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Dimensions transnationales des politiques sociales britanniques: le rôle de la Grande-Bretagne au sein de l'OIT, 1919-1946

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Thesis

Reference

Dimensions transnationales des politiques sociales britanniques: le rôle de la Grande-Bretagne au sein de l'OIT, 1919-1946

HIDALGO-WEBER, Olga

Abstract

Cette thèse s'inscrit dans les récents travaux en histoire transnationale qui ces quinze dernières années ont renouvelé l'historiographie du 20e siècle. Les organisations internationales se révèlent à cet égard être des observatoires de choix pour l'analyse de ces phénomènes circulatoires, dans la mesure où de nombreux flux sont orchestrés ou cristallisés par elles. Dans cette approche et en croisant les sources nationales avec celles de l'Organisation internationale du travail, cette étude propose un nouvel éclairage sur la politique britannique de l'entre-deux-guerres dans le domaine social à travers une relecture des relations sociales et politiques que les Britanniques entretiennent avec une multitude d'acteurs : ouvriers et patronats, mais également leur Empire et les Etats-Unis. Ce travail invite à une remise en cause de l'isolationnisme américain en soulignant l'importance de la relation spéciale qui unit les deux pays. Il fait également ressortir l'impérialisme social du gouvernement britannique dans sa relation avec les acteurs sociaux et l'Organisation, cette dernière restant [...]

HIDALGO-WEBER, Olga. Dimensions transnationales des politiques sociales

britanniques: le rôle de la Grande-Bretagne au sein de l'OIT, 1919-1946. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2015, no. L. 830

URN : urn:nbn:ch:unige-731390

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:73139

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:73139

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UNIVERSITÉ DE GENÈVE

Discipline : Histoire

Thèse pour l’obtention du doctorat ès lettres de l’Université de Genève, présentée et soutenue publiquement le 20 mars 2015 à Genève.

Olga Hidalgo-Weber

Dimensions transnationales des politiques sociales britanniques:

le rôle de la Grande-Bretagne au sein de l’Organisation internationale du travail, 1919-1946.

Thèse rédigée sous la direction de Mme Sandrine Kott

Membres du jury de thèse :

Mme Sandrine Kott, professeure à l’Université de Genève

M. Davide Rodogno, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement Mme Anne Deighton, professeure à l’Université d’Oxford

Mme Noel Whiteside, professeure à l’Université de Warwick Président du jury :

M. Matthias Schulz, professeur à l’Université de Genève

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REMERCIEMENTS

J’ai fait la connaissance de Sandrine Kott, ma directrice de thèse, en 2007. C’est une chance et un plaisir de travailler à ses côtés. Pendant ces années de recherche elle a été une source inépuisable de motivation et d’inspiration intellectuelle. Elle m’a également permis de m’insérer dans le réseau de l’Institut européen (aujourd’hui Global Studies Institute) et au département d’histoire générale de l’Université de Genève et je lui exprime ici toute ma gratitude pour l’attention dont elle a fait preuve à mon égard et la confiance qu’elle m’a accordée.

Je remercie Philippe Burrin qui le premier m’a fait découvrir et aimer l’Histoire.

Je remercie Davide Rodogno et Anne Deighton qui tous les deux à HEID en 2006 m’ont encouragée dans la reprise de mes études.

Je remercie les professeurs et chercheurs dont les discussions stimulantes m’ont permis d’évoluer dans mon travail, je remercie en particulier Joëlle Droux, Yann Decorzant, Matthieu Leimgruber, Irène Hermann, Corinne Pernet et Ludovic Tournès.

Je remercie mes collègues et amis de l’Université de Genève, je remercie en particulier Simon Godard, Damiano Matasci, Amalia Ribi et Marc Roissard De Bellet pour leurs précieux conseils et leurs relectures attentives. Je remercie aussi Gregory Meyer, Marie-Luce Desgrandchamps, Véronique Stenger-Plata, Elodie Serna, Ombeline Dagicour, et Ozcan Yilmaz.

Je remercie tout particulièrement Isabelle Anatole-Gabriel pour son soutien et ses minutieuses relectures.

Je remercie Denis Freppel pour ses relectures.

Je remercie Remo Becci, Renée Berthon et Jacques Oberson pour leur accueil dans les archives du BIT et de la SDN.

Je remercie mon mari Miguel ainsi que mes enfants Sébastien et Audrey pour leur patience et leur affection.

Je remercie mes amies Céline, Karin, Margot, Patricia, Ingrid, Nathalie et Paola pour leurs encouragements et leur soutien.

Je remercie enfin mon père et ma mère à qui je dédie ce travail.

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ... 3

TABLES DES MATIÈRES ... 5

LISTE DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET CARTES ... 9

LISTE DES ANNEXES ... 11

LISTE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS ... 13

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 17

PREMIÈRE PARTIE.LE RÔLE DES RÉSEAUX POLITIQUES ET SOCIAUX BRITANNIQUES DANS LA CRÉATION DE L’OIT ... 45

Introduction: un contexte propice aux avancées sociales ? ... 45

Le gouvernement de coalition (14 décembre 1918-19 octobre 1922) ... 46

Les acquis sociaux d’avant-guerre ... 49

La montée des forces syndicales et travaillistes ... 51

Les signes de l’affaiblissement de l’Empire britannique ... 53

Chapitre 1. Les origines immédiates de l’Organisation internationale du travail ... 57

1.1. Les forces d’évolution des relations sociales pendant la guerre (1914-1918) ... 58

L'évolution des forces politiques et ouvrières ... 58

Les projets sociaux pour la reconstruction ... 61

1.2. L’influence des réseaux transnationaux ... 63

Le mouvement de la réforme sociale ... 63

Les mouvements socialistes et syndicalistes ... 66

1.3. La genèse des plans britanniques ... 69

L’évolution des plans d’une organisation internationale au ministère du travail... 71

L’influence des travaillistes et des syndicats sur le projet du gouvernement ... 75

Chapitre 2. La naissance de l’Organisation internationale du travail... 79

2.1. La Commission de législation du travail ... 81

La composition de la Commission de législation du travail ... 82

Les débats à la Commission de législation du travail ... 84

Les atouts et les alliances de la délégation britannique ... 86

La question de la ratification des conventions... 88

2.2. La gestion des voix dissidentes: les Dominions et l’Inde ... 92

Chapitre 3. Les débuts de l’Organisation ... 101

3.1. Le Comité d’organisation de la Conférence de Washington ... 102

Influences et liens entre le comité d’organisation et les Britanniques ... 103

Relations entre la Fédération syndicale internationale et le comité d’organisation .. 105

La participation des vaincus ... 108

3.2. La Conférence de Washington (1919) ... 110

3.3. Les premiers pas administratifs et la création du bureau de Londres ... 117

Bureaucratie anglaise contre bureaucratie française ... 117

La création du bureau de Londres ... 121

Conclusion de la première partie ... 125

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DEUXIÈME PARTIE.INFLUENCES DES BRITANNIQUES À L’OIT: ACTEURS ET RÉSEAUX .. 129

Introduction ... 129

Chapitre 4. Les Britanniques à l’OIT ... 135

4.1. Les fonctionnaires internationaux du BIT ... 136

4.2. Les fonctionnaires du bureau de Londres ... 150

4.3. Les représentants britanniques au sein des organes directeurs de l’OIT: gouvernement, syndicats et employeurs ... 154

Chapitre 5. Les interlocuteurs britanniques de l’OIT sur la scène nationale ... 169

5.1. Les acteurs gouvernementaux ... 169

Le ministère du travail : l’interlocuteur privilégié ... 170

Le comité interdépartemental du travail ... 176

Le Cabinet ... 182

5.2. La confédération des employeurs ... 184

5.3. Les syndicats ... 189

Chapitre 6. Les relais dans la société civile britannique : l’exemple de la League of Nations Union ... 195

6.1. Le comité industriel consultatif de la League of Nations Union ... 199

6.2. Les réseaux de la League of Nations Union et les liens avec l’OIT... 202

Chapitre 7. Les femmes britanniques et l’internationalisation des pratiques sociales ... 209

7.1. Les origines de la mobilisation britannique féminine au niveau international ... 211

7.2. Portraits de femmes britanniques à l’OIT ... 216

Conclusion de la deuxième partie... 232

TROISIÈME PARTIE.LES PARTENAIRES DE LA GRANDE-BRETAGNE AU SEIN DE L’OIT . 233 Introduction ... 233

Chapitre 8. Les liens transatlantiques, une special relationship à l’OIT ? ... 237

8.1. Cartographie des liens entre Britanniques et Américains à l’OIT ... 239

Le bureau de Washington ... 239

La collaboration américaine : fonctionnaires, experts et observateurs ... 243

Les réseaux d’Harold Butler ... 248

8.2. Décryptage de l’entrée des Etats-Unis à l’OIT ... 254

8.3. Origines, choix et conséquences de l’adhésion américaine à l’OIT ... 260

Chapitre 9. L’Empire britannique à l’OIT... 271

9.1. Le poids des Dominions et de l’Inde sur la politique britannique ... 275

L’Empire britannique après la Première Guerre mondiale ... 275

Le statut des Dominions et de l’Inde à l’OIT ... 279

La question des votes dans l’enceinte de l’OIT ... 281

Les ratifications des conventions ... 286

La Nouvelle-Zélande ... 287

Le Canada ... 290

L'Inde ... 294

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9.2. Une illustration: la convention sur le travail forcé ... 301

Les acteurs et les enjeux britanniques dans la question du travail forcé ... 302

Informations et fonctionnement de l’OIT en lien avec les colonies ... 305

La gestion des colonies par la Grande-Bretagne à l’OIT ... 311

Le soutien britannique aux travaux de l’OIT sur le travail forcé ... 313

Conclusion de la troisième partie ... 317

QUATRIÈME PARTIE. LE TRIOMPHE DU MODÈLE SOCIAL BRITANNIQUE ?... 319

Introduction ... 319

Chapitre 10. Le système social britannique ... 325

10.1. Législation et pratiques sociales britanniques ... 326

10.2. Le rapport Beveridge ... 335

Chapitre 11. Circulations et transferts des pratiques sociales ... 339

11.1. Rôle des acteurs britanniques dans l’élaboration des normes internationales ... 341

11.2. Réception en Grande-Bretagne de l’œuvre normative de l’OIT ... 350

11.3. Le paradoxe britannique : l’exemple de la convention des huit heures... 364

Les passeurs de modèle : les Britanniques et la rédaction de la Convention de Washington ... 366

La pression des syndicats pour l’adoption de la journée des huit heures ... 369

Les acteurs britanniques et la ratification de la Convention de Washington ... 371

Plateformes internationales du dialogue social entre l’OIT et les Britanniques ... 375

Chapitre 12. Les acteurs britanniques et l’OIT pendant la Seconde Guerre mondiale ... 383

12.1. L’équilibre des forces sur le Home Front ... 386

12.2. L’OIT, Phelan et les Britanniques ... 391

12.3. L’OIT et la special relationship ... 397

Chapitre 13. L’OIT comme instrument de propagande britannique ... 403

13.1. L’OIT et la mobilisation de la classe ouvrière pour l’effort de guerre ... 404

13.2. L’OIT au service des Alliés et de la Charte de l’Atlantique ... 406

13.3. Le rapport Beveridge et l’OIT, une affaire de propagande? ... 410

Conclusion de la quatrième partie ... 415

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 417

BIBLIOGRAPHIE ... 425

Sources ... 427

Sources non publiées ... 427

Archives de l’Organisation internationale du travail ... 427

Archives de la Société des Nations ... 434

Archives nationales britanniques ... 436

Archives de la London School of Economics and Political Science ... 442

Sources imprimées ... 443

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8

Travaux ... 447

Histoire globale, histoire transnationale et questions méthodologiques ... 447

L’Organisation internationale du travail ... 448

La Société des Nations, ses mouvements affiliés en Grande-Bretagne (pacifisme, internationalisme) et les organisations internationales ... 452

La question des femmes et la protection des enfants au travail dans l’entre-deux-guerres en Grande-Bretagne et à l’international ... 454

Les syndicats et les questions sociales ... 458

Histoire des politiques sociales en Grande-Bretagne au XXème siècle... 460

Questions politiques relatives à la Grande-Bretagne au XXème siècle et biographies .. 469

Nouvelles perspectives sur l’Empire britannique ... 471

Les Etats-Unis: New Deal, relation spéciale avec la Grande-Bretagne, relations avec l’OIT et la SDN ... 475

Sites internet et ressources électroniques ... 478

ANNEXES ... 479

Annexe I : Index biographique ... 481

Annexe II : Composition du Cabinet de guerre imperial, 1918 ... 495

Annexe III : Premier ministres de la Grande-Bretagne: 1910-1945 ... 497

Annexe IV : Partie XIII « Travail » du Traité de Versailles, 1919 ... 501

Annexe V : Constitution de l’OIT... 509

Annexe VI : La Charte de l’Atlantique signée le 14 août 1941 ... 519

Annexe VII : Le Pacte de la Société des Nations, 1919 ... 521

INDEX ... 527

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LISTE DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET CARTES

Tableau I : Composition du gouvernement de coalition, 14 décembre 1918-19 octobre 1922.

Tableau II : La Commission de législation internationale du travail, 1919.

Tableau III : Délégation de la Grande-Bretagne à la première Conférence de l’OIT, Washington 1919.

Tableau IV : Liste des conventions et recommandations internationales adoptées à la Conférence de Washington en 1919.

Tableau V : Echantillon des premiers fonctionnaires britanniques engagés à l’OIT.

Tableau VI : Les délégués britanniques au Conseil d’administration de l’OIT, 1919-1939.

Tableau VII : Les délégués britanniques à la Conférence de l’OIT, 1919-1939.

Tableau VIII : Organisation du Ministère du travail britannique en 1924.

Tableau IX : Ministres du travail britanniques (1916-1940).

Tableau X :Principaux syndicalistes britanniques en relation avec l’OIT dans l’entre-deux-guerres.

Tableau XI :Enquête de la LNU sur le soutien accordé à la SDN en Grande-Bretagne, 1924.

Tableau XII :Coopération des membres de l’administration ou de citoyens privés américains aux activités de l’OIT.

Tableau XIII : Organisation de l’Empire britannique au début des années 1930.

Tableau XIV Ratifications des conventions de l’OIT par la Grande-Bretagne, les Dominions et l’Inde, 1919- 1939.

Tableau XV :Liste des experts de la commission sur le travail forcé nommés en 1926.

Tableau XVI : Lois britanniques de protection sociale jusqu’en 1948.

Tableau XVII :Ratification des conventions internationales de l’OIT par la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne dans l’entre-deux-guerres.

Tableau XVIII : Liste des Conventions adoptées par l’OIT dans l’entre-deux-guerres et ratifiées par la Grande-Bretagne.

Illustration I : Les directeurs de l’OIT de 1919 à 1948.

Illustration II : Arthur Fontaine et Sir Malcolm Delevingne.

Illustration III: Les membres de la commission de législation internationale du travail, 1919.

Illustration IV : Milward Rodon Kennedy Burge.

Illustration V : Caricature de David Lloyd George, 1919.

Illustration VI : Sir James Arthur Salter.

Illustration VII : Sir Anderson Montague-Barlow.

Illustration VIII : Les dirigeants de la LNU dans l’entre-deux-guerres: Lord Cecil et Gilbert Murray.

Illustration IX : Miss Margaret Bondfield.

Illustration X : The New Poor Law Poster.

Illustration XI : Brochures de propagande du TUC pour les congés payés.

Illustration XII : Walter Citrine et Sir Joseph Hallsworth.

Illustration XIII : Ernest Bevin et Anthony Eden.

Carte I: L’Empire britannique de 1815 à 1931.

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LISTE DES ANNEXES

Annexe I : Index biographique.

Annexe II : Composition du Cabinet de guerre imperial (Imperial War Cabinet), 1918.

Annexe III : Premier ministres de la Grande-Bretagne: 1910-1945.

Annexe IV : Partie XIII « Travail » du Traité de Versailles, 1919.

Annexe V : Constitution de l’OIT.

Annexe VI : La Charte de l’Atlantique signée le 14 août 1941.

Annexe VII : Le Pacte de la Société des Nations, 1919.

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LISTE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

ABIT: Archives du Bureau international du travail

AIPLT : Association internationale pour la protection des travailleurs ALSE : Archives de la London School of Economics and Political Science ANB : Archives nationales britanniques

ASDN : Archives de la Société des Nations BIT : Bureau international du travail CA : Conseil d’administration

CIO : Congress of Industrial Organizations CIT : Conférence internationale du travail FBI : Federation of British industries FSI: Fédération syndicale internationale GFTU : General Federation of Trade Unions IFTU : International Federation of Trade Unions LNU: League of Nations Union

LSE: London School of Economics and Political Science NCEO : National Confederation of Employer’s Organization NUM: National Union of Manufacturers

OIT : Organisation internationale du travail SDN : Société des Nations

TUC : Trade Unions Congress

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ILLUSTRATION I :LES DIRECTEURS DE L’OIT DE 1919 À 1948.

Albert Thomas: 1919-1932 Harold Butler: 1932-1937

© Archives du BIT

Georges Winant: 1937-1941 Edward Phelan: 1941-1948

© National Portrait Gallery

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le 4 novembre 1924, le premier gouvernement travailliste élu en Grande-Bretagne est renversé après seulement huit mois au gouvernement.1 Cette défaite contrarie le directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT), le Français Albert Thomas, qui presse depuis plusieurs années le gouvernement britannique de ratifier la convention sur la journée des huit heures, adoptée par son Organisation en 1919.2 Le nouveau Cabinet britannique du Premier ministre conservateur Stanley Baldwin se réunit le 17 décembre 1924 pour examiner les obligations juridiques imposées par les normes internationales édictées par l’OIT. Il décide dans ce contexte de nommer un comité interministériel chargé de lui faire des propositions sur la politique générale que le gouvernement doit suivre concernant les aspects internationaux de la question du travail.

Ce comité se compose des ministres des finances, de l’intérieur et du travail ainsi que des secrétaires parlementaires des affaires étrangères et du travail. Parmi les documents produits par ce comité se trouve un texte rédigé par le ministre de l’intérieur, le conservateur Sir William Joynson-Hicks qui résume son avis sur l’OIT:

« The points I desire my colleagues to consider are:

(1) The Labour Office is costing a great deal too much.

(2) It is run by the socialist Monsieur Albert Thomas and he is naturally determined to advance socialist views.

(3) Its conventions are always in advance of Conservative opinion.

(4) We are the only country of importance who ever adopts them.

(5) They anticipate that we shall do so and call upon us to carry them by Act of Parliament.

(6) The result is that we fetter our industry and our competitors remain clear.

(7) The employers of this country are strongly opposed to its work.

(8) I can imagine a Socialist Government strongly supporting this body but why should a conservative one? »3

Il s’agit certes de l’opinion d’un homme politique conservateur connu pour ses jugements extrêmes, néanmoins toutes les contradictions qui caractérisent la relation des Britanniques avec l’OIT entre 1919 et 1946 sont présentes de manière explicite dans ce document. L’OIT est créée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale à la

1 Gouvernement de Ramsay MacDonald du 22 janvier au 4 novembre 1924.

2 Convention (n° 1) sur la durée du travail (industrie), adoptée à la conférence internationale du travail de l’OIT à Washington en1919.

3 Archives nationales britanniques (ANB), CAB 27/272, Committee on International Labour Policy, Memorandum by the Home Secretary, 5th March, 1925.

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Conférence de la paix de Paris en 1919 et mise en place dans la partie XIII du Traité de Versailles signé le 28 juin avec l’Allemagne. Cette dernière comme l’Autriche deviennent membres dès 1919 de l’Organisation qui compte presque 50 Etats en 1923, dont toutes les grandes puissances industrielles européennes.4 Les grands absents de l’Organisation sont les États-Unis et la Russie.5

En 1919, l’OIT est créée dans le nouvel esprit internationaliste développé par les idées du Président Wilson, convaincu qu’une réglementation internationale des problèmes sociaux constitue une garantie de paix.6 L’idée de réguler le travail de manière internationale est cependant une idée plus ancienne qui remonte à la fin du 18ème siècle et voit le jour parallèlement aux développements de l’industrialisation. Dans l’immédiat, c’est le contexte de grèves sociales et de menaces révolutionnaires en Europe en 1919, qui motivent les gouvernements à répondre aux demandes et aux pressions des mouvements socialistes et syndicalistes internationaux qui réclament une organisation internationale pour défendre leurs intérêts. L’OIT s’inscrit également dans la ligne des premiers travaux du mouvement de la réforme sociale internationale en faveur d’une législation sociale internationale.7

Néanmoins, les plans concrets qui forment la constitution de l’OIT sont l’œuvre de la Grande-Bretagne. Le rôle d’architectes des Britanniques dans la création et le fonctionnement d’une organisation que le gouvernement ne soutient pas apparaît comme un paradoxe qui force à s’interroger. Son coût semble trop élevé aux Britanniques. Le fait que l’OIT est dirigée par un socialiste, français de surcroît, accentue leur mécontentement. Les gouvernements conservateurs estiment que Thomas fait beaucoup trop de propagande politique et qu’il ne cesse d’élargir les domaines de compétence de son Organisation.8 Par ailleurs, ils considèrent que les travailleurs anglais bénéficient déjà d’un système de protection sociale avancé et craignent que ratifier les conventions de l’OIT ne nuisent à la concurrence économique. Ici transparaît un second paradoxe en lien avec le processus de transfert et d’interprétation des modèles sociaux qui circulent par le biais de l’OIT : les

4 Normlex, base de données de l’OIT : www.ilo.org/dyn/normlex/fr.

5 Les Etats-Unis et l’URSS deviennent membres de l’OIT en 1934.

6 Jasmien Van Daele, “Engineering Social Peace: Networks, Ideas, and the founding of the International Labour Organization”, International Review of Social History, vol. 50, 2005, pp. 435-466.

7 Sandrine Kott, « From Transnational Reformist Network to International Organization: The International Association for Labour Legislation and the International Labour Organization (1900-1930s) », in Davide Rodogno, B. Struck and J. Vogel (ed.), Shaping the Transnational Sphere: The Transnational Networks of Experts (1840–1930), New York, Berghahn Books, 2014; Reiner Tosstorff, « The International Trade-Union Movement and the Founding of the International Labour Organization », International Review of Social History, vol. 50, 2005, pp. 399-433.

8 ANB, CAB 27/272, Cabinet, International Labour Policy Committee, 7 April 1925.

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Britanniques s’impliquent dans les travaux de l’Organisation mais le pays ne ratifie pas toujours les mesures édictées au plan international. La compréhension de ces paradoxes nécessite de déconstruire les blocs « Grande-Bretagne » et « OIT ». En effet, il importe de travailler plus précisément sur la diversité des acteurs qui sont en lien avec l’OIT comme sur la multitude des acteurs nationaux concernés après 1919 par l’existence de cette nouvelle organisation. Le double champ considéré, national et international, permet une analyse des acteurs qui en retour informe non seulement sur les sujets à l’origine des frictions, mais également sur les stratégies et les priorités politiques des différents acteurs.

Caractéristiques principales de la Grande-Bretagne dans l’entre-deux-guerres.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la reconversion immédiate de l’économie est difficile car la Grande-Bretagne rencontre d’importantes difficultés économiques qui engendrent des tensions sociales. En 1921, la brutale baisse des exportations (-50% en 1920) entraîne une profonde dépression qui a pour conséquence directe une poussée du chômage et une baisse générale des salaires.9 Ces difficultés jointes à l’abandon des nationalisations par un gouvernement qui a choisi le retour à une économie libérale sans protectionnisme, déclenchent des actions de grèves dont la plus dure est lancée par les mineurs le 1er avril 1921. Elle aboutit au Black Friday du 15 avril 1921 lorsque les leaders syndicaux des chemins de fer et des transports refusent de suivre les mineurs et affaiblissent ainsi le mouvement, marquant l’échec de la tentative de grève générale.

Grèves, menaces de grèves, et violences sociales jalonnent la politique intérieure britannique dans les années 1920 et déstabilisent le pays, notamment la grande grève de 1926 liée à l’industrie charbonnière.10 Ces contestations sociales, jointes au chômage, à la montée du Labour comme force politique et à l’augmentation des forces syndicales (5,8 millions en 1918, contre 2,7 en 1914) sont des caractéristiques essentielles du contexte qui prévaut à la compréhension des relations entre la Grande-Bretagne et l’OIT.

Néanmoins, ces difficultés sociales ne remettent pas en cause les gouvernements en place. Le pays connaît en effet une stabilité institutionnelle qui contraste avec celle de ses voisins continentaux. La situation politique de la Grande-Bretagne est unique en Europe dans la période de l’entre-deux-guerres. La tradition parlementaire y est ancienne et bien établie. La monarchie joue un rôle de stabilisateur. Tel est le cas lors des élections de décembre 1923, à l’occasion desquelles le roi George V invite le Labour à former un

9 Dominique Barjot (dir.), Le monde britannique (1815-1931), Paris, Editions Sedes, 2009.

10 Chris Wrigley (ed.), A History of British industrial relations, volume II, 1914-1939, Brighton, The Harvester Press, 1987.

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gouvernement permettant ainsi la consolidation de ce nouveau parti politique.11 Les politiques modérées menées par les gouvernements de cette période permettent de bien intégrer les périphéries des partis d’extrême gauche et d’extrême droite en les affaiblissant.12 Toutefois, cette stabilité institutionnelle n’empêche pas dans les années 1920, deux alternances travaillistes au gouvernement. La force politique travailliste sert alors de relai aux dirigeants de l’OIT en Grande-Bretagne.

La relative stabilité politique de la Grande-Bretagne par rapport aux autres pays européens, s’explique d’une part par la légitimité du gouvernement parlementaire dont même les plus défavorisés, tels les chômeurs, ne contestent pas la nature politique, persuadés que les problèmes peuvent se résoudre à l’intérieur de ce système constitutionnel.

Le système politique s’est adapté au nouvel équilibre des forces politiques: en acceptant d’intégrer les élites syndicales et travaillistes dans le modèle parlementaire, l’ancienne ruling class consent à un partage de ses prérogatives qui en retour permet la stabilité.13 D’autre part, la dépression économique est moins sévère qu’ailleurs et, contrairement aux Etats-Unis et à l’Allemagne, le système bancaire britannique reste intact. Enfin, la segmentation des activités économiques avec, comme corollaire, la concentration du chômage dans certaines région, rendent les chômeurs moins menaçants pour la classe moyenne que dans d’autres pays. Les difficultés du Labour à mobiliser les ouvriers est d’ailleurs significative de cette période.14 Ces raisons expliquent la faiblesse de la contestation politique et sociale par comparaison avec les autres pays européens et ce contexte social et politique nous offre des clefs de compréhension pour l’analyse des rapports entre la Grande-Bretagne et l’OIT.

En politique extérieure, l’Empire fait de la Grande-Bretagne une grande puissance mondiale. Selon l’historien Martin Pugh, c’est alors la seule qui peut dans les années 1920, se réclamer d’être « a global power ».15 Or, dès 1919, elle est confrontée à deux nouvelles entités internationales : une organisation diplomatique, la Société des nations (SDN), et, une organisation technique et tripartite, l’OIT, qui traite des questions du travail. Comment

11 Les élections de 1923 donnent 38% des votes aux conservateurs, 30.7% aux travaillistes et 29,7 % aux libéraux. Les conservateurs ont mis en jeu l’introduction d’une nouvelle loi protectionniste dans ces élections et comme ils perdent 86 sièges ils ne peuvent rester au gouvernement. Les libéraux et les travaillistes ont assez de sièges pour former un gouvernement commun.

12 En 1920 est créé le Parti Communiste (PCGB) et en 1930 le New Party, future British Union of Fascists qui témoignent malgré tout des difficultés que traversent les grands partis traditionnels. Martin Pugh, State and Society, British Political and Social History 1870-1992, London, Edward Arnold, 1994.

13 Dominique Barjot (dir.), Le monde britannique (1815-1931), op.cit.

14 Ross McKibbin « Great Britain » in Robert Gerwarth (ed.), Twisted Paths, Europe 1914-1945, Oxford, Oxford University Press, 2007.

15 Martin Pugh, State and Society, British Political and Social History 1870-1992, op. cit., pp.189-192.

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cette grande puissance gère-t-elle sa relation avec ces nouvelles organisations internationales sises à Genève en 1919 ? La SDN a été créée sans le soutien des conservateurs britanniques qui ne l’apprécient guère, en raison de leur crainte qu’elle n’entrave leur souveraineté dans l’Empire. Ce raisonnement peut-il s’appliquer à l’OIT ? Comment dans ce contexte, la Grande-Bretagne conduit-elle ses relations avec une organisation au sein de laquelle elle doit simultanément traiter avec les autres gouvernements mais aussi avec le patronat et les travailleurs?

Le poids de la Grande-Bretagne sur la scène internationale pendant cette période et son rapport avec le nouveau système multilatéral d’une part, le rôle pionnier que cet Etat et ses ressortissants ont joué depuis le début du siècle dans le domaine social d’autre part, sont autant de facteurs qui conduisent à s’interroger sur le rôle des Britanniques au sein de l’OIT dans l’entre-deux-guerres. L’angle d’interrogation historique retenu est donc l’Organisation en tant que caisse de résonnance des politiques britanniques. Elle nous renseigne tout autant sur les auteurs de ses politiques sociales. Cette étude s’attache par conséquent à identifier, par le prisme de l’OIT, les acteurs nationaux et internationaux, les figures politiques comme les administrateurs, les phénomènes d’échanges d’informations et de circulation des savoirs, afin de définir dans quelle mesure la Grande-Bretagne poursuit-elle sa politique impérialiste en utilisant ces organisations internationales ? C’est en inscrivant cette thèse au carrefour de deux pôles historiographiques : le renouvellement de l’histoire des organisations internationales et l’histoire du Welfare State britannique que de nouvelles clefs de compréhension et d’analyse du sujet sont fournies.

Une histoire transnationale des organisations internationales.

Dans le cadre d’une histoire globale des organisations internationales,16 l’OIT et la SDN bénéficient depuis quelques années d’un net regain d’intérêt,17 lié à un tournant historiographique qui a comme perspective centrale la volonté de centrer son regard sur les phénomènes qui traversent les frontières, comme les circulations de personnes, d’idées et

16 David Clark MacKenzie, A World Beyond Borders: An Introduction to the History of International Organizations, North York, University of Toronto Press, 2010; Akira Iriye, Global Community, The Role of International Organizations in the Making of the Contemporary World, Berkeley, University of California Press, 2004.

17 Les travaux récents et en cours sur l’histoire des organisations internationales se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières années. On trouvera un état de la recherche sur Madeleine Herren, Christiane Sibille, Christoph Meigen (eds.), Searching the Globe through the Lenses of the League of Nations: Database www.lonsea.de et sur le site d’History of International Organizations Network: www.hion.ch.

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de modèles.18 Cette recherche s’inscrit dans cette nouvelle approche transnationale des organisations internationales et fait sienne les récents éclairages sur l’OIT et la SDN. Cette perspective transnationale aborde les organisations internationales en tant que lieux d’observation et d’analyse de ces phénomènes circulatoires, dans la mesure où de nombreux flux sont orchestrés ou cristallisés par ces institutions. Ces organisations sont en constante relation avec une diversité d’acteurs: acteurs nationaux (gouvernements, appareils d’Etats), acteurs individuels (experts), acteurs collectifs (réseaux et organisations non gouvernementales). Ainsi que l’ont montré Kott, Rodogno, Gauthier et Piana, l’étude des interactions complexes entre ces différents acteurs au sein et autour des grandes organisations internationales a permis de renouveler profondément la connaissance que les historiens pouvaient avoir de ces institutions, qui loin de n’être que les arènes des concurrences intergouvernementales centrées sur des questions diplomatiques, se révèlent être des organismes riches en matière d’expertise.19

C’est tout particulièrement l’histoire de la SDN et de ses organisations affiliées (Organisation internationale du travail, Organisation d’hygiène, Office Nansen des réfugiés, Organisation économique et financière) qui a été renouvelée au cours des dernières années.

Associée auparavant à l’image d’une organisation utopiste qui n’avait pas réussi à empêcher le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les recherches les plus récentes pointent au contraire non seulement la capacité étonnante de la SDN à avoir su créer des modes d’organisation du débat international qui à long terme ont perduré après la dissolution de l’institution, mais également des modes de production de l’expertise dans plusieurs de ces organismes techniques.20 En ce qui concerne l’OIT, les récents travaux

18 Iriye Akira, Pierre-Yves Saunier (ed.), The Palgrave Dictionary of Transnational History, From the mid- 19th century to the present day, Basingstoke, Palgrave, 2009; Pierre-Yves Saunier, « Circulations, connexions et espaces transnationaux », Genèses, 57, 2004, pp.110-126. L’ouvrage de Rodgers a été l’un des premiers à montrer comment ce paradigme transnational permet d’éclairer d’une perspective novatrice les politiques sociales américaines et européennes: Daniel T. Rodgers, Atlantic Crossings, Social Politics in a Progressive Age, Cambridge (Mass.), The Belknap Press of Harvard University Press, 1998 ; voir également les travaux de Ian Tyrell, « Reflections on the transnational turn in United States history: theory and practice », Journal of Global History, vol 4, issue 3, nov. 2009, pp. 453-474 et Transnational nation, United States History in Global Perspective since 1789, New York, Palgrave MacMillan, 2007.

19 Davide Rodogno, Shaloma Gauthier and Francesca Piana, “What Does Transnational History Tell Us about a World with International Organizations? ”, in Bob Reinalda (ed.) Routledge Handbook of International Organizations, Routledge, London, 2013 ; Sandrine Kott, « Les organisations internationales, terrains d’études de la globalisation. Jalons pour une approche socio-historique », Critique internationale, vol.3, n°52, 2011, pp. 9-16.

20 Patricia Clavin, Securing the World Economy. The Reinvention of the League of Nations 1920-1946, Oxford, Oxford University Press, 2013; Patricia Clavin, Jens-Wilhelm Wessels, “Transnationalism and the League of Nations, Understanding the work of its Economic and Financial Organisation”, Contemporary European History, vol. 14 n°4, 2005, pp. 465-492; Daniel Laqua, Internationalism reconfigured, Transnational Ideas and Movements Between the World Wars, London, I.B. Tauris, 2011; Susan Pedersen,

“Review Essay, Back to the League of Nations”, American Historical Review, October 2007, pp. 1091-1117;

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rassemblés dans des ouvrages collectifs pointent dans la même direction, cartographiant d’une part les réseaux transnationaux actifs dans cette enceinte internationale, valorisant d’autre part tout le travail souvent précurseur mené par les fonctionnaires de cette Organisation.21

Depuis ses débuts, l’OIT a suscité un nombre important d’études : à la fois des ouvrages d’anciens fonctionnaires de l’Organisation et des publications scientifiques.22 En ce qui concerne l’historiographie britannique sur l’OIT, elle comporte d’abord un nombre substantiel à caractère biographique. En effet, tous les acteurs qui ont participé à sa création ont publié soit leurs mémoires, soit des articles ou des ouvrages sur l’Organisation.23 Ces sources sont précieuses comme matériel historique afin de comprendre les attentes britanniques pour l’OIT. Néanmoins, ces sources présentent toutes un biais relativement similaire, celui d’hommes politiques ou de fonctionnaires qui souhaitent justifier leur action a posteriori et mettre en valeur le rôle primordial de la Grande-Bretagne joué au sein de l’OIT. Plusieurs fonctionnaires britanniques de l’OIT ont également analysé certains aspects techniques de l’Organisation.24 Dans ce sens, les travaux des juristes britanniques Jenks et Johnston qui ont travaillé à l’OIT et produit des recherches techniques, présentent un intérêt scientifique certain. Enfin, toujours du point de vue britannique, le cinquantième anniversaire de l’OIT fut l’occasion de dresser un bilan des relations entre la Grande-

Iris Borowy, Coming to Terms With World Health: The League of Nations Health Organisation 1921-1946, Frankfurt, Peter Lang, 2009;

21 Sandrine Kott et Joëlle Droux (ed.), Globalizing social rights: The International Labour Organization and beyond, Palgrave MacMillan, 2012; Jasmien Van Daele, M. Rodriguez Garcia, G. Van Goethem and M. Van der Linden (ed.), ILO Histories, Essays on the International Labour Organization and its Impact on the World during the Twentieth Century, Berne, Peter Lang, 2010; Isabelle Moret-Lespinet, Vincent Viet (dir.), L’Organisation internationale du travail : origine, développement, avenir, Rennes, PUR, 2011; Gerry Rodgers (ed.), L’Organisation internationale du travail et la quête de la justice sociale, 1919-2009, Genève, BIT, 2009.

22 Pour un bilan historiographique sur l’OIT voir l’article de Jasmien Van Daele, “The International Labour Organization (ILO) in Past and Present Research”, International Review of Social History, Vol. 53, 2008, pp.485-511.

23 Georges Nicoll Barnes, History of the International Labour Office, London, William and Norgate Ltd, 1926; Harold Butler, The Lost Peace: a personal Impression, London, Faber, 1942; Harold Butler, Confident morning, London, Faber & Faber, 1950; Harold Butler, “The international Labor organization Lessons for twenty-five years”, Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 88, n°3, 1944, pp.214-219;

Edward Phelan, Albert Thomas et la création du BIT, 6e édition, Paris, Editions Bernard Grasset, 1936;

Edward Phelan, The birth of the ILO: the personal memories of Edward Phelan, formerly Director-General of the ILO, Geneva, ILO, 1967; Malcolm Delevingne, “The Organizing Committee” et Edward Phelan, “The Commission on International Labor Legislation”, “The Labor proposals before the Peace Conference” in James Thomson Shotwell, Origins of the International Labour Organization, New York, Columbia University Press, 1934, vol 1, pp.19-54 et pp.127-220.

24 Wilfred C. Jenks, Human Rights, Social Justice and Peace, the Broader Significance of the ILO Experience, Geneva, ILO, 1967; George Alexander Johnston, “The Influence of International Labour Standards on Legislation and Practice in the United Kingdom”, International Labour Review, n° 97, 1968, pp.

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Bretagne et l’Organisation et de publier des études institutionnelles qui n’ont qu’une valeur informative toute relative.25

En parallèle à ces documents écrits de « l’intérieur », de nombreux travaux sont publiés sur l’Organisation.26 Parmi ceux-ci, on peut citer les études d’Ernest Haas,27 de Robert Cox,28 et d’Antony Alcock. Cette dernière, à caractère institutionnel, détaille très précisément le fonctionnement de l’Organisation.29 Le débat entre les études fonctionnalistes (Haas) et réalistes (Cox) a longtemps monopolisé les recherches sur les organisations internationales, chacune étant teintée par sa propre vision des relations internationales. Dans la perspective réaliste, les organisations internationales ont une fonction régulatrice, Cox analyse ainsi les évolutions de l’OIT par les changements de son environnement et valorise le rôle des grandes puissances dans la continuité du travail de l’Organisation.30 A l’inverse, les fonctionnalistes comme Haas, accordent une fonction propre à l’Organisation et à ses fonctionnaires en tant qu’agents déterminants de son développement.31 Néanmoins, ces deux auteurs ont en commun d’analyser le rôle de l’OIT dans les relations internationales en déconstruisant les processus internes de décision afin d’interroger la capacité institutionnelle à réguler le système international.32

Dans les travaux récents en histoire transnationale, l’OIT est appréhendé comme un lieu de recherche, « un espace social ouvert ». L’Organisation est utilisée pour les modalités par lesquelles les expertises sont produites et échangées entre les scènes nationales.33 Ces études permettent de valoriser non seulement le travail interne de l’Organisation et la construction de normes sociales internationales, mais également la fabrication de l’expertise et la connexion des idées et des pratiques par le biais des acteurs.34 L’approche

25 Margaret Stewart, Britain and the ILO, the Story of Fifty Years, London, Her Majesty’s Stationery Office, 1969.

26 Voir également les deux ouvrages suivants :Victor-Yves Ghebali, L’Organisation internationale du travail, Genève, Georg Editeur, 1987 ; Jean-Michel Bonvin, L’Organisation internationale du travail, Étude sur une agence productrice de normes, Paris, PUF, 1998.

27 Ernest Haas, Beyond the Nation State, functionalism and international organisation, Stanford, Stanford University Press, 1964.

28 Robert Cox, “ILO: Limited Monarchy” in Robert Cox, Harold Karan Jacobson (et al.), The anatomy of influence : decision making in international organization, New Haven, Yale University Press, 1973.

29 Anthony Alcock, History of the International Labour Organisation, London, Macmillan, 1971.

30 Robert Cox, “ILO: Limited Monarchy”, op.cit.

31 Ernest Haas, Beyond the Nation State, functionalism and international organisation, op.cit.

32 Sandrine Kott, « Les organisations internationales, terrains d’études de la globalisation. Jalons pour une approche socio-historique », Critique internationale, vol.3, n°52, 2011, pp.9-16.

33 Ibidem.

34 Glenda Sluga, “Editorial - The transnational history of international institutions”, Journal of Global History, vol 6, n°2, July 2011, pp.219-222; Patricia Clavin, “Time, Manner, Place: Writing Modern European History in Global, Transnational and international Contexts”, European History Quarterly, vol.40, n°4, 2010, pp. 624-640.

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transnationale accorde en effet une large place aux acteurs et aux réseaux qui travaillent avec ces organisations.35

A cet égard, au début des années 1990, l’historien Peter Haas a utilisé la notion de

«communauté épistémique» pour désigner ces communautés d’acteurs. Dans un article publié en 1992, il donne une définition précise de ce terme:

« A network of professionals with recognized expertise and competence in a particular domain and an authoritative claim to policy-relevant knowledge within that domain or issue-area.»36

Jasmien Van Daele a repris cette notion pour qualifier l’expertise commune à certains groupes transnationaux comme les réformateurs sociaux de la fin du 19ème siècle, très actifs dans la création de l’OIT.37 Néanmoins, Sandrine Kott qui évalue l’importance des savoirs experts dans la genèse des politiques sociales, conclut au contraire que ces communautés épistémiques n’existent pas dans le cadre des politiques sociales menées à l’OIT. Son analyse fait apparaître au contraire que ce sont les motivations politiques, plus que l’expertise qui permettent aux groupes d’experts de fonctionner.38 Dans le même esprit, cette notion de « communautés épistémiques » n’a pas semblé appropriée pour mon analyse. En effet, la perspective retenue pour ma recherche a tenté de faire apparaître d’autres connexions existantes, plus fluides, plus immatérielles et non abordées en tant que système déterminé par l’environnement institutionnel. La recherche porte par conséquent essentiellement sur les acteurs britanniques et les liens qu’ils entretiennent avec différents réseaux transnationaux, afin d’élucider leur rôle dans la mise en place des transferts de modèles et de normes dans l’espace de l’OIT. Afin de rendre toute leur place aux acteurs, la recherche accorde une large place à la thématique des circulations. Ce terme recouvre à la fois les acteurs qui mettent en œuvre ces circulations et le contenu des échanges. En effet la perspective transnationale étudie les relations, les formations et les connections entre différentes entités afin de comprendre comment elles se produisent et comment elles opèrent. L’analyse des circulations permet de saisir les influences réelles des Britanniques

35 Voir à cet égard les articles de Sandrine Kott, Joëlle Droux, Daniel Laqua et Yann Decorzant dans le numéro spécial de Critique internationale : « Les organisations internationales, terrains d’études de la globalisation. Jalons pour une approche socio-historique », Critique internationale, 2011, vol.3, n°52.

36 Peter M. Haas, “Introduction: Epistemic Communities and International Policy Coordination”, International Organization, Vol. 46, No. 1, Knowledge, Power, and International Policy Coordination, 1992, pp. 1-35.

37 Jasmien Van Daele, “Engineering Social Peace: Networks, Ideas, and the founding of the International Labour Organization”, International Review of Social History, 50, 2005, pp. 435-466.

38 Sandrine Kott, “Une communauté épistémique du social? Experts de l’OIT et internationalisation des politiques sociales dans l’entre-deux-guerres”, Genèses, vol. 22, n71, 2008, pp.26-46.

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sur les processus de construction des politiques des organisations internationales et, à l’inverse, d’appréhender les projections de l’international dans les politiques nationales.39

Cette nouvelle perspective transnationale sur les organisations internationales n’exclut pas pour autant le rôle joué par les Etats et le référent national. Bien au contraire, elle permet d’analyser de nouveaux aspects des histoires nationales en utilisant les connexions existantes entre pays pour soutenir les informations ou renouveler les sources permettant la construction de l’histoire nationale.40 Les travaux de Sandrine Kott et Jasmien Van Daele sont éclairants à cet égard. Ces historiennes ont renouvelé les perspectives d’analyse des politiques sociales allemandes et belges à partir du prisme de l’OIT, en faisant apparaître pleinement la place des ressources nationales dans la construction des normes internationales.41 La recherche s’inscrit dans la même perspective. A partir de la situation nationale de la Grande Bretagne, elle interroge, par le prisme de l’OIT, la présence et le rôle des Britannique dans cette Organisation, en conjuguant, de manière constante, les différentes échelles d’observation : nationale, internationale et transnationale. Il s’agit de travailler sur la fabrique de l’international à partir du national mais également, et de manière inverse, de montrer comment les acteurs et les pratiques nationales sont sources de savoir-faire pour l’organisation internationale.

Compte tenu de l’omniprésence des Britanniques au sein de la SDN, et bien que consacrée entièrement à l’OIT, ce travail fait des références et des comparaisons ponctuelles entre ces deux organisations internationales. Il est toutefois circonscrit étroitement à l’étude de l’OIT, car le mandat résolument technique de cette organisation a permis d’établir des comparaisons directes avec le champ de la politique nationale en matière d’évolution des pratiques sociales anglaises.

L’historiographie de l’Etat social anglais.

La thèse s’inscrit dans un second pôle historiographique, celui de la construction de l’Etat social anglais. Béatrice et Sydney Webb qui furent à la fois militants socialistes, membres fondateurs de la société Fabienne et membres de différentes commissions royales sont parmi les premiers à souligner le rôle déterminant de l’Etat dans l’évolution des

39 Pierre-Yves Saunier, Transnational History, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2013.

40 Ibidem.

41 Sandrine Kott “Dynamiques de l’internationalisation: L’Allemagne et l’organisation internationale du travail (1919-1940)”, in Critique internationale, 2011, Vol. 3, No. 52, pp. 68-84 ; Jasmien Van Daele, “Engineering Social Peace: Networks, Ideas, and the founding of the International Labour Organization”, op.cit.

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pratiques sociales anglaises.42 Leur ouvrage English Poor Law History paru en 1909 plaide pour une intervention accrue de l’Etat afin de combattre la pauvreté. Ils estiment que la politique punitive de la Poor Law à la fin du 19ème siècle a des effets catastrophiques sur les populations pauvres et que l’Etat doit intervenir pour proposer des mesures dans le domaine de la santé, du travail et de l’éducation.43

Deux caractéristiques majeures qualifient l’Etat social britannique dans l’historiographie : le libéralisme et le pragmatisme des réformes sociales. Le caractère libéral des lois sociales entraîne un positionnement particulier des Britanniques vis-à-vis des pratiques socialistes de l’OIT et d’Albert Thomas. Aucun ressort idéologique n’est réellement à l’origine des lois sociales britanniques contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne par exemple.44 Cette situation particulière a des effets sur les circulations de modèle social notamment. L’historiographie sociale britannique est en conséquence très linéaire : les historiens britanniques font débuter leurs études à l’époque victorienne et à sa tradition de charité, puis analysent les réformes mises en place avant la Première Guerre mondiale par les Libéraux. Ceci afin de restituer une chronologie propre à la Grande Bretagne, expliquant son évolution en matière sociale. L’attention accordée aux réformes libérales du début du 20ème siècle est importante, certains travaux se concentrant de manière spécifique sur l’origine des réformes entreprises par le gouvernement libéral de 1906 à 1914, afin d’en expliquer la genèse, d’expliciter les débats auxquels celles-ci ont donné lieu et d’en retracer le développement.45 Les travaux d’après-guerre de Bentley Gilbert, Maurice Bruce et Derek Fraser tendent à valoriser le rôle positif de l’Etat et le caractère nécessaire de son implication toujours plus grande dans la sphère privée. Fraser en particulier, souligne que les interventions de l’Etat ne sont que le résultat des problèmes engendrés par l’industrialisation et que l’implication sociale étatique est une réponse pragmatique à l’évolution économique et au contexte politique du 20ème siècle.46

A la fin des années 1970 l’historiographie évolue. Alors que Margaret Thatcher dirige le gouvernement conservateur,47 l’ouverture des archives des années 1950 permet l’accès à de nouveaux fonds dans les archives nationales en lien avec la mise en place du Welfare

42 Cette chronologie historiographique est basée sur l’ouvrage de Bernard Harris, The Origins of the British Welfare State: Social Welfare in England and Wales, 1800-1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2004.

43 Sydney & Beatrice Webb, English Poor Law History, London, Longman, 1909 (reprinted 1963).

44 Sandrine Kott, L'État social allemand. Représentations et pratiques, Paris, Belin, 1995.

45 Gilbert Bentley, British social Policy, 1914-1939, London, Batsford, 1970; John Hay, The Origins of the Liberal Welfare Reforms (1906-1914), London, Macmillan, 1975.

46 Bentley Gilbert, The Evolution of National Insurance in Great Britain, the Origins of the British Welfare State, London, Michael Joseph, 1966; Maurice Bruce, The Coming of the Welfare State, London, Batsford, 1968; Derek Fraser, The Evolution of the Welfare State, Macmillan, London, 1973.

47 Margaret Thatcher est Premier Ministre de la Grande-Bretagne de 1979 à 1990.

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State d’après-guerre. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les acquis sociaux sont remis en cause par les gouvernants et ses bienfaits contestés. Cette réaction politique oriente de nouveaux travaux sur le sujet, comme ceux de Henry Pelling ou Pat Thane. Ces travaux analysent comment et pourquoi certaines organisations syndicales étaient contre l’introduction de réformes sociales au début du 20ème siècle.48 Des travaux de sensibilité plus marxiste comme ceux de John Saville remettent en cause le concept même de Welfare State en affirmant qu’il s’agit d’un moyen pour les Etats capitalistes de garder leur hégémonie sur la société. Dans cette perspective les pratiques sociales de l’Etat ne viseraient pas tant à protéger les pauvres contre les difficultés intrinsèques du marché du travail qu’à renforcer les inégalités qui existent dans les sociétés capitalistes.49

Ces ouvrages publiés dans les années 1970-1980, ont utilisé un prisme national de lecture. Les historiens britanniques ont cherché les sources de l’évolution de leur système social au sein même du pays et ont tenté de démontrer la spécificité du Welfare State britannique. Des ouvrages plus récents, comme ceux de Bernard Harris ou Michael Sullivan, qui intègrent de nouvelles approches et perspectives comparatives dans leur recherche n’échappent pas à ce déterminisme d’histoire internalisée et à la linéarité chronologique de la construction de l’Etat social anglais.50

Des approches comparatives et des études transnationales viennent cependant enrichir l’historiographie. Dans une perspective comparative, J. Rickard et W. Mommsen ont montré par exemple ce que les Britanniques ont emprunté aux autres nations par le transfert d’idées et d’institutions.51 Dans le même esprit, Noel Whiteside compare les systèmes de protection sociale en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne.52 Malgré tout, les comparaisons respectent toujours le cadre de l’Etat nation. E. P. Hennock fait figure d’exception. En signalant le voyage effectué par Lloyd George en Allemagne à l’époque de la mise en place de l’assurance sociale de 1911 pour mettre en évidence d’éventuelles inspirations allemandes au modèle britannique, il s’inscrit en effet dans une approche

48 Henry Pelling, “The working class and the origins of the welfare state” in Henry Pelling, Popular politics and society in late-Victorian Britain, London, Macmillan, 1968, pp.1-18; Pat Thane, “The working class and state welfare in Britain, 1880-1914”, Historical Journal, vol. 27, 1984, pp. 877-900; Pat Thane, The Foundations of the Welfare State, London, Longman, 1982.

49 John Saville “The Welfare State : an historical approach”, New Reasoner, vol.3, 1957, pp.5-25; Asa Briggs and John Saville (ed.), Essays in Labour History 1918-1939, London, Croom Helm, 1977.

50 Bernard Harris, The Origins of the British Welfare State: Social Welfare in England and Wales, 1800-1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2004; Michael Sullivan, The Development of the British Welfare State, London, Prentice Hall/Harvester Wheatsheaf, 1996.

51 J. Rickard, “The anti-Sweating Movement in Britain and Victoria: The Politics of Empire and Social Reform”, Historical Studies, vol.18 (University of Melbourne), 1978-9; Wolfgang J. Mommsen, Wolfgang Molk, The Emergence of the Welfare State in Britain and Germany, 1850-1950, London, Croom Helm, 1981.

52 Noël Whiteside, « Une comparaison des systèmes de protection sociale en Allemagne, en France et en Grande Bretagne », Histoire et Sociétés, vol. 6, 2003, pp. 22-41.

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