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Academic year: 2022

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75 230 Paris Cedex 05 B-1049 Bruxelles 75009 Paris

Centre Roland Mousnier Institut de recherche pour l’étude des religions

UMR 8596, Maison de la Recherche

Labex Ehne, axe 3 28 rue Serpente (L’humanisme européen 75006 Paris ou la construction d’une Europe « pour soi »)

Entre judaïsme et christianisme : les conversions en Europe de l’époque moderne à l’apparition de l’antisémitisme politique

Colloque international, 24-25 octobre 2013, 9h-18h

Maison de la Recherche (28 rue Serpente, 75006 Paris), Salle de conférences D035

Depuis Paul de Tarse, la conversion des juifs au christianisme revêt une signification d’importance particulière. Le fait que des juifs, membres du peuple élu du même Dieu que celui des chrétiens, choisissent de se convertir à la religion du Christ est présenté comme la preuve la plus éclatante de la véracité de cette religion. On comprend donc que, bien que Paul n’ait considéré comme valables que les conversions sincères, la tentation était grande d’en accélérer le rythme au moyen de la contrainte. Dans l’Europe moderne, la conversion n’était pas seulement un acte individuel ; elle revêtait une dimension sociale et politique dans un système juridique définissant l’Homme non seulement par sa place au sein de la société féodale mais encore selon le statut de sa religion dans le contexte d’un État chrétien. Les juifs qui se convertissaient mourraient aux yeux de leurs communautés et de plus, ils devaient trouver une nouvelle place dans la société chrétienne dont les membres n’étaient pas toujours bien disposés pour les accueillir. En outre, l’abandon de la foi chrétienne et le retour au judaïsme des communautés marranes étaient perçus comme un support permanent à la subversion, une menace constante à la religion et une atteinte à la sûreté de l’État.

Avec le mouvement des Lumières, l’attitude à l’égard des juifs commença à se modifier au nom de la tolérance en matière de religion et de la prétendue nécessité de « régénérer » l’ancien peuple élu et tombé en « dégénérescence ». Progressivement, le nombre des dispositions discriminatoires s’amenuisaient, ainsi

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en allait-il avec l’Édit de tolérance pris par Joseph II dans le cadre d’une société restant chrétienne ou dans le cas du Décret d’émancipation pris par la Constituante en 1791 dans le cadre d’une société qui se dégageait de l’emprise du christianisme. Pourtant, il était bien entendu que ces avancées en faveur de l’intégration des juifs à la société devaient profiter à l’État. Ces « tickets d’entrée dans la société européenne », selon la formule de Heinrich Heine, pouvaient ouvrir la voie de l’assimilation des juifs aux sociétés dominantes au moyen de leur conversion.

Au XIXe siècle, la conversion n’entraînait pas forcément une rupture avec le milieu d’origine ce qui permettait le maintien de l’endogamie juive et des relations professionnelles au sein des réseaux financiers. L’intégration des juifs à la société globale n’allait pas nécessairement de pair avec le renoncement au judaïsme. Parfois la conversion accompagnait l’engagement pour des idées novatrices, soit celles de la haskala et des Lumières, soit celles héritées de la Révolution française. De surcroît, imbriquée dans le tissu culturel de l’engagement intellectuel ou politique, la conversion représentait une identification temporaire à une cause particulière sans fermer la porte à une reconversion ultérieure ; le plus souvent, se reconvertissaient au judaïsme ceux qui appartenaient à la multitude « des gens ordinaires ». Si l’on considère les évolutions sur la longue durée, on remarque que la conversion n’a pas souvent procuré l’évasion et le succès attendus, mais elle a été plus efficace dans les pays libéraux que dans ceux gouvernés par des conservateurs.

L’objet de ce colloque est d’étudier les multiples facettes du problème de la conversion dans le nouveau contexte historique existant depuis la période des Lumières (première moitié du XVIIIe siècle) jusqu’à la naissance de l’antisémitisme politique (apparu, dans les années 1880, en Allemagne puis en France avec l’affaire Dreyfus) et marqué par le Concile Vatican I. Cependant, sensibles à la perspective de la longue durée, nous ne nous interdirons pas de jeter un regard sur le XXe siècle, jusqu’à Vatican II, et de traiter plus amplement de cette période à l’occasion d’un prochain colloque.

Nous nous intéresserons aux motivations des convertis, en considérant, à l’échelle de l’Europe, les sociétés chrétiennes face à un phénomène à la fois appelé par une logique religieuse et redouté par des craintes sociales et politiques. En cherchant à pénétrer dans le domaine de l’histoire juive contemporaine, on y introduira des acteurs peu connus et on examinera des aspects essentiels pour saisir la conversion, tels les états émotionnels, qui dans les dernières années sont devenus des objets de la recherche historique.

En ne perdant pas de vue que, par de là les histoires nationales et les périodisations, la conversion se caractérise pour la période étudiée par une ampleur qui dépasse les normes du passé.

Cette approche propose donc autant d’arguments pour l’histoire comparée, transnationale ou croisée ; seule une comparaison à travers les frontières peut révéler la spécificité de chaque objet, et ainsi identifier ce qu’on peut considérer unique. Sans être un acte « exemplaire », la conversion est néanmoins loin d’être

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un phénomène marginal. Des groupes entiers ont disparu de la société juive, y compris les élites économiques qui en dirigeaient les affaires dans l’Occident des XVIIIe et XIXe siècles. De surcroît, les actes de conversion représentent un indice incontournable pour saisir la façon dont les juifs ont vécu les obstacles mis à l’intégration, l’antijudaïsme et l’antisémitisme. La conversion reste un élément-clé pour analyser la manière dont les juifs, quelle qu’ait été leur place au sein de la hiérarchie sociale et leur genre, ont expérimenté le déploiement de la modernité.

Constatant, d’une part, que le processus de l’émancipation a été lent et géographiquement différencié, et d’autre part, que la proportion de juifs au sein des pays était très variable, nous serons conduits à considérer séparément l’Europe occidentale, l’Europe méditerranéenne et l’Europe centrale de sorte qu’apparaissent les différences et les ressemblances en matière de conversion des juifs au christianisme ainsi que de leur éventuelle reconversion dont la spécificité ne peut pas être restituée uniquement par des analyses de données quantitatives ; il faudra nécessairement faire appel à de nouvelles sources documentaires.

Organisation du colloque :

Coordinatrice : Paola Ferruta, Marie Curie fellow, Centre Roland Mousnier (Université Paris- Sorbonne), <paola.ferruta@paris-sorbonne.fr>

Comité d’organisation : M

me

Paola Ferruta, MM. Martin Dumont (IRER), Cyril Grange(Centre Roland Mousnier), Daniel Tollet (Société des études juives).

Comité scientifique : M

mes

Danielle Delmaire, Paola Ferruta, Sylvie-Anne Goldberg, MM.

Jacques-Olivier Boudon, Dominique Bourel, Denis Crouzet, Martin Dumont, Cyril Grange,

Daniel Tollet.

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Entre judaïsme et christianisme : les conversions en Europe de l’époque moderne à l’apparition de l’antisémitisme politique

Colloque international, 24-25 octobre 2013, 9h-18h Maison de la Recherche (28 rue Serpente, 75006 Paris)

Salle de conférences D035

Jeudi 24 octobre 2013

9h : Accueil des participants

Jacques Olivier Boudon (Université Paris-Sorbonne, IRER).

Denis Crouzet (Université Paris-Sorbonne, Centre Roland Mousnier).

Paola Ferruta (Université Paris-Sorbonne, Marie Curie Fellow).

Groupes crypto-religieux et conversions au christianisme à l’âge moderne : sources et méthodologies nouvelles

Présidence : Sylvie-Anne Goldberg (EHESS)

9h30 : Natalia Muchnik (E.H.E.S.S.), La norme de l’entre-deux ? Crypto-judaïsme versus crypto- catholicisme dans l’Espagne et l’Angleterre des XVI

e

et XVII

e

siècles.

10h : Serena di Nepi (La Sapienza, Rome), Compulsory negotiations : neophytes, relatives, partners in the records registered by the Jewish notaries of Rome at the end of XVI

th

century.

10h30 : Evelyne Oliel-Grausz (Paris 1-Panthéon Sorbonne), Itinéraire d’un converti au XVIII

e

siècle, de Venise jusqu’à Londres: David Aboab.

11h30 : Pause-café

Conversions, mouvements religieux et transformations sociales en Europe entre le XVII

e

et le XIX

e

siècle

12h : Avraham Maltête (Alliance Israélite Universelle), Le Mohelbuch de Moïse et Simon Blum de Bischheim (Bas-Rhin).

12h30 : Andrzej Krzysztof Link-Lenczowski (Université jagellone, Cracovie), Les Juifs dans les transformations sociales et le frankisme pendant les dernières années de la République nobiliaire.

13h : Pause déjeuner

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Les enjeux institutionnels de la conversion et de la prévention : définitions typologiques.

Présidence : Daniel Tollet (Société des études juives)

15h : Dominique Bourel (CNRS/Université Humboldt), L’Institutum Judaicum de Halle au XVIII

e

siècle: une machine à convertir ?

15H30 : Carsten L. Wilke (Central European University, Budapest), Trajectoires interreligieuses en milieu séfarade à l'époque moderne: conversions, duplicité, libre-pensée.

16h30 : Pause-café

17h : Miklos Konrad (Institut d’Histoire de l’Académie des Sciences de Hongrie, Budapest), La typologie des conversions en Hongrie à l’ère du Vormärz.

17h30 : Philippe Landau (Consistoire central des Israélites de France), David Paul Drach ou l’appel d’une harmonie religieuse.

* * *

25 octobre 2013

Entre judaïsme et christianisme : liaisons dangereuses et répercussions politiques

Présidence : Dominique Bourel (CNRS/Université Humboldt)

9h : Marina Caffiero (La Sapienza, Rome), Miracles de conversion au XIX

e

siècle. Le cas de A.

M. de Ratisbonne entre dimension subjective et nouveau contexte de la politique de Rome à l’égard des juifs.

9 h 30 : Deborah Hertz (Université de Californie, San Diego) : Dangerous Politics, Dangerous Liaisons : Love and Faith among Radical Jews from Vilna to New-York City.

10 h. : Joël Sebban (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : Convertis et conversion dans l'histoire contemporaine française des relations entre la Synagogue et les Eglises chrétiennes (1806-1939).

11h : Pause-café

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Discours sur la conversion et les transformations des logiques de conversion entre les XIX

e

et XX

e

siècles

Présidence : Cyril Grange (Université Paris-Sorbonne)/ Marina Caffiero (La Sapienza, Rome) 11h30 : Hannah Lotte Lund (Université Humboldt, Berlin) : « It’s a pity that no real Jews are born anymore » - discourses on conversion and exotic in the so called Berlin Salon around 1800.

12h : Agathe Mayeres-Rebernik (IRER - Université Paris-Sorbonne), L’évolution de la pensée catholique sur la question de la conversion, de Vatican I à Vatican II

13h : Pause déjeuner

Les conversions au christianisme en France au XIX

e

siècle : Elites et responsabilités consistoriales .

Présidence : Paola Ferruta (Université Paris-Sorbonne, Marie Curie Fellow)

14h 30 : Max Polonowski (Paris), La mouvance Cerfberr, entre conversion et responsabilités consistoriales

15h : Cyril Grange (Université Paris-Sorbonne), Un siècle d’alliances entre aristocrates et élites juives : les mariages mixtes à Paris, 1840-1940

16h : Pause-café

Analyses des données et réflexions théoriques sur la conversion

Présidence: Philippe Landau (Consistoire central des Israélites de France)

16h30 : Tullia Catalan (Université de Trieste), Les conversions et les désaveux de la communauté juive de Trieste entre le XIX

e

et le XX

e

siècle

17h : Charles Kecskemeti (Paris), Le rôle de la néologie issue de la Haskala : prévenir les conversions

17h30 : Paola Ferruta (Centre Roland Mousnier), Penser par cas : conversions au christianisme et retour au judaïsme à Trieste au XIX

e

siècle

18h : Discussion finale.

Nota : Le déjeuner est offert seulement aux intervenants. Entrée libre, dans la limite des places

disponibles. Inscription auprès de Martin Dumont, avant le 21 octobre: martin.dumont@paris-

sorbonne.fr

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