• Aucun résultat trouvé

LES ÉTUDES HYDROLOGIQUES SUR LA HAUTE-DURANCE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LES ÉTUDES HYDROLOGIQUES SUR LA HAUTE-DURANCE"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

N " S P É C I A L B / 1 9 5 3 L A H O U I L L E B L A N C H E 725

Les etudes hydrologiques sur la Haute-Durance

Hydrological investigations on the upper Durance

p a r L . S E R E A ,

C I I K F D E L A D I V I S I O N H Y D B O L O G I E A U S E R V I C E D E S E T U D E S E T R E C H E H C H E S H V D B . A U L I Q U B S D E L ' K L E C T I U C . I T E D E F R A N C E

Elude, des facteurs conditionnels des débits : choix des emplacements des postes pluviomé- triques en fonction d e s ( r o i s vents pluvieux, principaux : vent du Midi, Lombarde et Marin.

Mise au point de pluviomètres à augets bascu- leurs, munis d'enregistreurs de longue durée et chauffés au propane. Mesure de la quantité de neige restant sur te sot par source radio-active et compteur Geiger-Muller. Enregistrement des températures, du vent au sol. Etude géologique du terrain.

Etude des débits à la station de l'Archidiacre : aménagement de la station, hydrogramme de crue, influence de la durée de la pluie, de son étendue dans l'espace et de sa direction de pro- pagation sur la forme de l'hydrogramme. Utili- sation des probabilités d'apparition et de pro- pagation des pluies.

Study of the factors conditioning the discharge;

choice of sites for pluviomctric posts, account being taken of the three main rain winds : south wind, Lombardy mind and ocean mind.

Development of tip-container pluviometers equipped with recording instruments and heated by propane.. Measurement of quantity of snow remaining on ground by radio-activity and Geiger-Muller counters, Recording of tern- per<itures and of wind at ground-level. Geolo- gical study of the land. Study of the discharges at the Archidiacre gauging post : equipment of the post, flood hydrogramme, influence of length of rainfall period, of the surface it covers and of its direction of propagation on the shape of the hydrogramme. Utilization of proba- bilities of rain occurence and propagation.

En dépit du nombre relativement élevé de sta- tions de. jaugeage ayant fonctionné sur le bassin supérieur de la Durance, les débits de ce cours d'eau — débits moyens et surtout débits extrê- mes (étiages et crues) — sont encore assez mal connus.

Les observations anciennes et les courbes de tarage de la plupart des stations sont trop sou- vent sujettes à caution. Souvent aussi des lacu- nes viennent fâcheusement interrompre les séries de relevés. Tout cela rend difficile, sinon parfois impossible, l'utilisation des méthodes statistiques.

Nous avons donc été conduits à attaquer le pro- blème d'une autre façon. Et au lieu de décrire

seulement comment ont évolué les débits de la Durance, nous essaierons de comprendre pour- quoi ils ont évolué dans tel ou tel sens en vue

de dégager les lois qui régironl les écoulements futurs.

Une telle analyse du phénomène ne peut se faire que par l'élude minutieuse, portant sur quelques années, des facteurs essentiels qui con- ditionnent les débits.

Précisons immédiatement (pie le soin apporté à l'équipement de la Haulc-Durancc en appareils d'observations hydroinétéorologiques se justifie par l'importance des aménagements envisagés. Le barrage de Serre-Ponçon, avec ses 100 m de hau- teur, retiendra plus d'un milliard de m: i d'eau.

C'est dire l'intérêt qui s'attache à la connais- sance la plus exacte possible de la crue maxi- m u m pour pouvoir dimensionner les ouvrages évacuateurs et se prémunir ainsi contre les ris- ques de catastrophes que la rupture d'un tel bar- rage ne manquerait pas de provoquer à l'aval.

Article published by SHF and available athttp://www.shf-lhb.orgorhttp://dx.doi.org/10.1051/lhb/1953007

(2)

7 2 0 L A H O U I L L I S B L A N C H L № S P É C I A L B/1953

I. — ÉTUDE DES FACTEURS CONDITIONNELS D U DÉBIT

A. - LES PRÉCIPITATIONS

a) P R É C I P I T A T I O N S I . H J I ' I D K S .

Au début de nos études, nous avons trouve en place un réseau de postes pluviométriques, ins- tallés soit par la Météorologie Nationale, soit par le Centre Hydrométéorologique de Lyon (Direc- tion de l'Exploitation E.D.F.).

Mais ce réseau nous est vite apparu insuffi- sant :

- - A quelques rares exceptions près, les postes étaient situés dans des fonds de vallées.

Donc peu ou pas de renseignements plu- viométriques sur les régions de h a u t e al- titude et loin de tous lieux habités.

— Il n'était et il n'est encore fait dans ces pos- tes qu'une seule lecture journalière. Or, les sources de la Durance ou de ses affluents ne se trouvent q u ' à une centaine de kilomètres au plus de Serre-Ponçon et le flot met moins de vingt-quatre heures pour venir des points extrêmes.

Nous avions donc besoin de connaître, en plus de leur intensité totale, les heures de début et de fin d'averse ainsi que la forme des « diagram- mes de pluies ».

C'est ainsi que nous avons été conduits à faire u n large emploi des pluviomètres enregistreurs.

Choix des emplacements des postes pluviométriques.

La Haute-Durance (en englobant aussi sous ce terme les bassins versants du Guil et de l'Ubayc, c'est-à-dire en somme lout le bassin versant de Serre-Ponçon) est soumise à l'influence de trois vents pluvieux d'origine, de n a t u r e cl d'aire d'ap- plication différentes.

1. Le « Vent du Midi », qui souffle du S.-S.W. : on peut dire très brièvement que les pluies qui l'accompagnent sont d'origine atlantique. Elles sont généralisées sur tout le bassin, mais avec plus ou moins d'in- tensité suivant les conditions locales d'orientation et de relief.

Plus abondantes sur la Moyenne-Du- rance et le Guil que dans le bassin de l'Ubaye, elles sont beaucoup plus faibles encore sur la Durance Supérieure.

2. La « Lombarde », d'E.-S.E., vent dominant au voisinage de la frontière italienne, fré- quemment associé à la pluie ou à la neige.

Dans la région qui nous intéresse, son

aire d'application se limite à la h a u t e val- lée de la Durance et à un degré moindre à celle du Guil. L'Ubaye est peu affectée.

;i. Le « Marin » enfin, vent du S.E., qui amène des pluies d'origine méditerranéenne. Leur aire d'extension ne va pas au nord plus loin que le bassin de l'Ubaye. Elles n'inté- ressent donc la région étudiée que pour une p a r t assez faible.

Disons tout de suite — mais nous y revien- drons plus loin — qu'il ne peut y avoir coexis- tence de ces trois vents pluvieux. On n ' a u r a donc pas à craindre l'arrivé simultanée à Serre-Pon- çon de trois flots i m p o r t a n t s .

De même, il ne peut y avoir en même temps superposition de pluies abondantes et de fonte rapide du m a n t e a u neigeux due à un elïet du fôehn. Le foehn souffle ici de l'E.-S.E. et ne peut coexister avec un vent de pluie généralisée du S.W.

Installation des appareils.

Sur la base de ce schéma de distribution des pluies dans le bassin de Serre-Ponçon, nous nous sommes donc attachés à mettre en place u n ré- seau d'appareils enregistreurs permettant de sui- vre, dans le temps et dans l'espace, l'évolution des perturbations pluvieuses.

P a s de difficultés spéciales pour l'installation des postes au voisinage des lieux habités. Nous avons utilisé les pluviomètres enregistreurs clas- siques à augets basculeurs, auxquels nous avons adjoint pour la saison froide un dispositif de chauffage électrique alimenté par le réseau.

Pour les régions éloignées ou d'accès difficile, nous avions envisagé plusieurs solutions : 1. Utilisation de nivo-pluviomètres totalisateurs.

Mais ces appareils présentent l'inconvé- nient grave de ne donner que le total des précipitations recueillies entre le moment de l'installation — en général octobre —- et le moment où se font les relevés — fin de printemps et souvent octobre de l'an- née suivante. On les a donc abandonnés.

2. Utilisation de pluviomètres enregistreurs clas- siques m u n i s de dispositifs de télémesure p a r fil ou sans fil. Solution abandonnée aussi en raison de trop grands risques de pannes d'exploitation en hiver.

3. Mise au point d'enregistreurs spéciaux de lon- gue durée et spécialement adaptés aux conditions particulièrement sévères d'em- ploi en h a u t e montagne.

(3)

№ SPÉCIAL B / 1 9 5 3 L A H O U I L L E B L A N C H E 7 2 7

Type retenu : pluviomètre à augets bascu- leurs. — Enregistreur commandé par une horloge électrique alimentée p a r des piles spéciales résistant aux plus grands froids.

— Autonomie de marche : six mois.

Inscription sur papier paraffiné, par une pointe sèche pour éviter l'encrassement des plumes dû au gel de l'encre. Lon- gueur du rouleau : 60 m, avancement : 12,5 m m à l'heure par saccades toutes les secondes.

Chauffage ; il ne pouvait être question de chauffage électrique (distances trop gran- des pour « tirer » des lignes risquant d'ail- leurs d'être rompues p a r le gel ou les ava~

C A H T K 1

lanches). D'où système de chauffage iné- dit par bouteilles de propane à 33 kg (8 bouteilles en série donnant une autono- mie de six mois). — Brûleur double spé- cial commandé par thermostat.

L'ensemble des enregistreurs est contenu dans un coffre métallique calorifuge à double paroi (bourré de 5 cm de laine de verre). Le coffre est en éléments démon- tables pour le transport à dos de mulets.

Le tout est fixé sur une charpente métal- lique avec plateforme à 2 m de haut, le réceptacle du pluviomètre se trouvant ainsi à 3,50 m au-dessus du sol.

La carte I indique les emplacements :

s

(4)

PHOTO 3 . — D i s p o s i t i f d e c h a u f f a g e .

Los h u i t b o u t e i l l e s de p r o p a n e e n s é r i e a v e c l e u r s d é t e n d e u r s , le t h e r m o s t a t et la c o l l e r e t t e d e c h a u f f a g e .

PHOTO 1. 1' l u v i o i n è l r c e n r e g i s t r e u r d e h a u t e m o n t a g n e . PHOTO 2 . — D é t a i l d u d i s p o s a i t à a u g e t s foascnleurs.

\ ' u e d ' e n s e m b l e ( a p p a r e i l o u v e r t ) ; On d i s t i n g u e à la p a r t i e s u p é r i e u r e à l ' e x t é r i e u r , s u r le p a n n e a u d e d r o i t e , la c o l l e r e t t e d e c h a u f f a g e d e l ' e n t o n n o i r ,

la n i c h e d u t h e r m o m è t r e e n r e g i s t r e u r .

(5)

X " SPÉCIAL B / 1 9 5 3 L A H O U I L L E B L A N C H E 72!)

P H O T O 4 , — - V u e d ' e n s e m b l e d ' u n p a r e m é t é o r o l o g i q u e d e l i a u l u m o n t a g n e , A d r o i t e d u p l u v i o m è t r e e n r e g i s t r e u r , l e s d e u x m â t s - s u p p o r t

d u c o m p t e u r d e ( î e i g e r - M u l l e r p o u r la m e s u r e d e l ' é p a i s s e u r d e n e i g e p a r r a d i o - i s o t o p e s .

- Des enregistreurs type courant (34 appareils en service);

Des enregistreurs type spécial de h a u t e mon- tagne (10 prévus dont 7 en service, tous

à des altitudes comprises entre 2.000.et 2.400 m ) . Quelques photos donnent des vues d'ensemble et de détail de ces appa- reils.

b) P R É C I P I T A T I O N S S O L I D E S .

Deux genres de mesures sont effectués : a) Mesure de la quantité de neige tombée.

Elle est faîte d'une part par les pluviomètres enregistreurs eux-mêmes.

D'autre part, auprès des postes pluviométri- ques simples (où il n'est fait qu'une lec- ture journalière) sont disposées soit des cuves à neige, soit des tables à neige à bascule donnant le total journalier de la précipitation tombée sous forme solide.

b) Mesure de la quantité de neige restant sur le sol (nécessaire pour étudier le mécanisme de fusion du stock neigeux et son influence sur les débits).

Là aussi, deux méthodes :

-— Des perches à neige ont été installées sur le bassin. Au cours de tournées périodiques se font les lectures «le la hauteur de neige.

La densité (d'où l'on lire la « valeur en eau ») est déterminée par carrotlage et pesée. Mais les tournées sont rares parce que longues, difficiles et parfois dange- reuses.

— Reprenant une idée, trouvée dans des publica- tions américaines, nous avons donc mis au point un dispositif permettant d'avoir la valeur du stock neigeux de façon auto- matique et continue.

Le principe en est simple :

Si I„ est l'intensité d'un rayonnement ra-

(6)

730 LA H O U I L L E BLANCHE N " S P É C I A L B/1953

dio-aetif, lorsqu'on interpose sur son tra- jet un écran d'épaisseur .r, le rayonnement

traversant l'écran a pour intensité : I = l0 e-r-s

;J. est une constante ne dépendant que de la n a t u r e du matériau constituant l'écran.

Elle est en particulier indépendante de l'état physique de ce dernier. Dans le cas de la neige, le rapport I / I0 ne dépend donc que de la « h a u t e u r d'eau équivalente » qui est justement l'élément qui nous inté- resse.

Pratiquement, le dispositif comprend en gros :

— Une source radio-active (100 me. de cobalt 60) placée au niveau du sol et émettant à la verticale un pinceau fin de rayons y-

— Un compteur de G K I G E R - M U L L K H maintenu à 4 m du sol dans le faisceau des rayons.

— Un enregistreur de « tops » alimenté par une horloge électrique. — Bande de papier paraffiné se déroulant à vitesse constante.

Nous n'entrerons pas dans les détails techni- ques de fonctionnement. Notons seulement que l'appareil effectue 4 mesures par j o u r avec une autonomie de 8 mois.

Ces appareils de mesure de neige par radio- isotopes sont placés près des pluviomètres enre- gistreurs de haute montagne dans des petits parcs météorologiques clos de barbelés. (Voir leur emplacement carte I.)

B. — LES TEMPÉRATURES

— Dans les postes pluviométriques de vallée, il est l'ait deux lectures de température par j o u r .

— De plus, chacun des dix postes de haute montagne comporte sur la paroi extérieure du coffre un thermomètre à tension de vapeur. Le distributeur d'impulsions du pluviomètre ac- tionne aussi le style d'un enregistreur thermo-

métrique. On a donc un enregistrement continu des températures qui se fait sur la même bande de papier paraffiné que les relevés pluviométri- ques.

C. — L E VENT

— Vent en altitude (pour l'étude de la propa- gation des perturbations pluvieuses).

Nous utilisons pour cela les observations très détaillées faites à la station d ' E m b r u n qui est un « poste synoptique » du réseau de la Météo- rologie Nationale.

Des observations moins détaillées mais égale- ment utiles sont faites aussi au poste auxiliaire synoptique du Bois de l'Ours à Briançon.

— Vent au sol (pour l'étude des rafales au sol et leur influence sur les indications des plu- viomètres — et pour l'étude de l'évaporalion et la fusion du stock de neige).

Nous envisageons d'adjoindre à cinq des pos- tes pluviométriques de haute montagne des ap- pareils enregistrant la vitesse et la direction du vent. Ces anémomètres et girouettes seront placés s u r des supports de 4 m de haut. Pour l'instant, nous en sommes à l'étude d'un pro- totype (en soufflerie, en chambre froide à —-40"

et dans la nature) pour voir surtout comment se comporteront les parties t o u r n a n t e s en cas de givre. Nous pensons pouvoir mettre les appareils en place dans le courant de l'été 1954.

C. - NATURE GÉOLOGIQUE DES SOLS Notre p r o g r a m m e comporte également l'éta- blissement d'une carte hydrogéologique de la Haute-Durance telle qu'elle a été dessinée pour certaines régions de la Tunisie. Nous sommes pour cela en relation avec les géologues qui ont inauguré et mis au point un tel mode de repré- sentation des terrains, et à moins d'imprévu une campagne de prospection et d'études sur le ter-

rain pourra être entreprise dès que les conditions atmosphériques le permettront.

III. — ÉTUDE DES DÉBITS

Concurremment à l'étude des facteurs condi- lionnels du débit, nous poursuivons naturelle- ment l'étude des débits eux-mêmes.

Un certain nombre de stations de jaugeage existaient déjà sur la Durance et ses affluents.

Une élude critique des conditions dans lesquelles elles furent exploitées nous a d'abord permis

d'extraire quelques résultats utilisables d'une masse informe de relevés. Puis certaines de ces stations ont été « reprises » et re-équipées. D'au- tres stations nouvelles ont été enfin mises en service.

Ce sont en général des stations du type clas- sique munies de limnigraphes et sur lesquelles il

(7)

X" SPÉCIAL B/1953 LA HOUILLE BLANCHE 731

est inutile d'insister. Leurs emplacements ont été reportés sur la carte II.

Les jaugeages se l'ont p a r la méthode chimi- que (sauf en trois stations de la Durance où le brassage n'est plus suffisant : la Roehe-de-Rame, Saint-Clément et l'Archidiacre).

Les courbes de tarage viennent d'être termi- nées. Elles seront, bien entendu, tenues à jour.

Parmi toutes les stations de jaugeage du bas- sin, une mention spéciale doit être réservée à l'Archidiacre. C'est pour ainsi dire la :< station principale » du bassin, la plus voisine de l'em-

placement de Serre-Poneon, donc celle où peu- vent être mesurés à très peu de chose près les débits qui alimenteront le barrage. (Le seul bas- sin versant intermédiaire entre Serre-Poneon el l'Archiadiacre est en effet constitué par celui du petit torrent de Thetrs el celui de la Blanche - qui au surplus sera plus tard dérivé dans Serre- Ponçon — soit 167 km- sur un total de 3.884, c'est-à-dire environ 4 % ) .

La station de l'Archidiacre a été suffisamment décrite par ailleurs.

Rappelons seulement que les aménagements qui lui ont été apportés (passerelle mobile rou-

C A U Ï E 2

(8)

7 3 2 LA HOUILLE BLANCHE N° SPÉCIAL B/1953

huit sur rails) permettent des jaugeages au mou- linet même par les plus fortes crues. Au surplus, un appareil à prélèvement continu permet de dé- terminer de façon précise et détaillée la courbe des débits solides en fonction du temps.

Enfin, le charriage des matériaux est évalué

par la formule de M E Y E K - P K T K H , la granulométrie étant déterminée au moyen de prélèvements pai- llasses à graviers, et l'appréciation du début de charriage faite par un détecteur hydrophonique dont l'enregistrement est effectué sur un magné- tophone.

III. — UTILISATION DES DONNÉES EXPÉRIMENTALES

Chaque bassin versant élémentaire, avec sa sta- tion de jaugeage et ses pluviomètres, constitue un

« ensemble ». La corrélation entre débits et pluies ou autres éléments météorologiques permet de déterminer pour chacun d'eux l'hydrogramme correspondant à telle ou telle condition initiale.

Nous montrerons à titre d'exemple le genre d'études effectuées sur la station de l'Archidiacre, totalisatrice du bassin de Serre-Ponçon.

Le problème essentiel est ici celui de la crue maximum à prévoir.

Une première « information » préalable et que l'on ne saurait négliger nous est donnée par la station de Ventavon un peu à l'aval (4.216 k m2 au lieu de 3.834 k m2) où trente années de mesure ont montré que les crues de la Durance dans ce secteur sont assez nettement localisées dans le temps.

Elles apparaissent :

- Soit en fin de printemps, c'est-à-dire en mai- j u i n . La fonte des neiges participe au gon- flement des débits;

--- Soit en automne : septembre-octobre-novem- bre. Les crues sont alors dues aux préci- pitations seules.

Il doit donc a priori exister deux types d'hy- drogrammes de crues.

.Jusqu'à présent, l'unité de temps ne pouvait être que le j o u r puisqu'on ne faisait aux stations pluviométriques qu'une lecture journalière. Nos appareils enregistreurs nous permettront de ser- rer davantage la réalité.

Sans entrer dans le détail de la méthode qui pourra faire l'objet d'un autre exposé, rappelons que :

a) Si une pluie couvre la totalité du bassin, la forme de l'hydrogramme de l'écoulement (c'est- à-dire débit en fonction du temps) dépend, pour une intensité de pluie donnée, d'une part de la durée de la pluie comparée au temps de concen- tration à la station, d'autre part de la forme même du diagramme de pluie (toutes ces q u a n - tités peuvent être mesurées).

b) Si la pluie ne couvre q u ' u n e partie du bas- sin, elle peut :

- Soit traverser le bassin perpendiculairement à la direction générale du cours d'eau, et l'on a là un cas analogue à celui de l'orage stalionnaire sur une partie du bassin;

- - Soit ic traverser parallèlement au sens de l'écoulement. Si elle remonte le sens de l'écoulement, on a u r a une suite de crues élémentaires d o n n a n t à la limite u n hy- d r o g r a m m e aplati et allongé. Si elle des- cend au contraire le sens de l'écoulement, il conviendra de comparer sa vitesse de marche V avec la vitesse v de propaga- tion de l'onde de crue. Le cas le plus défavorable est celui où V = v.

L ' h y d r o g r a m m e devient alors très pointu et l'on observera une montée des eaux rapide et intense.

Appliquons ces quelques considérations for- cément très résumées au cas de Serre-Ponçon.

L'orientation générale de la Durance est sen- siblement N.E.-S.W. Nous avons vu, dans l'étude des vents pluvieux, que des pluies abondantes venant du N.E. et descendant tout le long de la Durance n'étaient pas à craindre. Donc, pas de crue intense avec montée d'eau très rapide du type désigné pins h a u t sous le n o m de « cas Je plus défavorable ».

Mais nous p o u r r o n s avoir les cas suivants : a) Pluies d'ouest (de N.W. à S.W.) couvrant tout le bassin. Elles peuvent être continues, mais d'intensité relativement faible : h y d r o g r a m m e aplati.

b) Pluies de S.E. plus intenses mais limitées à la partie inférieure du bassin : h y d r o g r a m m e pointu et crues plus dangereuses.

c) Succession de pluies de ces différents sec- teurs :

Si elles se font dans l'ordre : pluies de S.E.

suivies de pluies d'W. (schéma & - ( - « ) ; on n'ob- servera à Serre-Ponçon qu'une suite de crues élémentaires.

(9)

X" S P E C I A L B/Î953 LA H O U I L L E BLANCHE 7 3 3

Si elle se fait dans l'ordre inverse (schéma a -f b), on aura d'abord un débit soutenu et pouvant être relativement élevé dù aux pluies gé- néralisées d'ouest. C'est sur ce Ilot de base que viendra se superposer l'hydrogramme pointu dù aux pluies de S.E. Au total, possibilité de forte crue.

C'est cette possibilité que nous nous nous effor- çons maintenant de chiffrer.

Nous sommes pour cela en relation étroite avec les Services de Climatologie et de Prévision de la Météorologie Nationale.

Un certain nombre d'études fort importantes ont déjà été effectuées sur 1' « Evolution des ty- pes cle temps en Europe Occidentale ». Citons surtout l'actuelle mise à j o u r d'un calendrier, dit « calendrier de B A I H », qui donne depuis

LS81 la suite chronologique de toutes les situa- lions isobarîques observées au niveau de la mer et classées en 2(> types de temps principaux.

Partant de ces Ira vaux de base, il doit être possible de déterminer pour une région telle que le Sud-Est de la France :

-- La probabilité d'apparition de phénomènes successifs : en particulier pour le pro- blème des crues de Serre-Ponçon, pluies d'ouest suivies de pluies de S.E.;

La probabilité de vitesse de marche de ces phénomènes, ou. bien la probabilité de per- sistance des pluies exceptionnellement abondantes et la quantité maximum à at- tendre en vingt-quatre heures, en douze heures ou en moins de temps encore;

- Les probabilités de réchauffement ou de baisse de température et leur corrélation avec l'apparition de précipitations abon- dantes. Ces points sont particulièrement intéressants à examiner pendant les pério- des — printemps et début de l'été — au cours desquelles la fusion nivale participe pour une large part au gonflement des débits.

*

Nous avions dit au début de cette note que

les méthodes statistiques nous paraissaient d'em- ploi difficile sinon impossible pour l'élude des débits de la Durance. Nous y voici cependant revenus mais par une voie détournée. C'est que le problème n'est plus le même : il ne s'agit plus de traiter par l'appareil mathématique des sé- ries plus ou moins longues et surtout plus ou moins valables de relevés de débits et d'extrapo- ler les résultats j u s q u ' a u x valeurs limites qui sont les débits de crue.

Les observations faites sur la Hauie-Duranec à l'aide de nos appareils enregistreurs doivent permettre d'analyser le phénomène de l'écoule- ment (c'est-à-dire le passage pluies-débits) et de déterminer ainsi en chaque bassin partiel et pour le bassin lotal la forme des « hydrograimues unitaires ». Et ce n'esl que ce slade franchi, que la Statistique apparaîtra : l'évaluation des pro- babilités d'apparition de Ici ou Ici lype de per- turbations pluvieuses permettra en définitive, el compte tenu des « informations expérimenta-

les » recueillies sur le bassin puis traduites en hydrogrammes, de résoudre le problème qui nous était posé : la détermination de la crue maxi- mum à craindre à Serre-Ponçon.

Nous ne terminerons pas ce rapide exposé sans souligner l'absolue nécessité pour l'étude d'un problème de celle importance d'une étroite col- laboration entre Services divers :

— Service des Etudes et Recherches Hydrauli- ques, chargé de la coordination et de l'éla- boration des éludes.

- - Région d'Equipement Hydraulique Alpes III nui a mis en place, parfois dans des con- ditions très dures, toutes les stations de mesures pluviomélriques el hydromelri- cfues et en assure l'exploitation.

- - Services de la Météorologie Nationale enfin, dont les études sur les types de temps et leurs possibilités d'apparition constituent un maillon indispensable dans l'étude qui a été entreprise.

D I S C U S S I O N ( P r e s i d e n t : M . A I I . M Î H K T »

•M. le P r é s i d e n t r e m e r c i e M . S E I I K A e t s o u l i g n e l ' i n t é r ê t d e l ' é l u d e s y n t h é t i q u e d e l a D u r a n c e q u i a f a i t l ' o b j e t d e s o n e x p o s é : il r a p p e l l e q u e l e p r o j e t d ' a m é n a g e m e n t d e c e t t e r i v i è r e , n é c e s s i t a n t d e s b a s e s h y d r o l o g i q u e s p l u s p r é c i s e s e t c o m p l è t e s q u e c e l l e s q u e l ' o n p o u v a i t t i r e r d e s s t a t i s t i q u e s d i s p o n i b l e s , a m o t i v é c e l l e é t u d e p h y - s i q u e d e s f a c t e u r s d e l ' é v o l u t i o n d o s d é b i t s a u m o y e n d ' a p p a r e i l s d e m e s u r e p a r t i c u l i è r e m e n t c o n ç u s à c e t effet.

S u r ht d e m a n d e d e M . D U F F A C T , M. S K H H A i n d i q u e q u e l e c o û t u n i t a i r e m o y e n a p p r o x i m a t i f d ' u n a p p a r e i l p r o t o - t y p e u t i l i s é e s t d e l ' o r d r e d e « 0 0 . 0 0 0 f r a n c s .

M . le P r é s i d e n t p r é c i s e q u e ce p r i x r e l a t i v e m e n t é l e v é e s t d û p o u r u n e l a r g e p a r t à la m i s e a u p o i n t d ' u n a p p a r e i l l a g e n o u v e a u d a n s u n e r é g i o n d i f f i c i l e .

M . D I . T F A C T d o m a n d o q u o i e s t l ' i n t é r ê t e x a c t d e l ' o n -

(10)

7 3 4 L A H O U I L L E B L A N C H E № SPÉCIAL B / 1 9 5 3

r e g i s t r e m e n l d e l a p l u i e et d e l a n e i g e p u i s q u e c e l l e - c i , n o t a m m e n t , n e f o n d p a s c o n t i n u e l l e m e n t à l ' a l t i t u d e d u b a s s i n .

M. S E H H A p r é c i s e q u e l a m e s u r e d e l a n e i g e p a r r a d i o - i s o t o p e n ' e s t f a i t e q u e q u a t r e f o i s p a r j o u r , e t q u e , d ' a u t r e p a r t , l ' e n r e g i s t r e m e n t d e la p l u i e q u i t o m b e sert, à é t u d i e r l e m é c a n i s m e d e l a f u s i o n d e l a n e i g e s o u s l'effet d e la c h u t e d e l a p l u i e .

S I . le P r é s i d e n t , a p p u y é p a r M . C H E S C E N T , c o n f i r m e c e t effet e n r a p p e l a n t q u ' i l a é t é n o t a m m e n t à l ' o r i g i n e d e s c r u e s d u H a u t - D r a c e n 1928 : c e t effet n ' e s t p a s d û à l a t e m p é r a t u r e d e s g o u t t e s d e p l u i e , m a i s à l ' a i r c h a u d q u i a c c o m p a g n e g é n é r a l e m e n t l e u r c h u t e .

M . S E H H A a j o u t e q u e l e s t h e r m o m è t r e s e n r e g i s t r e u r s d e

l ' a p p a r e i l l a g e d é c r i t p r é c i s e n t c e t t e t e m p é r a t u r e d e l ' a i r . B i e n q u e m o i n s i n t e n s e q u e d a n s l e s A l p e s s e p t e n t r i o - n a l e s , l'effet d e f ô h n e s t s e n s i b l e d a n s l e h a u t b a s s i n d e l a D u r a n e e ( M o n t - G e n è v r e , c o l d e l ' I s o a r d ) .

M. le P r é s i d e n t a y a n t r a p p e l é l a c o m p l e x i t é d e l ' é v o - l u t i o n d e s d é b i t s , i n s i s t e s u r l ' i n t é r ê t d e l ' u t i l i s a t i o n d e s r a y o n s y p o u r l a p e s é e à d i s t a n c e d e s m a t i è r e s d ' u n m é l a n g e d a n s u n s o l i d e d o n n é : le p r o c é d é a d e n o m - b r e u s e s a p p l i c a t i o n s e t s e m b l e t o u t à f a i t j u s t i f i é p o u r m e s u r e r p é r i o d i q u e m e n t l ' é p a i s s e u r d e l a n e i g e e n u n p o i n t d ' a c c è s d i f f i c i l e . U n a u t r e a s p e c t à r e t e n i r d e l ' i n - t é r ê t d e s r a y o n s y p o u r l ' e x p é r i m e n t a t i o n e s t l ' a c c u m u - l a t i o n d ' é n e r g i e s o u s u n p e t i t v o l u m e e t u n e f o r m e t r è s m a n i a b l e .

Références

Documents relatifs

terre.Les marchands aiment Mondo ,et ils lui disaient jamais rien.Quelques fois ,la grosse marchande de fruit qui s’appelait Rose lui donnait des pommes ou des bananes qu’elle

Le modèle tel qu'il vient d'être présenté permet donc de produire une série chronologique de débits Qi à partir d'une série de pluies Pi' Le modèle sera d'autant plus

Dans le premier thème seront présentés : les derniers résultats des expérimentations récentes sur bassins ur- bains, pour lesquels la connaissance des relations pluie- débits pour

L’étape précédant ce calcul consiste à estimer / proposer une répartition de pluie nette à l’aide d’une fonction de production : disposant de données pluie/débit sur un

Rappelons que celui-ci est entièrement caractérisé pour un bassin versant donné, par les valeurs prises pour les paramètres n (nombre de réservoir) et tp (Temps de montée).

a) Estimer le volume ruisselé pour l’évènement observé sur le bassin étudié et en déduire la lame ruisselée et le coefficient de ruissellement.. b) Déterminer la durée

décalés de 1 heure correspond à une pluie nette de 5 mm, il faut donc encore multiplier les ordonnées par 2 pour avoir un Hydrogramme Unitaire Normé de durée 1 heure et de volume

Pour l’assainissement des eaux pluviales, un quartier périphérique de la ville de Sapousse a été équipé d’un réseau séparatif qui fut dimensionné pour un débit de