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Submitted on 1 Jan 1989
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Mesure de l’endommagement anisotrope d’un composite
céramique-céramique par une méthode ultrasonore
Stéphane Baste, Rachid El Guerjouma, Alain Gérard
To cite this version:
Mesure de
l’endommagement
anisotrope
d’un
composite
céramique-céramique
par
uneméthode ultrasonore
Stéphane
Baste, Rachid ElGuerjouma
et Alain GérardLaboratoire de Mécanique
Physique,
U.R.A. C.N.R.S. 867, 351 Cours de la Libération, 33405 TalenceCedex, France
(Reçu
le 23 décembre 1988, révisé et accepté le 21 mars1989)
Résumé. 2014
L’endommagement en traction uniaxiale d’un composite
céramique-céramique
est analysé par uneméthode
interférométrique
ultrasonore. La loi de comportement couplant endommagement anisotrope etélasticité anisotrope est obtenue en terme de contrainte par une
équivalence
enénergie
dans le cadre de lathermodynamique
des processus irréversibles. Dans le plan exploré contenant l’axe de la charge et la normale à l’éprouvette, la mesure des temps de vol, associée à une procédured’optimisation,
fournit, pour diversniveaux de contrainte, les variations des constantes
élastiques,
inaccessibles par des mesuresclassiques
de déformations. Ces variations sont celles nécessaires à l’identification de l’endommagement anisotrope de ce planprincipal
(4
raideurs, 3 variables internes d’endommagement et leur loid’évolution)
et à la validation du modèle de comportement retenu.Abstract. 2014
The damage of a Sic-Sic composite is evaluated during uniaxial tensile test using an ultrasonic interferometric method. The behaviour law coupling anisotropic elasticity and anisotropic damage is obtained in terms of stress by energy equivalence within the thermodynamics of irreversible processes. For the
investigated
planecontaining
the loading axis and the normal to thesample,
a transit-time measurementmethod
joined
to an optimization process,provides,
for various level of stress, the elastic constant variations,inaccessible by classical strain measurements. These variations are those necessary
required
to identify theanisotropic
damage of this principal plane(4
stiffnesses, 3 damage parameters and theircorresponding
constitutivelaws)
and to validate the behaviour model.Classification
Physics Abstracts
81.20N - 43.35C - 46.30N - 62.20M
1. Introduction.
Les
composites
à matricecéramique (C.M.C.)
pré-sentent souvent un comportement
mécanique
forte-ment non linéaire. Contrairement aux
céramiques
monolithiques
pourlesquelles
lecomportement
linéaire
fragile
traduit unepropagation
directe desfissures,
les C.M.C. montrent des cheminementscomplexes
de fissures, liés à laprésence
desfibres,
leur conférant une ténacité et une résistance à la
propagation
de fissures élevées[1].
Les C.M.C. se classent dans les
composites
dutype
fragile-fragile
pourlesquels
l’allongement
àrupture de la matrice est inférieur à celui des fibres. C’est le cas inverse de celui des
composites
à matricepolymère
où la rupture estgénéralement gouvernée
par les fibres. La rupture de la matrice
précède
celle des fibres. Cette « fracturationmultiple »
[2]
de la matrice induit cette non-linéaritétypique.
Cette microfissuration matricielle peut
engendrer
des déchaussements fibre-matrice et desglissements
de la fibre dans la matrice.Ainsi,
àpartir
de mêmes mécanismes élémentaires(microfissuration
de lamatrice,
frottement sur les fissures d’interfacesfibre-matrice ainsi
créées),
et suivantl’importance
des effets defrottement,
plusieurs
types decomporte-ment très différents peuvent être observés
[3].
Ainsi la perte derigidité,
qui
caractérise la microfissuration de lamatrice, peut
s’accompagner
de déformations irréversibles et de bouclesd’hystérésis
[3-5].
Dès lors
l’endommagement
peut être évalué enterme de déformations résiduelles et
d’énergie
absor-bée[5]
ou bien en terme de variation du moduled’Young
suivant la direction duchargement [6],
quantités
mesurables par lestechniques
mécaniques
conventionnelles telles que, parexemple,
desexten-somètres à
pinces.
Il convient desouligner
que cesmoyens de mesure n’autorisent que des évaluations
du
phénomène
parallèlement
à l’axe de lacharge
etdonc ne permettent pas de mesure des modules
d’Young
dans lesplans orthogonaux
à l’axe dechargement
ou de mesure des modules decisaille-ment nécessaires à l’identification d’un
endommage-ment
anisotrope.
Dans le cas des matériaux anisotro-pes, cecioblige
à effectuer des relevés sur ungrand
nombre
d’éprouvettes
(taillées
suivant différentsaxes du
composite)
pour accéder à un maximumd’éléments du tenseur
d’endommagement
associé aucomportement du matériau. A
l’évidence,
legrand
nombre demanipulations
nécessaires,
sur deséchan-tillons
parfois
difficilementcomparables,
induit uneprécision
médiocre souvent liée à unedispersion
importante
des résultats.Pour
pallier
à cesinconvénients,
mesureunique-ment
parallèlement
à l’axe de lacharge
enparticu-lier,
et contourner certains écueils(dispersion
etmanque de
reproductibilité
des résultats parexem-ple)
d’autrestechniques
d’évaluation del’endomma-gement doivent être
imaginées.
La caractérisation des milieuxanisotropes
par des méthodesultrasono-res
[7, 8],
est une voiepossible
pour la détermination deparamètres indispensables
à l’identificationpré-cise de lois de comportement
complexes
(endomma-gement
anisotrope couplé
à l’élasticitéanisotrope)
[9].
Les résultatspréliminaires,
permettant la mesured’un
endommagement
anisotrope
d’unC.M.C.,
obtenus par cette méthode
ultrasonore,
sontprésen-tés dans ce travail.
’
Si,
comme nous l’avonsdéjà
signalé,
lamodélisa-tion du comportement du matériau en terme de déformations est d’un usage commode pour les
mesures «
mécaniques »
conventionnelles,
il n’en vapas de même pour celles fondées sur la
propagation
ultrasonore[9].
Aussi,
àpartir
de lathermodynami-que des processus
irréversibles,
nous établissons(paragraphe 2)
une formulation du comportementen termes de contraintes
couplant
l’élasticitéaniso-trope à
l’endommagement anisotrope (formulation
duale).
Auparagraphe
3 nousprésentons
le matériautesté,
le montageexpérimental
réalisé etquelques
résultats
préliminaires.
Enfin nousprécisons
(para-graphe 4)
laprocédure employée
pour déterminer les constantes d’élasticité ducomposite
et leur variation au cours duchargement,
qui
nous donnent(paragraphe 5)
l’évolution des composantes duten-seur
d’endommagement
retenu.2.
Couplage endommagement anisotrope-élasticité
anisotrope.
Dans le cas
unidimensionnel,
il est désormais classi-que d’introduire unparamètre
scalaired’endomma-gement d
qui
opère
sur la contrainteappliquée
o, pour définir une contrainte effective
[10] :
qu’il
fautappliquer
à l’élément de volumevierge
(non endommagé)
pour obtenir la même déforma-tion que celleprovoquée
par la contrainte aappli-quée
à l’élément de volumeendommagé.
Leparamè-tre d a le sens
physique
d’une diminution de section résistante liée à laprésence
des microfissures. L’introduction de cette contrainte effective dans la loi constitutive de l’élasticité fournit une mesureindirecte de d par des
déchargements pendant
l’essaid’écrouissage
[11] :
où
Eo
est le moduled’Young
initial et E celui du matériauendommagé.
La
généralisation
tridimensionnelle conduit autenseur des contraintes effectives (J" eff relié au tenseur
des contraintes or par un
opérateur
M (D )
tel que :La variable
d’endommagement
D doit avoir un.caractère tensoriel pour rendre compte de l’orienta-tion
privilégiée
des microfissures. La loi decompor-tement s’obtient en substituant dans le
potentiel
élastique
le tenseur des contraintes effectives autenseur des contraintes
appliquées,
cequi
assure lasymétrie
del’opérateur
d’élasticité du matériauendommagé
[12].
Cetteéquivalence
enénergie
de déformation fournit la relation entre les tenseurs dessouplesses
S etSo
du matériauendommagé
et du matériauvierge
par :où
l’exposant
tdésigne
latransposition
habituelleet : le
produit
tensoriel.On obtient ainsi
l’expression
de la loi d’élasticité du matériauendommagé
reliant o- au tenseur des déformationsélastiques 03B5e.
Comme nous l’avonsdéjà indiqué,
une telleexpression
est maladaptée
aux
techniques
ultrasonores que nous allons utiliser.Une formulation duale doit être recherchée. L’une des
possibilités
consiste àpartir
del’enthalpie
libreet à étendre à ce cadre la démarche
précédente.
Enintroduisant le tenseur des déformations
élastiques
effectives£éff,
relié au tenseur des déformationsélastiques
par :l’équivalence
enénergie
[6] exprimée
en contrainteOn
obtient, alors,
la loi d’élasticité du matériauendommagé
reliant 03B5e et cr :Nous choisissons pour
D,
un tenseurdiagonal
d’ordre quatre
[6] qui privilégie
les axes desymétrie
ducomposite.
Notons que les théories del’homogé-néisation montrent
qu’une
microfissurationpériodi-que,
comportant
desplans
desymétrie,
peut être décrite par un tenseurd’endommagement
d’ordrequatre
[13].
Parmiplusieurs possibilités
[14],
nouschoisissons
l’opérateur
M (D )
tel que :qui
amène à un tenseur des déformationsélastiques
effectivessymétrique.
La loi d’élasticité(7)
estorthotrope
parrapport
aux directionsprincipales
desymétrie
ducomposite endommagé.
Les élémentsCij
non nuls de la matrice d’élasticité s’écrivent :où
C0ij
sont les composantes de la matrice des raideurs du matériauvierge
etDi
celles du tenseurd’endommagement.
Ces relations entre caractéristi-quesélastiques
du matériauvierge
(notées
par l’indicesupérieur 0)
et celles du matériauendom-magé
permettent, pour unchargement quelconque,
la détermination
complète
des élémentsDi (i
= 1 à6)
du tenseurd’endommagement,
soit :Il est à noter que, contrairement aux méthodes conventionnelles de mesure de déformations pour
lesquelles
les mesures indirectes del’endommage-ment reposent sur les variations des coefficients de Poisson
[6],
les variations des éléments nondiago-naux de la matrice des
rigidités
ne sontplus
indispen-sables à l’évaluation du
dommage
mais doivent seulement être vérifiées pour s’assurer de la validité du modèle.REVUE DE PHYSIQUE APPL1QUÉE. - T. 24, N’ 7, JUILLET 1989
Enfin
d’après
(9)
et les relations entre constantesde
l’ingénieur
du matériauvierge
(notées
par l’indicesupérieur 0)
et celles du matériauendommagé [6] :
on peut remarquer que la mesure de la variation des
Cii
donne,
defait,
la mesure de la variation desEi
et desGij.
3. Résultats
expérimentaux.
Le
composite
Sic-Sic estfabriqué
parempilement
de tissus bidirectionnels de carbure desilicium,
densifiésen
phase
gazeuse par la matrice de carbure desilicium. Le matériau a été testé en traction suivant
la direction 1. Les directions
équivalentes
1 et 2orthogonales
sont dans leplan
des tissus etcorres-pondent
aux directions chaînes et trames. La direc-tion 3 estorthogonale
auplan
des tissus(Fig. 1).
Fig. 1. -
Axes
principaux
ducomposite.
[Composite
principal axis.]
L’échantillon a été
précontraint
au moyen d’unemachine de traction
jusqu’à
75MPa,
limite du domainepseudo-linéaire (Fig. 2).
Aucune évolutionsignificative
despropriétés élastiques
n’a été décelée par une mesure du moduled’Young
parextensomè-tres à
pinces
et,après
déchargement
total etdémon-tage de
l’éprouvette,
par une mesure auspectro-interféromètre à immersion
[8].
Celaconfirme,
comme pour les moyens de mesures
mécaniques
conventionnels,
la nécessité d’une évaluation souscharge
del’endommagement
enparticulier
lorsque
les microfissures se referment lors d’un
Fig.
2. - Courbe contrainte-déformation en tractionsuivant l’axe 1.
[Tensile
stress-strain curve in the 1direction.]
donc a été
probablement
déjà endommagé,
cet état du matériau sera considéré dans la suite commel’état de référence.
A
chaque
niveau decontrainte,
la caractérisation del’endommagément
est fondée sur la mesure de lavitesse des ondes de volume transitant dans
l’éprou-vette. Pour accéder aux vitesses de
propagation
desondes au sein du matériau en fonction de
l’angle
d’incidence(ou
detransmission)
et de lacontrainte,
une installation
complexe
a été mise aupoint
aulaboratoire. La
figure
3 enprésente
lesynoptique.
Cette installation estcomposée
d’un banc de caracté-risation ultrasonore associé à une machine detrac-tion de faible volume. La machine de traction
proprement dite est un
piston
actionné par unepompe
manuelle,
développant
une force de 0 àFig.
3. - Banc de caractérisation ultrasonoresous charge
[Under
load ultrasonic characterizationdevice.]
]
15 tonnes sur une
éprouvette
solidaire du socle de lamachine et fixée sur la
tige
dupiston.
Le banc de caractérisation ultrasonore est similaire à celui éla-boré par Hosten et al.[7].
Cette dernière version estmodifiée et
adaptée
à la caractérisation de matériauxsous
charge.
La méthode utilisée pour la détermina-tion des vitesses est fondée sur la mesure du temps de vol parcorrélation-filtrage,
la mesure de l’atté-nuation s’obtient en faisant le rapport des densitésspectrales
depuissance
dusignal
de mesure et dusignal
de référenceacquis
en l’absence de l’échantil-lon[8].
Les résultats
expérimentaux,
portant
sur uncomposite
Sic-Sic,
sontconsignés
dans lesfigures
4et 5. La
fréquence
centrale des transducteurs est de2,25
MHz. Lafigure
4(resp. 5)
présente
l’évolution des vitesses(resp. atténuations)
des ondeslongitudi-Fig.
4. - Vitesses depropagation
en fonction del’angle
de transmission et de la contrainte.nales
(notées L)
et transversales(notées T)
enfonction de
l’angle
de transmission(resp. incident)
et pour 5 niveaux de contrainte différents notés
(.)
sur la
figure
2.L’évolution des vitesses de
propagation
estimpor-tante. Elles diminuent continûment avec la
charge.
Ces variations permettront dans les
paragraphes
suivants l’évaluation del’endommagement
par le biais d’uneprocédure
d’optimisation
des constantesélastiques
àpartir
des mesures des vitesses depropagation
des ondesélastiques.
L’atténuation
paraît
être un indicateurplus
sensi-ble au
dommage
que les vitesses. Eneffet,
lavariation des coefficients de transmission déterminée
expérimentalement (Fig. 5)
est liée à l’évolution de l’atténuation due àl’endommagement
et aux pertesinterfaciales. La connaissance des constantes élasti-ques autorise le calcul des pertes aux interfaces et permet donc d’isoler ces dernières et d’accéder à l’atténuation
[15]. Cependant,
son lien avec la loi decomportement
du milieu testé est loin d’être aussi évident que celui des variations de vitesse.Ainsi,
lesmesures d’atténuation ne
sont-elles,
pourl’instant,
qu’au
stade d’une évaluationqualitative
del’endom-magement.
Les coefficients detransmission,
qui
décroissent en fonction de la contrainte
appliquée,
traduisentclassiquement
uneaugmentation
de ladensité des micro-défauts. On retrouve ici le sens
physique
de la variable interned’endommagement
(diminution
de la section résistante liée à laprésence
demicro-fissures).
On note sur lafigure
5 uneévolution
importante,
au cours duchargement,
de lacourbe d’atténuation des ondes transversales en
fonction de
l’angle
depropagation,
attestant d’une modification de la structure interne(géométrie
desmicro-défauts)
du matériau. Sur cettefigure
appa-raissent nettement les
angles
limites relatifs auxmodes
quasi-longitudinaux puis quasi-transversaux
au-delàdesquels
ces ondes ne sontplus
engendrées
dans l’échantillon.
4. Détermination des constantes d’élasticité.
L’exploitation
des résultatsexpérimentaux,
dontquelques exemples
ont été donnés auparagraphe
précédent,
passe nécessairement par la connaissance des relations reliant la vitesse des ondes ultrasonoresaux
caractéristiques mécaniques
intervenant dans laloi de comportement du milieu support de la
propa-gation.
Celles-ci s’obtiennent en introduisantl’expression
duchamp
desdéplacements
associé àune onde
plane monochromatique
dans leséquations
du mouvement d’un milieu continu. Le matériau
étant,
apriori,
réputé homogène
à lafréquence
utilisée,
les modespropagés
sont les solutions del’équation
depropagation
[16].
A la massevolumi-que
près,
les valeurs propres del’équation
caractéris-tique
associée sont les carrés des vitesses de propaga-tion(VL
ouVT),
cequi,
pour un matériauortho-trope
(9
constantes d’élasticitéindépendantes),
dans leplan
(3,1)
considéréici,
conduit à :Fig. 5. - Coefficients de transmission
en fonction de l’angle d’incidence et de la contrainte.
avec
0
désignant
l’angle
de transmission dans le matériauet l’indice L
(resp. T)
précisant
le mode de propaga-tionquasi-longitudinal (resp. quasi-transversal).
Une
procédure
d’optimisation [17]
de toutes les valeursexpérimentales
devitesse,
utilisant la méthode deNewton,
permet d’en déduire les valeurs des raideurs dumatériau
àchaque
niveau decharge-ment. Celles-ci sont
consignées
sur lesfigures
6a àFig. 6.
- Constantesélastiques
et courbes de lenteurs normalisées ducomposite
-plan
(1,3)
anisotrope
-(a)
àcontrainte nulle 0 MPa,
(b)
pour une contrainte de 47 MPa,(c)
pour une contrainte de 78 MPa,(d)
pour une contraintede 95 MPa,
(e)
pour une contrainte de 120 MPa.[Stiffness
coefficients and normalized slowness curves in theanisotropic (1,3)
plane :(a)
for zero stress,(b)
for 47 MPa,6e. Les courbes
apparaissant
sur cesfigures
corres-pondent
aux courbes des lenteurs(l’inverse
desvitesses)
associées à(12)
ouplus
précisément
autracé de l’évolution des nombres d’ondes
(kL
ondequasi-longitudinale, kT
ondequasi-transversale)
dans le matériau normalisés par le nombre d’onde dans l’eauke
en fonction del’angle
de réfraction 9. La vitesse du son dans l’eau étant de 1 497 m/s aumoment des relevés
expérimentaux.
Dans chacune desfigures
6a à 6e les(~)
correspondent
auxpoints
expérimentaux
et leslignes
continues au tracé des courbes de lenteur exécuté à l’aide des valeurs desCij
optimisées.
Ainsi est visualisé l’écartquadratique
entre
points expérimentaux
etpoints
calculés. Lesdivergences
que l’on peut constater entrepoints
expérimentaux
et courbesoptimisées
sont enmajo-rité attribuables aux
mélanges
des modesquasi-longitudinaux
etquasi-transversaux
dans la fenêtre de mesure[18].
En fonction duchargement,
laséparation
de ces modes est variable et les erreurs sereportent
préférentiellement
soit sur le modequasi-transversal
(Fig. 6a)
soit sur le modequasi-longitudi-nal
(Fig. 6e)
soit sur les deux modes(Fig. 6c).
L’évolution de
l’anisotropie
ducomposite
enfonc-tion de la
charge
qui
lui estappliquée
est donnée par le faisceau des courbes de lenteursregroupées
à lafigure
7. On note que les courbes de lenteurs nesubissent pas une
simple
homothétie mais sedéfor-ment
lorsque
la contrainte augmente. Ceci traduit l’effet d’unendommagement anisotrope qui
influence différemmentchaque
raideur et que nousidentifions dans le
paragraphe
suivant. 5. Evolution del’endommagement.
Les relevés
expérimentaux
effectués dans leplan
(1,3)
donnent accès aux raideursCii,
C33, Css
etC 13
évaluées auparagraphe précédent
àchaque
niveau decharge.
Les courbesreprésentatives
de leur évolution en fonction duchargement
sontdonnées
figure
8. Comme ons’y
attendait,
onFig. 8. - Variation des constantes d’élasticité.
[Stiffness
coefficientsvariation.]
constate une perte de
rigidité importante
de l’échan-tillon suivant l’axe de traction de l’ordre de 120 GPaet une variation
plus
faible,
environ 20GPa,
pour les autres éléments du tenseur desrigidités
accessi-bles aux mesures. On observe que leC 13
devientnégatif.
Les variations de cetteconstate
nondiago-nale,
apparemment inattendues,
maisqui
sontadmissibles
puisque
lemineur,
M13 = CIl C33 -
C 13 2
(13)
reste
toujours positif
(l’opérateur
d’élasticité doit demeurerquadratique
définipositif),
sont tout-à-faitFig.
7. - Evolution des courbes de lenteurs normalisées ducomposite en fonction de la contrainte, plan
(1,3)
anisotrope.
significatives
dephénomènes
dedélaminage
dans leplan
(1,3)
au sein de cecomposite
fragile-fragile
2D. Dèslors,
l’utilisation des relations(10)
fournit trois composantesD1, D3
etD5
du tenseurd’endom-magement
consignées
dans lafigure
9. Ces trois variables internes vont croissant avec lechargement
et leur évolution différente est révélatrice d’un
endommagement anisotrope.
Pour laplage
deFig.
9. -Evolution des composantes du tenseur
d’endom-magement.
[Damage
tensor componentevolution.]
mesure retenue,
l’endommagement
leplus
(resp.
moins) important
a lieulogiquement
selon l’axe 1 dechargement (resp. 3).
Par ailleurs la variableD5
a une croissanceplus
rapide
que les deux autres(Dl
etD3)
cequi
est bien conforme aupressentiment
d’un
endommagement
plus
catastrophique
encisail-lement dans le
plan
(1,3) (ou (2,3))
que dans leplan
translaminaire(1,2).
Ainsi,
il estprévisible
que larupture
de l’échantillon s’effectuera en cisaillementinterlaminaire dans le
plan
(1,3).
Cecidit,
il faut sesouvenir que nous avons considéré comme
vierge
unmatériau dont le seuil
d’endommagement
adéjà
certainement été franchi
puisque chargé
à 75MPa,
puis déchargé préalablement
aux mesures ultrasono-res. L’évolution mesurée des variablesd’endomma-gement de la
figure
9 n’est pasreprésentative
de l’évolution associée à unemontée
encharge
stricte-ment monotone sur la courbe
d’écrouissage
[19], .
mais de celle associée à un
chargement précédé
ducycle charge-décharge
à 75 MPa(Fig.
2).
Pour cematériau,
on observegénéralement
une fermeturedes micro-fissures lors d’un
déchargement.
Lesmesures ultrasonores à contrainte nulle concernent
un matériau dont les fissures sont refermées : les
constantes
élastiques
effectives sontidentiques
à celles du matériauvierge (à l’exception
sans doutedu
C13).
A 47MPa,
les fissurespréexistantes,
créées par laprécontrainte
de 75MPa,
commencent à s’ouvrir de nouveau. Le niveau deprécontrainte
atteint,
on revient sur la courbed’écrouissage
mono-tone. Par
conséquent,
si le niveau du seuild’endom-magement n’a pas été déterminé
précisément,
l’évolution dudommage
est,après 75 MPa,
conforme à celle d’une montée en
charge
monotone.Cependant,
comme nous l’avonsdéjà
indiqué,
la validité du modèle ne doit pas être oubliée.D’après
les relations(9),
la validité dumodèle,
pour leplan
d’auscultation(1,3)
considéré,
sera assurée si la variation de l’élément nondiagonal C 13
estpropor-tionnelle à celles des
rigidités
selon les axes 1 et 3. Enfait,
le modèle retenu estexpérimentalement
vérifié si l’évolution du mineur
M13, qui
doit resterpositif,
correspond
à une décroissance telle que :La
positivité
du mineurM13
est satisfaite mais pas laproportionnalité
deC213
et duproduit Cil
C33·
Lafigure
10 montre l’écart entre les valeursexpérimen-tales
8M13
extraites de nos mesures à divers niveauxde
chargement
et sa valeur initiale dont le modèle neprévoit
pas de variation. Il convientcependant
d’observer que cetécart,
en valeurabsolue,
restefaible
(de
l’ordre de 2 % auplus).
Enrevanche,
Fig.
10. - Ecart entreexpérience
etprévision
du modèle.[Deviation
betweenexperiment
and modelprevision.]
reporté
sur l’évolution de la constanteC13,
l’écartentre sa valeur
expérimentale
C 13
et sa valeur«
théorique »
Cf3(1 -
D1)(1- D3)
estimportant
(Fig. 11).
On retrouve par cet écart le fait que l’état initial est en réalité un étatdéjà endommagé
confor-mément à la
précharge
de 75 MPaqui
a modifié lavaleur initiale
cf3.
Pour tenter de décrire convenablement l’évolution
ce
faire,
on « norme » les valeursexpérimentales
C 13
par rapport au mineurM13
de telle sorte que :Dès
lors,
avec lafigure
11,
on constate quel’évolu-tion
expérimentale
deC13
satisfaitquasiment
la relation :ce
qui
permet d’établir la relation donnant l’évolu-tion deC 13 :
En
posant :
la variation de la constante non
diagonale,
C13 = C13 corr. ( 1- D1) (1- D3),
est alors en bon accord avec les relevésexpérimentaux (Fig. 11).
Finalement,
les relations entre les composantes de la matrice des raideurs du matériauvierge
et celles du matériauendommagé
accessibles par les mesuresdans le
plan
d’investigation
(1,3)
s’écrivent :6. Discussion et conclusion.
La
métrologie mécanique classique
(jauge
dedéfor-mation,
extensomètre àpinces, ...)
n’autorise que des mesures de déformation dans l’axe etorthogona-lement à l’axe de la
charge.
Ce manque desouplesse
est à
l’origine
du faible nombre deparamètres
de raideur etd’endommagement
évalués àpartir
d’une seuleéprouvette.
Pour tenter de cerner au mieux lephénomène
dedommage
tridimensionnel desmaté-riaux,
des modèles deplus
enplus
sophistiqués
sontélaborés pour
reporter
sur les variablesd’endomma-gement le maximum d’informations accessibles dans les directions de mesures. C’est ainsi que sont
apparus des modèles
couplant
endommagement
ani-sotrope et élasticité
isotrope
ou non[12,
13,
6]
oubien encore
couplant
endommagement anisotrope,
Fig.
11. - Correction du modèleportant sur l’évolution de la raideur
C13.
élasticité
anisotrope
etplasticité
induite parl’endom-magement
[20],
sans pour autant que, dans lapanoplie
de mesureseffectuées,
une seule donneaccès à un contrôle direct de la validité de la modélisation.
Pour les matériaux
anisotropes,
seuls des essaisbi-axiaux,
enparticulier
les essais hors axes[21],
permettraient
de substantielsprogrès
dans l’identifi-cation del’endommagement
tridimensionnel. Finale-ment, si l’essentiel du comportement monodimen-sionnelpeut
être obtenu par des mesures dedéfor-mation,
aucune information del’endommagement
transversal induit par un essai
d’écrouissage
(i.e.
perpendiculairement
à l’axe de lacharge)
neparaît
actuellement
possible
[20].
Un moyen de contourner cet écueil estd’imaginer
desmétrologies
autorisantune détermination
plus complète
des coefficients dela matrice de raideur. C’est
précisément
le cas desméthodes ultrasonores
qui
permettent
uneinvestiga-tion dans une
large plage
angulaire
d’unplan
d’aniso-tropie
donné[8].
La méthode
spectro-interférométrique
àimmer-sion,
utilisée dans ce travailpréliminaire,
autorise simultanément la déterminationcomplète
des quatreconstantes d’élasticité d’un
plan
principal
d’uncomposite.
Pour une modélisationsimple
del’aniso-trope
del’endommagement
liée à la structureétudiée,
nous avonsobtenu,
àpartir
d’uneéprou-vette, les trois
paramètres
d’endommagement
de ceplan,
leur vitesse d’évolution associée et l’assurance de la validité du modèle retenu.En
effet,
malgré
une transparenceacoustique
médiocre du matériau due à son caractère
dispersif,
à la faibleépaisseur
de l’échantillon et aux vitessesdu mode
quasi-longitudinal
et du modequasi-trans-versal
proches
qui
induisent unmélange
de ces deuxmodes et
malgré
uneplage angulaire
de mesureréduite liée à la vitesse de
propagation
importante
par rapport à celle del’eau,
l’auscultationultraso-nore de
l’éprouvette
dans leplan
(1,3)
apermis
d’accéder aux constantes de raideur
C11, C33,
C55
etC 13
àchaque
niveau decharge.
Cesquatre
constantes sont
précisément
cellesqui
caractérisentcomplètement
leplan principal (1,3).
Parconsé-quent,
disposant
de toutes les informations relatives à ceplan,
il est,alors,
aisé de décrire l’évolution ducomportement
élastique
dans ceplan
par une modé-lisation bidimensionnellequi,
contrairement à unmodèle
monodimensionnel,
introduit réellement uncouplage
entre les deux directions de ceplan.
Les variations de ces constantes d’élasticité sont
importantes,
enparticulier
celle de la raideur dans ladirection 1
(axe
dechargement).
Cespertes
derigidité
sont les mesuresmacroscopiques
(phénomé-nologiques)
de la microfissuration de la matrice(phénomène microstructural),
mécanismefonda-mental du comportement de ce
composite
fragile-fragile.
L’endommagement
bidimensionnel duplan
principal
(1,3)
estreprésenté
par 3 variablesinter-nes :
Dl
(resp. D3)
endommagement
de l’axe 1(resp. 3)
etD5 l’endommagement
dans leplan
de cisaillement interlaminaire(1,3).
La mesureindi-recte de ces
paramètres
d’endommagement
n’utilise que la variation des constantes de raideurdiagonales,
contrairement aux méthodes de mesure de déforma-tion pourlesquelles
les mesures indirectes del’endommagement
reposent
sur les variations descoefficients de Poisson
(constantes
nondiagonales
de la matrice de
raideur).
La variation de lacons-tante non
diagonale C 13
n’estplus
utile que pour valider la modélisation.Néanmoins si cette
étude,
faite parpaliers
decharge importants (de
l’ordre de 40MPa)
et sur uneseule
éprouvette
déjà précontrainte,
apermis
l’iden-tification des
paramètres
d’endommagement Dl,
D3
etD5
au-delà de 75MPa,
elle n’a naturellement paspermis
de connaître avecprécision
lecomporte-ment du matériau avant la
précharge
de 75 MPa. Une nouvelle campagne d’essais effectuée parpalier
dechargement
beaucoup
plus rapprochés
doit êtreentreprise
pouracquérir
une meilleure connaissance de cephénomène
dedommage
notamment lors deschargements
cyclés.
Eneffet,
les processus deréou-verture de fissures
qui
accompagnent les remontéesen
charge
peuvent éventuellement conduire à desévolutions
brusques
des variables internesqui
nepeuvent
être évaluées que si lespaliers
decharge-ment sont suffisamment
proches.
Par
ailleurs,
uneinvestigation
dans leplan
(2,3)
fournirait les constantes
C22,
C33, C44
etC23
etdonnerait accès à deux nouveaux
paramètres
d’endommagement
D2
etD4
et à une mesurecomplé-mentaire pour valider la modélisation. La détermina-tion du dernier
paramètre
D6,
associé à la perte derigidité
en cisaillementtranslaminaire,
demanderait une auscultation duplan
(1,2)
qui
n’estpossible
que pour des échantillonsépais.
Ainsi,
par ultrasons etpour des
composites
seprésentant
habituellement sous forme deplaques
minces,
on voitqu’il
estpossible
de mesurer 5 des 6 variables internesnécessaires à la
description
tensorielle del’endom-magement
anisotrope
(tridimensionnel)
ainsiqu’aux
vitessesqui
leur sont associées.Enfin,
la sensibilité de la méthode donne unespoir
certain depouvoir
s’assurer de l’état initial del’éprouvette
(vierge
ounon),
en terme de vitesse oumême
d’amortissement,
cequi, a
priori,
sembledifficile pour les méthodes de mesures
mécaniques
conventionnelles. Ce contrôle non destructif des
éprouvettes
permettra de s’affranchir d’un certain nombre deproblème
dedispersion intrinsèque
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