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Le Pic de Luc (Luc-en-Diois, 26). Un bastion des Alpes de la fin de l'Antiquité.

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1 LUHCIE, Université Grenoble Alpes, chercheur associé à l’Arar UMR 5138 Sauf mention contraire, photographies, relevés et DAO : Y. Bonfand

Les fonds de cartes proviennent de Géoportail ; vue aérienne de Google Earth.

Yann.bonfand@laposte.net

Bibliographie : Planchon (J.), Teyssonneyre (Y.), « Deux exemples de fortifications romaines dans les Alpes occidentales », in DHA, 37/1, 2011, pp. 61-91.

Le Pic de Luc (Luc-en-Diois, 26)

Un bastion des Alpes de la fin de l’Antiquité

XV

e

COLLOQUE international sur les Alpes dans l’Antiquité, Saint-Gervais (Haute-Savoie), 12 – 14 octobre 2018

Les vestiges du Pic

Installé sur une crête orientée Est-ouest au sommet du Pic du Luc, un ensemble de vestiges domine la Drôme dans la commune de Luc-en-Diois. Si la montagne est surtout connue pour son célèbre Claps (effondrement au XVI

e

s.), l’occupation humaine antique fut signalée dès le XVIII

e

s. par Moreau de Véronne ; aucune fouille n’y a cependant jamais été menée hormis quelques repérages entre 2002 et 2007.

Avec ses hauts murs appareillés en un opus incertum soigné, sa tour et son imposante citerne nappée d’un épais mortier de tuileau, l’occupation sommitale du Pic de Luc questionne les archéologues. Si la fonction de bastion des Alpes a pu être avancée, sa datation s’avère plus périlleuse. Une récente prospection pourrait nourrir de nouvelles pistes et questionner le rôle du site au sein du diois.

Dispersés sur plus de 400 m de long au sommet de l’arête, les vestiges se composent d’une tour isolée de faible diamètre (n°7), de deux ensembles maçonnés (n°2 ; n°6) avec long mur aveugle aligné à la crête, flanqués d’un contrefort semi-circulaire et disposant de retours maçonnés vers le Nord pour prendre appui sur le rocher.

Le site dispose surtout d’une citerne de 31,5 m de long localisée entre deux éminences rocheuses. Elle est aménagée sur deux degrés (voire trois, soit entre 10 et 14,6 m de largeur) et composée de cinq cuves alternant les formes rectangulaires et carrées qui communiquaient entre elles comme l’atteste une arche conservée.

D’autres structures sommitales encore mal comprises complètent l’aménagement du Pic (n°1 : espace de circulation avec parapet maintenu par mur de terrasse ? ; n°4 : bâti en partie effondré dans le ravin).

Par ailleurs, un long mur (n°5) – situé en contrebas et perçu de façon discontinue sur près de 50 m de long et jusqu’à 4 m d’élévation – aménage une terrasse plane en saillie de 2 à 3 m vis-à-vis de la falaise. Le pendage rend propice la circulation sur cet aménagement, ce qui pourrait confirmer son utilisation en qualité de voie d’accès.

Un verrou alpin

Au carrefour des vallées de la Drôme et du Miscon ainsi que de la Combe de Die, le Pic se présente comme un site stratégique en surplomb du resserrement de la voie qui, depuis l’Antiquité relie la vallée du Rhône à la

Via Domitia

par le col de Cabre. Implantation, isolement, panorama, vestiges maçonnés sont autant d’arguments pour déceler une fonction militaire de contrôle de la vallée de la Drôme entre Rhône et Durance, seul bastion avéré entre Die, Gap et Sisteron.

Une occupation édilitaire en lien avec la capitale voconce ?

Et pourtant, les récentes découvertes effectuées dans les pierriers sud du Pic, principalement au-dessous de la citerne, pourraient conduire à reconsidérer la fonction de ces vestiges. L’étude du mobilier céramique indique, de façon notoire, une fréquentation non négligeable rattachée au Haut Empire et plus spécifiquement augustéenne, période de fondation de l’agglomération de

Lucus Augusti

alors cité fédérée des Voconces (Pline,

N.H.,

III, 4, 37). L’absence de céramiques attribuables à l’âge du Fer – contre une forte présence de l’âge du Bronze – invite par ailleurs à considérer l’occupation comme une fondation contemporaine à celle de l’agglomération.

Notons enfin que la prospection permit de mettre en évidence un certain nombre de creusements sur le rocher à l’Est de la citerne.

Pas moins de six paraissent poursuivre l’orientation du mur sud de la citerne, ce qui pouvait constituer un ensemble architectural plus monumental et complexe qu’il n’y paraît. Une telle monumentalisation du Pic, associée au confort constaté de l’occupation (verreries romaines de qualité ;

tubuli

; enduits peints rouges et blancs ;

dolium) pourraient inciter à déceler un rôle politique voire symbolique

dans cette occupation.

Toutefois, quoique séduisante, l’hypothèse demeure fragile en l’absence de vestiges architecturaux attendus pour une structure de cet acabit et qui pourraient la corroborer. Si toute fonction militaire parait devoir être exclue pour cette période précoce, une réoccupation tardive du site à des fins stratégiques parait certaine lorsque le territoire alpin devint menacé. Une datation absolue des maçonneries pourrait permettre de les associer définitivement à une période précise.

Localisation du Pic de Luc (flèche blanche)

Die

Luc-en-Diois

En l’absence de tout autre vestige, la tour ainsi que les hauts murs aveugles à contrefort abondent dans le sens d’une occupation de type fortin. Associé à la contenance de la citerne (au minimum de 224 m

3

), le mobilier recueilli (scories,

tubuli

et

dolium) permet de considérer une occupation pérenne et autosuffisante (citerne) qui offre un

contrôle de la voie et plus globalement de tout le territoire, soit la vallée en amont de Die.

L’étude de monnaies découvertes dans les environs du Pic, effectuée par Jacques Planchon, a permis de faire émerger un pic notable de fréquentation au cours du dernier quart du III

e

siècle. Une datation qui renvoie aux troubles politiques notoires qui affectèrent la région – invasions, bagaudes – et que corrobore l’impression globale que donne le site avec ses maçonneries bâties sur les flancs escarpés du Pic. Quelques céramiques attribuables aux III

e

et IV

e

siècles confirment l’occupation tardive du site, seul poste de contrôle connu sur cette voie alpine secondaire. Une opération de prospection des hauteurs en co-visibilité avec le Pic pourrait amener à découvrir de nouvelles occupations contemporaines qui constitueraient un réseau défensif des vallées.

Haute vallée de la Drôme.

Citerne vue depuis l’Est, au premier plan l’ouverture cintrée entre les cuves I et II

Restitution de la citerne en plan

Planchon, Teyssonneyre 2011

Vue panoramique surplombant le verrou qui domine la Drôme. À gauche, le Claps ; à droite, la commune de Luc-en-Diois au premier plan et la Combe de Die. Photographie : E. Roux

Quoiqu’assez étendue, la crête ne permet d’aménager qu’un petit espace plan qui semble fortement limiter les possibilités d’installation. Aucune terrasse artificielle ne ressort des observations de terrain sur l’ubac du pic, seul le mur de terrasse délimitant la probable voie a été observé sur l’adret.

Yann Bonfand

1

Mur de terrasse, probable support de la voie

La conservation des vestiges y est frappante – jusqu’à 6 m de hauteur pour certaines élévations – quoique l’essentiel des niveaux de sols semble avoir subi une importante érosion. Mortiers et maçonneries présentent une cohérence dans leur mise en œuvre ainsi qu’une utilisation de la symétrie qui plaide pour leur contemporanéité.

Creusement 6

Le Pic de Luc

Coupe restituée de la citerne oùl’on distingue de puissants murs (0,90 m) recouverts de mortier (0,20 à 0,27 m) avec ajout d’un mortier de tuileau pourl’étanchéité (0,04 à 0,07 m) Photographie : E. Roux

Profil du contrefort semi-circulaire

La découverte d’un rebord permet de proposer une contenance d’environ 112 m

3

d’eau par degré.

Structure 6, parement externe sud

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