n’avait pas de limites visibles ; la limite se perdait dans l’énergie et l’enthousiasme des gouvernements et de leurs sujets. L’étendue des moyens et le vaste champ des résultats possibles, comme l’excitation puissante des sentiments, accroissait immensément l’énergie dans la conduite de la guerre ; l’objet de son action était le renversement de l’ennemi ; il ne paraissait pas possible de s’arrêter et d’en venir à un accommodement quelconque (…). La violence primitive de la guerre, libérée de toute restriction conventionnelle, explosait ainsi dans toute sa force naturelle. La cause en étai la participation du peuple à cette grande affaire d’État qui découlait en partie des effets de la Révolution française sur les affaires intérieures des pays et en partie de ‘attitude menaçante des Français vis à vis de toutes les nations.

Carl von Clausewitz, De la guerre, 1832 (Livre VIII. Chapitre III).

Biographie de Carl Von Clausewitz

« La guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens. » Cette maxime de Clausewitz est devenue l’une des phrases les plus célèbres de notre temps. Clausewitz a été lu et médité par les militaires prussiens, Lénine, Mao, Eisenhower, Henry Kissinger, Raymond Aron. Son traité De la Guerre (Vom Kriege) est au programme des Académies militaires américaines. L’image de Clausewitz est aujourd’hui ambivalente. Considéré, à l’égal d’un Thucydide, comme la plus grande référence de l’histoire de la pensée stratégique, il est aussi un auteur contesté, parfois envisagé comme celui qui ouvre la porte aux guerres totales du XXe siècle.

Clausewitz devient cadet (élève-officier et porte-enseigne) à 12 ans et dès l'année suivante, en 1793, participe au siège de Mayence, occupée par les Français. C’est l’époque où la Révolution et la conscription nationale mettent fin aux affrontements limités de l’Ancien Régime : la guerre devient totale, mobilisant le peuple au nom de la Nation. La Prusse se retire du conflit en 1795.

Napoléon qui incarne la nouvelle manière de faire la guerre, reposant sur la vitesse de mouvement et la bataille décisive : sa campagne de 1805, qui le mène de Boulogne à Austerlitz, devient un modèle du genre. La Prusse est à son tour battue l'année suivante à Iéna et Auerstaedt. Clausewitz prend part à la bataille d’Auerstaedt et se fait remarquer par son courage, malgré le désastre. Il doit ensuite accompagner à contrecœur pendant un an le prince Auguste de Prusse, interné en France.

De retour en Prusse, c’est une tout autre tâche qui attend Clausewitz : moderniser l’armée, sous la direction de Scharnhorst. Le vieux modèle de Frédéric II a fait son temps et l’armée prussienne renonce aux mercenaires pour devenir une armée nationale. Une milice est créée afin d’avoir un réservoir d’hommes immédiatement mobilisables en cas de conflit. Un nouveau processus de sélection, qui ne repose plus sur la noblesse, est mis en place. Les officiers doivent apprendre les tactiques de manœuvre qui ont fait le succès des troupes françaises afin de combiner l’effet des différents corps d’armée (infanterie, cavalerie et artillerie). Culture et Histoire sont au cœur de cette nouvelle éducation.

Clausewitz prend part à cet élan dans lequel certains ont vu les bases des succès prussien et allemand du XIXe siècle et au-delà. C’est également au cours de ces années qu’il rédige les premières ébauches de ce qui va devenir son ouvrage De la Guerre.

Références

Documents relatifs

Dans le cadre de la clôture des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, l’IRHiS organise un colloque consacré aux expériences individuelles et collectives

Mais en dehors du droit et des discours juridiques, ou dans leurs marges, le concept émergent de guerre totale engage également un effort de redéfinition de la guerre, qui

La Première Guerre mondiale, guerre du XIX e , guerre du XX e siècle : écrire la Grande Guerre (1914–2014).. Séminaire de recherche organisé par l’EHESS (S. Audouin-Rouzeau) en

Les « travaux publics » s’inscrivent dans le contexte d’un « développement exubérant » de l’État et de compétences ministérielles mouvantes pour soutenir l’effort

The Scientific Committee is composed of Alya Aglan-Wismann (Professor in Contemporary History at Paris 1 Panthéon-Sorbonne University, UMR Irice LabEx EHNE),

Victor Demiaux (EHESS, IEP de Lille) : « La construction rituelle de la victoire dans les capitales européennes après la Grande Guerre (Bruxelles, Bucarest,

Nassima Bougherara (Université Stendhal/Grenoble3) Usages et mésusages de la guerre d’Algérie dans la pensée militaire contemporaine sur les guerres d’Afghanistan et d’Irak

On imagine donc le manque à gagner du côté français et on comprend mieux l’insistance avec laquelle Louis Brichaux presse le corps expéditionnaire améric- ain tout au long