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(1)UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE AIX-MARSEILLE II ECOLE DOCTORALE N°372 DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION D’AIX-MARSEILLE FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION D.E.F.I

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UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE AIX-MARSEILLE II

ECOLE DOCTORALE N°372 DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION D’AIX-MARSEILLE

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

D.E.F.I. - EA 4265 Centre de Recherche en

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET FINANCE INTERNATIONALE

14 avenue Jules Ferry - 13621 Aix-en-Provence Cedex - Tél. 04 42 91 48 34 - Fax. 04 42 91 48 29 Château Lafarge Route des Milles 13290 Les Milles - Tél. 04 42 93 59 60 - Fax. 04 42 38 95 85

E-mail : defi@sceco.univmed.fr

THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES ECONOMIQUES

AIX-MARSEILLE UNIVERSITE Présentée et soutenue publiquement par

Tarik EL MALKI Le

13 Décembre 2010

ENVIRONNEMENT DES ENTREPRISES, RESPONSABILITE SOCIALE ET PERFORMANCE : ANALYSE EMPIRIQUE DANS LE CAS DU MAROC

Directeurs de thèse : Patricia Augier, Maître de Conférence à l’Université de la Méditerranée Aix-Marseille II, Directrice-adjointe du DEFI.

Bouchra M’Zali, Professeur à l’Ecole des Sciences de la Gestion, UQAM (Montréal, Canada)

Membres du Jury : Ahmed Laaboudi, Professeur à l’Université Mohammed V (Rabat, Maroc)

Emmanuel Raufflet, Professeur à HEC Montréal

Jean-Louis Reiffers, Professeur à l’Université du Sud Toulon-Var, Président du Conseil Scientifique de l’Institut de la Méditerranée.

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ii L'université n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

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Remerciements

Ce travail est l’aboutissement de plus de quatre années de recherche. Durant cette période riche tant sur le plan académique que personnel, grand nombre de personnes ont croisé mon chemin et ont été, pour beaucoup d’entre elles, d’un apport déterminant dans la réalisation de cette recherche. Tout travail scientifique, doctoral de surcroit, n’est pas une sinécure. Il demande patience, rigueur scientifique, assiduité et persévérance. Le découragement guette souvent. Mais grâce à la volonté, couplée avec les conseils et encouragements permanents d’un certain nombre de personnes, le chemin paraît moins ardu. C’est pour cette raison que je suis reconnaissant à l’ensemble des personnes qui m’ont soutenu, tant sur le plan moral que scientifique, et qui m’ont aidé à traverser les moments de doute auxquels, en tant que jeune chercheur, je n’ai pas échappé. Mais la reconnaissance d’un travail achevé, sérieux et crédible est la source de toutes les satisfactions. Je ne pourrai remercier une par une l’ensemble des personnes qui ont rendu possible cette démarche. Je tiens à dire, pour celles qui ne figurent pas dans le manuscrit, qu’elles ne doivent pas m’en tenir rigueur dans la mesure où elles sont présentes dans mes pensées.

Je tiens donc, en premier lieu, à remercier, mes directeurs de recherche, Patricia Augier et Bouchra M’Zali, d’avoir accepté d’encadrer ce travail de recherche et sans lesquelles je n’aurai pas abouti à ce résultat. Je tiens tout d’abord à exprimer ma reconnaissance à Patricia Augier dont la rigueur et le goût des choses bien faites m’ont donné l’envie de me dépasser en permanence. C’est ce qui, au final, donne à ce travail sa teneur scientifique et sa crédibilité.

Quant à Bouchra M’Zali, sa disponibilité à toute épreuve et son engagement personnel envers ses étudiants font qu’elle porte haut les valeurs universitaires de transmission et de partage du savoir. Son sens de l’écoute, son empathie et sa pédagogie ont fait que j’ai pu aller au travers de ce projet dans les meilleures conditions.

Mes remerciements vont également aux membres de mon jury, Mr Ahmed Laaboudi et Mr Emmanuel Raufflet qui ont accepté d’évaluer ce travail de recherche. Sans oublier Mr Jean- Louis Reiffers qui a bien voulu présider le jury.

Je souhaite également témoigner ma gratitude au Ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies de l’Information, Mr Ahmed Chami, et à ses équipes au sein du Ministère de l’Industrie, qui ont apporté un soutien logistique déterminant dans la réalisation de notre enquête-terrain.

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iv Je ne peux évidemment pas oublier l’ensemble de l’équipe du DEFI, les enseignants, ainsi que certains collègues doctorants au Maroc et au Canada (en particulier Ahmed Marhfor et Mokhtar Bedraoui) qui m’ont apporté leur aide sur le plan technique notamment. Sans oublier bien évidemment ceux qui ont su si gentiment et si patiemment s’occuper de la partie administrative, en particulier Elisabeth Lhuillier et Mathilde Martelli. Je pense également à tous ceux que j’ai mis à contribution (pour les relectures notamment) et à ceux, qui sans le savoir, ont été déterminants dans l’avancée de cette thèse et qui ont contribué à maintenir le moral au beau fixe. Je pense à mes amis en particulier.

Enfin, je ne saurai oublier ma famille, mes parents notamment, qui ont su faire preuve de patience à mon égard et qui ont toujours été présents par leur écoute et leurs conseils.

Je tiens en dernier lieu à exprimer ma gratitude à Siham Meknassi, doctorante également, qui m’a soutenu et apporté un aide précieuse.

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RÉSUMÉ

Ce travail de recherche a pour objectif global d’étudier le lien potentiel existant entre les différents environnements des firmes manufacturières marocaines –externe (institutionnel et réglementaire) et interne (relations avec ses parties prenantes) –et leur performance économique et financière mesurée par un certain nombre de ratios de rentabilité. Le contexte général de l’étude est l’ouverture, en 2012, des frontières du Maroc aux produits européens, et la signature, en 2008, du Statut avancé entre le Maroc et l’UE en conséquence duquel les firmes marocaines devront respecter un certain nombre de critères en termes de développement durable notamment. Aussi, la conjugaison de ces deux évènements bouleversera durablement l’environnement des affaires des firmes, impactera leur compétitivité et donc leur performance globale. Aussi, la première partie a été l’occasion de vérifier l’existence potentielle d’une relation entre le climat de l’investissement (CI) et la performance économique et financière des firmes, et de déterminer le cas échéant les éléments du CI qui exercent une influence sur leur performance. Les résultats indiquent qu’au plan du climat de l’investissement, l’impact de la fiscalité (mise en conformité) est très significatif sur la performance des firmes, alors que l’iniquité fiscale est négativement associée à la performance. La concurrence déloyale du secteur informel exerce également un impact négatif sur la performance. Au plan réglementaire, le niveau de contrainte à l’activité des firmes est négativement associé à la performance, alors que le niveau de contrainte administrative à l’export l’est positivement. En revanche nous n’avons pas établi de lien significatif entre le financement et la performance.

Dans la seconde partie, nous mesurons l’engagement réel des firmes marocaines en matière de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) au moyen d’une mesure de performance sociale (PSE) adhoc, et vérifions si cette PSE se traduit par un quelconque impact (positif, négatif ou neutre) sur la performance financière des firmes (PF). Les résultats indiquent qu’aucun consensus autour d’une théorie n’émerge : la théorie des parties prenantes et celle des ressources disponibles se vérifie pour la dimension « employés » de la PSE ; la théorie dite « classique » pour les autres dimensions (environnement, etc.). En tout état de cause, il semblerait que l’engagement social des firmes marocaines en faveur des employés soit une dimension importante de la RSE, alors que les autres dimensions semblent ne pas l’être.

Mots-clés : performance économique et financière des firmes, économie néo-institutionnelle, facteurs institutionnels, développement, croissance, climat de l’investissement, Maroc, pays émergent, développement durable, responsabilité sociale des entreprises, performance sociale, théorie des parties prenantes.

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ABSTRACT

This research aims to study the potential link existing between the different environments of Moroccan manufacturing firms, external (institutional and regulatory) as well as internal (relationships with stakeholders), and their economic and financial performance measured by profitability ratios. The general context of the study is the openness of Moroccan’s borders to European’s products in 2012, and the signature of the “Advanced statute” with European Union (EU) in 2008. In consequence of this, Moroccans firms will have to compete with European firms, which will impact their competitiveness, profitability and efficiency. The investment climate (IC) can therefore play an important role. In addition to that, Moroccan firms will have to comply with European norms in terms of sustainable development and corporate social responsibility (CSR). In the first part of our study, we aim to identify the determining factors of the IC that impact the economic and financial performance of Moroccan firm. The results show that the taxation (in term of conformity) has a positive impact on performance while the fiscal’s iniquity has a negative effect. In addition, the disloyal informal sector competition has a negative impact on firms’ performance. The regulatory environment plays a role in a sense that firm’s performance is negatively associated with firm’s activity constraints, but positively related to firm’s export administrative constraints. Our results show also non significant link with the financing.

In the second part, we measure the social and environmental engagement of Moroccan’s firms based on a measure of corporate social performance (CSP) created from perceptual data.

We verified then the potential link existing between this CSP measure and the financial performance. The results show that no consensus toward a theory is emerging: the stakeholder’s theory is validated for the social dimension (relation with employees) of CSP while the “classic” theory is validated for the other dimensions (environment, etc.). At last, the social commitment of Moroccan’s firms toward their employees seems to be an important dimension of the CSR, while the other dimensions are not.

Key words: economic and financial firm's performance, institutional factors, new institutional economy, development, growth, investment climate, Morocco, emerging country, sustainable development, corporate social responsibility, corporate social performance, stakeholder theory.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE ... 1

PARTIE I. L’IMPACT DU CLIMAT DES AFFAIRES SUR LA PERFORMANCE DES FIRMES : UNE APPLICATION EMPIRIQUE DANS LE CONTEXTE DU MAROC ... 8

Introduction ... 10

CHAPITRE I. LA PRISE EN COMPTE DES FACTEURS INSTITUTIONNELS DANS LA PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT ... 14

1.1. Incarnation contemporaine du paradigme néo-classique : l’ajustement structurel ... 14

1.2. L’intégration du rôle des institutions et des politiques publiques dans la problématique du développement ... 28

CHAPITRE II. JUSTIFICATION THEORIQUE DU ROLE DES INSTITUTIONS DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ... 33

2.1. L’approche néo-institutionnelle : origine, définitions et concepts clés ... 34

2.2. Les fondements théoriques de l’approche néo-institutionnelle ... 39

CHAPITRE III. LE CONCEPT DE CLIMAT DE L’INVESTISSEMENT ... 65

3.1. Le climat des affaires : définitions, importance et évolution ... 65

3.2. Le rôle de l’Etat dans l’amélioration du climat de l’investissement ... 73

3.3. Les politiques publiques spécifiques qui exercent une influence sur le climat de l’investissement ... 78

CHAPITRE IV. LA RELATION ENTRE LE CLIMAT DE L’INVESTISSEMENT ET LA PERFORMANCE : UNE REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE ... 114

4.1. Les instruments de mesure du CI ... 114

4.2. Les principaux résultats de la littérature empirique ... 116

4.3. Limites et pistes de recherche futures ... 130

CHAPITRE V. LA VERIFICATION EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE LE CLIMAT DE L’INVESTISSEMENT ET LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES DANS LE CAS DU MAROC ... 144

5.1. Les principales spécificités du contexte marocain ... 144

5.2. Méthodologie de la recherche ... 155

5.3. Le modèle empirique ... 164

5.4. Description des données ... 167

5.5. Les résultats ... 173

5.6. Recommandations en termes de politiques publiques ... 194

Conclusion de la première partie ... 204

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viii PARTIE II. LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE DES FIRMES ET LEUR PERFORMANCE FINANCIERE DANS LE CONTEXTE DES FIRMES

IMPLANTEES AU MAROC : UNE APPLICATION EMPIRIQUE ... 210

Introduction ... 212

CHAPITRE VI. REVUE DE LA LITTERATURE: LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) ... 216

6.1. Genèse de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) ... 216

6.2. Les fondements théoriques de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise ... 231

6.3. La Performance Sociale de l’Entreprise (PSE) comme mesure de la RSE ... 245

6.4. La relation Performance sociale (PSE)/Performance financière de l’entreprise (PFE) ... ... 278

6.5. La RSE dans les pays émergents et en développement ... 294

6.6. Cadre théorique et hypothèses de recherche ... 308

CHAPITRE VII. LA MESURE DE LA RSE DANS LE CONTEXTE MAROCAIN ... 315

7.1. La situation du Maroc en matière de RSE ... 315

7.2. Méthodologie : Instrument de collecte des données : la méthode de l’enquête par questionnaire ... 327

7.3. Description des données : l’analyse univariée... 339

7.4. Les analyses croisées ... 351

CHAPITRE VIII. ETUDE EMPIRIQUE DU LIEN EXISTANT ENTRE LA PSE ET LA PF DES ENTREPRISES IMPLANTEES AU MAROC ... 369

8.1. Le(s) modèle(s) empirique(s) ... 369

8.2. Les résultats ... 374

8.3. Synthèse des résultats et conclusion sur les hypothèses ... 397

8.4. Implications stratégiques et managériales et recommandations ... 399

Conclusion de la seconde partie ... 403

CONCLUSION GENERALE ... 406

ANNEXES ... 412

Bibliographie - Partie I ... 464

Bibliographie - Partie II ... 480

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INTRODUCTION GENERALE

La mise en place d’un climat de l’investissement (CI) performant mettant l’emphase sur une justice rapide et impartiale, le respect des règles de compétition, la consolidation du cadre macroéconomique (équilibre des finances publiques, maîtrise de l’inflation, du taux de change et de la dette), et la mise en place d’infrastructures performantes sont depuis une vingtaine d’années les objectifs que se sont fixés une majorité d’économies en développement. Aucun pays, aucun bloc régional ne peut faire l’économie de la mise à niveau de son environnement des affaires. Le but est de favoriser la croissance des firmes locales, d’améliorer leur performance et leur compétitivité et enfin d’accroître l’attractivité des pays en termes de flux d’investissements directs étrangers (IDE). Tout cela devrait avoir in fine un impact positif sur la croissance du pays en termes de créations d’emplois et de richesses et de réduction de la pauvreté (Stern, 2002).

L’économie marocaine, terrain de notre travail de recherche, n’échappe pas à la règle et vit depuis une dizaine d’années au rythme de profondes mutations économiques, sociales et environnementales. Plans sectoriels volontaristes (industrie, agriculture, tourisme, etc.) ; signatures d’accords de libre-échange régionaux avec les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Turquie, l’Egypte, et la Jordanie ; changements institutionnels ; défi environnemental et écologique etc. en constituent les points saillants. Ces mutations ont des répercussions sur la vie des entreprises, en termes d’opportunités mais aussi de contraintes (réglementation publique, etc.). Dans la mesure où ces entreprises se trouvent au cœur de ce processus de changement, elles se doivent d’être à la hauteur des enjeux actuels et futurs en faisant la preuve d’une capacité d’adaptation et de pro-action sans lesquelles elles risquent tout simplement de disparaître du marché. Ceci implique un bouleversement dans la manière dont l’entreprise marocaine aura, dans les années à venir, à gérer ses relations avec son environnement institutionnel externe, mais aussi interne, dans la mesure où la fonction sociale de l’entreprise, à travers sa capacité de réponse à ses multiples parties prenantes, prend de plus en plus d’importance. Cette capacité de réponse à des pressions institutionnelles est plus connue sous le concept de Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE). La RSE englobe

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2 l’ensemble des relations que la firme entretient avec ses parties prenantes (actionnaires, clients, fournisseurs, employés, communauté). Cette notion, dont le point de départ historique est la théorie de Bowen (1953) n’a cessé de prendre de l’importance depuis un demi-siècle au gré de la conjoncture et des thématiques du moment (lutte anti-apartheid, scandales écologiques, etc.). Cette évolution n’est pas prête de s’estomper aujourd’hui avec la crise morale que traverse le capitalisme aujourd’hui ; crise qui a été engendrée par le comportement peu scrupuleux de certains dirigeants de banques et qui a engendré des conséquences économiques, financières, et sociales dont la plupart des pays de la planète peine à affronter.

Dans ce contexte singulier, 2012 sera une année particulièrement importante pour l’économie marocaine. En effet, elle verra l’ouverture, dans le cadre de l’application de l’Accord de Libre-échange (ALE) signé avec l’Union Européenne (UE), des frontières économiques du pays aux produits européens. Dans cet environnement hautement concurrentiel, firmes marocaines et étrangères cohabiteront et se livreront une concurrence acharnée pour le contrôle des parts de marché. En outre, cette ouverture grandissante du Maroc s’est renforcée par la signature en septembre 2008 du statut avancé avec l’UE. Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de l’accord d’association et de la politique européenne de voisinage censée permettre un renforcement des relations politiques, économiques et commerciales, ainsi qu’un développement soutenu des échanges culturels et humains. Le statut avancé s’étend à des nouveaux domaines stratégiques tels que la coopération énergétique, la recherche et l’innovation, l’environnement et le développement durable. Il vise une meilleure intégration à terme du Maroc à l’UE grâce notamment à un soutien financier qui soit en phase avec l’ampleur et le caractère ambitieux de cette nouvelle évolution. Mais dans la mesure où le statut avancé est vu comme un outil destiné à approfondir le processus de convergence du Maroc en direction de l’UE, celui-ci devra avancer plus vite au niveau d’un certain nombre de réformes liées à la démocratisation des institutions et de la société d’un côté et la modernisation des structures économiques de l’autre. Les deux volets étant intimement liés. Cette situation impose un certain nombre de questionnements importants au niveau des firmes marocaines. La première série porte sur leur degré de préparation à cette ouverture. Quel est leur degré de compétitivité ? Où en sont-elles en termes de mise à niveau ? Quel est l’effet des politiques publiques et réformes économiques et financières sur leur activité ? Quelle est leur perception du climat de l’investissement national ? La seule certitude est que seules les plus aptes et les plus performantes survivront dans cet environnement nouveau et incertain. Le degré de préparation des firmes est fonction de l’environnement institutionnel en vigueur (ou climat de

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3 l’investissement), qui lui-même exerce une influence sur la productivité et la performance des firmes. Par climat de l’investissement (CI), nous entendons l’environnement politique, institutionnel et comportemental actuel et futur des firmes d’un pays à même d’influencer le risque et le rendement associés à un investissement (Stern, 2002). De manière plus précise, le climat de l’investissement s’intéresse à l’étude des institutions, de la gouvernance, des politiques et réformes, des infrastructures qui affectent le niveau de capital de l’investissement mais également la productivité de cet investissement au plan de ses facteurs de production (travail et capital). Un CI incitatif, générateur d’opportunités, poussera la firme à prendre des risques, investir dans le capital (humain et/ou technologique) ; ce qui aura immanquablement un impact sur sa productivité et sa profitabilité. Ce résultat est corroboré par une certaine littérature théorique et empirique qui établit ainsi l’existence d’une relation entre les facteurs institutionnels d’une part, et le développement et la performance de l’autre, aux niveaux macro et micro. Ainsi, au niveau macro, certains auteurs montrent que les institutions influencent le développement économique (Knack et Keffer ,1995; Brunetti et al., 1997; Calderon et Chang, 1997; LaPorta et al., 1997; etc.). De la même manière, les institutions influencent le développement des marchés financiers (LaPorta et al. ; 1997;

Levine, 1997; Demirguc-Kunt et Detragiache 1998; etc.). Enfin, l’amélioration de l’efficacité des institutions réduit le degré et la sévérité de la pauvreté (Chong et Calderon ,1997, 1998;

etc.). Au niveau micro ensuite, les principales études empiriques font état d’un impact significatif du financement sur la performance des firmes à travers la réduction des coûts de transaction, l’amélioration de la productivité, et la rentabilité espérée des projets (Beck et Laeven, 2006; Coricelli et Masten, 2004; Koivu, 2002; etc.). De la même manière, la gouvernance (corruption et insécurité) exerce un impact négatif sur la performance des firmes (Fernandes 2008; Gelb et al., 2007; Fisman et Svensson, 2007 ; etc.). Enfin, l’environnement institutionnel et réglementaire est affecté par un certain nombre de facteurs liés aux politiques publiques, impactant à son tour la performance des firmes (Asaftei et al., 2008, étude sur la privatisation en Roumanie; Gelb et al., 2007; Carlin et al., 2006; etc.).

Il est à signaler que la plupart des études sur le CI sont de nature macroéconomique et s’intéressent à l’impact de ce dernier sur la croissance d’un pays ou son attractivité (en termes de flux d’investissements extérieurs notamment). Mais de plus en plus d’études –celle-ci en fait partie-- s’intéressent à la relation éventuelle existant entre le climat de l’investissement et la performance des firmes au niveau micro.

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4 Sur un autre plan, cette ouverture économique grandissante du Maroc est certes source d’opportunités pour certaines firmes, mais également source de contraintes pour d’autres.

L’une de ces contraintes découlant du statut avancé Maroc-UE concerne la mise en conformité des firmes marocaines avec les normes et standards internationaux en matière sociale et environnementale. C’est la notion de RSE évoquée précédemment. Certes, le Maroc a signé un certain nombre d’accords internationaux en la matière (protocole de Kyoto, convention de Genève contre le travail des enfants, etc.), mais il est important et légitime de s’interroger sur l’implication du secteur privé en termes de RSE, à l’heure où les pouvoirs publics mettent en œuvre une ambitieuse politique de développement durable (lancement des plans éoliens et solaires mobilisant un investissement de respectivement 3 MM dollars et 9 MM dollars ; mise en place de la Charte nationale de protection de l’environnement et de développement durable; etc.) portant d’immenses opportunités pour le pays et impliquant l’ensemble des acteurs concernés par le développement. Aussi, la mise en conformité des firmes marocaines sera dans les années à venir un enjeu crucial pour au moins deux raisons.

D’un côté, les firmes exportatrices, dont beaucoup sont en relation de sous-traitance pour des donneurs d’ordre étrangers, seront tenues de respecter des codes de bonne conduite et chartes éthiques de plus en plus strictes. Seules les firmes capables de respecter ces engagements pourront évoluer sur les marchés étrangers. D’un autre côté, sur le marché intérieur, les firmes étrangères qui s’installeront au Maroc ne manqueront pas de faire jouer, en plus du prix et de la qualité, l’argument de l’éthique, de la durabilité, et de la responsabilité auprès des consommateurs marocains, qui deviennent de plus en plus avisés. Les démarches de certification, labellisation etc. deviendront alors des outils de compétition entre les firmes. Là encore, l’engagement en RSE des firmes jouera le rôle de barrière à l’entrée pour les firmes qui n’auront pas été suffisamment clairvoyantes afin de se doter, à l’avance, de politiques en matière de RSE et du management qui en découle. La sélection naturelle du marché se fera alors progressivement en fonction de ces critères d’un type nouveau.

Une question découlant de l’engagement des firmes en matière de RSE a pris une importance cruciale depuis une vingtaine d’années, tant au niveau des pratiques managériales qu’au niveau de la littérature académique : il s’agit de l’impact financier de la RSE sur la performance des firmes. Deux visions s’affrontent : celle qui ne voit dans les actions en RSE qu’un surcoût dont l’effet ne peut être que négatif sur le potentiel de croissance des firmes (Friedman, 1970), et l’autre vision, plus sociale, qui considère que la RSE doit être considérée au départ comme un investissement qui aurait un impact sur la légitimité de la firme et sa réputation, et à long terme sur sa profitabilité (Freeman, 1984). Les études empiriques qui se

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5 sont penchées sur la question ne sont pas arrivées à un consensus qui fasse l’unanimité. De plus, la plupart de ces études se sont focalisées sur les pays développés, Etats-Unis en tête, alors que peu d’études ont été réalisées sur les pays émergents.

Ainsi, l’objectif général de ce travail de recherche est d’étudier le lien potentiel existant entre les différents environnements des firmes manufacturières marocaines externe (institutionnel et réglementaire) et interne (relations avec ses parties prenantes) –et leur performance économique et financière mesurée par un certain nombre de ratios de rentabilité. De manière plus précise, le premier objectif est de vérifier l’existence potentielle d’une relation entre le climat de l’investissement (CI) et la performance économique et financière des firmes, et déterminer le cas échéant les éléments du CI qui exercent une influence sur leur performance. L’objectif ultime serait de proposer des mesures d’ajustement en vue d’améliorer le CI.

Le second objectif est de mesurer l’engagement réel des firmes marocaines en matière de RSE au moyen d’une mesure de performance sociale (PSE) adhoc, et vérifier si cette PSE se traduit par un quelconque impact (positif, négatif ou neutre) sur la performance financière des firmes (PF).

Ainsi, la première partie de ce travail de recherche (chapitres 1 à 5) sera consacrée à la problématique du CI et la relation qui existe entre ce concept et le développement et la croissance. Plus précisément, l’objectif de ce volet de la recherche est tout d’abord de vérifier, au plan théorique, le rôle des institutions dans la croissance et le développement économique et social des pays ; d’identifier ensuite, aux niveaux macro et micro, sur la base de la littérature empirique disponible, les facteurs du climat d’investissement qui affectent la décision d’investissement des firmes, leur productivité et leur performance économique et financière. Enfin, il s’agira de tester empiriquement ce cadre d’analyse dans le contexte des entreprises établies au Maroc, et cela afin de déterminer les facteurs du climat de l’investissement qui exercent un impact sur la performance des firmes au Maroc.

La seconde partie de cette recherche (chapitres 6 à 8) est consacrée à la problématique de la RSE et de la relation existant entre la PSE et leur PF. Le premier objectif de cette partie est d’établir, à l’aide d’un questionnaire d’enquête administré à un échantillon de firmes marocaines, une cartographie de ce qui existe en matière de RSE. Nous évaluerons également, sur la base de certains attributs spécifiques à la firme, de quelle manière évolue l’engagement social des firmes implantées au Maroc et s’il existe des différences notables en fonction de

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6 ces attributs. Le second objectif est de développer, à partir de la littérature existante portant sur les différentes formes d’implication sociale et environnementale des firmes, et des outils conceptuels existants, une mesure de la RSE, adhoc, relative à un pays émergent multiculturel –le Maroc. Enfin, le dernier objectif est de vérifier, sur le plan empirique, l’existence potentielle d’une relation entre la PSE et la PF dans le contexte des entreprises implantées au Maroc, plus précisément dans trois secteurs d’activité (chimie, agroalimentaire et textile) et dans trois pôles économiques du pays (Casablanca, Tanger et Rabat).

Notons que ce travail est, à notre connaissance, la première tentative d’établir une mesure de PSE dans le contexte marocain, et la première étude tentant d’évaluer la relation entre PF et PSE dans ce contexte. S’agissant de la mesure de PSE, dont la méthodologie est longuement exposée dans la seconde partie de ce travail de recherche, nous avons, à l’instar d’un certain nombre d’agences de notation sociale (KLD, Vigéo, etc.), identifié dans la littérature les principales dimensions constitutives de la RSE puis nous les avons intégrées dans un questionnaire que nous avons administré auprès d’un échantillon de firmes marocaines. A partir de l’évaluation de l’engagement de ces firmes relativement à chacune des dimensions constitutives de la RSE, nous avons établi des scores agrégés puis désagrégés de PSE pour chaque firme. Ces scores, que nous avons équi-pondérés, nous ont servi ensuite à étudier la relation potentielle existant entre la PSE et la PF. Hormis l’étude de Wahba (2008) qui s’intéresse à la relation entre investissement institutionnel, RSE et PF dans le contexte des firmes égyptiennes, notre étude semble être la seule à s’être intéressée à cette problématique dans le contexte d’un pays appartenant à la zone MENA (Middle-East North Africa).

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PARTIE I

L’IMPACT DU CLIMAT DES AFFAIRES SUR LA PERFORMANCE DES FIRMES : UNE APPLICATION EMPIRIQUE DANS LE CONTEXTE DU

MAROC

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INTRODUCTION

Le début des années 1980 est marqué par la crise de la dette dans les pays en développement (PED) du Sud. En effet, la plupart d’entre eux sont en situation de quasi- faillite financière et ne peuvent donc plus honorer leurs engagements vis-à-vis des créanciers internationaux. C’est à ce moment-là que les institutions financières internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International –FMI) interviennent et imposent à ces pays des réformes économiques radicales qui vont bouleverser à des degrés divers leurs systèmes économiques. Ces politiques, néolibérales, sont issues de ce que l’on appelle le « Consensus de Washington ». Selon Williamson (1990), ce Consensus visait un certain nombre d’objectifs, à savoir : la discipline fiscale à travers une réforme du système d’imposition, la déréglementation au niveau des marchés financiers, la mise en place de politiques commerciales libérales favorisant l’ouverture, l’attraction des investissements directs étrangers (IDE), le recul du rôle de l’Etat à travers les privatisations des entreprises publiques, et la protection des droits de propriété. Le bilan de ces politiques est fortement contrasté. Si sur certains aspects, tels que la protection des droits de la propriété, les résultats sont encourageants, les effets sociaux de ces politiques sont loin de faire l’unanimité. Les développements économique et social tant attendus de ces politiques ne sont pas au rendez- vous. En effet, les organisations financières internationales pensaient que la mondialisation combinée aux réformes dites « de première génération » allaient exercer un impact positif sur la croissance, et par-delà réduire la pauvreté et les inégalités. On s’attendait à ce que les flux de capitaux et la croissance des exportations allaient entraîner le développement des secteurs intensifs en main d’œuvre. C’est tout le contraire qui arriva. La croissance économique a été plutôt timide dans la majorité des PED, surtout africains. Pire, celle-ci ne s’est pas accompagnée d’une forte augmentation de la demande de travail dans les secteurs formels alors même que le secteur informel se développait au détriment du formel- ; la croissance des exportations s’est principalement concentrée dans les secteurs intensifs en ressources naturelles (hydrocarbures principalement) ; et les différences salariales se sont élargies entre les salariés qualifiés et les non qualifiés. En conséquence, tout ceci s’est traduit par une répartition de plus en plus inégale des revenus et l’augmentation de la pauvreté extrême. L’un des syndromes les plus marquants de cet échec est l’affaiblissement sinon la disparition dans

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11 un grand nombre de pays de la classe moyenne, fer de lance de la croissance durant les années 1970. La raison principale de cet échec est que, dans leur volonté de tout déréglementer, de favoriser les conditions du recul de l’Etat, de laisser le marché s’autoréguler en somme, les institutions internationales n’ont pas intégré le degré de vulnérabilité des populations de ces pays. Afin de limiter cette vulnérabilité et améliorer l’insertion durable de composantes de la société, un certain nombre de réformes, dites de « seconde génération » ont été entreprises au début des années 1990. Ces réformes visaient notamment l’amélioration de la qualité des investissements dans les ressources humaines ; la promotion et le développement de marchés financiers efficaces et sûrs ; la promotion d’un environnement réglementaire et légal, avec en particulier la déréglementation du marché du travail et l’amélioration des conditions de l’investissement privé dans les infrastructures et les secteurs sociaux (éducation par exemple) ; l’amélioration des services publics au niveau du système judiciaire notamment ; la consolidation du cadre macroéconomique et l’équité fiscale. Ces réformes sont parfois appelées « réformes institutionnelles » car elles avaient comme principal objectif de renforcer le rôle des institutions, condition nécessaire du développement économique et social.

Ce passage d’un cycle de réformes à un autre a été rendu possible par une inflexion majeure, à la fin des années 1980, de la doctrine monétariste d’inspiration néoclassique au sein des institutions financières internationales, principales conceptrices de ces programmes.

A ce titre, deux écoles de pensée se sont succédées.

La première, néoclassique, est celle qui a donné lieu aux réformes des années 1980 avec les conséquences que l’on connait. Elle assume, entre autres choses, que l’information est parfaite, et que l’asymétrie d’information n’existe pas au niveau des transactions de biens et services entre personnes physiques et /ou morales. Cette théorie suppose également qu’il n’existe pas de problèmes liés à l’exécution des contrats (enforcement). Cette situation idéale, où acheteurs et vendeurs honorent tous deux leurs obligations légales et morales, n’existe tout simplement pas dans la réalité. Ce constat se vérifie encore plus pour les biens et services

« durables » c’est-à-dire qui sont consommés sur une longue période de temps. Le secteur financier constitue un exemple éloquent lorsque l’on étudie la « sélection adverse » (adverse selection) ou le « hasard moral » (moral hazard) qui ont conduit à la crise systémique que le monde a vécu en 2008.

La seconde école, qui a donné lieu aux réformes des années 1990, est connue sous le nom de « nouvelle économie institutionnelle » (NEI). Elle a été fondée par Coase, Williamson et North, auteurs dont on présentera les travaux dans le chapitre II. Coase (1937, 1960) remet en question le postulat néoclassique de rationalité des agents, de perfection et symétrie de

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12 l’information, et de coûts de transaction nuls. Selon lui, les coûts de transaction liés à la mise en œuvre et la protection des contrats sont positifs ; ce qui justifie l’existence d’institutions afin de diminuer ces coûts. Chez les néoclassiques, les institutions n’existent pas, la croissance est fonction de facteurs démographiques et économiques. North a repris à son compte la notion « coasienne » de coûts de transaction et il a cherché à expliquer les différentiels de croissance entre pays riches et pays pauvres à travers les institutions. Pour lui, les institutions constituent un facteur essentiel dans l’explication de la croissance et du développement économique. La pensée de North peut se résumer comme suit. Lorsque l’environnement institutionnel est crédible, les incitations sont positives, les transactions entre agents économiques s’intensifient, leur coût unitaire baisse, l’investissement et la croissance sont au rendez-vous. A l’inverse, lorsque les institutions sont peu crédibles, lorsque le pouvoir est autoritaire et s’approprie par la force la rente des entrepreneurs, c’est l’inverse qui se produit avec son cortège de sous-développement et de pauvreté.

Ainsi, de manière générale, les institutions favorisent le développement et la croissance car ce sont elles qui déterminent l’efficacité et l’existence des marchés et des organisations, publiques et privées (Banque Mondiale, 1998). De plus, les institutions déterminent le niveau d’investissement nécessaire dans le capital humain et/ou physique ; ce qui aura un impact sur le risque perçu par les individus et agents économiques qui réalisent ces investissements et prennent ces risques. Enfin, les institutions sont nécessaires afin de garantir la qualité des biens publics produits, tels que la qualité de l’air (lutte contre la pollution) ou la sécurité des biens et des personnes (lutte contre la criminalité, la corruption, etc.). En bref, de bonnes institutions doivent prévoir des règles qui soient claires et connues de tout le monde, applicables par tous, cohérentes, prévisibles, crédibles et exécutées de manière juste et impartiale (Banque Mondiale, 1998).

Découlant de cette approche de North, un certain nombre d’études empiriques ont cherché à étudier la relation potentielle existant entre les facteurs institutionnels –que l’on englobe sous l’appellation plus générale de « climat de l’investissement »- et la performance, aux niveaux macro et micro. La présente étude s’inscrit dans ce cadre. L’objectif global est de vérifier l’existence d’une relation potentielle entre le climat de l’investissement (CI) et la performance financière des firmes implantées au Maroc.

Les objectifs spécifiques de notre recherche sont :

§ De vérifier, au plan théorique, le rôle des institutions dans la croissance et le développement économique et social des pays ;

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§ D’identifier, aux niveaux macro et micro, sur la base de la littérature empirique disponible, les facteurs du climat d’investissement qui affectent la décision d’investissement des firmes, leur productivité et leur performance économique et financière;

§ De tester empiriquement les éléments identifiés précédemment dans le contexte des entreprises établies au Maroc dans le but de déterminer les facteurs du climat de l’investissement qui exercent un impact sur la performance des firmes au Maroc.

Les quatre premiers chapitres seront consacrés à la problématique du climat de l’investissement, au niveau conceptuel et théorique. Dans le chapitre I, nous expliquerons pourquoi les facteurs institutionnels ont pris une telle place dans la question du développement, c’est-à-dire comment nous sommes passés du Consensus de Washington strict à cette prise en compte des éléments contenus dans ce que l’on appelle le climat des affaires. Le chapitre II sera consacré à présenter les soubassements théoriques du rôle des institutions dans la problématique du développement. Nous présenterons les théories qui découlent de l’économie des coûts de transaction, ainsi que l’école de la régulation. Le chapitre III sera consacré à la définition de la notion de climat de l’investissement, à montrer son importance dans la compétitivité des firmes et l’importance du rôle de l’action publique dans l’amélioration de celui-ci. Puis dans le chapitre IV, nous allons nous intéresser aux principaux résultats empiriques qui se dégagent de la relation entre le climat de l’investissement et la performance des firmes, aux niveaux macro et micro.

La première section du chapitre V sera consacré à expliciter la méthodologie employée et le terrain de notre étude, à savoir le Maroc. A ce titre, nous allons, au moyen d’une base de données regroupant des données relatives aux enquêtes Firm Assessment and Competitiveness Survey (FACS) et Investment Climate Assesment (ICA) sur le climat de l’investissement et la compétitivité des firmes au Maroc entre 1997 et 2005, identifier les contraintes les plus fortes relatives à l’activité des firmes dans ce pays ainsi que leur évolution dans le temps. Enfin, la seconde section du chapitre V sera consacrée à vérifier, au moyen de modèles statistiques appropriés, l’existence d’une relation éventuelle entre le climat d’investissement et la rentabilité des firmes implantées au Maroc. Nous serons alors en mesure de proposer des mesures d’ajustement à même d’améliorer le climat de l’investissement dans lequel évoluent les firmes; mesures qui auront comme objectif d’améliorer, en théorie du moins, leur performance économique et financière.

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CHAPITRE I

LA PRISE EN COMPTE DES FACTEURS INSTITUTIONNELS DANS LA PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT

La pensée économique du développement a connu une forte évolution au fil des siècles, avec des inflexions idéologiques majeures. Ainsi, nous sommes passés successivement du

« tout marché », philosophie à la base du néoclassicisme, au « tout-Etat », philosophie à la base du keynésianisme et surtout du marxisme, et enfin à la recherche d’un meilleur équilibre entre Etat-marché, symbolisée par les économistes de l’école néo-institutionnelle (nouvelle économie institutionnelle –NEI). Or, ni l’Etat ni le marché ne peuvent tout. Entre les deux, il existe ce que l’on appelle les « institutions » qui peuvent, sans remettre en cause ni le rôle de l’Etat ni celui du marché, apporter les garde-fous nécessaires au bon fonctionnement de celui- ci. Ce chapitre sera donc l’occasion de présenter l’incarnation contemporaine du paradigme néo-classique, à savoir l’ajustement structurel, de mettre l’emphase sur les limites et échecs de cette approche, et enfin d’expliquer l’importance des institutions dans la croissance et le développement d’un pays.

1.1. Incarnation contemporaine du paradigme néo-classique : l’ajustement structurel1

La fin des années 1970 est caractérisée par un changement radical d’idéologie économique.

Un paradigme d’inspiration néo-classique s’impose alors. L’impact de ce changement d’idéologie est fondamental dans la mesure où les politiques économiques menées dans le monde industrialisé vont connaître alors une inflexion majeure. L’idéologie de l’Ecole de Chicago et l’influence du monétarisme seront déterminantes dans la mise en place de ces politiques. Mais c’est surtout au niveau des pays du sud que cette inflexion se fera le plus sentir. Confrontés à une crise de solvabilité majeure – à titre d’exemple, le Mexique a déposé

1 Nous nous sommes inspirés des travaux d’Alaoui (1999), d’Azoulay (2002), et de Brasseul (2008) afin de rédiger cette section.

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15 en 1982 un moratoire sur sa dette – qui menaçait la stabilité financière internationale, ces pays se sont vus imposés par les institutions internationales (FMI et Banque Mondiale), dans le cadre de la gestion internationale de leur dette, la mise en œuvre de politiques économiques orthodoxes. Ces politiques économiques spécifiques – appelées Politiques ou Programmes d’Ajustement Structurel (PAS)- se sont imposées aux pays du Sud comme les contreparties inévitables aux financements extérieurs dont ils avaient besoin afin, entre autres choses, de financer le service de leur dette. Le « consensus de Washington » symbolise ce nouveau paradigme pensé dès la fin des années 70 et mis en place surtout au cours de la décennie 1980. Ce « consensus » se fonde sur l’idée de rejet de toute forme d’interventionnisme publique et proclame la suprématie du marché comme la forme la plus efficace d’allocation des ressources. Il traduit bien le « retour des mécanismes du marché comme mode unique d’allocation des ressources dans les économies en développement » (Azoulay, 2002). Le modèle d’équilibre général constitue le fondement théorique inhérent à cette idéologie ; la théorie néo-classique des prix explique le comportement des agents ; le libre jeu du marché constitue la meilleure forme d’organisation du marché et la flexibilité des prix apparaît comme le principe majeur (Azoulay, 2002).

La philosophie économique à la base de l’idéologie néo-classique repose sur l’idée d’un monde entièrement conçu autour des échanges privés. Les arrangements privés se substituent à un arbitre externe comme mode de régulation du système. L’Etat est considéré avec défiance comme porteur et créateur de distorsions (Friedman, 1971), de conflits artificiels dans la sphère des relations marchandes privées (Hayek, 1943). Dans ce contexte, la théorie des avantages comparatifs de Ricardo est vue comme l’instrument par excellence de l’intégration des pays du Sud dans l’économie mondiale, à travers leurs dotations factorielles spécifiques. Ainsi, on peut dire que, de manière générale, le nouveau paradigme néo-classique se fonde sur une orthodoxie qui se base sur les principes de respect absolu des règles du marché, des avantages comparatifs et du retrait du rôle de l’Etat. Comment ce nouveau paradigme doit-il, selon ses concepteurs, se traduire sur le terrain ?

Premièrement, la logique marchande de l’ajustement va remplacer la planification du développement (la logique du Plan) et le rôle régulateur de l’Etat comme modèle de gouvernance et de gestion économique et sociale des pays du Sud. L’Etat régulateur n’existe plus selon cette logique. Deuxièmement, la logique de la spécialisation selon les avantages comparatifs et l’intégration au marché mondial vont se substituer au développement du marché intérieur et la constitution de structures productives articulées (développement économique basé sur la substitution aux importations). Enfin, le courant monétariste, qui

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16 constitue le socle sur lequel se sont bâtis les PAS, et les politiques d’inspiration monétariste mises en place dans la foulée, ont banni les grands mécanismes de régulation mis en place dans les pays industrialisés (système de protection sociale, politique de relance par la demande, etc.), et ont eu des effets négatifs importants dans les pays du Sud en empêchant que ces mécanismes de régulation puissent s’y propager et y opérer efficacement. En effet, ces derniers se sont vus injustement priver des mécanismes de protection qui devaient assurer une sécurité économique et sociale aux habitants du Sud.

Dans les développements suivants, nous allons nous intéresser brièvement à la crise de la dette, qui a été le point de départ dans la mise en œuvre du paradigme néo-classique, aux facteurs déclencheurs de la crise et au traitement de celle-ci. Ce qui nous conduira à expliquer ce que l’on entend par « consensus de Washington » ; nous présenterons alors la nature, la portée et les modèles théoriques à la base de ce « consensus » ; nous clôturerons enfin par une présentation des PAS en insistant sur les effets négatifs de ces politiques et de manière plus générale sur les limites du « consensus » et la nécessité d’aller au-delà de ce modèle.

1.1.1. L’accumulation de la dette et les facteurs de la crise

Les mécanismes du déclenchement de la crise

Durant les décennies 50 et 60, les pays en développement ont emprunté massivement auprès des marchés financiers ; et cela essentiellement afin de combler le déficit de leur balance courante (différence entre investissement et épargne nationale) et de financer leurs investissements internes dans un contexte où l’épargne intérieure était trop faible pour tirer profit des opportunités d’investissements rentables. L’endettement par financement bancaire constitue alors un mode de financement essentiel des investissements dans ces pays. Les autres modes de financement, qu’on ne développera pas dans cette recherche, sont les obligations et le financement officiel (prêts officiels des pays, aide publique au développement) qui, avec le financement bancaire, se font par des titres de dette ; et l’investissement direct étranger qui est un financement par titre de propriété (Azoulay, 2002).

Pour revenir à l’endettement en général, on peut considérer qu’emprunteurs et prêteurs sont gagnants. Les pays emprunteurs sont gagnants dans la mesure où ils ont une opportunité de développer leur stock de capital en dépit d’une épargne interne réduite. Et les pays prêteurs reçoivent, grâce aux prêts à l’extérieur, un rendement de leur épargne supérieur à ce qu’il serait à l’intérieur de leurs frontières nationales (Azoulay, 2002). Ainsi, l’endettement des

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17 pays en développement ne pose pas de problème quant à son principe dans la mesure où il a permis à ces pays de financer leur développement par une hausse de la capacité de la production et des revenus résultants du processus de développement économique. Il y a problème lorsque les pays emprunteurs sont acculés à une incapacité de rembourser. Souvent, la perte générale de confiance est à l’origine de nombreuses crises d’endettement. De manière générale, les pays du Sud ont accumulé une dette à l’égard du reste du monde dont le montant a dépassé les 2500 milliards de dollars en 2000. Les prêts bancaires représentaient déjà environ un quart (1/4) de leur financement extérieur en 1970. Ce pourcentage n’a jamais cessé de s’accroître depuis. La forte orientation de ces pays, essentiellement les pays d’Amérique Latine, vers le financement bancaire, a été un facteur important de la crise de l’endettement qui se développe après 1982.

Il est généralement admis que le déclenchement de la crise prend ses racines à partir de deux évènements majeurs dont aucun n’avait mesuré les conséquences à long terme. Le premier est la décision du gouvernement américain, en 1971, de suspendre la convertibilité – or du dollar ; ce qui aura pour conséquence de transformer en profondeur le système monétaire international et de modifier durablement la structure des échanges internationaux.

Le principal impact monétaire de cette transformation est la mise en place d’un nouveau régime de change variable qui aura pour effet d’engendrer des déséquilibres de paiements pour de nombreux pays en développement dont les économies présentaient une grande vulnérabilité face aux fluctuations des prix mondiaux. La seconde raison est l’augmentation de la poussée inflationniste dans les pays industrialisés, due notamment à l’augmentation du prix du pétrole qui a abouti aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Ce processus inflationniste, couplé avec une récession sans précédent a marqué la fin des « Trente Glorieuses ». Cette dynamique économique, en créant une nouvelle situation marquée par plusieurs déséquilibres, a poussé les gouvernements occidentaux à mettre en place des politiques monétaristes. L’objectif était de lutter contre l’inflation. Ces politiques d’austérité provoquèrent une forte augmentation du chômage. Elles se traduisirent en outre par une augmentation des taux d’intérêt « nominaux » et une baisse subséquente de l’inflation. Les taux d’intérêt réels (taux d’intérêt nominal corrigé de l’inflation) devinrent alors largement positifs. Dans le même temps, les cours de l’ensemble des matières premières, dont sont producteurs un grand nombre de pays du Sud, chutaient en termes réels.

Ainsi, le changement brutal des règles du jeu régissant le système financier international conjugué avec la diminution des revenus à l’exportation des pays du Sud et la charge croissante du service de leur dette fournissaient les ingrédients nécessaires au déclenchement

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18 de la « crise de la dette » qui se manifesta sur la scène internationale dès 1982, lorsque le Mexique menaça de cesser ses paiements. Les pays créanciers et les organisations internationales mirent alors en place un processus de gestion internationale de la dette, dont nous présentons les principaux contours ci-dessous, et dont l’un des éléments essentiels est la mise en place des PAS dont nous parlerons également dans une prochaine section. Ce que l’on peut dire est qu’au-delà de la gestion de la dette en elle-même, ces PAS étaient caractérisés par un retour aux fondamentaux macroéconomiques, financiers et commerciaux.

Ceux-ci prirent alors largement le pas sur la logique du développement. De manière spécifique, l’ajustement structurel prit la forme d’un ensemble de mesures destinées à assurer d’une part une meilleure intégration des économies du Sud dans l’économie mondiale par une libéralisation des échanges, et par une déréglementation des marchés financiers ; et d’autre part à assurer une meilleure conduite de la politique économique et financière par le déclenchement des opérations de privatisation des entreprises publiques et la mise en place de politiques d’austérité budgétaire.

La gestion internationale de la dette

La crise de la dette qu’ont subie les pays du Sud est essentiellement une crise de solvabilité. Afin de pallier ce problème, ces pays se sont vus imposés une succession de plans et programmes de traitement de la dette visant à réduire son poids. Le plus emblématique de ces programmes d’action est le rééchelonnement. Dans le cadre du rééchelonnement, un partage des efforts est instauré entre créanciers et débiteurs. A ce titre, la poursuite de financements de la part des pays créanciers et des organisations internationales est conditionnée par la mise en œuvre des PAS.

Ce traitement classique de la dette est parvenu dans un premier temps à éviter l’effondrement du système financier international par la mise en œuvre de programmes dits

« de stabilisation » dans les pays. Mais les mesures mises en place lors de cette première phase se sont révélées insuffisantes sur le moyen terme. La seconde phase de cette politique de gestion de la dette a pour objectif la relance de la croissance des pays fortement endettés auprès des créanciers privés, afin d’accroître leur solvabilité. Cette phase voit, à titre d’exemple, la création et le développement du marché secondaire de la dette. Un certain nombre de plans sont alors conçus à cet effet (plan Baker en 1985 notamment). Là encore, cette phase sera marquée par un échec dans la mesure où les diverses interventions des organisations internationales se heurtent à des limites importantes. En effet, les PAS mis en place par le Fonds Monétaire International (FMI), n’aboutissent pas aux résultats escomptés ;

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